2001, année internationale des bénévoles : communautés culturelles

TABLE DES MATIÈRES

Mot du directeur général

De Haïti à l'Ontario en passant par le québec

Un message de paix lancé par la la fondation kim phuc internationale (Québec)

Le bénévolat et langue des noirs du Québec

Femmes sans frontières

Quand le professorat mène au bénévolat

Aide aux femmes : analphabètes et démunies de Docajou

Les partenaires de l'Association de la Haute-Égypte

La part du dragon pour les bénévoles

Dans le Centre du Québec, une bouffée de la suisse

L'espéranto : Une langue et une communauté basées sur la bonne volonté

Escola Santa Cruz : Falando portugês em Montreal

Les immigrants et le bénévolat

Notes

Remerciements

  • Samuel Montas, Le Conseil des organismes francophones de la région de Durham
  • Louise Gagné et Michel Filion, Communicateurs du Fauve, Fondation Kim Phuc Internationale (Québec)
  • Dan Philip et Marguerite Rurema, La Ligue des Noirs du Québec
  • Marina Twibanire, le personnel et les bénévoles, Femmes sans frontières
  • Omar Aktouf, professeur, École des Hautes Études Commerciales
  • Aline Laurent
  • Marie-Claudette Ciriaque et Nerdy Pierre, Epmandok
  • Rami Hamam, Partenaires de l'Association de la Haute-Égypte pour l'éducation et le développement
  • Nancy Neamtan, Chantier de l'Économie sociale
  • Sylvie Parent
  • Sunny Lam, La course de bateaux-dragons
  • Margrit Schmuki, Club de lutte suisse, Centre du Québec
  • Steve Brunelle
  • Jessy Lapointe, Société québécoise d'espéranto
  • Joaquina Pires, Ville de Montréal
  • Carol Ann Namur
  • Le-An et Le-Nhung, Palais d'Orient

Organisme collaborateur

Ministre des Relations internationales, Programme d'invitation et d'accueil de personnalités étrangères

Équipes techniques

Année 2000

Steve Brunelle, Chantal Breton, Pierre Riley. BeauGraf communication

Présente édition

France Moreau, Pierre Riley, Mélanie Calieriez, Aline Laurent, BeauGraf communication

La petite fille nue de cette photo tristement célèbre est Kim Phuc Phan Thi à 9 ans.

Madame Kim Phuc Phan Thi, aujourd'hui âgée de 38 ans, a gentiment accepté de poser pour la page couverture du cahier « Bénévolat et Communautés culturelles »

Page couverture : de gauche à droite, de haut en bas

Le-An, Louise Gagné, Le-Nhung, Kim Phuc Phan Thi

Droits d'auteur

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ISBN : 2-922722-03-1

Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec

Bibliothèque nationale du Canada

Mot du directeur général

Samuel de Champlain et Mathieu De Coste en 1606

Pierre Riley

Irlandais de 5e génération

Directeur général

Fédération des centres d'action bénévole du Québec

Samuel de Champlain est arrivé en Nouvelle-France en 1606. Parmi les marins qui avaient traversé l'Atlantique avec lui, se trouvait Mathieu De Coste. Samuel de Champlain faisait appel à Mathieu De Coste lors de ses expéditions parce que ce dernier était doué pour les langues. Il en connaissait plusieurs dont le français et le micmac. C'était un homme éduqué qui fut l'un des fondateurs de « l'Ordre du bon temps », le plus vieux club au Canada.

Mathieu De Coste était noir

De Port-Royal en 1606 au Québec d'aujourd'hui, nos terres ont toujours accueilli des citoyens à la peau plus ou moins foncée et qui priaient dans des temples plutôt que dans des églises. Certains ont installé leur famille, il y a quelques . générations déjà. D'autres plus récemment, ont fui des conditions horribles pour revendiquer un statut de réfugiés. Qu'ils vivent ici depuis deux siècles où qu'ils soient arrivés hier, nous disons d'eux qu'ils sont membres de communautés culturelles. (Entre nous, lors de nos recherches préparatoires pour la rédaction de ce numéro, plusieurs immigrants vivant dans la métropole citent les communautés chinoise, haïtienne et juive et ajoutent « communauté montréalaise » lorsqu'ils désignent les blancs-francophones-catholiques).

Dans ce cahier, « Bénévolat et Communautés culturelles », il sera question de ces nouveaux Québécois qui donnent du temps. Au fil des prochains articles, ils raconteront que leur engagement bénévole a souvent favorisé leur intégration dans la communauté d'accueil. Mais leur engagement prend des formes différentes. Souvent, ils sont membres de groupes qui soutiennent des programmes établis dans le pays qu'ils ont quitté. Il y a ceux aussi qui veulent perpétuer leur culture d'origine au Québec et qui veulent que leurs enfants n'oublient jamais la langue maternelle, leurs danses, leurs chants. Ces bénévoles ont déjà teinté nos organismes et nos organismes ont influencé ce qu'ils sont.

Le hasard veut que lorsque nous écrivons ces mots, les deux tours du World Trade Center viennent à peine de s'écrouler... Voilà la bêtise humaine alimentée par les incompréhensions de toutes sortes. En cette Année internationale des bénévoles, souhaitons que nos organismes offrent à chacun de nos bénévoles l'occasion d'apprécier la différence et la complémentarité de l'autre.

De Haïti à l'Ontario en passant par le québec

Heureux qui, comme Samuel Montas, a fait du bénévolat

Je suis arrivé en Ontario en 1988 avec ma petite famille et depuis je n'ai cessé de travailler dans le secteur du bénévolat. J'ai continué à donner du temps comme je l'ai fait lorsque j'ai immigré à Montréal. Dès mon arrivée à Durham, j'ai offert mes services comme bénévole à l'école de mes enfants et c'est là que j'ai appris à connaître les gens et leur milieu. Le bénévolat est un moyen très efficace de faire la connaissance des gens, vivre plus près d'eux et apprendre les us et coutumes du pays d'accueil. Grâce à cette proximité, les immigrants apprennent à connaître la communauté d'adoption et l'inverse est vrai aussi. Précisons qu'ils ne sont peut-être pas nombreux, mais il existe une bonne proportion de gens, en Ontario et ailleurs, qui donnent de leur temps pour servir dans des organismes à buts nonlucratifs et cela dans toutes communautés, races et cultures confondues. Fait à noter, les bénévoles immigrants sont peut-être plus jeunes et plus instruits.

On a tendance à croire que les immigrants donnent moins de temps bénévole ou prennent peu part aux travaux communautaires. Bien au contraire, ils sont nombreux ceux qui comme moi, le pratiquaient bien avant leur entrée au pays. Mais la pratique du bénévolat prenait des formes différentes dans leur pays d'origine. Il était loin d'être aussi bien organisé qu'ici. C'était plutôt des initiatives timides de groupes formés de jeunes et/ou d'adultes, fort souvent appelés des clubs. Même que dans certains pays, les regroupements de gens actifs donnant bénévolement des services communautaires peuvent être interprétés comme une action politique dirigée contre le régime en place. Sauf lorsque les ONG sont officiellement reconnues... À tire d'exemple, en Haïti, il y a le « combit ». C'est une forme de bénévolat qui est la réunion d'un groupe de gens vivant dans un quartier et qui exécute collectivement un travail spécifique. Cela se passe le plus souvent à la campagne entre les cultivateurs au cours des périodes de récoltes et de semences.

Une fois arrivés au Canada, les immigrants, après une période d'adaptation, participent grandement aux travaux bénévoles d'organismes sans but lucratif, particulièrement les organismes où leurs compatriotes en sont les bénéficiaires immédiats. Cependant il y a les immigrants qui ne participent pas et parfois ne peuvent le faire. Ces derniers doivent travailler durement pour soutenir leur famille, souvent restée au pays d'origine.

Le Canada est reconnu à travers le monde pour ses gens de générosité, de charité et de compassion. Nous sommes les premiers à offrir notre aide au niveau international en temps de crises et de catastrophes naturelles. Cet empressement fait en sorte que des milliers de gens arrivent au pays comme immigrants et réfugiés politiques, à cause de notre qualité de vie, de nos politiques sociales et... de notre régime d'assurance santé. Ce pays pourrait-il garder son image de pays généreux et charitable sans l'apport des bénévoles? Aurait-il les moyens de conserver sa politique sociale et son système de santé sans un système de bénévolat efficace ? Certainement non.

Ontario

par Samuel Montas

Je pourrais appliquer le même raisonnement pour le fait français. Je me demande, parfois, ce que serait la francophonie sans eux. Le français serait-il encore parlé?

La région de Durham est située à l'est de Toronto. La population actuelle de francophones serait de 9000, dont la plus grande partie est localisée à Oshawa, soit 60 % dans la zone Oshawa/Whity. Au total, les francophones constituent environ 3 % de la population. Lorsque je suis arrivé, je ne pensais pas trouver une école française et une communauté organisée. Mais vu les conditions minoritaires des francophones, les défis sont grands et les tâches à accomplir sont stimulantes. Ici on ne prend rien pour acquis. Tout est à faire.

Au bout de quelques années, j'ai été élu conseiller scolaire. Notre équipe partage la même vision et les même objectifs : faire la promotion de la culture française dans la région, accueillir les nouveaux arrivants francophones du Québec et d'ailleurs, et perpétuer la présence francophone. Ici le travail n'a pas de couleur. C'est un chantier ouvert qui a un grand besoin d'ouvriers. Tout le monde y contribue selon ses connaissances et ses expériences personnelles. Comme membre d'une minorité visible, je n'ai aucun problème à m'y intégrer et à y travailler positivement. Bien sûr, il y aura toujours une ou deux personnes plus réticentes, mais je ne m'en fais pas outre mesure, puisque je sais qui je suis et ce qui me motive.

La persévérance de notre conseil scolaire et notre volonté de réussir et de doter notre communauté d'un bien durable, représentatif, voilà ce qui nous a permis d'obtenir du gouvernement de l'Ontario la construction de la première école secondaire de langue française de la région. Par la suite, au niveau provincial, les Franco-Ontariens ont obtenu le droit d'administrer leurs conseils scolaires catholiques et publics.

La population francophone est bien enracinée dans la région de Durham puisqu'elle possède ses propres institutions et de nombreux organismes sociaux et sportifs. À Oshawa nous avons la paroisse Assomption de Notre Dame, et une salle culturelle, L'Amicale, le centre culturel, le C.O.F.R.D. (Conseil des Organismes Francophones de la Région de Durham), l'école élémentaire catholique Corpus-Christi, à Whitby, l'école secondaire Saint-Charles-Garnier, à Ajax, l'école élémentaire Notre-Dame-de-laJeunesse, l'école publique Antonine-Maillet à Oshawa, et enfin un service de garderie dans chacune des écoles, connu sous le nom Garderie Le Lucioles. Toutes ces réalisations sont dues au travail acharné des milliers de bénévoles de la région.

Voilà donc une histoire à succès, fruit du bénévolat, dans la petite communauté francophone de la région de Durham. De mon avis, tout va très bien au niveau de l'administration des services bénévoles. Comme président du conseil d'administration de C.O.F.R.D. et de L'Amicale, je continuerai à donner le mieux de moi-même pour défendre la cause de la francophonie dans la région, en étroite collaboration avec les gens du milieu.

Au cours du 20e siècle, le secteur du bénévolat s'est considérablement développé ; et actuellement, il occupe une place importante dans notre infrastructure sociale. Les statistiques concernant le bénévolat sont très encourageantes et démontrent le caractère généreux de notre population. On dénombre dans tout le Canada 7,5 millions de bénévoles, consacrant chaque année environ 1,1 milliard d'heures de services, pour une valeur de 13 milliards de dollars. Ce sont là des chiffres qui démontrent l'importance de ce secteur dans la vie quotidienne des citoyens.

Au fil des années un changement radical s'est produit dans le domaine du bénévolat. En effet, grâce au travail acharné des bénévoles, ce secteur de services publics a obtenu ses lettres de noblesse. Désormais, les divers gouvernements participent en subventionnant des programmes spécifiques liés au bénévolat. Le changement le plus marqué est celui de la participation grandissante des jeunes bénévoles dans des organismes de services communautaires, car les employeurs reconnaissent l'importance de cette expérience particulière. En Ontario, le gouvernement, afin d'encourager le civisme et promouvoir les valeurs d'entraide, exige que les élevés effectuent un minimum de 40 heures de service communautaire. Les étudiants doivent s'engager bénévolement pour obtenir leur diplôme d'étude secondaire.

Comme immigrant, je crois qu'il est de mon devoir de participer à ce grand chantier culturel et communautaire. Car chaque jour, des hommes et des femmes travaillent dans l'ombre pour faire aider ceux et celles qui ont besoin d'amour et de charité. Le bénévolat est une école de la vie et aussi un moyen de connaître le pays et ceux et celles qui l'habitent. C'est une expérience enrichissante pour ceux et celles qui veulent bâtir quelque chose de solide pour l'avenir et renforcer leurs liens avec les différentes communautés.

Un message de paix lancé par la la fondation kim phuc internationale (Québec)

De gauche à droite, les membres du conseil d'administration de la Fondation Kim Phuc Internationale (Québec) Mme Agathe Plamondon, Mme Louise Angers, Mme Louise Gagné, Mme Kim Phuc Phan Thi et M. Michel Filion.

Madame Kim Phuc Phan Thi, présidente de la Fondation Kim Internationale et ambassadrice de bonne volonté de l'UNESCO pour une culture de la paix, a présenté au public, le 24 septembre dernier, sa Fondation Kim Phuc Internationale (Québec). Lors de cette inauguration, les membres du conseil d'administration ont été présentés.

En 1972, la photographie d'une petite fille de neuf ans, Kim Phuc Phan Thi, fuyant une attaque au napalm au Sud Viêt-Nam a saisi les éditeurs de journaux à travers le monde. Elle a été publiée en évidence à la une des premières éditions, accompagnée d'une histoire dramatique en pleine évolution. Tous ceux qui la voyaient en restaient bouleversés. C'est pourquoi aujourd'hui, madame Kim tient tant à aider les enfants victimes des guerres et des conflits armés.

Compte tenu de la situation actuelle qui persiste aux États-Unis, la Fondation Kim Phuc Internationale (Québec) a profité de son lancement pour promouvoir la paix dans le monde. « Comme j'ai vécu la guerre, je connais la valeur de la paix; comme j'ai vécu dans un régime communiste, je connais la valeur de la liberté; comme j'ai souffert, je connais l'importance de la guérison; comme j'ai vécu la colère, je connais l'importance du pardon », a déclaré madame Kim.

Il ne faut pas laisser souffrir les enfants, comme elle a souffert, puisque ce sont d'innocentes victimes. Selon les Nations Unies, les guerres en cours ont causé la mort de plus de deux millions d'enfants. Six millions sont handicapés de façon permanente et plusieurs millions ont été meurtris.

La Fondation Kim Phuc Internationale (Québec), un organisme sans but lucratif, a donc été créée en cette Année internationale des bénévoles, afin d'aider les enfants en détresse, victimes de guerres et de conflits. Ses membres s'engagent à fond dans l'implantation de la Fondation Kim Phuc Internationale (Québec) et désirent sensibiliser le public aux besoins des enfants et de leurs familles partout dans le monde, comme près de nous. Ils tiennent à établir des collaborations avec des intervenants qui viennent en aide directement à ces enfants.

Le premier projet de la Fondation Kim Phuc Internationale (Québec) se situe en Roumanie, en collaboration avec Médecins du Monde. Il consiste à appuyer les professionnels roumains du Centre de conseil de la Fondation pour l'enfant de Bucarest. Il s'agit d'un centre de soins pour enfants victimes de violence et de maltraitance, où des spécialistes conseillent et forment une équipe pluridisciplinaire pour la prise en charge médicale, psychologique et sociale des enfants.

Le projet prévoit qu'un minimum de 150 à 200 enfants violentés seront traités, ce qui représente de 600 à 900 consultations, au cours de l'année 2001. La prise en charge globale est assumée par l'équipe des soignants roumains auprès de qui Médecins du Monde apporte conseil et formation professionnelle. Cette aide commence dès l'urgence signalée au téléphone et inclut les stratégies de sensibilisation auprès des familles, de la communauté, de l'opinion publique et des médias, en guise de prévention.

Toute l'équipe de la Fondation Kim Phuc Internationale (Québec) s'investit bénévolement comme l'ont fait jusqu'à présent les fondations de Chicago et de Toronto. Elle met toutes ses énergies et son temps à l'élaboration de projets qui seront réalisés à travers le monde.

Le conseil d'administration est composé de madame Agathe Plamondon, qui agit à titre de présidente; de monsieur Michel Filion, qui occupe le poste de vice-président ; de Me Michel Towner, qui a été nommé secrétaire; de madame Louise Gagné, qui s'occupe de la trésorerie et qui siège aussi sur le Comité de l'Année internationale des bénévoles 2001 au Québec; ainsi que de madame Louise Angers, qui est administratrice pour la région de Québec.

Québec

La ministre d'État aux Relations internationales du Québec et ministre responsable de la Francophonie, madame Louise Beaudoin, également responsable du Secrétariat à i'aide internationale, appuie les objectifs visés par madame Kim et la Fondation Kim Phuc Internationale (Québec). Lors du lancement de la Fondation, elle a annoncé une subvention de 30000 $ qui servira à l'aide humanitaire en Roumanie. L'équipe bénévole du Québec est donc prête à recevoir des dons de toutes sortes, provenant autant des individus, des organismes, des entreprises, du gouvernement, que des associations.

Lors de la présentation de la Fondation Kim Phuc Internationale (Québec), le site Internet de la Fondation Kim Internationale a aussi été lancé. De nombreuses personnes de Vidéotron ont participé activement à l'élaboration de ce site, dont l'adresse est www.kimfoundation.com. La Fondation Kim Internationale souligne toute sa reconnaissance envers Vidéotron.

www.kimfoundation. com

Le bénévolat et langue des noirs du Québec

Récipiendaire du prix Hommage-bénévolat Québec 2001. Région Montréal

C'est le moment propice de vous parler de l'organisme qui a fait ses preuves dans la défense des droits de la personne et des intérêts de la Communauté noire. Il s'agit de la Ligue des Noirs du Québec, fondée en 1969. Elle est l'un des porte-parole de la communauté noire en matière de la défense des droits de la personne. Pour ne citer que quelques exemples :

  • La Ligue a organisé une conférence avec la CSN sur l'année internationale de l'élimination de la discrimination raciale et l'intégration de la Communauté noire dans le milieu syndical.
  • En ce qui concerne l'emploi, La Ligue appuie toutes les initiatives tendant à faire disparaître la discrimination au niveau de l'emploi. À ce titre, elle fait pression auprès des différentes instances publiques et appuie notamment tous les programmes d'accès à l'égalité.

La Ligue des Noirs du Québec a comme objectifs de :

  • Défendre les droits de la communauté et représenter leurs intérêts.
  • Servir d'instrument d'éducation populaire pour le respect des droits des citoyens.
  • Sensibiliser les gouvernements, les secteurs public, para-public et privé à l'importance de donner des chances et des opportunités égales à tous les citoyens.

Parmi ses fondateurs figure Monsieur Dan Philip; à son arrivée au Canada, il a constaté que la situation des nouveaux immigrants était précaire. C'est ainsi qu'en 1969, il créa un organisme pour défendre la cause des immigrants les plus démunis et ceux de la communauté noire. Homme de cœur et d'action, il ne ménage aucun effort pour intervenir pour la cause des jeunes et de toute personne en difficulté.

Convaincu que la lutte pour les droits de la personne est le seul chemin qui mène à une société plus juste, il s'investit bénévolement en tenant compte du fait que le bonheur de chaque individu fait le bonheur de toute la société. Il a un penchant particulier pour les veuves et les orphelins. Il demeure un phare d'alerte face aux différentes formes de discrimination et abus de pouvoir qui se manifestent quotidiennement dans nos sociétés.

Femmes sans frontières

Madame Twibanire est membre de « Femmes sans frontières », un comité de l'Association des handicapés multi-ethniques du Québec. Les membres de Femmes sans frontières poursuivent les objectifs suivants :

  • Réduire leur isolement, développer leur estime d'elle-même et leur sentiment d'appartenance au Québec, société d'accueil.
  • Développer la prise en charge (citoyenneté) par leur connaissance des ressources mises à disposition du système, des services, afin de pouvoir améliorer la qualité de leur vie.
  • Contribuer au changement de la société par leur engagement dans des activités de promotion et de défense des droits.

Les membres-bénévoles de Femmes sans frontières sont de nationalités et de religions différentes. Certaines ne parlent ni français, ni anglais. Mais elles partagent toutes les préoccupations propres à leur condition commune : être femme immigrante et handicapée. Femmes sans frontières a identifié près de 60 montréalaises qui pourraient adhérer au groupe. Présentement une vingtaine de femmes participent aux activités. Elles se voient une fois par mois, l'accès difficile au transport limitant les déplacements des membres. Pour quelques unes, ces rencontres sont les seules occasions de sorties.

Elles apprécient de se retrouver entre elles, le groupe leur apportant un soutien moral. Elles se soucient les unes des autres. C'est ainsi que grâce à l'intervention de Femmes sans frontières, une dame haïtienne, en réadaptation à Québec après une chirurgie, a pu se sortir de la dépression dans laquelle elle avait sombré. Elle s'était retrouvée seule là-bas, dans un motel, loin de ses enfants. L'association a fait en sorte qu'elle soit relogée en famille d'accueil. Suite à son expérience, cette dame émettait le souhait que Femme sans frontières fasse de l'accompagnement médical et post-chirurgical, un dossier prioritaire.

Le quotidien de ces femmes est particulier. Leur bien-être est lié au soutien donné par certains organismes et ministères. Une part importante de leurs rencontres mensuelles est consacrée à communiquer l'information que chacune des membres a pu glaner un peu partout. Elles ont aussi formé un sous-comité responsable d'inviter des conférenciers qui viendront les entretenir sur des sujets qui les intéressent, notamment les problèmes d'adaptation rencontrés dans le pays d'accueil. Ces thèmes vont des papiers d'immigration au transport adapté. (À cet effet, elles ont récemment joué les délinquantes en manifestant devant les bureaux du ministre Guy Chevrette, pour dénoncer l'inefficacité des transports offerts aux personnes handicapées).

Quelques-unes des membres donnent du temps ailleurs dans d'autres groupes communautaires. Elles racontent que leur engagement bénévole garantit leur santé morale et leur intégration dans la société québécoise. Femmes sans frontières recommande même de militer au sein de groupes de défense des droits ou de siéger à des tables de réfugiés. Enfin, cet automne débutera un atelier animé par l'une d'entre elles : « À l'écoute de ses besoins : recherche de pouvoir personnel ». Chacune sera invitée à identifier et à réaliser ses rêves.

Elles n'ont pas toutes le vécu de la Madame Twibanire. Reste qu'être invité à l'une des réunions de Femmes sans frontières peut s'avérer une expérience troublante. Pas parce qu'on discute avec des dames qui offrent de leur temps bénévolement et qu'elles le font soit en chaise roulante, soit avec un appareil auditif ou avec une canne blanche. C'est troublant parce qu'on se rappelle toutes ses journées où on s'est levé avec « un bouton disgracieux » et que la fin du monde était presque arrivée.

L'Association multiethnique des personnes handicapées du Québec est une initiative de cuisine conduite par Madame Luciana Soave. Italienne d'origine, venue s'installer au Québec avec son fils handicapé, c'est à partir des difficultés qu'elle a rencontrées comme femme immigrante ne parlant pas français, qu'elle a fondé ce groupe. Le message véhiculé est :

Quand le professorat mène au bénévolat

par Aline Laurent journaliste française

Algérie

Omar Aktouf est un professeur émérite de management à l'École des Hautes Études Commerciales (HEC) de Montréal. Si la discipline qu'il enseigne peut, pour beaucoup, s'avérer austère, Monsieur Aktouf la présente sous un visage plus sensible, plus humain. En effet, le professeur s'est forgé, au fil d'un parcours original et varié, une renommée internationale en bâtissant une théorie humaniste du management et de l'économie; pour Monsieur Aktouf, il importe de placer l'être humain au centre des réflexions et des discours économistes.

C'est donc en l'occurrence la défense de cette théorie et l'ensemble de ses travaux qui lui ont donné la notoriété qu'on lui connaît. Outre l'enseignement, Monsieur Aktouf prononce de nombreuses conférences à travers le monde. Comme l'impose un poste à l'université, le professeur est chercheur et a de nombreux écrits à son actif (livres, articles, etc.).

Né en 1944 en Algérie, Omar Aktouf connaît rapidement l'exil, sa famille étant contrainte de quitter le pays suite aux troubles qui s'y passent. La famille Aktouf vivra au Maroc jusqu'à ce que l'Algérie obtienne son indépendance, en 1962.

Par la suite, Monsieur Aktouf suit un parcours universitaire et professionnel tout à fait diversifié. Avant de devenir professeur de management, Omar Aktouf s'intéresse aux lettres, à la philosophie, à la psychologie, à l'économie et au management, autant de disciplines qui lui permettront de concevoir la théorie qu'il défend actuellement. Parallèlement, il occupe différents postes de gestion et d'administration du personnel et de direction dans plusieurs entreprises.

Aujourd'hui, tout en poursuivant l'enseignement et en s'adonnant à des activités connexes (écriture, conférences, etc.), Monsieur Aktouf a de nombreuses autres occupations. En effet, le professeur est l'un des fondateurs du groupe Humanisme et Gestion des HEC, groupe en faveur de l'éducation et luttant contre l'analphabétisme.

Omar Aktouf n'hésite pas à partager son savoir en participant plusieurs fois par an bénévolement à des colloques et à des séminaires, en offrant des conférences dans des pays à l'économie plus fragile (Mexique, Tunisie, Colombie, Algérie...). De même, le professeur a fait don de tous ses droits d'auteur au Fonds humanisme et gestion des HEC, aidant ainsi de façon considérable bon nombre d'étudiants. C'est également dans ce souci de transfert de l'expertise que Monsieur Aktouf écrit régulièrement des articles dans des journaux ou des revues spécialisés en management. Fidèle à son pays d'origine, il offre aussi son soutien à l'association « Enfants d'Algérie » ainsi qu'à la revue ' algérienne de Montréal « Alpha ». Toujours à l'étranger, il est le directeur d'une fondation colombienne dénommée Terra Nova, dont les objectifs sont d'aider au développement des régions paysannes de Colombie.

Enfin, l'engagement d'Omar Aktouf est présent à travers sa participation aux actions de l'association anti-mondialisation SALAMI (sit-in, « teach-in ») et son appartenance bénévole à un groupe d'intellectuels et d'anciens hauts responsables d'états (le Club d'Athènes) développant une réflexion anti-néolibéraliste.1

C'est à vous de vous prendre en main.

Afin d'accomplir sa mission auprès des personnes handicapées des communautés ethnoculturelles, de celles nouvellement arrivées et de leurs familles, l'Association s'est donné les objectifs suivants :

  • Promouvoir leurs droits et défendre leurs intérêts
  • Les conseiller et les orienter vers les ressources et services ; les soutenir dans leurs démarches ;
  • Susciter et entretenir les échanges entre les personnes handicapées et les parents afin de créer un réseau d'entraide;
  • Promouvoir des activités susceptibles de favoriser leur intégration et leur participation, notamment dans le milieu familial, communautaire, scolaire, social, économique, professionnel et culturel ;
  • Informer et former les intervenants, les professionnels et le public sur les besoins très particuliers des personnes handicapées d'origine ethnoculturelle et sur la nécessité de rendre les services plus adéquats, afin de favoriser leur adaptation et leur intégration.

Aide aux femmes : analphabètes et démunies de Docajou

Née pour servir, pour faire avancer l'humanité

Les femmes analphabètes et démunies de Docajou se rassemblent sous le tonnelle pour les préparatifs de la cérémonie d'ouverture le 29 avril 2001

Le 29 avril dernier, Epmandok annonçait à la communauté haïtienne de Montréal que les femmes de Docajou avaient inauguré leur nouveau centre d'alphabétisation et une clinique de premiers soins. Epmandok est un organisme humanitaire, sans but lucratif, qui vient en aide aux femmes et aux enfants analphabètes et démunis de Docajou. L'atteinte des objectifs se fait en partie parce que Epmandok peut compter sur le dévouement de bénévoles au Québec. Une Montréalaise, Marie-Claudette Ciriaque, et tous ceux qui la soutiennent, mettent beaucoup d'énergie à inculquer aux femmes de Docajou le désir d'améliorer leurs conditions de vie.

Docajou est une petite localité rurale de la commune du Belladère, Département du centre d'Haïti. Marie-Claudette Ciriaque y est née. Son père en était un leader estimé. « Le jugement de cet homme était respecté par tous les citoyens de Docajou » raconte Madame Ciriaque. À sa mort, la population s'est sentie orpheline. Qui allait trouver les solutions à leurs problèmes? Cet apitoiement a agacé MarieClaudette Ciriaque. Pour sûr, son père n'aurait pas apprécié l'abattement des citoyens de Docajou. Déterminée, ce serait elle qui prendrait la relève. En 1995, Marie-Claudette Ciriaque et les femmes de la place créaient donc Epmandok.

Haïti est le pays le plus pauvre de la planète. Les moyens dont disposent Epmandok sont en deçà des besoins de l'association. MarieClaudette Ciriaque est à la recherche constante de financement et d'aide de toutes sortes. Elle ' fait de la représentation partout, toutes communautés culturelles confondues. Elle organise beaucoup d'activités pour amasser de l'argent. Elle s'adjoint la collaboration d'artistes et d'organismes haïtiens pour monter des spectacles bénéfices. Elle va aussi chercher le partenariat de la communauté montréalaise. Plus de 100 Québécois lui prêtent main forte dans ses quêtes.

Marie-Claudette Ciriaque s'adresse aux dames du Centre d'alphabétisation de Docajou lors de la cérémonie d'ouverture le 29 avril 2001

On lui remet de l'argent, du matériel scolaire qui ne sert plus, et diverses autres choses dont des services gratuits de traduction français / créole. Epmandok est enregistré ici et en Haïti, Toutefois c'est au Québec que Marie-Claudette Ciriaque recherche des subventions. Devant notre étonnement, elle explique qu'un dossier d'intéressement a été remis à la première dame de la République d'Haïti, Madame Préval, lors de son dernier passage à Montréal. Epmandok est dans l'attente d'une réponse. Toutefois, vue l'urgence des tâches à accomplir, mieux vaut se tourner vers des sources de financement aux rentrées plus rapides.

Marie-Claudette Ciriaque est d'une polyvalence remarquable. Elle est détentrice d'un diplôme d'études secondaires en secrétariat général mais souhaiterait être davantage instruite, notamment en informatique. Elle a la conviction que si elle était plus scolarisée, elle serait davantage stratégique et ses efforts porteraient plus. Mais, poursuit-elle, si j'étais plus intellectuelle, peut-être que mes actions seraient des exercices de réflexion sociologique. Et les femmes de Docajou ont des besoins tellement pressants. Il faut avoir davantage une opinion sur la reconstruction du centre communautaire détruit par l'ouragan Georges en 1998 ou sur la recherche de médicaments pour les victimes du viol de l'an dernier.


Marie-Claudette Ciriaque, assise, honorée lors du Mois de l'Histoire des Noirs.

Consciente de disposer de peu de ressources, Marie-Claudette Ciriaque limite son intervention a Docajou et se désole de ne pouvoir aider Haïti en entier. Son dévouement à la cause de Epmandok est quotidien. C'est pourquoi la ville de Montréal l'honorait au printemps dernier lors du Mois de l'Histoire des noirs. Lorsqu'on lui demande pourquoi ce bénévolat, qui tient presque de la vocation missionnaire, elle répond : Parce que je suis née pour servir et pour faire avancer l'humanité. Récemment lors d'une entrevue à la télévision haïtienne, l'animateur lui demandait si elle n'avait pas l'impression de s'être engagée dans un tunnel sans fin, avec l'impossibilité de faire marche arrière. Elle a réfléchi et a répondu à l'animateur : « Non. Mais, a-t-elle ajouté, si je devais me retirer de Epmandok, qui serait la nouvelle MarieClaudette Ciriaque pour assurer la continuité? »

Et elle termine en disant : AMEN

Les partenaires de l'Association de la Haute-Égypte

Pour l'éducation et le développement

En 1968, six immigrants égyptiens fondaient les Partenaires de l'Association de la HauteÉgypte (PACHE), une corporation ayant pour but de soutenir un organisme égyptien, l'Association de la Haute-Égypte (ACHE). La mission de l'ACHE est d'améliorer l'enseignement scolaire et de favoriser le développement social en Haute-Égypte. Le fondateur de TACHE avait la conviction profonde que la scolarisation des Égyptiens les plus pauvres serait Tune des solutions pour contrer les problèmes de pauvreté, d'ignorance et de maladie. C'est ainsi que depuis plus de 30 ans, les bénévoles montréalais de PACHE mènent des campagnes de financement en organisant des activités, dont le Bal du Fallah.

Les premiers immigrants égyptiens se sont installés au Québec durant les années 60. Ils ont quitté leur pays pour diverses raisons (désaccords religieux, politique, etc.). Ces nouveaux Canado-Égyptiens étaient pour la plupart de condition aisée et détenteurs de diplômes universitaires. Ils avaient pour souvenirs une Égypte aux réalités différentes; l'Égypte paysanne dont les habitants, les fellahs2, connaissaient des vies difficiles, et l'Égypte citadine, plus raffinée, et peut-être insouciante quant au sort de ses nécessiteux.

Parti du Caire, un délégué de l'ACHE est venu rencontrer la communauté égyptienne de Montréal. Il émettait le souhait que tous « deviennent d'excellents citoyens canadiens sans toutefois jamais oublier l'Égypte dans leurs cœurs ». Sensible aux idéaux de TACHE, une petite équipe de bénévoles créait PACHE. En 1969, ils ont amassé 500 $ et finançaient un premier projet. Aujourd'hui, c'est plusieurs milliers de dollars qui sont recueillis par l'organisation.

Recueillir une pareille somme, et ceci presque entièrement lors de la soirée du Bal du Fallah, est le privilège d'une communauté bien nantie. Le programme-souvenir de l'événement compte de nombreuses publicités et messages payés par des gens d'affaires prospères et connus. Ce sont là des signes que la communauté ! égyptienne est bien établie au Québec. Mais malgré cette aisance, on veut réduire au minimum les frais inhérents à l'organisation d'activités, par souci d'envoyer le plus d'argent en Égypte. Chacun des aspects de la planification des événements est assumé par les bénévoles membres de PACHE, l'orga nisation ne comptant aucun employé rémunéré à son service.

À la lueur des sommes amassées, chaque année, le conseil d'administration de PACHE détermine le projet auquel il veut s'associer (construction d'écoles, alphabétisation des fem mes, travaux d'urbanisme, etc.). Les sommes recueillies sont dirigées vers l'Égypte et sont assignées à ce projet. PACHE a aussi intéressé à ses entreprises des organismes québécois et canadiens qui sont devenus des partenaires ponctuels pour des programmes précis. Mentionnons entre autres l'ACDI, Jeunesse du Monde, Carrefour solidarités internationales. Coopération nord-sud en éducation, Développement et paix.

Comme plusieurs organismes issus des communautés culturelles, à moyen terme, PACHE devra régler un problème : la relève chez les Canado-Égyptiens de seconde génération. Ces derniers sont nés ici et leurs racines sont au Québec. Ils n'ont pas les souvenus d'Égypte de leurs parents et se sentent moins interpellés par les préoccupations de PACHE L'organisation a déjà plus de 30 ans. Les membres qui la composent souhaitent que lent œuvre se poursuive même lorsqu'ils auront quitté. On songe envoyer en Haute-Égypte quelques jeunes adultes afin des les sensibiliser à la cause. Une fois sur place, pense-t-on, ils comprendront la nécessité de continuer le travail de PACHE parce qu'ils auront mis des visages et des noms à leurs frères et sœurs d'Égypte. Deux jeunes personnes siègent également au conseil d'administration à l'invitation des administrateurs aînés.

Ce sont autant d'initiatives qui permettront à PACHE de perpétuer les idéaux de l'organisation.

Rami Hamam

Nancy Neamtan. Présidente Chantier de l'Économie sociale

« II existe des voies qu'un peu partout, dans les quartiers des villes centrales, dans les régions, dans les collectivités, des hommes et des femmes ont commencé d'explorer. Ils ne demandent pas mieux que d'aller plus vite, plus loin, en associant à leurs démarches un plus grand nombre de nos concitoyens. Si, un peu partout et dans les milieux les plus divers, le mot partenariat revient si souvent pour décrire ces voies, c'est bien pour exprimer une vérité : la solidarité peut nourrir l'innovation. En favorisant les rapprochements autour de ce qui apparaît essentiel, elle donne des formes concrètes à ce qu'on appelle la qualité des milieux de vie. Elle donne des forces et des moyens qui rendent possibles des audaces parfois insoupçonnées. Un milieu solidaire peut faire de grandes choses [...] » Nancy Neamtan, présidente Chantier de l'Économie sociale Extrait du rapport Osons la solidarité

Dans le documentaire Vers une terre promise I Toward a Promised Land (1997) de la cinéaste Ina Fichman, on voit cette même Nancy Neamtan interprétant des pièces de musique traditionnelle québécoise. Nancy Neamtan est juive. Sa famille s'est installée au Québec voilà plusieurs années et elle est de la deuxième génération.

Nancy Neamtan vit Montréal. Elle est diplômée de l'Université McGill en littérature anglaise et non pas en économie comme le laisserait croire ses présentes fonctions. Elle croit que son engagement bénévole lui a permis de développer au fils des années les compétences qui sont les siennes maintenant. Depuis longtemps, elle œuvre au sein d'organismes se préoccupant de causes sociales : coopérative alimentaire, organisation des droits des assistés sociaux, associations de locataires, etc. « À force de travailler dans des groupes qui cherchaient à résoudre des problèmes sociaux, j'ai fini par démystifier « l'économie » affirme-t-elle. D'ailleurs, elle maîtrise si bien le sujet qu'elle est invitée régulièrement lors de tribune publique. Son opinion diffère parfois de celles de ses vis-à-vis délégués par les institutions financières.

Aujourd'hui, elle est Présidente du Chantier de l'économie sociale. Elle siège comme représentante des organismes communautaires à la Commission des partenaires du marché du travail. Au nombre de ses expériences, mentionnons aussi les postes occupés comme directeure-générale du RESO (1989-96), membre-fondatrice de l'Institut de formation en développement économique communautaire, et membre du conseil d'administration de Centraide (1992-1994).

Madame Neamtan est d'avis que l'économie est dictée par nos choix faits en tant que société. « L'économie n'est surtout pas un phénomène sur lequel les citoyens ne peuvent exercer aucune influence » ajoute-t-elle. La santé de notre communauté est tributaire de rengagement des hommes et des femmes qui y vivent. Le bénévolat dans des groupes communautaires contribue certainement à améliorer la qualité de vie de tous.

D'où lui viennent ses valeurs ? Sont-elles celles véhiculés par la communauté juive ? « En partie oui » réfléchit-elle à haute voix. Bien entendu, on imagine davantage les dames juives participer à des cocktails bénéfices dans les salons de résidences somptueuses, mais il y a aussi des Neamtan qui donne du temps dans des quartiers comme Saint-Henri. Les pratiquants de la religion juive sont tenus de donner à la communauté. (Certains ouvrages publiés annuellement listent les dons en argent faits par les familles réputées généreuses.) Nancy Neamtan, juive, donne autrement et incite ses enfants à suivre ses traces.

La part du dragon pour les bénévoles

Les courses de bateaux-dragons sont à la Chine ce que le hockey est au Québec, c'est-à-dire un sport national. Elles tirent leur origine d'un grand périple naval de 278 av. J.-C, où des habitants d'un village chinois traversèrent la rivière à bord de bateaux-dragons battant des coups de gongs et tambours pour chasser les mauvais esprits et sauver l'âme du poète patriotique Chu Yuan qui s'était suicidé en se jetant dans cette rivière. Depuis, les Chinois commémorent cet important moment de leur histoire en organisant des courses de bateaux-dragons.

Et ce Festival International des courses de bateaux-dragons de Montréal est également une occasion pour la communauté chinoise de Montréal de se faire connaître davantage et de tisser des liens avec les autres communautés du Québec. De nombreux québécois ayant

adopté des enfants chinois y assistent avec grand intérêt afin d'offrir à leurs enfants une parcelle de leur héritage ancestral.

Voici arrivé le grand momentum de la course. Deux grandes associations de familles chinoises vont maintenant se mesurer à des québécois et des améticains. L'annonceur appelle au microphone les cinq prochaines équipes participantes et tous attendent ce moment crucial de la course avec impatience. Les paris vont bon train. Les pagayeurs réchauffent leurs muscles.

Environ 113 équipes participent, chaque année, à ce Festival international des courses de bateaux-dragons de Montréal, depuis maintenant 6 ans. Des équipes réunissant des participants de diverses origines, des québécois d'origine chinoise principalement bien sûr, mais également des québécois de souche, des américains et parfois même des compétiteurs venant d'Europe et d'Asie. Des étudiants, des pompiers, des banquiers, des grandes familles chinoises, des associations diverses, des femmes ayant vaincu un cancer du sein, etc., de même que de nombreuses entreprises qui y ont aussi leur équipe : Bombardier, Le Casino de Montréal, l'Institut de Cardiologie, l'Hôpital Mont Sinaï, Motorola, Nortel Networks, Alis Technologies, etc., bref, un événement réunissant des individus de toutes origines ethniques, culturelles et de divers secteurs d'activités.

L'annonceur appelle les équipes afin qu'elles se réunissent et se préparent à la course. Préalablement, au comptoir d'enregistrement, un responsable a noté le nom de tous les participants. Côté sécurité, un préposé dirige les équipes vers leur quai et retient la foule des spectateurs aux abords du bassin. Un fait est à noter : tous ces gestes sont entièrement bénévoles.

Tous les yeux sont maintenant posés sur les pagayeurs qui prennent place silencieusement dans les bateaux sous l'œil protecteur du dragon. En effet, l'oeil du dragon à la proue des bateaux est réputé protéger des mauvais esprits grâce à une opération pratiquée lors

Dans le Centre du Québec, une bouffée de la suisse

par Margrit Schmuki

Journaliste bénévole

Pourquoi quitter son pays natal, la Suisse, pour exercer le métier d'agriculteur dans un pays étranger ?

Tout d'abord il faut comprendre que la Suisse occupe une superficie qui est 38 fois plus petite que celle de la province du Québec, qu'une grande partie de son territoire est couverte de montagnes, que sa population est d'environ 6,5 millions d'habitants et que le développement industriel et urbain prennent de plus en plus de place. L'ensemble de ces conditions laisse bien peu de place à l'agriculture et a incité plusieurs personnes du domaine à quitter la Suisse pour se trouver du travail à l'étranger. Entre les années 1950 et 1970, ces personnes se sont surtout dirigées vers la Californie, le Wisconsin ou l'Australie. Lorsqu'en 1975, les États-Unis ont fermé fa porte aux immigrants européens, les gens se sont tournés vers le Canada. Entre 1977 et 1995, plusieurs familles provenant de la Suisse se sont établies sur des terres du Québec, de l'Ontario, de l'Alberta et de partout au Canada. Lorsque nous étions en Suisse, mon époux et moi travaillions sur une terre que nous avions en location. Les contrats étaient d'une durée de trois ans et nous nous trouvions dans une situation qui nous ne garantissait aucune sécurité. Au début des années 1980, une des solutions qui s'offraient à nous était de quitter le pays pour l'étranger. Ce fut une décision assez difficile qui nous a demandé énormément de courage, puisque cela signifiait de quitter ce que nous connaissions te mieux pour une terre, une culture et une langue nouvelle. Mais l'idée d'être propriétaire nous a grandement aidé à prendre notre décision.

Pour favoriser l'intégration, les combats de lutte suisse

Au printemps 1983, cinq familles originaires de la Suisse ont fondé le Club de Lutte Suisse du Centre du Québec. Au cours des premières années, ils organisaient une fête par année, l'occasion était parfaite pour nouer des liens dans la communauté et assister à des événements folkloriques et sportifs comme les compétitions de lutte suisse. Ces fêtes sont extrêmement appréciées par la communauté suisse du Québec, puisqu'elles permettent de se rencontrer et de faire de nouvelles connaissances. Ces événements ont également permis des échanges intéressants avec la communauté québécoise, puisque les jeunes ont commencé à inviter les amis qu'ils avaient à l'école et peu à peu les gens ont développé un certain intérêt pour cet événement rassembleur.

Pour organiser ces fêtes, il y a un comité de cinq personnes qui travaillent à titre bénévole et qui organisent quatre compétitions de lutte. Les lutteurs sont récompensés par des prix de toute sorte allant de cloches traditionnelles, à des meubles, tableaux, outils, etc. Ces prix, qui attirent de plus en plus de jeunes de partout, sont achetés avec l'argent rapporté par les commanditaires de l'événement. Aux fêtes, nous servons des saucisses, des grillades, des pâtisseries et des vins suisses. Tous les profits occasionnés par ces ventes sont directement réinvestis dans l'organisation et l'achat de prix pour les prochains événements. À la compétition sportive vient également s'ajouter le folklore. Tout au long de la journée, il y a des prestations de Jodel (chant traditionnel), de cor des alpes, d'accordéon, de cloches et de claquage de fouet. Le soir, nous organisons une soirée amicale où suisses et québécois se retrouvent pour chanter, danser et fraterniser.

Perpétuer la tradition, perpétuer l'amitié

Nous espérons que le club pourra continuer à remplir son rôle de rassembleur pour plusieurs années encore et que les générations suivantes s'engageront à faire du bénévolat. Il y a plusieurs de nos membres qui sont également bénévoles dans d'autres clubs, comme les jeunes ruraux, le comité international, la relève agricole, etc. Pour nous, la plus grande récompense réside dans le fait d'organiser un événement qui plaît et qui réunit les gens.

L'espéranto : Une langue et une communauté basées sur la bonne volonté

L'espéranto n'est pas seulement une langue : c'est aussi le lien qui unit une communauté évaluée à deux millions de personnes disséminées sur les cinq continents. La langue, l'histoire et la culture de l'espéranto sont supportées, depuis maintenant 114 ans, par le levier extraordinaire que représente l'engagement bénévole des espérantophones locaux.

Par Jessy LaPointe. Secrétaire Société québécoise d'espéranto


Escola Santa Cruz : Falando portugês em Montreal

Pour de nombreux parents, la course du samedi matin succède à celle des jours de semaine. Mais au lieu de déposer leurs rejetons àl'école, ils les conduisent à la natation, au karaté, à la gymnastique et autres activités du genre. Or pour des centaines de jeunes Québécois, le samedi est aussi consacré à l'étude. Encadrés par des professeurs et des bénévoles, ces écoliers de fin de semaine étudient la langue et sa culture de leurs aînés. C'est le cas pour plusieurs enfants d'origine portugaise qui fréquentent l'École du samedi.

Lors d'une récente mission économique dans un état américain, Monsieur Bernard Landry racontait qu'ils étaient nombreux, les Québécois qui parlaient deux et trois langues. Cette particularité est souvent le fait d'enfants d'immigrants qui dès un très jeune âge s'expriment dans la langue de leurs parents, mais également en français et en anglais. Les deux enfants de Madame Joaquina Pires, bénévole à l'école portugaise Santa Cruz, ont cette chance.

Joaquina Pires occupe le poste de Conseillère en affaires interculturelles de la Direction générale de la Division des affaires interculturelles de la Ville de Montréal. Madame Pires est d'origine portugaise, mais elle travaille au quotidien avec l'ensemble de la centaine de communautés présentes dans la métropole. C'est une ambassadrice éloquente de la richesse qu'apporte la diversité culturelle. Mais encore plus que son mandat à la ville de Montréal, elle a intégré le discours professionnel à son quotidien. Tous les samedis matins, elle assure bénévolement la surveillance des petits qui se rendent à « L'école du samedi ».

« Le gouvernement du Québec et le ministère de l'Éducation, explique-t-elle, ont mis sur pied le progamme d'enseignement des langues d'origine (PELO) ». En effet, depuis 22 ans, PELO offre aux élèves des communautés culturelles la possibilité d'améliorer la connaissance de la langue et de la culture d'origine.

Ces cours sont dispensés strictement dans les régions qui recensent un nombre suffisant d'élèves. Certains groupes ethniques se sont montrés alertes à implanter ces cours, leur poids démographique et le lobby exercé justifiant qu'on leur fournisse les moyens de s'organiser. Les cours ont lieu du lundi au vendredi, généralement avant ou après les heures régulières. Les cours sont assurés par des enseignants qui appliquent des programmes financés et agréés par le ministère de l'Éducation et les commissions scolaires.

Mais pour la communauté portugaise, c'est surtout la fin de semaine que ça se passe. Du moins pour certains petits québécois d'origine portugaise qui s'inscrivent à l'école du samedi. Ces écoles existaient déjà avant que le PELO ne soit créé et fonctionnent en complémentarité du programme du gouvernement du Québec. Actuellement, elles s'autofinancent à 100 %, bien qu'il y a quelques années le gouvernement accordait un certain appui financier. Chaque samedi matin, deux écoles primaires, dont l'école Santa Cruz, qui abrite 22 classes de la maternelle à la sixième année, et une école secondaire sont fréquentées par les jeunes Québécois qui apprennent la langue et la culture portugaises. Quoique dispensés en milieu communautaire, ces cours sont crédités au dossier académique. Certains enfants fréquentent à la fois le cours du PELO et l'école du samedi.

Pour rendre les écoles communautaires possibles, et ne bénéficiant d'aucune subvention du gouvernement, des frais d'inscription d'une centaine de dollars pour l'année sont facturés aux élèves. Le budget va à payer les enseignants et la location des locaux. Les salaires versés sont minimes mais les professeurs sont là en partie parce qu'ils adhèrent aux objectifs établis par le conseil d'administration du centre communautaire, objectifs qui tiennent compte des orientations prescrites par le comité de parents. Le gouvernement portugais assure la formation des professeurs. Mais pour garantir la viabilité des écoles communautaires et par souci de saine gestion, 30 parents bénévoles à raison de 6 heures / semaine, assurent l'encadrement des écoliers.

Parfois, pense Madame Pires, la bonne marche des écoles communautaires tout comme celle du programme PELO se construit sur la motivation des parents, qui la transposent à leurs enfants. Ce sont 4 heures additionnelles qui s'ajoutent à l'horaire des écoliers... et de surcroît le samedi, comme pour les élèves de l'école Santa Cruz. Des enfants arrivent à trouver lourd ces périodes supplémentaires. C'est peut être ce pourquoi les adolescents ont tendance à décrocher. Ils veulent leur congé comme les Québécois et il y a cet emploi de fin de semaine qu'ils ont trouvé. Mais Madame Pires est d'avis qu'on peut maintenir l'enthousiasme en expliquant ce que l'école peut leur apporter.

Madame Pires raconte qu'il y a cette dame d'un autre âge qui cuisine chaque fin de semaine des gâteaux pour la collation des petits. Elle vend ses pâtisseries au prix coûtant mais les offre gracieusement aux enfants qui n'auraient pas déjeuné. Représentatives d'une certaine réalité montréalaise, quelques familles de la communauté éprouvent des difficultés économiques. C'est pourquoi les parents bénévoles de Santa Cruz organisent de temps à autres des activités de financement et les argents amassés permettent l'inscription des petits dont les parents n'auraient pas les moyens de défrayer les frais de scolarité.

Les immigrants et le bénévolat

Le ministère de l'éducation également

De nombreuses recherches ont démontré l'effet bénéfique de l'apprentissage et de la maîtrise de la langue d'origine sur l'attitude de l'élève, sur son développement affectif et cognitif ainsi que sur son estime de lui-même. D'autres études sur les transferts linguistiques ont démontré que la langue maternelle peut faciliter l'apprentissage du français comme langue seconde.

Les objectifs du programme d'enseignement de la langue d'origine (PELO)

  • Maintenir et améliorer les connaissances de base et les habiletés langagières de l'élève
  • Favoriser les attitudes propres à le rendre capable de communiquer dans sa langue d'origine et d'apprécier sa culture afin de renforcer son estime de lui-même et son sentiment d'identité
  • Offrir du support aux apprentissages d'élèves immigrants en situation de grand retard scolaire
  • Faciliter le dialogue interculturel par l'apprentissage d'une troisième langue

Les effectifs d'élèves en 2000-2001 à la Commission scolaire de Montréal

  • 1910 élèves (86 % langue d'origine, 14 % troisième langue)
  • 28 écoles primaires (regroupement 1, 3, 5 et 6)
  • 12 langues : arabe, cambodgien, chinois, créole, espagnol, hindi, italien, laotien, portugais, tamoul, turc et vietnamien
  • 106 groupes-classes

Notes

1 Lutte anti-néolibéralisme : lutte contre l'idéologie économique dominante depuis le milieu du xxe siècle et qui consiste à vouloir retirer l'État de son rôle de régulateur et d'arbitre de l'économie, pour laisser seul le « marché » et les milieux d'affaires tout ordonner (gestion des ressources humaines, gestion de l'environnement, exploitation des ressources, etc.).

2 Fellah : paysan égyptien

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