PARTAGER SON HISTOIRE, ENRICHIR LE MONDE

Groupe Alpha des Etchemins

2002

PARTAGER SON HISTOIRE, ENRICHIR LE MONDE

Ce livre témoignage a été conçu grâce à la collaboration des participants du Groupe Alpha des Etchemins qui ont accepté de partager une page de leur vie avec vous. Dix histoires vous y sont présentées.

Ce document, qui s'adresse à tout type de lecteur, vise, entre autres, à abolir les préjugés et à prouver que toute personne, quel que soit son cheminement, a un vécu enrichissant à partager. Il est accompagné d'une cassette audio qui permettra aux lecteurs de suivre plus facilement les textes. Au cours de la lecture, un signal sonore vous indiquera le moment de tourner la page.

La création de ce document a permis aux participants du Groupe Alpha des Etchemins de s'impliquer dans une démarche unique de création de matériel pédagogique et de développer leur autonomie et leur capacité de synthèse. Cette réalisation leur a donné l'opportunité de collaborer à un projet commun, d'y trouver une grande valorisation et, par le fait même, d'augmenter leur estime d'eux-mêmes.

La réalisation de ce document a été rendue possible grâce à la contribution financière du Secrétariat national à l'alphabétisation dans le cadre du programme « Initiatives fédérales-provinciales conjointes en matière d'alphabétisation ».

Les personnes suivantes ont collaboré à la réalisation de ce livre : Roger, Bertrand, Madeleine, Jean-Gérard, Hélène, Guylaine, Elaine, Louis et Gaétane

Rédaction des textes et mise en pages

Chantal Leclerc         Francine Renaud

Valérie Poulin            Marie LeBrun

Illustrations

Roger Gagnon

Révision

Marie LeBrun Valérie Poulin Francine Renaud

Impression

Imprimerie Com-Unik inc.

Lecture sur cassette audio

Marie LeBrun

Studio d'enregistrement

La Boîte à Son

ISBN 2-9806299-1-X

Dépôt légal - Bibliothèque nationale du Québec, 2002

Dépôt légal - Bibliothèque nationale du Canada, 2002




Présentation de l'illustrateur

Présentation de l'artiste ayant illustré les histoires

Roger Gagnon, un participant du Groupe Alpha des Etchemins, a accepté d'illustrer les histoires contenues dans ce livre. Malgré une paralysie cérébrale de naissance, Roger a réussi à cheminer dans la vie de façon autonome. Il est, à 48 ans, un travailleur et un artiste bien connu et impliqué dans son milieu.

Cette réussite est principalement due à l'amour, la confiance et l'attention que lui ont donnés les membres de sa famille et surtout, à l'admirable détermination qui l'anime.

Enfant, Roger n'a pas eu la chance d'aller à l'école. Sa mère lui a donc appris ses premières notions de lecture, d'écriture et de dessin. En travaillant avec son père et ses frères sur la ferme familiale, il a aussi développé ses talents de bricoleur.

À 28 ans, il a acheté son premier tracteur et a commencé à prendre de petits contrats pour tondre des pelouses et déblayer les entrées en hiver. Il a lui-même, par la qualité de son travail, bâti la réputation de son entreprise.

Aujourd'hui, l'informatique est pour lui un outil de travail indispensable: il rédige ses contrats, prépare ses factures et ses lettres. Il se sert également de divers logiciels pour dessiner.

Avec le support de Nouvel Essor, organisme communautaire travaillant à l'intégration des personnes handicapées, Roger a vite joué un rôle très actif dans la communauté. Il est devenu un porte-parole afin de sensibiliser les gens aux divers problèmes que rencontrent les personnes handicapées dans la vie de tous les jours. Grâce à sa grande détermination, il est aussi une source de motivation pour les membres de l'organisme.

Roger nous révèle qu'avec le temps, il a appris à ne pas s'en faire avec la vie. Bien que très travaillant, il aime rire et s'amuser. Les dessins qui vous sont présentés dans ce document ont été réalisés en partie avec l'ordinateur et en partie avec ses pieds, car c'est avec ses pieds que Roger dessine depuis l'âge de quatre ans.



Mon histoire

Je viens vous raconter des moments de ma vie. Tout d'abord, je suis le dernier-né d'une famille de huit enfants. J'ai trois frères et quatre sœurs.

Un bon soir, le vendredi 18 septembre 1953, vers 21h30, ma mère commença son travail pour enfanter, un mois trop tôt. Mon père téléphona au docteur et amena la voisine pour l'aider. Le docteur me baptisa avant de reprendre, pour la troisième fois, l'accouchement. Je venais au monde plié en deux. Le docteur s'est repris pour me remettre droit et il a pris les pinces pour me tirer. Lorsque je suis arrivé au monde, j'étais inconscient. Le docteur m'a donné la respiration artificielle à minuit. Ma mère s'est aperçue que j'avais quelque chose, car lorsqu'elle me plaçait sur le ventre, je pleurais et lorsqu'elle me retournait, j'arrêtais de pleurer.

À trois mois, ma sœur m'a laissé seul sur le lit et je suis tombé par terre. Je me suis égrené l'épaule. Ma mère m'a amené au Sanatorium pour passer des radiographies et les médecins n'ont rien vu. Plus tard, ils m'ont amené dans plusieurs hôpitaux.

À l'époque, les docteurs disaient que je serais légume, incontinent et que je ne marcherais pas. Ils m'ont ensuite amené chez un «ramancheur» qui a vu que j'étais tout démanché, l'épaule égrenée et une côte cassée. J'y suis allé souvent, car c'était toujours à recommencer. Durant ce temps, ma mère et ma sœur m'ont beaucoup bercé.

Lorsque j'ai eu quatre ans, mon père a construit un carrosse en bois pour me transporter un peu partout : au jardin avec ma mère, à l'étable et aux champs. L'hiver, je trouvais le temps très long. Ma mère a alors eu la brillante idée de m'asseoir par terre en m'entourant de coussins et elle me mit un crayon entre les orteils pour que je puisse dessiner. Ma mère m'a élevé comme les autres enfants de la famille. Elle ne m'a pas plus gâté, mais elle était très attentionnée. Grâce à elle, je suis devenu habile et autonome.

Aujourd'hui, je travaille à mon compte et je vis seul en appartement. Avec mes pieds, je fais du bricolage, de la peinture et je dessine. Disons que je me débrouille très bien.

Roger



Quelles mésaventures

Ne pas savoir lire et écrire m'a amené toutes sortes de problèmes. J'ai donc décidé de raconter ce qui m'est arrivé sur la route et ailleurs.

J'ai fait carrière comme bûcheron et, à une certaine époque, je travaillais à Stoneham. Pour voyager, j'embarquais dans la voiture de mon frère. Cette fois-là, j'ai terminé de bûcher une semaine plus tôt. J'ai donc pris la route avec un copain, en me fiant sur lui pour me diriger. Et bien, il ne savait pas plus lire que moi! On a tourné en rond plusieurs fois, essayant de prendre le pont Pierre-Laporte. On embarqua un gars sur le pouce en espérant qu'il nous aiderait, mais il ne connaissait pas la route. On le débarqua sur-le-champ. On refit encore et encore le même chemin et on fit monter un autre gars. Enfin, celui-ci a pu nous aider à traverser le pont.

À chaque fois que je revenais de Stoneham, pour prendre la direction de Lac-Etchemin, je tournais après la maison grise. Un jour, en revenant, je me rendis compte que je ne reconnaissais pas le décor. J'ai décidé de retourner sur mes pas et c'est là que j'ai vu que cette chère maison grise, mon point de repère, avait brûlé.

Un printemps, alors que je n'avais pas de travail dans le bois, on m'engagea dans un garage de « débosselage ». Le patron me demanda d'aller lui chercher un gallon de liquide nettoyant. Lorsque j'arrivai dans la pièce voisine, j'aperçus une cinquantaine de gallons. J'étais incapable de trouver ce qu'il m'avait demandé. J'ai donc dû avouer que je ne savais pas lire et bien évidemment, j'ai perdu mon travail.

Au restaurant, étant donné que je ne pouvais pas lire le menu, je mangeais presque toujours la même chose. Souvent, avant d'entrer, je pensais à ce que j'allais manger ou je regardais les plats passer et je demandais à la serveuse de m'apporter la même chose.

Maintenant, je raconte ces histoires avec beaucoup d'humour, mais lorsque je repense à ces moments d'angoisse sur la route et ailleurs, je me rends compte à quel point ça m'a manqué de ne pas savoir lire et écrire. J'apprends tranquillement et je me débrouille de plus en plus. Peut-être qu'un jour je pourrai prendre la route et lire les panneaux routiers.

Bertrand




L'importance de l’amitié

Lorsque je me suis séparée, j'ai retrouvé ma liberté et j'ai fêté ça. Mais après ce fut l'épuisement, puis la dépression. Je pensais avoir perdu tous mes amis. J'avais encore des amis, mais je ne le voyais pas. J'avais perdu toutes mes valeurs, je n'avais plus le goût de rien. Je me sentais « pas belle », « pas fine ». Je me sentais seule. Je téléphonais tellement souvent à mes sœurs que j'en étais fatigante pour elles. C'était la dépression, puis après, la schizophrénie est venue.

Je savais que l'Eveil existait, mais je trouvais toujours des raisons pour dire non quand ils me demandaient si je voulais y aller. L'Éveil est un groupe d'entraide pour personnes atteintes de maladie mentale. Ça m'a pris du temps, mais finalement je m'y suis rendue et j'ai trouvé l'amitié. J'ai commencé à me sentir aimée, valorisée. Ma vie a changé. J'avais des amies, des vraies. On faisait des sorties.

Je ne voulais pas d'homme dans ma vie. Je voulais me connaître mieux avant d'entreprendre une relation. Maintenant, je sais ce que je veux et je sais aussi que tout le monde a droit à sa chance, les hommes aussi.

Avant, je n'aurais pas accepté d'être amie avec un dépressif, maintenant oui. J'ai eu de la chance et je suis prête à en donner aux autres. Aujourd'hui, grâce à ma famille, mes amis et aux médicaments, je me suis sortie de ma schizophrénie. J'ai peut-être tout perdu dans un sens, mais j'ai aussi tout gagné parce que j'ai des amis.

Actuellement, j'ai ma maison, mes meubles et je suis fière de ça. Je travaille un peu et je suis très contente quand je reçois mon chèque à la fin du mois. Pour moi, c'est la preuve qu'il est possible de s'en sortir. À l'Éveil, j'apprends beaucoup. Il y a du monde et je participe à plusieurs activités. De temps à autre, je cuisine pour tout le groupe et avec quelques personnes, nous suivons des ateliers de français et de philosophie. Ma vie n'aurait pas de sens sans les personnes qui gravitent autour de moi. Maintenant, je suis beaucoup plus heureuse et je trouve que la vie vaut la peine d'être vécue. Cherchez et vous trouverez... l'amitié.

Madeleine



Mon implication dans le milieu

Un jour, à la compagnie où je travaille depuis une douzaine d'années, des collègues et moi avons pris une grande décision, celle de faire une demande d'accréditation syndicale. Suite à cela, il a fallu nommer des gens, afin d'établir une convention. Vu ma grande facilité à m'exprimer, les copains pensèrent à moi pour siéger comme président d'unité locale. J'acceptai sur-le-champ, sans trop réfléchir à quoi je m'engageais. C'est en voulant prendre des notes sur ces documents que j'ai pris conscience que mon français écrit était très faible. De plus, mon fils qui commençait son primaire, présentait certaines difficultés d'apprentissage et je ne pouvais l'aider. Suite à tous ces événements, avec courage et enthousiasme, je m'inscrivis à des ateliers d'alphabétisation.

Savoir lire et écrire m'a amené à faire du bénévolat. Je suis dans la brigade des pompiers volontaires depuis dix ans. Actuellement, j'y suis secrétaire. Je dois dicter les procès-verbaux des réunions, faire les chèques et autres tâches quotidiennes. Comme autre activité de bénévolat, je suis membre directeur d'un club privé de chasse et pêche ayant 69 membres.

Les comités où je roule ma bosse dans le cadre de mon travail, touchent l'environnement et l'amélioration des méthodes de travail.

J'entrevois l'avenir avec beaucoup plus d'assurance et de gaieté qu'auparavant. Je désire continuer mes cours d'alphabétisation parce qu'il y a toujours place à l'amélioration. De plus, je m'occuperai de mon fiston afin qu'il n'ait pas à subir les mêmes chagrins que moi et qu'il ne perde pas les choses déjà apprises. Aujourd'hui, je suis convaincu qu'avec de la volonté et des efforts, on peut toujours s'améliorer et obtenir du succès.

Jean-Gérard



De la ville à la campagne

Avant je vivais à Montréal. J'y ai fait beaucoup de folies. Après deux semaines de fréquentation, je me suis mariée avec un Algérien pour le faire immigrer, mais ça n'a pas marché. Le mariage non plus n'a pas fonctionné parce qu'il était malade, mais ça, je ne le savais pas. Nous nous sommes séparés et je suis tombée en dépression.

De la ville, mes parents sont alors déménagés en région et ça m'a donné un coup quand j'ai su qu'ils s'étaient acheté une maison. Je ne pouvais pas imaginer vivre sans eux. Alors je suis venue à la campagne, mais j'avais peur parce que je ne la connaissais pas. Moi, je suis de la ville.

Après un bout de temps, je me suis fait des amis et j'ai commencé à aimer ma vie ici. J'ai aussi appris à connaître mes parents, à les redécouvrir. En venant au groupe d'entraide l'Eveil, je me suis fait d'autres amis. J'aime tout le monde au groupe d'entraide et toutes les activités sont « le fun ». On sent que les employés sont là pour nous aider. Pierrot m'a même accompagnée pour magasiner et m'acheter un ordinateur.

J'ai emprunté de l'argent pour l'acheter. Maintenant, je peux « chatter » avec mes nouveaux amis en Algérie.

Avec mon ordinateur, je pourrai écrire un livre sur ma vie, un projet que j'ai en tête depuis longtemps. Je voudrais raconter ma vie à Montréal, puis à la campagne et ma maladie, la schizophrénie. Je pense qu'on peut toujours avoir une chance de s'en sortir même si parfois, c'est très difficile. Il y a moyen de vivre heureux peu importe où l'on est, pourvu qu'on soit bien dans sa peau, pourvu qu'on s'aime et qu'on se sente aimé.

Hélène



L'instruction, c'est important

Quand j'étais jeune, je ne trouvais pas important d'étudier, jusqu'au moment où j'ai décidé de joindre les forces armées. En fait, j'avais quitté l'école avec seulement deux mois de complétés dans ma septième année du primaire. J'ai ensuite travaillé dans les chantiers de bûcherons, mais je ne faisais pas le poids contre la scie mécanique d'une quarantaine de livres. J'avais toujours caressé un rêve, soit celui de joindre les forces armées. Quelle déception pour moi lorsqu'on m'a dit que je n'étais pas assez instruit. Heureusement, à cette époque de la guerre froide, il y avait menace de conflit nucléaire et les Forces armées du Canada dispensaient des cours de survie nationale. Je me suis inscrit à ces cours qui duraient six semaines. Une fois les cours terminés, on nous offrait de joindre les forces, ce que je fis sans hésiter.

Tout allait bien avec mes deux mois de septième année, jusqu'au jour où j'ai commencé à progresser en grade et que j'ai eu des hommes sous ma charge, sur lesquels je devais écrire des rapports de rendement. Je devais toujours faire vérifier ces rapports par mon épouse.

C'est à ce moment que j'ai décidé de m'inscrire à des cours du soir pour obtenir les notes requises et continuer à progresser dans ma carrière. J'ai suivi des cours pendant trois ans, à raison de trois soirs par semaine. En 1985, j'ai réussi les examens du ministère de l'Éducation et obtenu une équivalence de secondaire V. Grâce à cette note dans mon dossier personnel, j'ai pu évoluer graduellement dans ma profession.

À ma retraite depuis quelques années, j'ai décidé de m'inscrire à des cours d'alphabétisation pour améliorer mon français, cela, tout en rencontrant des gens très sympathiques avec lesquels il est bon de faire une bonne jasette sur des sujets d'actualité. Tout ça pour vous dire qu'il ne faut pas avoir honte de chercher à s'améliorer, car celui qui a peur de demander, a honte d'apprendre.

Anonyme



Le goût de s'impliquer

Je viens d'une famille de 7 enfants. On vivait sur une ferme, une petite ferme familiale avec des poules, des vaches et d'autres animaux. J'aimais les travaux de la ferme, j'aimais être dehors, traire les vaches, réparer les clôtures. Puis, j'aimais m'impliquer dans la maison à faire du ménage, de la peinture.

Un jour que ma mère était partie, j'ai décidé de faire de la peinture. Je me disais que j'étais capable, j'avais 12 ans. Lorsqu'elle est revenue, elle a trouvé ça très bien. Depuis ce temps-là, quand elle a besoin de peinturer, elle m'appelle. J'ai été à l'école jusqu'en secondaire I. Je n'aimais pas beaucoup l'école. Je préférais les travaux manuels. Par la suite, j'ai commencé à garder des enfants. J'adore les enfants, j'en garde encore aujourd'hui. J'ai fait aussi beaucoup de travail bénévole dans les bingos, les fêtes champêtres, le soixante-quinzième anniversaire de mon village. Je n'ai pas peur d'essayer de nouvelles choses: j'ai déjà travaillé au casse-croûte, j'ai même rentré du bois de poêle pour quelqu'un qui avait besoin d'aide. Puis, j'ai fait des ménages. Un jour, une personne âgée me demanda si je faisais des ménages. Je lui ai dit oui; je lui ai dit aussi que je n'étais pas vite, mais que je travaillais bien comme si c'était chez nous.

Après la première journée, elle m'a engagée et, par la suite, elle m'a référée à toutes ses sœurs. J'ai travaillé pendant 4 ans, le printemps et l'automne, à faire des grands ménages.

Quand je me suis mariée, j'ai arrêté de travailler. On a essayé de vivre à la ville pendant un an, mais je suis une fille de la campagne et on est revenu ici. On a eu notre maison, puis là, il y avait plein de travail à faire. On aidait aussi les autres. Mon mari est comme moi, il se donne beaucoup et il aime aider les autres.

Lorsque j'ai entendu parler de l'Éveil, j'ai téléphoné pour m'informer. Ça m'a intéressée et j'ai commencé à participer aux activités. Là, je me suis fait des amis et j'ai pu m'impliquer. Le médecin me dit de penser plus à moi et moins aux autres, mais je suis comme ça depuis toujours. J'ai continuellement le nez fourré partout. Aujourd'hui, j'aime ce que je fais et je trouve mon bonheur en m'investissant pour aider les gens autour de moi.

Guylaine



Rencontre avec la lumière divine

Quand j'étais petite, grâce à ma grand-mère, j'ai reçu l'éducation qu'il fallait pour croire en Dieu. Comme tout enfant, j'ai appris des prières par cœur sans savoir ce que cela voulait dire. À l'époque, dans les écoles, il fallait tout apprendre par cœur. J'ai choisi Sainte-Thérèse comme modèle, car on devait avoir une « idole » sans se poser de questions.

Quand j'ai été plus âgée, je passais mon temps à parler à Jésus, mais je n'avais pas de réponse. Après cela, j'ai commencé à parler à Dieu directement et encore pas de réponse. C'est au cours d'une fin de semaine de réflexion en groupe, accompagnée d'une équipe de guides spirituels, que j'ai vraiment rencontré Dieu et qu'il est entré dans mon cœur. Je lui ai demandé de me faire connaître son fils Jésus. Je vivais alors une grossesse difficile, à risques même. Mon médecin avait peu d'espoir pour l'enfant et craignait pour ma santé. Mais, je savais au plus profond de moi que nous étions protégés. Mon fils est né et depuis ce jour, il est en bonne santé.

Quand j'ai eu 27 ans, les Filles d'Isabelle voulaient m'offrir un cadeau et j'ai demandé une Bible.

J'ai commencé à lire avec une soif énorme. De plus en plus, j'ai appris que je devais croire en la Sainte-Trinité avec tout mon amour et me faire confiance avec toute mon âme. J'ai découvert que Dieu nous donne le pouvoir de choisir notre destin.

J'ai appris à aimer mes proches même si parfois cela est très dur. J'ai trouvé le courage de guérir des vieilles blessures d'enfance. C'est Jésus qui m'a montré le pardon, qui m'a donné ce cadeau inestimable de pouvoir pardonner à ceux qui m'avaient blessée. J'ai continué à lire la Bible, à apprendre l'histoire et la parole de Dieu et à l'intégrer à ma vie quotidienne, et ce, jusqu'à aujourd'hui.

Vingt ans plus tard, mon frère m'a téléphoné pour me dire que ma mère se mourait. Lui et le médecin étaient convaincus qu'il ne lui restait qu'une heure ou deux à vivre. J'étais certaine qu'elle allait m'attendre, parce qu'elle m'avait demandé de prier pour elle afin qu'elle soit pardonnée de ses péchés et qu'elle puisse mourir en paix.

J'ai eu le temps de me rendre à son chevet et un peu avant sa mort, j'ai senti que son heure était arrivée.


C'est là que j'ai eu la chance de voir cette belle, immense et brillante lumière; ma mère était sur le point de partir et de passer dans cette lumière. Là, j'ai vraiment cru en Jésus.

J'ai appris aussi que lorsque ça va mal, je donne tout ce mal à Jésus avec mon cœur et le mal disparaît complètement. Le pardon est vraiment un miracle de Dieu. Maintenant, je sais que je suis son enfant aimée.

Une enfant de Dieu, Elaine



Un accident de parcours

Il y a plusieurs années de cela, j'étais agent de bureau pour le ministère des Transports. Les fins de semaine, je bûchais sur mes lots à bois et je rénovais ma maison et mes logements. À l'occasion, j'allais à la chasse et à la pêche à mon chalet. Je me rappelle aussi d'un voyage à Old Orchard Beach avec ma femme et mes deux enfants, où nous avions eu beaucoup de plaisir.

En 1987, tout bascula. A la suite d'un accident cérébro-vasculaire, je paralysai du côté droit et perdis tout ce que je savais. C'est comme si j'étais redevenu bébé. J'ai été hospitalisé pendant trois mois et ensuite, j'ai fait un séjour au Centre François-Charron.

Durant la semaine, je travaillais intensivement, entouré de plusieurs spécialistes. A l'aide d'un écran et d'images, des orthophonistes m'aidaient au niveau de la communication. Avec la physiothérapeute, j'effectuais plusieurs exercices pour ma jambe et mon bras droits. C'est grâce à l'ergothérapeute que j'ai revu la notion du temps à l'aide d'un calendrier et d'une horloge. De plus, je réalisais quelques travaux manuels.

Les fins de semaine, j'avais congé et je sortais dans ma parenté. Ma famille et mes amis m'ont beaucoup supporté tout au long de ma réadaptation.

Aujourd'hui, grâce à un travail acharné et une grande motivation, je suis devenu une personne autonome. Je réapprends à lire, à écrire et à calculer. Je suis membre d'un conseil d'administration. Je bricole de nouveau. Je fabrique mon vin et ma bière. Malgré tout cela, il est difficile pour moi d'accepter ma situation. Je garde espoir qu'un jour mon bras pourra redevenir fonctionnel. Bref, je fais confiance à la vie.

Louis



Jamais trop tard

Il y a quatre ans, j'ai commencé à suivre des cours pour apprendre à lire et à écrire. Au début, ça me gênait, car pour moi, c'est un handicap de ne pas savoir lire et écrire. Mais, je me suis dit qu'à cinquante ans, il était grand temps d'apprendre.

Je me suis alors mise à dire: «Je ne sais pas lire et écrire, aidez-moi!». J'ai passé tant d'années à vivre des situations embarrassantes et humiliantes. Imaginez le jour où mon mari a découvert mon secret, après trois ans de vie commune! Laissez-moi vous dire que ce n'est pas facile de vivre en cachant une si grande vérité à des gens qu'on aime. Il faut toujours trouver des détours, se donner des trucs afin d'éviter d'être découvert.

C'est certain qu'après cette révélation, ma vie est devenue moins compliquée dans le sens où je n'avais plus à me cacher de cela, mais pas plus facile pour autant lorsque mes enfants ont commencé l'école. Je ne pouvais leur montrer leurs devoirs moi-même. Une voisine devait venir aider ma fille aînée à les faire. Ensuite, pour les autres, c'est elle, l'aînée, qui les aidait.

Puis, ça a continué, mais toujours en rencontrant des situations gênantes, car la vie quotidienne est remplie d'occasions où l'on est amené à lire ou à écrire. Par exemple, au restaurant, lorsque la serveuse nous apporte le menu pour choisir notre repas, c'est assez embêtant. On attend qu'elle parte et, soit on se fait lire le menu par une personne qui nous accompagne, soit on prend quelque chose qu'on est certain qu'ils ont.

Ce fut la même chose lorsque je suis allée passer un séjour à l'hôpital et que l'infirmière m'a apporté la feuille du menu que je devais remplir. La première fois, c'était il y a plusieurs années. J'ai alors prétexté que j'avais un vilain mal de tête. Une autre fois, j'ai dit que j'avais égaré mon crayon. Par la suite, je lui ai avoué : «Remplis-la, je ne sais pas lire». C'est certain, ce n'est pas facile à dire, mais c'est tout de même mieux que de manger n'importe quoi.

Un autre mauvais souvenir est celui du jour où je suis allée pour passer mon permis de conduire et où l'on m'a déchiré la feuille du questionnaire en pleine face. Toute une humiliation! Maintenant, je sais que j'y retournerai et quand je sortirai de là, j'aurai rempli le questionnaire et obtenu mon permis.

Aujourd'hui, si je suis des ateliers d'alphabétisation, c'est pour éviter de revivre toutes ces situations embarrassantes. Je garde espoir et je suis très encouragée d'apprendre.

Gaétane


Le Groupe Alpha des Etchemins

Issu de la volonté du milieu de se doter d'un organisme communautaire offrant de la formation de base en lecture, en écriture et en calcul, Le Groupe Alpha des Etchemins a été mis sur pied en 1996.

Notre territoire d'intervention est immense. Nos locaux sont situés sur les berges du lac Etchemin. Depuis 1996, notre organisme est en constante évolution et nos activités de plus en plus diversifiées: alphabétisation, développement des compétences parentales, ateliers de raisonnement logique, projet IFPCA (Initiatives fédérales-provinciales conjointes en matière d'alphabétisation)... Nos participants, l'essence même de l'organisme, ont su, avec le temps, tisser des liens entre eux et développer un sentiment d'appartenance au groupe. Nous participons activement à la vie communautaire de la région : projet d'aide à l'éveil à la lecture et à l'écriture, Centre communautaire et différentes tables de concertation. Pour tout dire, nous sommes une bien belle « gang ».

Dans le cadre des projets IFPCA, le Groupe Alpha des Etchemins a déjà produit un document pédagogique intitulé, Alpha et tradition orale, MRC des Etchemins, disponible à nos bureaux.


Ateliers de lecture, d'écriture et de calcul

Respect du rythme de chacun

Ateliers par petits groupes

Service gratuit

Groupe Alpha des Etchemins

201, rue Claude-Bilodeau, suite 17

Lac-Etchemin (Québec) GOR 1SO

Tél. et téléc: (418) 625-2550

Courriel : alpha@sogetel.net