L'Écrit libre, niveau fonctionnel, ouvrage s'adressant aux formatrices et formateurs en alphabétisation, s'inscrit dans la continuité d'une démarche de travail individuel à entreprendre auprès des participants et des participantes de niveau fonctionnel. Sa particularité réside dans l'aspect «écriture» plus spécifiquement abordé à ce niveau. Le terme écriture est ici utilisé autant au sens créatif (l'acte d'écrire comme geste créateur) que technique (appropriation du code écrit).
Le but visé est d'amener les participants et participantes à s'exprimer, à informer, à inventer, finalement, à poser un geste créateur. Il faut comprendre que pour ces personnes, la pente est très longue à gravir. Ayant peu confiance en leur imaginaire, en leur inspiration, bloquées devant l'ampleur du code grammatical, les contraintes s'avèrent énormes. De là, l'importance d'une démarche progressive les amenant, petit à petit, à vaincre l'angoisse de la page blanche.
Ce document vient donc clore la série développée1 afin de répondre au besoin de travail autonome chez les personnes en alphabétisation. Besoin tant manifesté par les participants et participantes elles-mêmes que par les formatrices, soit pour combler des lacunes personnelles suite à des absences, soit pour la mise sur pied d'un atelier libre ou bien pour renforcer les apprentissages faits en atelier.
Il est important que cette démarche individuelle soit complémentaire au travail en atelier. D'aucune façon ces documents ne peuvent remplacer l'approche de groupe privilégiée en éducation populaire.
La démarche proposée a pour objectif de développer l'autonomie et favoriser la prise en charge des apprentissages par les participants et participantes. Ce qui leur permettra de «pratiquer les sons» vus en atelier et de mettre en application les notions apprises.
De plus, la démarche vise à amener les participants et participantes en alphabétisation à pratiquer l'écriture autonome. Pour ce faire, on doit, à travers un certain cadre, faire vivre l'expérience de l'écriture pour qu'elle soit positive. Ainsi l'envie et l'énergie nécessaire pour recommencer sera générée. La démarche, ici proposée, se veut donc un tremplin pour stimuler, encourager l'écriture autonome.
Tout au long de la démarche le rôle de la formatrice, quoique secondaire, sera de soutenir les participants et les participantes, de les diriger et de favoriser le transfert des acquis. Nous sommes d'avis que le matériel élaboré à partir de cette démarche peut devenir un outil intéressant pour favoriser l'auto-évaluation.
Ce document se présente en deux parties. Mais d'abord, spécifions l'importance de trois préalables pour la première partie:
Première partie : Textes / Sons
Deuxième partie : Textes / Écriture
Première partie : Textes / Sons
Pour la correction, nous vous suggérons de produire un document CORRIGÉ Il s'agit de photocopier sur du papier de couleur pâle la série d'exercices et d'y inscrire les réponses avec un crayon d'une autre couleur. Le repérage sera ainsi facilité. Les démarches proposées seront indépendantes les unes des autres afin d'aider les participants et participantes à choisir.
Deuxième partie : Textes / Écriture
Pour la correction, nous vous suggérons un guide de correction qui propose l'utilisation de stylos de différentes couleurs et une numérotation en lien avec la grille d'autocorrection. Ainsi les participants et les participantes seront activement impliqués dans le processus de correction.
Première partie : Textes / Sons
Les participants et les participantes choisissent individuellement un document qui porte sur un son et un thème précis. Ils et elles y travaillent à leur propre rythme. À différentes étapes, le document les invite à rencontrer une formatrice afin de vérifier si tout va bien. Lors de ces rencontres la formatrice vérifie la compréhension du texte et des consignes. Pour ce qui est des exercices notionnels, il s'agit de vérifier si les notions apprises en atelier sont retenues et appliquées.
Il est important pour les participants et participantes de s'autocorriger d'abord à l'aide du document CORRIGÉ et, ensuite, rencontrer une formatrice pour la vérification.
Deuxième partie : Textes / Écriture
Les participants et les participantes choisissent un texte à compléter ou un texte à écrire d'après une mise en situation. Une fois le texte écrit, ils et elles doivent se référer à la grille d'autocorrection afin de vérifier si les notions sont transférées correctement dans le texte. Cette vérification faite, la personne doit rencontrer une formatrice pour lui montrer le travail effectué. Cette dernière corrige le texte en utilisant le guide de correction. Le texte sera remis à la personne avec les annotations la référant à sa propre grille. Ainsi de suite jusqu'à ce que le texte soit satisfaisant.
Les textes correspondent aux intérêts, aux préoccupations ainsi qu'aux compétences des participants et participantes de niveau fonctionnel. Certains textes ont été présentés dans les ateliers de différents groupes et ajustés en regard des commentaires suscités.
Voici un tableau des thématiques. Vous y trouverez la liste des thèmes et des sons de chacun des textes.
Thème / Titre du texte / «Son»
Les droits des locataires / Le 1710 Frontenac / «ail»
La vieillesse / Pourquoi partir? / «eil»
Le deuil / La maison vide / «euil»
L'intrigue / La disparition / «ouil»
L'émigration / Du soleil à la neige / GZZZ
L'alcool au volant / L'accident / KSSS
«la santé mentale / Le jardin de Gilberte / PSSS
La conscience sociale / Un scénario pour demain / SSS
La monoparentalité / Quel cirque! / SPPP
Le stress / Au douzième étage / STTT
Nico se tient près de la fenêtre, une lettre à la main. Son regard perdu dans la grisaille du matin, il est tiraillé entre la colère et l'impuissance. Subitement, il jette la lettre sur la table. Non, il ne se laissera pas faire, il va contester la hausse de loyer qu'il vient de recevoir de son propriétaire. Vingt dollars par mois, c'est du vol. Cette canaille n'a pas fait une seule réparation de l'année, le plafond ressemble à une passoire, la plomberie est à refaire et l'escalier avant est un danger public. Non, mais pour qui se prend-il avec son augmentation? À ce rythme, le proprio, monsieur Côté, n'est pas près de déclarer faillite. De plus, l'an passé, quand Nico avait signé son bail, il l'avait assuré d'aucune augmentation pour deux ans. Cet homme ne lui inspirait rien qui vaille, et il avait raison.
Nico est résolu: il est hors de question qu'il s'en aille vivre ailleurs. Dès ce soir, il fera la tournée des locataires pour les convaincre de contester avec lui leur augmentation de loyer. Rien ne sert de brailler, il faut lutter. D'ailleurs, la bataille est presque gagnée d'avance, l'immeuble travaille et a trop besoin de rénovations.
Après souper, Nico sonne chez Isabelle. Celle-ci n'est pas difficile à convaincre. Ce n'est pas avec le salaire minimum de la quincaillerie qu'elle peut absorber une telle augmentation. Ensuite, il frappe à la porte de monsieur Robitaille; ce dernier s'apprête à aller travailler, il est réparateur de rails pour le Canadien National. Il hésite un peu, car monsieur Robitaille redoute le propriétaire. Il ne veut pas de chamaille. Finalement, il accepte, à condition que tout le monde conteste.
Quant à madame Roussel, la sexagénaire de l'immeuble, elle est tellement en colère qu'elle jure de lui faire avaler son augmentation à cette espèce d'épouvantail à moineaux.
Ensemble, ils dressent la liste des raisons du refus de la hausse de loyer. Ils détaillent tout ce qui est à réparer: les escaliers extérieurs pourris, le vitrail à remplacer depuis qu'il a été brisé par des cailloux lancés par des gamins, l'émail écaillé de toutes les baignoires, les fissures au plafond, etc. Non seulement refusent-ils en bloc l'augmentation, mais encore, ils obligent le propriétaire à effectuer, pour chacun des logements, toutes les réparations qui s'imposent. Le surlendemain, les lettres de refus sont postées. Sûrement qu'ils devront se présenter à la Régie; mais leur augmentation étant de taille, monsieur Côté aura du mal à la justifier.
Quelques semaines plus tard, le bataillon de la rue Frontenac a une belle victoire à célébrer. Ils organisent donc un souper digne d'un grand restaurant. La table offre un éventail de plats: œufs mayonnaise, entrée de cailles, médaillon de veau, suprême de volaille. Tout le monde a mis la main à la pâte, surtout madame Roussel, un vrai cordon bleu. Enfin Isabelle porte un toast à Nico: «Je veux remercier chaleureusement celui qui nous a unis pour lutter contre monsieur Côté. Il ne faut pas se laisser railler par les propriétaires qui abusent de nous jusqu'à ce qu'on se retrouve les fesses sur la paille. Nico, sincèrement, tu mérites une médaille!»
Fébrilement, Mireille se prépare. Comme tous les dimanches, elle va visiter son père. Cependant, Mireille est inquiète; elle se demande si son père et elle vont réussir un jour à discuter sans qu'il monte sur ses grands chevaux. À chaque semaine, c'est pareil! Dès qu'elle essaie de le raisonner, ils se chicanent.
Mireille pense que son père serait heureux de vivre dans un centre pour personnes âgées. Une amie lui a conseillé un endroit appelé «La Résidence Place Vermeil». C'est à quelques kilomètres de Montréal, près d'une rivière, dans un décor attrayant. Il y a mille activités pour les résidants, du réveil au coucher. Ce serait merveilleux pour son père. Il pourrait se faire de nouveaux amis. De plus, sur place, il y a du personnel qualifié pour assurer la surveillance; ainsi Mireille pourra dormir sur ses deux oreilles.
Monsieur Corbeil vient de terminer la vaisselle et commence à balayer la cuisine. Il est songeur, sa fille le préoccupe. Aujourd'hui, c'est le jour de sa visite hebdomadaire. Il est toujours heureux de l'accueillir, tant qu'elle ne tente pas de le persuader de quitter son joli petit logement. Il sent que Mireille le surveille et il a hâte qu'elle comprenne qu'il n'est pas un vieillard mourant juste bon à placer dans un centre d'accueil. Ça fait quinze ans qu'il habite son trois et demi, tout ensoleillé, rue Gobeil. Il connaît tout le monde dans son quartier, son meilleur ami habite juste à côté. Sa vie est ici, un point c'est tout! Ce n'est pas demain la veille que sa fille va le convaincre de partir, elle peut toujours essayer.
Sa maison bien propre, monsieur Corbeil peut maintenant bayer aux corneilles. Satisfait, il regarde avec émerveillement la cuisine et le salon baignés d'un rayon de soleil. C'est son nid et il en est fier. Il y est si bien. Il a beau avoir soixante-dix-sept ans, il reste éveillé et tout à fait heureux de l'existence qu'il mène. Il peut donc veiller sur lui-même, il n'a besoin de personne. Malgré tout, il sait que Mireille souhaite son bien. Mais ce n'est pas une raison pour qu'elle fasse la sourde oreille. Qu'il écoute ses conseils, oui, mais qu'elle respecte ses choix.
«Tiens! Ça sonne à la porte. Mireille est en avance aujourd'hui.» Monsieur Corbeil ouvre et, à sa grande surprise, trouve madame Choquette, sa voisine de palier, sur le pas de la porte. Il l'invite à entrer car il trouve toujours agréable de passer un moment avec cette charmante dame. Ils discutent du bon vieux temps, de leurs enfants, de la vie, et même, parfois, de la mort.
Entre-temps Mireille survient. Elle sonne, pas de réponse. Elle frappe, toujours pas de réponse. Pourquoi son père ne lui ouvre pas? Elle est attendue pourtant. Tout de suite, Mireille sent la frayeur lui monter le long de la colonne vertébrale: s'il lui était arrivé quelque chose, ce serait effrayant! Elle ne se le pardonnerait pas. Mireille fouille nerveusement dans son sac, attrape ses clés et ouvre la porte. Des éclats de rire se font entendre du balcon. Elle y trouve son père en compagnie d'une jolie vieille dame, verres à la main. Une bouteille de limonade est presque vide sur la table. «Je m'excuse, ma chérie, je ne t'ai pas entendue arriver. Viens, que je te présente madame Choquette.» Mireille s'approche du bout des orteils. Son père rayonne de bonheur. Elle se dit qu'elle devrait peut-être mettre en veilleuse son projet de placer son père en centre d'accueil.
Madame Dubreuil se recueille devant une pierre tombale dans un cimetière à Longueuil. Sous cette pierre repose son mari décédé d'un cancer. Sa mort fut un deuil cruel. Elle a cueilli pour lui des marguerites et lui a préparé un magnifique bouquet avec des feuilles séchées. Elle aperçoit, tout près d'elle, un écureuil qui mange une noix. Il est aussi en position de recueillement. Elle se sent moins seule.
Elle revoit son mari assis dans son fauteuil préféré. C'était un homme orgueilleux qui aimait raconter des histoires de pêche et de chasse. Une fois, il était revenu de la chasse avec un panache de chevreuil sur sa voiture. Il en était très fier. Il était aussi très généreux et ne lésinait pas quand venait le temps de sortir son portefeuille pour la combler. Un jour, alors qu'elle se tenait sur le seuil de la porte pour l'accueillir, il lui offrit une bague dont la pierre était un œil-de-tigre et lui dit: «À ma tigresse préférée.»
Dernièrement, tout s'est passé très vite. En un clin d'œil, la maladie l'a emporté. Le moment le plus pénible pour madame Dubreuil a été celui où on a fermé le cercueil au salon funéraire. Jamais elle n'oubliera.
Le décès de son mari reste un coup dur pour madame Dubreuil. Après quarante ans de vie commune, la maison apparaît subitement très grande et trop silencieuse. Le pire moment de la journée: quand elle se glisse dans le lit froid, la nuit. Armand se couchait toujours avant elle. Désormais, les nuits sont longues. Madame Dubreuil a beau feuilleter des romans, des revues, des recueils de poèmes, rien n'y fait. Le sommeil refuse de venir. Dès qu'elle ferme l'œil pour tenter de s'endormir, un grand vide se creuse en elle.
Au début, madame Dubreuil refusait l'aide de ses amies, de ses enfants. Par orgueil, elle cherchait à se montrer forte. Elle croyait qu'elle devait s'en sortir toute seule. Rebâtir son quotidien par elle-même, sans le soutien de son entourage. Avec des œillères, elle se fermait à la sollicitude des gens autour d'elle et ignorait les œillades de ses amies, qui n'étaient pas dupes de son jeu. Madame Dubreuil n'allait pas bien, toutes le savaient, d'où leur persévérance à l'entourer.
Finalement, au bout d'un certain temps, madame Dubreuil a dû accepter de voir la réalité en face: c'était plus difficile qu'elle le croyait. Elle n'arrivait pas à remonter la pente toute seule. Le réseau de solidarité composé de sa famille et ses amies a donc eu raison de sa résistance. Leur insistance a finalement réussi à percer la carapace de madame Dubreuil. Elle a enfin accepté l'aide des gens autour d'elle, et, depuis ce temps, elle rencontre régulièrement une intervenante qui lui apporte un support psychologique. Maintenant, elle va beaucoup mieux. Se retrouver veuve à soixante ans, c'est une étape difficile à traverser.
Maude, une adolescente de quatorze ans, désire gagner quelques sous pour ses dépenses hebdomadaires. Elle adore les bébés. Très débrouillarde, elle décide d'écrire une annonce et de l'afficher un peu partout dans son quartier. Elle commence par un brouillon. Finalement, une belle annonce de gardienne d'enfants émerge de son gribouillage.
Quelques jours plus tard, Maude reçoit un appel de madame Leduc. Elle a besoin d'une gardienne immédiatement. Elle barbouille l'adresse sur un bout de papier et se grouille pour arriver le plus tôt possible. Rendue chez madame Leduc, elle fait la connaissance de Jacob, un beau garçon grassouillet, aux yeux bleus et aux cheveux de la couleur de la rouille. Tout de suite, elle sympathise avec lui. Avant de partir, la mère lui recommande de ne pas répondre à la porte. Elle lui précise qu'elle est en brouille avec son mari et ne veut pas qu'il entre dans la maison.
Pendant que Jacob s'amuse à sortir des plats d'une armoire de cuisine, Maude fouille dans le réfrigérateur. Elle cherche quelque chose pour souper. Il n'y a que du bouilli et un restant de ratatouille. Un plat de nouilles aux tomates assaisonnées d'un peu de fenouil sera bien meilleur. Donc, elle met l'eau à bouillir. En attendant, elle s'agenouille près de Jacob pour jouer avec lui. Elle le chatouille. Il rit aux éclats. Le souper terminé, il y a des nouilles partout; alors, vite la débarbouillette pour le petit et la vadrouille pour le plancher.
C'est l'heure du bain. La couche de Jacob est toute mouillée. Après l'avoir déshabillé, Maude l'assoit dans le bain et le lave avec une éponge en forme de grenouille. Ensuite, c'est la berceuse. Dès que Jacob a fermé les yeux, elle va le déposer doucement dans son lit et le recouvre d'une douillette moelleuse.
Satisfaite de sa belle soirée, Maude s'allonge sur le sofa et allume le téléviseur. Tout à coup, on frappe à la porte. «C'est sûrement le mari», pense-t-elle. Elle a la trouille et se rend compte qu'elle a oublié de verrouiller. À son grand étonnement, quelqu'un entre tout doucement, se dirige vers la chambre du bébé pour en ressortir aussitôt. Maude se lève rapidement, va voir dans la chambre... Jacob n'est plus dans son lit! Elle se rue vers l'extérieur, aperçoit des policiers qui patrouillent, les arrête et leur explique la disparition du bébé. Maude est convaincue que c'est une magouille du mari et parle de lui en le traitant de couillon et de fripouille. Elle est dans tous ses états. Les policiers tentent de la calmer.
Soudain, elle entend une voix tout bas à son oreille: «Maude, réveille-toi, je suis là, j'ai éteint le téléviseur.» Elle ouvre les yeux et aperçoit madame Leduc avec un homme à ses côtés. «C'est mon mari, dit-elle, on s'est réconciliés ce soir.» Maude se précipite dans la chambre du bébé. Il dort paisiblement. Ouf!
Avant de partir, Maude bafouille des excuses au mari de madame Leduc. L'homme, étonné, lui demande pourquoi. Elle lui répond: «Laissez faire, je me comprends! »
Complètement exaltée, sa lettre à la main, Aïsha pousse un cri de joie et saute partout dans la chambre exiguë qui lui sert d'appartement. Un lit, une commode, un fauteuil, une petite table, un réchaud, voilà tous ses biens. Son rêve sera enfin exaucé, elle quittera avec joie ce sombre endroit. Par contre, elle se questionne au sujet de l'exil. Quitter la Sierra Leone pour le Québec, s'installer dans un nouveau pays, est plus qu'un simple geste à exécuter. Sûrement même, sera-t-elle confrontée à la xénophobie. Sa belle peau noire comme l'ébène, qu'elle exhibe ici avec tant de fierté, ne passera pas inaperçue chez ce peuple à la peau blanche comme le lait.
Aïsha n'a plus vraiment le choix. La guerre dans son pays est imminente. Toutes les entreprises déménagent, c'est l'exode. Le chômage et la pauvreté empoisonnent l'existence de tous. La peur et la faim font partie du quotidien. Exaspérés, les gens fuient vers la campagne ou s'exilent vers d'autres pays. La ville est devenue étouffante, dangeureuse. On dirait qu'il n'y a plus assez d'oxygène.
Heureusement le frère d'Aïsha, qui habite déjà le Québec depuis quelques années, a pu exercer des pressions pour accélérer le dossier de sa sœur. Il va la parrainer. Aïsha a un dossier exemplaire: formation en enseignement, bonne connaissance du français, santé parfaite, elle remplit largement les exigences.
Selon les renseignements dans la lettre, Aïsha pourra quitter la Sierra Leone dans exactement un mois. Le temps de régler les dernières démarches. Le temps également d'emballer ses trésors qui, sans exagération, tiendront dans deux ou trois petites malles. L'exercice de boucler ses valises sera une vraie fête.
Aïsha espère en sa nouvelle vie. Elle sait qu'elle ne pourra plus enseigner, car ses diplômes ne seront plus valides dans son pays d'adoption. Mais elle garde confiance. Elle se voit très bien, par exemple, travailler dans un petit restaurant exotique où elle y servirait les mets typiques de son pays. Elle cuisine à merveille, tout le monde le dit. Avec les années, elle pourrait même ouvrir son propre restaurant. Elle imagine une petite place ensoleillée, avec des nappes aux couleurs vives, avec de la musique exubérante où tout le monde, dès la dernière bouchée, aurait envie de danser. L'exotisme servira assurément à Aïsha dans ce pays qui, paraît-il, est recouvert de neige six mois par année. La neige, songe-t-elle, est-ce si froid qu'on le dit?
Alexandre est un fameux boxeur. Son succès est à la mesure de ses exploits. Expérimenté, ça fait dix ans qu'il monte dans le ring. Depuis peu, toutefois, il éprouve beaucoup d'exaspération et s'arrange pour expédier son adversaire au tapis. La foule, excitée, s'exclame à chaque K.-O. En revanche, Alexandre quitte rapidement l'arène, exténué.
Un soir, pour relaxer, il se rend dans un bar. Une excentrique saxophoniste y joue un air de jazz. Aussitôt, il la fixe du regard; il la trouve exquise. À l'extrémité de la salle, des toiles sont exposées. Il en fait le tour d'une manière expéditive et s'assoit à une table. Extrêmement anxieux, il sent qu'il va exploser. Pour se calmer, il boit et se concentre sur le spectacle. Sur scène, sous un éclairage tamisé, la saxophoniste évolue sans autre accessoire que son saxophone. Le spot vert qui la suit accentue chacun de ses mouvements. Les airs se succèdent, tous excellents. Alexandre est envoûté par sa façon exceptionnelle de jouer. À l'entracte, il veut l'inviter à sa table, mais il se rend compte qu'elle n'est pas accessible. D'autres clients, qu'elle semble connaître, accaparent son attention. Par tous les moyens, Alexandre cherche à accrocher son regard, mais peine perdue, elle ne le remarque même pas.
Cinq heures plus tard, la place est presque vide. Le spectacle est terminé depuis un bon bout de temps et la saxophoniste a quitté. Déception! Alexandre n'a même pas réussi à l'approcher, et c'est l'heure de la fermeture. Le trouvant dans un état d'ébriété assez avancé, le propriétaire lui demande explicitement, et en le regardant fixement dans les yeux, de quitter les lieux. Alexandre, s'exprimant avec difficulté, lui répond qu'il veut boire encore. Alors, il l'expulse de l'endroit et lui recommande de prendre un taxi, parce qu'il est trop soûl pour conduire. Vexé, Alexandre, qui n'accepte pas qu'on le bouscule, s'extériorise dans une rixe avec son ombre.
Insouciant, il monte dans sa voiture, démarre et écrase l'accélérateur. Trois coins de rue plus loin, son œil de lynx éteint, il fonce dans un poteau. À demi-conscient, Alexandre klaxonne pour qu'on lui vienne en aide: il est incapable de sortir de l'auto. Quelques minutes plus tard, la police arrive sur les lieux de l'accident. La voiture est en flammes et peut exploser. Avec un extincteur, on parvient à éteindre le feu et à extraire Alexandre de son auto. D'urgence, il est transporté à l'hôpital.
Son réveil est extrêmement difficile. Il ne se souvient de rien à l'exception de la saxophoniste. Des accusations sont portées contre lui: conduite avec un permis expiré, conduite dangereuse avec facultés affaiblies et excès de vitesse.
Alexandre se retrouve au palais de justice. Son avocat, un expert en droit criminel, avec des gestes excessifs et beaucoup d'expression dans la voix, tente de réduire de façon significative sa sentence en mettant l'accent sur sa réputation. Malgré cela, Alexandre perd son permis de conduire pour un an et doit payer une amende de 2500$. Sur le coup, il trouve la sentence extrême, mais après mûre réflexion, Alexandre reconnaît qu'il a eu une chance extraordinaire de s'en tirer indemne avec seulement une foulure à l'index et quelques ecchymoses. Il aurait pu, dans sa course folle, tuer quelqu'un. Ça, il n'aurait jamais pu s'en relever. Il se dit qu'aucune excuse n'est acceptable pour un tel comportement.
Depuis cet accident, Alexandre se repose. Il prend soin de lui. Il boxe moins souvent et, de temps à autre, il se rend en taxi à ce fameux bar dans l'espoir d'y revoir un jour l'exquise saxophoniste. Qui sait?...
Gilberte se promène dans le corridor du centre communautaire. Tout le monde dans la place la connaît. Elle va d'un organisme à l'autre, prend un café ici, se repose sur un fauteuil là.
Gilberte est une petite dame, d'un certain âge, un peu ronde. Elle a un regard bleu entouré de rides qui en disent long sur sa vie. Mais ce qui est le plus frappant, c'est lorsque son visage s'illumine d'un sourire. Personne ne peut rester indifférent. Chère Gilberte!
Aujourd'hui, Gilberte paraît très occupée. Elle va et vient avec sa pile de revues, ses ciseaux et sa colle, à la recherche d'un endroit pour s'installer. Elle veut découper de jolies images et les coller sur un carton. Gilberte a passé presque toute sa vie dans des bureaux de psychiatres et de psychanalistes. Tous ont essayé de contrôler ses troubles psychologiques, soit à l'aide de traitements, soit par des pilules. Certains médicaments la droguaient complètement, elle avait de la difficulté à parler. D'autres pilules la faisaient trembler tellement, qu'elle ne pouvait tenir un verre d'eau sans le renverser. Un jour, les effets secondaires d'un médicament l'ont couverte de la tête aux pieds de psoriasis, par la suite elle s'est mise à développer des maladies psychosomatiques. Tout ça pour qu'elle aille mieux...
Gilberte n'est pas une psychopathe dangereuse. Au contraire, elle ne serait pas capable de faire mal à une mouche. Quand elle était une jeune femme, tout allait bien. Elle menait une existence normale. Un jour, elle est allée voir un ami psychologue parce qu'elle sentait son état psychique se détériorer. Graduellement, elle développait des manies qu'elle arrivait mal à contrôler en public. Elle parlait toute seule du matin au soir, elle récitait des prières
comme un long psaume. Son ami lui a donc conseillé de s'adresser à un médecin du département de psychiatrie de l'hôpital. Ce n'est que quelques mois plus tard qu'on a posé un diagnostic de schizophrénie et que la valse des traitements a débuté.
Maintenant Gilberte vit dans une maison supervisée où l'on prend soin d'elle. Elle participe aux activités d'un centre près de chez elle où l'on s'occupe des personnes atteintes de problèmes de santé mentale. Aujourd'hui, elle est libre d'aller où elle veut et semble en pleine forme. Les spécialistes la laissent enfin tranquille.
Gilberte vit dans sa tête. Elle a plein d'amis, pour la plupart imaginaires. Eux semblent la comprendre. Cette étrange petite dame qui ne semble ni heureuse, ni malheureuse, vit ailleurs, quelque part dans sa tête. Dans son monde à elle, personne ne peut y aller. C'est son jardin secret.
Assis dans la grande salle de spectacle de sa polyvalente en compagnie d'une centaine d'autres adolescents, Marc-Antoine vient d'assister à la conférence du scientifique Albert Jacquard. Le discours du vieil homme l'a fortement impressionné. Sur scène, dès ses premières paroles, tous les jeunes ont été captivés.
Albert Jacquard, génétitien reconnu, leur a conté l'histoire de l'humanité et présenté sa propre vision du futur. Des exemples concrets sur les conséquences de nos gestes furent donnés: «Au rythme où nous allons, nous commettons tous les jours des gestes irréparables qui nous mènent tout droit à la destruction de notre planète.» Son discours prouvait la folie de l'humanité. Inconsciente des conséquences de ses actes, toujours selon Jacquard, la société actuelle se donne des objectifs qui vont à l'encontre de son développement. Puissance, compétition, croissance économique sont les notions prédominantes qui engendrent la violence et la misère d'un nombre grandissant de personnes. Le message de Jacquard est clair. Il veut faire comprendre que l'objectif essentiel, pour l'humanité, est d'établir l'égalité entre les peuples, les êtres humains, afin que chacun puisse participer à la construction, la transformation et l'amélioration de sa collectivité.
Marc-Antoine sort de la salle de conférence complètement abasourdi. Ce qu'il vient d'entendre ressemble à un film de science-fiction qui finit mal. Perplexe, il se demande comment l'être humain a pu descendre aussi bas. Il se rend compte que la vie est peut-être plus facile aujourd'hui. Par contre, de descendance en descendance, le progrès n'a pas nécessairement amélioré le sort de l'humanité. Nous sommes à l'aube de l'an 2000 et le portrait de la planète n'est guère reluisant: l'Asie est surpeuplée, il y a plein de guerres et de génocides ici et là, les peuples du sud connaissent la famine quand les peuples du nord sont les rois de la surconsommation et du gaspillage. Il n'y a pas de quoi être fier.
Marc-Antoine s'assoit sur un banc près d'une fontaine dans le parc. Il observe le scintillement de la lumière sur l'eau. «Comment changer les choses? Il existe sûrement une solution, croit-il. Impossible de rester les bras croisés, à ne rien faire. Il faut conscientiser le maximum de gens possible, le temps presse, la situation est urgente.» Subitement, une idée jaillit dans la tête de Marc-Antoine : il va écrire un scénario de pièce de théâtre pour la polyvalente. La professeure d'art dramatique, elle-même scénariste, pourra probablement l'aider. Les étudiants pourraient monter et présenter la pièce l'année prochaine.
Marc-Antoine descend l'allée du parc jusqu'à l'arrêt d'autobus, d'un pas plus léger. Son projet d'écriture, aussi petit soit-il, soulage un peu sa conscience et stimule son imagination.
«Sois prête à six heures sans faute, si on veut être à l'heure pour le restaurant. Il ne faut pas qu'on rate la surprise. Tu vas passer une soirée spéciale, je te le promets.»
Francine raccroche le téléphone en se demandant quelle peut bien être cette fameuse surprise annoncée par Maurice. Avec lui, on peut s'attendre à tout! C'est un spécimen, cet homme-là, il n'y en a pas deux comme lui. Mais, trêve de spéculation, Francine n'a plus le temps de jouer aux devinettes, elle doit se grouiller. Il ne lui reste qu'une heure trente pour se préparer et aider Mathieu à faire ses devoirs. On y va pour le sprint... Quant à la gardienne, elle s'occupera de donner les bains et de préparer les spaghettis pour le souper.
À six heures précises, Maurice sonne. Francine répond, essoufflée, mais prête. En toute spontanéité, elle lui dit: «Courir dans la maison, comme je le fais, je n'ai pas besoin de faire du sport pour me mettre en forme.» En route pour une soirée de liberté! Enfin!
Quelques minutes plus tard, Maurice et Francine sont assis à La Spatule dorée, un tout petit restaurant spécialisé dans les crêpes bretonnes. Francine choisit la spécialité de la maison, des crêpes aux fruits de mer. C'est différent de ce qu'elle mange habituellement. Avec son maigre budget, son menu est souvent composé de pâtes alimentaires et de riz. De toute façon, ce qui la rend heureuse par-dessus tout, c'est de se laisser servir.
Ce soir, c'est la fête. Son vieil ami Maurice a décidé de lui changer les idées et de la gâter. Ce n'est pas un luxe, car Francine ne se souvient pas de la dernière soirée qu'elle a passée sans les enfants. La vie est sportive pour elle, seule avec ses trois jeunes enfants. Les couches, les devoirs, la maison, la garderie, sa «jobine» à temps partiel: elle doit tout gérer avec son salaire de crève-faim. Plus souvent qu'autrement elle se couche le soir complètement épuisée. Elle n'a pas de temps et d'énergie pour penser à elle.
C'est la semaine dernière que son ami d'enfance, Maurice, lui a rendu visite. Il a eu de la difficulté à reconnaître sa grande copine. Il a cru voir un spectre : les traits tirés et deux immenses poches sous les yeux. Mais, ce qui l'avait frappé le plus, c'est le découragement qui s'entendait à chaque soupir. Il a senti l'urgence de lui changer les idées. Il lui en a parlé, et spontanément, elle a refusé. C'est à ce moment qu'il lui a spécifié qu'elle avait intérêt à se trouver une gardienne, qu'il la sortirait de force s'il le fallait.
À la fin du repas, Francine commence à se détendre. Maurice la fait rire, lui cause des spasmes: une farce après l'autre, des jeux de mots... il est vraiment spirituel, un vrai clown! Au dessert, Maurice pose une enveloppe devant Francine. Elle en sort deux billets pour: «Le Cirque du Soleil». Il les a gagnés à la suite d'un concours à la radio. Francine saute de joie. Maurice lui assure que c'est un spectacle absolument magique: des acrobates qui virevoltent, qui accomplissent des spirales dans les airs, sous un spacieux chapiteau. Qu'ils soient à bicyclette, sur des chaises ou sur une corde raide, tous offrent un numéro des plus spectaculaire.
Francine et Maurice arrivent juste à l'heure. Ils s'installent parmi les autres spectateurs. La musique commence, les spots s'allument. Francine ferme les yeux quelques instants, elle est bien. Quelle splendide soirée!
Jacques se fait la barbe. Il voit sa main dans le miroir et tente de la stabiliser. Puis, il stoppe tout: «Calme-toi, se dit-il, c'est pas le moment de se couper.»
C'est aujourd'hui qu'il commence un stage dans une grande entreprise. Il travaillera aux statistiques de rentabilité dans un des multiples départements. Ça fait trois ans qu'il passe d'un emploi à l'autre, qu'il se tient sur le stand-by ou qu'il stagne au chômage; avec la récession, un emploi stable, ce n'est pas facile à décrocher. Mais, Jacques ne perd pas espoir, peut-être ce stage le mènera-t-il enfin à l'emploi dont il rêve depuis si longtemps.
C'est donc un Jacques très stimulé qui enfourche sa bicyclette, direction rue Stanley. Vingt minutes plus tard, il stationne son vélo en face d'une tour qui grimpe jusqu'au soleil. En entrant, il demande à la réceptionniste à quel étage se trouve la Compagnie Sturgeon Falls inc. «Douzième étage, monsieur, à votre gauche en sortant de l'ascenseur.» Jacques se sent bien petit dans ses souliers. Comme c'est stressant de débuter un nouvel emploi, davantage, quand on est simple stagiaire.
En pénétrant dans le vestibule de la compagnie, Jacques remarque que c'est aussi grand que le petit studio qu'il habite. Il se dit qu'avec une entrée pareille, le grand patron ne doit sûrement pas habiter un minuscule trois et demi sur le bord du chemin de fer.
Quelques instants plus tard, Jacques se retrouve assis à son éventuel bureau. Debout madame Gadoury, raide comme une statue, lui explique la tâche qui l'attend.
Avec stupéfaction, Jacques regarde madame Gadoury sortir de son bureau. Cette femme doit prendre des stéroïdes pour parler vite comme ça, un vrai moulin à paroles. Il prend une grande respiration, ça doit faire au moins cinq bonnes minutes qu'il n'a pas respiré. Elle lui a carrément coupé le souffle.
Jacques regarde autour de lui. La pièce est vaste. Deux immenses fenêtres lui offrent une vue magnifique sur la montagne. Il s'empresse d'ouvrir grand les stores. Le coup d'œil est stupéfiant. Il en va autrement du bureau qui reste ordinaire et fait stérile comme endroit. Une petite statuette de plâtre sur le bureau et un affreux cadre sur le mur beige, c'est là toute la décoration.
Jacques s'assoit, sort un stylo et s'empare du premier rapport. Sa pression stabilisée, il attaque son ouvrage comme on attaque un bon steak.
Alexandre est un fameux boxeur. Son succès est à la mesure de ses exploits. Expérimenté, ça fait dix ans qu'il monte dans le ring. Depuis peu, toutefois, il éprouve beaucoup d'exaspération et s'arrange pour expédier son adversaire au tapis. La foule, excitée, s'exclame à chaque K.-O. En revanche, Alexandre quitte rapidement l'arène, exténué.
Un soir, pour relaxer, il se rend dans un bar. Une excentrique saxophoniste y joue un air de jazz. Aussitôt, il la fixe du regard; il la trouve exquise. À l'extrémité de la salle, des toiles sont exposées. Il en fait le tour d'une manière expéditive et s'assoit à une table. Extrêmement anxieux, il sent qu'il va exploser. Pour se calmer, il boit et se concentre sur le spectacle. Sur scène, sous un éclairage tamisé, la saxophoniste évolue sans autre accessoire que son saxophone. Le spot vert qui la suit accentue chacun de ses mouvements. Les airs se succèdent, tous excellents. Alexandre est envoûté par sa façon exceptionnelle de jouer. À l'entracte, il veut l'inviter à sa table, mais il se rend compte qu'elle n'est pas accessible. D'autres clients, qu'elle semble connaître, accaparent son attention. Par tous les moyens, Alexandre cherche à accrocher son regard, mais peine perdue, elle ne le remarque même pas.
Cinq heures plus tard, la place est presque vide. Le spectacle est terminé depuis un bon bout de temps et la saxophoniste a quitté. Déception! Alexandre n'a même pas réussi à l'approcher, et c'est l'heure de la fermeture. Le trouvant dans un état d'ébriété assez avancé, le propriétaire lui demande explicitement, et en le regardant fixement dans les yeux, de quitter les lieux. Alexandre, s'exprimant avec difficulté, lui répond qu'il veut boire encore. Alors, il l'expulse de l'endroit et lui recommande de prendre un taxi, parce qu'il est trop soûl pour conduire. Vexé, Alexandre, qui n'accepte pas qu'on le bouscule, s'extériorise dans une rixe avec son ombre.
Insouciant, il monte dans sa voiture, démarre et écrase l'accélérateur. Trois coins de rue plus loin, son œil de lynx éteint, il fonce dans un poteau. À demi-conscient, Alexandre klaxonne pour qu'on lui vienne en aide: il est incapable de sortir de l'auto. Quelques minutes plus tard, la police arrive sur les lieux de l'accident. La voiture est en flammes et peut exploser. Avec un extincteur, on parvient à éteindre le feu et à extraire Alexandre de son auto. D'urgence, il est transporté à l'hôpital.
Son réveil est extrêmement difficile. Il ne se souvient de rien à l'exception de la saxophoniste. Des accusations sont portées contre lui: conduite avec un permis expiré, conduite dangereuse avec facultés affaiblies et excès de vitesse.
Alexandre se retrouve au palais de justice. Son avocat, un expert en droit criminel, avec des gestes excessifs et beaucoup d'expression dans la voix, tente de réduire de façon significative sa sentence en mettant l'accent sur sa réputation. Malgré cela, Alexandre perd son permis de conduire pour un an et doit payer une amende de 2500$. Sur le coup, il trouve la sentence extrême, mais après mûre réflexion, Alexandre reconnaît qu'il a eu une chance extraordinaire de s'en tirer indemne avec seulement une foulure à l'index et quelques ecchymoses. Il aurait pu, dans sa course folle, tuer quelqu'un. Ça, il n'aurait jamais pu s'en relever. Il se dit qu'aucune excuse n'est acceptable pour un tel comportement.
Depuis cet accident, Alexandre se repose. Il prend soin de lui. Il boxe moins souvent et, de temps à autre, il se rend en taxi à ce fameux bar dans l'espoir d'y revoir un jour l'exquise saxophoniste. Qui sait?...
En te servant du texte L'accident, réponds à ces questions par une phrase complète.
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En te servant du texte L'accident, coche VRAI ou FAUX.
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Voici trois résumés du texte L'accident, barre celui qui est faux.
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Remplis la grille avec les mots du texte L'accident selon la bonne graphie du son KSSS.
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Cherche dans le dictionnaire cinq mots du texte L'accident dont tu ne connais pas le sens.
Donne la définition de cinq mots du texte L'accident dont tu connais déjà le sens.
En te servant du texte L'accident donne la définition des mots suivants.
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Trouve au minimum 2 mots de même famille que :
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1- Corrige les exercices précédents avec le document CORRIGÉ.
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2- Jase de tes réponses avec une formatrice
Dans les phrases suivantes, remplace le mot souligné par un synonyme.
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Dans les phrases suivantes, remplace le mot souligné par un antonyme.
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Dans le texte L'accident, trouve :
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Trouve dans le texte L'accident 5 phrases au présent.
Recopie les 5 phrases trouvées au passé.
Recopie les 5 phrases trouvées au futur.
Coche au bon endroit pour indiquer si les phrases sont complètes ou incomplètes, tu les complètes au besoin.
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Mets les mots suivants au féminin.
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Mets les mots suivants au pluriel.
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1- Corrige les exercices précédents avec le document CORRIGÉ.
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2- Jase de tes réponses avec une formatrice.
Mise en situation
Quelqu'un t'envoie une carte postale.
L'écriture de la personne est très difficile à déchiffrer.
Certains mots sont complètement illisibles.
Consigne
Complète le texte de la carte postale en mettant, dans les espaces libres, les mots qui te semblent être les bons.
N'oublie pas : Tu te corriges à l'aide de la grille d'autocorrection.
Mise en situation
Tu fais une vente de garage.
Tu dois faire une affiche pour l'annoncer.
Consigne
Fais l'affiche sur une feuille.
N'oublie pas : Tu te corriges à l'aide de la grille d'autocorrection.
Mise en situation
C'est l'anniversaire d'une amie.
Tu décides de lui envoyer une carte de souhait.
Consigne
Écris le texte de souhaits et l'adresse sur l'enveloppe.
[Voir l'image pleine grandeur]
N'oublie pas : Tu te corriges à l'aide de la grille d'autocorrection.
Mise en situation
Une lettre arrive, tu dois répondre.
Consigne
Regarde ce plan et écris la réponse de Michel.
N'oublie pas : Tu te corriges à l'aide de la grille d'autocorrection.
Mise en situation
Tu as envie de t'impliquer dans ton quartier.
Tu lis une annonce dans le journal.
Bénévoles recherchés pour :
atelier de couture
atelier de cuisine
atelier de menuiserie
Si intéressé, écrivez-nous...
Un des trois ateliers t'intéresse et tu décides d'écrire pour demander des informations et offrir tes servies.
Consigne
Écris ton texte.
N'oublie pas : Tu te corriges à l'aide de la grille d'autocorrection.
Mise en situation
Tu trouves une lettre endommagée.
Il manque la moitié de la lettre.
Bonjour Richard,
On vient de me téléphoner pour m'annoncer que je viens de gagner un voyage à Paris pour deux semaines, pour deux personnes, toutes dépenses payées.
Je me souviens, l'année dernière, tu m'as dit que ton plus grand rêve était d'aller à Paris.
Consigne
Invente la suite de la lettre.
N'oublie pas : Tu te corriges à l'aide de la grille d'autocorrection.
Mise en situation
Tu viens d'emménager dans un nouvel appartement,
tu fais une fête et tu invites tous tes amis.
Consigne
Compose la lettre d'invitation avec tous les détails nécessaire.
N'oublie pas : Tu te corriges à l'aide de la grille d'autocorrection.
Mise en situation
Dans le journal, tu lis un annonce qui t'intéresse.
Célibataire, cherche partenaire pour partager bouffe, ménage, sorties et tendresse.
Bref, partager la vie. Si tu as moins de vingt ans ou plus de quatre-vingt-dix,
prière de t'abstenir.
Consigne
Tu décides de répondre à l'annonce. Écris ta réponse.
N'oublie pas : Tu te corriges à l'aide de la grille d'autocorrection.
Mise en situation
Hydro-Québec hausse ses tarifs d'électricité.
Tu te rends compte que ta facture sera augmentée considérablement.
Consigne
Tu écris un article dans le journal pour contester cette augmentation.
[Voir l'image pleine grandeur]
N'oublie pas : Tu te corriges à l'aide de la grille d'autocorrection.
Consigne
Compose un texte dans lequel se trouve, peu importe l'ordre, les phrases suivantes :
La journée a été une réussite totale.
Est-ce possible? Elle n'en croit pas ses yeux.
Le téléphone sonne trois coups.
N'oublie pas : Tu te corriges à l'aide de la grille d'autocorrection.
Mise en situation
Le texte Le Québec comprend trois paragraphes :
1. Ma présentationConsigne
Tu inventes le paragraphe manquant.
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Consigne
Recopie les trois paragraphes que tu as inventés.
N'oublie pas : Tu te corriges à l'aide de la grille d'autocorrection.
Mise en situation
Le texte Récit d'une journée comprend trois paragraphes.
Consigne
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Consigne
Recopie les trois paragraphes que tu as inventés.
N'oublie pas : Tu te corriges à l'aide de la grille d'autocorrection.
Consigne
Compose un texte sur un sujet de ton choix.
Comme nous l'avons mentionné précédemment, l'acte d'écriture demande beaucoup de courage aux participants et participantes en alphabétisation. C'est dans ce sens qu'une démarche progressive vise à les mettre en confiance afin de garantir la réussite de cette expérience d'écriture.
De même, il est important de munir la personne d'outils susceptibles de l'aider à franchir une première étape de correction. Ainsi des réflexes d'autocorrection seront développés, impliquant la personne tout au long du processus d'écriture: du premier jet instinctif, en passant par la structuration des idées, jusqu'à l'étape de finition.
Par la suite, le rôle de correction de la formatrice s'avère important dans la mesure où il devra susciter le goût d'aller plus loin. Un des moyens sera d'impliquer activement la personne dans le processus de correction. Les participants et participantes étant ainsi aiguillés dans la bonne direction sauront plus facilement trouver les bonnes réponses et apporter les changements nécessaires.
Finalement, le but visé par la formatrice dans sa correction de textes sera d'amener chaque personne à un résultat satisfaisant. Viser la perfection chez des personnes qui, pour la plupart, en sont à leurs premières armes vis-à-vis l'écriture, aurait pour conséquences de décourager et de paralyser. Il est à noter que la barre du satisfaisant pourra varier d'une personne à l'autre selon son propre degré de compétence.
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Imprimer la Grille d'autocorrection
ROUGE - Erreur de notion
1. La phrase complète
2. La ponctuation
3. La majuscule
4. Les signes orthographiques
5. L'accord du nom et de l'adjectif (genre et nombre)
6. Les homophones
NOIR - Erreur de verbe
7 a. L'accord du verbe avec son sujet
7 b- La conjugaison du verbe
7 c. Les terminaisons é - er des participes passés
VERT - Erreur d'orthographe
BLEU - Erreur de sens
Imprimer le Guide de correction
Conception, rédaction et traitement de texte
Nicole Picard
Martine Fillion
Comité de lecture
Maurice Brunelle
Martine Fillion
Francine Lefebvre
Nicole Picard
Lecture et correction d'épreuves
Maurice Brunelle
Martine Fillion
Nicole Picard
Conception graphique et illustrations
Pierre Lachance
Ce document a été rendu possible grâce au Secrétariat national à l'alphabétisation.
© l'Atelier des Lettres 1994
L'Atelier des Lettres
1710, rue Beaudry
Montréal (Québec) H2L 3E7
Téléphone : 524-0507
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