Qui sont les propriétaires de logements locatifs ?

Les autorités politiques et les associations de propriétaires nous le répètent sur tous les tons : au Québec, les logements locatifs appartiennent à de « petits propriétaires ». Une étude récente réalisée par l'INRS-Urbanisation[1] permet, dans une large mesure, de dégonfler ce mythe.

L'étude nous apprend effectivement que 88 % des propriétaires du Québec possèdent moins de six logements. Toutefois, elle nous apprend aussi qu'ils ne contrôlent que 43,0 % du parc de logements locatifs. C'est donc dire que les plus gros propriétaires, s'ils ne représentent que 12 % de l'ensemble, possèdent 57,0 % de l'ensemble des logements locatifs. Dans la région de Québec, ce dernier pourcentage monte à 67,1 % et dans celle de Montréal à 61,2 %.

L'étude est plus précise encore. Les propriétaires de 50 logements et plus, qui ne représentent même pas 1 % des propriétaires, contrôlent à eux seuls 22,9 % du parc de logements, ce pourcentage étant de 33,5 % dans la région de Québec et de 29,1 % dans celle de Montréal.

On apprend par ailleurs que le logement locatif génère des revenus de plus de 6 milliards $ par année et que les pertes subies par les propriétaires pour logements inoccupés et loyers impayés n'étaient que de 148 millions $ (2,4 %). Comme le pourcentage de logements inoccupés a depuis chuté dans la plupart des régions, on voit que les propriétaires de logements locatifs ne sont pas si à plaindre qu'on voudrait bien nous le faire croire.


Les biens des locataires ont diminué, ceux des propriétaires ont augmenté

Autre signe de l'appauvrissement des locataires, la valeur médiane des biens qu'ils possèdent (économies personnelles, placements, avoirs, etc.) a diminué de pas moins de 41,4 % au Canada entre 1984 et 1999, selon une publication récente de la Société canadienne d'hypothèques et de logement[2]. Pendant ce temps, la valeur médiane des biens des propriétaires occupant leur propre maison augmentait de 20,7 %.

Selon une autre étude, dans la région métropolitaine de Montréal, la valeur médiane des biens possédés par les locataires a baissé de 51 % entre 1984 et 1999, alors qu'elle a cru de 33 % chez les propriétaires[3].


  1. Les logements privés au Québec ; la composition du parc de logements, les propriétaires bailleurs et les résidants, INRS-Urbanisation, Culture et société, août 2002. Retour au texte

  2. Société canadienne d'hypothèques et de logement, L'observateur du logement au Canada 2003, p. 24. Retour au texte

  3. J. David Hulchanski, A Tale of Two Canadas. Homeowners Getting Richer, Renters Getting Poorer, op. cit., p. 5. Retour au texte