Table des matières

Présentation

Le présent livre s'adresse aux personnes qui sont en démarche d'alphabétisation et qui éprouvent un inconfort face à l'écrit. Il est conçu dans le but de faire connaître les origines de la région de Lotbinière et l'histoire de chacune de ses municipalités sans toutefois prétendre traiter le sujet en profondeur.

Il existe peu de documents de ce genre. Nous avons donc regroupé à l'intérieur d'un seul volume, dans un langage simple et facilement accessible, l'historique des municipalités de la région de Lotbinière.

Le livre La belle histoire de Lotbinière servira, entre autres, d'outil de travail dans le déroulement des ateliers lors de l'apprentissage de la lecture thématique et favorisera les échanges entre les participants. Il permettra de mieux comprendre au fil des ans le comment et le pourquoi de la vie d'aujourd'hui.

Aux lecteurs

Le livre La belle histoire de Lotbinière vous aidera à mieux connaître cette belle région. Vous découvrirez en voyageant à travers le temps sa merveilleuse histoire, de ses débuts à aujourd'hui.

En remontant aux origines, vous revivrez l'époque des seigneuries et son peuplement et vous découvrirez le mode de vie de vos ancêtres.

Qu'est-ce qui les a motivés à choisir tels endroits pour s'installer? D'où les municipalités tirent-elles leur nom? Qui a habité les beaux manoirs? Quels sont les attraits intéressants de la région?

Nous avons tenté de répondre à ces questions le plus simplement possible et nous espérons que ce bref historique sèmera en vous le désir de pousser plus loin votre découverte.

Lotbinière a son histoire particulière et nous vous souhaitons d'avoir autant de plaisir que nous à la découvrir.

Bon voyage et bonne lecture.

Nos origines

[Voir l'image pleine grandeur]Trois Amérindiens près d'un canot.
Une lithographie de A. Borum d'après un tableau de Cornelius Krieghoff.
(ANQ, Collection Initiale.)

Les premiers découvreur

Les Indiens d'Amérique appelés Amérindiens sont les premiers à fréquenter notre coin de pays. Les principales tribus sont les Micmacs, les Malécites et les Abénaquis. Elles sont de la famille Algonquienne. Les Amérindiens ont été sans aucun doute, bien avant l'arrivée des Européens, les véritables découvreurs.

Les Amérindiens sont généralement nomades, c'est-à-dire qu'ils se déplacent fréquemment pour assurer leur subsistance. La chasse, la pêche et la cueillette de racines et de fruits sauvages sont leurs principales activités. Notre territoire actuel n'aurait été pour eux qu'un lieu de passage. Aucune indication précise jusqu'à nos jours ne nous permet de croire qu'il y a eu dans Lotbinière une présence significative des communautés amérindiennes.

Les Européens

Le dix-septième siècle est marqué par l'arrivée massive des Européens. Ils prennent possession du territoire occupé jusqu'ici par les Amérindiens.

[Voir l'image pleine grandeur]Amérindiens et Européens près d'un bateau.
Un tableau tiré de «Le castor et la morue» (en collaboration), Nos racines, no 7, 1979, p. 137.
(Collection de la Compagnie de la Baie d'Hudson.)

Séduits par la beauté des paysages, le fleuve Saint-Laurent et les bonnes terres pleines d'arbres et de gibier, les Européens s'y installent. Notre territoire devient alors une colonie.

Le régime seigneurial

L'exploitation des terres doit se faire et ce sont des compagnies qui ont la responsabilité de voir au peuplement des différentes colonies.

Il faut commencer par diviser le territoire en lots que l'on appelle seigneuries puis voir à ce que les terres soient distribuées afin d être défrichées. Les compagnies délèguent cette responsabilité à des particuliers que l'on appelle seigneurs ou à des communautés religieuses. Ce sont eux qui doivent faire venir des colons pour commencer le peuplement et exploiter les terres.

C'est en 1637 que la première seigneurie voit le jour. Elle s'appelle la seigneurie de Sainte-Croix. Au total, il y aura huit seigneuries dans la région de Lotbinière.

[Voir l'image pleine grandeur]Le manoir seigneurial de Pointe-Platon.
Le manoir seigneurial de Pointe-Platon, qui a été la propriété de la famille Joly de Lotbinière.
(ANQ, Collection Initiale - Cote P600-6/N-77-10-12-3.)

Québec: modèle théorique d'une seigneurie

[Voir l'image pleine grandeur] La plupart des terres concédées ou censives avaient trois arpents sur 30 de profondeur.

Le seigneur est choisi selon son origine sociale. Il doit construire un manoir sur son territoire et c'est lui qui généralement l'habite. Il doit accorder des terres aux colons qui le demandent et faire construire un moulin à farine. Le seigneur est une personne très importante, il est responsable d'administrer la justice et il a droit au meilleur banc à l'église.

Le seigneur sépare sa seigneurie selon l'axe du fleuve, en rectangles étroits d'une grande superficie. Ces terres ont généralement de deux à trois arpents de largeur et vingt ou trente de profondeur. Elles sont attribuées à des colons qui désirent les défricher et les cultiver pour y vivre.

Le censitaire

Le colon qui s'établit sur une terre est appelé censitaire. Il a des obligations envers le seigneur, dont principalement celle de payer une redevance, le cens, pour la terre qu'il cultive. Il signe un contrat devant notaire. Ce loyer peut se payer en argent ou en récoltes.

[Voir l'image pleine grandeur]Le colon doit acquitter ses redevances en allant lui-même les porter au manoir seigneurial.
Le colon doit acquitter ses redevances en allant lui-même les porter au manoir seigneurial.

Il a aussi d'autres obligations. Il doit construire une maison pour y vivre, défricher sa terre et clôturer les champs qui sont dans ses limites. Il est obligé de laisser passer des chemins sur sa propriété et doit les entretenir. Le colon remet de plus au seigneur une partie de sa prise de chasse et de pêche.

[Voir l'image pleine grandeur]Le défrichement dans un territoire de colonisation.
Le défrichement dans un territoire de colonisation.
(MTLB)

Les premiers colons

Les premiers colons commencent d'abord à habiter les rives du fleuve Saint-Laurent. C'est une voie de communication d'accès facile pour eux et comme la pêche est un de leurs principaux moyens de subsistance, ils s'y rendent souvent; la distance ne doit donc pas être trop grande. C'est pourquoi Saint-Antoine-de-Tilly, Sainte-Croix et Lotbinière sont les premiers territoires à être habités. Puis au fil du temps, on montera dans les terres.

[Voir l'image pleine grandeur]Les premiers colons avancent dans les terres.
Les premiers colons avancent dans les terres.

Le peuplement est lent parce que ce sont surtout des hommes célibataires qui débarquent. Mais dès 1663, on fait venir des filles du Roi afin que des couples puissent se former et donner des rejetons. Quelques familles commenceront à arriver après les années 1680. En moyenne, les femmes de cette époque donnent naissance à neuf enfants.

Plusieurs maladies viennent réduire la population, par exemple, le typhus, la variole, la petite vérole et principalement le choléra. La plupart de ces maladies arrivent à bord des navires.

La population augmente tout de même au cours du XVIIIe siècle grâce à l'arrivée d'immigrants provenant des îles britanniques. La Conquête de 1760, l'arrivée des Loyalistes et la situation économique en Irlande vers les mêmes années sont des événements qui favorisent aussi la venue d'immigrants. Les Irlandais s'installeront surtout à Saint-Gilles, Saint-Sylvestre, Sainte-Agathe et Saint-Patrice. Puis suivront les Allemands, les Écossais et les Anglais sur tout le territoire.

On voit petit à petit l'apparition des villages qui se construisent autour des églises et des moulins.

[Voir l'image pleine grandeur]Un village.
Les débuts d'un village.
(MBAC, 16648.)

La fin des seigneuries

C'est en 1854 que le régime seigneurial est aboli. Le seigneur, en compensation de ses pertes, reçoit un montant en argent, peut conserver son domaine ou manoir et devient propriétaire de toutes les terres non vendues.

Le censitaire achète son fonds de terre au seigneur. Ceux qui n'ont pas les moyens de le faire, payent chaque année des intérêts au seigneur ou à ses descendants.

L'abolition des rentes seigneuriales aura lieu en 1943, ce qui mettra fin au système seigneurial dans la province de Québec.

Le mode de vie

[Voir l'image pleine grandeur]Après avoir élevé sa «cabane», le colon travaille à la construction de sa première maison.
Après avoir élevé sa «cabane», le colon travaille à la construction de sa première maison.
(MTLB)

Le logis

En arrivant sur sa terre, le colon se construit un abri de fortune pour y installer sa famille. Il fait froid dans ces abris et il utilise de la mousse de roches et d'arbres sèches, ou encore de la bouse de vaches pour calfeutrer les trous dans les murs. La toiture est faite avec de l'écorce et le plancher est en terre battue. Il n'y a qu'une seule pièce.

Un peu plus tard, on construit une maison. C'est un travail très difficile et pénible. Elle est faite pièce sur pièce équarrie à la hache. Elle repose sur un solage à peine sorti du sol. Il y a peu de divisions à l'intérieur. Parfois, la chambre est séparée de la salle commune qui comprend la cuisine et le salon. L'espace pour le cabinet est fermé par un rideau. Le grenier sert de chambre pour les enfants et d'entrepôt pour la farine et le grain alors que dans la cave, on y conserve les viandes, les herbes et les poissons salés. Comme ouverture, il y a une porte et seulement quatre ou cinq fenêtres qui sont accompagnées de volets. Quand il fait très froid, on ferme les volets. Le plancher est fait en bois mou.

Le travail

Le colon a plusieurs métiers. Il est très habile dans tous les travaux indispensables. Il fabrique les outils nécessaires pour travailler le bois, il est aussi cordonnier, charpentier, menuisier et maréchal-ferrant. Par ailleurs les médecins étant rares, le colon utilise des méthodes artisanales pour soigner sa famille et parfois ses animaux.

L'homme s'occupe principalement des travaux difficiles. Le défrichage, la culture du lopin de terre et l'ouvrage à l'étable sont ses principales activités. Il va aussi à la pêche et à la chasse afin de subvenir aux besoins de sa famille.

[Voir l'image pleine grandeur]Des colons récoltant le foin.
Des colons récoltant le foin.
(ANQ, Collection EOQ.)

La femme fait des travaux à l'intérieur. Elle fait la couture, la cuisine, file la laine, s'occupe des enfants et été comme hiver, fait le lavage à la rivière. Elle s'occupe aussi du jardin et travaille dans les champs afin d'aider son mari.

[Voir l'image pleine grandeur]Femme qui bat le grain.
Dessin d'une femme battant le grain.

La vie scolaire

Les mères sont les premières éducatrices qui enseignent à leurs enfants à lire, à écrire et à compter. Ces femmes, originaires de France, ont reçu une certaine instruction. Puis, c'est au tour des communautés religieuses à prendre en main l'éducation. De 1760 à 1800, c'est l'époque où l'enseignement de la lecture et de l'écriture se fait dans les anciennes paroisses, de porte en porte, par des maîtres venant des Congrégations. Dans les villes et les villages, ils s'implantent et offrent l'enseignement. En 1801, le gouvernement décide d'établir des écoles gratuites mais à cause des conflits de religion et de langue, le développement du nombre d'écoles se fait très lentement.

L'État adopte en 1829 une loi prévoyant une aide importante à l'établissement de nouvelles écoles. Toutefois, c'est dans les années 1840 qu'il pourvoit, par l'Acte d'Éducation, à l'ouverture d'une école dans chaque canton et qu'il instaure l'imposition d'une taxe scolaire afin de financer les écoles. C'est à partir de ce moment qu'il y a une poussée massive du nombre d'écoles. On voit apparaître l'école du village et l'école de rang. Cette dernière est très chargée d'histoire puisque les enseignants et les élèves qui l'ont fréquentée ont fait preuve de beaucoup de courage et d'acharnement pour s'y rendre chaque jour, offrir ou recevoir l'enseignement élémentaire, souvent dans des conditions très difficiles.

Les écoles de rang sont appelées ainsi car elles sont situées dans un rang et autant que possible au centre du territoire qu'elles desservent. Ce sont des constructions plutôt modestes. La plupart ne comptent qu'une seule salle de classe, un vestiaire, un hangar à bois et des latrines. Il y a aussi une pièce à la disposition de l'institutrice. La salle de classe est meublée de pupitres à deux places. Bien en vue, un grand tableau noir est accroché et à ses pieds prend place une tribune sur laquelle sont assis le bureau et la chaise de l'institutrice. Le chauffage est bien entendu au bois et provient d'un poêle à deux ponts.

[Voir l'image pleine grandeur]L'intérieur d'une école de rang.
L'intérieur d'une école de rang.

Il n'y a pas d'eau courante. On se sert d'une pompe à eau installée au-dessus du puits. Les toilettes qu'on désigne sous le nom de latrines ou bécosses sont situées dehors.

Dans ces écoles, tous les niveaux sont regroupés dans la même classe sous la responsabilité d'une seule institutrice. Son salaire moyen en 1899 est de quatre-vingts dollars par année. Les matières qu'elle enseigne sont le catéchisme, l'histoire sainte, l'arithmétique, le français, l'histoire du Canada, la géographie, la bienséance et le dessin.

Les écoles de rang disparaissent petit à petit dans les années 1960 et sont remplacées dans les villages par les écoles centrales. C'est vers les années 1970 que les écoles secondaires feront leur apparition.

La MRC de Lotbinière

[Voir l'image pleine grandeur]Un paysage dans Lotbinière.
Un paysage dans Lotbinière.

Lotbinière est le nom de Louis-René Chartier de Lotbinière, seigneur de la seigneurie de Lotbinière.

Ce nom vient de l'un de ses ancêtres qui avait deux propriétés en France, l'une située dans le Bas-Maine et l'autre dans le Dijonnais. Le nom de la première était Binière, alors que la seconde s'appelait Bignières. Pour mieux les distinguer, il ajouta au nom de la première propriété le mot Lot qui était le nom d'un poisson fréquentant les étangs de son château.

En plus de nommer une seigneurie, Lotbinière sert maintenant à identifier une municipalité, une municipalité régionale de comté (MRC) et des circonscriptions électorales provinciale et fédérale (Lotbinière-L'Érable).

Le territoire de Lotbinière est partagé en seigneuries à partir de 1637. La première est la seigneurie de Sainte-Croix. Une trentaine d'années plus tard, en 1672 les autres terres bordant le fleuve Saint-Laurent deviennent la propriété de seigneurs. Les seigneuries de Lotbinière et Bonsecours se dressent de chaque côté de celle de Sainte-Croix. Puis la seigneurie de Villieu, devenue plus tard de Tilly, et la seigneurie Duquet naissent aussi au cours de la même année. Ces terres, étant les plus intéressantes, trouvent preneurs assez rapidement parce qu'elles sont situées le long du Saint-Laurent.

Les seigneuries de Lotbinière

[Voir l'image pleine grandeur] Les seigneuries de Lotbinière.

Autour des années 1700, de petites agglomérations naissent et quelques paroisses sont fondées: Saint-Antoine-de-Tilly, Sainte-Croix et Lotbinière. Cependant les colons refusent de monter dans les terres. Ce n'est que beaucoup plus tard que le gouvernement autorise la concession de nouvelles seigneuries afin d'inciter les gens à défricher plus au sud.

Le centre de Lotbinière voit apparaître deux nouvelles seigneuries en 1737 et 1738 : les seigneuries des Plaines et de Gaspé. C'est aussi en 1738 que la seigneurie de Saint-Gilles ou de Beaurivage couvre le sud du comté.

La construction de routes permet un essor considérable dans Lotbinière. La plus importante est la route Craig construite en 1810. C'est une porte qui s'ouvre sur tout le sud du comté. Elle favorise la naissance des paroisses de Saint-Gilles, Saint-Sylvestre, Saint-Patrice, Saint-Narcisse et Sainte-Agathe.

[Voir l'image pleine grandeur]Le chemin Craig, route 269.
Le chemin Craig, route 269.

Les terres plus intéressantes au bord de l'eau étant prises, les habitants sont forcés de monter vers le sud. On voit alors apparaître les paroisses de Saint-Flavien, Saint-Apollinaire, Saint-Édouard et Saint-Agapit.

L'implantation de deux voies ferroviaires est aussi une raison majeure dans le choix des sites de certaines paroisses. Saint-Agapit et Dosquet s'établiront le long de la voie ferrée. Il en sera de même pour Saint-Apollinaire, Joly, Val-Alain et Laurier-Station.

[Voir l'image pleine grandeur]Le vieux viaduc de Saint-Agapit en 1853.
Le vieux viaduc de Saint-Agapit en 1853.

L'obstacle majeur au développement du centre de Lotbinière est l'absence de réseaux routiers. Cette région demeure un coin où les communications sont difficiles. Les seules voies possibles sont quelques sentiers. Les terres sont aussi moins propices à l'agriculture car on y retrouve de nombreux marécages et des savanes. Le peuplement du centre amène la fondation des paroisses d'Issoudun, de Dosquet, Joly et Val-Alain.

C'est pendant une période de deux siècles et demi que les seigneuries de la grande région de Lotbinière verront leur territoire se diviser pour finalement donner naissance à dix-huit paroisses et à une population de 27,530 habitants.

La carte de la MRC de Lotbinière

[Voir l'image pleine grandeur] La carte de la MRC de Lotbinière.

Années de fondation des paroisses de Lotbinière

Érection canonique1 Érection civile2

Saint-Antoine-de-Tilly

1702

1855

Sainte-Croix

1721

1845

Lotbinière

1724

1855

Saint-Gilles

1828

1845

Saint-Sylvestre

1828

1835

Saint-Flavien

1834

1855

Saint-Apollinaire

1853

1854

Sainte-Agathe-de-Lotbinière

1853

1857

Saint-Édouard-de-Lotbinière

1862

1862

Leclercville

1862

1874

Saint-Agapit

1867

1867

Saint-Patrice-de-Beaurivage

1871

1872

Saint-Narcisse-de-Beaurivage

1872

1873

Notre-Dame-du-Sacré-Cœur d'Issoudun

1903

1903

Dosquet

1912

1912

Saint-Janvier-de-Joly

1936

1944

Val-Alain

1933

1950

Laurier-Station

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1951

Saint-Antoine-de-Tilly

Son histoire

L'érection canonique de Saint-Antoine-de-Tilly, la plus vieille municipalité de Lotbinière, a lieu en 1702. Des colons habitent depuis 1672 ce merveilleux site appelé Villieu. Ce nom est celui d'un lieutenant qui a obtenu ce territoire de l'intendant Jean Talon pour services rendus au Roi Louis XIV.

La seigneurie de Villieu est vendue en 1700 par le fils de Villieu à Pierre-Noël Le Gardeur, sieur de Tilly qui s'y installe avec sa famille. Il fait construire sur la grève un moulin à farine. En 1702, on érige une chapelle dans laquelle un missionnaire Récollet célèbre les premiers offices.

C'est aussi en 1702 que le sieur de Tilly change le nom de Villieu pour celui de Saint-Antoine-de-Tilly qui est donné en l'honneur de Saint-Antoine-de-Padou. La seigneurie de Tilly correspond alors au territoire actuel de Saint-Antoine-de-Tilly.

Lors des événements de la Conquête en 1759, plus de mille soldats des troupes anglaises débarquent à Saint-Antoine-de-Tilly, s'emparent de l'église, réquisitionnent le grain dans les champs et brûlent des maisons. Les habitants finissent par remettre les armes et prêtent le serment de neutralité.

Le seigneur Jean-Baptiste Noël de Tilly fait construire en 1786 le manoir de Tilly. Il existe toujours aujourd'hui. Cette demeure a été construite dans le meilleur style de l'époque et avec les meilleurs bois soit le chêne et le noyer.

[Voir l'image pleine grandeur]L'ancien manoir de la famille Noël de Tilly, à Saint-Antoine-de-Tilly.
L'ancien manoir de la famille Noël de Tilly, à Saint-Antoine-de-Tilly.
(ANQ-Q, Collection Initiale photo, cote P600, S6, P477-1.)

Cinq générations de cette famille ont vécu dans le manoir de 1786 à 1898. Cette demeure historique ouverte au public depuis 1928, est aujourd'hui une hôtellerie et un centre de santé.

Par ailleurs, l'église actuelle construite en 1788 est classée monument historique.

Saint-Antoine-de-Tilly verra peu à peu son territoire diminuer avec l'arrivée de nouvelles paroisses, Saint-Flavien, Saint-Apollinaire et Issoudun à qui elle devra céder des parcelles de terrain.

L'érection civile de la paroisse a lieu en 1855.

Aujourd'hui

Saint-Antoine-de-Tilly a une population de 1450 personnes. L'agriculture est la principale activité à cet endroit. On y retrouve une variété de cultures comme la fraise, la framboise, la pomme et la culture maraîchère. Quelques usines y sont aussi installées.

Saint-Antoine-de-Tilly possède en plus de sa riche architecture, un paysage exceptionnel. La vue sur le Saint-Laurent nous incite à s'arrêter. Bon nombre de touristes découvrent à chaque année ce village. Les manoirs, l'église, le presbytère, la grange octogonale et le quai sont autant d'endroits qu'il faut visiter. Il est encore possible d'y voir des fermes ancestrales.

[Voir l'image pleine grandeur]La grange octogonale à Saint-Antoine-de-Tilly.
La grange octogonale à Saint-Antoine-de-Tilly.

Par ailleurs, une fromagerie accueille les visiteurs et leur donne la possibilité de déguster plusieurs variétés de fromage tout en observant les étapes de fabrication.

[Voir l'image pleine grandeur]Le manoir Dionne situé sur la rue Principale à Saint-Antoine-de-Tilly.
Le manoir Dionne situé sur la rue Principale à Saint-Antoine-de-Tilly.

[Voir l'image pleine grandeur]L'ancien magasin général «Normand» situé sur la rue Principale à Saint-Antoine-de-Tilly.
L'ancien magasin général «Normand» situé sur la rue Principale à Saint-Antoine-de-Tilly.

Saint-Antoine-de-Tilly est reconnu comme étant l'un des vingt plus beaux villages du Québec.

Sainte-Croix

Son histoire

La seigneurie de Sainte-Croix est l'une des plus vieilles seigneuries de la Nouvelle-France. Elle est concédée aux Ursulines de Québec en 1637 par la compagnie des Cent Associés. Ce n'est que dix ans plus tard que les religieuses en prendront possession en y déléguant le Père Lalemand, jésuite qui installe les bornes le jour de la fête de l'Exaltation de la Sainte-Croix. C'est pourquoi on lui donne le nom de Sainte-Croix.

[Voir l'image pleine grandeur]L'arrivée des Ursulines à Québec. Collection des Ursulines de Québec.
L'arrivée des Ursulines à Québec. Collection des Ursulines de Québec.

Le peuplement est lent. La principale raison est que les colons ont très peur des Iroquois. En effet, ces derniers fréquentent ce territoire pour la chasse et sont considérés de nature hostile. Ils sèment la terreur sur leur passage.

Les premières terres sont concédées à des colons en 1680. Ils s'installent avec leur famille à l'endroit que l'on appelle aujourd'hui Pointe-Platon, ce nom venant du mot platin qui signifie banc de terre visible à marée basse.

La fondation religieuse de Sainte-Croix a lieu en 1721 et l'érection civile en 1845.

Les Ursulines font construire en 1754 un moulin à farine en bordure du fleuve. Il sera en opération jusqu'à l'arrivée en 1801 d'un autre moulin situé cette fois-ci en haut de la côte. À partir de ce moment, les colons cesseront de descendre au fleuve pour faire moudre leur grain. On retrouve encore aujourd'hui des vestiges du premier moulin.

Le passage de plusieurs églises caractérise l'histoire de Sainte-Croix. Depuis ses débuts, cette paroisse en a eu quatre. La première est construite en 1694 et il semble qu'elle ait été située en bas de la côte, près du fleuve. L'érection de la deuxième débute en 1732 et s'élève au nord de la rue Principale, à l'endroit actuel du Centre paroissial. L'avant-dernière église, érigée en 1836, prend place en avant de l'église actuelle. Ce sont les pierres qui commencent à se détacher du portail qui amènent la population à bâtir une quatrième église dont la construction se termine en 1915. C'est celle que l'on connaît actuellement. Faite en pierres des champs, elle ressemble beaucoup à une cathédrale.

En 1851, Pierre-Gustave Joly, seigneur de la seigneurie Joly de Lotbinière, achète des Ursulines de Québec une partie des terres situées à la limite de Sainte-Croix et Lotbinière. Il y fait construire un manoir qui sert de résidence d'été seulement puisqu'il n'y a pas de système de chauffage adéquat pour y passer l'hiver. De plus, il est très difficile de s'y rendre lorsque la neige arrive. Six générations de Joly occuperont le domaine. Il appartient aujourd'hui au gouvernement du Québec.

[Voir l'image pleine grandeur]Le Domaine Joly-De Lotbinière à Sainte-Croix.
Le Domaine Joly-De Lotbinière à Sainte-Croix.

Son fils Henri-Gustave Joly est un passionné des sciences naturelles et s'intéresse beaucoup au noyer noir, un arbre alors bien connu aux États-Unis mais peu ici. Le seigneur décide en 1882 de mettre en terre dix mille noix à Pointe-Platon. Quelques noyers survivront grâce au climat particulier de l'endroit.

[Voir l'image pleine grandeur]Sir Henri-Gustave Joly de Lotbinière.
Sir Henri-Gustave Joly de Lotbinière.
(Encre de chine sur papier, de Henri Julien, Musée du Québec, n°40.213.10.)

Au cours des années 1880, les habitants ont le privilège de pouvoir utiliser la voie maritime pour se déplacer. Le bateau Sainte-Croix fait la navette entre Sainte-Croix, Saint-Antoine-de-Tilly, Neuville, Saint-Nicolas et Québec et cela deux fois par semaine. Il en coûte cinquante cents l'aller-retour. Ce service cessera au début des années 1920, les habitants trouvant plus rapide d'emprunter la nouvelle route.

[Voir l'image pleine grandeur]Le bateau Sainte-Croix.
Le bateau Sainte-Croix.
(ANQ-Montréal, Fonds Monique Mercure-Vézina, cote P157-3, 534.)

Aujourd'hui

Sainte-Croix a une population de 2520 personnes. Cette vieille paroisse nous offre une vue splendide sur le fleuve Saint-Laurent et bien au-delà. Quand on pense à Sainte-Croix, on pense à Pointe-Platon. C'est le site du Domaine Joly-De Lotbinière qui attire de nombreux touristes chaque année. Les visites du manoir et de ses dépendances, les promenades à l'Étang aux Castors et dans les jardins ainsi que les activités culturelles demandent une journée entière pour être appréciées.

[Voir l'image pleine grandeur]L'Étang aux Castors.
L'Étang aux Castors.

On remarque à Sainte-Croix la présence d'industries manufacturières d'envergure. Elles sont le principal pilier économique de la municipalité. L'agriculture y est aussi très prospère. On y trouve une ferme de recherche de l'Université Laval que l'on peut visiter. C'est un centre d'animation et d'interprétation et on peut même y apercevoir des autruches.

Par ailleurs, les amateurs de courses automobiles n'ont pas à se déplacer très loin pour assister à des compétitions car il y a un circuit bien aménagé à Sainte-Croix.

La paroisse et le village de Sainte-Croix qui ont été divisés en 1921, se réunissent à nouveau en 2001.

Lotbinière

Son histoire

Située à coté de la seigneurie de Sainte-Croix, la première partie de la seigneurie de Lotbinière est concédée à Louis-René Chartier de Lotbinière en 1672 par l'intendant Jean Talon. La paroisse de Lotbinière couvre à l'origine toute l'étendue de cette seigneurie. D'autres parties s'ajouteront par la suite pour la compléter: Lotbinière, Saint- Édouard, Leclercville, Joly et Val-Alain.

Une étroite bande longeant le fleuve Saint-Laurent est la seule partie peuplée du territoire de la paroisse de Lotbinière. Son accès facile par le Saint-Laurent et la bonne qualité de ses terres rendent cette seigneurie intéressante. Le reste du territoire se développe très lentement surtout par manque d'intérêt des seigneurs qui se succèdent. Certains, comme le seigneur Louis-René Chartier, n'y auraient même jamais mis les pieds.

Le premier seigneur à s'y établir est le cinquième, Pierre-Gustave Joly. On dit qu'il ne porte que le titre de seigneur. En effet, il épouse l'héritière de la seigneurie Julie-Christine Chartier qui, en plus d'être la seigneuresse, détient tous les pouvoirs.

[Voir l'image pleine grandeur]Julie-Christine Chartier de Lotbinière.
Julie-Christine Chartier de Lotbinière (1810-1887), héritière de la seigneurie de Lotbinière en 1828.
(ANQ-Q, Collection Initiale, cote P600, S6, PN-84-0160.)

[Voir l'image pleine grandeur]Pierre-Gustave Joly (1798-1865).
Pierre-Gustave Joly (1798-1865), seigneur de Lotbinière, époux de Julie-Christine Chartier de Lotbinière.
(ANQ-Q, Collection Initiale, cote P600, S6, PN-84-0159.)

Ils s'établissent à Lotbinière plus de cent cinquante ans après l'acquisition de la seigneurie par le premier seigneur. Ils construisent en 1851 un domaine à Pointe-Platon qui leur servira de résidence d'été. Ce domaine existe toujours aujourd'hui, on le connaît sous le nom de Domaine Joly-De Lotbinière.

La première église est construite en 1693. C'est une chapelle en bois qui repose sur une base peu solide. Les services religieux au début sont dispensés par des missionnaires, surtout des Récollets, et par des curés de la rive nord du fleuve.

En 1717, le deuxième seigneur érige une autre église afin de remplacer l'église existante.

L'érection canonique de la paroisse a lieu en 1724. On lui donne le nom de Saint-Louis de Lotbinière en l'honneur du premier seigneur.

L'église que nous connaissons aujourd'hui a été construite en 1818. Elle fait partie des églises anciennes les plus belles du Québec et est classée monument historique.

Le conseil municipal se réunit pour la première fois en 1855.

[Voir l'image pleine grandeur]L'église actuelle de Lotbinière.
L'église actuelle de Lotbinière.

Le site du moulin du Portage est l'un des plus beaux de Lotbinière. Le moulin a été construit en 1816 sur le bord de la rivière du Chêne. Il répondait alors aux besoins des gens qui habitaient à l'ouest de la seigneurie et qui voulaient faire moudre leur grain.

Le moulin du Portage sera la proie des flammes en 1988. Une aide gouvernementale permettra sa reconstruction.

[Voir l'image pleine grandeur]Le moulin du Portage à Lotbinière.
Le moulin du Portage à Lotbinière.

Aujourd'hui

En bordure de la route 132, Lotbinière présente une vue à nous couper le souffle. Il suffit de prendre le temps de regarder les navires remonter le fleuve ou laisser aller notre regard un peu plus haut sur l'autre rive pour apercevoir les Laurentides; l'émerveillement n'a pas de fin.

Avec une population de 965 habitants, Lotbinière vit principalement d'agriculture. Les manufactures des paroisses avoisinantes sont aussi une source importante de revenus pour les habitants.

Ses nombreux attraits rendent le tourisme de plus en plus présent. Plusieurs bâtiments témoignent de la qualité patrimoniale exceptionnelle de ce village et reflètent la richesse de son passé. De superbes maisons en pierre valent le coup d'œil.

[Voir l'image pleine grandeur]L'ancien charnier situé derrière l'église.
L'ancien charnier situé derrière l'église.

Le moulin du Portage est l'hôte de plusieurs activités culturelles pendant la saison estivale. L'hiver, les glissades situées au cœur du village sont un endroit tout désigné pour passer une belle journée en plein air.

Lotbinière fait partie des plus beaux villages du Québec.

[Voir l'image pleine grandeur]La chapelle de procession.
La chapelle de procession.

Saint-Gilles

Son histoire

La seigneurie de Saint-Gilles de Beaurivage donne naissance à cinq paroisses soit Saint-Gilles, Saint-Sylvestre, Saint-Agapit, Saint-Patrice et Saint-Narcisse.

Saint-Gilles étant la porte d'entrée de la seigneurie, nous relaterons un bref historique de la seigneurie à même son histoire.

Louis Thomas Rageot est le seul des fils de Gilles Rageot, premier seigneur de la seigneurie de Saint-Gilles de Beaurivage, à être resté au Canada après la mort de son père. Il est découragé par la ruine du commerce de négociant que son père lui a laissé. C'est alors qu'il se souvient qu'il est propriétaire d'un grand domaine situé à l'arrière de la paroisse de Saint-Nicholas. Il décide de s'y rendre avec sa vieille mère, quelques serviteurs et amis. L'année de son arrivée n'est pas connue mais nous savons qu'il s'y installe après la Conquête de 1760.

On sait aussi qu'en 1772, quelques colons commencent à arriver sur ses terres et à les défricher. Cet endroit s'appelle aujourd'hui Saint-Gilles. Les colons doivent, par un sentier difficilement praticable, parcourir une distance d'environ quinze milles pour se rendre à l'église de Saint-Nicholas et se procurer les biens nécessaires à leur survie. Ils font en 1791 des démarches en vue de la construction d'un nouveau chemin. L'année suivante, c'est l'ouverture de la première route carrossable entre Saint-Nicholas et Saint-Gilles. Elle a une largeur de quinze pieds et doit être entretenue par les colons.

En fait ce n'est qu'en 1810, grâce à la construction du chemin Craig, que la seigneurie de Saint-Gilles connaît un essor considérable. Cette route célèbre, connue aujourd'hui sous le nom de route 269 et une partie de la route 116, a été l'initiative du gouverneur Craig. La principale raison de la construction de cette route est qu'on veut rejoindre plus facilement les colons des Cantons de l'Est afin qu'ils manifestent un sentiment d'appartenance à leur pays et qu'ils participent à son développement.

[Voir l'image pleine grandeur]Le gouverneur Craig.
Le gouverneur Craig.

La construction du chemin Craig débute au cours de l'été 1810 et se termine en novembre de la même année. Environ deux cents soldats de différents régiments travaillent à ouvrir cette route longue de soixante-quinze milles qui s'étend de Saint-Nicholas à Richmond. On y bâtira cent vingt ponts de grandeurs diverses.

Le chemin Craig terminé, on organise un service de transport. Entre autres, une diligence part de Québec tous les lundis et arrive à Boston le samedi suivant, soit six jours plus tard. Il y a souvent des retards causés par la température et le dégel.

[Voir l'image pleine grandeur]Une diligence embourbée.
Une diligence embourbée.

La paroisse de Saint-Gilles est fondée officiellement en 1828. À ses débuts, la population de la seigneurie de Saint-Gilles est composée de Français, d'Allemands, d'Irlandais et d'Anglais. Aujourd'hui il y a peu de traces des Allemands mais il reste encore des Anglais et des Irlandais. Les Allemands arrivent à la suite de la guerre de l'Indépendance américaine. Une quinzaine d'entre eux s'installent sur des terres à Saint-Gilles. Puis vers 1840, à cause de la famine, Arthur Ross seigneur de l'époque reçoit deux cents familles originaires du sud de l'Irlande. Plusieurs de ces familles s'établissent dans la paroisse.

[Voir l'image pleine grandeur]L'arrivée d'immigrants irlandais à la Grosse-Ile.
L'arrivée d'immigrants irlandais à la Grosse-Ile.

Les habitants réussissent seulement en 1843 à avoir un prêtre résident. Par la suite, il y aura beaucoup de problèmes. En effet, Saint-Gilles compte plusieurs résidents protestants. Une chapelle anglicane est même construite aux abords de la rivière Beaurivage. Par ailleurs, le nombre de résidents catholiques étant peu élevé, ils ne réussissent pas à payer les dépenses pour l'entretien de leur curé et de leur église. De plus, certains catholiques demandent la formation d'une autre paroisse, Saint-Narcisse, prétextant que le territoire est trop grand.

Ainsi, étant donné qu'à Saint-Gilles les habitants ne paient plus pour le curé et l'église, l'archevêque de Québec veut démembrer la paroisse. La population lui fait parvenir une lettre de protestation et elle garantit que les argents nécessaires seront dorénavant fournis par des donateurs riches de la paroisse dont la famille Dionne.

La population aura finalement gain de cause et la paroisse sera sauvée.

[Voir l'image pleine grandeur]Le coeur du village de Saint-Gilles à l'hiver 1883.
Le coeur du village de Saint-Gilles à l'hiver 1883.

Moulin Têtu village, appelé aujourd'hui Pointe Saint-Gilles, est un point de service renommé à l'époque. Outre le moulin Têtu où plusieurs habitants peuvent aller y faire moudre leur grain, le magasin général de Narcisse Dionne est le plus gros centre d'achats et de troc de toute la région. On peut s'y approvisionner de produits de toute sorte.

[Voir l'image pleine grandeur]Le moulin de M. Thomas Têtu.
Le moulin de M. Thomas Têtu.

[Voir l'image pleine grandeur]La résidence et le commerce de M. Thomas Têtu.
La résidence et le commerce de M. Thomas Têtu.

Dans les années qui suivent sa fondation, plusieurs lopins de terre seront détachés de Saint-Gilles afin de créer d'autres paroisses dont Saint-Sylvestre au cours de la même année, Saint-Patrice, et des parties de Sainte-Agathe, Saint-Agapit, Saint-Narcisse et Dosquet.

L'érection municipale a lieu en 1845.

Aujourd'hui

Saint-Gilles se situe au pied des Appalaches. La rivière Beaurivage est l'une des plus importantes rivières de la MRC de Lotbinière. Elle traverse la paroisse sur toute sa longueur. C'est une rivière calme et ses rives ont des attraits intéressants. Au printemps, avec la fonte des neiges, son lit ne pouvant contenir ce surplus d'eau, elle atteint un niveau très élevé et finit par déborder presque à chaque année. Il y a aussi la rivière du Bras qui prête son nom aux rangs Bras Nord et Bras Sud. Plus au nord de la municipalité, il y a la rivière aux Pins et la rivière Noire. Elles sont des affluents de la rivière Beaurivage.

On retrouve à Saint-Gilles un terrain de golf très bien aménagé aux abords de la rivière Beaurivage. Les productions bovine, porcine et laitière, la culture maraîchère et les manufactures sont les principales sources d'emploi. La population actuelle est de 1787 habitants.

[Voir l'image pleine grandeur]Le terrain de golf aux abords de la rivière Beaurivage.
Le terrain de golf aux abords de la rivière Beaurivage.

Saint Sylvestre

Son histoire

L'érection canonique de Saint-Sylvestre a lieu en 1828. Le curé de Saint-Nicholas constate depuis quelque temps que de nombreux colons catholiques vivant à l'arrière de Saint-Gilles ne pratiquent presque plus leur religion. La distance qui les sépare de la plus proche église située dans sa paroisse et le fait de ne jamais voir de curé, semblent être les raisons majeures de l'abandon de leur religion.

Le curé de Saint-Nicholas réalise aussi à cette époque que les terres au sud de Saint-Gilles sont les meilleures de la région. Il peut prévoir un accroissement majeur de la population si une église y est érigée, ce qui réglerait le problème de la distance qui sépare les colons de l'église. En 1828, il propose à la population la construction de deux chapelles, une à Saint-Gilles et l'autre sur les petites montagnes aujourd'hui appelées Saint-Sylvestre.

Au cours de la même année, un groupe de colons écrivent à l'évêque pour obtenir la permission de former une nouvelle paroisse. La requête est accordée immédiatement.

[Voir l'image pleine grandeur]Un paysage de Saint-Sylvestre.
Un paysage de Saint-Sylvestre.

Il faut alors trouver un nom à cette paroisse. L'archevêque de Québec lui donne le même nom que le dernier saint du calendrier parce qu'elle est située à l'extrémité sud de Lotbinière, sur un territoire éloigné dans les montagnes. Saint-Sylvestre est alors fondée.

La colonisation de ce territoire se fait à vive allure. La construction de la première chapelle se termine en 1831. L'érection municipale a lieu en 1835.

Saint-Sylvestre est majoritairement peuplée de colons irlandais, il y a très peu de Canadiens français. En effet, une partie des deux cents familles arrivées d'Irlande vers 1840 s'y établissent. Ces immigrants s'imposent dès leur arrivée, ce qui occasionne de nombreux conflits avec les Canadiens français et aussi avec leurs pairs parce que certains Irlandais sont catholiques et d'autres protestants.

Le territoire de Saint-Sylvestre est découpé en 1871 pour donner naissance à Saint-Patrice et en 1873 à Saint-Séverin de Beauce.

En 1951, l'installation d'une importante base de radar d'une altitude de 2 225 pieds débute sur le mont Sainte-Marguerite. Elle est construite afin de protéger le pays contre une éventuelle invasion de la Russie. Ce sera un apport considérable pour Saint-Sylvestre et les autres paroisses avoisinantes puisque des centaines de personnes seront embauchées pour la construction. Un village complet sera érigé comprenant un hôpital, une prison temporaire, un gymnase et piscine, une église avec une section pour les catholiques et une autre pour les protestants, et un théâtre. Les coûts énormes engendrés par l'entretien de ce village forceront le gouvernement à fermer cette base de radar en 1964.

[Voir l'image pleine grandeur]Une vue d'ensemble du village militaire vers 1962.
Une vue d'ensemble du village militaire vers 1962.

Aujourd'hui

Parmi toutes les municipalités de Lotbinière, Saint-Sylvestre est celle qui est située la plus au sud. Sise au pied des Appalaches, elle est visitée principalement pour ses populaires cabanes à sucre. Ses érablières, ses terres et le mont Sainte-Marguerite sont des éléments du paysage qui nous incitent à faire un arrêt. Ce mont a une hauteur de 698 mètres et offre un panorama d'une rare beauté sur plusieurs paroisses voisines. Il est l'hôte d'un rassemblement annuel d'amateurs de musique populaire.

On trouve également à Saint-Sylvestre, dans le rang Saint-André, l'un des trois ponts couverts de la région. Construit en 1927, il surplombe la rivière Filkars.

Sa population de 957 habitants vit principalement d'agriculture.

[Voir l'image pleine grandeur]Le pont couvert dans le rang Saint-André.
Le pont couvert dans le rang Saint-André.

Saint-Flavien

Son histoire

Le 1er décembre 1834, la paroisse de Saint-Flavien est fondée de façon officielle. En réalité, depuis 1750 des colons qu'on appelle les habitants de la côte Saint-Joseph, commencent à l'occuper. Tout ce territoire est à défricher et pendant plusieurs années les hommes seulement y viennent. Ils vivent dans des camps de bûcherons et à mesure que le défrichement se fait, les familles arrivent, s'installent dans des maisons et commencent à cultiver la terre.

[Voir l'image pleine grandeur]Un camp en bois rond.
Un camp en bois rond.

La grande majorité des colons proviennent des paroisses de Sainte-Croix et de Saint-Antoine-de-Tilly. Par la suite, ceux des autres paroisses et des immigrants s'installeront à Saint-Flavien.

Pour mettre en pratique leur foi religieuse, les colons doivent se rendre à Sainte-Croix. Ils en profitent à ce moment pour ramener des provisions sur leur dos car il n'y a pas de magasin général à Saint-Flavien.

Le nombre d'habitants augmente d'année en année et on songe à créer une paroisse. En ce temps, il faut demander à l'archevêque de Québec la permission de fonder une nouvelle paroisse et on doit de plus, obtenir l'accord des curés des paroisses environnantes. Il est important de savoir qu'en général, une église est construite lorsqu'une paroisse est fondée.

Cette première requête a lieu en 1830 mais l'archevêque ne donne aucune suite à cette demande. C'est en octobre 1833 que les habitants de la côte Saint-Joseph reviennent à la charge. La paroisse est fondée en décembre 1834. L'érection municipale de Saint-Flavien a lieu en 1855.

C'est en l'honneur de monseigneur Flavien Turgeon qui est alors évêque, qu'on donne le nom de Saint-Flavien à la paroisse.

Lors de sa fondation officielle, Saint-Flavien s étend sur une grande superficie. Ses limites au nord touchent la paroisse de Sainte-Croix, au sud celle de Sainte-Agathe alors qu'à l'est, elles rejoignent Saint-Antoine-de-Tilly et à l'ouest, Lotbinière.

Au cours des années 1900, le territoire de Saint-Flavien perdra beaucoup de sa superficie à cause de la fondation des paroisses de Notre-Dame-du-Sacré-Cœur d'Issoudun, Saint-Octave-de-Dosquet, Saint-Janvier-de-Joly et Laurier-Station.

[Voir l'image pleine grandeur]Une ancienne maison dans le rang des Pointes construite vers 1876.
Une ancienne maison dans le rang des Pointes construite vers 1876.

Aujourd'hui

Saint-Flavien est située au cœur de la MRC de Lotbinière et compte 1437 personnes. Sa situation géographique a incité plusieurs organismes communautaires à s'y établir. Ces organismes offrent l'aide et le soutien nécessaires aux personnes qui en ont besoin. Ils œuvrent en alphabétisation, en santé mentale, auprès des femmes, des aînés et des personnes handicapées. Il y a aussi un service qui vient en aide aux jeunes afin de leur faciliter l'accès au marché du travail. L'agriculture occupe aussi une place importante. En effet, plusieurs fermes laitières, porcines et avicoles sont situées sur le territoire.

Au cours des vingt dernières années, on a vu à certains moments une flamme géante qui dominait la paroisse. Cette flamme témoignait de la richesse de ses sols en matières pétrolières, ce qui a donné lieu à l'installation d'un puits de gaz naturel situé à proximité du village. Ce puits répond aux besoins en gaz naturel de plusieurs industries de la Rive-Sud de Québec. Il est transporté par gazéoduc.

Le village regroupe plusieurs jolies maisons anciennes de différents styles. L'église de style roman est une fierté pour les gens de la paroisse.

[Voir l'image pleine grandeur]L'église de Saint-Flavien.
L'église de Saint-Flavien.

[Voir l'image pleine grandeur]Le presbytère de Saint-Flavien.
Le presbytère de Saint-Flavien.

Tous ces attraits font de cette paroisse un endroit intéressant à visiter.

Saint-Apollinaire

Son histoire

Angélique le Gardeur, fille du seigneur de Tilly, épouse un membre de la famille Aubert de Gaspé, seigneur de Saint-Jean-Port-Joli. Elle se fait concéder en 1738 une seigneurie adjacente à la seigneurie de Tilly qu'on appelle la seigneurie de Gaspé.

Au début du XIXe siècle, les terres du littoral du fleuve Saint-Laurent étant occupées, les colons doivent s'en éloigner et se diriger vers le territoire de la seigneurie de Gaspé. Grâce à la proximité de Saint-Antoine-de-Tilly et de la première route carrossable entre Saint-Nicholas et la future paroisse de Saint-Gilles, ils y accèdent plus facilement et s'y installent pour défricher et cultiver les terres.

[Voir l'image pleine grandeur]Un ancien moulin à Saint-Apollinaire.
Un ancien moulin à Saint-Apollinaire.

Le nombre d'habitants augmente alors assez rapidement. Un petit village prend naissance avec quelques bâtiments comme les moulins à scie, le moulin à farine, le magasin général et d'autres commerces. Mais les services religieux sont toujours dispensés à Saint-Antoine-de-Tilly qui est leur paroisse. La distance à parcourir pour s'y rendre en période de mauvais temps est longue et difficile. Un petit groupe de colons décident donc d'entreprendre les démarches nécessaires pour fonder une nouvelle paroisse. Après une seule requête, ils obtiennent en 1853 l'érection canonique. Saint-Apollinaire doit son nom à un évêque et martyr. Son érection civile a lieu l'année suivante.

[Voir l'image pleine grandeur]Une vue sur la rue de l'Église.
Une vue sur la rue de l'Église.

Plusieurs moulins sont en opération à Saint-Apollinaire: moulins à farine, moulin à carde et moulins à scie. Ils sont tous situés sur la rivière Bourret. La presque totalité de ces moulins ont maintenant cessé de fonctionner et plusieurs ont disparu.

Par ailleurs, l'arrivée du chemin de fer en 1897 apporte des changements majeurs au développement de la paroisse.

En 1919, suite aux conflits causés par la construction des trottoirs en bois et par l'installation des lampadaires, certains paroissiens décident de séparer le village du reste de la paroisse. Celle-ci continue de porter le nom de Saint-Apollinaire alors que l'on baptise le village du nom de Francœur, en l'honneur du député de Lotbinière à cette époque. En 1974, la paroisse et le village se fusionneront et s'appelleront de nouveau Saint-Apollinaire.

[Voir l'image pleine grandeur]La gare de Saint-Apollinaire.
La gare de Saint-Apollinaire.

Vers les années 1960, la route transcanadienne oblige plusieurs personnes à déplacer leurs maisons et d'autres à séparer leur terre en deux, ce qui en rend l'accès beaucoup plus difficile. Maintes petites fermes à ce moment sont vouées à la disparition. De nombreuses personnes décident alors de profiter des facilités de déplacement pour aller gagner leur vie en ville et d'autres à l'inverse, choisissent de venir vivre à Saint-Apollinaire afin de fuir les inconvénients de la ville et de profiter pleinement de la campagne.

Aujourd'hui

Avec ses 3893 habitants, Saint-Apollinaire est la plus populeuse des municipalités de Lotbinière. Elle est aussi la plus industrialisée. En effet, l'agriculture a diminué au fil des ans pour faire place à de nombreuses industries.

Une balade dans le village et les rangs de cette paroisse nous fait découvrir de magnifiques maisons dont certaines remontent avant l'époque de sa fondation.

[Voir l'image pleine grandeur]Située sur la rue Principale, cette maison est demeurée à peu près inchangée depuis sa construction en 1885.
Située sur la rue Principale, cette maison est demeurée à peu près inchangée depuis sa construction en 1885.

Sainte-Agathe-de-Lotbinière

Son histoire

C'est la mine d'or et de cuivre Hervey Hill, située près du chemin Craig, qui donne lieu à la fondation de la paroisse de Sainte-Agathe en 1853.

Cette mine, en effet, attire de nombreux travailleurs. Lors de son ouverture, ses dirigeants font construire une route en vue de découvrir de nouveaux gisements. Elle commence à Sainte-Agathe, se dirige vers le sud et traverse le chemin Craig. Elle sera appelée plus tard le chemin des Irlandais et aujourd'hui, rang Saint-Pierre ou route 271.

[Voir l'image pleine grandeur]Le chemin Gosford traversant le village de Sainte-Agathe en 1908.
Le chemin Gosford traversant le village de Sainte-Agathe en 1908.

La majorité des colons l'empruntent et s'installent sur le territoire actuel de Sainte-Agathe alors appelé Terrain des Mères. On l'appelait ainsi parce qu'il était situé en grande partie dans la seigneurie de Sainte-Croix qui appartenait aux Ursulines de Québec. Par la suite, on le désignera sous le nom de Canton de Sainte-Croix, nom donné à tout le territoire situé au sud de la paroisse de Sainte-Croix.

D'autres colons arrivent par Méthot's Mill, aujourd'hui appelé Dosquet, en traversant un sentier à travers les bois.

Avant que la paroisse ne soit fondée, les services religieux sont donnés par le curé de Saint-Sylvestre. L'église étant située à plus de quinze milles de Sainte-Agathe, les habitants font alors appel aux autorités religieuses en vue d'obtenir la permission de s'annexer à Saint-Gilles et de construire leur propre chapelle. Elle est construite en 1847. Durant l'hiver, les habitants y apportent de la braise dans des chaudières pour la chauffer.

À ses débuts, la paroisse étant composée presque uniquement d'immigrants irlandais catholiques, on dédie donc la chapelle à Sainte-Agathe, vierge martyre qu'ils honorent. Ce nom est également donné à la paroisse.

La population irlandaise est devenue par la suite minoritaire. Cela s'explique par le fait que les familles canadiennes françaises ont beaucoup plus d'enfants que les^ familles irlandaises et que plusieurs de celles-ci s'en vont vivre aux États-Unis.

En 1853, on présente une demande à l'archevêque en vue de la création d'une paroisse. Quelques mois seulement suffisent pour obtenir l'érection canonique de Sainte-Agathe.

[Voir l'image pleine grandeur]Une maquette de la première chapelle et des trois églises de Sainte-Agathe dont deux ont été détruites par le feu.
Une maquette de la première chapelle et des trois églises de Sainte-Agathe dont deux ont été détruites par le feu.

La première église est construite en 1854. Dans la nuit du 24 décembre 1866, un incendie la détruit complètement. Le feu sévira de nouveau en 1903 et mettra en cendres une grande partie du village dont vingt et une maisons. En 1925, le jour de Noël, un autre incendie fera disparaître la seconde église. On recommencera l'année suivante la construction d'une nouvelle église. C'est celle que l'on connaît aujourd'hui.

Une grande partie du territoire de Sainte-Agathe provient des terres de Saint-Gilles, Dosquet (Méthot's Mill), Leeds et Inverness. Sainte-Agathe est issue des seigneuries de Saint-Gilles de Beaurivage et de Sainte-Croix. Il y a aussi à quelques milles du village en direction d'Inverness un territoire appelé Canton Nelson. C'est une très petite paroisse qui s'unira à Saint-Agathe en 1985.

Son érection civile a lieu en 1857.

[Voir l'image pleine grandeur]Un paysage d'hiver dans Lotbinière.
Un paysage d'hiver dans Lotbinière.

Aujourd'hui

Sainte-Agathe-de-Lotbinière est un endroit privilégié pour y passer un séjour de détente en y découvrant une magnifique nature.

[Voir l'image pleine grandeur]Le pont couvert de Sainte-Agathe.
Le pont couvert de Sainte-Agathe.

Le site du Parc de la Chute Sainte-Agathe offre une vue exceptionnelle sur les chutes. Une promenade dans les sentiers et sur la plage assure aux visiteurs un bien-être dont ils se rappelleront. Son pont couvert, le plus long de Lotbinière, enjambe la rivière Palmer qui tire sa source des hauts reliefs des Appalaches. Il offre des points de vue impressionnants pour l'œil et de plus, le bruit de l'eau dévalant les cascades est réconfortant à l'oreille.

On trouve également une ferme pédagogique qui accueille chaque année plusieurs enfants pour des visites ou des camps. On y pratique une culture biologique et y côtoie toute une variété d'animaux.

Au cœur du village, on peut aussi profiter de plusieurs attraits. Un parc est aménagé avec un jardin de fleurs, un lac, des aires de repos et des sentiers pédestres.

Ses noms de rangs d'origine irlandaise, tels que Gosford et Armagh témoignent encore aujourd'hui d'une population d'Irlandais toujours présente.

Les 1223 habitants de cette municipalité vivent principalement d'agriculture. On remarque également quelques industries à Sainte-Agathe.

Saint-Édouard-de-Lotbinière

Son histoire

La paroisse de Saint-Édouard-de-Lotbinière est érigée en 1862 dans la seigneurie Joly de Lotbinière. Les familles établies dans les rangs 5 et 6 de Saint-Louis de Lotbinière doivent parcourir une distance de six milles pour se rendre à l'église. Cela les Incite à faire des démarches auprès de l'évêque de Québec afin d'obtenir la permission de construire une église dans le sixième rang et d'y établir une paroisse. Ce rang s'appelle Rivière Bois Clair parce que le bois qui entoure la rivière est clairsemé.

Les premiers colons qui s'établissent dans les rangs Saint-Charles et Rivière Bois Clair arrivent pour la plupart de Saint-Jean-Port-Joli, Saint-Roch-des-Aulnaies et Saint-Nicholas.

[Voir l'image pleine grandeur]Le magasin général et bureau de poste dans les années 1800.
Le magasin général et bureau de poste dans les années 1800.

Vers 1855, un hôtel est construit en vue d'accueillir les voyageurs. Plusieurs parmi eux font la tournée des magasins généraux afin de voir à leur approvisionnement. Il y a aussi les ouvriers travaillant à la construction de l'église qui vivent dans cet hôtel. Celui-ci sert en outre de lieu de rassemblement.

[Voir l'image pleine grandeur]L'hôtel Brown vers les années 1855.
L'hôtel Brown vers les années 1855.

L'hôtelier est aussi charretier pour les voyageurs de commerce. Il va les accueillir au bateau et fait avec eux le trajet entre l'hôtel et les magasins généraux des paroisses avoisinantes de Sainte-Croix et Lotbinière. Cet hôtel est maintenant devenu un foyer pour personnes âgées.

La paroisse porte le nom de Saint-Édouard en l'honneur du curé Édouard Faucher qui a rendu de nombreux services. Il a été le premier curé de la paroisse lors de sa fondation religieuse en 1862.

La construction de l'église en pierres commencée quelques années auparavant se termine en 1862. Elle prend place sur un sol argileux et s'enfonce peu à peu, au fil des ans. On devra la reconstruire en 1901 et cette fois-ci, le bois sera le matériau utilisé.

Avant l'établissement de la commission scolaire en 1866, il y a une institutrice diplômée qui enseigne aux enfants du village. N'ayant pas d'école, elle fait la classe dans la demeure de son père.

En 1881, c'est l'ouverture du rang Juliaville. Ce nom lui est donné en l'honneur de la fille du seigneur Henri-Gustave Joly qui s'appelle Julia. Les noms donnés aux rangs Lucieville et Saint-Josée le sont également en l'honneur de deux autres de ses filles, Lucie et Josée.

En 1890, il y a la construction d'un moulin à scie actionné par la vapeur. Une tannerie voit le jour également vers la fin des années 1800. Elle est située sur le bord de la rivière Bois Clair. Le tannage est entièrement fait à la main. Les peaux de différents animaux sont travaillées pour en faire des articles tels que bottes, mitaines, robes de carrioles, bourres de colliers et harnais. Il faut trois mois pour tanner une peau de bœuf.

[Voir l'image pleine grandeur]Une partie du village.
Une partie du village.

La population cesse d'augmenter dans les années qui suivent. En effet, la rareté des bonnes terres disponibles et des industries peu nombreuses fait que plusieurs familles et plusieurs jeunes quittent la place et vont s'installer ailleurs. C'est vers 1931 que Saint-Édouard verra sa population augmenter à nouveau.

L'érection civile de Saint-Édouard-de-Lotbinière a lieu en 1862.

Aujourd'hui

La population de Saint-Édouard-de-Lotbinière est de 1314 habitants. L'agriculture et l'industrie tiennent une place importante dans cette municipalité.

Au printemps, les acériculteurs accueillent des gens de partout. Ils viennent déguster les produits d'érable fabriqués dans les nombreuses érablières de Saint-Édouard.

D'autre part, une réserve écologique située sur les terres de la seigneurie Joly a été créée dans le but d'assurer la préservation du milieu naturel. Elle se spécialise dans la conservation d'écosystèmes représentatifs de l'environnement du Saint-Laurent.

À Saint-Édouard, une piste de courses de chevaux est aussi bien appréciée. Les amateurs assistent chaque année à quelques programmes.

Leclercville

Son histoire

Le territoire qu'occupe présentement Leclercville est concédé en 1685 au seigneur Chartier de Lotbinière.

Vers les années 1720, les premiers habitants commencent à s'installer. Par la suite, des familles acadiennes originaires de Grand-Pré en Nouvelle-Écosse chassées par les Anglais, arrivent à leur tour. Des trois cents personnes à quitter la Nouvelle-Écosse, vingt-sept seulement parviennent à Québec.

Ces familles arrivent en traversant les forêts et les rivières. La faim, la maladie et la fatigue, le manque de poudre à fusil pour chasser le gibier et la perte des quelques hameçons pour la pêche, sont les principales causes des nombreuses pertes de vie survenues au cours de ce périple.

Ces nouveaux arrivants, après s'être adressés au gouvernement, sont dirigés sur les terres du seigneur pour s'y établir et les cultiver.

[Voir l'image pleine grandeur]Le bureau de l'agent seigneurial de Lotbinière, situé à Leclercville et construit vers 1850.
Le bureau de l'agent seigneurial de Lotbinière, situé à Leclercville et construit vers 1850. Les descendants des Joly de Lotbinière y habitent toujours.
(ANC. PA-38712.)

Le seigneur Joly de Lotbinière, époux de Julie-Christine Chartier de Lotbinière, fait construire en 1834 un moulin à scie à l'embouchure de la rivière du Chêne. Ce moulin est pendant longtemps la principale source d'emploi pour les habitants. Il y a aussi à l'époque une activité importante autour du quai. On y fait le chargement du bois devant être transporté par bateaux.

Au cours des années, plusieurs travailleurs s'installent avec leur famille autour du moulin de la rivière du Chêne. Cette nouvelle agglomération sera en 1874 la raison de la naissance de la municipalité de Leclercville. Ce nom lui sera donné en l'honneur de Pierre Leclerc qui a fait don du terrain lors de la construction de l'église de Sainte-Emmélie en 1863. La population atteint à ce moment 1200 habitants.

[Voir l'image pleine grandeur]L'embouchure de la rivière du Chêne.
L'embouchure de la rivière du Chêne.

Quant à la paroisse de Sainte-Emmélie, elle prend forme en 1862 lors du démembrement de la paroisse de Saint-Louis de Lotbinière. Son érection canonique a lieu au cours de la même année et son érection civile en 1863.

Sainte-Emmélie comprend la partie du haut de la côte et tous les rangs, alors que Leclercville est un très petit territoire, soit la partie située autour du moulin à scie. Chacune des paroisses a son bureau de poste, l'un étant situé en haut de la côte et l'autre en bas.

Les deux municipalités se fusionnent en l'an 2000 et portent dorénavant le nom de Leclercville.

[Voir l'image pleine grandeur]Une vue sur le fleuve.
Une vue sur le fleuve.

Aujourd'hui

En parcourant la route 132, Leclercville est la première municipalité de la région de Lotbinière que l'on rencontre en descendant le fleuve Saint-Laurent. Cette halte avec vue sur le majestueux Saint-Laurent, sur l'embouchure de la rivière du Chêne et sur les anciennes maisons, nous replonge par magie dans le passé.

[Voir l'image pleine grandeur]L'église de Sainte-Emmélie.
L'église de Sainte-Emmélie.

Érigée sur la côte, la magnifique église de Sainte-Emmélie ouvre ses portes afin de nous inciter à faire une visite et à admirer ses richesses si bien conservées.

Les terres de Leclercville étant très fertiles, l'agriculture est la principale activité économique. Une partie de la population travaille également dans les industries des paroisses voisines.

La population actuelle est de 635 personnes.

[Voir l'image pleine grandeur]Le phare en bordure de la route 132.
Le phare en bordure de la route 132.

Saint-Agapit

Son histoire

Vivant sa fondation, la presque totalité de cette paroisse appartient à Saint-Gilles. La plupart des terres de Saint-Agapit proviennent de la seigneurie de Beaurivage et les autres sont issues des seigneuries des Plaines et de Gaspé. Saint-Apollinaire a donc également cédé des parties de son territoire pour donner naissance à Saint-Agapit.

Dès 1829, soit bien avant sa fondation, les premiers défricheurs s'installent sur les terres qui composent aujourd'hui Saint-Agapit.

[Voir l'image pleine grandeur]L'essouchage des terres par les premiers colons.
L'essouchage des terres par les premiers colons.

Un grand nombre arrive de Saint-Nicholas et de Saint-Antoine-de-Tilly. Les terres près du fleuve sont occupées et les colons doivent monter plus au sud pour dénicher de nouveaux lopins à cultiver. Ils occupent la concession de la rivière Noire. La proximité du chemin Craig joue un rôle important dans le développement de la future paroisse. Les défricheurs s'approvisionnent au centre commercial situé à Moulin Têtu village (Pointe Saint-Gilles) où on retrouve en plus du moulin, un important magasin général.

En 1852, un événement majeur transforme ce coin de pays en un lieu capital pour plusieurs habitants des paroisses périphériques. Ils apprennent que la ligne du chemin de fer de la compagnie le Grand Tronc passera sur les terres. Il faut donc penser à la construction d'un viaduc pour éviter que les trains traversent la route à Saint-Agapit. Deux ans plus tard, on entendra siffler la première locomotive.

[Voir l'image pleine grandeur]La gare et le viaduc à Saint-Agapit.
La gare et le viaduc à Saint-Agapit.

Les travaux en vue de la construction et l'entretien du chemin de fer permettent à plusieurs personnes de l'endroit d'améliorer leurs conditions de vie. Les colons, afin d'assurer les revenus nécessaires à la survie de leur famille, devaient auparavant s'exiler pendant les saisons mortes.

[Voir l'image pleine grandeur]Des colons de Saint-Agapit travaillant à l'entretien du chemin de fer.
Des colons de Saint-Agapit travaillant à l'entretien du chemin de fer.

De plus, ce chemin de fer amène les colons à offrir leurs produits de ferme à Québec, Montréal, Sherbrooke et même aux États-Unis. Les gens des paroisses environnantes profitent eux aussi de ce moyen de transport moderne pour faire de bonnes affaires. Les propriétaires des mines de cuivre situées dans les paroisses plus au sud ainsi que les commerçants de bois utilisent fréquemment le train à leur tour. D'autre part, on voit aussi des troupeaux de plusieurs centaines de moutons arriver à la gare pour prendre le train.

On remarque donc à l'époque une activité économique grandissante à la gare. Autour d'elle apparaissent un hôtel, un garage, des magasins généraux et plusieurs autres commerces. Conséquemment, le Moulin Têtu village perd graduellement sa clientèle, car les colons peuvent dorénavant s'approvisionner plus près. C'est donc à partir de ce moment que Saint-Agapit prend son véritable envol.

L'érection canonique de Saint-Agapit a lieu en 1867 et son érection civile, au cours de la même année. Agapit est le nom d'un pape et martyr.

[Voir l'image pleine grandeur]La partie ouest du village de Saint-Agapit vers 1915.
La partie ouest du village de Saint-Agapit vers 1915.

Aujourd'hui

Située dans les basses-terres du Saint-Laurent, Saint-Agapit est la deuxième paroisse la plus populeuse de la région de Lotbinière. Sa population actuelle est de 3029 habitants. Comme plusieurs de ses paroisses voisines, l'agriculture, l'industrie et le commerce sont ses principales activités économiques.

Il y a deux cours d'eau à Saint-Agapit: la rivière Noire et la rivière aux Pins. Le chemin de fer de jadis a fait place à une piste cyclable bien aménagée.

Cette municipalité accueille depuis 1971 l'Expo de Lotbinière. Cette foire attire plusieurs milliers de personnes à chaque année.

On remarque d'autre part à Saint-Agapit le Centre des arts et de la culture de Lotbinière. On y apprécie des expositions très variées et il est enrichissant de le visiter.

Saint-Patrice-de-Beaurivage

Son histoire

L'ouverture du chemin Craig en 1810 apporte de nombreux avantages aux colons qui vivent éloignés et isolés de tout dans cette partie de la seigneurie de Saint-Gilles de Beaurivage. Cette nouvelle route contribue grandement au peuplement de la région. Sur cette route, à quelques milles du village, il y a un endroit que l'on appelle Park Horse. C'est apparemment un relais pour se reposer et faire le changement des chevaux de la diligence qui effectue le trajet entre Québec et Boston. Ce nom se déforme au fil des ans et on le connaît aujourd'hui sous le nom de Parkhurst.

Un moulin seigneurial est construit à l'extrémité est du village actuel de Saint-Patrice-de-Beaurivage. Ce moulin est l'un des mieux organisés et des plus imposants de toute la région. Arthur Ross, seigneur de l'époque, améliore l'autre moulin et fait construire à Saint-Patrice en 1842 le premier manoir. Ce manoir est devenu aujourd'hui une propriété privée.

Saint-Patrice-de-Beaurivage connaît des débuts difficiles. Les colons établis dans les différentes concessions doivent se rendre à l'église de Saint-Sylvestre. En 1859, une délégation se rend à Québec pour rencontrer l'archevêque dans le but de lui demander de diviser la paroisse de Saint-Sylvestre et de leur envoyer un curé. Choqué par leur audace, l'archevêque refuse. Les colons commencent tout de même à couper le bois nécessaire à la construction de l'église en espérant que cela le fasse changer d'avis. L'archevêque enverra son représentant en vue de faire cesser les travaux.

En 1860 malgré l'entêtement de l'archevêque, les colons décident d'ériger un temple sur une terre donnée par le seigneur. Ils ont le temps de bâtir seulement l'extérieur. Les autorités religieuses le fermeront pendant cinq ans, jusqu'au jour où le curé de Saint-Sylvestre suppliera l'archevêque de bien vouloir bénir cette chapelle pour pouvoir y célébrer la messe, ce qui sera enfin fait.

[Voir l'image pleine grandeur]L'église méthodiste à Saint-Patrice-de-Beaurivage.
L'église méthodiste à Saint-Patrice-de-Beaurivage.

Fondée en 1871, la paroisse de Saint-Patrice compte beaucoup de protestants à cette époque. Il y a aussi une église anglicane et à Parkhurst, une église méthodiste. La population irlandaise, devenue majoritaire lors des débuts de la paroisse grâce à l'arrivée de deux cents familles qui s'installent dans la seigneurie, diminue beaucoup au cours des ans. Les Canadiens français prennent peu à peu la place. Saint-Patrice doit ainsi son nom à l'apôtre d'Irlande, Saint-Patrick à qui on accordait une fervente dévotion au cinquième siècle.

L'érection civile de Saint-Patrice-de-Beaurivage a lieu en 1872.

[Voir l'image pleine grandeur]La construction de l'aqueduc en 1908.
La construction de l'aqueduc en 1908.

Aujourd'hui

La population de Saint-Patrice-de-Beaurivage est de 1087 personnes. L'agriculture occupe une place importante à cet endroit. Les fermes laitières et porcines tiennent une grande place et quelques producteurs font aussi l'élevage plutôt particulier du bison et du sanglier. On y fait la production d'asperges, de fraises et de produits de l'érable.

La rivière Beaurivage offre un cachet exceptionnel à Saint-Patrice. Elle sillonne les terres et traverse le village dans toute sa longueur. Elle prend sa source dans la Beauce.

[Voir l'image pleine grandeur]Dessin d'une cabane à sucre à l'encre de chine.
Dessin d'une cabane à sucre à l'encre de chine.

Saint-Narcisse-de-Beaurivage

Son histoire

La paroisse de Saint-Narcisse est fondée en 1872. Son nom lui est donné en l'honneur d'un martyr.

Le territoire de Saint-Narcisse-de-Beaurivage commence à être occupé dès 1830 mais jusqu'à sa fondation, il fera partie de la paroisse de Saint-Gilles. En fait, c'est de la seigneurie de Saint-Gilles qu'une partie de ce territoire a été découpée. La construction du chemin Craig sera un facteur déterminant à son peuplement tout comme il le sera pour les paroisses voisines.

[Voir l'image pleine grandeur]La rue Principale Sud, Saint-Narcisse-de-Beaurivage.
La rue Principale Sud, Saint-Narcisse-de-Beaurivage.

Tout comme ailleurs, la pratique de la religion est primordiale dans la vie des familles de Saint-Narcisse et avoir accès à une église est donc une nécessité. Les gens sont prêts à faire d'ultimes efforts pour pouvoir assister à la messe et y recevoir les sacrements. Ils vont à l'église de Saint-Gilles. Pour s'y rendre, certains parcourent une distance de quatre milles avant de rencontrer une habitation et de plus, le chemin traverse une savane périlleuse. La rivière Beaurivage qu'il faut franchir est parfois aussi un danger. Au printemps, à cause de la crue des eaux, elle devient souvent un autre obstacle pour se rendre à l'église.

[Voir l'image pleine grandeur]La deuxième école du village de Saint-Narcisse-de-Beaurivage construite à la fin des années 1800.
La deuxième école du village de Saint-Narcisse-de-Beaurivage construite à la fin des années 1800.

La distance devient également un problème quand vient le temps de fréquenter l'école. Elle est aussi située à Saint-Gilles et c'est difficile pour les enfants d'y aller. Étant donné que les parents veulent faire instruire leurs enfants afin qu'ils puissent apprendre à lire et à écrire, plusieurs demandent la construction d'une école qui soit plus accessible. Cette première école est construite dans le rang Saint-Thomas en 1858. Celle du village sera construite seulement douze ans plus tard. Il y aura alors une soixantaine d'enfants qui profiteront de ces deux écoles. C'est donc surtout à cause de l'éloignement, que l'on demande la création d'une nouvelle paroisse, celle de Saint-Narcisse.

[Voir l'image pleine grandeur]Une peinture intitulée Le moulin à scie de Samuel Caux. Réalisé par Jeannine Boucher.
Une peinture intitulée Le moulin à scie de Samuel Caux. Réalisé par Jeannine Boucher.

Lors de sa fondation en 1872, Saint-Narcisse compte quatre-vingts familles, trois moulins à scie et deux magasins généraux. Un an plus tard, il y aura quatre écoles dans la paroisse. Lors du recensement de 1876, la population s'élève à 622 habitants.

La plupart des rangs existent avant la création de la paroisse de Saint-Narcisse puisque déjà ils font partie de Saint-Gilles. Le rang Saint-Thomas par exemple, regroupe alors plusieurs familles irlandaises.

Construite en 1873, l'église tant convoitée passe au feu en 1879. Mais l'épreuve est vite surmontée. On reconstruit une autre église beaucoup plus grande et plus belle.

L'érection civile de Saint-Narcisse-de-Beaurivage a lieu en 1873.

Aujourd'hui

Située au piémont des Appalaches, cette paroisse vit principalement d'agriculture. Deux importantes meuneries y sont établies et démontrent d'ailleurs l'envergure des fermes de l'endroit.

Le populaire Festival de la Gargouille, les courses de démolition et les tires de tracteurs sont des événements annuels qui invitent les gens des environs à venir faire un tour à Saint-Narcisse.

Les cours d'eau sont peu nombreux et peu importants. Il y a le lac Fraser plus communément appelé le petit lac Saint-Michel et la rivière du Petit Bras d'Henri. La population de Saint-Narcisse-de-Beaurivage compte 1081 habitants.

Notre-Dame-du-Sacré-Cœur d'Issoudun

Son histoire

C'est quarante ans après la première requête des habitants demandant leur église que les autorités religieuses consentent enfin à l'érection canonique de la paroisse de Notre-Dame-du-Sacré-Cœur d'Issoudun. La distance de huit à dix milles pour atteindre l'église de Sainte-Croix ou de Saint-Flavien sur des chemins souvent difficiles et le nombre important d'habitants amènent les autorités à accepter la requête.

Les paroisses de Sainte-Croix, Saint-Flavien, Saint-Édouard-de-Lotbinière, Saint-Apollinaire et Saint-Antoine-de-Tilly cèdent des parties de leur territoire pour former la nouvelle paroisse de Notre-Dame-du-Sacré-Cœur d'Issoudun. Mais certains habitants des parties que l'on détache des anciennes paroisses, manifestent leur opposition à ce démembrement. C'est le cas des gens qui habitent la partie des Plaines appartenant à Saint-Antoine-de-Tilly et la partie du Bois-Franc ouest de Saint-Apollinaire. Malgré tout, l'annexion a lieu.

[Voir l'image pleine grandeur]Un moulin à battre le grain, actionné par le bœuf marchant sur un tapis roulant.
Un moulin à battre le grain, actionné par le bœuf marchant sur un tapis roulant.
(ANQ, Collection Musée des Grondines.)

L'érection canonique a lieu en 1903. C'est en l'honneur des Missionnaires du Sacré-Cœur arrivés à Québec en 1900, que l'on donne ce nom à la paroisse. Ils sont originaires d'Issoudun en France et dirigent une association pieuse appelée Notre-Dame du Sacré-Cœur.

La municipalité de Notre-Dame-du-Sacré-Cœur d'Issoudun est également érigée en 1903. Un an plus tard, alors que la construction de l'église est à peine terminée, la foudre s'abat sur elle. Le feu fait rage à nouveau en 1912 et détruit des maisons, faisant cinq victimes. En 1913, c'est un ouragan cette fois-ci qui rase plusieurs constructions dans le 5e rang.

La pire tragédie à survenir à Issoudun arrive en 1957. Lors d'une terrible tempête de pluie, un avion en provenance d'Angleterre s'écrase entre les 4e et 5e rangs aux limites des paroisses d'Issoudun et de Saint-Édouard causant la mort de soixante-dix-neuf personnes.

[Voir l'image pleine grandeur]Le village d'Issoudun. (MRC de Lotbinière)
Le village d'Issoudun. (MRC de Lotbinière)

Aujourd'hui

Ce qui attire surtout notre attention lorsque nous arrivons dans le village d'Issoudun, est le moulin à scie à vapeur. Ce moulin a été construit en 1885 dans le 6e rang. Il sera déménagé dans le village en 1910. Il fonctionne encore aujourd'hui et est activé par la vapeur.

[Voir l'image pleine grandeur]Le moulin à scie à vapeur.
Le moulin à scie à vapeur.

Par ailleurs, les populaires courses de bazous se déroulent deux fois par année en hiver et attirent de nombreux adeptes.

Notre-Dame-du-Sacré-Cœur d'Issoudun a une population de 780 habitants. Ils vivent principalement d'agriculture. Plusieurs travaillent également dans les industries des paroisses environnantes.

Dosquet

Son histoire

Méthot's Mill (le moulin à Méthot) est le nom que porte Dosquet dans les années 1830. Cette région qui comprend Saint-Flavien et Dosquet s'appelle la Côte Saint-Joseph et appartient à Sainte-Croix.

[Voir l'image pleine grandeur]Le barrage sur la rivière Henri.
Le barrage sur la rivière Henri.

La construction d'un moulin à scie par Louis Méthot sur les bords de la rivière Henri, est à l'origine du peuplement. Une centaine d'hommes y travaillent, déboisent et transportent le bois au moulin. Par la suite, les bûcherons Intéressés par les bonnes terres, deviennent fermiers. Jusqu'à ce que la paroisse de Saint-Flavien soit fondée en 1834, les familles se rendent à l'église de Sainte-Croix pour pratiquer leur religion.

Vers 1854, la construction du chemin de fer sur la ligne du Grand Tronc aide considérablement à l'expansion de Méthot's Mill. On bâtit la première gare en 1874. Elle sera en fonction pendant un siècle environ.

[Voir l'image pleine grandeur]La station de chemin de fer.
La station de chemin de fer.

C'est Louis-Octave Ratté de Saint-Flavien qui contribue par la suite au développement de ce coin. Il achète les biens de Louis Méthot qui appartiennent à ce moment-là à son fils. Puis il se fait construire une maison-magasin dans laquelle il s'installe et un peu plus tard, un hôtel près du chemin de fer.

Après son décès en 1907, son épouse Célina entreprend de réaliser un rêve de toujours. Elle désire que Méthot's Mill devienne une paroisse distincte et autonome. C'est avec l'aide des habitants qu'elle décide de la créer. En 1912, l'époux de sa fille Eugénie, Joseph-Eugène Poitras, adresse une requête à l'archevêque de Québec demandant l'érection de la paroisse. Méthot's Mill devient ainsi la même année Saint-Octave-de-Dosquet. Le nom d'Octave est choisi en l'honneur d'un martyr et de Louis-Octave Ratté, alors que celui de Dosquet en l'honneur du 4e évêque de Québec, monseigneur Dosquet.

[Voir l'image pleine grandeur]Le village de Méthot's Mill avant de s'appeler «Dosquet».
Le village de Méthot's Mill avant de s'appeler «Dosquet».

La première chapelle est construite en 1912. On ampute une partie des paroisses de Saint-Flavien, Saint-Agapit et Sainte-Anastasie-de-Lyster pour former cette nouvelle paroisse. L'érection civile a aussi lieu en 1912.

Aujourd'hui

cours des dernières années, Dosquet a redoré l'image de son village. La route 116 a été déplacée sur l'ancienne voie ferrée démantelée en 1990. Il y a une belle piste où l'on peut pratiquer la marche et le vélo en été, la motoneige et le véhicule tout terrain en hiver.

Le nombre de citoyens qui est actuellement de 954 a peu varié depuis les soixante dernières années. Cette petite municipalité vit principalement d'agriculture.

Son nom de Saint-Octave-de-Dosquet a été modifié depuis quelques années. En effet, aujourd'hui elle porte le nom de Dosquet, tout simplement.

Saint-Janvier-de-Joly

Son histoire

La paroisse de Joly a connu différents centres d'activités avant la création du village actuel.

Le premier centre à être habité s'appelle Station Joly. Il y a un bureau de poste, une dizaine de maisons, un moulin à scie et un chemin de fer. Ce petit village est bâti suite à la construction du chemin de fer en 1898. Étant donné qu'il est éloigné, on l'abandonne.

Le village Henri situé entre le village de Joly et Val-Alain est un autre centre d'activités où plusieurs familles se regroupent grâce à la construction d'un moulin à scie en 1910. Ce village naît d'un accord entre le seigneur Joly et une compagnie américaine. Cet accord dit que la location des terrains donne droit seulement à la coupe de bois et qu'à l'échéance de ce bail d'une durée de 25 ans, le propriétaire reprendra possession de son bien. La coupe de bois et le sciage au moulin font vivre plusieurs familles. Le bois est acheminé au moulin par la rivière Henri.

[Voir l'image pleine grandeur]Un moulin à scie et la drave sur la rivière Henri.
Un moulin à scie et la drave sur la rivière Henri.

Il y a à cet endroit une église, une école, des magasins, un bureau de poste et une gare. C'est l'abbé Janvier Lachance qui a la charge de cette communauté. Le transport de marchandises se fait par train. Plusieurs personnes empruntent le Petit Deschaillons qui effectue le trajet entre Deschaillons et Lévis.

[Voir l'image pleine grandeur]Le presbytère de Joly en 1929.
Le presbytère de Joly en 1929.

À partir de 1920, les gens commencent à s'installer sur des terres. Une fois qu'elles sont défrichées, les terres sont arpentées et divisées en lots en vue de former une paroisse. La compagnie met fin à ses opérations vers 1928 lorsque le gouvernement prend possession des terres. Comme il est indiqué dans le contrat, le terrain doit reprendre son apparence d'avant. Les bâtisses sont démolies ou déménagées et le centre de la paroisse se déplace au lieu actuel de Joly.

Le ministère de la Colonisation et de l'Agriculture distribue alors gratuitement les terres qui restent. Plusieurs colons des paroisses et des comtés environnants en prennent possession. Le chômage en ce temps de crise économique est l'une des principales raisons qui les incitent à s'installer sur les terres.

[Voir l'image pleine grandeur]Des colons plaçant le foin sur une charrette.
Des colons plaçant le foin sur une charrette.

Par ailleurs, Joly est touché par deux feux de forêt importants. En 1933, un simple feu d'abattis tourne à la catastrophe. Plusieurs habitations, des arbres, des poteaux et des milliers de cordes de bois sont brûlés. En 1949, le feu détruit encore beaucoup. Il se déplace cette fois-ci dans le sol. Certains habitants décident alors de quitter Joly pour aller vivre en ville car il n'ont pas le courage de recommencer à nouveau.

L'érection canonique de la paroisse a lieu en 1936 et l'érection municipale en 1944.

La paroisse de Joly provient d'une partie de Saint-Édouard et Saint-Flavien. Le nom de Saint-Janvier-de-Joly lui est donné en l'honneur de l'abbé Janvier Lachance et du seigneur Alain Joly.

Aujourd'hui

La population de Joly est de 925 habitants. La principale activité économique est l'agriculture. Les industries des paroisses environnantes permettent également à cette population de travailler.

Cette paroisse se fait connaître depuis quelques années par son populaire festival Rétro qui attire des milliers de visiteurs.

La rivière Henri qui était si active à l'époque, est devenue une eau paisible qu'il fait bon de contempler.

Val-Alain

Son histoire

Cette paroisse, appelée au début Station Lotbinière, naît de la construction du chemin de fer en 1898. C'est la seule gare entre Charny et Saint-Léonard à posséder un réservoir d'eau. Les employés de la gare doivent donc demeurer sur place pour s'assurer que les locomotives à vapeur soient alimentées en eau. Les premiers habitants s'établissent près de la rivière du Chêne.

[Voir l'image pleine grandeur]Le Petit Deschaillons.
Le Petit Deschaillons.

Il y a aussi de nombreux bûcherons à cette époque qui viennent avec leurs familles travailler dans les chantiers du seigneur Joly. Étant donné qu'eux aussi sont contraints de rester en permanence sur les lieux, il leur est difficile de pratiquer leur religion. En effet, une distance énorme les sépare des églises les plus près. Celle de Saint-Flavien se situe à quatorze milles et celle de Villeroy un peu plus près, à sept milles. Ils sont obligés de s'y rendre à pied et, chose défendue, de passer par la voie ferrée.

En 1902, on fait une première demande auprès du vicaire général pour avoir une chapelle et un prêtre. C'est seulement l'année suivante grâce aux pétitions des résidents et à l'intervention du seigneur Edmond Joly de Lotbinière qui accepte de contribuer financièrement, que l'on consent à construire une chapelle pour une cinquantaine d'habitants. Le bois pour la construction de la chapelle Saint-Edmond est fourni presque en entier par le seigneur.

[Voir l'image pleine grandeur]La première chapelle.
La première chapelle.

Vers 1902, on appelle cette paroisse Alandale. Finalement, le ministère des Postes lui donne le nom de Val-Alain en 1925 en l'honneur du seigneur Alain Joly de Lotbinière, fils d'Edmond, qui a grandement contribué au développement de ce territoire.

En 1932 alors que l'on prépare, en pleine période de sécheresse, la fondation de la paroisse, un incendie vient détruire la chapelle, le village et plusieurs rangs. C'est avec courage que l'on reconstruit. Mais le répit est de courte durée car l'année suivante, toujours suite à une période de sécheresse, quatre-vingt-quatre maisons brûlent et tous les rangs sont encore une fois touchés par le feu. Certains décident suite à cette deuxième épreuve de partir tandis que d'autres s'arment de courage pour rebâtir.

Pour pallier la grande crise économique de l'époque, le gouvernement donne une terre à chaque habitant pendant cette période difficile. Plusieurs curés de la province de leur côté, invitent les jeunes mariés à s'installer à Val-Alain. Les gens provenant de tous les coins de la province s'y établissent. Plusieurs familles arrivent par train.

Jamais deux sans trois, dit-on! Le feu fait encore des ravages en 1949. Il s'attaque surtout à la forêt mais plusieurs bâtiments également sont brûlés. C'est avec sournoiserie qu'il se déplace dans la terre noire. Tout le monde est aux aguets. Il détruit sur son passage les récoltes et même les légumes de jardin. Certains trouvent des pommes de terre cuites dans le sol.

[Voir l'image pleine grandeur]Une maison en bois rond.
Une maison en bois rond.

Le chemin de fer est donc la raison d'être de la paroisse de Val-Alain. C'est pour sa construction que les gens commencent à s'y installer. Lors de l'incendie de 1932, des wagons servent d'abri à des familles qui ont perdu leur logis. Le train est de plus le moyen de transport utilisé par plusieurs familles lorsqu'elles viennent habiter dans cette paroisse pendant la crise économique.

Plusieurs l'empruntent aussi pour visiter la parenté dans les paroisses voisines ou pour faire leur voyage de noces. Par ailleurs, il est la cause de nombreux accidents et un déraillement s'est déjà produit. Une page de la jeune histoire de Val-Alain se tourne donc quand le dernier arrêt a lieu en 1964.

C'est en 1933 pendant la crise économique qu'a lieu la fondation religieuse de la paroisse de Saint-Edmond de Val-Alain alors que son érection municipale aura lieu en 1950.

La population et le nombre d'exploitations agricoles diminuent beaucoup dans les années cinquante et soixante. La principale cause de cette diminution est la construction de l'autoroute 20. Le gouvernement exproprie alors des agriculteurs et plusieurs parmi eux décident d'aller ailleurs. La diminution de la population s'explique aussi par le fait que les terres ne peuvent être séparées entre plusieurs enfants; celles-ci étant très petites, elles suffisent à peine à faire vivre une famille. D'autres à leur tour quittent car ayant participé à la construction de l'autoroute, ils suivent son développement et vont vivre dans un autre lieu, près des grands centres.

Aujourd'hui

Avec une population de 922 habitants, Val-Alain est l'une des plus jeunes municipalités de la région de Lotbinière. C'est une paroisse dans laquelle on retrouve quelques industries manufacturières et de petites fermes.

[Voir l'image pleine grandeur]Le pont couvert de Val-Alain.
Le pont couvert de Val-Alain.

Elle a conservé un de ses sept ponts couverts dont trois étaient situés sur une courte distance d'un mille. Surplombant la rivière du Chêne, ce pont couvert a été construit en 1956 dans le rang 1. Le Bras d'Edmond et la rivière Henri, deux affluents qui alimentent la rivière du Chêne, sont les principaux cours d'eau de Val-Alain.

Construite au début des années soixante, l'autoroute 20 appelée aujourd'hui autoroute Jean-Lesage, a facilité l'accès à la municipalité et a donné naissance à divers commerces. Val-Alain est la porte d'entrée de la région de Lotbinière par l'autoroute en direction est.

Laurier-Station

Son histoire

Laurier-Station est la municipalité qui occupe le plus petit territoire dans la région de Lotbinière. Elle est aussi la dernière à y voir le jour.

Cette municipalité faisait partie de Saint-Flavien avant sa fondation. L'arrivée du chemin de fer en 1895 est à l'origine de cette paroisse. Ce chemin de fer devenu nécessaire pour le transport du bois des chantiers environnants, doit passer plus au sud dans Saint-Flavien. La construction est sur le point de débuter, le matériel nécessaire est même déjà arrivé et les colons à qui appartiennent les terres comptent tirer beaucoup d'argent de la vente des terrains à la compagnie de chemin de fer.

[Voir l'image pleine grandeur]La gare de Laurier-Station.
La gare de Laurier-Station.

Cependant, un cultivateur de la future paroisse de Laurier-Station laissant voir des avantages très intéressants au surintendant de la compagnie, réussit à le convaincre de faire passer le chemin de fer plutôt sur ses terres. Les colons de la place étant très pauvres, ils consentent en effet à vendre leurs terrains à des coûts moins élevés que ceux des colons de Saint-Flavien. Le chemin de fer fera donc un grand détour pour passer à l'endroit actuel et une station y sera construite. On donne à cette station le nom de Laurier à la mémoire de sir Wilfrid Laurier, premier Canadien français à être premier ministre du Canada à cette époque.

Les gens engagés par la compagnie de chemin de fer s'établissent près de la station de même que ceux qui travailleront aux nombreuses industries mises sur pied suite aux coupes à blanc des forêts voisines autour des années 1925. La population de Laurier-Station augmentera assez rapidement grâce à l'arrivée importante de tous ces travailleurs.

Les habitants qui fréquentent jusqu'alors l'église de Saint-Flavien, demandent au curé que la messe du dimanche et des jours de fêtes soit célébrée dans leur école qui vient juste d'être construite. Des célébrations religieuses ont donc lieu à Laurier-Station à partir de 1947.

[Voir l'image pleine grandeur]La première école de Laurier-Station, aujourd'hui le centre communautaire.
La première école de Laurier-Station, aujourd'hui le centre communautaire.

La fondation de la nouvelle paroisse est proclamée en 1951 et on lui donne le même nom que la station, soit Laurier-Station. Déjà, plus de cent vingt familles sont installées sur ce territoire à ce moment. Ces résidents manifestent alors le désir d'avoir une chapelle à Laurier-Station. Elle y est construite mais reste tout de même liée à l'église de Saint-Flavien.

[Voir l'image pleine grandeur]La chapelle de Laurier-Station.
La chapelle de Laurier-Station.

Par la suite, cette municipalité connaît une progression stable jusqu'à l'arrivée, au début des années 1960, de l'autoroute 20 appelée aujourd'hui l'autoroute Jean-Lesage à la mémoire de Jean Lesage, premier ministre du Québec de 1960 à 1966.

Aujourd'hui

Située au cœur de Lotbinière aux abords de l'autoroute, la municipalité de Laurier-Station se retrouve maintenant, malgré son très petit territoire, parmi les municipalités les plus peuplées de la région de Lotbinière. Plus de 2571 personnes y habitent.

Plusieurs organismes publics dont le centre local de services communautaires, le poste de la Sûreté du Québec ainsi que plusieurs organismes communautaires ont pignon sur rue à Laurier-Station.

L'agriculture, contrairement aux autres municipalités de la région de Lotbinière, est quasi absente. Ce sont les nombreuses industries manufacturières qui offrent du travail à la population et font de Laurier-Station un centre d'emploi important dans Lotbinière.

À propos, le saviez-vous?

[Voir l'image pleine grandeur]La marée basse à Saint-Antoine-de-Tilly.
La marée basse à Saint-Antoine-de-Tilly.

La cause des marées

Le fleuve Saint-Laurent subit l'effet des marées à la hauteur de toutes les paroisses de Lotbinière établies sur ses berges. En effet si on remonte le fleuve, Leclercville est la dernière municipalité de la rive sud à voir les marées. Une marée, c'est l'eau de la mer qui remonte dans le fleuve puis redescend. Elle est l'effet de l'attraction de la Lune et du Soleil provoquant le mouvement des eaux.

La signification des vents

Le noroît
Il est le vent dominant en hiver. Sec et frais, il souffle du nord-ouest et amène le beau temps. L'écorce des arbres est plus résistante du côté de ce vent. Les Amérindiens se servaient de cet indice pour se guider dans les bois en temps brumeux.

Le surouêt
Ce vent marque un réchauffement du temps. Il vient du sud et du sud-ouest et il est responsable des grandes vagues de chaleur. Ce vent alourdit le ciel devenu gris que seule l'orage libérera.

Le nordet
Il vient du nord-est et refroidit le temps. C'est le vent qui cause les plus violentes tempêtes en hiver. Ses pluies sont également les plus froides et les plus cinglantes au printemps et à l'automne. Pendant l'été, il est moins présent.

[Voir l'image pleine grandeur]Le blizzard de Cornélius Krieghoff, huile sur toile, 1857.
Le blizzard de Cornélius Krieghoff, huile sur toile, 1857.
(MBAC, 9012, John Evans).

La raison des croix de chemin et des calvaires

La croix de chemin
La croix tenait la place de la chapelle qui n'existait pas encore. C'était un lieu de rassemblement où l'on se rendait pour entendre la messe. Plusieurs l'ont érigée afin d'imiter le geste que Jacques Cartier a posé en 1534, lors de son arrivée au Canada.

[Voir l'image pleine grandeur]Une croix de chemin à Notre-Dame-du-Sacré-Cœur d'Issoudun.
Une croix de chemin à Notre-Dame-du-Sacré-Cœur d'Issoudun.

L'emplacement de la croix n'est pas choisi au hasard. Il était aménagé souvent sur une butte ou à un croisement de chemins car la croix qu'on y élevait devait être aperçue de loin. Quand les gens passaient devant, ils se décoiffaient ou s'inclinaient. Tous ceux qui la fréquentaient ou l'entretenaient se voyaient assurer d'une protection du ciel. On en retrouve encore plusieurs dans la plupart des paroisses de la région de Lotbinière.

Le calvaire
Le calvaire situé à Saint-Antoine-de-Tilly a été construit par un homme qui a voulu remercier le ciel.

[Voir l'image pleine grandeur]Un calvaire à Saint-Antoine-de-Tilly.
Un calvaire à Saint-Antoine-de-Tilly.

Il était l'un des rares survivants qui, en partance de Québec, avaient pris place dans une chaloupe pleine à craquer qui a chaviré à la hauteur de Saint-Nicolas.

L'utilité de la couverture du pont couvert

La couverture servait à protéger le pont des intempéries comme la pluie, le vent et le soleil qui endommageaient son tablier. Un pont, grâce à sa couverture, pouvait durer plusieurs années de plus qu'un pont non couvert. Il en reste trois dans la région de Lotbinière.

[Voir l'image pleine grandeur]Le pont couvert à Saint-Sylvestre.
Le pont couvert à Saint-Sylvestre.

Le pourquoi de la forme ronde ou octogonale des granges

On choisissait pour une grange la forme ronde ou octogonale, c'est-à-dire à huit côtés, principalement dans le but d'éviter les pertes d'espace occasionnées par l'engrangement des fourrages. De plus, cette forme offrait plus de résistance aux vents. Une croyance voulant que le démon ne puisse se réfugier dans les coins, incitait aussi les habitants à opter pour ce modèle. On retrouve encore une grange octogonale à Saint-Antoine-de-Tilly.

Nos anciennes maisons

La cuisine d'été
La cuisine d'été était un ajout à la maison principale. Elle n'était pas isolée et les gens s'en servaient l'hiver pour conserver les aliments périssables. En été, c'est là qu'ils y faisaient la cuisine permettant ainsi de garder une certaine fraîcheur dans la maison principale.

[Voir l'image pleine grandeur]Une maison avec cuisine d'été.
Une maison avec cuisine d'été.
(MLCP)

La porte avant
La porte avant de la maison servait rarement. On l'utilisait pour sortir les personnes décédées ou recevoir le curé lorsqu'il faisait sa visite. Le pur étranger entrait aussi par cette porte. L'utilisation de la porte arrière ou de la porte de côté démontrait un signe d'amitié ou de familiarité.

Les promeneurs ambulants

Plusieurs promeneurs passaient par les maisons en vue d'offrir leurs services ou de quémander. Ils voyageaient à pied ou en voiture tirée par un cheval.

Le quêteux
Parmi les promeneurs, on remarquait plus particulièrement le quêteux. Il s'arrêtait et demandait un repas ou un coucher et quelques provisions. Il était un grand colporteur de nouvelles et de racontars. Il était souvent vieux et marchait courbé. Il portait un baluchon, un gros sac sur le dos et à la main, un bâton tordu sur lequel il s'appuyait.

[Voir l'image pleine grandeur]Un quêteux.
Une peinture à l'huile de Cornélius Krieghoff.
(ANC, C-10698)

Le maître
C'était un enseignant qui voyageait avec une ardoise et un alphabet. Il s'installait chez le seigneur ou chez un cultivateur et montrait la lecture, l'écriture et le calcul à leurs enfants et à ceux des environs. De plus, comme la plupart des gens ne savaient pas écrire, on requérait souvent les services du maître pour écrire une lettre à un être cher. Sa visite dépassait rarement quelques semaines. Il s'en allait une fois qu'il avait transmis son savoir et recommençait son enseignement ailleurs.

Le notaire
Le notaire, tout comme le maître, apportait aussi sa contribution à la rédaction de lettres. Mais sa tache principale était de rédiger des contrats de mariage, des actes de vente ou d'autres documents. Il passait dans les paroisses à date fixe. Il était à la recherche de clients et avait, comme bagage, un encrier et un sac sur l'épaule.

La conservation de la viande

Décembre était le mois destiné à l'abattage. L'arrivée de la froide température aidait à la conservation de la viande. Après le dépeçage, la viande était placée généralement dans des contenants de lait qu'on entreposait soit dans les cuisines d'été, dans les fenils ou directement dans la neige. Au printemps, il fallait mettre en conserve dans des pots ce qui restait pour ne pas le perdre. L'été, la viande était conservée dans le puits suspendue à une corde. On pouvait la garder ainsi un certain temps.

[Voir l'image pleine grandeur]La beauté du passé réalisée par Valérie Grenier.
La beauté du passé réalisée par Valérie Grenier.

Les teintures du temps

Les colons utilisaient le sang de bœuf pour teindre le bois des meubles et des portes de la maison. Le résultat donnait un beau rouge cerise. Quand il s'agissait de teindre le linge, ils faisaient bouillir de l'écorce de pruche qui leur donnait la couleur rouge vin et des pelures d'oignon à partir desquelles ils obtenaient le jaune.

Conclusion

C'est en parcourant le temps à travers les pages de La belle histoire de Lotbinière et en revivant les origines et le mode de vie de nos pionniers qu'il nous devient plus facile de comprendre pourquoi nos ancêtres ont dû franchir tant d'obstacles avant de se voir attribuer un lieu d'appartenance.

La vie d'aujourd'hui, devenue beaucoup plus facile, est le fruit des efforts pénibles que ces gens ont dû mettre pour se bâtir un chez-soi, élever une famille et fonder une paroisse. La volonté, l'acharnement et la persévérance qu'ils y ont mis nous prouvent jusqu'à quel point nous devons rendre hommage à leur courage et à leur dignité.

Le passé étant garant de l'avenir, nous espérons qu'à la lecture de ces pages nous saurons tirer profit de ce que nos ancêtres nous ont laissé et que nous travaillerons à conserver très précieusement ce patrimoine si durement acquis.

Mais au fait, la vie d'autrefois était-elle vraiment moins emballante que celle d'aujourd'hui? À nous d'en juger.

Bibliographie

Lanctot, Gustave. Histoire du Canada - Des origines au régime royal, Montréal, 1967.

Bergeron, Léandre. Le petit manuel d'histoire du Québec, Montréal, Éditions québécoises VLB éditeur, 1979, 263 p.

Hamelin, Jean et Jean Provencher. Brève histoire du Québec, Montréal, Boréal Express, 1983,156 p.

Samson, Roch et al. Histoire de Lévis-Lotbinière, Sainte-Foy, Les Presses de l'Université Laval, 1996, 812 p.

Provencher, Jean, Les Quatre Saisons dans la vallée du Saint-Laurent, Montréal, Les Éditions du Boréal, 1996, 605 p.

Charbonneau, François, Jacques Marchand et Jean-Pierre Sansregret. Mon histoire, Montréal, Édition Guérin, 1985, 524 p.

La petite histoire des Paroisses. Lotbinière, La Fédération des Cercles de fermières, 1950, 776 p.

Saint-Agapit, 1867-1992, s.l.n.d., 493 p.

Le 125e de St-Apollinaire, 1857-1982, s.l.n.d., 212 p.

Saint-Edmond-de-Val-Alain, 1933-1983, s.l.n.d., 136 p.

Saint-Édouard, 1863-1988, s.l.n.d., 230 p.

Saint-Flavien, Un siècle de vie paroissiale. Brochure historique et souvenir de Saint-Flavien, Comté de Lotbinière, Érection canonique 1834, s.l.n.d., 184 p.

St-Gilles se raconte, 1828-1978, s.l.n.d., 360 p.

Saint-Janvier-de-Joly raconté au fil des ans, 1936-1986, s.l.n.d.,488 p.

Saint-Narcisse-de-Beaurivage, 125 ans d'histoire, 1872-1997, s.l.n.d., 637 p.

75e anniversaire de la paroisse Notre-Dame du Sacré-Coeur d'Issoudun, 1903-1978, s.l.n.d., 299 p.

St-Patrice de Beaurivage, 1871-1971, 590 p.

Crédits

La réalisation de ce livre a été possible grâce à la contribution financière du Secrétariat national à l'alphabétisation dans le cadre du programme Initiatives fédérales-provinciales conjointes en matière d'alphabétisation.

Recherche et coordination
Denis Gauthier
Jeannine Labonté

Conception et rédaction des textes
Denis Gauthier
Jeannine Labonté

Infographie
Annie Lemelin

Réviseure linguistique et correctrice d'épreuves
Suzanne Dore

Illustration de la page couverture
Peinture à l'huile réalisée par Marie-Claude Lefebvre

Nous tenons à remercier chaleureusement toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation de ce livre, soit en nous prêtant des documents historiques ou en répondant à nos nombreuses questions.

Distribution

ABC Lotbinière
157, rue Principale
Saint-Flavien (Québec) G0S 2M0
Téléphone: (418) 728-2226


  • 1 L'érection canonique est l'approbation donnée par les autorités religieuses pour la fondation d'une paroisse.
  • 2 L'érection civile est la création d'une municipalité dirigée par un conseil municipal.