Le document que vous avez entre les mains est le fruit d'une réflexion amorcée il y a quelques années sur la prévention du décrochage et de l'analphabétisme. Dans ce livret, l'enfant y fera la connaissance de personnages divers ayant tous un passé scolaire parsemé d'échecs ou d'abandons. Il se familiarisera à des situations où l'importance de la lecture et de l'écriture sont démontrées. De plus, l'enfant sera incité à prendre du plaisir à découvrir, à apprendre et à trouver un sens à sa vie d'étudiant.
Le document amène l'enfant à réfléchir sur le sens de la connaissance et sur l'importance d'apprendre en y trouvant du plaisir et de la valorisation. On veut également que l'enfant entrevoie les conséquences de l'abandon scolaire et les conditions de vie souvent difficiles que doivent affronter les décrocheurs ou les analphabètes.
Pour rendre cette démonstration agréable, nous avons parsemé l'ouvrage de jeux, devinettes, dessins et autres formes d'activités ludiques. Nous ne voulions pas conférer à ce livret un côté trop didactique mais plutôt un aspect informatif agréable à utiliser.
Votre participation à ce projet est incontournable. En effet, ce livret n'aura de vie que celle qu'on voudra bien y insuffler. C'est pourquoi nous vous présentons ce petit Guide d'animation. Vous y trouverez des suggestions d'activités, des exercices de compréhension et de renforcement grammatical, des pistes de discussion ainsi qu'une préparation à l'activité terminale qui viendra couronner toute cette démarche: la présentation animée aux enfants, prévue pour le printemps 1999.
Nous comptons beaucoup sur votre collaboration et espérons que ce projet saura soulever chez vous autant d'enthousiasme qu'il nous a procuré de plaisir à le développer.
Merci de votre précieuse collaboration et à bientôt.
Robert Cyr, responsable du projet
Centre de services éducatifs populaires du Haut Saint-François
Le Centre de services éducatifs populaires du Haut Saint-François intervient en alphabétisation depuis plus de quinze ans. Son action consiste à sensibiliser la population au phénomène persistant de l'analphabétisme, à fournir aide et formation aux adultes peu scolarisés et à concevoir des actions et des outils de prévention pour contrer la perpétuation du phénomène.
Vous n'êtes sûrement pas sans ignorer que le Québec détient un record peu enviable: en effet, le Québec obtient la médaille d'argent de l'analphabétisme, n'étant devancé en ce domaine que par Terre-Neuve! En Estrie, un peu plus d'un adulte sur cinq possède moins de neuf années de scolarité. C'est dans la MRC du Granit que ce taux est à son plus haut. Pour complexifier davantage ce portrait, on note également un taux de décrochage des plus alarmant.
C'est pourquoi le Centre de services éducatifs populaires du Haut Saint-François a choisi de développer une approche spécifique d'alphabétisation familiale visant à former et informer les parents sur le rôle particulier qu'ils ont à jouer dans la démarche éducative de leurs enfants. De plus, nous croyons que la prévention s'avère encore le meilleur moyen de contrer l'analphabétisme.
Pourquoi une démarche d'alphabétisation familiale?
Le livret «Apprendre, c'est toute une aventure!» contient des textes descriptifs, des tableaux d'information, de courtes histoires, des jeux et beaucoup d'autres choses encore.
Pour maximiser l'utilisation de ce document, il nous apparaît indispensable que les enseignants disposent d'outils pour tirer profit au maximum des textes. À cet effet, nous avons préparé ce Guide d'animation. Vous y trouverez:
1. Des questions de compréhension pour la plupart des textes du document «Apprendre, c 'est toute une aventure!» . Ces questions ont été conçues dans le but de vérifier le niveau de compréhension des jeunes en rapport avec les textes.
Exemple:
Nommez deux causes pouvant expliquer le phénomène de l'analphabétisme dans le texte.
2. Des questions d'ordre grammatical et orthographique pour renforcer le contenu du programme de français.
Exemple:
Trouvez dans le texte un mot qui veut dire la même chose que confrère ou camarade.
Parmi les verbes suivants, lesquels se terminent par un « s » à la première personne du singulier du présent de l'indicatif?
Appeler - dire - faire - aider
Exemple:
Qu'est-ce qu'un dicton? En connaissez-vous d'autres?
De plus, nous avons cru bon d'inclure des pistes de réflexion à la fin de chaque questionnaire. Elles ont pour but de susciter une réflexion plus approfondie sur le sujet traité dans le texte.
Exemple:
Nous vous fournissons également d'autres textes (en annexe) si vous désirez approfondir votre connaissance sur le sujet et, ainsi, pouvoir pousser plus loin la réflexion avec les élèves.
Exploitation du texte
Voici quelques suggestions d'activités ou des questions qu'on peut poser après avoir lu un des textes du recueil.
L'élève pourrait souligner les mots qu'il ne connaît pas.
L'élève pourrait trouver le sens de ces mots d'après le contexte ou les racines.
L'élève pourrait chercher la définition des mots soulignés dans le dictionnaire.
L'élève pourrait nommer tous les mots de la même famille que le mot choisi.
L'élève pourrait identifier certaines composantes grammaticales.
Nous espérons que ces outils vous procureront l'aide nécessaire et éveilleront votre intérêt pour l'utilisation du document «Apprendre, c 'est toute une aventure!»
L'enseignant présente aux élèves un portrait type d'une personne analphabète. L'enfant est ainsi appelé à se familiariser davantage avec la réalité d'une personne analphabète. L'enseignant pourrait s'inspirer du texte suivant pour provoquer une réflexion sur le sujet. Ou utiliser celui présenté en annexe. (Un analphabète, c'est... Projet de sensibilisation. Table régionale d'alphabétisation Montréal-Laval)
Au Québec, près d'un adulte sur quatre éprouve des difficultés à lire et à écrire. Parmi ces gens, on retrouve:
Qu'est-ce qui peut expliquer cela?
La plupart des adultes peu scolarisés présentent les caractéristiques suivantes:
Après que les élèves aient été exposés au problème de l'analphabétisme, on pourrait les amener progressivement à réaliser que l'analphabétisme existe peut-être dans leur entourage.
Voici quelques questions pour amorcer la discussion:
Penser à des situations où c'est important de savoir lire.
Peut-on bien vivre sans la lecture?
La lecture est-elle un instrument de libération et d'autonomie?
Piste de réflexion
Savoir lire, c'est
Questions de compréhension
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Piste de réflexion
Questions de compréhension
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Piste de réflexion
Selon vous, pourquoi Julien n'a-t-il jamais aimé l'école? A-t-il fait tous les efforts pour réellement réussir? Qu'est-ce qui arrive quand on n'a plus de rêves? Qu'est-ce que Julien devrait faire, selon vous? Est-ce que ça se pourrait que certaines personnes aient plus de difficultés que d'autres à s'adapter et à bien fonctionner à l'école?
Amener l'enfant à réaliser que le décrochage, ça commence tôt. Lui faire réaliser que les portes se ferment quant on n'a pas le niveau de scolarité suffisant.
Questions de compréhension
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Piste de réflexion
Questions de compréhension
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Questions de compréhension
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Piste de réflexion
Amener les enfants à identifier leur propre style d'apprentissage à partir des définitions suivantes:
Discuter avec les élèves des conditions requises pour apprendre quelque chose. (J'apprends mieux quand...)
Questions de compréhension
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Piste de réflexion
Pourquoi parler de décrochage à des jeunes du primaire? Parce qu'on n'abandonne pas l'école sur un coup de tête. Le décrochage est l'aboutissement d'un long processus. Certains enfants commencent même à y penser très jeunes.
Voici quelques signes avant-coureurs du décrochage:
Discutez avec les élèves de ces énoncés:
Questions de compréhension
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Piste de réflexion
Questions de compréhension
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Corrigé – Page 1
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Corrigé – Page 2
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Corrigé – Page 3
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Corrigé – Page 4
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Corrigé – Page 5
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Corrigé – Page 7
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Corrigé – Page 8
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Nous espérons que vos élèves et vous-même aurez appris quelque chose à propos de l'analphabétisme. Notre intention consistait simplement à faire prendre conscience aux lecteurs de l'importance de trouver un sens aux actions que nous posons tous, que ce soit comme élève ou comme individu.
L'analphabétisme n'est pas une abstraction ou un phénomène réservé aux pays du Tiers-Monde. Il importe que les jeunes soient sensibilisés aux conditions de vie que doivent affronter les personnes analphabètes et réalisent l'importance de s'impliquer dans ce qu'ils font. Nous ne voulions pas aborder la question sous l'angle déficitaire, c'est-à-dire en mettant uniquement l'accent sur les carences ou les «handicaps» des personnes analphabètes. De plus, nous ne préconisons nullement une vision élitiste de l'éducation. Nous croyons simplement que chaque individu est unique et que, de ce fait, il possède des capacités, des moyens et des buts différents. C'est en réalisant cela que chacun peut croître à son propre rythme. Ainsi, l'éducation deviendra véritablement plus qu'une simple affaire de lettres et de chiffres mais une question de culture, de civisme, d'autonomie, de qualité de vie.
Nous vous remercions de votre collaboration et espérons avoir l'occasion de collaborer avec vous à nouveau.
Personne ne se doutait de rien. Jusqu'au jour où on lui proposa de changer de travail au magasin. On se rendit compte alors, avec grand étonnement, que Julie ne savait pas lire, même si elle détenait une attestation de 2e secondaire. Jusqu'à ce jour, elle recevait les nouveaux articles et les rangeait correctement sur les étagères chaque matin. Elle travaillait efficacement, elle ne s'était jamais trompée, elle avait toujours rangé les bons articles sous les bons noms... Comment fonctionnait-elle? On imagine que son sens de l'observation, sa mémoire et quelques questions habilement posées à des camarades l'avaient aidée à camoufler son manque d'habileté.
Un jour, comme on était fort satisfait de son travail, on lui proposa de s'occuper du service des approvisionnements: elle aurait maintenant a adresser des commandes auprès de divers fournisseurs, gérer la correspondance et la comptabilité, s'occuper des dossiers. Julie refusa. On insista; on lui fit valoir ses propres qualités. Elle refusa encore; enfin elle avoua à sa meilleure copine qu'elle ne pouvait assumer la nouvelle tâche parce qu'elle serait obligée de travailler avec des textes, des feuilles de commandes, des bons de livraison, etc., et elle ne savait pas lire!
Sylvain a 22 ans. C'est un garçon des plus sympathiques. Il travaille de façon régulière, il a une "blonde", possède quelques économies, envisage la vie et le futur avec optimisme, mais... il ne sait pas lire! À la maison, ses parents ne l'ont jamais vraiment encouragé a lire, ni à profiter de l'école. Eux-mêmes n'en avaient presque rien retiré et ils n'imaginaient pas ce qu'elle pourrait avoir de bon pour leur fils. Péniblement, et comptant un peu avec la charité du système, il se rendit jusqu'en 2e secondaire, puis il décrocha. Il avait 16 ans...
Plus tard, lorsqu'il se mit à la recherche d'un emploi, il dut, à un moment donné, remplir un quelconque formulaire: il demanda alors au fonctionnaire de pouvoir le remplir calmement à l'extérieur du bureau. Là, ce fut un copain qui compléta le formulaire à sa place.
Il n'y a pas si longtemps, Sylvain travaillait comme aide-mécanicien dans un garage d'Hydro-Québec. Et comme beaucoup de personnes dans son cas, il "s'arrangeait" pour ne jamais utiliser la lecture: il conservait les boites vides, les numéros de séries, toutes les illustrations pour ne pas avoir à se fier aux directives écrites. S'il avait des factures à préparer, ou un rapport à rédiger, il amenait le travail chez lui, et quelqu'un d'autre faisait le boulot.
Or voilà que son patron, un beau jour, lui proposa une promotion... Sylvain n'accepta pas. C'était impossible à accepter, puisqu'il y avait de la paperasse à lire et à remplir... et il ne savait pas lire!
Et maintenant, parlons de Jean-Luc... Des gars qui livrent des pizzas avec leur automobile et qui ne savent même pas lire le nom des rues; qui doivent alors recourir à des dessins, des schémas pour se retrouver; qui doivent constamment sortir de leur véhicule pour s'informer; qui doivent toujours prendre le risque de se - fier à leur mémoire visuelle, à des repères, à des façades de maisons, à des panneaux publicitaires.
En connais-tu des Jean-Luc? Il y en a peut-être parmi tes connaissances qui ne peuvent signer leur nom sur un chèque ou sur le bulletin scolaire de leur enfant, qui ne peuvent lire les communiqués de la direction d'école, qui ne peuvent remplir un formulaire d'emploi, qui ne peuvent vérifier si le montant dû sur la facture d'électricité est exact?
Portrait robot d'un analphabète
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En général, c'est un adulte gui a tellement de difficulté à lire, écrire et compter, qu'il doit souvent demander de l'aide à ses parents, voisins ou amis pour accomplir des tâches reliées aux activités quotidiennes: à l'épicerie, à la banque, au travail, à la maison, sur la route... Cela ne lui enlève pas ses qualités de cœur: travailleur honnête, mère de famille dévouée ou voisin serviable. Tout ce qui lui manque, c'est de savoir lire et écrire - ce qu'on appelle des habiletés de base - pour fonctionner de façon autonome dans sa vie de tous les jours et pour participer à la vie de la société.
Ce manque de savoir faire lui cause plus d'un souci:
La peur fait partie de son lot quotidien:
Voici des témoignages fort intéressants qui parlent d'eux-mêmes.
"J'étais une personne très gênée; je n'avais pas confiance en moi et j'avais peur que mes amis découvrent la vérité. Je me cachais dans un rôle et je n'aimais pas ça..."
"Quand on est analphabète, on se cache, on croit qu'on va nous prendre pour un "mongol" ; on a l'impression qu'on est en dehors du monde normal. (...) Ce qui est grave, c'est qu'on ne prend pas toutes les responsabilités qu'il faudrait: par exemple, on n'ose pas aller aux réunions de parents à l'école et nos enfants en souffrent..."
"Les gens perdent leur temps à écrire des affaires sur les murs des toilettes. Moi, si je savais écrire, j'écrirais un roman sur ma vie."
"Moi, j'ai refusé d'apprendre à lire et à écrire pour punir mes parents, mais je me suis vite aperçu que je me suis puni moi-même."
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Les causes du problème
Plusieurs de nos aines ont dû interrompre leurs études à cause de responsabilités familiales précoces. "Dans mon temps, je devais travailler à la ferme de mes parents. J'allais à l'école quand il n'y avait presque rien à faire à la maison. Cela me faisait deux ou trois mois par année. J'ai abandonné en 3e primaire parce que j'étais perdu par rapport aux autres élèves". De plus, le système d'éducation n'était pas organisé comme aujourd'hui. Le transport scolaire n'existait pas; ceux gui demeuraient loin de l'école s'absentaient souvent.
Qu'en est-il aujourd'hui? Comment une personne qui a fréquenté l'école depuis la première année du primaire se retrouve-t-elle analphabète une fois adulte? On trouve à cela plusieurs explications:
Troubles, difficultés, perturbations: échecs...
Manque de concentration, dégoût, absence de motivation, échecs...
Perte de confiance en soi, échecs: analphabétisme!
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2.7 Conséquences: exclusion et pauvreté
Les personnes peu scolarisées sont de plus en plus exclues du marché du travail
Nous avons constaté que la participation des personnes peu scolarisées à la population active était très faible. Bien sûr, il faut tenir compte du fait que cette population comprend un nombre important de gens âgés. Malgré cela, avec un taux de participation de 31% à la population active, combiné à un taux de chômage de 16,7%, il apparaît clairement que les personnes peu scolarisées sont les moins présentes sur le marché de l'emploi. Les transformations actuelles de la structure du marché du travail risquent de générer davantage d'exclusion professionnelle pour cette couche de la population.
Les pertes d'emploi et les changements technologiques dans les secteurs primaire et secondaire, où se trouve une concentration importante de travailleurs peu scolarisés, de même que les exigences accrues en compréhension de textes et en scolarité menacent les personnes encore en emploi et rendent encore plus difficile l'accès au travail pour les autres qui y aspirent.
Outre les risques d'appauvrissement par manque de travail qu'elles encourent, les personnes moins scolarisées actuellement en emploi gagnent moins que leurs prédécesseurs. En effet, depuis la fin des années 70, selon une étude sur les perspectives d'emploi des diplômés du secondaire au Canada1, le revenu gagné est nettement inférieur à ce qu'il était pour les personnes avec un diplôme de secondaire 5. Cela est vrai particulièrement pour les moins de 30 ans. Les jeunes hommes avec un diplôme de secondaire 5 qui occupaient un emploi en 1993 gagnaient 27% de moins que leurs homologues en 1979. Il est probable que la même situation existe chez ceux et celles qui n'ont pas de diplôme.
En fait, les gains des travailleurs canadiens et québécois se sont polarisés au cours des dernières décennies. C'est-à-dire qu'il y a plus de revenus élevés et de bas revenus et moins de revenus intermédiaires. Les raisons sont diverses. La mondialisation des marchés et la haute technologie ont entraîné une hausse des revenus des personnes possédant des compétences élevées et une baisse des revenus pour les personnes peu spécialisées, et surtout pour celles qui travaillent dans les secteurs des services. Signalons aussi l'augmentation des emplois payés à l'heure à un tarif et un nombre d'heures moindres. Enfin, le déclin de l'influence des syndicats dans le processus de détermination des salaires compromet le pouvoir de négociation des personnes en emplois2.
Pour ce qui est de la création d'emplois, bien que le secteur des services semble être une voie à explorer pour les personnes peu scolarisées, il offre trop souvent des emplois précaires et peu rémunérateurs.
Le Devoir titrait dans son cahier spécial sur l'analphabétisme (7-8 septembre 1996) que 64% des personnes analphabètes ont un revenu inférieur à 15,000$ par année, et 50% gagnent moins de 10,000$.
Les personnes peu scolarisées ne se retrouvent pas nécessairement toutes au plus bas niveau de compétences de lecture selon l'Enquête internationale sur l'alphabétisation des adultes, mais elles composent la majorité de ce groupe. Pour le Canada, environ 71% des répondants du niveau 1 sur l'échelle de compréhension de textes à contenu quantitatif ont des revenus inférieurs à 18,000$3.
L'avenir de l'emploi des personnes peu scolarisées n'est donc pas reluisant. Des richesses sont créées à un pôle de la société tandis que l'exclusion professionnelle se dessine à l'autre extrémité. Pourtant, cette polarisation entraîne des coûts économiques et sociaux énormes.
Au-delà de tous ces chiffres, une conclusion s'impose: l'exclusion professionnelle génère l'exclusion sociale, et cela signifie isolement, vulnérabilité et pauvreté. Les personnes peu scolarisées sont les premières victimes de cette société à deux vitesses.
Comme le soulignent les auteurs de l'Économie contre la société, «il n'y a pas de démocratie possible sans participation du plus grand nombre à l'échange social, et le travail économique en est une composante incontournable, probablement pour très longtemps4.»