Collection : Forces Vives
Déjà paru : n° 8-9 Le Centre des
dirigeants d'entreprise et l'éducation des
adultes
no 10-11 les
Cahiers de l'I.C.E.A.
Mars 1970
L'Institut Canadien d'Éducation des Adultes, 506 est, rue
Ste-Catherine, - suite 800 MONTRÉAL 132,
Québec.
Les articles n'engagent que leurs auteurs. Tous droits de
reproduction réservés.
C'est dans le cadre de la collection « Forces Vives »
que se situent les Cahiers 10-11 de l'Institut Canadien
d'Éducation des Adultes, collection destinée à faire
connaître, comme nous avons eu l'occasion de le souligner, les
mouvements et institutions que notre population s'est donné
dans le but de protéger ses libertés individuelles et
collectives comme d'assumer ses responsabilités et sa propre
promotion.
Nul ne saurait contester aujourd'hui, l'apport essentiel du
Mouvement coopératif québécois à notre
société. Nées d'un réflexe de défense en
milieu populaire, nos institutions coopératives ont
été et demeurent des instruments de relèvement et
d'émancipation, des agents de progrès. Qu'elles
s'interrogent aujourd'hui et remettent en question la nature et les
objectifs de leur action, les exigences de formation de leurs
membres est chose normale et saine, dans un monde en
évolution, à la recherche de lui-même et d'un
rapport d'équilibre entre ses forces composantes.
Le titre général LE MOUVEMENT COOPÉRATIF DU
QUÉBEC ET L'ÉDUCATION DES ADULTES indique bien qu'il ne
s'agit ni d'un traité de la coopération, ni d'une
étude exhaustive des questions qui s'y rattachent et des
problèmes qu'elle soulève, mais bien dune narration
d'expériences éducatives telles qu'elles se
déroulent chez nous.
Par le biais des principales activités de formation et
d'éducation populaire présentement en cours, dans le
style particulier à chacun dont nous n'avons pas voulu
altérer la saveur, les auteurs des pages qui suivent retracent
l'histoire de nos institutions. Ainsi sommes-nous amenés
à comprendre le présent par le passé et le
passé par le présent avant de jeter un regard vers
l'avenir.
Le tableau n'aurait pas été complet sans une esquisse
préalable des caractéristiques du Mouvement
coopératif et sans une présentation de
l'organisme-mère, soit le Conseil de la Coopération du
Québec. Les articles qui suivent mettent tour à tour en
relief le rôle exercé par l'Université, telle
Sherbrooke et Sir George Williams, les expériences de la
Fédération des Caisses Populaires Desjardins, de la
Coopérative agricole de Granby, de la Société des
Artisans, des coopératives de consommation et des
pêcheurs de la Gaspésie, des Caisses d'Économie, de
la presse coopérative du Québec et d'une institution
assez unique que nos voisins des autres provinces, et même les
pays étrangers, nous envient avec raison : L'Institut
Coopératif Desjardins.
Réunies pour la première fois dans un même
ouvrage facilement accessible, l'ensemble de ces expériences
montrent bien l'importance de l'éducation comme se plaisait
à le rappeler il y a plus de vingt ans, lors du 16'
congrès de l'Alliance coopérative internationale de
Zurich, le Suédois, Elldin : « Si nous avions l'occasion
de recommencer notre mouvement à nouveau et si le choix nous
était offert entre deux possibilités : recommencer soit
sans capital, mais avec des membres et un personnel
éclairé, soit, au contraire, avec des gros capitaux et
des membres non-informés, notre expérience nous
conseillerait d'opter pour la première formule ».
Voilà qui donne à réfléchir sur les
investissements à consentir en matière de formation des
coopérateurs québécois.
Nous remercions les collaborateurs à cet ouvrage de
l'effort accompli pour transmettre leur message et souhaitons qu'il
puisse connaître le rayonnement désirable.
Madeleine JOUBERT Directeur général de l'ICEA
Présentation
Caractéristiques du mouvement
coopératif québécois
Vingt-cinq mille personnes
après...
La formation des cadres à la
fédération des caisses populaires
desjardins
Les relations humaines et l'animation
à la coopérative agricole de granby
Une transformation «du
sociétaire en coopérateur»
Les conférences régionales de
caisses d'économie
L'éducation des adultes dans les
coopératives de consommation
La restructuration des associations
coopératives de pêcheurs de la gaspésie,
expérience de participation (1966-1969)
L'institut cooperatif desjardins et le
mouvement coopératif
La chaire de coopération de
l'université de sherbrooke
L'enseignement de la coopération
à l'université sir george williams,
montréal
La presse coopérative au
québec
Jalons bibliographiques sur la
coopération et l'éducation des adultes
Institutions-membres du conseil de la
coopération du québec
Notes
Le présent Cahier s'attarde surtout à présenter
quelques réalisations en éducation populaire. Devant la
diversité de ces expériences et la variété des
secteurs où elles se sont produites, le lecteur ne devra pas
oublier que le mouvement coopératif qui les a rendues
possibles forme un grand ensemble composé de secteurs divers
mais obéissant aux mêmes principes fondamentaux.
Le chapitre qui suit décrit les caractéristiques du
mouvement coopératif québécois. Avant que le lecteur
n'aborde ce chapitre, il semble utile de présenter
brièvement l'organisme qui permet à ce mouvement d'offrir
un front commun : le Conseil de la Coopération du
Québec.
Ce qu'il est
Fondé en 1939, à l'instigation et sous l'égide de
la faculté des Sciences sociales de l'Université Laval,
le Conseil de la Coopération réunissait, à ses
débuts, quelques leaders des principaux types de
coopératives en existence chez nous à l'époque,
ainsi que des représentants de certaines institutions ayant
à leur programme l'enseignement ou la promotion de la
coopération. Ces hommes avaient été amenés
à se grouper parce que leur paraissait nécessaire un
effort d'ensemble pour vaincre deux obstacles majeurs qui
freinaient alors le développement du coopératisme : le
manque d'unité et de précision sur le plan de la
doctrine, puis l'absence de coordination sur le plan de
l'action.
Liens de parenté
Est-il besoin de rappeler à ce propos que, chez nous comme
ailleurs, les premières fondations coopératives ne se
sont pas inscrites dans le cadre d'un véritable mouvement. Il
a fallu du temps avant que les coopératives dispersées,
bâties pour répondre à des besoins identiques ou,
à plus forte raison, engagées dans des sphères
différentes d'activités, en viennent à se
reconnaître des liens de parenté, à prendre
conscience de leur philosophie économique et sociale commune,
à collaborer formellement les unes avec les autres et à
s'identifier comme des parties d'un même grand ensemble.
Unité dans la diversité
Le Conseil de la Coopération du Québec a été
l'un des principaux agents du développement de cet esprit
d'unité. Grâce à sa présence et à son
action, le rapprochement s'est effectué. Graduellement s'est
affirmée l'idée que toutes les institutions
coopératives, quels que soient leur genre immédiat
d'activité et les fins spécifiques qu'elles poursuivent
au service de leurs membres, forment une grande famille où les
liens de la solidarité se manifestent au-delà et en
dépit de la diversité des préoccupations
particulières.
Sens de l'appartenance
Après avoir subi diverses modifications de ses structures
au cours des années, le Conseil est devenu aujourd'hui une
sorte de confédération d'ordre moral dont les membres
sont les fédérations des secteurs coopératifs et les
coopératives ou institutions d'appartenance coopérative
à caractère provincial.
Et ce sens de l'appartenance est relié à une
acceptation des règles fondamentales de l'action
coopérative, soit la liberté d'entrée et de sortie,
le contrôle démocratique, la limitation du taux
d'intérêt sur le capital social, la répartition
entre les membres des surplus ou économies résultant des
opérations au prorata des transactions de chacun d'eux avec la
société.
C'est dans la mesure où sont respectées ces
règles - les unes définissant les relations des membres
au sein de leur association, et les autres définissant les
relations économiques de chacun d'eux avec l'entreprise -
qu'une coopérative est, jusqu'à maintenant, vraiment
reconnue comme telle.
Ses manifestations
Le Conseil de la Coopération se manifeste sous trois
aspects principaux :
- C'est d'abord fondamentalement une table ronde, un point de
rencontre, un lieu de dialogue pour les divers secteurs du
mouvement coopératif québécois;
- C'est aussi un organisme de représentation et un
instrument d'action pour les fins et dans les domaines où les
divers secteurs du mouvement jugent à propos de faire front
commun;
- C'est enfin un bureau permanent organisé, maintenu et
équipé pour assurer au mieux la continuité aussi
bien que l'efficacité de ce dialogue et de cette action
collective.
Outil de développement
Le Conseil se présente comme un organisme où
siègent les délégués dûment mandatés
des différents types de coopératives en activité
chez nous. Reconnaissant leur appartenance à un même
mouvement, ils cherchent ensemble les meilleurs moyens d'en assurer
le développement rationnel et d'en élargir la zone
d'influence.
De plus en plus en possession de moyens d'action adéquats,
conscient de l'importance de ses réalisations dans
différents domaines, le mouvement coopératif manifeste
aujourd'hui son intention bien arrêtée de jouer un
rôle toujours plus dynamique au sein de la communauté
québécoise.
Yvon Daneau (Directeur général du Conseil de la
Coopération du Québec.)
Nous accordons une importance capitale à ce que soient bien
connus et compris la nature, les buts et le mode de fonctionnement
des institutions coopératives. Tout ce qui peut exister de
malentendus ou d'incompréhensions à leur sujet provient,
le plus souvent, du fait qu'on en a des notions fausses ou
incomplètes.
Voilà donc pourquoi dans ce chapitre nous avons voulu
établir aussi clairement que possible les traits
caractéristiques des coopératives et indiquer le
rôle que ces institutions peuvent effectivement jouer chez
nous.
Traits caractéristiques des coopératives
De Rochdale...
La coopération n'est pas une invention récente. Elle
n'est pas non plus un phénomène typiquement ou
exclusivement québécois. Elle découle d'une longue
évolution à partir des formes primitives d'entraide. Ses
règles d'organisation, telles que nous les connaissons
aujourd'hui, ont été définies par le groupe des
Pionniers de Rochdale, en Angleterre, au milieu du siècle
dernier.
...Au Québec
Dans la province de Québec, les premières applications
de la formule coopérative remontent à il y a environ cent
ans. Chez nous comme ailleurs, ce sont les gens des classes
populaires qui y ont eu principalement recours. Ils y ont
trouvé un moyen de vaincre certaines difficultés
économiques, de se protéger contre divers abus dont ils
étaient les victimes et, généralement,
d'améliorer leur sort.
Un siècle d'évolution
Nos premières institutions coopératives
d'assurance-incendie et d'assurance-vie ont vu le jour à
l'époque de la Confédération.
En 1900, Alphonse Desjardins organisait à Lévis la
première coopérative d'épargne et de crédit.
Quelques années plus tard, apparaissaient les premières
coopératives agricoles. Vinrent ensuite, au début des
années '20, les premières tentatives d'organisation chez
les pêcheurs de la Gaspésie. Mais c'est vraiment à
partir du milieu des années '30, durant la crise
économique, que la coopération est entrée dans sa
phase de réel développement dans les secteurs de
l'agriculture et de la pêche, puis ensuite dans les secteurs
de la consommation, de l'habitation et des services les plus
variés. Aujourd'hui, les coopératives constituent dans
leur ensemble une force associationniste et une force
économique.
Un mouvement populaire
Un trait qu'il importe de mettre en lumière et qui demeure
une constante partout, c'est que par ses origines, par les
idées qui en sont à la base, par les milieux où il
s'est principalement développé, par les besoins auxquels
il s'efforce de répondre, le mouvement coopératif est un
mouvement populaire. Il s'inscrit dans les traditions du
self-help et de l'entraide, tout en s'adaptant aux nouveaux
impératifs de notre monde en transformation, et il s'inspire
de l'idéal démocratique.
En un mot, et c'est là un facteur à prendre en
considération, le mouvement coopératif est
profondément enraciné dans la réalité
québécoise. Émanant du peuple dont il épouse
les proproblèmes trouvant sa raison d'être dans la
satisfaction des besoins du peuple, il s'identifie avec lui et
tient de ce fait une vocation particulière à
l'interprétation de ses aspirations.
C'est ainsi que le système coopératif apparaît
comme l'un des éléments de solution les plus concrets,
les plus directs et les mieux adaptés aux problèmes de
notre population parce qu'il présente toutes les
caractéristiques d'un système économico-social fait
sur mesure pour elle.
Association et entreprise
Le mouvement coopératif, devons-nous préciser, se
distingue des autres mouvements populaires. Il s'en distingue
surtout en ce qu'il est directement engagé dans des actions
économiques concrètes.
Les coopératives sont des associations de personnes qui
poursuivent leur but au moyen d'une activité économique
organisée, c'est-à-dire au moyen d'une entreprise
qu'elles mettent sur pied comme instrument de la satisfaction de
leurs besoins. Cette entreprise, les personnes associées en
détiennent la propriété, elles en assument la
direction et le contrôle selon les règles de la
démocratie, elles en supportent les charges et les risques,
puis elles s'en répartissent les avantages en prenant comme
mesure la participation de chacune aux opérations
effectuées ou aux services reçus.
Satisfaire des besoins
Les coopératives apparaissent dès lors comme des
entreprises auxquelles leurs membres sont reliés au double
titre de propriétaires et d'usagers. Par la mise en
application de la formule coopérative, ce sont les usagers des
biens et des services qui se lancent en affaires à leur propre
compte et deviennent ainsi leurs propres marchands, leurs propres
banquiers, leurs propres assureurs, leurs propres constructeurs,
etc. Ce qu'ils visent essentiellement, c'est la satisfaction de
leurs besoins communs. Ils mettent ensemble leurs ressources afin
de se donner à euxmêmes certains services au coût le
plus économique et de la manière la plus efficace
possible.
En somme, les coopératives constituent un type original
d'entreprises. Leur objet fondamental est d'être, à titre
non lucratif, les mandataires de leurs membres pour exercer
certaines fonctions économiques répondant à leurs
besoins communs : rassemblement, transformation et mise en
marché de leurs produits; approvisionnement en biens
d'utilité professionnelle ou domestique; mise à leur
disposition de différents services (épargne, crédit,
assurance, etc.). Les coopératives se trouvent de la sorte
à assumer les fonctions qui, dans le système
traditionnel, sont celles des entrepreneurs ou intermédiaires;
mais avec l'énorme différence qu'elles remettent
obligatoirement à leurs membresusagers les avantages
pécuniaires qui découlent habituellement
de l'exercice de ces fonctions. Toute leur organisation et leur
fonctionnement sont conçus de manière à assurer la
réalisation de cet objectif : le service au prix de revient,
non grevé de la rémunération des
intermédiaires.
En résumé donc :
Les coopératives sont des institutions authentiquement
populaires.
Les coopératives sont des institutions profondément
enracinées dans le milieu québécois.
Les coopératives sont des institutions dont la raison
d'être est le service des usagers et non pas le profit de
quelques bailleurs de fonds.
Les coopératives sont des institutions directement
engagées dans l'action économique et qui, de ce fait,
sont préoccupées de réalisme et d'efficacité.
Les coopératives sont des institutions qui introduisent la
démocratie dans le domaine économique. Les
coopératives sont des institutions où l'éducation
des membres est à la fois une condition et l'un des
résultats de leur action.
Les coopératives sont des institutions où les
préoccupations économiques s'intègrent dans un
ensemble de préoccupations sociales et humaines.
Les coopératives se distinguent des sociétés
commerciales ordinaires tant par leur mode d'organisation que par
leur but.
Les coopératives s'inscrivent néanmoins dans le cadre
des entreprises et elles ont même la conviction d'en
présenter la forme ou l'expression la plus
démocratique.
Modalités de la contribution des coopératives
Il est évident que les coopératives ne sauraient
être jugées uniquement en fonction de l'idéologie
dont elles s'inspirent, des principes dont elles se réclament,
des buts qu'elles se proposent et du mode d'organisation qu'elles
se donnent. C'est dans leurs manifestations concrètes et dans
l'accomplissement de leurs tâches quotidiennes qu'il importe
de les apprécier à leur mérite.
Or, jusqu'ici, les coopératives québécoises, quel
que soit le secteur d'activité où elles sont
installées, ont fourni des preuves convaincantes des services
qu'elles peuvent rendre non seulement à leurs membres mais
à l'ensemble de la société.
Variété des types de coopératives
Une première façon de mettre en lumière
l'influence exercée par les institutions coopératives
chez nous, c'est de souligner la grande diversité des besoins
qui en ont déterminé la formation.
A peu près tous les genres possibles de coopératives
ont été organisées dans notre province. Il en existe
dans les domaines de l'épargne et du crédit, de
l'assurance sous toutes ses formes, de l'agriculture, des
pêcheries, de la consommation, de l'habitation, de la vente et
de l'approvisionnement, des transports, de l'exploitation
forestière, de l'artisanat. D'une manière
générale et pour ne pas prolonger indûment cette
énumération, soulignons que les coopératives se
prêtent à la satisfaction de pratiquement n'importe quel
besoin d'ordre économique. En outre, depuis l'adoption de la
Loi des associations coopératives, il est désormais
permis de mettre sur pied des coopératives pour des fins
sociales et, notamment, dans un but éducatif, scientifique,
artistique, athlétique, sportif ou récréatif.
École pratique d'administration
Nombreux et extrêmement variés sont donc les domaines
où des groupes de personnes ont recouru à la formule
coopérative. Elles ont été amenées ainsi à
exercer leur esprit d'initiative et à développer leur
sens des responsabilités. Elles ont dû se familiariser
avec les opérations économiques et les questions
d'administration, de budget, de finance, de marché, etc. Si
l'on se réfère uniquement aux membres des conseils
d'administration ou des divers comités des coopératives
et des caisses d'épargne et de crédit, ce sont près de 25,000 personnes qui,
chaque année, ont l'occasion et la satisfaction
d'accroître ainsi leur bagage de connaissances et de
participer à la bonne marche de ces entreprises, tout en
acquérant une expérience propre à leur servir dans
la vie de tous les jours. Et, à chaque exercice, il se produit
un certain renouvellement des administrateurs qui permet à
d'autres de fournir leur collaboration, d'exercer et de
développer leurs talents.
Force économique et associationniste
Les institutions coopératives actuellement en activité
chez nous représentent, quant on en prend une vue globale, une
force économique vraiment impressionnante. S'arrête-t-on
suffisamment à penser, par exemple, que ces coopératives
ont ensemble un actif de plus de $2 milliards? En outre, si l'on
considère le volume des affaires qu'elles traitent et le
nombre des emplois qu'elles procurent, on doit se rendre à
l'évidence et admettre que le mouvement coopératif est un
agent important de la vie économique au Québec.
D'autre part, le mouvement coopératif constitue une force
associationniste non moins significative, ainsi qu'en
témoignent ses plus de 2,000,000 de membres, dont la
majorité sont des chefs de famille et qui se recrutent à
la grandeur de la province, aussi bien dans les villes que dans les
coins les plus éloignés.
Diffusion de la propriété et du contrôle
Le mouvement coopératif s'est avéré jusqu'ici un
moyen efficace aux mains des classes laborieuses pour
améliorer leur situation économique. Il a permis aux gens
à revenu modeste d'accéder à la propriété
et au contrôle d'entreprises variées selon une formule
adaptée à leurs ressources. Cette dissémination de
la propriété et du contrôle d'entreprises
économiques prend une signification particulière chez
nous, s'il est vrai - comme on dit souvent - que nous n'avons
guère de traditions dans le domaine des affaires. Il n'est
certes pas indifférent pour l'avenir de notre économie
qu'un quart ou plus de nos gens, parmi ceux encore une fois dont
les ressources individuelles sont souvent les plus limitées, participent à la
propriété et à l'administration d'entreprises
nombreuses dont l'activité est reliée à leurs
préoccupations de tous les jours.
D'un autre côté, la tendance à la concentration
des entreprises en de plus vastes unités est un
phénomène dont tout le monde est conscient à l'heure
actuelle. De plus en plus, ce sont les grandes corporations qui
dominent le champ des affaires. Les profits réalisés par
ces entreprises géantes sont souvent drainés vers des
centres très éloignés des lieux où elles
effectuent leurs opérations. Leur direction et leur
contrôle s'exercent à de vastes distances des
localités où elles recrutent leurs clients, souvent en
dehors de notre province ou de notre pays. Avec les
coopératives, la situation est différente : c'est dans
les milieux ou les régions mêmes qu'elles servent que se
déterminent leur direction et leur contrôle. Les gains
qui découlent de leurs opérations retournent dans les
localités où ils ont été réalisés, et
cela en proportion directe de l'utilisation qui y a été
faite des services offerts. Il semble bien que la concentration de
l'activité économique en des entreprises de plus en plus
grandes soit devenue une nécessité dans le contexte
moderne; il faut néanmoins reconnaître que la
décentralisation de la propriété,
l'élargissement des sphères où se discutent les
problèmes et l'association d'un plus grand nombre de gens aux
décisions de portée économique restent
éminemment souhaitables à tous points de vue. Or, les
coopératives constituent l'une des rares forces à oeuvrer
dans ce sens.
Contribution des coopératives au mieux-être
économique et social de la population
Les coopératives sont de plus en plus connues et
appréciées à leur mérite chez nous. Sans doute
subsiste-t-il encore dans certains milieux de
l'incompréhension à leur sujet, mais cette
incompréhension découle, la plupart du temps, d'une
idée fausse ou incomplète que l'on se fait de ces
institutions.
Une telle interprétation erronée ou inexacte du
phénomène coopératif peut tenir à certains
facteurs auxquels les coopérateurs eux-mêmes ne sont pas
toujours complètement étrangers. D'une part, par exemple,
il peut fort bien arriver que telle ou telle coopérative
particulière ne reflète pas l'authentique image d'une
institution dynamique, progressive et hautement serviable; il ne
faudrait pas alors généraliser et vouer tout le mouvement
aux gémonies. D'un autre côté, il peut arriver qu'on
rencontre des fanatiques de la coopération qui ne voient en
dehors d'elle que des chenapans ou des exploiteurs. Or, il ne faut
pas prêter l'oreille à de tels propos
écervelés. Il existe fort heureusement de nombreuses
entreprises du type traditionnel qui sont dirigées de
façon exemplaire au point de vue social et nulle personne
sérieuse n'oserait prétendre qu'en dehors des
coopératives il n'y a pas de salut ou que les
coopératives ont le monopole de la vertu dans le domaine
économique.
Concurrence saine et équitable
Au Québec, l'un des résultats de l'activité
coopérative a été d'introduire, dans les secteurs de
l'économie où elle s'est manifestée, les
éléments d'une saine et équitable concurrence. Les
coopératives jouent à proprement parler le rôle
d'entreprisestémoins qui, d'une part, permettent de juger de
l'efficacité de l'organisation économique qui sert la
population et, d'autre part, facilitent l'élimination des abus
dont cette même population peut être victime tant sur le
plan du prix que de la qualité des produits ou des
services.
Information et éducation
L'information et l'éducation des membres sont une condition
essentielle du succès en coopération. L'action
coopérative, par sa nature même, exige de ses adeptes
tout un ensemble de connaissances et de qualités pour qu'ils
soient vraiment en mesure d'exercer convenablement leur rôle
de propriétaires et d'usagers des entreprises qu'ils se sont
données. Une foule de méthodes sont utilisées pour
développer le sens de l'appartenance chez les sociétaires
et favoriser leur participation intelligente et efficace à la
vie de leurs organisations. D'ailleurs, les circonstances
mêmes qui entourent l'activité coopérative font que les
coopérateurs sont amenés souvent à modifier leur
comportement, à acquérir de nouvelles façons de
penser et d'agir qui font d'eux des hommes aux horizons
élargis.
Dans le secteur agricole, par exemple, la nature des liens qui
unissent le cultivateur à la coopérative fait en sorte
que la recherche de la solution la plus satisfaisante aux
problèmes qu'il veut dominer - et qui semblent à
première vue se résumer à des problèmes d'achat
et de vente - impose des préoccupations plus larges : c'est
toute l'économie de la ferme qui entre en ligne de compte.
Dans le secteur des pêcheries, la situation est à peu
près identique : le membre de la coopérative est
amené à prendre conscience que son activité
individuelle s'intègre dans un ensemble.
Sur le plan de l'incitation à l'épargne et de
l'utilisation judicieuse du crédit, les caisses exercent
quotidiennement un rôle dont les résultats ne manquent
pas d'impressionner.
Tous les autres secteurs du mouvement coopératif
témoignent pareillement d'une activité éducative
intense qui bénéficie non seulement à leurs membres,
mais aussi par ricochet à l'ensemble de la population.
Progrès communautaire
Les coopératives constituent un facteur de progrès
communautaire dans tous les milieux où elles sont
établies. C'est qu'il y a, inhérent à la philosophie
et à l'action coopératives, tout un ensemble d'appels
à l'esprit d'initiative, au sens des responsabilités,
à l'entraide, à l'engagement, qui ne peuvent avoir pour
effet que de stimuler les individus à jouer plus pleinement
leur rôle dans la vie de la communauté, avec le
résultat que le climat de celle-ci s'en trouve souvent
transformé du tout au tout.
De la même façon, il est établi que bien des
gens, particulièrement dans les milieux moins favorisés
et pour qui les horizons paraissent assez limités, ont
trouvé dans les coopératives l'occasion de
développer leurs qualités personnelles et d'exercer leurs
talents au service de leurs semblables.
Un mouvement dynamique
Les coopératives ne peuvent se reposer sur leurs lauriers
et se complaire dans leurs réalisations passées ou
présentes. Les circonstances sont devenues telles,
aujourd'hui, que le développement des entreprises est
commandé même par le simple instinct de leur propre
conservation.
Les dirigeants et les membres sont de plus en plus conscients
que, pour faire face avantageusement à la concurrence et
rendre les services qu'ils sont en droit d'en attendre, leurs
coopératives doivent s'adapter aux conditions nouvelles et se
donner des structures appropriées. C'est ainsi que s'imposent
peu à peu les idées de consolidation, de
régionalisation, de centralisation.
Ces problèmes de structures sont abordés franchement
et dans un esprit positif. D'importantes transformations sont
déjà accomplies ou en cours, notamment dans le secteur
des pêcheries et dans celui de l'agriculture. Et ce qu'il y a
d'heureux, c'est que la recherche des moyens et des dispositions
à prendre en vue d'atteindre une plus grande efficacité
dans l'intérêt des sociétaires s'accompagne d'un
souci marqué de mettre en même temps au point les
formules de consultations et de communications propres à
maintenir au sein des organisations agrandies un authentique
contrôle démocratique.
Entreprises non à vendre
Organisées et possédées collectivement, puis
contrôlées démocratiquement par ceux-là
mêmes dont elles sont au service comme instruments de la
satisfaction de leurs besoins, les coopératives
présentent les plus sûres garanties de rester
définitivement aux mains des nôtres. Elles ne risquent
pas, comme ce fut et c'est encore le cas pour d'autres types
d'entreprises, d'être vendues à des intérêts
étrangers. En réalité, les coopératives sont
des institutions économiques qui, par nature et par vocation,
sont destinées à demeurer bien à nous : elles sont
vraiment enracinées et articulées à la vie
québécoise. Au sein de notre économie, elles
constituent à peu près les seules entreprises que l'on
puisse considérer comme inaliénables. Il s'ensuit qu'au
moment où les Québécois sont incités à
s'affirmer davantage sur tous les plans et à se donner les moyens requis pour accéder
graduellement à une pleine maîtrise de leur avenir
économique, le mouvement coopératif mérite qu'on lui
accorde une grande attention. Il s'offre, en effet, comme une
formule puissante et souple grâce à laquelle on peut
vraiment espérer bâtir quelque chose de solide et de
durable, avec la certitude d'en conserver la propriété et
le contrôle.
Désir et volonté du mouvement coopératif de
servir toujours au mieux le bien commun
C'est à dessein que nous avons insisté
particulièrement, dans les parties précédentes, sur
les caractéristiques fondamentales des coopératives, puis
sur les aspects les plus significatifs de l'apport de ces
institutions au développement économique et social dans
notre milieu.
Notre but était d'attirer l'attention sur cette
réalité que constitue le mouvement coopératif dans
la province de Québec : un mouvement qui groupe environ deux
millions d'adhérents, possédant collectivement des actifs
de plus de deux milliards qui est engagé dans les secteurs de
la production, de la distribution et des services; un mouvement
surtout qui s'inspire d'une philosophie économico-sociale
faisant appel à l'effort personnel, à l'entraide, au sens
des responsabilités, à l'esprit de perfectionnement et de
progrès tant sur le plan individuel ou familial que sur le
plan collectif.
Ce sont là des notions qui ont besoin, croyons-nous,
d'être rappelées et mises en lumière, car on est
porté très souvent à les mettre en oubli. C'est dans
un esprit positif, d'ailleurs, que nous les soumettons. Loin de
nous, en effet, toute préoccupation de vantardise ou
désir de présenter la coopération comme une formule
qui seule et à l'exclusion de toutes les autres serait propre
à guérir la société québécoise de
tous ses maux. Les coopérateurs ont une doctrine, mais ils ne
sont pas des doctrinaires. Ils ont des convictions, mais ils ne
sont pas des fanatiques.
Instruments de service
Pour eux, les coopératives sont d'abord des instruments de
service qu'ils se donnent en vue de la satisfaction dans les
meilleures conditions possibles de certains besoins
économiques précis qu'ils ont en commun.
Témoignage
En second lieu, les diverses coopératives en activité
prennent valeur de témoignage. Elles fournissent la preuve
qu'il est possible, pour des gens ordinaires, d'assumer la
propriété ainsi que la gestion collective et
démocratique d'entreprises variées avec le plus grand
succès, même s'ils sont motivés par l'idée de
service plutôt que par l'idée de profit.
École d'initiative
Enfin, les coopératives constituent une porte
d'entrée, un apprentissage et une incitation à une
participation plus active, plus consciente et plus
éclairée d'un nombre sans cesse accru de citoyens à
la vie économique et sociale de la communauté.
C'est dans cet esprit, dans cette ligne de pensée, que
s'est développé jusqu'ici le mouvement coopératif au
Québec et qu'il entend bien continuer à oeuvrer dans
l'avenir.
Aspect social et humain
Le système coopératif - nous ne saurions trop insister
là-dessus - est plus qu'un système économique. Il
vise à améliorer les conditions matérielles
d'existence des classes laborieuses, mais cette préoccupation
elle-même s'inscrit dans une perspective beaucoup plus large :
celle du progrès social, de la revalorisation et de la
promotion de l'homme.
Il s'ensuit que l'activité coopérative veut
déborder les cadres stricts de la poursuite des biens ou des
avantages d'ordre économique. Elle puise ses motivations dans
des objectifs supérieurs qui rejoignent et qui assument les
aspirations de l'homme dans la société contemporaine.
Perspectives de développement
Conférencier à un congrès de coopérateurs,
il y a 25 ans, M. Esdras Minville - à l'époque, directeur
de l'École des Hautes Études Commerciales de
Montréal - déclarait :
« De tous les mouvements lancés, de toutes les
tentatives amorcées en vue d'améliorer la situation
économique des Canadiens français, le mouvement
coopératif est le seul qui ouvre sur l'avenir des perspectives
vraiment rassurantes. »
Et il ajoutait un peu plus loin :
« Si, en dépit des difficultés de toutes sortes
qu'il lui a fallu vaincre, le mouvement s'est répandu et s'il
suscite aujourd'hui de vastes espoirs, c'est d'abord et avant tout
parce qu'il répond à nos besoins et s'ajuste à nos
moyens. »
Ces « perspectives vraiment rassurantes « et ces
« vastes espoirs », dont M. Minville parlait en 1943, on
constate qu'ils étaient pleinement justifiés. En fait, le
mouvement coopératif est devenu un facteur très important
au sein de la communauté québécoise à qui il
offre un moyen de construction de son économie et un cadre
pour sa vie sociale.
Les résultats significatifs qu'il est en mesure de montrer,
précisément à une époque où se manifeste
chez notre peuple une volonté renouvelée d'affirmation
dans tous les domaines, fournissent déjà des indications
quant aux possibilités de développement dont le mouvement
coopératif pourra tirer profit dans l'avenir.
Certaines questions se posent dès lors qui retiennent
l'attention des coopérateurs eux-mêmes aussi bien que
l'intérêt de tous ceux qui se préoccupent du sort de
notre collectivité : « Quels sont les objectifs que
poursuit le mouvement coopératif? Quel sens précis
entend-il donner à son orientation au cours des prochaines
années ? »
Dès que l'on veut répondre à ces questions, on
est amené à constater que les institutions
coopératives, par leur nature même, ont un objectif
économique. Leur but premier et essentiel, en effet, c'est
l'amélioration des conditions économiques de leurs
membres. Qu'il s'agisse de caisses d'épargne et de
crédit, de coopératives agricoles ou de n'importe quel
autre type de coopératives, la fonction première à
laquelle elles sont ordonnées, c'est de fournir à leurs
membres des services se traduisant en avantages matériels.
Sans doute, par leurs efforts conjugués, les
coopérateurs peuvent-ils et doivent-ils même se fixer des
buts additionnels rejoignant des préoccupations morales,
éducatives, patriotiques. Mais ce n'est que dans la mesure
où leurs institutions seront fidèles à leur
vocation fondamentale d'ordre économique qu'elles pourront
devenir un moyen d'atteindre des fins d'ordre social comme celles
qui viennent d'être mentionnées.
Que les coopérateurs s'interrogent, qu'ils remettent
périodiquement en question la nature et les buts de leur
action, cela illustre bien leur souci, au contact des
réalités économiques et sociales, de demeurer
constamment en état d'alerte.
Évidemment, il serait peut-être intéressant de
s'imaginer ou de laisser croire que le mouvement coopératif
québécois possède sur papier un plan
détaillé calculé selon un calendrier précis,
des développements qu'il se propose dans chacun de ses
secteurs d'ici à l'an 2,000. En fait, la nature même des
institutions coopératives leur interdit pratiquement une
planification à aussi long terme. Les circonstances qui
peuvent favoriser ou entraver leur essor sur une aussi longue
période sont nombreuses et souvent imprévisibles. D'un
autre côté, au Québec comme ailleurs dans le monde,
on ressent le besoin de repenser la coopération
ellemême en vue d'une meilleure adaptation de sa formule aux
énormes transformations matérielles et aux non moins
considérables modifications psychologiques qui se sont
produites en ces dernières années.
Il est clair, en effet, que le mouvement coopératif est
appelé à se développer dans un monde qui n'a presque
rien de commun avec celui que l'on connaissait il y a 25 ans. Les
motivations de l'action coopérative ne sont plus les
mêmes qu'elles étaient à cette époque; elles
doivent se fonder sur des éléments nouveaux qui
nécessitent une étude particulière.
L'un de ces facteurs à prendre en considération est
sans aucun doute l'intervention de plus en plus fréquente et
acceptée de l'État dans le domaine économique. Il
semble bien, à cet égard, que l'action des
coopératives devra dans l'avenir s'exercer en plus
étroite juxtaposition avec celle des gouvernements, selon des
modalités et des règles, cependant, qui respecteront les
caractères essentiels de la coopération.
Dans le contexte nouveau où les coopératives sont
appelées à évoluer dans l'avenir, il ne fait aucun
doute qu'une large part de leur progrès dépendra de leur
facilité à répondre aux défis qui leur sont
lancés.
Défi de l'adaptation
Dans l'avant-propos d'une réédition de son livre
« Le secteur coopératif », le Dr. G. Fauquet
notait déjà en 1942 :
« En face des formes nouvelles du capitalisme, en face de
l'emprise croissante de l'Etat sur la vie économique, la
pensée coopérative ne peut rester attachée à
des conceptions nées au cours du siècle dernier, qui ne
conservent qu'à peine une valeur de propagande
élémentaire et ont en fait cessé de guider et
d'orienter les activités pratiques du mouvement. »
La « révolution tranquille » et toutes les
transformations vécues au Québec en ces récentes
années confèrent une actualité proprement de chez
nous aux propos du Dr Fauquet. Dans une société de type
traditionnel, nos institutions coopératives se sont
organisées et ont grandi dans un contexte particulier de
besoins, en s'appuyant sur un ensemble de valeurs autour desquelles
pouvait assez facilement se faire l'unanimité. Mais, au fur et
à mesure que prend rapidement forme une société de
plus en plus industrialisée, que se modifie le milieu où
elles exercent leur action, les coopératives sont amenées
à s'interroger sur la nature du rôle qu'elles sont
désormais appelées à jouer. Elles doivent
réexaminer leurs principes et leurs méthodes afin d'y
bien différencier ce qui est fondamental et essentiel de ce
qui n'est que facultatif et accessoire.
Un véritable approfondissement de la pensée
coopérative s'impose aujourd'hui chez nous en vue de traduire
en termes adaptés aux conditions socio-économiques
nouvelles l'esprit qui animait les pionniers du mouvement.
Défi de l'efficacité
Une deuxième préoccupation, tout aussi impérative
dans l'immédiat, c'est la recherche de l'efficacité au
sein des institutions coopératives.
Les entreprises coopératives travaillent dans le même
milieu que les entreprises privées du type traditionnel et
elles sont soumises aux mêmes impératifs économiques
que ces dernières. Cependant, pour répondre aux exigences
de leurs membres, elles ne sauraient ce contenter de résultats
comparables à ceux de leurs rivales. Elles doivent faire plus
et mieux.
Il en résulte, pour les institutions coopératives,
l'obligation d'être constamment à la recherche
d'idées et de techniques nouvelles dont elles puissent tirer
le maximum d'avantages possibles. Ceci présuppose qu'elles
aient des administrateurs et un personnel de gestion hautement
qualifiés, possédant une vision nette des choses et de
vastes connaissances.
Dans cette perspective d'efficacité, tout doit être
mis en oeuvre pour utiliser pleinement les ressources de la formule
coopérative elle-même, en tablant en particulier sur les
motivations des membres à leur triple titre de
propriétaires, d'usagers et de bénéficiaires de
l'entreprise commune.
Une action coordonnée est un autre facteur propre à
accroître le rendement et l'efficacité. Même si les
coopératives sont des institutions libres et
démocratiques, cela ne signifie pas qu'elles puissent se
soustraire à toute discipline et oeuvrer avec succès sans
relations étroites les unes avec les autres. D'ailleurs, au
sein de leurs secteurs respectifs, elles ont été
amenées à s'associer pour se donner des services communs,
et c'est ainsi qu'ont été formées les
différentes fédérations.
L'absence de coordination serait sûrement une entrave au
progrès du mouvement coopératif. Voilà pourquoi, au
Québec comme ailleurs, on s'interroge de plus en plus sur
l'opportunité de rajeunir et moderniser les structures
coopératives afin qu'elles soient mieux adaptées aux
exigences de la concentration et de l'intégration
nécessaires pour faire face à la concurrence des
entreprises rivales et, surtout, pour établir et mettre en
oeuvre une stratégie de développement méthodique et
planifié.
Va sans dire que le resserrement des liens coopératifs au
niveau de chacun des secteurs doit amener ces derniers à
prendre plus nettement conscience de leur solidarité.
Déjà d'ailleurs, une collaboration effective est en voie
de se concrétiser entre les institutions coopératives
financières et celles qui sont engagées dans la
production ou la distribution. C'est d'excellent augure pour
l'avenir.
Défi de l'engagement
La promotion et la défense des intérêts
généraux du mouvement coopératif, principalement en
matière de législation et de taxation, ont toujours
obtenu assez facilement l'assentiment de ses membres. On comprend,
d'ailleurs, que les interventions en ces domaines soient
généralement agréées d'emblée par les
coopérateurs.
Mais les circonstances se font de plus en plus nombreuses et
variées où le mouvement coopératif, estime-t-on,
devrait faire entendre sa voix. Surtout à l'époque
actuelle où les corps intermédiaires et les groupes de
pression mettent tout en oeuvre pour accroître leur influence
tant sur les gouvernements que sur l'opinion publique.
Largement ouverts aux problèmes de la communauté
québécoise, les coopérateurs sont conscients - au
moins dans les secteurs immédiats où se déploie leur
activité collective - d'y apporter des éléments de
solution. Malheureusement, ce n'est pas sans déception qu'ils
constatent combien la formule coopérative est ignorée,
méconnue, même de la plupart de ceux qui ont la
responsabilité des affaires publiques.
Sans doute faut-il admettre que la coopération, dans la
théorie et dans les faits, est plus compliquée que ne
peut le laisser croire une certaine propagande naïve sur le
thème des «
petitsruisseaux-qui-forment-les-grandes-rivières » ou de
« l'union-quifait-la-force ». Mais cela ne saurait
suffire à expliquer comment il se fait qu'une activité
à laquelle participent quotidiennement des centaines de
milliers de personnes passe ainsi pratiquement inaperçue.
Dans les milieux coopératifs, on ressent de la frustration
de ce que ne soit pas davantage connue et appréciée une
contribution d'ordre économique et social qui, pourtant, est
hautement significative. On juge inconcevable, par exemple, que le
mouvement coopératif n'ait pas plus d'écho dans les
grands média d'information alors que tant de publicité
gratuite est accordée aux mouvements de contestation, de
division et de destruction.
Mais, à tout considérer, les coopérateurs ne
sauraient nier une bonne part de responsabilité face à la
situation qu'ils déplorent. En fait, un trop grand nombre
d'entre eux ne manifestent pas les convictions profondes de
citoyens vraiment engagés dans une action économique
s'inscrivant dans une perspective sociale.
C'est par une authentique éducation coopérative, dont
le mouvement lui-même devra se préoccuper, que les
membres en arriveront à relever le défi d'un authentique
engagement.
Gérard Barbin (Directeur général de l'Institut
Coopératif Desjardins, Lévis, Québec.)
« Nous sommes aussi aveugles sur la couche terrestre
humaine que nos dieux l'étaient sur les montagnes et
les océans. Il faut regarder le peuple humain non pas
en myope, mais de loin, d'aussi loin qu'on le peut pour en
voir les dimensions d'ensemble. » (Teilhard de
Chardin.)
Après cinq ans, plus de vingt-cinq mille personnes ont
séjourné à l'Institut Coopératif Desjardins;
des centaines de groupes, associations, entreprises ou
ministères, du pays ou de l'étranger, y ont tenu des
sessions d'une durée variant entre quelques heures ou quelques
mois, et pour tous genres de programmes. Qu'y a-t-il derrière
ces statistiques qu'on peut considérer comme impressionnantes
? Des succès d'hôtellerie spécialisée en
éducation des adultes ou un signe de renouveau sur le plan de
la réflexion communautaire et de l'éducation permanente ?
Qu'est-ce que l'Institut Desjardins ? Que visait-il ? Quelles
difficultés a-t-il connues ? Quelles sont ses méthodes ?
Quelle est sa stratégie ? Voilà quelques-unes des
questions auxquelles j'essaierai de répondre.
L'Institut Coopératif Desjardins a été fondé
en 1963 et il est né d'un milieu en pleine évolution; il
a été créé pour répondre à des
besoins réels : besoins d'abord du Mouvement Desjardins, puis
du mouvement coopératif, puis de l'éducation des adultes
et, enfin, besoins des pays en voie de développement. Il a
été mis sur pied par le Mouvement coopératif
Desjardins. Toutes ses activités ont tendu à
répondre au vrai fond de la pensée coopérative, qui
repose beaucoup plus sur le respect des personnes, du milieu ou de
la civilisation que sur des principes ou des techniques. Aussi, la
pensée coopérative de l'Institut Coopératif
Desjardins est-elle beaucoup plus large que le simple enseignement
de la coopération.
La structure de l'Institut, le climat de liberté qu'on a
voulu y faire régner, son ambiance communautaire, la
pédagogie qui inspire ses programmes, tout concourt à
favoriser le dialogue, l'échange des idées et la
découverte d'horizons nouveaux.
Il faut se rappeler que l'Institut Desjardins est né du
milieu québécois à un moment crucial où on
sentait vraiment le besoin, à cause du phénomène de
la socialisation, entre autres, d'apprendre aux gens à se
réunir, à réfléchir ensemble, à s'accepter
les uns les autres, pour en arriver à bâtir la
coopération au sens le plus large du mot et la cité.
C'était le temps de la « révolution tranquille
» au Québec, le temps du « Concile », des
actions intenses d'animation sociale dans le Bas Saint-Laurent, le
temps où les mots dialogue, participation, animation,
consultation n'étaient pas encore galvaudés.
L'évolution de la mentalité collective, comme
l'écrivait le Père Richard Arès, sous l'influence de
trois grands courants, socialiste, nationaliste et laïciste,
exerçait une pression constante et inspirait un nouveau
rôle à l'État du Québec dont l'action allait
devenir prépondérante. Ceci n'a pas été sans
bousculer et éliminer nombre d'institutions qui
exerçaient une influence importante et sans favoriser une
classe de technocrates plus pressés d'agir efficacement que de
consulter, et qui se devaient de le faire en raison des urgences.
On sentait vraiment que la science et la technique envahissaient
tous les secteurs de l'activité et influençaient toutes
nos institutions et toutes les personnes à des degrés
divers. On sentait bien qu'il fallait se donner des instruments
nouveaux afin que l'homme ne perde pas pied et puisse s'adapter aux
transformations sociales d'une société en mutation.
Le ministre de l'Éducation du Québec déclarait,
lors de l'inauguration de l'Institut Coopératif Desjardins,
qu'il se réjouissait que ce fût le Mouvement Desjardins
qui ait, le premier, mis sur pied l'une des institutions qu'il
considérait comme les plus importantes pour assurer à la
population l'apprentissage de ses nouvelles libertés et de ses
responsabilités accrues à un moment où l'on
entreprenait une réforme complète et profonde de notre
système d'éducation. Il ajoutait que cette initiative
plaçait le Québec à l'avant-garde dans la promotion
de l'éducation des adultes. C'est donc au moment même
où se préparait la charte nouvelle de l'éducation au
Québec que l'Institut Desjardins commençait ses
activités. L'éducation permanente ou éducation des
adultes y occupait une place importante. « C'est là,
écrit-on dans le Rapport de la Commission royale
d'enquête sur l'éducation dans la province de
Québec - 1964 (Rapport Parent), une
réalité nouvelle correspondant
à des temps nouveaux, à une époque
caractérisée par l'explosion de la connaissance, par la
mobilité professionnelle, par l'importance du loisir, par
l'évolution de la vie démocratique, économique et
sociale. - Nous l'avons déjà affirmé plusieurs fois
: le système d'enseignement sera efficace, dans la mesure
où il produira des adultes capables et désireux
d'étudier par eux-mêmes, de se perfectionner, de se
cultiver. »
On sentait bien que l'éducation n'était plus l'apanage
des jeunes, qu'elle devenait absolument essentielle aux
adultes.
Où se situait l'Institut Coopératif Desjardins dans le
contexte du Rapport Parent ? Y avait-il place pour
l'initiative privée dans l'éducation des adultes ?
Le Rapport Parent s'est prononcé
catégoriquement là-dessus : « L'éducation
permanente, particulièrement dans le secteur de
l'éducation populaire, doit s'appuyer sur les désirs et
les initiatives des individus. Il faudra encourager et aider les
groupements déjà constitués et qui poursuivent des
fins d'éducation permanente. - Lorsqu'il s'agit
d'éducation populaire, les citoyens intéressés par
tel domaine du savoir et de la culture doivent normalement
eux-mêmes susciter les occasions de satisfaire cet
intérêt; à certaines conditions bien définies,
ils doivent pouvoir compter sur l'aide de l'État, surtout
s'ils ont la préoccupation de ne pas agir en cercles
fermés et de faire partager leur intérêts par leurs
concitoyens.
« Le Comité d'étude sur l'éducation des
adultes, lit-on encore dans ce même document, distingue dans
son rapport l'éducation formelle et l'éducation
non-formelle. La première désigne toute acquisition de
connaissances qui conduit à l'obtention de grades scolaires...
On conçoit que l'État a un rôle primordial à
jouer dans l'organisation de l'éducation scolaire pour les
adultes... L'éducation non-formelle qu'on désigne parfois
sous le nom d'éducation populaire ou de culture populaire,
recouvre les domaines comme ceux de la formation sociale,
artistique, intellectuelle et spirituelle, la formation en vue du
changement social, l'information sous son aspect général
et la formation des cadres. Elle est surtout la responsabilité
des organismes privés.» Nombreuses furent alors les
initiatives, à travers la province, en vue de la
récupération scolaire, mais l'Institut Coopératif
Desjardins était le seul centre résidentiel en vue de la
formation des cadres et du changement social; et alors que le
Rapport Parent insistait sur la nécessité d'élaborer
une pédagogie appropriée à l'éducation
permanente, l'Institut Coopératif Desjardins en faisait
déjà l'expérience et servait en quelque sorte de
laboratoire dans ce domaine.
Nos méthodes pédagogiques
L'Institut Desjardins n'a pas inventé une pédagogie
nouvelle. Il s'est inspiré des recherches faites au Canada,
aux États-Unis et en Europe et de l'expérience
d'éducateurs d'adultes, de psychologues, de sociologues et de
spécialistes de diverses disciplines (architectes-urbanistes
et autres). L'utilisation d'une pédagogie nouvelle a dû
se faire dans un climat de contestation de l'enseignement
traditionnel dont on sent encore aujourd'hui la résistance,
mais le renouveau pédagogique a maintenant atteint le monde de
l'enseignement comme le prouvent les événements qui se
sont produits récemment dans certaines universités.
Les recherches de Kurt Lewin en dynamique des groupes nous ont
amenés à introduire la dimension sociale dans la relation
pédagogique et nous ont convaincus de l'utilité d'une
méthode centrée sur le groupe pour accomplir dès
actions de formation productive et créatrice. Tout l'Institut
a été défini en fonction du travail des petits
groupes (ou micro-groupes). On a déjà tellement
écrit sur la dynamique des groupes que nous ne croyons pas
nécessaire d'insister.
Cari Rogers, pour sa part, a ouvert la voie à une
pédagogie nouvelle inspirée de son expérience de
psychothérapeute et il nous a aussi beaucoup inspirés. Si
l'éducateur ou le formateur veut donner un enseignement ayant
une signification vitale (significant learning) et
qui soit plus qu'une accumulation de faits, qui fasse une «
différence » dans le comportement individuel, dans la
motivation des choix et des attitudes, il doit être
centré sur les personnes et non sur le programme. Il doit
dépasser l'ordre purement intellectuel et devenir fonctionnel;
il doit viser à rendre autonome, moins rigide, plus
réaliste. Il doit s'appuyer sur le respect des personnes en
formation, sur une volonté d'apprendre, sur un climat de
confiance, sur des problèmes de vie. Et alors, comme il y a au
fond de chaque homme des énergies capables de
dépassement, et si le formateur est un instrument qui
permet qu'elles se révèlent, les connaissances qui seront
transmises ne seront plus imposées et deviendront action.
Certains nous ont reproché de laisser le groupe
s'auto-éduquer, s'autodéterminer et, donc, tourner en
rond. Nous sommes bien d'accord qu'il ne suffit pas de créer
des relations idéales entre formateurs et stagiaires et une
cohésion de groupe pour qu'il y ait transmission de
connaissances et efficacité. Nous croyons, cependant, que le
contenu d'une session de formation ou qu'un programme de formation
doit s'appuyer sur les besoins ressentis et non imposés de
l'extérieur. Si l'on respecte bien ce principe
pédagogique, on évite les bourrages de crâne qui ne
collent pas à la réalité. Nous n'avons pas voulu
supprimer l'information, ni le cours formel, ni les
conférences, mais nous avons voulu les considérer comme
des instruments que l'on propose sans les imposer. Notre
expérience de formateurs nous a démontré que les
stagiaires sont plus exigeants que nous pour obtenir l'information
la plus complète, mais lorsqu'ils sont prêts à la
recevoir. « People are more ready to act upon a decision which
they have themselves agreed upon. » (K. Lewin.)
La pédagogie de l'Institut Coopératif Desjardins
repose sur la foi en l'homme. Nous croyons que l'homme
possède, en puissance, la compétence nécessaire
à la solution de ses problèmes ou à l'acquisition
des connaissances. « Le « lieu « de l'évolution
et de la formation, aussi bien que le « lieu de
l'évaluation » sont donc en lui et non pas en autrui,
même si celui-ci est particulièrement compétent.
» (L'A.R.I.P., Pédagogie et psychologie des
groupes.) Si tel n'est pas le cas, nous sommes en route vers
un contrôle social totalitaire, où le grand nombre
dépendra de quelques cerveaux dits forts. L'État ou les
corps intermédiaires ne peuvent plus, en raison même de
l'efficacité qu'ils veulent atteindre, contraindre. Ils
doivent convaincre et dialoguer; ils doivent passer par les
groupes.
Nous avons toujours considéré comme importantes
l'évaluation et la participation des stagiaires à la
préparation de leur programme de formation. Nous avons
considéré comme essentiel de partir du besoin des
personnes en formation plutôt que de ceux qui ressentent les
formateurs. Mais les besoins véritables ne sont pas
nécessairement ressentis par ceux-là; c'est en les
mettant en situation de formation qu'on arrive à les leur
faire découvrir. Nous rejoignons là l'Institut National
de Formation des Adultes de Nancy où l'on croit que la
meilleure formation n'est jamais qu'une transformation des besoins
non ressentis. La motivation est essentielle pour qu'il y ait
vraiment acquisition de connaissances et engagement d'un processus
d'éducation continu.
Les stages de formation et de perfectionnement
préconisés par l'Institut Coopératif Desjardins ont
visé dès le départ, « au moyen d'échanges
et d'auto-critique des stagiaires entre eux et avec des personnes
de ressource, à l'aide d'illustrations, de volumes, de films,
d'enregistrement, etc., en plus de transmettre un savoir et des
pratiques, en plus d'explorer de nouveaux champs de connaissances,
à développer de nouvelles habitudes ou attitudes
personnelles » (Guy Beaugrand-Champagne).
Favoriser la réflexion, la prise de décisions,
l'action, voilà la seule voie de l'éducation. Selon un
spécialiste en développement communautaire, il faut
rejeter de notre milieu certaines habitudes paternalistes et
dirigistes de ceux qui pensent pour les autres et prennent pour eux
les décisions. Prendre des décisions pour un groupe et
à sa place, c'est travailler à le désintégrer
et réduire son initiative. Il n'y a qu'une solution : ou l'on
aide des personnes à se développer, ou l'on contribue
à leur régression.
Inspiré par une pédagogie en vue du changement des
attitudes et des comportements, l'Institut Coopératif
Desjardins se devait d'utiliser des méthodes qui permettent
aux stagiaires de dépasser l'état de dépendance
où on subit sa condition, de dépasser « la simple
expression émotionnelle » (l'A.R.I.P.) - revendications,
griefs, révoltes - afin de réfléchir de mieux en
mieux à ses problèmes, de travailler de concert et de
savoir prendre les décisions qui s'imposent. Le Mouvement
Desjardins et la société ont besoin de ces citoyens
adultes.
Nous avons pensé que l'enseignement de la coopération
aux praticiens doit dépasser l'histoire et
l'énumération des principes pour viser à changer
l'homme et ses attitudes vis-à-vis la société, et
à créer un type d'homme nouveau.
La pédagogie de l'Institut est donc centrée sur le
groupe et le réel. Le participant est sujet et non objet,
nullement « vase à remplir ». Le professeur ou la
personne de ressource est un participant-conducteur (l'A.R.I.P.)
dont le rôle n'est pas d'enseigner du haut d'une tribune, mais
d'organiser le travail, de faire réfléchir, d'ouvrir les
avenues de la connaissance, d'éclairer. Il n'y a pas de livre
du maître ni de savoir à apprendre par coeur.
Ces méthodes d'auto-éducation, d'une pédagogie
nouvelle antidressage et démocratique, sont inscrites dans
l'architecture même de l'Institut; pas de professeur
isolé, haussé sur une estrade, pas d'élèves
silencieux, alignés sur leur banc fixé au sol,
orientés vers le professeur (l'A.R.I.P.), mais des salles pour
discussion face à face, de nombreux salons et allées de
dégagement propices aux conversations spontanées ou
à la lecture. Tout se fait en fonction des besoins et des
désirs des groupes. Tout est mis en oeuvre pour favoriser la
discussion, le dialogue, pour apprendre à réfléchir,
pour faire vivre de véritables expériences en relations
humaines, pour permettre aux stagiaires d'acquérir une
perception prospective de la société et de ses
problèmes et de progresser vers une plus grande
authenticité dans ses comportements et relations sociales. Ce
que l'on redoute le plus à l'Institut Desjardins, ce sont les
idées-toutes-faites, les préjugés, les absolus.
« La véritable instruction ne consiste pas à
acquérir des connaissances et cataloguer des faits, mais
à voir la vie en tant que totalité.»
(Kirshnamarti.)
Nos objectifs et nos réalisations
L'Institut Coopératif Desjardins, dans le rapport final de
programmation remis aux architectes, était défini comme
un centre-résidence d'éducation des adultes destiné
aux cadres de mouvements sociaux et plus particulièrement
adapté aux programmes d'entraînement du personnel des
sociétés du Mouvement Desjardins. Il faut distinguer
immédiatement entre l'Institut Coopératif Desjardins,
centre résidentiel, et l'association coopérative,
fondée en décembre 1963, portant le même nom et
regroupant des représentants des diverses institutions du
Mouvement Desjardins. L'Institut Coopératif Desjardins,
association coopérative, est d'abord un agent de
réflexion communautaire du Mouvement Desjardins et se
considère comme un agent de promotion sociale individuelle et
collective. Il utilise, comme instrument privilégié, ce
centre résidentiel, mais il met aussi au service du centre, ou
des groupes qui font appel à lui une équipe
pédagogique pour les assister dans la programmation, la
réalisation et l'évaluation de programmes de formation,
ce qui ne se traduit pas toujours par des stages.
Respectant sa pédagogie centrée sur les groupes,
l'Institut Desjardins n'a pas voulu imposer ses propres programmes
mais il s'est plutôt placé en situation d'écoute du
milieu et a essayé de répondre à ses besoins. Ce
n'est que graduellement que nous sommes arrivés à
privilégier certains programmes de formation à l'action
collective comme ceux que nous réalisons actuellement et que
nous avons décidé de nous orienter vers la formation de
formateurs.
Nous considérions qu'il ne nous appartenait pas de prendre
des initiatives au domaine de la formation, que ce soit pour le
Mouvement Desjardins ou les divers organismes qui faisaient appel
à nous; nous croyons que les programmes de formation
relèvent des services respectifs de ces organismes et que
l'Institut Desjardins n'est qu'un instrument à leur
disposition. Nous avons même demandé aux organismes,
avant de procéder à des actions de formation, qu'un
service de formation relié à la direction soit mis sur
pied afin d'établir des structures d'envoi et d'accueil et
d'assurer la continuité des opérations et leur
autonomisation.
Au départ donc, l'Institut Desjardins, à quelques
exceptions près, plutôt que d'organiser divers cours ou
stages sous sa propre responsabilité, a cru qu'il rendrait
davantage service en s'efforçant de sensibiliser le plus grand
nombre possible d'organismes ou associations aux
méthodes ou aux ressources d'un centre résidentiel
d'éducation des adultes de façon à les amener à
y faire des sessions et à les aider à bâtir des
programmes de formation et de perfectionnement efficaces. Les
services de l'Institut Desjardins ont été offerts d'abord
au Mouvement Desjardins et au mouvement coopératif et,
ensuite, aux mouvements, associations diverses, gouvernements,
entreprises. Nous avons aussi étendu nos activités aux
pays en voie de développement.
Il est facilement compréhensible que le Mouvement
Desjardins, qui compte un milliard et demi de dollars d'actif, deux
millions de membres issus pour la plupart des classes populaires,
plus de quinze mille administrateurs, plusieurs milliers de
permanents, s'occupe de la formation professionnelle de son
personnel et de l'éducation de ses membres. Mais quelle est sa
responsabilité vis-à-vis les autres secteurs
d'activité du milieu? À cause de sa nature
coopérative, de sa puissance et de son rayonnement au Canada
français, le Mouvement Desjardins se reconnaît une
responsabilité au domaine de l'éducation des adultes en
général et de l'aide aux pays en voie de
développement.
Toute l'activité du Mouvement Desjardins comme du mouvement
coopératif repose sur le respect des personnes et la
primauté du service sur le profit. Ce mouvement croit que le
développement social et particulièrement économique
doit se faire d'abord en vue du développement de l'homme et
non pas en fonction de l'accroissement de la productivité ou
autrement.
Inscrit dans le contexte québécois d'aujourd'hui, issu
d'un mouvement populaire, l'Institut Desjardins est convaincu que
la seule façon d'assurer le développement social et la
survie d'une démocratie de plus en plus organique à une
époque où le pouvoir social et même politique repose
entre les mains de technocrates qui peuvent manipuler à leur
guise une population souvent puérile, c'est d'assurer
l'éducation des adultes et par elle de permettre aux individus
de se faire une place dans la société et d'y jouer un
rôle. Une société qui n'a pas foi en tous ses
citoyens ne progressera pas réellement. Le plus humble
travailleur a droit au respect et à un effort sans
condescendance de la part de ceux qui possédant le savoir s'en
servent trop souvent pour éblouir le peuple. Et puis, pourquoi
ne pas le dire, est-ce que trop d'intellectuels, trop
d'universitaires n'ont pas tendance à se construire de petites
tours d'ivoire où ne sont invités que
ceux-qui-pensent-comme-eux, et ne laisse-t-on pas aux seuls
politiciens le soin de dialoguer avec les classes populaires ?
C'est vers elles que l'Institut Desjardins veut se tourner en
particulier pour leur offrir un centre de formation où elles
puissent, tout à leur aise, travailler à leur promotion.
L'Institut Desjardins, en accueillant chez lui tous ces groupes,
veut apporter une contribution à la formation en vue du
changement social, à une mise en commun de toutes les
énergies créatrices et à une participation
générale et éclairée au
développement communautaire.
Par la concurrence et un certain idéal de l'homme, la
coopérative, écrit François-Albert Angers, peut
imposer un style à l'économie et à la
démocratie et favoriser une collaboration efficace entre
l'État, l'entreprise privée, les patrons et les ouvriers.
La seule vraie formule révolutionnaire de restauration sociale
dans le sens de la destruction des classes et de leur union dans un
effort commun, c'est le coopératisme, ce sont les
coopératives.
« La coopération, ajoute Paul-Émile Charron,
directeur général associé de la Fédération
de Québec des Unions régionales des Caisses populaires
Desjardins, est fondée sur cette grande vertu sociale qu'on
appelle le « sens des autres ». Elle est révolution
et facteur d'ordre. Elle fait appel à la raison et au sens de
la méthode. Ce sont là des forces qui doivent
rayonner.» Selon Paul Claudel, « la coopération
c'est la fraternité enseignée et apprise en la
pratiquant. L'école de l'art de l'homme ».
Nous ne pouvions trop insister sur l'importance de la formation
des ressources humaines, clé du développement. Certes, la
recherche de la productivité et de la rentabilité sont
des préoccupations normales d'entreprises à
caractère économique comme celles du Mouvement
Desjardins, mais nous savons, nous appuyant sur les opinions de
grands économistes contemporains, que productivité et
rentabilité ne sont pas uniquement fonction de facteurs
financiers et matériels, mais de plus en plus fonction de
facteurs humains.
« II y a un siècle, écrit Colin Clark,
économiste britannique de réputation mondiale,
l'accumulation du capital peut avoir été le
facteur-clé du progrès économique; et maintenant, la
valeur de cet élément est diminuée dans l'ensemble.
La mesure du progrès économique dépend aujourd'hui
des facteurs humains de l'entreprise : direction, connaissance
scientifique, qualité du travail et harmonie dans les
relations industrielles. Le progrès de la nation dépendra
largement de ses valeurs morales et financières données
par l'éducation plutôt que de l'équipement
industriel et financier. »
Les connaissances et les tâches sont si nombreuses et
complexes, sous l'influence de la science et des techniques, qu'il
nous faut trouver de nouvelles façons d'apprendre. Comme les
ressources humaines sont si limitées en nombre et en
qualité chez nous, il nous a fallu inventer une formation dans
l'action en mettant à la disposition du milieu et des pays en
voie de développement (quoique d'une façon plus
limitée) un instrument nouveau comme notre centre
résidentiel et une équipe pédagogique s'inspirant
d'une pédagogie dynamique. En acceptant ce défi, nous
avons été entraînés au coeur des problèmes
du développement économique et social. En fait, nous
avions été fondés, nous le réalisons bien, pour
augmenter la capacité de créer et d'agir des individus et
des groupes, et leur permettre d'assumer des responsabilités
nouvelles qui n'étaient réservées autrefois qu'aux
seules classes privilégiées. « Devenant pleinement
homme, écrit Fourastié, aucun des problèmes humaines
ne lui restera étranger. »
Nous avons été marqués par des réflexions
comme celles de Norbert Wiener : « L'homme a tellement
modifié le monde qu'il doit maintenant, pour y vivre, se
modifier lui-même. »
« À chaque pas, dans ce monde ouvert sur
l'étrangeté, l'homme voit surgir des points
d'interrogation aussi démesurés que l'étaient les
animaux et les végétaux antédiluviens. Ils ne sont
pas à sa taille. Mais quelle est la taille de l'Homme ? La
sociologie et la psychologie ont évolué beaucoup moins
vite que la physique et les mathématiques. C'est l'homme du
XIXe siècle qui se trouve subitement en
présence d'un monde autre. Mais l'homme de la sociologie et de
la psychologie du XIXe siècle est-il l'homme
véritable ? Rien n'est moins sûr. Après la
révolution intellectuelle suscitée par le Discours de
la méthode, après la naissance des sciences et de
l'esprit encyclopédique, après le vaste apport du
rationalisme et du scientisme optimiste du XIXe
siècle, nous nous trouvons en un moment où
l'immensité et la complexité du réel qui vient
d'être mis à jour devraient nécessairement modifier
ce que nous pensions jusqu'ici de la nature de la connaissance
humaine, bouleverser les idées acquises sur les rapports de
l'homme avec sa propre intelligence - en un mot exiger un attitude
d'esprit très différente de ce que nous nommions hier
encore l'attitude moderne. » (Louis Pauwels et Jacques
Bergier, Le matin des magiciens.)
« Reconstruire l'homme d'abord », comme on l'a
écrit, pour le rendre capable d'affronter un monde mobile
où tout est sans cesse remis en question, essayer de lui
donner le calme, l'esprit d'équipe et surtout le sens de
l'humain, qui est plus nécessaire aujourd'hui que jamais.
Favoriser la revitalisation et la réorientation, s'il y a
lieu, des corps intermédiaires, les petits et les grands, et
ce, en mettant l'accent sur tous les organismes coopératifs,
collaborer à former des élites sociales nouvelles, issues
des classes populaires et aptes à communiquer avec elles, des
leaders imbus du respect de la personne et aptes à
travailler en équipe; contribuer à faire prendre
conscience aux gens de chez nous des dimensions des problèmes
et leur faire rechercher les solutions; rapprocher les élites
des réalités inscrites dans notre milieu et des
préoccupations du peuple; propager la coopération,
école de démocratie, lutter contre l'individualisme
malsain, rapprocher les classes sociales et aussi faire notre part
pour aider les pays en voie de développement à s'aider
eux-mêmes en venant avec nous étudier la coopération
et le développement communautaire, sans prétention,
voilà quelques grands objectifs que nous cherchons à
atteindre.
Nous le faisons en essayant d'éviter le piège des
conformismes qui se manifestent, s'ils sont traditionnels, soit par
la peur du nouveau et la passivité, ou encore, s'ils sont
révolutionnaires (parce qu'il y a le conformisme des
non-conformistes), soit par le rejet systématique du
passé, soit par l'improvisation ou l'activisme.
L'Institut Desjardins s'est donc défini principalement, au
cours de ces cinq dernières années, comme un agent de
promotion sociale collective. Je me permets de signaler ici une
dimension relativement nouvelle de l'éducation des adultes que
l'on appelle la promotion sociale, c'est-à-dire la formation
et le perfectionnement des personnes déjà engagées
dans le monde du travail. On peut distinguer deux secteurs de la
promotion sociale. Si, d'une part, cette opération de
formation et de perfectionnement vise à l'avancement personnel
des individus, à leur accession à une meilleure
compétence, on parle de promotion individuelle ou de promotion
professionnelle. Si, d'autre part, cette formation vise à
préparer des individus à mieux assumer des
responsabilités d'organisation au sein d'un groupe, on parle
de promotion collective. Ici, c'est moins l'avancement individuel
qui compte que la promotion d'un groupe, par la formation en son
sein de leader plus compétent, plus apte à
exprimer les aspirations de ce groupe et mieux qualifié pour
guider les membres de ce groupe vers une participation réelle
et effective aux décisions politiques, économiques et
sociales de la collectivité. Par la promotion individuelle, la
promotion sociale était un facteur d'efficacité technique
et de développement économique; par la promotion
collective elle devient un des piliers de la démocratie et du
progrès social.
« La machine, disait Malraux lors de son passage au Canada
il y a quelques années, est en train de changer
complètement le destin des hommes et de créer, d'une
part, une transformation du monde sans précédent, de
donner une dignité exemplaire à la lutte contre la terre,
qui est probablement la plus grande épopée du
siècle, mais, en même temps, de créer un temps libre
de plus en plus étendu. Ce temps libre, on l'appelle
loisirs... et on nous explique depuis bien longtemps que la
culture, c'est ce qui permet de passer les loisirs... c'est une des
erreurs les plus tragiques de ce temps... »
En effet, la culture, nous savons que c'est beaucoup plus que
cela, que ce sont les vraies valeurs de l'esprit, les valeurs
nécessaires, seules capables d'aider l'homme à garder son
« âme » et à « inspirer » son action.
La notion de culture populaire est élargie d'autant.
« Nous avons construit un monde qui ne nous convient pas...
Nous avons modifié les conditions de notre existence au hasard
des inventions, de nos appétits et de nos illusions, sans
aucun égard pour notre esprit et notre corps. »
(Alexis Carrel.)
Dans Retour au réel, Gustave Thibon raconte qu'un
vieux paysan, plein de sagesse et d'expérience, à qui il
avait donné à lire Les travaux et les jours,
d'Hésiode, lui avait déclaré en lui rendant
l'ouvrage : « C'est étrange, mais les moeurs, les usages,
la mentalité de nos agriculteurs d'il y a cinquante ans
étaient presque semblables à ceux des paysans grecs d'il
y a 3,000 ans. Tout a changé depuis cinquante ans. »
Comment se surprendre alors que tant de gens se cherchent et se
sentent comme à la dérive, sans espoir d'agir sur les
événements ! « L'homme se perd, affirmait un chef
syndical. Dans peu de temps, le dixième seulement de la
population sera conscient du monde dans lequel il vit... À
moins que l'homme n'apprenne, d'ici là, qu'il garde en lui des
valeurs encore inexploitées comme celles du service social, du
témoignage exemplaire, de la responsabilité personnelle
devant l'usage qu'il fait de sa liberté. »
C'est sur ce type de promotion sociale que doit reposer l'action
des éducateurs d'adultes d'aujourd'hui, qu'ils entreprennent
une lutte contre la pauvreté ou une campagne d'éducation
populaire ou de reclassement de la main-d'oeuvre. Il leur faut
résister à cette science épouvantable de
l'organisation qui vise à « insectifier », à
« chosifier » l'homme, ce type d'homme du XXe
siècle que Koestler décrit comme « ayant des yeux de
poisson mort ».
La promotion sociale doit reposer sur le respect de l'homme et
ceux qui s'y consacrent doivent croire que, sous l'influence de
l'éducation, l'individu est capable de se modifier. S'il est
vrai que ce sont toujours les pauvres qui sauvent leurs
frères, ce sont ceux que la société bouscule le plus
qui apporteront, grâce à leur labeur, la réflexion
et l'action qui sauvent.
La promotion sociale collective doit viser à favoriser la
conquête de la nouvelle autonomie de l'homme (esquissée
par David Riesman dans The Lonely Crowd) dans une
participation aux responsabilités familiales,
professionnelles, syndicales, politiques, compatibles avec les
caractères de « la nouvelle société où
nous vivons ».
Dans la mesure où la société, écrit P. Viau
dans Économie et Humanisme (juillet-août
1965), est devenue apte à maîtriser son destin, chacun
des membres de la société se trouve concerné par
l'aménagement du présent et la construction du futur et
peut légitimement prétendre y apporter sa collaboration.
Tel est le fondement de l'aspiration à participer qui anime
l'homme d'aujourd'hui et sur lequel il faut tabler pour des
programmes de promotion collective.
Mais est-ce possible, dans une société comme la
nôtre, dominée par une économie matérialiste
où priment le profit, le capital sur le travail, la production
sur la consommation, où l'homme est au service de
l'économie et de la productivité, de favoriser non pas
seulement le bonheur, le confort et la prospérité, mais
aussi l'épanouissement spirituel de l'homme ? D'abord, certes,
il faut assurer aux hommes des conditions de logement, de travail,
de nourriture normales, mais il faut assurer aussi des conditions
de culture humaine.
La promotion sociale est à ce point exigeante qu'elle doit
viser à créer un homme nouveau. Si nous mettions en
commun ce qu'il y a de plus humain et de moins bourgeois (le
bourgeois pour Mounier, c'est « l'homme qui a perdu l'amour
») dans chacun des responsables de la promotion sociale au
Québec, s'ils travaillaient ensemble et évidemment aussi
avec des responsables des grands médiums d'information, nous
pourrions faire encore davantage.
Il y a danger, actuellement, de ne voir l'éducation des
adultes que comme un instrument pour améliorer la
productivité des uns et les revenus des autres. Il y a cela,
évidemment, et le problème de produire davantage et de
mieux gagner sa vie est la préoccupation majeure de
l'industrie et de la population. L'éducation des adultes est
une nécessité économique d'abord, mais il y a une
autre dimension essentielle à la notion de l'éducation
des adultes, c'est celle de la formation du citoyen; promotion
sociale individuelle et promotion sociale collective sont
complémentaires. On a peut-être tendance à
développer la première au détriment de la seconde !
Tant que l'on croira que l'éducation des adultes ne vise
qu'à donner des techniques ou à préparer à
l'acquisition de techniques pour mieux remplir un poste plus
rémunérateur, on n'aura fait qu'une partie du chemin,
importante certes, mais incomplète, car ce qu'il importe de ne
pas oublier, c'est que l'éducation des adultes vise, comme
toute éducation, à rendre plus homme, plus libre,
meilleur citoyen, capable de comprendre le milieu où il vit...
On aura beau bâtir les meilleurs programmes de recyclage et de
formation technique, on n'aura pas pour autant appris à la
population à penser et à dépasser le stade de la
revendication.
Ce sont là des responsabilités que l'Institut
Desjardins n'a pas la prétention de pouvoir accomplir seul, ni
même partiellement. Il faut utiliser à fond toutes les
ressources et toutes les énergies publiques et privées du
milieu et l'Institut Coopératif Desjardins essaie d'apporter
sa quote-part.
Il est certain que l'État a besoin de l'expérience et
de l'appui des organismes privés, de leurs structures et de
leur personnel dans la vaste lutte entreprise en vue d'assurer une
promotion sociale de la population québécoise maintenue
dans une véritable enfance intellectuelle et morale à
cause de sa pauvreté et de son manque d'éducateurs...
« Rien dans l'univers ne peut résister à l'ardeur
convergente d'un nombre suffisamment grand d'intelligences
groupées et organisées », disait Teilhard de
Chardin.
Depuis quelques années, les mots animation, participation,
développement communautaire, consultation, démocratie de
participation, ont été tellement utilisés et si
souvent confondus qu'il est devenu important de bien doser leur
emploi et nécessaire d'en clarifier le sens. Un document
important a été publié à ce sujet, en 1968, par
le Conseil d'orientation économique du Québec :
L'animation, l'animation sociale, la consultation, essai de
définition. L'Institut Coopératif Desjardins, qui a
participé à sa rédaction, y souscrit
entièrement. Nous avons convenu donc, depuis quelque temps de
chercher, dans les limites de nos possibilités, à
éviter qu'il se fasse des opérations de formation dites
« d'animation sociale » qui ne s'inscrivent pas dans le
cadre d'un développement planifié. Nous faisons
continuellement l'effort de resituer l'animation comme un
instrument (non un objectif), comme un ensemble de techniques (
« Méthode d'intervention au sein d'un groupe en
situation, en vue de rendre le groupe concerné plus apte
à communiquer, à décider et à agir»).
Il faut continuellement démystifier l'animation qui est
considérée comme subversive par certains et, par
d'autres, comme une opération qui entraîne des
résultats magiques. Un animateur, c'est d'abord un agent de
rationalité dans l'action collective et, quant à nous,
les actions d'animation que nous entreprenons se situent au niveau
de la formation de formateurs et nous n'intervenons pas dans des
opérations d'animation sociale ( « Moyen d'assurer, dans
un contexte de planification du développement social et
économique, une participation optimale des citoyens
laissés pour compte par les transformations structurelles de
l'économie et de la société québécoise
») sinon à titre de consultant occasionnel sur le plan de
la formation.
L'Institut Desjardins a voulu de plus éviter qu'il se fasse
de la formation pour le seul objectif d'en faire. On ne mesure pas
l'efficacité d'une institution ou d'un service de formation
par le nombre de journées d'étude ou de participants
qu'ils réalisent ou rejoignent. Il faut que les programmes
correspondent aux vrais besoins de l'institution, qu'ils soient
continus, progressifs, dynamiques, adaptés et adaptables.
D'ailleurs, après l'expansion galopante des dernières
années dans le domaine de l'enseignement, les pays industriels
se tournent vers un usage plus rationnel des ressources comme en
témoigne le compte rendu d'une rencontre récente de
l'Organisation de coopération et de développement
économique (OCDE). N'aurions-nous pas avantage à
étudier cette réflexion que faisait le directeur des
affaires scientifiques de l'OCDE, en avril dernier : « Nous
sommes arrivés à un point où l'enseignement et la
recherche doivent être étudiés sous l'angle du
rendement qualificatif, à partir du critère de
l'efficience et de la productivité, plutôt que sous
l'angle des ressources brutes. »
En créant un service de formation à l'action
collective et en constituant une équipe qui nous permettra de
mieux évaluer notre travail, d'organiser
l'auto-évaluation par les stagiaires et d'assurer « le
suivi » de notre activité de formation, nous avons
réussi à mieux systématiser nos opérations en
vue de mieux répondre encore aux nombreuses demandes qui nous
parviennent d'organismes ou d'individus intéressés à
se familiariser ou à se perfectionner aux techniques de
l'animation. Nous avons contesté, pour des raisons
méthodologiques, certaines actions de formation que nous
avions entreprises avec des stagiaires de pays en voie de
développement et nous nous sommes lancés dans une
recherche pour vérifier certaines hypothèses de travail
qui correspondent davantage à nos objectifs pédagogiques
et nous avons intensifié certaines recherches ou études
méthodologiques au moyen de comités de travail, de
consultations, de colloques ou séminaires. Nous avons
répondu aux demandes des groupes qui font appel à nous
pour certains programmes de définition de rôles et
d'objectifs ou certaines autres tâches, mais nous sommes de
moins en moins disponibles pour ce genre de travail et nous
essayons plutôt de former une équipe d'animateurs en vue
d'accélérer par la formation de formateurs le processus
de multiplication. Nous avons mis l'accent aussi sur la formation
à la gestion en vue de répondre à des besoins
particuliers du Mouvement Desjardins.
Le mouvement coopératif et le Mouvement Desjardins sont
à la recherche de leur second souffle. Les besoins en
ressources humaines et en formation du personnel sont énormes
si l'on veut viser à la fois à l'efficacité et
à la promotion sociale; c'est une tâche exigeante, dans
la coopération, d'avoir à former à la fois des
hommes compétents pour l'entreprise et dynamiques pour
développer l'association de personnes et la participation. Le
mouvement coopératif se doit de préciser sans cesse ses
orientations, de développer une vue d'ensemble sur la
société qu'il veut construire et une philosophie sociale
et économique prospective. Il doit associer le plus grand
nombre de personnes possible à ses activités, repenser le
partage des responsabilités entre élus et salariés,
la représentativité de ses membres, l'exercice du pouvoir
démocratique, développer des structures régionales
qui facilitent la participation, reviser continuellement ses
objectifs et son organisation en fonction des besoins,
réévaluer sa perception des besoins, etc. Mouvement de
compensation devant le néo-capitalisme qui répond ou
crée des besoins par intérêt, comme le
déclarait le professeur Fernand Dumont, il doit exprimer les
grands besoins collectifs constamment sous-estimés par le
secteur économique et masqués par la publicité,
définir les besoins véritables de la société et
cela, tout en administrant des entreprises financières de
grande importance. Il est essentiel d'en arriver à
développer chez les dirigeants du mouvement coopératif un
esprit tourné vers l'avenir tout en s'inspirant du passé.
Il lui faut prévoir des programmes de formation continus et
dynamiques qui préparent à des tâches nouvelles, et
qui permettent de réapprendre son travail en l'apprenant
autrement; développer un esprit nouveau qui l'aidera à
sortir des modèles connus pour créer, grâce à
l'expérience et à l'imagination de praticiens qui sont
motivés par les besoins actuels plutôt que par la
sauvegarde des structures et du bien acquis, par
l'auto-défense et la justification du passé. Il faut
laisser aux historiens le soin de faire l'exégèse du
passé et se convaincre que « la raison de nos actes est
en avant de nous» (Gaston Berger). Il faut se préparer
à une action collective plus rationnelle et plus
démocratique, qui s'appuie sur des efforts de planification et
de prospective. Ce sont des tâches majeures auxquelles
l'Institut Desjardins est associé et c'est dans ce sens que
nous croyons interpréter les besoins du milieu en offrant des
services qui peuvent apporter des éléments de
solution.
Tout au cours de ces années, et graduellement, nous avons
essayé de « libérer » l'équipe
pédagogique afin qu'elle puisse jouir d'une liberté
académique complète sans être influencée
indûment, dans son travail, par les problèmes financiers
que pose l'administration d'un centre résidentiel
d'éducation des adultes.
De nombreux voyages d'étude ont été faits par des
membres de notre personnel dont plusieurs ont
bénéficié de congés éducatifs afin de se
spécialiser. Plusieurs sessions d'études
expérimentales ont été réalisées avec des
organismes étrangers ou du pays. Ces échanges nous ont
ramenés à nous poser un certain nombre de questions
fondamentales. Un des problèmes prioritaires pour nous, c'est
d'établir des objectifs d'action déterminés par un
esprit scientifique, c'est-à-dire appuyés sur
l'observation des faits et insérés dans les lignes de
force de la société globale. Il nous semble évident
que la coopération et l'Institut Desjardins en particulier ont
des responsabilités d'agents de développement de la
conscience communautaire. Il nous faut continuellement rechercher
les vrais besoins communautaires, essayer d'y répondre et
préciser quel type de société nous voulons
bâtir. Nous sentons bien que nul ne peut se définir dans
une société complexe comme la nôtre sans des
études globales, que nous avons essayé de favoriser dans
la mesure de nos moyens.
Difficultés
En cherchant à établir un style nouveau de
fonctionnement dans l'application des programmes de formation, nous
avons été entraînés à contester certaines
attitudes dirigistes et paternalistes qui ne favorisent que la
passivité chez ceux à qui on demande d'accepter ce qui
vient d'en haut sans comprendre souvent, sans « critiquer
» et sans participer à la solution des problèmes.
Nous avons constaté qu'il est essentiel que les programmes de
formation et les conséquences qu'ils entraînent soient
acceptés par la haute direction des organismes, sinon c'est le
programme de formation qu'il faut modifier ou retarder en attendant
une situation plus favorable. Nous avons toujours refusé
d'intervenir dans des groupes, sans l'accord de l'organisme
lui-même. Nous pensons qu'il est temps, dans nos institutions
économico-sociales, de dépasser la notion du service
d'éducation, beaucoup trop générale, pour nous
orienter véritablement vers des services de formation
individuelle et collective; d'y mettre les hommes les plus
compétents et les associer à la haute direction. Le temps
est révolu où les services d'éducation sont
dirigés par des hommes sans expérience ou par ceux qui,
très expérimentés dans la gestion des affaires, se
sont vu confier ce poste, à la fin ou au cours d'une
carrière, pour des raisons autres que professionnelles.
L'Institut Desjardins a essayé de ne pas se lancer à
la défense d'une idéologie. Il a essayé de se
présenter tout simplement comme un agent de changement, mais
le choix d'une pédagogie non directive a pu être
perçu, à l'occasion, comme une option réactionnaire.
C'était inévitable mais, en toute objectivité, nous
avons essayé d'être un instrument de co-réflexion
communautaire non engagé et qui s'efforce de s'ajuster aux
groupes de tous types avec lesquels il travaille et de doser, s'il
le faut, certaines méthodes pédagogiques traumatisantes.
Nous avons heurté parfois certains groupes qui
considèrent la formation comme une opération de
conservation de valeurs et de propagation d'idées plutôt
que comme un lien de réflexion, de contestation et
d'évolution. « Dans un cadre traditionnel, la tâche
de l'éducation était assez simple; il fallait
décider ce dont la machine sociale a besoin et faire en sorte
que les gens puissent répondre à ces besoins. La fonction
de l'école n'était pas tellement d'encourager les gens
à continuer à explorer, à apprendre et, par suite,
à changer tout au long de la vie mais, au contraire, de
ralentir et de contrôler ces mêmes processus de
croissance et de changement personnel. Veiller à ce que
l'homme évolue dans une carrière utile ou l'instrumenter
pour son métier était une petite partie de ce jeu
éducationnel qui consistait à répondre aux besoins
de la machine sociale. » (McLuhan.)
Nous avons constaté, à nos risques et périls,
qu'il n'y a pas désir universel de changement, qu'il y a
résistance, que tous n'acceptent pas, par exemple, que
certaines de nos traditions soient rejetées, que les rapports
d'autorité entre parents et enfants, employeurs et
employés, doivent changer. Tous ne sont pas prêts à
s'adapter personnellement ou comme membre d'une institution à
des situations nouvelles. Tous s'interrogent cependant, et lorsque
l'on a compris que l'Institut Desjardins n'est qu'un instrument de
réflexion qui n'est pas là pour donner des orientations,
mais pour permettre de les trouver, les réactions sont moins
agressives.
Dans un article « Revolt and Reform » du Père
Joseph MacFarlane, qui porte sur le conflit des mentalités
entre la vieille et la jeune génération, on note que
l'une des sources de conflit est la question des structures : la
génération ancienne accepte la structure, la nouvelle la
met en question. « Pour la nouvelle génération, la
structure est « le système ». C'est la façon
invariable d'affronter toute situation. C'est à la fois une
attitude d'esprit et un système tout fait de manières
d'agir, que l'on présente comme la façon reçue de
faire les choses. Les tenants de la structure ont une décision
finale toute faite, un plan préétabli; ils répondent
à une objection par un appel à l'autorité. À
leurs yeux, la structure fait figure de bons sens. Mais la nouvelle
génération s'oppose à cette manière de voir :
ce à quoi elle s'oppose, c'est à ce mauvais usage de
l'autorité qui consiste à considérer comme immuables
tous les aspects de la structure et à soutenir ce point de vue
par voie d'autorité. Pour l'auteur, ces jeunes ont vraiment
quelque chose à dire et ils constituent l'avant-garde de ce
qui va venir, car la masse va les suivre. Vatican II a ouvert la
route aux discussions à l'intérieur de l'Église et
à travers toute l'Église. C'est presque entièrement
dans ce sens que va la fermentation chez les étudiants. La
nouvelle génération a à dire des choses valables et
il vaudrait mieux qu'elle soit entendue. Elle veut être
entendue par ceux qui font des lois à leur sujet...
Plusieurs sont enfermés dans leurs institutions et semblent
satisfaits de leur solidité et de leur fixité. Autour,
tout change... Quand donc redécouvrirons-nous le génie
inventif de ceux qui ont créé nos propres institutions
?
La résistance dans le Mouvement Desjardins a été
assez grande et l'est encore malgré de nombreux
adoucissements. Peutêtre est-ce normal que l'on ne soit pas
« prophète dans son propre pays ».
Espérons que, avec le temps, cette méfiance
disparaîtra. Toute l'activité du mouvement
coopératif nous semble graviter autour de deux pôles : la
gestion et l'éducation. Or actuellement, l'automatisation, la
démocratisation et la socialisation sont autant de signes des
temps qui commandent, tant au niveau de la gestion qu'à celui
de l'éducation, de nouvelles attitudes et de nouvelles
méthodes ou techniques. C'est un véritable
aggiornamento, à une mutation profonde que nous
invitent les découvertes et les travaux récents sur la
sociologie et la rationalisation du travail, la psychologie
sociale, la pédagogie des adultes, et le reste.
Mais de tels changements, écrivions-nous dans un document
préparatoire au lancement d'un programme de formation en
animation, nécessitent un recyclage des cadres du mouvement
coopératif et l'organisation de stages intensifs
d'entraînement et de formation. C'était au niveau de la
fonction éducative de la coopération que s'intégrait
notre programme de formation d'animateurs. Nos hypothèses,
concernant la fonction éducative de la coopération,
étaient les suivantes : cette éducation a une triple
destination : les cadres du mouvement coopératif, ses membres
et la société globale. Nous croyions que le mouvement
coopératif devait tendre à s'implanter dans la
société globale comme un corps intermédiaire et un
agent de promotion de la collectivité; cette éducation
nous semble devoir poursuivre deux objectifs complémentaires :
l'acquisition d'instruments de perception de la réalité
suffisamment souples pour en suivre l'évolution rapide, et
l'entraînement à une action à la fois personnelle et
communautaire dans le milieu; les personnes actuellement
responsables de cette fonction éducative au sein du mouvement
coopératif nous semblent se situer quelque part entre les deux
types suivants : le type traditionnel du propagandiste-informateur
aux attitudes dogmatiques et aux méthodes autocratiques et
directives est le type, que nous croyons idéal, de
l'animateur-vulgarisateur aux attitudes plus relativistes et aux
méthodes démocratiques et non directives.
Nous faisions l'hypothèse, en élaborant notre
programme de formation, que nous devions offrir aux cadres
éducatifs du mouvement coopératif désireux de tendre
vers le type idéal d'animateurvulgarisateur un instrument de
réflexion et d'entraînement. Cette opération ne fut
pas possible et peut-être sommes-nous responsables de n'avoir
pu préparer un programme adapté qui répondit
vraiment aux besoins ressentis ? Peut-être oublions-nous de
respecter parfois, dans nos milieux pédagogiques, la
pédagogie que nous faisons vivre à nos propres stagiaires
?
Nous sommes convaincus que le mouvement coopératif et les
autres organismes ne pourront survivre dans leurs structures
actuelles, et principalement les coopératives, avec le seul
perfectionnement technique de leurs salariés. Il y a urgence
de former le personnel et les administrateurs à une action
démocratique et à un rayonnement social dans la
collectivité. Ou bien on développera parallèlement
l'entreprise et l'association, ou bien l'une détruira
l'autre.
L'Institut Coopératif Desjardins a cru de son devoir de
mettre l'accent sur l'association de personnes, sachant que la
formation technique est assurée par ailleurs dans les diverses
entreprises et institutions du mouvement. Le Mouvement Desjardins
doit être source d'idées et de principes de liberté
et de démocratie de participation, de responsabilité
personnelle et d'entraide volontaire. Ces idées, qui sont au
coeur des réflexions sociales actuelles, doivent être
concrétisées dans des actes d'éducation; sinon, nous
risquons d'être stérilisés par l'argent et la
technique. Ces valeurs dépassent le simple nationalisme
économique qui a inspiré et qui inspire encore notre
action. Il rejoint le fond de la pensée coopérative :
tant que la recherche des réponses aux difficultés et aux
besoins se fera par le milieu lui-même, avec l'aide de tous
ceux qui travaillent dans le Mouvement Desjardins et le mouvement
coopératif, nous demeurerons des coopératives efficaces.
Mais, pour cela, il faut que ceux qui oeuvrent dans nos entreprises
soient des animateurs de ce milieu et non des gens qui ont les
réponses. Voilà pourquoi nous insistons tant sur les
programmes de formation à l'animation et à la
participation dans les organismes de caractère
économico-social. D'un côté, il y a évolution
de structures (État, Église, entreprises) sous les
poussées de la technique; de l'autre côté, la
population. Cette population ne pourra jouer un rôle que si on
l'aide à comprendre et à prendre ses
responsabilités. Ce rôle de promotion sociale est
dévolu aux corps intermédiaires et aux coopératives
en particulier, mais, il faut nous rendre à l'évidence,
le Québec et ses institutions sont toujours dirigés par
une équipe de style traditionnel même si, du
côté de la consultation, on fait un effort pour favoriser
davantage les échanges. Trop de dirigeants sont
dépassés par les événements et sont
accrochés à leur fonction comme à des vertus,
incapables de pousser la confiance jusqu'à l'erreur, sur la
défensive, acceptant le progrès à contrecoeur, et
que les jeunes, c'està-dire, la science et la technique, la
liberté de penser et d'agir, bousculeront.
Est-il nécessaire d'ajouter que de nombreuses
difficultés ont été causées par notre manque
d'expérience, certaines restrictions budgétaires, des
déficits permanents ainsi qu'un manque de personnel ?
Conclusions
« Tout nous invite à penser que les choses vont
rapidement changer; que l'ébranlement des grandes masses, la
formidable pression des découvertes et des techniques, le
mouvement des idées dans les sphères de vraie
responsabilité, le contact avec des intelligences
extérieures, balaieront les principes anciens qui paralysent
la vie en société, et que l'homme, redevenu disponible au
bout de ce chemin qui va de l'aliénation à la
révolte, puis de la révolte à l'adhésion,
entendra en lui-même monter cette « âme nouvelle
» dont parle Teilhard et découvrira dans la liberté
ce « pouvoir d'être cause » qui relie l'être au
faire. » (Pauwels et Bergier, Le matin des
magiciens.)
« Enseigner n'est autre chose qu'apprendre »,
écrivait Carl Rogers. L'Institut Desjardins, depuis cinq ans,
s'est donc trouvé en état de recherche, différemment
mais aussi intensément que ses stagiaires, et un dialogue
créateur s'est engagé.
« Puisque, pour des gens sains, écrit A. H. Maslow,
l'inconnu n'est pas épeurant, ils n'ont pas à perdre leur
temps à apaiser des fantômes, à siffler en longeant
un cimetière ou en se protégeant d'une façon ou de
l'autre contre des dangers imaginaires. Ils ne négligent pas
l'inconnu, ne le nient pas, ne le fuient pas, n'essaient pas de
faire croire qu'il est connu... Ils ne s'agrippent pas au familier
et leur quête de vérité n'est pas un besoin maladif
de certitude, de sécurité, de définitif, d'ordre...
Ils peuvent être, lorsque la situation objective totale le
demande, confortablement désordonnés, bâcleurs,
anarchiques, chaotiques, vagues, portés au doute, incertains,
indéfinis, approximatifs, inexacts ou imprécis (toutes
choses tout à fait désirables à certains moments en
science, en art ou dans la vie en général). Il arrive
aussi que le doute, l'essai approximatif, l'incertitude, avec la
conséquence nécessaire de remise des décisions
à plus tard, tout ce qui constitue une torture pour la plupart
des hommes, peut être pour certains un défi
agréablement stimulant, un haut plutôt qu'un bas dans
l'existence. »
L'Institut Desjardins est un bon instrument, mais peut-être
n'en a-t-on pas fait toujours le meilleur usage. Ceux qui en
assurent l'orientation se doivent de songer à le faire mieux
servir à la réflexion communautaire et à la
formation, en utilisant tous les moyens nécessaires.
Irenée Bonnier (Directeur du Service
de l'éducation, La
Fédération des Caisses Populaires
Desjardins, Lévis, Québec.)
Avant d'expliquer le programme de formation des cadres,
c'est-à-dire des gérants et des assistants gérants,
mis au point par le Service de l'éducation de la
Fédération, il serait sans doute opportun de situer ce
qu'est la Caisse populaire et la structure dont elle fait
partie.
Il existe dans la province de Québec, environ 1,300 Caisses
populaires locales. Chacune des Caisses populaires est
affiliée à une Union régionale, et on trouve dix de
ces Unions à travers la province. Ces Unions régionales
sont elles-mêmes affiliées à une
Fédération.
Chacune des Unions régionales a un Service de
l'éducation et le travail de l'éducation de chaque Union
est coordonné par un Service de l'éducation au sein
même de la Fédération.
Le programme de formation (dont il sera question par après)
est une partie des activités éducatives, soit : la
formation des dirigeants de Caisses populaires, la formation des
membres avec un accent particulier sur l'éducation à la
consommation et la formation technique des employés.
Le programme de formation des gérants et des gérants
adjoints ne se comprend que par rapport à l'ensemble des
programmes de formation.
Les préliminaires
La formulation d'un programme de formation pour les gérants
de Caisses populaires remonte à 1963. La première
étape fut une enquête sur les fonctions du Gérant de
Caisse populaire, ainsi que des champs d'activité qu'il avait
à couvrir. Cette enquête s'est faite par le truchement de
contacts personnels.
Ayant ramassé un certain nombre de données avant
d'établir le contenu du programme de formation, nous avons
essayé de définir ce que devait connaître
normalement un gérant de Caisse populaire, dans l'exercice de
ses fonctions, et nous avons, à cet effet, divisé en
quatre parties les fonctions du gérant; nous avons établi
qu'il avait des responsabilités dans les domaines
économique, social, dans le domaine de la gestion des biens
matériels
et dans la gestion du personnel. Ceci s'explique
très bien, du fait que la Caisse populaire est une entreprise
socio-économique.
Pour répondre à ces différents types de
fonctions, nous avons élaboré les sujets suivants,
nécessaires dans le domaine économique :
- Les éléments de macro-économique,
- La notion des revenus et de l'épargne,
- Les investissements,
- La consommation, le jeu des contrôles fiscaux et
monétaires,
- Le crédit à la consommation : le rôle du
crédit et les types de crédit,
- Le rôle de la banque du Canada, La coopération comme
système économique,
- Les banques à charte,
- La compagnie de fiducie,
- Les opérations des compagnies de finance et leurs
prêts.
Au niveau des préoccupations sociales, nous
trouvions que les gérants avaient besoin des notions suivantes
:
- Sur la société et l'organisation sociale,
- La place et le rôle de la Caisse dans la
société,
- La méthode d'approche pour l'analyse des besoins de la
communauté sociale,
- Les notions sur le travail de groupe et sa
dynamique,
- Les notions sur les méthodes de discussion et leur
utilisation en vue de l'éducation des sociétaires et la
formation des administrateurs,
- Le contrôle social,
- La responsabilité de la Caisse populaire dans le
domaine
- de l'éducation à la consommation,
- La place et le rôle du comité d'éducation,
- L'étude des moyens publicitaires,
- Les relations avec les non-membres et le public en
général.
Dans le domaine de la gestion du matériel, il y a
:
- Les principes généraux d'administration,
- Les notions de la fonction d'administrateur, soit : planifier,
organiser, coordonner et contrôler,
- L'analyse financière : les différentes sortes de
tableaux de contrôle, analyse des opérations, des
objectifs, le budget,
- Les assemblées mensuelles du bureau de direction : leur
préparation, leur contenu,
- Les relations avec les comités de surveillance et de
crédit,
- La notion des placements,
- La loi des Caisses.
Quant à la gestion du personnel, nous trouvions
que les gérants avaient besoin des éléments
suivants :
- La sélection du personnel,
- Les qualités requises pour la gestion du personnel,
- L'entraînement,
- L'initiation et les réunions régulières du
personnel,
- Les relations humaines dans l'entreprise, soit les relations
entre la direction et les employés, entre les employés et
la direction, entre le personnel et les membres,
- La surveillance du personnel,
- Les méthodes d'évaluation.
Les sessions de formation pour les gérants n'ont donc pas
été inventées de toute pièce. Dans notre
esprit, elles devaient correspondre totalement aux
préoccupations des gérants, elles devaient être, de
ce fait, extrêmement fonctionnelles.
Les besoins étant établis, nous avons
réfléchi à la clientèle elle-même. A la
suite d'un simple questionnaire, nous avons connu quelles
étaient les caractéristiques des gérants de Caisses
qui devaient assister à ces sessions. Quel était leur
âge ? Quelles étaient leurs années d'expérience
an niveau de la Caisse populaire? Quelle était leur
préparation académique? etc. Nous tenions à faire
cette enquête et à connaître ces données, afin
non seulement de connaître la clientèle possible, mais
également afin de pouvoir classifier les groupes d'une
façon la plus homogène possible.
Il nous est apparu, après étude de cette enquête,
que la variable ou les deux variables qui devaient le plus
intéresser étaient l'importance même de la Caisse
selon l'actif et le fait qu'elle soit du type rural ou urbain.
L'actif de la Caisse était important, puisque les
problèmes d'administration qu'on y retrouvait, ainsi que les
problèmes de personnel n'étaient pas les mêmes, pour
un gérant ayant la responsabilité de 15 employés et
celui qui n'a la responsabilité que d'un employé. Il nous
semblait aussi que le milieu où opérait la Caisse
était d'une importance vitale, parce que la Caisse a comme
objectif de correspondre aux besoins de son propre milieu; or, il
est évident que les besoins de développement
économique et social des milieux ruraux ne sont pas les
mêmes que ceux des milieux urbains.
La programmation
Voilà donc les deux variables que nous avons
privilégiées, soit l'actif, soit la provenance ou la
situation de la Caisse. Ceci fait, nous avons établi notre
programmation. Cette programmation repose sur l'a priori suivant :
tout programme de formation pour les cadres doit reposer sur une
connaissance approfondie de la part de ces cadres, de l'organisme
à l'intérieur duquel ils opèrent. Il est important,
avant même de parler de problème de technique et de
gestion, que les gérants eux-mêmes sachent exactement, et
aient l'occasion de discuter entre eux quels sont les objectifs de
la Caisse populaire et la place que les Caisses populaires occupent
dans notre monde économique et social actuel.
Le premier cycle de formation des gérants a donc comme
objet de définir la notion de la Caisse, mais d'une façon
très dynamique. Au lieu de parler de la Caisse populaire et de
sa gestion interne, nous en parlons mais par rapport aux facteurs
extérieurs qui l'influencent, soit les facteurs
économiques, les facteurs sociaux, le fait aussi qu'elle se
situe dans un système qui est celui de la coopération. Ce
sont donc les trois sujets que nous abordons au 1er
cycle et nous abordons également la question de la Caisse en
tant que coopérative communautaire, c'est-à-dire les
responsabilités de la Caisse populaire par rapport à la
solution des problèmes économiques et sociaux, tant au
plan global qu'au plan de la communauté locale où se
trouve la Caisse populaire elle-même.
Étant donné que les gérants de Caisses viennent
pour la première fois à ces stages, nous en profitons
également pour leur donner un certain nombre de notions de
régie interne.
Mais l'objectif de cette semaine, puisqu'il s'agit toujours d'un
stage d'une semaine complète, c'est la connaissance de la
Caisse populaire par rapport aux objectifs à atteindre.
A compter du 2e cycle, c'est-à-dire de la
deuxième semaine de formation, nous abordons les
problèmes de gestion proprement dite. Cette gestion, si on se
réfère toujours au tableau du départ, se fait par
rapport à trois dimensions.
- les relations qu'on doit avoir avec le
personnel,
- les relations qu'on doit entretenir avec les membres
euxmêmes, les services qu'ils attendent de la
Caisse,
- les relations avec le Conseil d'administration et la
gérance.
Voilà ce que nous essayons de couvrir au deuxième
cycle, tout l'aspect des relations humaines. Il ne servirait à
rien de posséder très bien la technique, si nous ne
pouvons pas la communiquer et c'est pour cela que nous insistons
pour que le deuxième stage soit surtout concentré sur les
relations humaines, c'est-à-dire les relations entre la
gérance et son personnel, la gérance et les membres, et
la gérance et le conseil d'administration.
Tableau type des relations humaines du gérant
Le troisième cycle, c'est-à-dire la troisième
semaine de formation est centrée sur une connaissance d'un
certain nombre de phénomènes. Nous sommes
préoccupés d'un premier phénomène qui est le
partage des responsabilités entre la gérance et son
personnel. Nous sommes également préoccupés d'une
meilleure compréhension du circuit financier, de
premières notions de la rentabilité, ainsi que de notions
fondamentales de gestion de personnel.
A la quatrième semaine de formation, nous sommes davantage
préoccupés d'apprendre aux stagiaires comment faire un
certain nombre d'opérations. Il s'agit en premier lieu,
d'opérations d'administration de personnel, comprenant la
sélection, l'évaluation du personnel, les entrevues de
sélection, l'établissement de barème de salaire. Par
après, afin d'aider les stagiaires à mieux saisir le
cinquième cycle qui porte exclusivement sur la
rentabilité, nous leur offrons des instruments d'analyse de
cette rentabilité, c'est-à-dire des notions sur les
coûts fixes et les coûts variables dans l'entreprise.
Nous terminons ce quatrième cycle en traitant des notions
d'analyse de milieu, d'analyse des besoins des membres.
Dans un autre contexte, on appellera cela des notions de
marketing.
La cinquième semaine, qui complète le cycle de base de
formation des gérants, porte exclusivement sur la
rentabilité de la Caisse. Dans notre perspective, la
rentabilité est une espèce de conséquence du bon
fonctionnement d'une Caisse populaire, et ce bon fonctionnement
doit reposer non seulement sur l'utilisation la plus rationnelle
possible des fonds monétaires et du personnel, mais
également sur l'obtention des objectifs véritables de la
Caisse populaire que nous avons traités lors du 1er
cycle. C'est pour cela que nous croyons que l'étude de la
rentabilité, sous ses différentes facettes, doit
compléter ce cycle de cinq semaines de formation.
Cette rentabilité est étudiée à partir de
données qui ont déjà été fournies par les
Services techniques de la Fédération.
La méthodologie
Nous avons dit au début, que les deux variables qui nous
avaient préoccupés dans la sélection des
gérants étaient : l'actif de la Caisse, ainsi que sa
situation par rapport au milieu rural ou au milieu urbain. Le fait
de privilégier ces deux variables indiquait qu'il fallait
compter, dans les sessions de formation, sur le phénomène
interrelation entre les participants. Ce phénomène est
mis de l'avant et il est exercé d'une façon telle, que
les stagiaires bénéficient vraiment de leurs semaines de
formation, dans la mesure où ils vont y participer très
activement.
On prend pour acquis, au point de départ, que chacun des
participants a un certain bagage d'expérience et ce bagage est
mis en commun avec chacun des autres. Nous utilisons, pour chacun
des sujets, ce que nous appelons des personnes de ressources; c'est
à dessein que nous ne les appelons pas professeurs, parce que
nous leur demandons d'aider les stagiaires à clarifier
certaines notions imprécises et à pénétrer plus
loin dans la compréhension d'un certain nombre de sujets; le
rôle de la personne de ressource est vraiment un rôle
d'informateur, d'éclaireur et de leader, dans le vrai sens du
mot. Nous croyons que cette méthode a cet avantage, qu'au lieu
de transmettre aux participants des notions vagues, elle se
réfère constamment à leurs expériences
vécues, à des préoccupations communes qui font que
les stagiaires devraient davantage se rappeler les discussions, et
surtout s'interroger sur un certain nombre de leurs attitudes.
Disons que cette préoccupation de s'adresser d'abord au
niveau des attitudes est fondamentale; nous croyons que toute
connaissance doit d'abord supposer un champ de réception
positif et ouvert.
Lors de la première semaine de formation, nous utilisons
donc énormément la méthode de discussion et de
travail en sousgroupes. Nous amenons tranquillement les stagiaires
à prendre en main, jusqu'à un certain point, la
responsabilité d'apprendre.
Lors du deuxième stage de formation et du troisième,
nous utilisons comme base méthodologique, l'étude des
cas. Ces cas sont ordinairement fournis par l'Université
Harvard ou l'Université Laval; un certain nombre des cas du
troisième cycle ont été élaborés par la
Fédération elle-même.
L'utilisation des cas est une accentuation du rôle actif
que nous demandons aux participants; le fait de se projeter dans
des situations et d'essayer de les analyser permet une plus grande
compréhension du phénomène et permet également
une impression plus forte sur les attitudes des stagiaires.
Une troisième méthode que nous utilisons est le jeu
d'entreprise. Le jeu d'entreprise peut, sous certains aspects,
ressembler aux cas. Il a cet avantage-ci, cependant, que non
seulement il demande aux stagiaires leur réaction par rapport
à tel phénomène qui leur est exposé, mais en
plus cela, les stagiaires doivent être conséquents de
leurs décisions; les stagiaires, qui sont divisés en
sous-groupes, doivent, à plusieurs reprises, prendre des
décisions opérationnelles par rapport à une
situation donnée.
Ces décisions sont transférées immédiatement
dans le domaine des opérations et l'ordinateur projette pour
une période de 6 mois, les conséquences
opérationnelles de tel ou tel type de décisions. Ceci
permet aux sous-groupes d'évaluer leur geste ou leur
décision et de s'ajuster en conséquence. Le jeu
d'entreprise suppose un esprit d'équipe extrêmement
puissant et suppose également une rapidité de
décision.
Nous l'utilisons en particulier dans la quatrième semaine
de formation, afin d'étudier avec les stagiaires, les
variables qui influencent ordinairement l'efficacité et la
rentabilité d'une entreprise, et nous l'étudions
également au cinquième stage de formation, en vue
d'étudier la rentabilité de la Caisse populaire
elle-même. Ces jeux d'entreprise ont l'avantage additionnel de
permettre aux stagiaires de se familiariser avec l'ordinateur,
comme outil de gestion; ce qui est extrêmement précieux
pour les Caisses populaires qui, très bientôt, se
serviront de l'ordinateur quotidiennement.
L'évaluation
A chaque semaine et pour chaque groupe, nous procédons
à une évaluation qui est orale et écrite. Nous
essayons de connaître les réflexes des stagiaires,
comment ils réagissent au contenu, aux personnes de ressource
et à la méthodologie. Nous essayons également de
connaître ces réflexes d'une façon écrite et
anonyme.
Ces évaluations immédiates ont une certaine valeur.
Nous croyons cependant que la meilleure évaluation est le
degré de constance que nous trouvons chez nos stagiaires ainsi
que l'expression des nouveaux besoins qu'ils peuvent nous
manifester en vue de cycles de formation futurs.
Nous avons aussi pensé qu'une bonne méthode
d'évaluation était de rencontrer les stagiaires par
groupe, six mois après le stage. Nous avons essayé cette
méthode à trois ou quatre reprises, mais faute de
personnel, nous n'avons pas pu continuer cette évaluation,
mais nous croyons que ce serait encore le meilleur outil, non
seulement pour évaluer les stages de formation futurs, mais
surtout pour planifier les prochains.
A un moment donné, nous avons demandé à
l'Institut Coopératif Desjardins de procéder à
l'évaluation pour nous, des anciens stagiaires. Ce fut une
entreprise assez longue et nous ne pourrions pas commencer le
même phénomène chaque année, mais elle avait
l'avantage d'être encore plus objective.
Comme nous le disions, nous croyons que la méthode la plus
pratique et la plus valable serait que le coordinateur des stages,
avec l'un de ses aides, puissent rencontrer ceux qui ont
déjà assisté à des sessions de formation, six
mois après leur venue. Nous percevons, qu'il s'agirait
là, d'un travail continu et nous n'avons pas cru opportun de
l'entreprendre, ni d'affecter du personnel spécifiquement
à cette tâche.
Le taux de persévérance des stagiaires est lui aussi
un facteur d'évaluation. A part une raison majeure
d'empêchement, nous dirions qu'il y a 100% des stagiaires qui
reviennent année après année. Il faut souligner ici,
que la Fédération n'a aucune autorité physique sur
les gérants de Caisses populaires. Ceux-ci viennent aux stages
de formation, parce qu'ils le veulent bien. Us ne dépendent
pas directement, au sujet de leur emploi et même de leur
évaluation, de la Fédération, mais plutôt de
leur propre Conseil d'administration; nous prenons pour acquis, que
s'ils viennent si nombreux aux stages de formation, c'est que
ceux-ci doivent correspondre vraiment à leurs besoins.
Nous croyons très important de souligner ce fait, parce que
dans d'autres types d'entreprise, ces stages sont planifiés et
font partie de l'activité normale des individus; dans les
Caisses populaires, il s'agit d'actes volontaires de la part de
chaque stagiaire, et certains d'entre eux doivent même prendre
leur temps de vacances, afin d'y assister. Ce qui prouve leur grand
désir de parfaire la formation déjà acquise.
Les stages de formation ont rejoint environ 900 de nos
gérants, à date. Il nous reste donc, à organiser des
premiers stages de formation, pour des nouveaux gérants ou
pour des gérants adjoints; nous essayons de maintenir environ
trois types de stages au cours de la même semaine. Nous
planifions des stages futurs, que nous pensions que nous devions
offrir sous forme d'option, mais à bien y réfléchir,
nous croyons qu'il est essentiel que nous les offrions, comme
6e, 7e ou 8e stage.
La méthodologie que nous utiliserons fera appel à
différentes techniques, en particulier à l'étude des
cas, au jeu d'entreprise et aux discussions de groupes.
Les contenus de stages seront définis à partir des
préoccupations des anciens stagiaires et du tableau des
centres d'intérêt auxquels nous nous référions
au début.
La formation étant un processus dynamique, elle n'est
jamais terminée, ni finalisée, tant au point de vue
contenu qu'au point de vue de la méthodologie.
Rolland-P. Sabourin (Secrétaire général,
Coopérative Agricole de Granby, Granby.)
En coopération, l'homme occupe une place
prépondérante. S'il est vrai que toute coopérative
fait face à des problèmes d'ordre technique, financier et
de gestion afin de réaliser ses objectifs économiques,
elle doit songer avant tout à ses sociétaires. En effet,
ce sont les membres qui déterminent, dans une large mesure, la
nature des activités de la Coopérative et qui
conditionnent en bonne partie le niveau de son progrès. C'est
grâce à eux et pour eux que la Coopérative existe et
qu'elle travaille; les membres sont « l'élément
directeur » de la Coopérative.
Par conséquence, une coopérative doit porter une
attention toute particulière à la recherche et à
l'application d'excellents moyens de communication pour : 1 )
renseigner rapidement ses sociétaires sur les structures, les
objectifs et le fonctionnement de leur Coopérative; 2) les
encourager et les aider à perfectionner leur formation
coopérative et 3) favoriser et assurer une participation
éclairée sinon de tous, du moins du plus grand nombre de
membres à la vie de l'institution.
La Coopérative Agricole de Granby a toujours attaché
une très grande importance aux relations humaines,
c'est-à-dire qu'elle a toujours favorisé des
communications étroites entre l'administration, les services
et les sociétaires. Ceci fut réalisé grâce
à la collaboration d'un certain nombre de membres,
appelés « Sociétaires-animateurs », qui ont
accepté d'établir et de maintenir sur une base
bénévole des liens avec les membres.
Considérations générales sur la coopérative
agricole de granby
Fondée en 1938 par 88 cultivateurs de Granby et des
environs, avec un capital souscrit de $4,000.00, dont une encaisse
de $1,000.00 seulement, la Coopérative Agricole de Granby est
devenue en 1969 :
- sur le plan de l'association
: une grande société
de 8,100 membres répartis dans 335 paroisses, situées
dans 27 comtés du centre de la province de Québec où
la production du lait représente la base de l'exploitation
agricole;
- sur le plan matériel : une entreprise comprenant six
usines laitières modernes, polyvalentes, parfaitement
équipées, où l'année dernière, plus de 1
millard 250 millions de livres de lait soit approximativement 25%
du lait industriel produit dans la province de Québec ont
été transformées en différentes sortes de
produits, notamment 27 millions de livres de beurre, 36 millions de
livres de fromage et au-delà de 160 millions de livres
d'autres produits : lait écrémé en poudre, poudre de
lait instantané, lait évaporé, lait condensé
sucré, poudre de lait de fromage, etc., etc.
Grâce à l'efficacité des Services de Vente et de
Publicité de la Coopérative, ces produits ont
été vendus, en majeure partie, sur le marché
canadien. Quelques milliers de livres de lait en poudre ont
été expédiées à l'étranger. La
Coopérative a déjà exporté des produits
laitiers dans une quarantaine de pays. Elle est
co-propriétaire d'une usine d'empaquetage et de distribution
de poudre de lait à Formose.
Outre la transformation et la mise en marché des produits
du lait, la Coopérative mène plusieurs autres
activités pour aider ses membres à améliorer la
rentabilité de leur ferme et particulièrement pour
réduire le coût de production du lait et en
améliorer la qualité. Ainsi, la Coopérative offre de
nombreux services à ses membres, directement pour le district
de Granby et indirectement par l'intermédiaire des
coopératives associées pour les autres régions :
production d'aliments pour bétail, achat d'engrais chimiques,
grains de semence, machines aratoires, quincaillerie,
insémination artificielle des bovins, aide technique en
élevage, médecine vétérinaire, aviculture,
obtention de capital d'exploitation. Enfin, la Coopérative
manufacture des refroidisseurs à lait et co-manufacture des
citernes réfrigérantes pour ses membres et pour la
Coopérative Fédérée.
Le chiffre d'affaires de la Coopérative de Granby
s'élevait à plus de $65,000,000. en juillet 1968. Le
capital social, ordinaire et privilégié, payé par
ses sociétaires, est présentement de $7,000,000. et le
capital d'exploitation dépasse $4,000,000.
La valeur aux livres de ses actifs globaux, amortissement
accumulé, totalise plus de $25,000,000.
Ainsi, après un peu plus de 30 ans d'existence, la
Coopérative Agricole de Granby est devenue la plus grande
unité de la Fédération des Coopératives
Agricoles du Québec et l'établissement laitier le plus
important dans son genre au Canada. Par l'intermédiaire de la
Fédérée, la Coopérative participe activement
aux activités du Conseil de la Coopération du Québec
et est ainsi associée au Conseil Canadien de la
Coopération et à l'Alliance Coopérative
Internationale.
L'organisme de promotion et d'éducation
coopérative
a) L'élément de base : le
Sociétaire-animateur
Les animateurs représentent un dixième des
sociétaires; ils sont en quelque sorte les auxiliaires
volontaires, les conseillers bénévoles du Conseil
d'Administration de la Coopérative.* Leur fonction consiste
à assurer de constantes communications entre les membres et
leur Coopérative et vice-versa, afin de maintenir et de
promouvoir l'esprit démocratique de l'institution. Ainsi, en
plus d'informer les autorités des besoins et des suggestions
des membres, les Animateurs participent à l'étude de
toute question importante et à l'élaboration des
règlements et de tous les projets de la Coopérative. Ils
peuvent ensuite renseigner leurs co-sociétaires sur toutes ces
questions. Les Animateurs se chargent également du recrutement
de nouveaux adhérents et de leur initiation à la
coopération. Ils collaborent dans la mesure du possible à
la réalisation des objectifs du Comité de
Solidarité; ce Comité est responsable de la promotion, de
l'expansion et de la consolidation de la Coopérative.
b) Les débuts
L'Équipe d'Animateurs a été établie à
l'automne de 1949. La coopérative existait alors depuis dix
ans et était déjà devenue, avec 972 membres, la plus
grande coopérative agricole de la province de Québec (son
chiffre d'affaires s'élevait à $3,250,000.). Sa zone
d'influence s'étendait à plus de 56 paroisses. La
Coopérative recevait au-delà de 75 millions de livres de
lait par année. Une dizaine de services avaient été
mis sur pied pour répondre aux besoins professionnels de ses
membres.
Pour atteindre ces résultats, la Coopérative avait
dû innover dans plusieurs domaines. Ainsi, on avait
décidé d'étendre le territoire d'action au-delà
des limites d'une paroisse, ce qui n'était pas recommandé
à l'époque; on avait eu recours à de nouvelles
méthodes de financement que beaucoup de gens qualifiaient de
« risquées » pour une coopérative; on
avait réalisé d'importantes immobilisations afin de
diversifier le nombre des produits laitiers et de profiter de
meilleurs marchés; enfin, on avait fusionné quelques
coopératives laitières locales et conclu des ententes
d'entraide avec des coopératives polyvalentes.
Bien que cette croissance rapide de la Coopérative fut
voulue et approuvée par la majorité des sociétaires,
un tel développement n'en rendait pas moins difficile la
consolidation et la bonne marche de l'association. Même si
l'administration avait décidé de se servir des moyens
connus à l'époque pour informer et pour consulter les
membres : assemblées générales spéciales,
assemblées de paroisses, réunions de petits groupes,
publications de lettres circulaires et d'une revue mensuelle, on
n'obtenait pas toujours les résultats souhaités. Beaucoup
de sociétaires n'assistaient pas aux réunions; quant
à ceux qui étaient présents, ils n'étaient pas
tous suffisamment informés pour participer à
l'assemblée d'une façon profitable. On ne parvenait pas
à écrire et à expliquer la marche de la
Société par suite de nombreuses interventions et
expressions d'opinions de toutes sortes faites par des
sociétaires mal renseignés.
Des rumeurs, souvent répandues par des adversaires de la
Coopérative, naissaient à tout moment. Ainsi, on
prétendait que la Coopérative s'engageait dans des «
déviations dangereuses », qu'elle s'orientait vers le
gigantisme, que l'élargissement constant du territoire
entraînerait la fin du contact avec les membres, que la
Coopérative se dirigeait vers un échec financier,
etc.
La question des rapports avec les membres fut alors confiée
à un Comité spécial. Ce Comité devait
bientôt convaincre les dirigeants qu'il fallait trouver une
formule nouvelle qui s'inspirerait du caractère même de
la coopération. Il fallait en somme mettre au point une
formule qui allierait l'idée de participation, d'information
et qui permettrait à la Coopérative institution
d'entraide de se distinguer des autres organismes économiques
où prévaut surtout l'idée du profit. Dans cet
esprit, le Comité proposa la formation d'un organisme
permanent dont la constitution et le fonctionnement reposeraient
sur la participation active des sociétaires eux-mêmes. De
cette façon, les membres formeraient un vaste mouvement de
coopérateurs éclairés et actifs qui participeraient,
pour la plupart, à la consolidation d'une grande
coopérative.
Une première équipe d'animateurs fut formée
à la fin de 1949. L'année suivante, un organisme
permanent de promotion coopérative, composé d'un
Comité du Conseil d'Administration, d'un service administratif
et d'une équipe d'animateurs, fut constitué. Quelques
années plus tard, avec l'augmentation des besoins,
l'accroissement des ressources humaines et financières, un
« Service coopérateur » et un groupe de «
Conseillers en Coopération» furent
établis.
c) Structure et fonctionnement de l'organisme de promotion
coopérative
1) Comité de solidarité.
Chaque année, le Conseil d'Administration est tenu
d'élire un « Comité de solidarité »
composé du Président de la Coopérative et de quatre
membres choisis parmi les membres du Conseil d'Administration.
Il est important de répéter ici que les membres du
Conseil d'Administration sont tous des cultivateurs
sociétaires. Le Comité de solidarité a pour fonction
d'aider le Conseil d'Administration et les gestionnaires à
étudier et à préparer, selon la Loi et la meilleure
tradition coopérative, le plan directeur d'orientation et de
développement de la Coopérative et de ses activités
de manière à ce qu'elle puisse répondre toujours
mieux aux besoins réels de ses membres et de l'agriculture en
général. Le Comité de solidarité a aussi la
responsabilité de promouvoir le développement de la
Coopérative et de voir à la formation et au
perfectionnement des sociétaires dans le domaine de la
coopération. Ce Comité a trois autres objectifs; il doit
: 1 ) encourager les épouses des coopérateurs à
s'intéresser le plus possible à la vie de la
Coopérative; 2) préparer la relève en intégrant
les jeunes coopérateurs à la Coopérative et au
mouvement coopératif; 3) nommer les animateurs.
2) L'Équipe d'Animateurs.
L'Équipe d'animateurs fut formée par le Comité de
Solidarité. Les membres furent choisis dans toutes les
paroisses desservies par la Coopérative de manière à
ce que chacun des animateurs représente dix membres. A cette
équipe d'animateurs proprement dite, le Comité de
solidarité ajouta un certain nombre de suppléants; ces
« réservistes » comme on les appelle ordinairement,
sont invités à assister aux réunions afin de se
préparer à devenir animateurs; cette promotion a lieu
lorsqu'il faut ajouter des animateurs à l'équipe à
la suite de l'adhésion de nouveaux membres ou lorsqu'il faut
remplacer des animateurs démis ou démissionnaires. En
1969, on comptait 810 animateurs et 229 suppléants.
À trois reprises, le Comité de solidarité a
formé des groupes de fils de membres; ceux-ci furent
invités à travailler avec les Animateurs auprès des
autres jeunes cultivateurs. Étant donné que cette
expérience n'a pas donné les résultats
souhaités, on est actuellement à étudier une
nouvelle formule.
Les membres choisis pour devenir animateurs sont invités
par écrit à accepter ce poste. Si le membre accepte, il
devra assister aux réunions d'étude et participer dans
toute la mesure du possible au travail de l'équipe. S'il le
désire, il demeurera animateur tant qu'il sera membre de la
Coopérative. Toutefois, son nom sera rayé de la liste des
animateurs après trois absences non-motivées pendant une
période de douze mois.
3) Le Service et Action et de
Formation Coopérative.
Ce Service est un organisme de direction et d'administration. Il
a pour fonction d'aider le Comité de Solidarité : 1 )
à promouvoir le développement et la consolidation de la
Coopérative; 2) à fournir aux animateurs et aux membres
les renseignements au sujet du fonctionnement de la
Coopérative et de la situation économique et sociale. Ce
Service doit en fait fournir toute l'assistance technique dont le
Comité de solidarité a besoin pour atteindre ses buts. Le
Secrétaire-général de la Coopérative assure la
direction de ce Service qui compte aujourd'hui six conseillers
à temps complet. Ces conseillers sont des techniciens en
coopération et en agriculture.
4) Le Service
Coopérateur.
La formation principale du « Service Coopérateur
» est de veiller à ce que les rapports entre les
sociétaires et la Coopérative soient les meilleurs
possibles. Le Service attache beaucoup d'importance au facteur
humain. Son coordonnateur est un véritable protecteur des
intérêts des sociétaires; il doit entendre toutes
les demandes et revendications des sociétaires. Il veille
à ce que tout cas litigieux impliquant un ou des
sociétaires soit étudié avec attention et avec
esprit de justice et d'équité. Il voit également
à ce qu'il existe une coordination, une collaboration et des
consultations suivies entre les différents Services
économiques dont la raison d'être est de répondre
aux besoins matériels des sociétaires. Le coordonnateur
surveille enfin l'application des règlements d'entraide et est
chargé de les interpréter au besoin.
5) Les Conseillers en
Coopération.
Les Conseillers en Coopération sont les représentants
du Service d'Action et de Formation Coopérative et du Service
Coopérateur dans chacune des régions du territoire de la
Coopérative.
Comme il a été mentionné plus haut, ces
conseillers sont des techniciens en coopération et en
agriculture. A ce titre, leur préoccupation majeure est de
voir, en travaillant en étroite collaboration avec les
animateurs, à la mise en oeuvre du programme d'action de ces
Services. A l'occasion, ces conseillers apportent leur concours aux
services économiques, en particulier lorsqu'il s'agit de
l'amélioration de la qualité du lait, de la consolidation
des courses de ramassage du lait ainsi que de la rétrocession
d'équipement laitier, étant donné que ces
activités requièrent une connaissance de nombreux
éléments ayant trait à la Coopérative et à
la coopération en général. Enfin, ces Conseillers
doivent s'occuper de tenir à jour l'étude
socio-économique de leur région.
Son fonctionnement
a) Rôle du Comité de Solidarité et du Conseil
d'Administration
Il n'est pas suffisant qu'un règlement prévoie que les
animateurs doivent participer, en tant que représentants des
sociétaires, à l'orientation et à l'administration
de la Coopérative pour que tout se fasse comme cela en
réalité; il faut poser des gestes précis et concrets
pour réaliser cet objectif.
1) Calendrier des
assemblées.
Le Comité de Solidarité détermine chaque
année les dates de la tenue des réunions d'animateurs. En
général, une réunion groupe 60 à 100
animateurs. Par conséquent, il faut organiser une dizaine
d'assemblées pour rejoindre tous les animateurs et ceci quatre
fois par année.
2) Ordre du jour, son contenu,
son évolution.
La préparation de l'ordre du jour fait également
partie des attributions du Comité de solidarité. Dans les
premières années, l'ordre du jour prévoyait
l'étude de nombreuses questions telles que les principes de
coopération, les projets à réaliser, les
règlements généraux, les critiques ayant trait aux
activités de la Coopérative, à l'administration ou
à la gestion de la Coopérative, les droits,
privilèges et devoirs des membres, en somme, toutes les
questions qui avaient été portées à l'attention
des administrateurs ou qui pouvaient être soulevées au
cours de la réunion elle-même. L'étude d'un trop
grand nombre de questions dont plusieurs n'avaient souvent aucun
rapport direct entre elles, ne permettait pas la tenue
d'assemblées très fructueuses. Parfois, des réunions
se terminaient dans la confusion. Cette façon de procéder
fut vite corrigée lorsqu'on décida de suivre un ordre du
jour défini. Depuis plusieurs années, les points suivants
figurent presque toujours à l'ordre du jour :
- Revue de la marche de la Coopérative et de la situation
économico-sociale ;
- Etude d'un projet concret et d'actualité : immobilisation,
affiliation d'entreprise, emprunt, règlement, etc.;
- Analyse de l'aspect juridique et coopératif du dit
projet.
L'expérience a prouvé que l'étude des principes
de l'économie coopérative ne peut être faite avec
profit que si elle est rattachée à un projet concret et
d'actualité.
3) Participation des membres du Conseil d'Administration.
Comme l'action coopérative relève de l'autorité
du Conseil d'Administration, il va de soi que les
représentants du Conseil doivent nécessairement assister
aux réunions. En fait, toutes les réunions d'animateurs
sont présidées par le Président général de
la Coopérative ou par le vice-président. Dans l'un ou
l'autre cas, les membres du Conseil d'Administration de la
région où a lieu l'assemblée, y participent aussi.
D'ailleurs, le Directeur du « Service d'action
coopérative » et ses collaborateurs ne peuvent
parler qu'à titre de porte-parole du Conseil d'Administration.
Le Président et les Administrateurs élus présents
sont là pour en témoigner et ajouter les commentaires
qu'ils jugent à propos.
b) Lieu et déroulement des assemblées
1) Salle des Animateurs.
Les assemblées de groupe d'animateurs ont toujours lieu
dans une des usines de la Coopérative. On y a
aménagé là une salle spéciale pour les
animateurs. Ainsi, les animateurs peuvent se sentir bien chez eux
et être très à l'aise, ce qui n'était pas
toujours le cas lorsque les réunions n'avaient pas lieu dans
les locaux de la Coopérative. D'ailleurs, à cette
occasion, les animateurs peuvent faire une « tournée du
propriétaire » de l'usine. Il ne faut pas oublier que ce
sont eux et tous les autres membres qui sont les vrais
propriétaires de la Coopérative.
2) Assemblées de groupes
régionaux.
Les assemblées durent environ trois heures et demie. Durant
la première partie de la réunion, les animateurs
entendent certains exposés. Ensuite, une pause-café d'une
demi-heure leur permet d'échanger leurs idées sur les
questions à l'étude. Le dialogue reprend ensuite avec les
membres du Conseil d'administration et les administrateurs
associés de la Coopérative.
3) Les assemblées
plénières des Animateurs.
Deux assemblées plénières sont convoquées
chaque année : la première a lieu, au début de
l'été, dans l'une des usines de la Coopérative. La
réunion dure toute la journée. L'ordre du jour ressemble
à celui des assemblées de groupe. La deuxième
assemblée plénière des animateurs a lieu à
l'automne au siège social de la Coopérative, à
Granby, à l'occasion de l'assemblée générale
annuelle de la Coopérative. Les délégués à
l'assemblée générale sont élus par les
assemblées de régions; 95% d'entre eux sont des
animateurs. Les autres animateurs de même que les
suppléants sont invités à titre d'observateurs avec
voix délibérante. Étant donné que
l'assemblée générale est formée en grande
partie par des animateurs qui sont bien au courant de la marche de
la Société et qui ont étudié en petits groupes
tous les projets à réaliser, les délibérations
sont très profitables. Les animateurs peuvent apporter une
contribution positive à l'étude des questions qui
figurent à l'ordre du jour; ainsi, il est possible de prendre
des décisions « éclairées » et
démocratiques.
Évaluation des résultats obtenus
On peut se demander, enfin, si cet organisme de formation et de
promotion coopérative, issu des membres eux-mêmes,
a vraiment rempli sa principale fonction, à savoir : faire
de la Coopérative une véritable démocratie de
participation ? Pour s'en rendre compte, il faut analyser la
place que cette institution occupe et le rôle qu'elle a
joué dans l'évolution de la Coopérative.
1 ) Consolidation du Sociétariat.
Une des principales tâches de cet organisme est de voir
à la consolidation du Sociétariat. La Coopérative
n'a jamais eu de personnel pour s'occuper spécifiquement du
recrutement de nouveaux adhérents. On a toujours pensé
que la meilleure formule de recrutement était encore celle du
sociétaire qui réussit à convaincre un autre
cultivateur à devenir membre de la Coopérative pour son
propre avantage et celui de l'agriculture en général.
Depuis 1949, plus de 10,000 cultivateurs ont adhéré
à la Coopérative Agricole de Granby, en très grande
majorité sous l'impulsion des animateurs et des membres.
D'autre part, les animateurs ont joué un rôle important
dans le fusionnement du service laitier de 60 coopératives
agricoles. Sans eux, la Coopérative n'aurait pu se
développer aussi rapidement, dans un aussi vaste
territoire.
Les animateurs ont grandement contribué à créer
un esprit de solidarité et d'entraide et à amener les
sociétaires à se rendre compte que pour réussir, il
fallait être prêt à étudier la
coopération, à abandonner certaines vieilles habitudes,
à mettre de côté ce qui pouvait les diviser, à
repenser quelquefois leur Coopérative et à adapter ses
structures en fonction des besoins nouveaux créés par
l'évolution des conditions économiques et sociales.
2) Participation des membres
à la formation du capital social.
La première collaboration demandée à un
sociétaire-coopérateur est de participer à la
formation du capital social de la Coopérative. Or, le dernier
bilan démontre que les sociétaires ont fait un effort
constant pour permettre à leur Coopérative de faire les
investissements requis pour son progrès et pour lui fournir le
capital d'exploitation nécessaire à la bonne marche de
l'entreprise, tout en permettant que le recours aux emprunts
demeure raisonnable. On a vu, au début, les résultats
positifs que la Coopérative a obtenus.
3) Participation des membres
à l'administration.
Le degré de participation à l'administration et la
qualité de l'esprit coopératif n'apparaissent pas
nécessairement aux états financiers. En
réalité, c'est l'idée d'appartenance au groupe,
l'esprit de travail en commun, le sens de la solidarité et de
l'entraide qui sont à la base du succès remarquable des
membres du Conseil d'Administration et des Animateurs. Les premiers
participent à plus de 12 réunions par année. Quant
aux animateurs, leur présence aux assemblées de groupe
s'est toujours maintenue aux environs de 70%, depuis 1949. Soixante
à soixante-dix pour cent des délégués assistent
régulièrement à l'assemblée générale;
de 300 à 1,000 membres, selon l'étendue du territoire,
assistent aux réunions régionales.
4) Participation des membres aux
activités économiques.
La participation des membres à la vie de la
Coopérative se manifeste aussi par l'utilisation qu'ils font
des services mis à leur disposition; c'est peut-être
l'une des façons les plus importantes de juger si la
Coopérative est une véritable démocratie de
participation. En effet, les sociétaires ne se réunissent
qu'une fois par année en assemblée générale -
celle-ci représente en réalité l'autorité
suprême de la Coopérative. Mais c'est à tous les
jours, en envoyant son lait à l'usine ou en utilisant les
Services que lui offre la Coopérative, que le sociétaire
exprime sa volonté de coopérateur. Le tableau suivant
montre combien les sociétaires utilisent pleinement les
services de la Coopérative.
Encore ici, le rôle des animateurs a toujours été
important car ce sont eux qui sont avisés les premiers
lorsqu'un sociétaire est mécontent. Dans la majorité
des cas, ils savent trouver avec le membre une solution qui
convient.
Les résultats positifs des méthodes d'animation de la
Coopérative montrent que cette formule de communication avec
et entre les membres a été un facteur déterminant
dans le développement rapide de la Coopérative Agricole
de Granby.
Participation des membres aux activités par services
exprimés en % du chiffre d'affaire
|
1962-63
%
|
1963-64
%
|
1964-65
%
|
1965-66
%
|
1966-67
%
|
1967-68
%
|
Laiterie
|
89.6
|
90.0
|
90.3
|
93.9
|
94.1
|
90.3
|
Meunerie
|
97.1
|
95.2
|
91.8
|
94.6
|
91.8
|
85.2
|
Machinerie
agricole
|
82.2
|
81.5
|
77.1
|
79.4
|
71.9
|
78.8
|
Quincaillerie
|
65.9
|
61.0
|
55.6
|
55.9
|
52.6
|
49.5
|
Bétail
|
90.1
|
89.3
|
88.1
|
90.5
|
83.9
|
86.2
|
Couvoir
|
83.9
|
86.5
|
92.3
|
86.8
|
1/
|
|
1/ Absorbé par la Coopérative
Fédérée.
Réflexions finales
Cependant, malgré les résultats encourageants de cette
expérience, la Coopérative de Granby désire toujours
améliorer ses techniques d'animation. Elle n'hésitera pas
à changer ses manières de voir et d'agir pour s'adapter
aux situations nouvelles tout en respectant les principes
fondamentaux de la coopération qui veulent que le
sociétaire puisse participer directement à la vie de
l'entreprise dont il est conjointement propriétaire avec ses
co-sociétaires. La Coopérative de Granby s'est toujours
efforcée de respecter la personnalité le côté
humain de ses membres et veut tout mettre en oeuvre pour
empêcher que le membre ait l'impression d'être un
numéro qui doit suivre les dictées des gestionnaires.
Naturellement, la Coopérative fait constamment face à
des problèmes et elle est pleinement consciente que sa formule
d'animation et d'éducation n'est pas sans défaut.
D'ailleurs, il se peut fort bien que cette formule d'animation ne
puisse être adoptée telle quelle par d'autres mouvements.
Il faut tenir compte de certains phénomènes qui
n'existent pas dans d'autres milieux et dans plusieurs autres types
de coopératives. Cette formule d'animation a été
conçue et élaborée pour répondre aux besoins
d'une coopérative agricole de production, dont les membres
exercent le même métier et dont les besoins se
ressemblent. D'ailleurs, les relations d'affaires des membres avec
leur Coopérative ont lieu chaque jour, pendant toute
l'année. Ce n'est pas toujours le cas dans d'autres genres de
coopératives.
De plus, cette méthode d'animation et de communication a
été mise au point progressivement tout au long de la
croissance matérielle de la Coopérative. Ces deux
phénomènes vont de pair; d'une part la croissance
matérielle de la Coopérative a encouragé les membres
à participer davantage à sa gestion; du même coup,
les membres sont devenus plus fiers de leur Coopérative. On
peut dire, enfin, que si une telle formule d'animation ne peut
être transposée dans tous les milieux, elle n'en demeure
pas moins un instrument qui, avec les adaptations appropriées,
représente un programme positif susceptible de favoriser la
mise en oeuvre de la démocratie coopérative de
participation.
COOPÉRATIVE AGRICOLE DE GRANBY
A.L. Godin (Directeur de l'action sociale, La Société
des Artisans, Montréal.)
CONNAÎTRE, CONTRÔLER ET PERFECTIONNER
Aussitôt qu'on fait assurer sa sécurité
financière par la Société des Artisans, on devient
sociétaire et coopérateur en puissance : sociétaire,
bien sûr, parce que c'est la seule condition qui est
imposée pour devenir copropriétaire et donc membre de
l'association qui possède l'entreprise coopérative;
coopérateur, pas encore, parce que l'institution devra lui
faire connaître ses droits et ses devoirs pour qu'il puisse
les exercer à fond.
L'information (avec tout ce que ce mot implique) est
chargée de la transformation du sociétaire en
coopérateur. A la Société des Artisans, on applique
avec rigidité le principe coopératif qui veut qu'on doive
renseigner le sociétaire sur son entreprise pour lui permettre
la plus grande participation possible.
Cette transformation presque scientifique doit amener le
sociétaire à connaître d'abord, puis à
contrôler et à perfectionner son
entreprise; en fait, un des grands défis que nous devons
relever chaque jour, c'est cette transformation du sociétaire
en coopérateur.
Territoire : Canada, Nouvelle-Angleterre 142 sections locales;
18 conseils régionaux
Comme toute entreprise coopérative dont l'activité
économique est centralisée en un seul endroit
(Montréal), dont les membres sont éparpillés au
Canada et en Nouvelle-Angleterre, les politiques de diffusion de
l'information et d'éducation économique deviennent assez
complexes. C'est pourquoi, chaque assuré de la
Société des Artisans fait partie d'une section
locale dont les limites ne dépassent pas
généralement les frontières d'une municipalité
: 1 section locale à Trois-Rivières, 2 à Sherbrooke,
3 à Québec, 20 à Montréal, etc. Donc, chaque
sociétaire fait partie d'une section locale.
Il y a en tout 142 sections locales; chaque année, en
septembre, les membres de ces organismes autonomes sont
convoqués en assemblée générale pour
évaluer les rapports d'activité, établir les
politiques générales, élire démocratiquement
une équipe de dirigeants pour l'année et choisir des
délégués au conseil régional. Il y a 18
conseils régionaux dont les délégués forment la
grande assemblée générale. C'est cette
assemblée, appelée « Convention », qui fait les
règlements et élit le président général
ainsi que les administrateurs.
Dans chaque section locale, il y a au moins un employé
permanent (rénuméré) : le représentant de
vente. Les représentants de vente sont dirigés par un
gérant qui fait partie, ipso facto, du conseil
régional.
Signalons que la section locale et le conseil régional
reçoivent de la Centrale, conformément aux
règlements généraux, un pourcentage sur les ventes
de l'année afin de leur fournir le budget nécessaire pour
leur administration et leur permettre de réaliser des
initiatives d'ordre éducatif et autres.
Nous avons tracé, en bref, ce portrait des structures
démocratiques afin d'indiquer au lecteur les voies que doivent
normalement suivre les processus d'information et
d'éducation.
Une information dans les deux sens : un dialogue, quoi!
L'information semble relativement facile à fournir
par des publications de la Centrale ou des interventions dans les
grands média de communication (presse, radio, T.V.). Mais il
s'agit alors d'une information à sens unique, non «
personnalisée », qui s'adresse à la masse des
personnes et non pas à chaque personne qui compose
l'association. Cette information, jugée suffisante pour
d'autres entreprises non coopératives, ne saurait réussir
à opérer la transformation du sociétaire en
coopérateur. Il s'agit d'un travail à accomplir sur
l'homme même, comme un sculpteur sur sa glaise. Il faut
beaucoup plus que cela si l'on veut atteindre l'objectif de
l'information dans les deux sens, c'est-à-dire le dialogue
entre Centrale et sociétaires, entre sociétaires et
dirigeants nationaux surtout si nous visons également à
intégrer tous les membres de l'association, sans quoi ce
principe de l'association (inhérent au système
coopératif) périclite et disparaît même.
Signalons enfin que l'assemblée générale
(«Convention») de 1950 a permis la création d'une
direction de l'Action sociale afin de planifier et d'animer ces
organismes. Cette direction compte des spécialistes en
animation sociale, publicité, rédaction, recherche, etc.
Les initiatives des sections locales s'inscrivent dans le cadre
d'un Plan d'action dont les objectifs généraux sont en
harmonie avec le Plan d'action régional et central.
Essayons maintenant de cerner les principales initiatives.
a) Initiatives d'ordre éducationnel
1. Sur l'institution
- réunions annuelles des sociétaires de la section
locale
- réunions mensuelles de l'équipe de dirigeants
locaux
- réunions trimestrielles des délégués au
conseil régional
- journées d'étude sur des thèmes adaptés aux
besoins
- rencontres des nouveaux
sociétaires et nouveaux dirigeants
- etc.
2. Sur des questions
d'intérêt général, en particulier
économiques
- rencontres d'information économique :
- rentes de l'État
- impôt et successions
- service de l'aide aux étudiants
- visites industrielles
- cours :
- en coopération
- relations humaines
- dynamique de groupe etc.
b) Initiatives d'ordre récréatif
- fête annuelle des succès
- soirées sociales
- pique-nique
- partie de sucre etc.
c) Initiatives d'ordre
social
- prêts Étudiants Artisans (qui ont permis la mise sur
pied d'une Fondation d'un demi-million de
dollars)
- fêtes d'enfants
- visite des malades etc.
d) Initiatives diverses
- visite des sociétaires par des dirigeants
locaux
- formation de comités spécialisés
- mise sur pied de services de presse etc.
Nous avons tenu à énumérer ces initiatives qui
couvrent divers secteurs de l'activité humaine car nous
croyons que c'est par l'action que nos équipes acquièrent
la formation nécessaire et des notions de base en
démocratie, en marketing, en assurance coopérative, en
relations extérieures, en animation sociale. Nous ne
prétendons pas que chaque dirigeant local est devenu un
spécialiste, mais il a les outils, les conseillers et les
budgets afin de réaliser les objectifs prioritaires.
Nous décrirons maintenant deux initiatives
particulièrement intéressantes pour les lecteurs de ce
document.
A) Les assemblées générales annuelles locales et
régionales
La tradition a toujours voulu que l'assemblée
générale annuelle d'un organisme soit teintée d'un
caractère trop officiel et n'ait pas l'attrait des autres manifestations sociales ou
récréatives. Nous avons essayé de découvrir les
motifs qui pourraient pousser le membre à joindre un groupe de
sociétaires pour une réunion « sérieuse ».
Nos spécialistes ont mis sur pied une stratégie
complète.
Nous lui avons dit
Nous avons d'abord dit à ce sociétaire qu'il y avait
une assemblée générale dans son territoire et ce,
par tous les grands média de communication : presse, radio,
T.V. Le journal « L'Artisan » de septembre contenait une
invitation personnalisée, un passe port A.G.A. Des dirigeants
locaux ont formé de dynamiques comités de
téléphones afin de rappeler à chaque sociétaire
que c'est son assemblée à lui, qu'il peut y exercer ses
droits et devoirs de coopérateur, qu'il peut contester s'il le
veut.
Au programme
* Les rapports sous
forme d'information audio-visuelle
Les rapports sont extrêmement importants puisqu'ils
révèlent aux sociétaires le bilan de leur section
locale : cette période ne devrait pas ennuyer les
sociétaires présents. Grâce aux méthodes
audio-visuelles, chaque dirigeant a son texte sur des diapositives
et s'il n'est pas agréable à écouter, il y a
toujours sur place un animateur. Les rapports deviennent clairs et
suscitent des questions.
* La période de
participation
Cette période était trop souvent limitée à
une ou deux questions qui étaient posées uniquement pour
la forme. Changement complet : le sociétaire répond
d'abord individuellement à des questions dont les
réponses seront compilées scientifiquement à la
Centrale. Puis, suit une participation intense. Groupées en
« nids d'abeilles » de 6 à 8 personnes, on cherche
ensemble de nouvelles méthodes d'action et les priorités
à mettre de l'avant, afin de rendre la Société des
Artisans plus utile et présente dans le territoire. Puis on
établit un consensus dans le groupe, on bâtit
déjàles éléments du Plan d'action que les dirigeants
élus auront à compléter et à réaliser.
* La période des élections
Les méthodes d'élections démontrent l'importance
du rôle de l'équipe qui sera élue
démocratiquement : chaque sociétaire présent est
invité à inscrire sur un bulletin le nom
suggéré par le comité des candidatures ou à
proposer un candidat de son choix. Un mot sur le comité des
candidatures : c'est un groupe de dirigeants chargé de
dénicher des sociétaires de choix avant l'assemblée
annuelle et de convaincre de se présenter aux élections.
Quand il y a plusieurs candidats à un poste, on procède
par scrutin secret. Grâce à ces méthodes et au
travail des comités de candidatures, du sang nouveau s'injecte
continuellement dans les cadres démocratiques.
* La période
d'échange
Après une assemblée de ce genre, le goûter prend
l'aspect d'une fête intime; les participants, qui ne se
connaissaient pas au début, peuvent poursuivre le dialogue
entrepris au cours des périodes précédentes et
échanger leurs impressions.
Deux remarques
- Le fait d'avoir réussi à réunir, en 1968,
environ 6,000 personnes dans plus de 100 localités nous porte
à croire que nous avons aussi réussi à relever le
défi coopératif, c'est-à-dire minorité
représentative permettant une démocratie de
participation.
- Cette sorte de réunion permet à la section locale de
devenir une école de démocratie et
d'affaires.
Qu'en pense le lecteur ?
B) Les rencontres d'information économique
La section locale ne peut logiquement centrer toute l'action de
ses initiatives sur la Société des Artisans, sinon elle
ne jouerait pas à fond son rôle qui est de répondre
aux besoins du territoire.
C'est pourquoi les dirigeants locaux organisent des rencontres
qui rendent service aux gens de leur milieu et rehaussent du
même coup leur prestige personnel et celui de leur organisme.
Parmi ces initiatives, soulignons les COMITÉS ÉCONOMIQUES
ARTISANS qui sont, par la suite, devenus des RENCONTRES
D'INFORMATION ÉCONOMIQUE organisées directement par les
dirigeants locaux.
Vers les années 60, nos gens ont pris conscience de leurs
forces et se sont sentis capables de réaliser la bonne vieille
formule du « Maître chez soi ». Déjà,
à la Société des Artisans, on avait fait de grands
efforts pour remettre « l'économique « aux mains des
Canadiens-Français par des régimes d'assurance couvrant
tous les besoins de sécurité financière, par des
prêts hypothécaires, par des placements orientés
pour le mieux-être des concitoyens, etc. On s'est alors dit
que cette institution coopérative devrait favoriser
l'éducation économique, lancer une opération dans
ses sections locales, et on a alors créé les COMITÉS
ÉCONOMIQUES ARTISANS.
Qu'étaient ces comités ?
Le manuel d'organisation, conçu, à cette occasion
suggère que le comité soit formé de 7 à 8
personnes, représentatives du milieu : on y trouve des hommes
d'affaires, des professeurs, des ouvriers, etc. Ce comité
invite à la réunion (souvent tenue sous forme de souper)
de 25 à 30 personnes issues d'un même milieu,
susceptibles d'étudier un même sujet
d'intérêt. Le conférencier est un spécialiste
d'une question économique particulière et il fait un bref
exposé d'une dizaine de minutes sur le thème choisi.
Puis, durant les 45 autres minutes, les participants, avec l'aide
d'un animateur, posent des questions au conférencier ou
même dialoguent entre eux.
* La première année : le Conseil d'Orientation
Économique
L'action de ces comités économiques fut centrée
sur le rôle et les possibilités du Conseil d'Orientation
Économique qui venait d'être mis sur pied.
L'année suivante, les problèmes de la petite
entreprise furent étudiés. Peu à peu, des hommes et
des femmes, formés dans les Comités Économiques, en
sortirent pour être élus dirigeants locaux et
décidèrent que l'organisation serait sous la
responsabilité de la section locale et non plus sous celle
d'un comité.
* Popularité
grandissante de ces rencontres
Ces rencontres deviennent de plus en plus populaires et
permettent de diffuser de l'information économique : on peut
juger de l'importance de cette information en faisant une rapide
nomenclature des sujets traités : impôt, analyse de
succession, budget familial, etc. Au cours des dernières
années, nous sommes revenus à la formule de la
première année : faire connaître à fond au
public, avec l'aide de spécialistes, un service
économique du gouvernement.
* Prêts et
bourses du gouvernement
En 1967, grâce à la collaboration du service de l'aide
aux étudiants, nos sections locales organisèrent 95
rencontres à l'intention de 12,000 adultes et étudiants
qui purent alors se renseigner sur les règlements du
système de prêts et bourses du gouvernement.
* L'opération
R.R.Q. a deux ans
Depuis deux ans déjà, des spécialistes de la
Régie des Rentes du Québec collaborent avec les
dirigeants de nos sections locales afin de faire connaître au
public de la province les modalités de ce service
étatique. Ces rencontres, grâce aux techniques
audiovisuelles, ont permis à plus de 1,500 personnes de se
renseigner à fond sur ce régime d'état et de poser
des questions concernant leurs problèmes personnels.
Le lecteur peut, et c'est son droit, commenter ces rencontres
d'information économique de la même façon qu'un ami
intelligent le faisait. « Ça doit vous faire une «
fichue « bonne publicité à la Société des
Artisans ». Inutile de nier cette conclusion évidente
dont nous sommes fiers; cela ne nous fait pas oublier cependant
l'objectif même de notre institution : « assurer
la sécurité financière des individus, des
familles et des groupes, et participer concrètement au
développement économique des parlant-français
d'Amérique pour leur épanouissement ».
Ce double objectif ne peut s'atteindre qu'aux conditions
suivantes, à savoir que :
- le peuple s'intéresse à « l'économique sous
toutes ses formes » ;
- qu'il en apprenne les rouages;
- qu'il s'implante lui-même dans des organisations
économiques.
Les deux initiatives que nous vous avons décrites plus
à fond sont conçues et réalisées dans la
poursuite de ces objectifs essentiels. Nous osons croire que les
10,000 personnes déplacées annuellement par des «
Artisans » en tirent leur profit et que le travail fait par
notre institution peut se classer sous la rubrique : «
Éducation économique ».
Robert Girard (Directeur du Service
d'éducation et d'information,
Fédération des Caisses d'Economie du Québec,
Montréal.)
Les caisses d'économie : un bref historique
Les caisses d'économie, coopératives d'épargne et
de crédit opérant en milieu industriel et professionnel,
existent au Québec depuis environ 25 ans. Toutefois ce n'est
que depuis un peu plus de six ans que 15 caisses d'économie,
autrefois affiliées à la Ligue des caisses
d'économie du Québec, se séparèrent de cet
organisme pour fonder leur fédération avec comme objectif
premier de se donner tous les services qu'une telle
fédération se doit de dispenser à ses membres.
C'est ainsi que dès les débuts de la
Fédération des caisses d'économie du Québec on
a vu l'importance de l'éducation coopérative et, à
cet effet, l'on créait une service d'éducation.
Plusieurs moyens s'offraient alors à la
Fédération de dispenser cette éducation
coopérative : un journal (au début modeste bulletin
paraissant à des intervalles irréguliers), des
réunions d'études, des colloques groupant les
responsables des caisses d'économie à tous les niveaux,
des assemblées générales annuelles, des
réunions de groupes plus restreints au siège même de
la Fédération, réunions qui étaient à ce
moment beaucoup plus d'information que d'éducation puisque bon
nombre de caisses d'économie en étaient à leur
première année d'opération.
Les conférences régionales de caisses
d'économie
Comme les caisses d'économie affiliées à la
Fédération se répartissaient sur tout le territoire
québécois, il devint évident que si l'on pouvait
grouper ces caisses d'économie par région il serait
d'autant plus facile d'en réunir les responsables pour fins
d'éducation.
Ces régions étaient par ailleurs déterminées
dans le règlement de régie interne de la
Fédération qui prévoit pour son administration sept
régions réparties sur le territoire du Québec.
Dans l'esprit du conseil d'administration, ces conférences
régionales étaient autonomes, en ce sens qu'elles
devaient s'administrer elles-mêmes par un conseil
d'administration que les caisses d'économie de la région
concernée choisiraient.
Leur financement serait aussi leur responsabilité, de
même que l'établissement de leur programme
d'éducation.
Le rôle de la Fédération et de son service
d'éducation en particulier en devenait alors un de
coordination et d'information pour les différentes
conférences régionales.
Buts de la conférence régionale
Les buts de la conférence régionale, tels que
définis dans le règlement de régie interne
proposé par la Fédération étaient les suivants
:
- Obtenir et dispenser les renseignements nécessaires pour
améliorer l'administration et l'opération des caisses
représentées à la Conférence.
- Parfaire l'éducation et compléter l'entraînement
des responsables en ce qui concerne leurs charges et
responsabilités au sein de leur caisse.
- Augmenter les contacts et l'esprit de coopération existant
et servir d'intermédiaire au besoin entre les caisses et la
Fédération des caisses d'économie du
Québec.
- Promouvoir le développement de nouvelles caisses
d'économie dans le district territorial et soumettre à la
Fédération toute initiative jugée propre à
améliorer le sort du mouvement en
général.
Les moyens suggérés aux conférences pour parvenir
à ces fins étaient les suivants : des conférences,
forums, colloques, questionnaires, films et l'appel à des
experts lorsque jugé nécessaire pour obtenir des
renseignements précis sur certains problèmes. Il
était également suggéré que la conférence
régionale serve d'intermédiaire entre le conseil
d'administration de la Fédération et les différentes
caisses d'une région donnée.
Les travaux des conférences régionales
Sept conférences régionales furent mises sur pied dans
la province de Québec au cours des trois dernières
années.
Elles tinrent en moyenne trois ou quatre réunions de leurs
responsables au cours d'une année sociale. Le moyen que les
conférences régionales ont privilégié a
été celui de colloques où un conférencier
invité venait donner des éclaircissements sur des points
bien précis tels, les assurances coopératives prêts
épargnes, les problèmes juridiques relatifs aux demandes
d'emprunts, aux droits et obligations des membres, et à
l'application de la loi des caisses d'épargne et de
crédit.
Durant les deux dernières années les conférences
régionales ont aussi reçu la visite, annuellement, des
directeurs de service de la Fédération. Celle-ci compte
entre autres trois services plus directement rattachés à
ses caisses membres, ce sont : le service de l'inspection, celui de
l'organisation-représentation et celui de
l'éducation-information.
Ces réunions, avec les directeurs de service, d'une
durée de 2 à 3 heures en étaient à la fois
d'éducation et d'information et l'on utilisa, dans la mesure
du possible, les techniques de l'audiovisuel et de l'animation pour
s'assurer d'une participation active.
Les participants étaient ordinairement divisés en
trois groupes selon leur responsabilité dans la caisse
d'économie, soit les administrateurs dont le gérant, les
commissaires de crédit et les conseillers de surveillance.
À l'occasion avaient été également
invités à prendre part aux discussions des
sociétaires des différentes caisses, aussi membres des
comités d'éducation ou de recrutement dans leur caisse
respective.
Les sujets abordés ont été variés et
s'inscrivaient dans la ligne des besoins immédiats des caisses
qui, pour la plupart, en étaient à leur deuxième ou
troisième année d'opération. Ils portaient sur la
préparation et la tenue de l'assemblée annuelle, les
techniques élémentaires de la gestion, les moyens de
promotion de la caisse : recrutement, animation, etc.. et enfin
pour les conseillers de surveillance surtout des méthodes
simples d'audition et de vérification des opérations de
la caisse.
L'information donnée lors de ces colloques des
conférences répondait à un besoin évident d'une
formation de base quant à l'opération de la caisse
d'économie et à la loi qui la régie.
La participation : une préoccupation
Il devint cependant évident, après trois ans
d'opération, que la participation des caisses d'économie
d'une région à leur conférence régionale
était loin d'être satisfaisante. Les réunions
convoquées par la conférence voyaient toujours les
mêmes personnes intéressées et certaines caisses
d'une région n'avaient pas encore joint les rangs de leur
conférence régionale.
Après une brève enquête, il apparut certain
qu'une réunion des administrateurs des conférences
régionales était nécessaire pour faire le point sur
le travail que les conférences avaient fait depuis leur
fondation et pour décider de leur orientation future. C'est
ainsi que les présidents et secrétaires des sept
conférences régionales déjà existantes et de
responsables pressentis d'une conférence en formation dans la
région de Baie-Comeau et Sept-îles se réunirent
à l'Institut Coopératif Desjardins.
Un moment de réflexion
Ce colloque permit tout d'abord de constater que le rôle
des conférences régionales n'était pas
également perçu par tous les administrateurs des
différentes conférences. Une première tentative de
définition du rôle des conférences régionales
devait nous montrer que certaines conférences voyaient leur
rôle éducatif dans une action auprès des membres des
différentes caisses d'économie, alors que dans l'esprit
avec lequel les conférences avaient été
fondées, elles devaient s'attaquer exclusivement aux
problèmes de formation des responsables de la caisse
d'économie.
Identification des problèmes
Nombre de problèmes furent identifiés par les
administrateurs lors de cette réflexion sur la conférence
régionale. Ils se résumaient en trois grandes
catégories. Tout d'abord, un manque de formation chez les
administrateurs mêmes de la conférence et des
responsables des caisses d'économie, manque aussi
d'information au niveau de la conférence. On devait cependant
admettre qu'il existait de l'information mais que l'on en ignorait
l'existence et/ou qu'elle ne parvenait pas aux
conférences.
La participation : problème majeur
Cependant le problème majeur identifié par la
majorité des administrateurs présents a été
celui de la participation.
Participation des responsables de caisses à la
conférence à laquelle ils étaient affiliés,
quand ce n'était pas tout simplement l'absence de la caisse
à sa conférence propre.
Ce manque de participation fut expliqué de diverses
façons et l'on retrouva là encore le manque de motivation
pour les caisses et leurs responsables de s'associer aux travaux de
leur conférence. Pour augmenter cette participation
différents moyens furent envisagés.
Tout d'abord, il semble que la structure de la conférence
ait été un obstacle. Plutôt que d'avoir un groupe
restreint d'administrateurs, sept actuellement, tous sortant de
charge à chaque année à l'exception du
président, il semble que l'on aurait préféré un
groupe d'administrateurs plus étendu, quitte à choisir
parmi eux un exécutif. Le renouvellement des administrateurs
devra assurer plus de continuité dans la gestion de la
conférence. Il semble aussi que des responsabilités mieux
définies et mieux réparties parmi les administrateurs de
la conférence favoriseraient la motivation, donc la
participation.
L'on s'est attardé aussi beaucoup sur la qualité de la
formation que les conférences se doivent de donner. Elles
doivent devenir, pour les caisses de la région, un centre de
formation et d'information d'une valeur réelle.
L'on s'est aussi mis d'accord que dans la plus large mesure
possible, l'on devra faire appel, encore plus que dans les
années antérieures, aux techniques de l'animation et aux
méthodes audiovisuelles.
Enfin l'on a vu parmi les participants au colloque la
nécessité de bien définir le rôle des
conférences régionales et d'assurer, auprès des
caisses d'économie de la région, que ce rôle et
l'utilité de la conférence régionale sont bien
compris et appréciés.
Redéfinition du rôle des conférences
A la suite du colloque une redéfinition du rôle des
conférences a été tentée avec le résultat
suivant :
La formation des responsables des caisses
d'économie.
L'organisation régionale de la formation en prenant la
responsabilité que cette formation se fasse.
L'échange d'idées entre les conférences
régionales.
Ces buts répondent évidemment beaucoup mieux à
l'idée que les initiateurs des conférences
régionales se faisaient du rôle que devraient jouer les
conférences.
Relations fédération - conférences
régionales
En même temps que les conférences ont été
appelées à redéfinir leur rôle comme organisme
d'éducation coopérative, elles ont eu à envisager le
rôle que devrait jouer, d'après elles, la
Fédération des caisses d'économie.
La Fédération est la ressource la plus importante dont
disposent les conférences; par sa compétence, ses
services d'éducation, de représentation et d'inspection
entre autres, par son personnel et sa situation
privilégiée qui lui permet une vue globale du monde
coopératif en général et de celui des caisses
d'épargnes et de crédit en particulier.
La Fédération est aussi l'agent de liaison des
conférences régionales et, en quelque sorte, l'arbitre
lorsqu'il surgit des problèmes inter-conférences.
De son côté, la Fédération voit dans les
conférences régionales, un auxiliaire de valeur dans la
mise en application de ses programmes de formation. En effet,
à cause du grand nombre de caisses, près de 200
aujourd'hui et beaucoup plus demain, il devient utopique de penser
rejoindre les caisses de façon régulière
individuellement : les contraintes physiques, budget, temps,
distances, rendent ces contacts fréquents impossibles. Les
conférences deviennent donc un moyen pratique de regrouper les
caisses d'économie d'une région.
La Fédération se voit en plus comme la source
première de l'information pour les conférences
régionales. C'est à elle qu'incombera l'organisation des
nouvelles conférences rendues nécessaires par
l'augmentation rapide du nombre de caisses en opération.
Il incombera également à la Fédération de
suggérer aux conférences des moyens d'action, des
programmes de formation, tout en leur laissant l'initiative
d'offrir aux caisses de leur conférence ces programmes.
Opération initiative
Effectivement, à la suite de ce colloque de réflexion
et de trois années de travail, les conférences ont mieux
réalisé leurs responsabilités et le rôle
qu'elles doivent jouer.
Elles ont décidé de procéder à leur
restructuration (règlement de base, administration, etc.) de
faire l'inventaire du travail déjà accompli et, à
l'aide des nouvelles ressources identifiées au cours du
colloque, de procéder à la formation des responsables de
toutes les caisses de leur région selon leurs moyens.
Conclusion
Les conférences régionales sont à la fois une
expérience d'éducation coopérative des adultes et un
effort pour obtenir la participation des responsables des caisses
d'économie.
Après l'organisation des différentes conférences
régionales, toutes se sont lancées dans des programmes
plus ou moins définis de formation mais qui répondaient
à des besoins précis, besoins surtout sentis par les
administrateurs des conférences.
Après trois ans d'activités, on sent le besoin d'un
temps d'arrêt, de réflexion surtout à cause d'une
participation insuffisante où l'on découvre alors son
vrai rôle, les moyens dont on dispose et le rôle que peut
jouer la Fédération vis-à-vis des conférences.
On décide alors de reprendre l'initiative et de procéder
de façon plus rationnelle et avec des objectifs mieux
définis aux travaux des conférences régionales.
De son côté, la Fédération voit dans les
conférences régionales des auxiliaires précieux pour
la mise en application de ses programmes d'éducation.
Déjà nous avons eu à la Fédération des
demandes précises de la part des conférences et elles
s'inscrivent toute dans l'optique de l'opération
initiative.
L'avenir nous dira si cette formule de décentralisation de
l'éducation coopérative est valable. Quant à nous,
nous sommes confiants; il y a dans cette formule plusieurs
éléments de succès dont la participation et la prise
en main de responsabilités définie? ne sont pas les
moindres.
Gérard St-Denis (Directeur de la Division de promotion
coopérative à la Fédération. des Magasins
Co-op.)
La fédération des magasins Co-op
Oeuvrant depuis plus de 25 ans sur le plan des associations
coopératives paroissiales, le tout réuni dans une
structure fédérative au sein d'une organisation centrale,
« La Fédération des Magasins Co-op », le
secteur coopératif de la consommation a pris des dimensions
importantes :
- 125 magasins Co-op;
- 100 coopératives affiliées;
- 60,000 familles;
- 5 centres de distribution :
- Montréal Québec Jonquière La Tuque
Mont-Joli;
- 2 magasins d'entrepôt :
- Centre Cooprix à Montréal
- Coopgro à Rimouski;
- 1 Club Populaire de Consommation : Duberger;
- 110 millions de chiffre d'affaires, gros et détail;
- Affilié au secteur national et bénéficiant d'un
pouvoir d'achat de $450 millions;
- Plus de 300 produits alimentaires de marque privée : Co-op
et Harmonie;
- Toute une gamme d'appareils électro-ménagers;
- Matériaux de construction ferronnerie.
En somme, la Fédération des Magasins Co-op et ses
coopératives affiliées représentent un secteur en
plein développement.
A la suite des amendements à la Loi des Associations
Coopératives, chapitre 292, la Fédération des
Magasins Co-op peut maintenant avoir des individus comme membres.
Cette nouvelle orientation facilite l'expansion du mouvement et
comporte plusieurs avantages :
- Inviter les consommateurs à faire partie d'une puissante
coopérative provinciale, faisant des dizaine de millions de
dollars d'affaires, possédant un actif dépassant les $6
millions.
- Inviter les consommateurs à devenir membres d'une
puissante coopérative possédant une très grande
expérience administrative et équipée de
spécialistes expérimentés dans tous les
domaines.
- Inviter les consommateurs à devenir membres avec une part
sociale minime de $1.00, afin de permettre aux plus
défavorisés de bénéficier de la formule
coopérative.
- Inviter les consommateurs à devenir
membres d'une puissante coopérative prête à
donner des services immédiats, grâce
aux disponibilités financières en
réserve.
- Inviter les consommateurs à devenir membres d'une
coopérative provinciale, conférant à ceux-ci une
grande puissance économique au départ et la puissance
d'une grande association de membres dans leurs justes
revendications.
Le but principal du coopératisme est de transformer
l'homme, de créer une société basée sur
l'entraide, la fraternité et la justice. Essayons de brosser
un tableau sommaire des efforts faits par le mouvement face à
l'éducation des adultes.
Une responsabilité partagée
Plusieurs secteurs de la société assument des
responsabilités face à l'éducation des adultes.
L'État, les corps intermédiaires, l'entreprise
privée ont des rôles et des fonctions différentes
à jouer dans le domaine de l'éducation des adultes. Les
coopératives de consommation n'échappent pas à cette
situation. Certaines expériences ont été
tentées, des programmes mis sur pied ont été
réalisés au cours des dernières années afin de
promouvoir la formation des adultes à divers plans.
Quatre aspects ont retenu particulièrement notre
attention :
- L'éducation économique de nos membres;
- La protection du consommateur;
- L'éducation coopérative;
- La formation du personnel.
Ces aspects nous sont dictés par la nature même de
notre entreprise. Les coopératives étant des entreprises
économiques et sociales, il est normal que nous
songions à développer ces différents points.
La Fédération des Magasins Co-op dépense, à
chaque année, plus de 20% de ses surplus d'opération
à des fins éducatives de toutes sortes.
Nous comprenons l'importance d'avoir des membres mieux
éclairés, des administrateurs davantage formés et un
personnel plus compétent. Les différents programmes que
nous élaborons chaque année visent à atteindre ces
trois catégories de personnes. Il nous faut, bien souvent,
accorder des priorités ou insister davantage sur l'une ou
l'autre de ces catégories, mais nous sommes convaincus qu'il
est essentiel de travailler à ces trois niveaux.
En dehors des initiatives prises par la Fédération des
Magasins Co-op, signalons que certaines coopératives locales
font des efforts fort encourageants au niveau de l'éducation
des adultes : le magasin Co-op de Mont-Joli, par exemple, a
poursuivi pendant deux étés, une expérience
d'animation et d'information tant auprès de ses membres que de
la population en général. La coopérative de
consommation de Thetford qui, depuis plusieurs années,
organise pour ses adhérents et la population des cours de
personnalité, est un autre exemple de travail accompli par les
magasins Co-op. D'autres coopérateurs n'ont pas
hésité à collaborer très étroitement avec
des corps intermédiaires qui oeuvrent dans l'éducation
des adultes.
L'éducation économique des membres
Notre service de vérification, à qui incombe la
responsabilité d'expliquer la situation financière de
l'entreprise coopérative locale lors des assemblées
annuelles, a voulu faire un effort afin de rendre plus
compréhensible le rapport financier.
À l'aide des techniques audio-visuelles, nous sommes
parvenus à rendre plus accessible ou à faciliter la
compréhension du bilan de l'entreprise. Il a fallu reviser nos
méthodes de présentation, mais après des recherches,
nous sommes arrivés à une méthode qui permet à
un plus grand nombre de sociétaires de comprendre rapidement
la situation économique de leur coopérative.
Le JOURNAL CO-OP, qui est distribué dans 125,000 foyers
chaque semaine, contribue aussi à former et informer nos
membres. À chacune des parutions, un espace est consacré
à de l'information économique.
Des cours sur le coopératisme ont été
organisés dans quelques centres à travers la province.
Ces cours ont comme objectif d'enseigner le coopératisme en
tant que doctrine économique. Les principaux thèmes
étudiés sont les suivants :
- Évolution sociale et économique du Québec durant
les 50 ou 60 dernières années;
- Les origines lointaines de la coopération;
- Les diverses formes coopératives;
- La démocratie économique.
Ces rencontres groupent une vingtaine d'adultes
intéressés à la coopération. Un court
exposé est livré, des ateliers sont formés et chacun
y apporte des commentaires. Les participants doivent préparer
des travaux durant la semaine ou faire quelques recherches à
partir de leur expérience personnelle. Habituellement, ces
cours se donnent dans des centres où déjà un groupe
s'intéresse à la mise en place d'un centre
coopératif de distribution.
Il est difficile, pour la Fédération des Magasins
Co-op, faute de personnel, de multiplier ces cours. Dans plusieurs
centres, on déplore qu'il soit impossible d'avoir des cours
sur le coopératisme. Un effort pourrait être entrepris
dans ce sens par l'ensemble du mouvement coopératif au
Québec afin de satisfaire une « clientèle » de
plus en plus nombreuse, avide de connaître et d'approfondir le
coopératisme.
Formation des administrateurs
Une expérience a été réalisée au
Saguenay-Lac-St-Jean à l'occasion d'un stage de formation pour
administrateurs de coopératives locales.
L'objectif de ce stage était de faire découvrir aux
administrateurs le rôle qu'ils devraient jouer en tant que
responsables dans une coopérative.
En collaboration avec un animateur de l'Institut Coopératif
Desjardins et des personnes de ressources venant de la
Fédération des Magasins Co-op, une trentaine
d'administrateurs se sont interrogés pendant trois jours sur
leur rôle respectif.
On a utilisé quelques exposés-discussions, mais la
plus grande partie du travail s'est faite sous forme de discussions
ou ateliers. Cette rencontre a contribué à éveiller,
chez ces groupes d'administrateurs, des objectifs nouveaux dans
l'accomplissement de leur tâche.
La télévision et l'information coopérative
L'an dernier, la Fédération des magasins Co-op, en
collaboration avec une vingtaine de coopératives locales, a
poussé l'expérience de la télévision.
L'objectif était de présenter une information
économique et coopérative à la population.
Nous nous sommes associés au Conseil Central de la C.S.N.,
région Saguenay-Lac-St-Jean, pour l'achat d'une série
d'émissions d'une demi-heure. Les coopératives de
consommation disposaient de 15 minutes à chaque semaine. Les
thèmes suivants ont été abordés
:
- Pourquoi une économie coopérative ?
- Ce qu'est l'économie coopérative au Québec.
- La réalité coopérative et le milieu.
- Perspectives nouvelles en coopération.
- Ce que sont les magasins Co-op.
- La force du mouvement coopératif de la consommation
- chez nous.
- La place du consommateur dans la société.
- Droits du consommateur.
- Ce que font les associations de consommateurs.
- Le mouvement coopératif et le mouvement ouvrier.
Le Conseil de La Coopération par l'entremise de son
directeur général et diverses personnalités du monde
coopératif ont prêté leur concours à la
réalisation de ce projet.
Il est difficile de mesurer l'influence d'une telle
expérience. La cote d'écoute moyenne était de 55,000
personnes. Une chose est certaine cependant, c'est que pendant 26
semaines, le message coopératif est entré dans plus de
10,000 familles.
Nous étudions de nouveaux projets dans ce domaine. Face aux
coûts exhorbitants de certains postes et devant l'inertie de
l'État d'aider les coopératives dans ce domaine, nous
sommes hésitants à multiplier ces expériences. Nous
sommes convaincus que la télévision demeure un moyen par
excellence d'informer la population sur la doctrine
coopérative.
La fédération et la formation du personnel
Un autre aspect de l'éducation des adultes préoccupe
les autorités de la Fédération : c'est la formation
du personnel tant à la Fédération que dans les
coopératives locales.
Au niveau des Magasins Co-op, tout un programme de
perfectionnement, d'entraînement et de formation du personnel
est en place. La division Organisation-Recherche planifie toute une
série de cliniques. Cette école ambulante permet à
tous les employés des coopératives de consommation
d'acquérir de nouvelles techniques et de nouvelles
connaissances pour parfaire leur formation personnelle.
Les spécialistes de la Fédération se rendent sur
place, regroupent les employés d'une même région et
travaillent au perfectionnement professionnel de chacune des
catégories d'employés.
Les administrateurs des coopératives locales ont vite
compris que sans un personnel compétent et qualifié, il
était impossible de faire progresser l'entreprise. Aussi, en
collaboration avec la Fédération, ils facilitent et
encouragent fortement la réalisation de ces projets.
Quant à la Fédération, elle se situe au niveau
des entreprises progressives par l'aide financière dont elle
dispose afin de favoriser la formation des membres de son
personnel.
Nos buts sont :
D'assurer la compétence par le perfectionnement individuel;
De répondre aux besoins d'information et de formation; De
préparer de futurs dirigeants.
Nos moyens :
- Gestion par le groupe et par objectifs;
- Séminaires obligatoires pour les cadres;
- Cours offerts à tout le personnel;
- Sessions d'études de quelques jours pour les cadres;
- Voyages d'études pour les cadres;
- Publications d'un manuel de l'employé;
- Aide financière au perfectionnement.
Le tableau suivant décrit notre politique d'aide
financière.
Description
|
Conditions
|
Personnel
|
Temps
|
Aide de la Fédération
|
1. Séminaires :
à l'université et aux instituts professionnels.
|
Obligatoires
|
Cadres
|
Jour
|
Totale
|
2. Cours : à l'université ou aux écoles
acceptées
|
- Volontaires
- acceptation par le directeur de division et le gérant
général
- un cours par année
|
Général
|
Soir
|
Formation professionnelle 50% à
l'inscription 50% sur présentation du certificat d'étude
(*)
|
25% à l'inscription 25% sur présentation
du certifificat d'étude
|
|
Acceptation du comité exécutif
|
Cadres
|
Jour
|
Par contrat
|
3. Voyages d'études
|
Acceptation du comité exécutif
|
Cadres
|
Jour
|
Totale
|
(*) La dernière partie de l'aide financière de la
Fédération n'est accordée que si le candidat
conserve 60% des points ou son équivalence aux cours de
formation professionnelle et 50% aux cours de formation
personnelle.
|
Éducation du consommateur
Les magasins Co-op ont toujours été
préoccupés de bien informer le consommateur. Cette
vocation a cependant pris récemment une forme toute
nouvelle.
C'est à partir de l'expérience du travail accompli par
l'Association Coopérative Féminine du Québec,
organisme subventionné par la Fédération, que nous
sommes arrivés à des réalisations d'envergure
provinciale encore plus structurées.
Afin de mieux répondre aux besoins pressants d'une
meilleure information, la Fédération inaugurait, en juin
dernier, son Institut de Protection et d'Information du
Consommateur (I.P.I.C).
Institut de protection et d'information du consommateur
a) Nature de l'organisme
L'I.P.I.C. est un organisme voué au service du
consommateur. On entend dire de plus en plus souvent que le
consommateur a le pouvoir. Malheureusement, à cause d'une
action individuelle et d'une information inexistante,
inadéquate ou erronée, le consommateur ne peut que
rarement exercer ce pouvoir. L'I.P.I.C. veut fournir aux
consommateurs les armes dont il a besoin pour exercer ce
pouvoir.
b) Objectifs
- Écouter le consommateur : prêter une oreille
attentive à ses plaintes, à ses protestations et à
ses suggestions. Assurer sa représentation en canalisant ses
plaintes, protestations et suggestions.
- Informer le consommateur sur les sujets relatifs à la
consommation :
- alimentation : élaboration des menus, achat judicieux des
aliments, préparation, entreposage et service des
aliments;
- nutrition : besoins nutritifs de l'organisme, règles
alimentaires du Canada, valeur nutritive des aliments,
diètes spéciales;
- tenue de maison : appareils ménagers, nettoyage et
entretien, mobilier;
- biens de consommation : choix, achat,
financement;
- budget familial : information sur l'économie
familiale.
- étiquetage : interpréter au consommateur
les classifications des aliments, les listes d'ingrédients ou
leur composition, le rôle des substances chimiques
ajoutées aux aliments préparés et
semi-préparés.
- Défendre le consommateur contre :
- la publicité exagérée et
tendancieuse;
- les emballages dispendieux ou trompeurs;
- les étiquetages erronés ou
inadéquats;
- la multiplicité des produits semblables et des formats
d'un même produit qui ne servent qu'à confondre
l'acheteur;
- les produits ou les emballages dangereux;
- la qualité douteuse des produits par rapport au
prix.
- Permettre ainsi au consommateur d'exercer un choix libre et
intelligent dans l'achat des aliments et des autres biens de
consommation.
c) Moyens d'action
- Périodique qui servira de véhicule à
l'information et à la protection du consommateur dans tous les
domaines déjà énumérés : menus, recettes,
études comparatives des produits et des prix, articles de fond
sur la nutrition, l'alimentation et la consommation.
- Cuisine expérimentale dans un point de vente : rencontre
des consommatrices, expérimentation de recettes à prix
raisonnable, analyse des nouveaux produits alimentaires, de
l'étiquetage et de l'emballage, études comparées de
produits et de prix, montages de démonstration des principes
de nutrition, de comparaison des produits et des prix.
- Aide directe aux consommateurs : distribution, aux points de
vente, de menus et recettes, listes d'achats pour faire leur
marché, feuilles d'information sur les sujets
énumérés dans les objectifs.
- Dissémination de l'information
obtenue des organismes gouvernementaux qui s'occupent des
intérêts des consommateurs (section des consommateurs des
Ministères de l'Agriculture, des Pêcheries,
Ministère de la Consommation et des Corporations, Division des
Aliments et Drogues du Ministère de la Santé et du
Bien-Être National) et de l'entreprise privée.
- Conférences à des groupes de consommateurs : membres
des sections de PA.C.C, membres des Associations Coopératives
féminines, membres de l'A.F.E.A.S. et autres groupes
féminins.
- Bibliothèque d'information sur les sujets de consommation
dont les consommateurs pourront bénéficier.
- Relations soutenues avec les masses-média et les
organismes touchant le domaine de la consommation pour les tenir au
courant des divers mouvements de consommateurs et aussi pour
disséminer l'information aux consommateurs sur une
échelle aussi étendue que possible.
Sous l'habile direction d'une diététicienne
diplômée, l'I.P.I.C. connaît des succès
insoupçonnés. Cet institut apparaît aujourd'hui
comme l'instrument privilégié des coopératives de
consommation pour informer le consommateur.
L'I.P.I.C, situé à l'intérieur du Centre Cooprix
où plus de 5,000 consommatrices passent chaque semaine,
présente l'avantage d'être sérieusement
enraciné dans le milieu, au fait des problèmes des
consommateurs.
Dans une société de « Consommation», il
apparaît impérieux d'apprendre aux consommateurs à
se défendre des abus d'une société qui ne recherche
bien souvent que le profit économique au détriment de
l'épanouissement de la personne humaine.
La mise en place d'un centre de renseignements à
l'intention des consommateurs s'inscrit bien dans la recherche que
font les coopératives afin de travailler à la promotion
des individus.
L'éducation des adultes peut revêtir bien des formes
différentes dans une société en pleine
évolution comme la nôtre.
L'éducation à la consommation est un défi que le
secteur coopératif de la consommation s'est fixé. Nous
n'avons pas la prétention d'agir seuls dans ce domaine.
Cependant, nous croyons que nous assumons, par la nature même
de notre entreprise, une responsabilité très grande.
La Fédération devient progressivement l'organisme
provincial des consommateurs.
Nous avons adopté des méthodes de distribution
basées sur l'information du consommateur.
Toute notre philosophie repose sur le consommateur
éclairé, averti, informé et éduqué.
Nous sommes pleinement conscients que le secteur coopératif
doit assumer sa part de responsabilité, face à
l'éducation des adultes.
Nous sommes aussi conscients qu'il existe alentour de nous des
mouvements populaires avec qui nous nous devons d'oeuvrer afin
d'augmenter notre efficacité.
En ce monde de la technique, il est urgent que la personne
humaine trouve sa place autrement que comme producteur ou comme
acheteur. Si l'on admet que l'activité économique,
politique et sociale ne peut avoir d'autres fondements que
l'épanouissement de la personne humaine, il faut donner au
plus grand nombre des moyens d'atteindre ces objectifs. C'est par
son comportement en tant que consommateur que l'homme peut exprimer
sa liberté et sa dignité, à condition qu'il
parvienne à sortir de son isolement pour imposer
collectivement à la production et à la distribution, un
renversement de leur orientation. C'est à cela que le
coopératisme tente de répondre; c'est dans cette
direction qu'il oriente son organisation, ses objectifs et son
action.
Comme association de personnes, nous avons une volonté, un
but, une philosophie. C'est une philosophie d'abondance plutôt
que de pénurie. Cette philosophie est fondée sur la
coopération plutôt que sur le conflit. C'est la
philosophie du travail commun et de la poursuite des objectifs
humanitaires et démocratiques qui crée une ambiance
propice à l'épanouissement et à la liberté,
ainsi qu'au plein développement du potentiel de chaque
individu.
Gaston Rioux (Directeur, Service des pêches, Conseil de la
Coopération du Québec, Québec.)
Depuis quelques années, les pêches maritimes du
Québec évoluent rapidement et elles se modernisent à
un rythme accéléré. Cette évolution rapide des
techniques et des moyens de capture a exigé un adaptation de
toute l'industrie. Ainsi, la petite usine locale fait place à
l'usine à caractère régional, l'occupation du
pêcheur passe du stade artisanal au stade professionnel et
l'entreprise de pêche du Québec est de plus en plus
subordonnée à la demande mondiale. Or, le secteur
coopératif des pêches n'échappe pas à ce
tourbillon qui entraîne tout le secteur à une remise en
question permanente de ses structures et de ses modes d'action.
Aussi, notre propos sera donc de montrer comment le secteur
coopératif des pêches a concrétisé son effort
d'adaptation à ces changements socio-économiques depuis
quatre années et quels ont été les défis qu'il
a dû surmonter.
Problématique des associations coopératives de
pêcheurs de la gaspésie (1952-1966)
Comme nous l'avons laissé entendre précédemment,
le secteur coopératif des pêches, reconnu pendant
longtemps comme étant traditionnel et où dominait surtout
l'activité primaire, subit, lui aussi, des mutations profondes
causées principalement par les changements technologiques et
sociaux qui ne sont pas sans affecter les structures fonctionnelles
et organisationnelles du secteur.
Sans contredit, c'est la participation des pêcheurs-membres
qui a été la plus affectée par les transformations
coopératives (l'intégration verticale des usines et des
services, les changements technologiques : chalutage, seine-brouse,
radar, sondeuse, etc.) des dernières années. Ces
bouleversements entraînèrent des répercussions sur
la structure même de participation des membres eux-mêmes.
En d'autres mots, l'arrivée progressive et graduelle de ces
changements compromettait, pour un temps, l'équilibre qui
existait entre l'aspect association et l'aspect entreprise des
organisations coopératives locales de la Gaspésie.
L'arrivée des bureaucrates et des exigences posées par
l'efficacité, la rentabilité et concurrence, se
traduisirent surtout par une perte de pouvoir et de contrôle
du simple membre et des conseils d'administration locaux. On en
arrivait alors à imposer aux relations humaines les mêmes
critères d'efficacité qui prévalent au niveau de
l'organisation de la technique.
C'est à partir de ce moment qu'un certain fossé
psychologique se creusa graduellement entre les «
fonctionnaires » (officiers) de l'organisation et les
pêcheurs-membres (usagers). Les administrateurs des A.C.P.
locales, (n'ayant plus qu'un rôle purement formel, lequel
donna naissance à un manque d'intérêt de la part des
membres et des administrateurs) vinrent à identifier leur
propre entreprise aux entreprises concurrentes de type capitaliste.
Notons que ce climat de méfiance et d'indifférence
était envenimé par un manque d'information. Toutefois, la
situation financière favorable de toute l'industrie, durant
ces années, empêcha que le climat s'envenime davantage et
qu'il effrite l'organisation elle-même.
Endiguement de la crise et objectifs poursuivis
(1966-1969)
Au début de cette période, l'organisation
coopérative réorganise son service de secrétariat et
associe étroitement le nouveau service d'éducation, de
formation et d'information en pêcheries du Conseil de la
Coopération du Québec à la définition de
nouvelles politiques de participation coopérative des membres
à la base.
A) A long terme
Un objectif majeur à long terme sera fixé. Il
consistera à corriger graduellement le malaise ou le
déséquilibre entre l'aspect association (professionel) et
entre l'aspect entreprise (services); en d'autres mots, faciliter
aux pêcheurs le passage d'une société de type
traditionnel à une société de type industriel par
leur adaptation appropriée aux changements technologiques.
Or, cet objectif primordial présupposait que ceux qui
travailleraient à sa réalisation tiennent compte des
nouvelles perspectives de développement qui survenaient dans
le secteur des pêches depuis 1952 (pêche hauturière)
et particulièrement depuis 1963, 1966 et 1968 (études du
Bureau d'Aménagement de l'Est du Québec, Plan quinquennal
des Pêches, Entente de Coopération Canada-Québec,
crise mondiale dans l'industrie de la pêche, tensions
internationales, etc.).
Implicitement, cela supposait que les responsables du
relancement de la participation coopérative dans le secteur
des pêches n'ignorent pas les trois principales options du
développement régional des pêches soit :
- 1° Le maintien du secteur des pêches, industrie
vitale pour les régions maritimes défavorisées
(45,000 personnes en dépendent), et tout ce que cela implique
(octrois, crédit maritime, vulgarisation des techniques,
etc.).
- 2° La modernisation complète du secteur (usines,
bateaux, agrès, équipements, techniques de production,
etc.).
- 3° L'élimination des barrières économiques
et culturelles, (techniques de production inefficaces, crédit
restreint, regroupement et relocalisation des effectifs
humains).
b) A moyen terme
Regrouper les effectifs des associations coopératives
locales le plus rapidement possible (membres actifs) dans des
structures représentatives qui auraient de nouvelles
tâches et de nouvelles responsabilités.
c) A court terme
Enfin, un objectif à court terme sera retenu, soit celui de
favoriser, en collaboration avec les divers agents du secteur
(Gouvernements, Écoles des Pêcheries), la
professionnalisation des pêcheurs-membres en leur assurant une
formation générale, spécialisée et permanente
tout en développant chez eux le sentiment d'appartenance
à leur organisation coopérative.
Mise en branle du processus de participation
Les responsables de la relance du programme de participation
coopérative étaient conscients, au départ, de
certaines limites dans le temps, dans l'espace, dans les moyens
humains et dans la « clientèle » proprement dite.
Ainsi, il fut convenu qu'ils se limiteraient spécifiquement
à la Gaspésie et que, parmi les sociétaires, ils
privilégeraient les plus producteurs, c'est-à-dire les
pêcheurs-membres qui auraient le plus de chance de se
professionnaliser.
Deux démarches furent retenues dans l'organisation et
l'opération même du processus de la participation
coopérative.
a) Des rencontres individuelles
À cause de plusieurs impondérables (adaptation au
milieu, méfiance des pêcheurs devant ce nouveau type
d'action, méconnaissance des grands objectifs du Plan de
développement, disponibilité des pêcheurs
limitée à une saison particulière (l'hiver), les
distances géographiques considérables, l'éloignement
des centres de décision, la formation de groupe,
l'organisation de la collaboration et de la consultation des agents
du milieu de la pêche, etc.), des rencontres, des entrevues et
des contacts personnels furent maintenus pendant quatre années
après que des critères furent préalablement
définis (âge, capital social, actif, inactif,
spécialisation, scolarité, occupation antérieure ou
complémentaire, nombre d'années membre de l'A.C.P., poste
occupé, attitude à l'égard de la
fédération, etc.), lesquels critères servirent, par
la suite, à sélectionner les membres des nouvelles
associations.
Durant ces démarches, il fut possible de dégager
progressivement un certain leadership chez les membres à la
base et de considérer celui-ci comme une manière
d'influencer positivement un groupe organisé
(pêcheurs-coopérateurs). Il va de soi que ce travail fut
relativement informel, il permit, cependant, d'enregistrer sur les
fiches plusieurs renseignements concernant les membres de ces
coopératives. Cette démarche fut conduite pendant quatre
années, principalement à la fin de chaque automne et
durant chaque hiver.
b) Constitution de groupes homogènes (capitaines,
côtiers, hauturiers)
Parallèlement au travail d'encadrement des leaders naturels
et à la tâche de dégagement de nouveaux leaders, la
deuxième démarche consistait à former des groupes
homogènes autour de centres d'intérêt
spécifiques à caractère coopératif et technique
(la revalorisation des conseils d'administration des
coopératives, les principes de la coopération tels que
reformulés à Vienne en 1967, les problèmes de
déchargement, la collection du poisson, les installations
portuaires, le financement des opérations de pêche, les
relations avec l'usine, le problème des répartions de
navire, l'assurance-accident, les services d'utilité
professionnelle, etc.).
Trois groupes principaux furent ainsi formés au niveau des
leaders des associations coopératives locales de pêcheurs
(côtiers), principalement au niveau des administrateurs et au
niveau des capitaines de chalutier. Une fois ces groupes
formés, on leur adjoignit des informateurs du Service de
secrétariat de Pêcheurs Unis de Québec et du Service
des Pêches du Conseil de la Coopération du
Québec.
Avec la collaboration de spécialistes du secteur des
pêches (biologistes, fonctionnaires, officiers de la
fédération du P.U.Q., etc.), on donna à ces groupes
de pêcheurs des instruments nécessaires à leur
formation et on les alimenta en matériel de discussion pendant
de nombreuses sessions durant l'hiver principalement, et cela,
pendant quatre années consécutives.
Globalement, ce travail en groupe permettait de pouvoir diffuser
plus rapidement les buts de la coopération, les objectifs du
plan de développement, les techniques de pêche, de
production et de gestion et d'agir, d'une certaine manière,
sur les mentalités des pêcheurs en propageant des
modèles de comportement et les principes modernes de la
coopération, entre autres ceux de la solidarité et de la
participation.
Par ailleurs, ce nouvel apprentissage du travail en groupe se
traduisait par une intégration plus grande des producteurs
à leur entreprise coopérative, par une volonté
collective de mieux coordonner leur action (revalorisation du
rôle des administrateurs d'A.C.P.), par une meilleure
compréhension de la problématique de l'entreprise
économique, par une meilleure acceptation et une meilleure
adaptation aux changements technologiques (chalutage
semi-pélagique, bateau polyvalent, matériaux nouveaux
pour la construction des chalutiers, etc. ), et par un désir
profond de moderniser la structure des coopératives locales de
pêcheurs de la Gaspésie. Il va de soi que l'éveil
des différents groupes auxquels nous faisions allusion
précédemment ne s'est pas effectué du jour au
lendemain, mais c'est par l'utilisation de l'information (à ce
propos, la réorganisation et le relancement de la revue «
PLEINES VOILES » fut un atout précieux pour les
responsables de cette action) et des méthodes modernes de
formation (animation sociale, sessions intensives, cours de
formation socioéconomique, moyens audio-visuels) que ce
changement de mentalité fut possible.
En définitive, le travail des responsables de ce programme
de redressement et celui des leaders du milieu, qui y furent
associés, a été de redonner, dans une certaine
mesure, la sécurité et la confiance aux
pêcheurs-coopérateurs, de recréer un esprit
d'équipe nécessaire à la revalorisation du
métier de pêcheur et essentiel au développement des
entreprises coopératives et surtout pour mieux poursuivre
l'idéal coopératif de démocratie
économique.
Après ces quatre années d'information, de formation et
d'animation, la régionalisation des coopératives
locales de la Gaspésie se posa inéluctablement comme un
objectif majeur et l'initiative d'entreprendre cette importante
étape ne put être prise que par les membres des
associations coopératives locales. C'est ce que nous verrons
dans le prochain chapitre.
Régionalisation des associations coopératives locales
de pêcheurs de la gaspésie ou mise en place de la
nouvelle structure de participation
Durant la quatrième année du programme d'action
coopérative, les leaders et les responsables de cette action
s'adonnèrent
à un inventaire socio-économique final, ce qui leur
permit de dégager différentes hypothèses ou
propositions de restructuration des associations coopératives
de pêcheurs de la Gaspésie. Les membres des A.C.P.
locales furent informés de cette démarche au cours
d'assemblées générales spéciales. Ces
réunions permirent d'ailleurs de jauger constamment le
réalisme des différentes hypothèses de regroupement
qui étaient retenues.
On constatait, une fois de plus, que les A.C.P. de la
Gaspésie avaient été formées au niveau d'une
entité territoriale bien définie, c'est-à-dire le
village ou la paroisse, qu'elles intégraient une
clientèle particulière, les pêcheurs, et qu'elles
avaient eu pour fonction économique de posséder
collectivement et de gérer une usine locale de transformation
du poisson.
Or, l'analyse de l'inventaire socio-économique
démontrait que les composantes énumérées
précédemment subissaient l'influence de changements
technologiques et structurels qui compromettaient depuis longtemps
l'équilibre qui existait entre l'aspect association et
l'aspect entreprise de ces organisations locales : le
village correspondait de moins en moins à une
réalité sociale et économique, l'administration
locale débordait souvent les limites du village, le
regroupement municipal s'amorçait et la régionalisation
de l'entreprise coopérative amenait la fermeture graduelle des
usines locales.
Par ailleurs, au niveau de la clientèle,
c'est-à-dire des membres à la base (les usagers), il fut
constaté que le passage de la petite barque au chalutier avait
détruit, en grande partie, l'homogénéité qui
avait existé dans la clientèle des pêcheurs de
plusieurs associations locales.
Enfin, l'activité économique des associations
coopératives locales avait été longtemps
centrée sur la transformation des produits de la pêche
(secondaire), mais les exigences du marché avaient poussé
la fédération de Pêcheurs Unis de Québec, qui
agissait depuis son origine aux niveaux de la mise en marché
(tertiaire) et des services d'utilité professionnelle, à
intégrer les fonctions des A.C.P. locales. Ainsi, cette
concentration administrative, de plus en plus poussée, des
fonctions des coopératives locales,
s'était opérée sans une
évolution similaire des locales. Ces
dernières conservaient leur structure initiale, quant à
l'association, sans avoir de fonction économique à
remplir.
A la lumière de l'analyse de ces phénomènes, on
put reformuler les buts principaux de la restructuration des A.C.P.
soit : de redonner aux membres producteurs un certain sentiment
d'appartenance et de développer la participation
coopérative, regrouper les effectifs dans des structures
représentatives en leur donnant de nouvelles tâches et de
nouvelles responsabilités.
a) Élaboration des hypothèses de restructuration
La restructuration des associations locales ne pouvait se
réaliser qu'en tenant compte du territoire ou de l'occupation
des membres ou de l'amalgamation des deux. Si l'on ne tenait compte
que du territoire, on supposait alors une diminution des
associations locales et leur regroupement autour de centres de
pêche. On ne faisait que fusionner les associations locales en
reconvertissant à un autre niveau ce qui existait
déjà au niveau local. On conservait la juxtaposition de
deux types différents d'occupation à l'intérieur
d'une association, qui revêtait un caractère
régional sans apporter une réponse véritable aux
problèmes de participation des membres.
Par ailleurs, si l'on ne tenait compte du seul facteur de
l'occupation (pêcheur côtier ou pêcheur hauturier),
l'on ne différenciait alors que les particularités de
chacun des types de pêche. Cela supposait également que
l'on établisse une différenciation entre ces deux types
de pêche, en créant une association de pêcheurs
côtiers et une association de pêcheurs hauturiers dans
chacun des centres de pêche de la Gaspésie. On remarquait
que la notion de territoire étant implicite, les associations
couvriraient alors l'ensemble du territoire de la Gaspésie,
sans avoir suffisamment d'effectifs, les membres, autant
côtiers que hauturiers, étant partagés entre
plusieurs associations à caractère semi-régional. On
imaginait tout le problème qui se poserait sur le plan
économique (frais d'administration élevés) et social
(on maintenait les particularismes locaux).
Il restait enfin une forme mitigée de restructuration, soit
celle qui tienne compte à la fois du territoire et de
l'occupation et de leurs particularismes propres (pêche aux
engins fixes, engins mobiles, longueur des bateaux, rendement,
etc.). Cette hypothèse donnerait naissance à deux ou
plusieurs associations de pêcheurs côtiers et de
pêcheurs hauturiers pour chacun des centres de pêche
privilégiés par le plan d'aménagement du Bureau
d'Aménagement de l'Est du Québec (B.A.E.Q.).
b) Choix d'une hypothèse
Il va de soi que les leaders, les administrateurs, les membres
à la base des A.C.P. locales ainsi que les responsables du
plan de regroupement devaient, dans le choix d'une hypothèse,
tenir compte de l'entreprise de pêche (entièrement
contrôlée par la fédération) et de ses
exigences (efficacité, rendement, rentabilité,
concurrence, etc.). D'ailleurs, le Plan du secteur des pêches
définissait très bien les objectifs économiques et
sociaux de cette industrie (concentration des investissements,
création de centres de pêche intégrés,
relocalisation des pêcheurs, travailleurs d'usines à
poisson, etc.). Les quinze coopératives locales de
pêcheurs ne pouvaient rester indifférentes devant les
objectifs de ce plan.
L'hypothèse la plus réaliste, celle qui faisait
l'unanimité et s'avérait la plus facile d'application fut
alors retenue : « Restructurer les associations
coopératives de pêcheurs (15 en tout : douze
côtières, trois hauturières) en fonction du
territoire et de l'occupation, créer deux associations qui
intégreraient séparément les pêcheurs
côtiers et les pêcheurs hauturiers des centres de
pêche ». Donc, une association coopérative
régionale et spécialisée pour chacune des deux
catégories de pêcheurs professionnels (côtiers et
hauturiers). En regroupant les pêcheurs dans deux associations
distinctes à caractère professionnel, on arrivait alors
à éliminer certains particularismes locaux et à
récréer un nouvel esprit chez les membres.
Les fonctions nouvelles des associations coopératives
à caractère professionnel et à caractère
régional
a) Les fonctions générales.
Il aurait été illogique de vouloir redonner aux
nouvelles associations leur tâche
d'autrefois, c'est-à-dire celle de
diriger à nouveau l'usine avec toute la complexité
que cela représentait. Par contre, il parut souhaitable à
la majorité des pêcheurs-coopérateurs d'orienter et
d'étendre dorénavant le système coopératif au
niveau primaire des activités de pêche, c'est-à-dire
celles qui touchent la production proprement dite soit: de
favoriser la formation et la mobilité occupationnelles des
pêcheurs membres, de favoriser l'accroissement du rendement de
la flotte par l'analyse de chacun des bateaux, de planifier la
construction de bateaux (polyvalents, chalutiers, etc.), de
régulariser les revenus des pêcheurs, d'assurer aux
pêcheurs-membres une sécurité sociale
(assurance-groupe, assurance-maladie, assurance-salaire, etc.), de
stabiliser la situation financière des pêcheurs
(méthodes de gestion, budget familial, etc.), de travailler,
en collaboration avec les agents du milieu concerné, au
reclassement des pêcheurs côtiers, de favoriser une
meilleure communication entre les membres et la direction de
l'usine (contrôlée par la fédération), de
développer la participation, la formation et l'information, de
voir à l'hivernement des bateaux et à leur mise à
l'eau le printemps suivant, de voir à la sélection des
futurs propriétaires de navires, etc.
b) Les jonctions à être
déléguées.
On affirme souvent, à juste titre, que « la
propriété collective des moyens de production
n'entraîne pas d'elle-même une gestion collective ».
Aussi, lors de nombreuses réunions d'information avec les
leaders des membres à la base, il fut convenu qu'il serait
souhaitable que les conseils d'administration des nouvelles
associations coopératives régionales ne se chargent pas
euxmêmes de l'exécution des tâches que nous avons
énumérées précédemment, leur rôle
étant d'élaborer les politiques d'en surveiller
l'application, de représenter les membres et de
déléguer à des officiers nommés, la
responsabilité d'exécuter les tâches de
l'association : information des membres, secrétariat, gestion,
gérance, relations avec les organismes coopératifs, les
corps intermédiaires, les conseils territoriaux de
développement, les ministères concernés, les
services administratifs et techniques de la fédération
des coopératives de pêcheurs, etc.
c) Le membership et la
participation.
Lors des dernières études des hypothèses de
regroupement des coopératives,
la quatrième année
(1969), les membres
réévaluèrent les règlements qui avaient
coiffé l'action coopérative des dernières
années et ils insistèrent, en majorité, sur la
nécessité d'uniformiser la politique de souscription du
capital social, d'intensifier les réunions des nouveaux
conseils d'administration, de sélectionner les futurs membres,
d'informer davantage les membres à la base lors des
assemblées générales annuelles, d'accepter comme
membre les pêcheurs actifs seulement, d'obliger les membres,
par contrat, à transiger le plus fort volume de leur capture
avec l'association régionale, d'exploiter au maximum les
nouvelles espèces susceptibles de permettre à la
fédération de diversifier ses produits, de jeter les
bases d'une pêche côtière polyvalente, de n'accepter
comme membres que ceux qui manifestent un véritable
intérêt pour l'industrie de la pêche et qui
utilisent les services d'utilité professionnelle de
l'organisation coopérative, etc. Ces conditions essentielles
traduisaient bien le désir des membres de voir le regroupement
déboucher sur l'efficacité économique, sur la
conscience professionnelle et sur la solidarité
coopérative, lequel désir se concrétisa par la
suite, par une étude sur la structure du capital social des
pêcheurs-membres des associations coopératives, par
l'engagement d'un secrétaire permanent et résidant dans
le territoire maritime, dans le but de mettre en place de nouveaux
services (gestion, statistique financière individuelle, etc.)
et la nouvelle structure de participation et de représentation
aux nouveaux paliers de l'organisation.
Conclusion générale : information, formation et
participation, base de la coopération
« L'efficacité coopérative se pose aussi en
termes de discipline des adhérents et d'insertion dans des
ensembles intégrés. Le problème n'est pas de
conserver des structures, mais de faciliter et d'humaniser leur
évolution. Finalement, nous ne pourrons plus faire de
coopération sans coopérateurs. La formation et
l'information sont donc la base fondamentale d'une nouvelle
étape coopérative. »
(L. Malassis.)
Pendant quatre années, le secteur coopératif des
pêches a étudié de façon approfondie la
situation socio-économique des coopératives locales de
pêcheurs, tant au niveau des structures qu'au niveau du
fonctionnement interne et des coûts d'opération.
Comme nous l'avons démontré, les structures des
associations étaient demeurées statiques pendant que
l'entreprise poursuivait son essor considérable. Alors que
dans le passé, pour assurer une plus grande efficacité et
une meilleure planification de la production, les usines locales
étaient intégrées par la fédération, les
associations locales s'étant retrouvées sans fonction
économique. Leur existence était d'autant plus fragile
que le nombre de membres actifs décroissait (1,200 en 1962
à 650 en 1969) à un rythme accéléré dans
plusieurs d'entre elles qui étaient, par ce fait, vouées
progressivement à l'extinction.
Après quatre années d'études et de
réflexion, période longue pour plusieurs, les
pêcheurs envisagèrent la solution la plus logique, soit
celle de se regrouper en deux groupes distincts, les pêcheurs
côtiers et les pêcheurs hauturiers, leurs
préoccupations respectives étant passablement
différentes.
En définitive, la nécessité qui s'imposait
consistait à ajuster les structures à la
réalité présente. Il s'agissait de créer de
nouveaux ensembles plus souples et mieux adaptés aux besoins
du milieu et où les pêcheurs-coopérateurs seraient
conscients qu'ils font partie d'une réalité et d'une
organisation qui est leur et qui répond à leurs
aspirations. Il s'agissait, également, de systématiser
l'information et d'en faire l'élément-clé d'un
nouveau départ. En somme, cette action aura permis d'associer
étroitement une majorité de pêcheurs à la
définition de leurs problèmes et elle leur aura permis de
les solutionner. Elle les aura amenés à réaliser
qu'une participation vraie, authentique ne pouvait souffrir
d'intermittence.
Sources :
« Annuaires statistique des pêches de la FAO »,
1967, New York, U.S.A. «La Pêche» Bureau
d'Aménagement de l'Est du
Québec, (B.A.E.Q.) Mont-Joli 1965-1966.
« Entente Générale de Coopération
Canada-Québec », Québec, Mai 1968. «
Actualités Marines », Vol. 12, no 3,
1969, Ministère de l'Industrie et du Commerce du
Québec. « Pêcheurs Unis de Québec », 30e
Rapport Annuel, 1968.
Marcel Landry (Directeur des services pédagogiques,
l'Institut Coopératif Desjardins, Lévis,
Québec.)
En créant l'Institut Coopératif Desjardins en 1963,
les entreprises du Mouvement coopératif Desjardins ont
constitué une association et mis sur pied un centre
résidentiel d'éducation des adultes à qui elles ont
confié la tâche de développer une pédagogie
particulièrement adaptée à l'éducation
coopérative et à la formation professionnelle des
personnes qu'elles regroupent. Conscients de leur
responsabilité dans le développement de notre
société, les membres fondateurs ont ajouté à
cette obligation de l'ICD celle d'offrir ses services à trois
autres secteurs: le monde coopératif en général, les
divers groupements socio-économiques du Québec et les
pays en voie de développement.
L'ICD est dans une double situation : centre d'éducation
qui s'applique à développer et à fournir des
services pédagogiques utilisables par ses divers types
d'usagers, il est aussi intégré à un mouvement qu'il
sert et dont il partage les besoins et les valeurs. Il s'efforce
constamment d'évoluer dans cette double situation qu'il tend
et réussit à exploiter comme facteur de progrès.
Compte tenu que l'action pédagogique de l'Institut
Coopératif Desjardins est aussi diversifiée qu'une telle
forme d'association peut le permettre, nous n'aborderons à
dessein dans cet article qu'un aspect de ses relations : celles
qu'il entretient avec le Mouvement Desjardins et le mouvement
coopératif en général.
En effet, si nous trouvons utile de faire connaître et de
commenter l'activité que l'ICD mène à titre de
centre d'éducation des adultes - selon l'expression
généralement utilisée** - à plus forte raison
croyons-nous qu'il nous appartient de faire cette opération en
considérant l'ICD spécifiquement au sein du milieu
coopératif qui lui a donné naissance et à qui il
destine prioritairement ses services et en voyant de quels types
sont ces relations, quels en ont été les résultats
pour les organismes coopératifs et l'ICD et vers quoi elles
nous conduisent.
L'ICD est un institut d'intervention pédagogique à la
disposition des organismes coopératifs
Les services que nous fournissons aux organismes
coopératifs de niveau provincial, régional ou local sont
toujours ceux d'un instrument pédagogique à la
disposition de ce milieu. C'est-à-dire que, dans la limite de
nos attributions, nous déployons des efforts particuliers
à perfectionner notre équipement pédagogique - en
personnel et en matériel - et à répondre aux besoins
déterminés par les organismes plutôt que de
permettre l'initiative, par exemple, de mettre sur pied des
programmes d'éducation de notre cru et de les offrir aux
organismes coopératifs comme tels. Ainsi, nous allons aider un
responsable d'éducation d'un organisme coopératif
donné à préciser les objectifs et la forme d'un
stage de perfectionnement qu'il prépare pour un groupe
d'administrateurs, mais nous n'organiserons pas celui-ci de notre
propre chef et à partir de nos propres préoccupations ou
de besoins que nous aurions pu rechercher et déterminer
nous-mêmes.
Nous ne sommes pas compétiteurs des services
d'éducation des organismes et nous ne tendons pas à les
remplacer non plus. Notre action est du domaine de l'assistance que
nous voulons leur apporter pour préciser leurs objectifs
d'éducation, les aider à réaliser leurs
opérations et contribuer à l'évaluation de leur
action pédagogique.
Auprès des organismes coopératifs nous sommes
conseillers pédagogiques, nous jouons ce rôle de diverses
façons et nous agissons toujours selon la méthode
pédagogique que l'Institut a voulu privilégier : nous
sommes animateurs et notre intervention tend à autonomiser les
personnes et à les rendre efficaces et rationnelles dans
l'action collective. Pour éviter la substitution et pour
être bien sûrs que nous jouons le rôle qui nous est
dévolu - être des conseillers en pédagogie - nous
tendons systématiquement à travailler avec des
homologues, c'est-à-dire avec des personnes chargées
d'éducation et de formation dans les organismes
concernés.
Comment l'ICD joue son rôle dans le mouvement
coopératif
Nous perfectionnons des instruments pédagogiques, nous
répondons aux demandes de services qui nous sont faites et
nous apportons particulièrement notre assistance à trois
types d'opérations qui peuvent être interreliées
mais dont chacune forme un tout :
- la définition des besoins d'éducation;
- la réalisation d'activités pédagogiques;
- l'évaluation des activités pédagogiques.
a) La définition des besoins d'éducation
Les besoins sont définis avec la personne qui fait
formellement appel à nos services et, le cas
échéant, avec les participants à une activité
pédagogique.
1. Avec la personne qui fait appel à nos services. -
Il est de la nature même de la méthode d'animation
préconisée par l'ICD que nous travaillions à partir
de la définition la plus précise des besoins et des
problèmes que connaît tel organisme qui requiert notre
assistance. Aussi nous nous efforçons, à l'occasion des
demandes de services variés qui nous sont faites, d'aider
l'organisme à déterminer ses besoins et à
établir les divers moyens qu'il peut trouver pour les
satisfaire : et, ce faisant, nous l'amenons à découvrir
si c'est nous qui pouvons lui être utiles ou si un autre moyen
ne serait pas préférable.
L'ICD n'est pas une machine à stages et nous nous
efforçons de ne pas accepter spontanément et d'orienter
positivement des demandes honnêtes, mais peut-être un peu
vagues ou routinières qui nous sont occasionnellement faites
d'organiser tel stage de formation ou telle journée
d'étude. Par exemple, si un organisme nous demande d'organiser
un stage ou de « donner un cours » sur les
responsabilités d'un conseil d'administration, nous prendrons
le soin et le temps de faire avec le demandeur le cheminement
nécessaire pour découvrir si l'opération
demandée est le bon moyen pour répondre aux bons
problèmes. En procédant ainsi, nous amorçons, avant
même toute réalisation d'activité de groupe,
l'utilisation de l'animation. Dans un grand nombre de cas, cette
façon de procéder a servi favorablement les organismes en
leur permettant de reviser leurs projets et de les adapter à
une vision nouvelle de leurs besoins et de leurs
moyens.
La définition des besoins faite avec des individus peut
avoir son terme en soi ou se prolonger dans une activité
pédagogique réalisée à l'ICD ou ailleurs.
2. Avec les personnes gui participent à une
activité pédagogique. - Si la définition des
besoins débouche sur la réalisation d'une activité
pédagogique comme moyen de satisfaire ceux-ci - un stage de
formation à l'ICD, par exemple - ou si une session de groupe
est organisée précisément pour définir des
besoins, dans tous les cas les stagiaires seront aidés, en
tenant compte de leur statut et de leurs attitudes, à se
mettre en situation d'interrogation et à élaborer leurs
problèmes, leurs besoins et leurs attentes vis-à-vis le
stage qui débute. Cette façon de procéder permet
d'ajuster, par divers moyens pédagogiques, les attentes qui
sont définies dans la préparation du stage et celles qui
sont manifestées lorsque celui-ci est commencé.
L'Institut Coopératif Desjardins accorde beaucoup
d'importance à l'assistance qu'il peut apporter aux personnes
qui mènent des opérations de définition de besoins.
Comme à la base de notre action nous plaçons la
volonté d'aider les gens à d'abord mieux saisir leur
situation avant de procéder à une action tendant à
modifier celle-ci, nous considérons que la contribution à
l'établissement des besoins est pour nous une opération
complète en soi : que cette définition se fasse en
consultation privée avec un individu, qu'elle soit un
élément important d'une activité pédagogique
qui est l'aboutissement d'une telle consultation ou encore qu'elle
soit l'objet unique et spécifique d'une session
pédagogique de groupe.
Quand la définition des besoins a été
complétée avec des individus ou avec un groupe,
l'ensemble des moyens susceptibles de les satisfaire le plus
efficacement est, en collaboration, établi en plan plus ou
moins définitif d'action. Cette action envisagée pourra
être d'ordre pédagogique - un stage de formation, par
exemple - ou d'un autre ordre comme la réorganisation d'un
service de cet organisme.
Si l'action est d'ordre pédagogique, elle pourra être
confiée à l'ICD ou à d'autres
établissements.
b) La réalisation d'activités pédagogiques
Les activités pédagogiques dont la réalisation
est confiée à l'ICD par les organismes coopératifs
sont de divers genres et sont aussi variées que l'ensemble de
celles que nous menons dans d'autres secteurs.
Généralement, ces activités sont des réunions
d'étude ou des stages de formation ou de définition de
rôles et de tâches qui ont une durée de un à
cinq jours. On peut énumérer les principaux
éléments du stage type d'un organisme coopératif
à l'ICD :
- il est d'une durée de trois jours pour une vingtaine de
stagiaires, en résidence;
- 80 pour cent de l'activité se fait par animation, avec
deux animateurs;
- on y utilise des instruments et des techniques propres à
favoriser les échanges et les expériences par les
stagiaires et de l'information sur un sujet précis prévu
avant le stage ou que les stagiaires manifestent le désir de
connaître;
- c'est une activité basée sur les préoccupations
et les capacités du groupe et qui poursuit des objectifs
spécifiques;
- ces objets sont le sujet d'entente entre les commanditaires et
les animateurs;
- les animateurs en obtiennent un mandat clair dont les
stagiaires sont informés;
- les animateurs sont responsables des objectifs à atteindre
et de la démarche utilisée pour ce faire;
- les animateurs aident le groupe à travailler sur un
contenu dont les lignes générales sont établies au
départ mais qui sont révisables et transformables en
cours d'opération : c'est le contenu du
groupe.
Comme nous l'avons mentionné précédemment, l'ICD
s'efforce de réaliser des activités pédagogiques
dont les objectifs ont été déterminés par des
responsables, à partir d'une connaissance de leur milieu, et
précisés par les participants, au moment de leur
activité pédagogique; toutes les étapes de celle-ci
contribuent à ce que chaque participant, lucidement,
considère siens ces objectifs et les allées de travail
établies d'avance ou en cours d'opération pour les
atteindre.
Les réunions ou stages à la réalisation desquels
l'ICD a contribué, dans l'un ou l'autre cas, sont des
opérations des types suivants :
- définition de rôle et d'objectifs de
coopérateurs, d'administrateurs, de cadres,
d'animateurs ou de formateurs;
- sensibilisation à l'animation des groupes de travail,
à l'animation-terrain et sensibilisation au travail
d'équipe;
- formation de formateurs et d'animateurs;
- définition de besoins.
Dans la presque totalité des cas, les coopérateurs -
dirigeants, cadres ou simples membres - avec lesquels l'ICD a
travaillé ont participé à des stages organisés
spécialement pour un organisme donné à la demande
d'un responsable de cet organisme (dans quelques cas cependant,
certains coopérateurs ont participé à des
activités générales organisées par l'ICD -
comme les stages de sensibilisation à l'animation des groupes
de travail - pour lesquelles l'ICD fait des inivitations à
tous ses types d'usagers). La plus grande partie des
opérations que nous avons été appelés à
réaliser pour les organismes coopératifs ont
été des stages de définition ou de formation que
nous avons contribué à programmer et à réaliser
en utilisant l'animation; par ailleurs, d'autres services ont
été fournis par l'ICD pour contribuer à la
réalisation d'activités pédagogiques de ces
organismes : documentation écrite et information verbale sur
l'animation, le travail de groupe et des sujets connexes,
fourniture d'aides audio-visuelles et d'équipement
matériel, et coordination d'activités.
c) L'évaluation des activités pédagogiques
Il est reconnu que toute action professionnelle et
particulièrement l'action pédagogique doit être
continuellement revisée et évaluée positivement si
l'on veut que cette action soit un instrument de
développement. Il est aussi admis, si une évaluation ne
doit pas être la confirmation de la méthode utilisée
ou des objectifs déterminés mais bien une opération
de contrôle dans le sens d'une amélioration possible des
opérations, qu'elle doit être faite par des personnes
différentes de celles qui les ont réalisées. Dans
cet esprit, la réalisation de nos activités
pédagogiques est dépendante de certaines conditions et
modalités :
- autant que faire se peut, nous affectons à une
activité deux conseillers pédagogiques plutôt qu'un
seul; l'un servant d'observateur et d'instrument de contrôle
pour l'autre;
- de plus en plus, nous intégrons régulièrement
à nos activités pédagogiques des personnes
étrangères à la maison; nous les engageons à
utiliser auprès des animateurs leur esprit de critique durant
et après une opération;
- comme la plupart des activités pédagogiques sont
réalisées en résidence à l'ICD et que de
l'information formelle et informelle est échangée
régulièrement entre les conseillers pédagogiques de
l'ICD affectés à diverses tâches, il est possible
à ceux-ci de se contrôler mutuellement selon les
besoins;
- lors de l'organisation d'une activité pédagogique,
l'ICD demande que l'organisme commanditaire détache un de ses
représentants pour jouer le rôle
d'observateur-contrôle durant la réalisation de
l'opération et pour assurer, au besoin, auprès de
l'animateur responsable ou auprès du groupe, l'insertion
d'information nécessaire à son
fonctionnement.
Ce souci de contrôle des activités pédagogiques
est partagé par certains organismes coopératifs qui nous
demandent de faire l'évaluation de leurs activités
pédagogiques particulières ou de longue durée. Ces
opérations d'évaluation nous sont facilitées par le
fait qu'une partie du mandat général de l'ICD est de se
préoccuper du perfectionnement des instruments
pédagogiques et que, par ailleurs, nous ne sommes pas
impliqués dans les opérations concernées.
Dans ces opérations, l'ICD tient, en collaboration avec les
organismes qui requièrent ses services, à procéder
comme dans
les autres cas et à utiliser l'animation, à favoriser
la participation éclairée des personnes impliquées
(organisateurs et stagiaires) et à travailler avec un mandat
clair et limité.
Les objectifs que poursuit l'icd dans son action au sein du
mouvement coopératif
a) Réaliser l'esprit
coopératif
De par la distribution des responsabilités dans le
mouvement coopératif, il appartient à l'ICD de collaborer
à l'éducation coopérative non pas en la faisant
directement mais en contribuant au perfectionnement des instruments
d'éducation et au développement des éducateurs
eux-mêmes; une de nos tâches particulières est
d'aider les gens à découvrir et à analyser ensemble
la façon dont ils vivent et travaillent dans la
coopération plutôt que de leur enseigner des techniques
coopératives. En procédant ainsi - que ce soit lors de
l'établissement des besoins ou au moment de la programmation,
que ce soit lors de la réalisation ou du contrôle des
activités - nous nous appliquons par nos interventions
pédagogiques, à concrétiser l'esprit
coopératif.
Nous considérons que nous aidons à réaliser cet
esprit coopératif quand notre travail pédagogique est
d'abord porté vers le perfectionnement des méthodes et le
développement des personnes en vue d'une action collective
démocratique et efficace; pour amener les individus et les
groupes à être, à leur mesure, des agents rationnels
de transformations sociales positives.
b) Satisfaire les exigences de
toute action d'éducation des adultes
Les objectifs que tout organisme d'éducation des adultes
poursuit et que la pédagogie nouvelle permet d'atteindre sont
de l'essence même de la coopération. Ce sont, de ce fait,
des préoccupations que l'ICD fait siennes dans son action au
sein du mouvement coopératif; ces objectifs et les moyens de
les atteindre sont pour nous des points de repère par lesquels
nous nous orientons pour juger de l'à-propos de nos
interventions et des exigences que nous nous devons de satisfaire.
En d'autres mots, les responsabilités que nous partageons avec
les autres éducateurs d'adultes sont plus grandes et plus
engageantes pour nous du fait de notre insertion dans le mouvement
coopératif où l'on accorde une importance primordiale
à la valeur de la personne et au regroupement des
énergies. Ainsi, dans la réalisation d'une activité
de formation, par exemple, c'est à double titre que nous
allons nous préoccuper du respect des conditions suivantes
:
- établissement d'un programme de formation à partir
d'une définition des besoins des personnes
concernées;
- connaissance par les organisateurs de la situation réelle
de ces personnes;
- participation des formés à leur propre formation dans
le respect de leurs attitudes et de leur condition et
par l'exploitation pédagogique des événements qui se
produisent durant l'activité de
formation pour en faire des
éléments mêmes de formation;
- apprentissage d'une réelle activité d'équipe
comme moyen d'action future et de développement
personnel;
- correspondance et possibilité d'ajustement entre les
objectifs généraux de l'organisme et les attentes
particulières des formés;
- intégration du programme de formation aux
politiques générales de l'organisme
commanditaire.
De plus, pour que l'opération de formation à laquelle
nous collaborons soit sérieuse et pertinente et qu'elle puisse
avoir des suites positives pour les participants, nous nous
assurons que les organisateurs immédiats de l'activité en
question possèdent de la part de leurs supérieurs un
mandat clair de l'organiser et qu'ils connaissent les limites et
les implications de celui-ci. Nous nous appliquons aussi à ce
que ces supérieurs - les dirigeants de l'organisme - soient
mis au courant de l'envergure de l'opération. Pour la
qualité de notre travail, il est important de savoir qu'ils en
acceptent lucidement les implications et les conséquences; par
exemple, qu'ils soient consentants à modifier certains points
de vue et à apporter une attention sérieuse à des
besoins nouveaux susceptibles d'être manifestés par les
participants à un stage.
c) Décupler notre
action par la formation de formateurs
Comme, par notre action pédagogique, nous voulons favoriser
chez le plus grand nombre possible de personnes l'accession à
une action collective démocratique, nous tendons à
décupler notre action et à jouer le rôle de
formateurs. Ainsi, au moment de la préparation d'une
activité, nous nous intéressons aux qualités des
participants et aux possibilités qu'ils auront de transmettre
leur acquis pédagogique par la suite. C'est une
préoccupation que nous nous efforçons de faire partager
par ceux qui nous commandent des activités pédagogiques.
Nous les aidons à réaliser l'importance de recruter des
participants qui sont plutôt du type animateur et transmetteur
de méthodes et connaissances. En développant leurs
aptitudes pour l'animation et la transmission, ceux-ci devraient
être en mesure - dans leur organisme ou à l'Institut - de
procéder et d'aider à la formation de personnes qui,
elles, réaliseront une action.
d) Assurer la qualité des
activités par leur insertion dans les structures
Toujours dans le but de décupler notre action et afin de
nous assurer que les programmes auxquels nous nous associons sont
bien ceux que veulent les dirigeants de l'organisme concerné,
nous insistons pour travailler avec des homologues,
c'est-à-dire avec des personnes qui, dans l'organisme, sont
responsables de l'éducation et qui reconnaissent, au moins
dans l'ensemble, les méthodes d'éducation des adultes. De
plus, nous sommes attentifs au fait que ces personnes ou les
services qu'elles dirigent sont reconnus officiellement et ont des
relations directes avec la direction et les cadres supérieurs
de l'organisme. Nous manifestons cette exigence, non seulement pour
nous assurer du caractère officiel des programmes pour
lesquels on requiert la collaboration de l'ICD, mais surtout parce
que nous considérons que plus une activité
pédagogique est intégrée aux structures, plus
grandes sont les possibilités de durée et de
développement des programmes; aussi, meilleur est le profit
pour les stagiaires.
Dans le cas où telle personne ou tel service homologue
n'existe pas dans l'organisme, nous nous appliquons, en
consultation, à aider celui-ci à se pourvoir des structures minimums
nécessaires en cette matière.
e) Faire profiter le mouvement coopératif de notre
situation de carrefour
Étant donné que depuis la fondation de l'Institut,
nous avons pu travailler avec les dirigeants bénévoles,
les cadres salariés et les employés de tous les secteurs
coopératifs (sans oublier les corps intermédiaires, les
ministères et divers organismes) des niveaux provincial,
régional et local et parce que nous avons été à
même d'établir des contacts positifs avec de nombreux
coopérateurs à titre individuel, nous sentons que nous
pouvons jouer un rôle unique et privilégié dans
notre action pédagogique auprès de l'un ou l'autre
organisme coopératif. Nous pouvons être un point de
jonction et permettre à des organismes - particulièrement
au moment de la programmation d'activités pédagogiques -
de se rejoindre sur le plan de la pensée ou de l'action. En
nous appuyant sur notre connaissance des préoccupations et des
attitudes des divers groupes avec lesquels nous travaillons, nous
sommes en mesure de jouer un rôle pédagogique et d'aider
toutes les parties à prendre réciproquement conscience
l'une de l'autre selon les besoins. L'action interrogatoire que
nous menons auprès des organismes avec lesquels nous
travaillons est favorablement alimentée par la connaissance
que nous avons du mouvement, des idées et des
préoccupations naissantes ou véhiculées
régulièrement chez les individus.
Enfin, l'Institut Desjardins, centre coopératif
d'éducation des adultes, considère qu'il est fidèle
à l'esprit coopératif et à la notion d'école
coopérative quand il s'efforce d'associer les usagers de la
maison au perfectionnement de la pensée et des instruments
pédagogiques. En cette matière, nous associons
déjà une bonne partie des organisateurs et des
participants d'activités pédagogiques à la
définition des besoins et à la précision de la
pédagogie en cours d'opération; à titre particulier
de propriétaires usagers, les organismes coopératifs ont
une responsabilité spéciale dans ce cas. Sans diminuer
d'aucune façon les prérogatives et les devoirs de tous
ceux qui fréquentent l'Institut Desjardins, nous nous
demandons si, par un usage plus intéressé
qu'actuellement, le mouvement coopératif ne devrait pas
s'engager de façon plus active dans l'orientation et
l'activité de l'ICD. Nous croyons qu'en le faisant, il aurait
la possibilité d'y trouver un réel profit et de permettre
à l'ICD de mieux satisfaire tous les objectifs par lesquels il
définit celui-ci.
État et résultat des relations de l'icd avec le
mouvement coopératif
a) Des relations aux effets
partiels
Nous pensons que les relations que, depuis sa fondation, l'ICD
entretient avec l'ensemble du monde coopératif sont de
qualité appréciable. L'ICD a rendu une série de
services pédagogiques variés, a accru ses connaissances
générales et a perfectionné ses instruments de
travail. Cependant, si nous tenons compte des exigences de
l'éducation des adultes ainsi que des objectifs du monde
coopératif et, plus particulièrement de ceux de l'ICD,
nous devons constater qu'avec les organismes pris individuellement
les relations formelles n'ont pas été de durée
permanente et que les opérations entreprises n'ont pas eu les
suites que normalement elles devraient avoir, eu égard à
leur nature et aux conditions de réalisation.
b) Des activités
réussies
Ces activités uniques et isolées sont de divers types
déjà énumérés : stages de sensibilisation
ou de formation à l'animation, définition de rôles,
de tâches et d'objectifs... Prises isolément, elles
comportent tous les éléments minimums de «
l'opération qu'on peut considérer bonne et réussie
», c'est-à-dire : elles ont été
programmées selon ceux-ci, elles ont été
réalisées par animation et information et, en cours
d'opération, les objectifs généraux et
immédiats y ont été précisés. De plus, si
nous nous fions au comportement des participants en cours
d'opération ainsi qu'à leurs opinions et aux
déclarations formelles des organisateurs, nous
considérons que ces objectifs ont été atteints de
façon satisfaisante à chaque occasion (par exemple, selon
le cas, les participants ont découvert et compris les aspects
positifs et négatifs de l'animation ou ont précisé
leurs rôles et tâches d'administrateurs) .
c) Des facteurs de
continuité
Le résultat de ces opérations est que, dans la plupart
des cas - pour ne pas dire la totalité - l'ICD a
réalisé avec un organisme donné une activité
pédagogique et que celle-ci n'a pas eu de prolongement,
même si elle réunissait les quelques facteurs propres
à favoriser la continuité.
Lors de la définition des besoins et de la programmation de
cette activité, on a envisagé l'éventualité de
la réalisation d'activités complémentaires et la
possibilité que de nouveaux sujets d'intérêt soient
révélés durant l'opération et qu'ils puissent
alimenter une programmation future. Ces projections ont
été établies avec les représentants de
l'organisme concerné qui les ont considérées comme
apparentées aux vues et projets de l'organisme en
question.
d) Des besoins de
continuité
Dans toutes ces activités pédagogiques - de quelque
type qu'elles aient été - les participants ont, dans
l'ensemble, quoique à des degrés variés selon les
individus, adopté le même comportement à un moment
ou l'autre de l'activité : tous ont abordé le sujet de
leurs rôles, de leurs tâches et des objectifs de leur
action de coopérateurs et ils ont fait de même en ce qui
concerne leurs supérieurs ou leurs subordonnés. Dans la
plupart des cas, ils ont fait un constat de définitions
incomplètes et imprécises et non partagées par
tous.
D'une activité à l'autre, nous constatons qu'ils
regroupent en termes interrogatifs ou contestateurs leurs
préoccupations autour des sujets suivants :
- la non-concordance entre les idées et l'action des
technocrates salariés et celles des dirigeants
bénévoles;
- la difficulté de percevoir et d'énoncer les
véritables caractéristiques du mouvement coopératif
et ses différences avec les autres secteurs
socio-économiques;
- la difficulté ou l'impossibilité de faire l'accord
entre les préoccupations sociales et les préoccupations
économiques;
- la difficulté de déterminer le rôle exact du
monde coopératif dans le développement
communautaire;
- la difficulté de voir de véritables distinctions
entre l'entreprise coopérative et l'entreprise capitaliste,
compte tenu que les coopérateurs appuient leur identification
et leurs revendications sur ces supposées distinctions;
- la contradiction entre les politiques et les actions de divers
services à l'intérieur d'un organisme ou d'un groupement
coopératif;
- la situation ambiguë du mouvement coopératif
vis-à-vis les gouvernements, les syndicats, le patronat; les
problèmes d'autonomie entre les niveaux, l'absence de
coopération et les problèmes de concurrence que vivent
les entreprises entre elles ou les secteurs coopératifs entre
eux;
- la remise en question des types de leadership, d'autorité
et d'orientation;
- le problème d'une relève professionnelle
préparée d'une façon non
rationnelle.
Le fait que, dans chacune des activités pédagogiques,
les participants se soient interrogés sur eux-mêmes et
leurs dirigeants en cristallisant leur recherche autour des sujets
que nous venons d'énumérer est à lui seul suffisant,
nous semble-t-il, pour engendrer une continuité
d'activités pédagogiques. Sans compter que, dans certains
cas, il avait été prévu, comme nous l'avons
déjà mentionné, que certains de ces sujets
étaient susceptibles d'aider l'organisme à programmer des
opérations complémentaires propres à assurer un
développement des participants par des stages subséquents
de travail sur les sujets concernés.
e) Des activités interrompues
- Malgré l'émergence d'un besoin de continuité,
nous savons que les organismes ne l'ont pas satisfait, du moins pas
par le moyen d'activités pédagogiques. Face à cette
situation, l'ICD trouve que le service qu'elle a pu rendre aux
organismes, en ne les aidant à réaliser qu'une
activité pédagogique, est incomplet et que, de ce fait,
les objectifs vers lesquels tend l'ICD sont peu ou ne sont pas
atteints.
- Ainsi, l'esprit coopératif n'y trouve pas tellement son
compte parce que, même si les participants font un travail
commun durant l'opération, celui-ci n'a pas de durée et
ne conduit pas vers une véritable participation et une action
collective démocratique.
- Durant une telle opération (mais on ne sait pas ce qui
arrive lorsqu'elle est terminée) un certain nombre d'exigences
propres aux méthodes d'éducation des adultes sont
respectées : par exemple, il y a participation des formés
à la programmation et à la formation, et apprentissage
d'une activité d'équipe.
- La plupart des participants ont été formés comme
formateurs : ils ont appris à se poser un certain nombre
d'interrogations, mais ils ne sont pas allés loin dans
l'apprentissage de méthodes pédagogiques propres à
faire évoluer leur entourage.
- Considérant qu'un programme d'activités
pédagogiques interrompu occasionne des pertes à toutes
les parties, l'organisme, les participants et nous-mêmes,
l'ICD s'interroge sur les causes possibles de telles
interruptions.
- Ceux qui commandent les activités de formation sont-ils au
courant des politiques de l'organisme de telle façon qu'ils
peuvent inscrire leurs opérations dans celles-ci ?
- Possèdent-ils un mandat clair et sont-ils en communication
avec les autorités de façon à pouvoir prendre des
décisions de conséquence et à pouvoir faire valoir
leurs projets et les suites prévues et imprévues, le cas
échéant ?
- Les dirigeants des organismes sont-ils au courant des
activités qui sont organisées chez eux et, le cas
échéant, des conséquences qui portent les
supérieurs à modifier leurs points de vue et certaines
orientations ?
- Les organisateurs et les supérieurs font-ils confiance aux
personnes réunies en groupe dans leur capacité
d'évaluer des problèmes et de définir des besoins
?
- Les activités pédagogiques font-elles partie d'un
programme de longue durée ? Celui-ci tient-il compte des
activités des autres services de l'organisme ? Y a-t-il
possibilité d'influences et d'ajustements positifs entre les
services ?
- Les sujets abordés durant une activité
pédagogique, et la façon de le faire, sont-ils en accord
avec les valeurs et les pratiques du milieu ?
- Les activités pédagogiques sont-elles
considérées comme des activités réelles dans le
fonctionnement de l'organisme ou sontelles vues comme des
expériences isolées en laboratoire ?
- Jusqu'à quel point les organisateurs et les
supérieurs tiennentils compte des besoins du milieu et des
attentes des participants à une activité pédagogique
pour ajuster et modifier un programme au besoin ?
f) Quelques réflexions
Les exigences pédagogiques selon lesquelles l'ICD oriente
son fonctionnement et les objectifs qu'il tend à atteindre
sont considérés comme des éléments dynamiques.
Pour cette raison, nous entendons bien continuer à les reviser
rationnellement et de façon régulière. Pour ce
faire, nous voulons continuer aussi à y associer tous nos
usagers propriétaires et, particulièrement, les
organismes coopératifs, par des relations que nous tendrons
à intensifier et à systématiser. Dans cet ordre
d'idées, nous sommes intéressés à
réfléchir avec nos organismes à l'usage que nous
pourrions faire de types d'action mis de l'avant par leurs
représentants lorsque, à l'Institut, ceux-ci parlent des
besoins d'éducation dans leur milieu.
- Avant de mettre sur pied d'autres activités
pédagogiques ou avant d'accélérer celles qui
existent déjà, le mouvement coopératif aurait
avantage à faire des études sérieuses de ses besoins
réels, des valeurs auxquelles il adhère et des moyens
concrets qu'il entend exploiter et mettre à la disposition des
coopérateurs pour qu'ils puissent respecter ces valeurs et
s'en servir comme moteur.
- De façon à ce que ces études soient des
opérations dynamiques, il faudrait développer des
formules par lesquelles les coopérateurs seraient appelés
à y participer le plus possible. En définitive,
l'idéal serait peut-être que ces études soient
entreprises et développées à même le
déroulement des activités pédagogiques et sans
interrompre celles-ci.
- Les programmes de formation et d'éducation, à
l'intérieur de chaque entreprise ou de chaque organisme,
devraient intégrer tous les niveaux de travailleurs et de
dirigeants bénévoles de façon à ce que tous les
participants soient mis en contact - les adaptations
nécessaires étant faites - avec les mêmes valeurs,
les mêmes exigences.
- Ces programmes intégrés verticalement dans chacun des
organismes et dans chacun des secteurs coopératifs devraient,
par la même occasion, être concordants sur le plan
horizontal. En d'autres mots, si toutes les personnes à tous
les niveaux doivent apprendre et se former selon un esprit unique
et selon des valeurs identiques, la même obligation tient pour
tous les secteurs et tous les organismes coopératifs qui se
réclament d'une idéologie commune.
- Les dirigeants et les cadres supérieurs devraient
être intégrés les premiers dans des activités
qui visent à développer leurs attitudes de formateurs
avant que l'on intensifie un développement et un
entraînement aux autres niveaux.
- Les programmes fournis à tous les niveaux et à tous
les secteurs devraient être coordonnés de façon
dynamique pour qu'ils puissent s'influencer mutuellement et pour
que des variations dans un secteur puissent être
exploitées de façon positive pour le développement
de l'ensemble.
- Les activités pédagogiques, par souci
d'efficacité, devront faire appel à la participation
maximum des intéressés au moment de la définition
des besoins et lors des périodes de réflexion et de
formation mêmes. Tous les niveaux devront être
sensibilisés de façon concrète aux implications et
aux conséquences d'une participation dans la formation et le
développement.
- Pour que les programmes de formation et de développement
soient rentables, il faut qu'ils soient formellement
intégrés dans les structures et qu'ils soient reliés
à tous les secteurs de direction de l'organisme. De cette
façon, tous étant impliqués, il devient possible
d'entretenir la souplesse et l'attitiude de développement qui
sont nécessaires pour assurer que les changements
occasionnés par les programmes de formation ne soient pas vus
comme des dérangements, mais plutôt comme des facteurs
d'amélioration.
g) Universalité du problème
Le problème que nous venons de mentionner dans cet article
n'est pas particulier au monde coopératif mais il y est
peut-être plus important compte tenu de la nature de ce
milieu, de ses ressources et de ses objectifs; certains diraient de
sa mission. Ses sujets de contestation, d'interrogation et de
réflexion que nous avons énumérés se
retrouvent, avec quelques différences mineures, dans tous nos
groupes socio-économiques; les conséquences
négatives de l'interruption d'un programme d'activités
pédagogiques sont celles que connaissent grand nombre
d'éducateurs et particulièrement les mouvements
d'éducation des adultes; enfin, les questions que nous venons
de nous poser relativement à la concordance entre la position
des dirigeants d'organismes, leurs organisateurs d'activités
pédagogiques et ceux qui réalisent celles-ci,
intéressent toutes les organisations pour peu qu'elles aient
de l'envergure et qu'elles soient en voie de
développement.
L'ICD, pour sa part, entend bien jouer son rôle en cette
matière et assumer les responsabilités que lui ont
confiées les organismes coopératifs lors de sa fondation.
Nous considérons que nous devons continuer à évaluer
notre action pour la remettre en cause de façon positive et y
faire régulièrement les ajustements nécessaires, non
pas pour nous tenir strictement dans le courant du mouvement, mais
bien à l'avant-garde de celui-ci. Ce mouvement attend de nous
que nous l'aidions à formuler certaines pensées et à
déterminer certaines actions pédagogiques propres à
assurer son développement permanent.
Claude Pichette (Directeur du Département
d'économique, Université de Sherbrooke.)
En mai 1967, une entente était conclue entre le Conseil de
la Coopération du Québec et l'Université de
Sherbrooke pour la création d'une Chaire de la
Coopération dans les cadres du département de Science
économique de cette Université.
La Chaire de Coopération s'engageait à mettre sur pied
un enseignement de la Coopération et à créer un
programme de recherches dans ce domaine.
L'enseignement
Dans le cadre du cours menant au baccalauréat
spécialisé (licence) en Science économique fut
créé un cours de 90 heures (6 crédits) portant
à la fois sur la doctrine, l'histoire, la sociologie, la
démographie, la géographie et l'économique de la
coopération.
Un second cours de 90 heures au niveau de la Maîtrise
ès Arts (Science économique) était également
créé. Ce cours porte exclusivement sur l'analyse
économique de la Coopération.
L'enseignement universitaire de la coopération étant
peu répandu au Québec et étant complètement
nouveau à l'Université de Sherbrooke nous avons fait
appel à deux des plus grands spécialistes de la
coopération pour lancer notre enseignement. C'est ainsi que
pendant l'année 1967-1968 les professeurs Henri Desroche, de
l'École Pratique des Hautes Études de Paris et Paul
Lambert, économiste de l'Université de Liège, ont
dispensé respectivement 75 heures d'enseignement en
coopération dans le cadre du cours de baccalauréat
spécialisé.
En 1968-69 et 1969-70 nous avons accueilli à nouveau le
professeur Desroche. Sociologue de formation, doté d'une vaste
expérience de la coopération, consulté dans le monde
entier, ayant effectué des missions d'études dans un
grand nombre de pays, le professeur Desroche nous apportait un
bagage énorme de connaissance et d'expériences. En
1969-70, dans une période de 30 heures, le professeur Desroche
était spécifiquement chargé d'apporter aux
étudiants une initiation aux aspects doctrinaux, historiques,
sociologiques de la coopération dans le monde. Cette partie du
cours est suivie d'une période de 60 heures consacrée
à l'analyse économique de la coopération. À
l'aide d'ouvrages et d'articles de revues scientifiques, on tente
de préciser la nature de la Coopérative pour faire
ressortir les caractères essentiels qui distinguent cette
organisation de l'entreprise capitaliste. On cherche également
à préciser ce qui dans la théorie économique
traditionnelle de la firme est valable pour l'analyse
économique de la coopérative. Au-delà de cela,
à l'aide d'ouvrages et d'articles de revues scientifiques, on
cherche à bâtir une explication théorique
spécifique des fonctions de la Coopérative.
Des travaux pratiques complètent l'enseignement
théorique. Dans ces travaux, on recherche
particulièrement les réponses aux questions que nous pose
la théorie.
Dans le cadre du cours de Maîtrise nous poursuivons cette
recherche des outils nécessaires à l'explication
théorique de ce qu'est et de se que fait la coopérative
comme organisation différente de l'entreprise capitaliste.
Nous faisons surtout appel aux outils de la théorie
micro-économique et de la théorie économique du
bien-être.
Comme au cours de baccalauréat spécialisé, le
cours de Maîtrise est complété par des travaux
pratiques d'envergure.
La recherche
La recherche vise deux buts principaux : connaître le
mouvement coopératif québécois en général
et arriver à mieux préciser la nature de la
coopérative comme institution économique. Pour atteindre
ces buts, des recherches monographiques sont menées par des
étudiants du cours gradué en Coopération ou par des
étudiants qui ont déjà complété ce cours.
Des monographies sur les secteurs coopératifs agricole,
d'épargne et de crédit, de consommation et des
pêcheries sont en préparation.
D'autres travaux portent sur des problèmes touchant le
mouvement coopératif comme celui de la fiscalité. Enfin,
des travaux de recherche fondamentale s'appliquent à
définir la nature de la coopérative.
Ces travaux sont menés avec la collaboration constante du
mouvement coopératif, ce qui s'inscrit d'ailleurs dans la
logique du geste posé en 1967.
Publications
En collaboration avec le Conseil de la Coopération du
Québec, la Chaire de Coopération a lancé en octobre
1969 le premier numéro des Cahiers de la Coopération.
Intitulé « Le Développement intercoopératif :
ses modèles et ses combinaisons », cet ouvrage du
professeur Henri Desroche est le fruit à la fois de sessions
d'étude conduites par le professeur Desroche auprès de
dirigeants du mouvement coopératif québécois et de
son enseignement à la Chaire de Coopération de
l'Université de Sherbrooke.
Les Cahiers de la Coopération ont été
créés pour faire connaître des travaux de valeurs
portant sur la Coopération en général. Ils ne sont
pas restreints à la publication d'ouvrages de nature
économique mais sont ouverts aux travaux réalisés
selon les différentes disciplines des Sciences sociales.
Divers
De plus, la Chaire de Coopération collabore avec le
mouvement coopératif à différents comités mis
sur pied par le Conseil de la Coopération du Québec comme
par exemple le Comité d'étude et d'action
coopérative et le Comité de la fiscalité.
Chaire de Coopération et éducation
coopérative
L'enseignement dispensé à la Chaire de
Coopération dans le cadre des cours menant aux diplômes
de baccalauréat spécialisé et de maîtrise
ès Arts en Économique n'est pas à proprement parler
ce qu'on est convenu d'appeler de l'éducation populaire. Mais
il s'inscrit certainement dans ce qu'on peut appeler
l'éducation coopérative et par ses prolongements rejoint
l'éducation populaire.
En fait, l'enseignement qu'on dispense et la recherche qu'on
poursuit à l'Université de Sherbrooke devraient avoir des
effets sur l'ensemble de la vie
coopérative québécoise; au
niveau du mouvement, au niveau des gouvernements et au niveau de
l'Université elle-même.
Le mouvement
En créant la Chaire de Coopération, les dirigeants du
mouvement coopératif voyaient là d'une part un moyen de
créer une relève dans le mouvement. D'autre part, ils
voyaient là un moyen d'infuser des idées nouvelles, un
dynamisme nouveau au mouvement.
Les gouvernements
Grâce à la Chaire de Coopération, des
économistes ayant reçu une formation en Coopération
iront occuper des postes dans les différents gouvernements.
Ces économistes ne pourront faire autrement que d'avoir de la
Coopération une vision différente de ceux qui ayant
reçu une formation traditionnelle sont tentés de
considérer la Coopérative comme une entreprise comme les
autres. On peut espérer que des économistes
déjà sensibilisés aux questions coopératives,
ayant une connaissance scientifique propre à la
coopérative sauront apporter des solutions plus
appropriées encore aux problèmes de structure et de
croissance du mouvement.
L'Université
L'Université de Sherbrooke n'est pas la première au
Québec à s'occuper de Coopération. L'Université
Laval de Québec et l'Université de Montréal ont vu
depuis longtemps certains de leurs professeurs s'occuper de
Coopération. L'Université de Sherbrooke vient ajouter son
oeuvre à celle qui a été faite ailleurs auparavant.
L'originalité de Sherbrooke sera peut-être de le faire
d'une façon institutionnalisée et systématique.
À chaque année, des étudiants ayant reçu une
formation en Coopération iront occuper des postes dans le
mouvement coopératif ou dans les gouvernements, ce qui ne
pourra manquer de jouer un rôle sur le mouvement dans son
ensemble.
Mais en créant la Chaire de Coopération à
l'Université de Sherbrooke, le mouvement coopératif a
certainement rendu un grand service à l'Université en
général. Le mouvement a, par le fait même,
amené des universitaires à s'intéresser à une
institution qui n'a certes pas reçu l'attention qu'on a
portée à d'autres institutions. Les économistes en
particulier, peut-être plus que leurs collègues des
autres sciences sociales, ont négligé l'analyse
théorique de la coopérative.
La Chaire de Coopération s'est donnée pour objectif de
faire porter son enseignement sur l'aspect analytique de la
Coopération et de ne pas s'en tenir au seul aspect descriptif.
En cela, il faut reconnaître que c'est là presque un
travail de pionnier. L'analyse économique de la
Coopération est loin de jouir d'un appareil économique
analytique aussi élaboré et aussi intégré que
celui qui existe pour d'autres secteurs de l'économie. Cela
n'est pas sans rendre notre travail plus difficile et plus
laborieux.
Mais malgré tout, on constate avec plaisir que plusieurs
économistes se sont penchés sur l'étude
théorique de la coopérative. Des économistes
réputés ont publié des articles sur différents
aspects de la coopérative dans des revues économiques
renommées comme l'American Economic Review, Review of Economic
Studies, Economica, etc.
En somme, l'enseignement universitaire de la Coopération
devrait avoir des effets directs et indirects, des effets
immédiats et des effets à long terme. En formant des
hommes qui auront reçu une formation en Coopération, la
Chaire de Coopération, nous osons le croire, contribue au
développement de la Coopération en raison des
décisions que ces hommes seront appelés à prendre,
qu'ils soient dans les gouvernements ou dans le mouvement
coopératif. C'est en somme de l'éducation
coopérative qui ne peut pas manquer d'avoir un effet sur
l'éducation populaire dans son ensemble que fait la Chaire de
Coopération de l'Université de Sherbrooke.
George Davidovic (Professeur, Université Sir George
Williams, Montréal.)
L'économie coopérative a fait ses débuts en 1844,
par l'établissement le la Coopérative de Rochdale, dont
les fondateurs sont connus dans l'histoire coopérative sous le
nom des Pionniers Équitables de Rochdale. Cette
coopérative s'était posé comme objectif, dès le
début, entre autres, le développement de
l'éducation. En effet, l'article premier de ses statuts
originaires disait : « Dès que cela sera possible, cette
société entreprendra l'organisation des forces de la
production, de la distribution, de l'éducation et du
gouvernement où en d'autres termes l'établissement d'une
colonie se suffisant à elle-même et dans laquelle les
intérêts seront unis, ou bien elle viendra en aide à
d'autres sociétés pour établir de telles colonies.
»
Comme on le voit, l'éducation, mot que j'ai
souligné, était l'un des trois objectifs principaux de la
coopérative de Rochdale. L'importance que ses fondateurs
attribuaient à l'éducation fut exprimée d'une
façon plus concrète quelques années plus tard, en
1854, lors de la revision de ses statuts. À cette occasion, il
a été prescrit que, pour les fins de l'éducation, un
fonds sera constitué par l'allocation de deux et demi pour
cent du surplus annuel, et « par l'accumulation de toutes les
amendes perçues pour l'infraction à ses statuts.
»
Les coopératives, à travers le monde entier, ont suivi
l'exemple de Rochdale et développé une activité
éducative, sous une forme ou sous une autre, de pair avec leur
activité économique. De plus, de par leur caractère
même, de par leur organisation démocratique, de par la
participation de leurs membres - en réalité des usagers
de leurs services - dans le contrôle et la conduite de leurs
affaires, toutes les organisations coopératives doivent
toujours et partout être, qu'elles le veuillent ou non, des
centres d'éducation populaire, simplement en jouant leur
rôle économique au service du peuple. C'est la raison
pour laquelle, en 1960, la Conférence de l'UNESCO, tenue
à Montréal, a déclaré que la coopération
est la meilleure institution pour l'éducation des adultes.
Combien est important le rôle éducatif du mouvement
coopératif dans le monde ! On peut facilement se l'imaginer,
si l'on prend en considération le fait qu'aujourd'hui il y a
des centaines de milliers de coopératives de différentes
catégories à travers le monde avec des centaines de
millions de personnes qui leur sont affiliées, directement ou
indirectement.
Avec le temps, à part son rôle éducatif direct,
l'économie coopérative a attiré l'attention des
institutions d'éducation, surtout des universités, sur
ses problèmes complexes et nombreux, économiques et
sociaux. Une étude que j'ai entreprise, il y a quelques
années, sur l'enseignement universitaire de la
coopération et dont les résultats ont été
publiés par la Cooperative Union of Canada, Ottawa, sous le
titre : « University Teaching of Cooperation in Various
Countries », a révélé que des centaines
d'universités à travers le monde ont déjà
introduit le sujet « Cooperation » dans leurs
programmes.
Il y a cependant encore des universités qui refusent de
faire de la coopération le sujet de leur enseignement. Cette
attitude a été bien exprimée par une université
britannique qui, en réponse à mon questionnaire, disait :
« Dans nos études universitaires, la coopération est
traitée comme l'une des formes variées d'entreprises et
n'est pas promue séparément. »
La réalité est, cependant, qu'une coopérative
n'est pas seulement une forme d'entreprise, comme par exemple, une
société anonyme ou une société en commandite.
Elle est une organisation fondamentalement différente de
toutes les autres formes d'entreprises, publiques ou privées,
individuelles ou collectives, capitalistes ou communistes.
La coopérative est la seule forme d'entreprise qui est
opérée par ceux qu'elle sert, par ses usagers, par ceux
qui sont en même temps ses clients, ses propriétaires et
ses opérateurs. Elle est aussi la seule forme économique
qui ne fait et ne peut jamais faire de profit à même ceux
qu'elle sert, ses membres, les usagers. Elle a ses méthodes
particulières d'établissement,
ses formes spéciales d'organisation, ses principes
particuliers d'administration - administration démocratique -
ses formes de financement, ses lois particulières de
développement, de concentration économique et bien
d'autres caractéristiques.
Ces caractéristiques particulières de l'institution
coopérative sont naturellement devenues l'objet d'études
scientifiques particulières. De là, une discipline
spéciale s'est graduellement formée dans le cadre des
sciences économiques et sociales. Et, inévitablement, la
coopération est devenue le sujet d'enseignement
universitaire.
Pour autant que j'ai pu le déterminer par l'étude
mentionnée ci-haut, l'Université de Wisconsin, aux
États-Unis, était, en 1913, la première au monde
à introduire le sujet « Coopération » dans son
curriculum. Mais c'est surtout après la Première Guerre
Mondiale, et l'établissement d'une chaire de la
Coopération au Collège de France par le grand
économiste et théoricien de la coopération, Charles
Gide, que l'enseignement de la coopération s'est graduellement
développé à travers le monde, pour faire des
progrès rapides après la Deuxième Guerre
Mondiale.
En ce qui concerne le Canada, jusqu'aux années toutes
récentes, l'enseignement universitaire n'avait fait que de
très modestes progrès. Seulement deux universités -
celles de Winnipeg et de Moncton - ont pu exprimer, lors de mon
enquête mentionnée ci-dessus, qu'elles avaient un
enseignement spécial de la coopération et ceci dans des
proportions très limitées. Quant au Québec, aucune
de ses universités n'avait d'enseignement spécial de la
coopération.
Ces dernières années, cependant, le Québec a pris
le leadership dans tout le Canada en ce qui concerne cet
enseignement. Dans l'année académique 1967-1968,
l'Université de Sherbrooke a introduit le sujet «
Coopération » dans son programme et l'Université Sir
George Williams le fit l'année suivante, en 1968-1969. De
cette façon, le Québec est la seule province au Canada ou
la coopération est enseignée dans deux
universités
et, dans les deux cas, d'une façon sérieuse, comme un
cours complet. En même temps, l'Université Sir George
Williams est la seule université, non seulement au Canada mais
dans le monde entier, où la coopération est
enseignée dans les deux langues mondiales - en français
et en anglais. Mais avant de nous référer d'une
façon concrète à l'enseignement de celle-ci, il
serait utile de donner quelques brèves informations quant
à son développement.
L'Université Sir George Williams s'est développée
à partir de l'activité éducative de l'Union
Chrétienne des Jeunes Gens (YMCA) de Montréal. Elle porte
le nom de Sir George Williams qui, en 1844, fonda la YMCA, - à
Londres - sept années avant celle de Montréal, la
première en Amérique du Nord.
L'Université S.G.W. a obtenu sa charte de la
Législature provinciale en 1848. La Charte lui conférait
le droit d'opérer comme un collège ou université en
son propre nom sous une forme corporative et publique, tandis que,
jusque-là, elle opérait sous une charte de la YMCA. En
1959, par un amendement de la loi relative à son
incorporation, la position de l'Université a été
clarifiée. C'est alors que son nom fut chargé en :
Université Sir George Williams.
L'enseignement de la coopération fut introduit dans le
curriculum de l'Université Sir George Williams sous la
dénomination : « Théorie et Pratique de la
Coopération. » Son introduction est due aux efforts du
directeur du Département d'Économie de l'Université,
le professeur Arthur Lermer.
Il y a déjà quelques années que nous nous
rencontrions aux séances du CIRIEC Canadien, dont il est le
président. À l'occasion de l'une de ces rencontres, il me
fit part de son intention d'organiser un cours de coopération
dans son Département. En 1967, lorsque mes fonctions de
directeur de recherche de la Cooperative Union of Canada ont prit
fin, il m'offrit de prendre la responsabilité de
l'enseignement de la coopération à l'Université Sir
George Williams.
Le Professeur Lermer a exprimé les raisons qui l'ont induit
à introduire la coopération dans le programme de
l'Université lors de la remise des diplômes aux
étudiants du cours français de 1968-69, qui a eu lieu le
17 novembre 1969. À cette occasion, il a dit dans son discours
entre autres : «... il faut vraiment regretter que le nombre
d'universités canadiennes qui ont introduit l'enseignement de
la coopération soit encore limité. La raison en est,
certes, que traditionnellement les économistes concentrent
leur attention sur les prix, les salaires, sur la politique
monétaire et fiscale, sur la théorie du commerce et sur
les cycles économiques. Par contre, le champ très vaste
des institutions industrielles, économiques et sociales, est
plutôt négligé dans leurs préoccupations. Et
ceci va naturellement au détriment de notre économie
complexe et dynamique dont le sort dépend largement du
système de l'économie participationniste... »
« L'un des aspects fondamentaux de notre économie
très développée et complexifiée est
exprimé d'une façon éclatante par le terme «
économie mixte », une économie ou les décisions
principales sont laissées d'une part aux mécanismes du
marché et d'autre part, sont prises par les gouvernements aux
divers échelons, soit directement, soit par
l'intermédiaire des sociétés de la Couronne ou
d'autres institutions ».
« Il serait parfaitement logique et dans l'esprit d'une
telle société pluraliste, qu'on prenne en
considération l'existence d'une autre dimension, d'un autre
secteur, qui constitue une partie intégrante du système
économique aux dimensions multiples, c'est-à-dire de
l'organisation coopérative. »
« À notre époque ou la démocratie «
participationniste » occupe une position centrale dans la
pensée des gens véritablement concernés, la
coopération offre non seulement de grandes possibilités
pour nombre de personnes, mais elle forme aussi un autre centre de
décision qui peut contribuer à un meilleur équilibre
de notre économie pluraliste. »
« De nos jours, cette forme d'entreprise gagne de plus en
plus d'importance dans tous les systèmes existants : dans le
système d'économie mixte de l'Ouest, dans le système
soviétique et aussi, et tout
particulièrement, dans les pays en
voie de développement. »
« Reconnaissant la valeur et la signification du
système coopératif et sa tendance à prendre la place
qui lui revient, nous avons cru nécessaire de manifester un
intérêt très vif aux problèmes coopératifs
et à la science de la coopération. On peut ajouter que
nous envisageons déjà l'extension de notre enseignement
de la coopération aux cours destinés aux
diplômés. »
L'inauguration officielle du cours « Théorie et
Pratique de la Coopération », à l'Université
Sir George Williams, a eu lieu avec quelque retard (à cause de
certains événements qui se sont déroulés à
l'université même), mais elle avait un caractère
très solennel, ce 6 mars 1969, sous la présidence du
vice-recteur de l'Université (devenu recteur depuis), le
Docteur John O'Brien, et en présence de nombreux professeurs
de l'université, de dirigeants du mouvement coopératif
venus de tous les coins du Québec ainsi que d'Ottawa, de
personnalités invitées ainsi que d'étudiants.
La cérémonie était rehaussée par la
présence de M. C.-H. Barbier, un coopérateur et un
éducateur de renommée mondiale qui, pendant toute la
période d'après-guerre, était le représentant
de l'Alliance Coopérative Internationale au sein du
Comité pour l'Éducation des Adultes de l'UNESCO. Il
était spécialement venu de Suisse pour prendre part
à la cérémonie et prononcer une conférence.
Nous tâcherons de la résumer.
La thèse développée par M. Barbier se
référait à « la Coopération et son
enseignement » : comment on enseigne la
coopération et qu'est-ce que la coopération nous
enseigne. L'autre sujet sur lequel il jeta une lumière toute
particulière était : « les relations
université-coopération ».
M. Barbier développa, entre autres, les pensées
suivantes :
La plus ancienne université du monde fut créée en
1252 par Robert de Sorbon, à Paris; elle est connue de
nos jours sous le nom de la Sorbonne. Je n'examinerai pas les
rapports entre la coopération et l'université dès
l'origine de celle-ci, mais seulement dès le moment ou la
coopération prit naissance. À l'origine, il n'y avait pas
d'antinomie entre coopération et université, c'était
deux mondes qui ne se connaissaient pas et croyaient n'avoir rien
en commun. Et les Pionniers de Rochdale auraient été
très étonnés, si on leur avait dit qu'un jour ce
qu'ils faisaient serait l'objet d'enseignements dans les
universités. Aussi, a-t-il fallu du temps pour que ces deux
mondes se connaissent et finissent par se rencontrer. Ce n'est donc
que peu à peu que la coopération a obtenu le droit de
cité dans l'université. On lui a consacré une
leçon occasionnelle, puis plusieurs leçons, puis des
cours.
Aujourd'hui, l'enseignement de la coopération dans le monde
est devenu un phénomène qui compte et qui a
déjà fait l'objet d'études particulières.
Dans l'enseignement de la coopération, il n'y a qu'un fait
qui compte : la vérité objective. La rigueur scientifique
est particulièrement nécessaire ici. Elle donne alors
à la coopération non pas une tribune de propagande mais
un nouveau crédit, une reconnaissance, une sorte de naissance
à des destinées nouvelles.
L'Université Sir George Williams a fait oeuvre de pionnier
dans l'éducation des adultes. En destinant un cours de
coopération à la jeunesse, elle adopte des visées
à la fois adéquates pat rapport à notre temps, et en
elles-mêmes valables.
Certes, il y a des difficultés à l'enseignement de la
coopération, de grandes difficultés. Je me permets de
faire appel à toutes les organisations coopératives
canadiennes pour qu'elles financent généreusement
l'étude de la coopération dans les universités et
par les universités. Ouvrir de nouveaux cerveaux à nos
problèmes est aussi important que d'ouvrir de nouveaux
magasins. C'est pourquoi je me permets d'insister sur la
conjonction université-coopération. Ici, également,
je me permets de lancer un appel à l'université pour que,
reconnaissant que
la coopération est un enseignement nécessaire
aujourd'hui au même titre que la physique et les
mathématiques, l'université, elle aussi, fasse les
investissements pour ces études.
Grâce à la conjonction
université-coopération, grâce à la conjonction
des volontés et des investissements, nous obtiendrons des
résultats valables.
En ce qui concerne les enseignements qui découlent de la
pratique actuelle de la coopération, ils sont multiples et de
toutes natures : économiques, sociaux et moraux.
Le premier de ces enseignements est qu'une économie
fraternelle, « a brotherhood economy », comme l'a dit le
célèbre écrivain japonais Kagawa, n'est pas
impossible. Alors, le premier enseignement de la coopération
est l'espérance. Et elle nous offre une extraordinaire
promesse car, aujourd'hui, 235 millions de coopérateurs
travaillent chaque jour à l'avènement d'une économie
fraternelle. Et Célestant Bouglé, mon professeur à
la Sorbonne, a dit avec raison : « Bienheureux les
coopérateurs parce qu'ils travaillent pour les autres en
travaillant pour eux-mêmes... parce que, guidés par ce
haut idéal, ils peuvent, eux, faire des économies sans
avarice, des affaires sans affairisme, de l'utilitarisme sans
égoïsme. »
La coopération, économie fraternelle, est aussi l'une
des formes les plus vivantes, les plus concrètes du respect
des droits de l'homme.
Le deuxième enseignement qui émane aujourd'hui des
activités coopératives est celui-ci : l'économie de
service instaurée par les coopératives a manifesté
une grande viabilité. Elle a remporté la victoire,
puisqu'elle a su contraindre l'écomonie à gestion de
profit à se courber, dans une certaine mesure au moins, à
la loi du service.
Par la pratique de la solidarité, de l'entraide, par
l'association des personnes, la coopération a été
l'initiateur des fameux principes économiques de
concentration.
Le rôle de l'économie coopérative dans le domaine
de l'éducation est d'une importance particulière. Ayant
des membres, les coopératives ont entrepris de les servir non
seulement en tant qu'entités économiques mais en tant que
personnes. Or, quel est le plus grand besoin de l'être humain
aujourd'hui, sinon celui de l'éducation permanente ? Et le
Docteur Georges Fauquet a bien dit dans son « Secteur
coopératif » : « Défaillante dans sa tâche
éducatrice, la coopération serait défaillante
également dans sa tâche économique ».
Le troisième enseignement qui découle de la pratique
coopérative, c'est son animation à la base, animation de
la base, animation par la base. Dans les pays en voie de
développement, le seul remède ayant chance de
succès, c'est l'animation de la base qui permet l'application
de méthodes coopératives. La coopération a un grand
rôle à jouer et un grand enseignement à donner au
monde, car le grave problème des pays en voie de
développement n'est susceptible d'aucune autre solution que la
solution coopérative.
Le cours « Théorie et Pratique de la Coopération
», donné à l'Université Sir George Williams,
est un cours de crédit, mais jusqu'ici sujet à choix,
non-obligatoire. Il est donné deux heures par semaine, a une
durée d'une année académique et embrasse une grande
variété de problèmes de l'économie
coopérative, tant théorique que pratique, comme son nom
l'indique, d'ailleurs.
Parmi les problèmes couverts par le cours on peut
mentionner :
- Les principaux jalons historiques de la coopération;
définition de la coopération et terminologie
coopérative; les précurseurs de la coopération sur
le plan de la pensée :
- Les principaux systèmes coopératifs et leurs
fondateurs;
- Les principes coopératifs, développement et rôle
de l'économie coopérative, répartition
géographique et puissance des organisations
coopératives;
- Coopération en tant que système économique; les
transformations économiques et sociales qui ont lieu sous
l'influence de l'action coopérative;
- La coopération en tant que forme d'entreprise; le
fonctionnement des entreprises coopératives :
- La législation coopérative;
- La centralisation et la
concentration dans la structure
coopérative;
- Les finances coopératives;
- Les relations de travail au sein de l'économie
coopérative.
- Coopération et politique :
- Signification politique du principe de la neutralité
politique et religieuse;
- Les relations entre l'État et le mouvement
coopératif;
- La coopération et la haute politique internationale;
- La coopération comme force mondiale et instrument de
rapprochement entre les peuples et catégories sociales.
- L'économie coopérative au
Canada, types, caractéristiques et rôle
des organisations coopératives canadiennes :
- Rôle particulier du Québec sur le plan de la
coopération; force de l'économie coopérative au
Canada et au Québec; l'éducation coopérative au
Canada.
L'intérêt suscité par le cours en
coopération à l'Université Sir George Williams est
très encourageant. Lors de l'introduction du cours en
l'année académique 1968-1969, seulement 48 étudiants
étaient inscrits. L'année suivante, le nombre s'est
élevé à 70, ce qui veut dire une augmentation de 22
étudiants.
La caractéristique particulière du cours de
coopération à l'Université Sir George Williams est
que, bien que ce soit une université de langue anglaise,
l'enseignement de la coopération se fait tant en français
qu'en anglais. Le cours en français, qui fut organisé
avec le concours du Conseil de la Coopération du Québec,
est avant tout destiné aux dirigeants et aux cadres
coopératifs et a, par conséquent, un caractère
plutôt d'éducation des adultes. Ce cours semble avoir un
succès particulier. Le nombre d'étudiants
inscrits à ce cours s'est
élevé de 33 en
1968-1969, à 55 l'année académique suivante. Le
cours en anglais est spécialement destiné aux
étudiants réguliers de l'Université.
Vu le succès acquis par le cours de coopération, les
autorités compétentes de l'Université ont
décidé de pousser plus loin son enseignement. Elles ont
déjà envisagé la possibilité des cours
destinés aux diplômes pour l'obtention de la
maîtrise et du doctorat en coopération. Ceci ouvre,
naturellement, des perspectives nouvelles et larges à
l'enseignement de la coopération à l'Université Sir
George Williams.
Jean-Paul Légaré (Directeur du journal Ensemble !,
organe officiel du Conseil de la Coopération du
Québec.)
Le développement de la coopération est
étroitement lié à l'éducation et à
l'information des membres et du public en général. Tout
le présent cahier a tenté de démontrer cette
nécessité de l'éducation coopérative. La presse
coopérative se présente donc comme l'un des moyens de
poursuivre l'éducation des sociétaires et du public.
Le mouvement coopératif, au Québec, rejoint plus de 2
millions de personnes qui sont réparties dans les diverses
régions de la province et dans les différents secteurs
socio-économiques. On conçoit facilement qu'une
population de coopérateurs de cette importance doive se donner
des organes de communication. En effet, force vivante et dynamique,
le mouvement coopératif a besoin de moyens d'expressions, de
liaison.
On ne peut parler de la « presse coopérative » au
Québec qu'en termes très généraux et il faut
bien admettre, au départ, que cette presse est relativement
modeste. Par ailleurs, il faut souligner qu'il s'agit d'une presse
interne, c'est-à-dire qui circule surtout chez les personnes
intéressées à la coopération.
Dans le présent chapitre, nous tenterons de définir
sommairement les fonctions d'une presse interne et divers types de
cette presse, et d'ouvrir des horizons sur la nécessité
d'une presse que l'on pourrait qualifier, par rapport au mouvement
coopératif, de presse externe.
Presse interne
On pourrait attribuer trois fonctions à une presse interne
comme celle du mouvement coopératif, soit d'être : un
lien, un informateur et un propagandiste. Les conditions
particulières du Québec donnent une importance accrue aux
moyens d'information. En effet, dans notre province vaste et à
faible densité de population, les coopératives sont
souvent isolées et éloignées les unes des autres.
Dans un tel contexte, les organes d'information prennent une
importance particulière.
Un lien
Le but premier de la presse coopérative est donc de relier
entre eux les membres des coopératives aussi bien d'un
même secteur d'activités que de secteurs divers. Les
média d'information sont donc des moyens privilégiés
de raffermir la solidarité aussi bien des coopérateurs
que de leurs institutions.
Un informateur
Quand on considère qu'il y a, au Québec, environ 2,700
coopératives dont la majorité sont groupées dans
plus d'une vingtaine de fédérations ou institutions
à caractère provincial, on devine que ces
coopératives en perpétuelle évolution engendrent une
activité dynamique considérable. Il y a donc là une
matière généreuse à information et c'est
justement le rôle de la presse coopérative que
d'être le reflet de cette activité.
Ce qui vaut pour le Québec, vaut aussi sur des plans plus
vastes; ainsi, dès 1924 le Bureau International du Travail
prenait l'initiative de publier les « Informations
Coopératives » afin d'aider les mouvements
coopératifs nationaux à se connaître mieux les uns
les autres.
A quelques niveau qu'ils appartiennent, les coopérateurs
ont besoin d'être informés sur les multiples aspects de
la vie coopérative; par ailleurs, la diffusion des
applications de la démocratie coopérative permet de
mettre en lumière des expériences heureuses qui ont une
valeur d'entraînement. La diffusion de l'information
coopérative a aussi le mérite de contribuer au
développement harmonisé du mouvement coopératif dans
ses diverses manifestations.
On pourrait analyser longuement les répercussions d'une
bonne information chez les coopérateurs, mais contentons nous
de cette constatation faite dans la revue du 50e
anniversaire du Bureau International du Travail qui dit « les
transformations apportées dans la structure des mouvements
coopératifs n'auraient pas été possibles si un
effort considérable n'avait été entrepris dans le
domaine de la formation et de l'information coopératives
».
Un propagandiste
Étant engagée à la défense d'une cause, on
ne peut cacher que la presse coopérative joue, à
l'occasion, un rôle de propagandiste. La presse de ce type
répond ainsi à un besoin. En effet, il est indispensable
que soient constamment propagés les principes,
l'idéologie et la doctrine de la coopération. On aura
souvent l'impression que ces moyens d'information prêchent
à des convertis. Il ne faut pas oublier cependant que la
pratique de la coopération demande une reconversion constante,
un recyclage, une remise à jour des principes, parce que
l'application de la coopération est en constante
évolution aussi bien au Québec que partout dans le
monde.
Pour atteindre véritablement son but, la presse
coopérative doit donc engager la participation des
coopérateurs et, débordant le cercle des convaincus,
gagner d'autres adhérents à la cause.
La presse coopérative contribue donc à la transmission
directe ou indirecte d'une philosophie et de méthodes qui,
appliquées aux divers secteurs économiques et sociaux,
font prendre conscience à des milliers d'hommes,
coopérateurs de la base ou cadres du mouvement
coopératif, du rôle qu'ils ont ou doivent jouer. Ainsi
s'opère lentement, grâce à l'information, une
transformation des mentalités et des groupes. L'information
contribue à cette mutation qui permet aux sociétaires de
faire de plus en plus par eux-mêmes ce qu'ils demandaient
auparavant aux autres de faire pour eux et de devenir plus
responsables.
Lien entre les personnes, informateur et propagandiste, la
presse coopérative contribue donc puissamment au maintien et
à l'évolution de la formule coopérative.
Deux types de presse
Toute presse doit correspondre à un public qui a des
besoins bien déterminés. Dans le cadre de la presse
interne du monde coopératif, nous distinguerons donc deux
types de presse, soient l'horizontale et la verticale.
Ces deux types de presse se rencontrent habituellement à
l'intérieur d'un mouvement à secteurs multiples comme
c'est le cas pour le mouvement coopératif québécois.
On retrouvera donc une presse verticale qui explore l'activité
de la base au sommet dans un secteur coopératif donné,
par exemple, le secteur agricole; et la presse horizontale qui doit
couvrir tout le champ des activités des divers secteurs,
jouant ainsi une fonction intersectorielle indispensable.
A l'intérieur du mouvement coopératif
québécois, l'on rencontre tout un arc-en-ciel de
publications qui vont du bulletin à la revue et au journal
tabloïd. Toutes ces publications, à l'exception du
journal Ensemble !, peuvent se classer dans la catégorie des
organes de type vertical.
Le journal ENSEMBLE !
Au sommet de la pyramide des publications du monde de La
coopération, il faut placer le journal Ensemble !, le seul qui
soit véritablement du type de la presse horizontale que nous
avons décrit ci-dessus. Ensemble ! est un lien
intercoopératif qui contribue à maintenir l'unité
dans la diversité des secteurs coopératifs; il est un
point de rencontre qui prolonge l'action du Conseil de la
Coopération du Québec dont il est l'organe officiel. Le
journal existe depuis trente ans et des projets sont en cours en
vue de lui donner un rayonnement plus considérable. On a donc
la preuve que les institutions-membres du Conseil de la
Coopération du Québec tiennent à ce lien
intercoopératif, instrument de communication entre les divers
secteurs du mouvement.
Le monde de la coopération possède une voix; il
importe que cette voix soit le reflet de la puissance du mouvement
lui-même, qu'elle atteigne les dirigeants, le personnel et les
sociétaires. Il n'est pas interdit de penser que cette voix
puisse se faire entendre par-delà le cercle
coopératif.
Survol de la presse verticale
II ne serait pas opportun de faire ici une analyse fouillée
des divers types de presse coopérative au Québec. Nous
nous contenterons donc de ne considérer que certains des
aspects de ces organes d'information des
institutions coopératives.
Tableau des publications coopératives
|
Ensemble !,
|
Le Conseil de la Coopération du Québec
|
Ma caisse populaire,
|
La Fédération des Caisses populaires du Québec
|
La revue Desjardins,
|
La Fédération des Caisses populaires
|
Le journal COOP,
|
La Fédération des Magasins CO-OP
|
L'Artisan,
|
La Société des Artisans
|
Notre journal,
|
L'Assurance-Vie Desjardins
|
Présence,
|
La Sauvegarde
|
Agri-coop,
|
La Coopérative Fédérée de Québec
|
Journal Caisse,
|
La Fédération de Montréal des Caisses Desjardins
|
Caisse d'Économie,
|
Fédération des Caisses d'Économie du Québec
|
Cooprix et le Consommateur,
|
Fédération des Magasins CO-OP
|
L'ICD,
|
L'Institut Coopératif Desjardins
|
L'Abeille et l'Érable,
|
Les Producteurs de Sucre d'Érable et la Société coopérative
des Apiculteurs
|
On pourrait aussi mentionner d'autres bulletins comme Le Journal Populaire,
publié par la Banque Populaire, etc.
Destination
La majorité des publications s'adressent aux dirigeants des institutions
coopératives; quelques-unes comme l'Artisan, Cooprix et Ma caisse populaire
rejoignent les coopérateurs ou les sociétaires; enfin, deux publications
surtout, Journal Coop et Ma caisse populaire s'adressent en partie au grand
public.
Tirage
« Ma caisse populaire » est la publication qui vient en tête
pour le tirage avec tout près d'un demi million de circulation; vient
ensuite le Journal Coop avec un tirage de 125,000 exemplaires et l'Artisan
avec une circulation de 90,000 exemplaires.
Nature de l'information
80% de l'information publiée dans les publications ci-dessus porte sur
l'institution concernée. La matière qui couvre l'ensemble du mouvement
coopératif occupe 15% de l'espace alors que l'information d'intérêt
général n'occupe que 5% de l'espace.
Les catégories
La douzaine des publications coopératives se présente sous des
formats variés; on retrouve six journaux tabloïd, six ou sept bulletins
et quelques revues. Dans l'ensemble, cette presse est relativement modeste,
il faut souligner toutefois que la Revue Desjardins est particulièrement
soignée et se présente comme une revue de prestige.
On retrouve également une grande variété dans la fréquence
de publication des divers média. Alors que le Journal Coop est hebdomadaire,
Ensemble ! est publié bimensuellement et la plupart des autres publications
sont trimestrielles.
La majorité des publications sont offertes gratuitement sauf Ensemble
!, la Revue Desjardins et l'Abeille et l'Érable.
Trois publications se caractérisent par leur contenu. Ainsi, «
Ma caisse populaire » est avant tout consacrée aux questions d'éducation
et d'économie familiale; « Cooprix et le Consommateur » s'attarde
aux questions du monde de la consommation; enfin, signalons que « l'Abeille
et l'Érable » est une revue technique et de vulgarisation des questions
qui préoccupent avant tout les sociétaires membres des coopératives
de producteurs de sucre d'érable et de miel.
La revue « Pleines Voiles » destinée particulièrement
aux pêcheurs-coopérateurs a été publiée durant 25
ans et, au cours des récentes années, par le Service des Pêches
du Conseil de la Coopération du Québec. Cette revue a suspendu sa
publication voilà quelques mois. L'information à l'intention des
pêcheurscoopérateurs a alors été intégrée au
journal Ensemble ! qui consacre une page de chacun de ses numéros à
cette fin.
On nous permettra de signaler ici que la plupart des publications coopératives
étant adressées gratuitement à leurs destinataires, la récente
hausse des tarifs postaux leur a imposé des contraintes difficiles à
surmonter. Dans quelques cas, on envisage même de suspendre la publication
alors que, dans d'autres cas, la fréquence de publication a été
réduite.
La presse externe
Pour traduire les réalités de la presse que nous avons appelée
« coopérative » au Québec, nous avons dû nécessairement
mettre l'accent sur les publications à caractère interne. En effet,
la majorité de l'information coopérative au Québec répond
à des nécessités internes et s'adresse aux populations «
coopératives ».
Il n'existe pas à proprement parler, dans la province de Québec,
de presse coopérative à caractère externe, c'est-à-dire
qui répandrait des idées au-delà du cercle du monde coopératif.
On doit alors se poser des questions. Que faire pour répandre l'information
coopérative ? Que faire pour attirer de nouveaux coopérateurs ?
Il s'agit là d'une responsabilité du mouvement coopératif;
en effet, s'il ne fait pas cette information, on est en droit de se demander
qui la fera.
Faudrait-il se tourner vers un journal populaire entièrement coopératif
et à large diffusion ? Cette formule existe en d'autres pays; on retrouve
en France, par exemple, le journal « Le Coopérateur de France »
publié à tous les quinze jours à un million cinq cents mille
exemplaires et destiné aux sociétaires des coopératives. Il
s'agit là d'un journal à caractère surtout familial et culturel.
Compte tenu des obligations financières qu'elle implique, nous doutons
que cette formule soit actuellement applicable au Québec.
La solution la plus réaliste dans l'immédiat semble donc l'utilisation
plus large des moyens de communication de masse qui existent actuellement.
Les institutions coopératives auraient avantage à unir leurs forces
pour repenser leur formule de diffusion de la doctrine coopérative et
de l'actualité du monde coopératif québécois. Nous n'avons
abordé dans le cadre de ce chapitre que la presse écrite. Dans la
perspective d'une information de masse, toutefois, il est évident qu'il
faudra se tourner davantage vers la presse électronique : radio et télévision.
Autres publications
Si la presse coopérative au Québec est modeste et de caractère
interne, il faut constater que les autres types de publications ne pèchent
pas par leur abondance. Tout au plus, peut-on signaler la publication des
rapports annuels, de dépliants et de quelques livres spécialisés.
Toutefois, quand on jette un regard sur les publications à caractère
coopératif lancées au cours du dernier quart de siècle, on
est frappé par l'abondance de la matière. Grâce à une
subvention du Ministère des Institutions financières, compagnies
et coopératives, le Conseil de la Coopération du Québec a affecté
un expert chargé particulièrement de classifier la documentation
coopérative.
Conclusion
Dans un monde aussi complexe que le nôtre, l'information joue un rôle
vital. Une organisation qui négligerait l'information serait vite frappée
d'asphyxie ou de sclérose. Nous n'aurons pas à revenir ici sur l'importance
considérable des institutions coopératives dans la vie économique
et sociale du Québec. On peut s'étonner, cependant, que de façon
générale les réalisations coopératives ne reçoivent
pas le traitement qu'elles méritent de la part des organes d'information.
Dans le contexte québécois, les institutions coopératives occupent
une place majeure, elles constituent une portion valable de la réalité
québécoise. Il nous reste à espérer que des moyens soient
mis en oeuvre pour rendre justice à cette réalité sur le plan
de l'information.
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INSTITUT CANADIEN D'ÉDUCATION DES ADULTES. Développement communautaire.
Consultation nationale tenue à l'Institut Coopératif Desjardins,
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par l'Institut Canadien
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POPULAIRE. Cours d'éducation populaire 1968-69. L'Éditeur Officiel
du Québec, 1968, 7 v.
Sommaire (volumes) :
- Le citoyen face au pouvoir
- Qu'est-ce qui se passe en éducation
- Pour comprendre l'économique
- Vivre à deux
- Couture et habillement
- Alimentation
- Initiation aux arts plastiques.
QUÉBEC (Prov.) MINISTÈRE DE L'INDUSTRIE ET DU COMMERCE. BUREAU
DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC, Coopératives du Québec;
statistiques financières 1967. Québec, 1968, 114 p.
QUÉBEC (Prov.) MINISTÈRE DE L'INDUSTRIE ET DU COMMERCE. BUREAU
DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC, Répertoire des coopératives
du Québec, 1969. Québec, 1969, 209 p.
RAILLON, Louis. L'argent, problème d'éducation. Paris. Éditions
Universitaires, cl967, 180 p. (Pour mieux vivre, n° 14)
REBOUD, Louis. Le rôle et la place des petites et moyennes entreprises
dans le Québec. Québec, Conseil d'orientation économique
du Québec, 1966, 280 p.
SALLERON, Louis. Le fondement du pouvoir dans l'entreprise. Préf.
de Marcel Demonque. Paris, Entreprise Moderne d'Édition, cl965, 164 p.
(Méthodes et philosophie de l'organisation, 10).
SALLERON, Louis. L'organisation du pouvoir dans l'entreprise; participation-démocratie.
Paris, Entreprise Moderne d'Édition, cl966, 140 p. (Méthodes et
philosophie de l'organisation, 10).
SAMPEDRO, J.L. Les forces décisives dans l'économie mondiale.
Paris, Hachette, cl967, 254 p. (L'Univers des Connaissances).
SIEMENS, Léonard B. Leadership dans une collectivité d'agriculteurs-pêcheurs
du Manitoba; un rapport sur le projet du travail 7048 de TARDA rédigé
par la Faculté d'Agriculture de l'Université de Manitoba pour l'administration
fédérale de TARDA et la province du Manitoba, par Léonard B.
Siemens et Dennis P. Forcese. Ottawa, Queen's Printer, 1968, 34 p. (Rapport
abrégé, RA-N° 6).
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Construction coopérative; mémento de l'administrateur de
coopératives d'habitations ordinaires. Paris, 1966, 32 p.
ST-MARTIN, Jean-Guy. Maître de notre destin par le coopératisme,
par Jean-Guy St-Martin et Georges Dragon. Québec, Presse Syndicale de
l'UGEQ, 1965, 172 p.
THEDIN, Nils. Le Mouvement coopératif, la projection et l'éducation
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l'entreprise. 2e éd. Liège, cl968, 97 p. (Sciences
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VIENNEY, Claude. L'économie du secteur coopératif français.
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Périodiques
American Co-operation
Archives internationales de sociologie de la coopération
CUNA INTERNATIONAL, INC. Public Relations Department. Canadian Briefs
CAISSE CENTRALE DE CRÉDIT COOPÉRATIF. Notes documentaires
Canadian Co-operative Digest
CONSEIL INTERNATIONAL DE RECHERCHES EN DÉVELOPPEMENT COOPÉRATIF.
Bulletin
Co-op Commentary Le Coopérateur suisse Coopération agricole Coopération;
idées, faits, techniques The Cooperator
The Credit Union Magazine
The Credit Union Way
L'École coopérative
Économie coopérative
Ensemble!: organe officiel du C.C.Q.
Informations coopératives (BIT)
Informations coopératives (IEC)
inter-Co-op
International Cooperative Training Journal
International Review of Community Development
Ma caisse populaire
Revue de la coopération internationale
Revue des études coopératives
La Revue Desjardins
UNITED COOPERATIVES OF ONTARIO. News
La Voie coopérative
What's New in Co-op information
LA COOPÉRATIVE FÉDÉRÉE DE QUÉBEC
Président : Roland Pigeon
Directeur général : Geo.-Étienne Turcotte
1055, rue du Marché Central, Montréal 355, P.Q.
Téléphone : (514) 384-6450 (Montréal).
LA FÉDÉRATION DES MAGASINS CO-OP
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Directeur général : Jacques Towner
1535 ouest, boulevard Hamel, Québec 8, P.Q.
Téléphone : (418) 681-0261 (Québec).
PÊCHEURS UNIS DU QUÉBEC
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Directeur général : Guy Bernier
787, rue du Marché Central, Montréal 355, P.Q.
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LA FÉDÉRATION CO-OP HABITAT DU QUÉBEC
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Directeur général : Claude Lafleur
2030, boulevard Père Lelièvre, Québec 8, P.Q.
Téléphone: (418) 681-6291 (Québec).
LA FÉDÉRATION DE QUÉBEC DES U.R. DES C.P.D.
Président : Emile Girardin
Directeur général : Paul-Émile Charron
Avenue des Commandeurs, Lévis, P.Q.
Téléphone : (418) 835-2661 (Québec).
LA FÉDÉRATION DES CIES D'ASS. MUT. CONTRE LE FEU
Président : J.-R. Paiement
Directeur général : Gilles Rocheleau
2030, boulevard Père Lelièvre, Québec 8, P.Q.
Téléphone : (418) 681-6381 (Québec).
LA FÉDÉRATION DE MONTRÉAL DES CAISSES DESJARDINS
Président : J.-R. Paiement
Directeur général : André Lamarche
1681, Parc Lafontaine, Montréal 177, P.Q.
Téléphone : (514) 526-0421 (Montréal).
LA FÉDÉRATION RÉGIONALE DES CH. COOP. DE L'OUEST QUÉBÉCOIS
Président : Odilon Boutin
Gérant : Camille Dion
Case postale 99, Taschereau, (Abitibi) P.Q.
Téléphone : (819) 796-2275 (Amos).
LA FÉDÉRATION DES CAISSES D'ÉCONOMIE DU QUÉBEC
Président : Avila Bourbonnais
Directeur général : Robert Soupras
5705 est, rue Sherbrooke, Montréal 426, P.Q.
Téléphone: (514) 259-2567 (Montréal).
LA FÉDÉRATION DES COOPÉRATIVES ÉTUDIANTES DU QUÉBEC
Président : J.-Pierre Guérin
Directeur général :
5215, rue Berri, Montréal 176, P.Q.
Téléphone : (514) 270-2111 (Montréal).
LA SOCIÉTÉ DES ARTISANS
Président : Me René Paré
Directeur général : Louis-Philippe Savard
333 est, rue Craig, Montréal 129, P.Q.
Téléphone : (514) 861-5781 (Montréal).
L'ASSURANCE-VIE DESJARDINS
Président : Alfred Rouleau
Directeur général : Oscar Mercure, c.a.,
Avenue des Commandeur, Lévis, P.Q.
Téléphone : (418) 835-2407 (Québec).
LA MUTUELLE SSQ
Président : Paul-Émile Charron
Directeur général : Jacques de la Chevrotière
2525, boulevard Laurier, Québec 10, P.Q.
Téléphone : (418) 651-7000 (Québec).
ASSURANCES U.C.C., COMPAGNIE MUTUELLE
Président : Lionel Sorel
Directeur général : Carmin Graveline, F.S.A.,
1259, rue Berri, Édifice Girardin, Montréal 132, P.Q.
Téléphone : (514) 849-2104 (Montréal).
LA SAUVEGARDE, COMPAGNIE D'ASSURANCE SUR LA VIE
Président : Alfred Rouleau
Directeur général : Clément Gauthier
152 est, rue Notre-Dame, Montréal 127, P.Q.
Téléphone : (514) 861-2651 (Montréal).
LA SOCIÉTÉ D'ASSURANCE DES CAISSES POPULAIRES
Président : Adrien Bernard
Directeur général : François Adam
100 est, route Trans-Canada, Lévis, P.Q.
Téléphone : (418) 835-2212 (Québec).
LES PRODUCTEURS DE SUCRE D'ÉRABLE DU QUÉBEC
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Directeur général :
59, avenue Bégin, Lévis, P.Q.
Téléphone : (418) 835-2204 (Québec).
L'INSTITUT COOPÉRATIF DESJARDINS
Président : Gérard Rivard
Directeur général : Gérard Barbin
Avenue des Commandeurs, Lévis, P.Q.
Téléphone : (418) 835-2345 (Québec).
SOCIÉTÉ DE FIDUCIE DU QUÉBEC
Président : Me L. Edouard Morier
Directeur général : Jean-Marie Couture
152 est, rue Notre-Dame, Montréal 127, P.Q.
Téléphone : (514) 875-2063 (Montréal).
LA SÉCURITÉ, COMPAGNIE D'ASS. GÉN. DU CANADA
Président : François Adam
Directeur général : François Adam
1259, rue Berri, 10e étage, Montréal 132, P.Q.
Téléphone : (514) 849-3261 (Montréal).
L'ASSOCIATION COOPÉRATIVE FÉMININE DU QUÉBEC
Présidente : Mme Rosé Bérubé
Directrice générale : Mlle Cécile Hamel
1535 ouest, boulevard Hamel, Québec 8, P.Q.
Téléphone : (418) 681-0261 (Québec).
CONSEIL DE LA COOPÉRATION DU QUÉBEC
Président : M. Alfred Rouleau
Directeur général : M. Yvon Daneau.
2030, boulevard Père-Lelièvre, Québec 8, P.Q.
Téléphone : (418) 527-3467