Dans le but de faciliter vos discussions lors des journées de réflexion régionales et provinciales, nous vous soumettons ce cahier de préparation. Il regroupe 21 thématiques. Pour chacune d'entre elles, un cours résumé des acquis y est présenté suivi de l'identification des lacunes subsistantes encore aujourd'hui. Nous vous suggérons aussi des recommandations s'adressant aux différents paliers décisionnels: régional, provincial et fédéral.
Afin de dresser un portrait le plus complet possible de la situation, nous nous sommes inspirés des multiples documents produits par les différents organismes, dont les mémoires présentés lors de la commission consultative de l'an passé. Nous avons aussi rencontré plusieurs personnes-ressources.
Malgré ce travail, nous ne pouvons prétendre que ce cahier de préparation soit complet. Au contraire, nous le portons à votre attention pour qu'il soit le déclencheur de vos discussions. Ainsi, d'autres points pourront être apportés lors de vos discussions et des recommandations, plus près de vos préoccupations, pourront être ajoutées, retravaillées ou même enlevées. Nous vous invitons à vous concentrer sur 12 à 15 thématiques de votre choix. Au terme de ces discussions, vous serez en mesure d'identifier des moyens concrets pour l'intégration à part entière de la personne handicapée.
En tout, 16 journées de réflexion régionales et 6 provinciales, ces dernières se rattachant à des déficiences spécifiques, sont organisées. Les recommandations formulées lors de chacune de ces journées de réflexion serviront de base pour produire le cahier de résolutions qui sera soumis à l'approbation des délégués réunis lors des États généraux (automne 1992). Votre démarche n'est donc pas isolée et s'inscrit dans un ensemble cohérent et dynamique.
Nous souhaitons que ce document permette une meilleure préparation à vos rencontres et qu'il suscite des échanges fructueux.
Votre agent de liaison régional est à votre disposition pour faciliter la tenue de vos activités.
Bonne lecture et bonne réflexion.
Notes : Le masculin est utilisé ici uniquement dans le but d'alléger le texte.
Produit par la COPHAN dans le cadre de l'organisation des États généraux du mouvement associatif des personnes handicapées, événement marquant la fin de la décennie des personnes handicapées, avec le soutien de l'Office des personnes handicapées du Québec et du Secrétariat d'État du Canada.
Nous encourageons toute reproduction ou distribution de ce document, à la condition d'en citer la source.
Copyright tous droits réservés Avril 1992.
"Prévenir, c'est guérir". Ce dicton est de plus en plus compris dans notre société. Il faut agir sur les causes avant tout. Mais, il reste que certains accidents sont inévitables et qu'il y a de nombreuses maladies ou déficiences qui ne peuvent être dépistées ou enrayées à la base.
Les services d'adaptation-réadaptation sont donc essentiels au développement de la personne handicapée et pour assurer son autonomie sociale. Cependant, ces interventions ont leurs limites et les résultats obtenus ne sont, dans bien des cas, que partiels. Elles ne peuvent éliminer toutes les incapacités et il serait irréaliste de croire qu'elles le pourront au cours des prochaines années. Il est important de reconnaître ces limites et d'orienter la personne handicapée vers des interventions de compensation des incapacités et de support à l'intégration.
Plusieurs efforts ont été faits au cours des dix dernières années afin de prévenir les déficiences. Grâce à différentes campagnes de sensibilisation, les habitudes de vie des Québécoises et des Québécois se sont améliorées. Ils mangent mieux, fument moins, consomment moins d'alcool et font plus d'activités physiques. Des actions de sensibilisation et de répression concernant le port de la ceinture de sécurité et la conduite en état d'ébriété ont eu un impact positif sur le nombre d'accidents routiers. Enfin, le développement de techniques de diagnostics prénataux ont rendu possible des interventions importantes, soulevant, néanmoins, d'importantes questions éthiques.
Certaines maladies reliées au stress du travail sont en progression. Pourtant, la CSST ne les reconnaît pas encore malgré les nombreuses études qui démontrent l'étendue de leurs conséquences.
II existe des disparités réelles entre les gens d'un milieu favorisé et ceux d'un milieu socio-économique plus faible. Ces différences concernent l'espérance de vie, l'état de santé en général, le taux d'incapacité, le bien-être psychologique et les habitudes de vie. les personnes moins bien nanties ont tendance à fumer plus, à consommer plus de drogues et d'alcool, à s'alimenter moins bien, etc. et sont, par conséquent, plus vulnérables aux maladies et à leurs conséquences. Les quartiers pauvres dans lesquels elles habitent sont les territoires où s'installent les industries et les commerces polluants et néfastes pour leur santé.
L'action préventive est assez complexe. Il est difficile d'établir une relation de cause à effet entre divers éléments. Les relations sont de différents ordres et les relations fortuites et d'accompagnement viennent souvent brouiller les cartes. Le succès des activités de prévention étant non-quantifiable, les organismes subventionneurs ont des réticences à financer ce genre d'activités.
La politique familiale est à l'état embryonnaire. Elle ne peut contribuer à maintenir la structure familiale qui est le premier soutien de l'individu et qui lui assure un développement harmonieux.
La régionalisation des services d'adaptation-réadaptation est en voie de réalisation. Plusieurs régions peuvent maintenant offrir certains services en déficience motrice, auditive et visuelle. En déficience intellectuelle, l'élaboration de deux documents représente un gain important quoique la concrétisation des actions se fasse attendre. Les services d'adaptation-réadaptation sont de plus en plus dispensés dans les milieux naturels : familles, garderies, écoles, milieux de travail, etc.
Plusieurs ressources ont été développées pour offrir des services de réadaptation aux personnes âgées ayant des incapacités. Les personnes ayant subi un traumatisme cranio-cérébral et celles souffrant de maux de dos peuvent, quant à elles, bénéficier de programmes spécifiques grâce au travail de la SAAQ, de la CSST et du MSSS.
Des iniquités importantes existent quant à l'accès aux services d'adaptation-réadaptation. Au printemps dernier, la situation se présentait comme suit: en déficience auditive, quatre régions ne disposaient d'aucune équipe alors que dans quatre autres, des équipes embryonnaires desservaient une partie de la clientèle. En déficience visuelle, quatre régions avaient des équipes structurées, dans les autres régions, des établissements avaient été mandatés mais n'avaient ni l'organisation ni les budgets pour fonctionner. En déficience motrice, seulement deux régions n'avaient pas d'établissements mandatés.
Il n'y a pas de politique ministérielle ni de documents de programmation clairs et intégrateurs pour la réadaptation des personnes ayant des déficiences motrices, auditives, visuelles ou organiques. Cette absence entraîne des conséquences négatives.
Plusieurs organismes offrent des services en adaptationréadaptation (CH, CAR, CSS, CLSC, SAHT, etc.). En partie dûs à l'absence d'orientations et de programmes au niveau provincial, le nombre de ces organismes et leur cloisonnement amènent des problèmes concernant l'articulation des interventions des différents acteurs, la définition du rôle de chacun, la confusion, l'incohérence, les zones grises, la compétition, les recoupements et chevauchements ainsi que des problèmes de continuité et d'équité.
Certaines ressources professionnelles, dont les orthophonistes, sont insuffisantes dans les régions éloignées. Ces dernières éprouvent de sérieuses difficultés pour recruter des professionnels et les garder.
Malgré certains progrès, le véritable travail en équipe est un objectif qui s'avère difficilement réalisable. La difficulté de définir les rôles de chacun des intervenants dans un contexte multidisciplinaire et la jalousie des professionnels à l'égard des prérogatives que leur confère leur profession constituent de sérieux obstacles à la poursuite de ce but.
Cette jalousie des intervenants amène ces derniers à refuser de déléguer une partie de leurs tâches à un autre professionnel, à un technicien ou aux parents.
Lors de l'apparition d'une déficience et plus particulièrement à l'annonce du diagnostic, les familles vivent une crise terrible. En plus de surmonter leur peine, leur découragement ou leurs angoisses, elles doivent apprendre à se débrouiller pour obtenir les services nécessaires à la personne handicapée.
Les interventions d'adaptation-réadaptation n'engagent pas suffisamment la personne handicapée et ses proches dans la définition des objectifs à atteindre et dans la sélection des moyens pour y arriver. Ce manque d'implication est souvent à l'origine du désintéressement de la personne handicapée et du désengagement de sa famille. Les interventions sont peu axées sur les réalités de l'individu.
L'intégration scolaire des élèves handicapés un des dossiers qui a soulevé beaucoup de controverses au Québec. Les organismes de défense des droits des personnes handicapées ont fait de nombreuses revendications pour que le droit à l'éducation des élèves handicapés soit reconnu et respecté. Malgré tout, des enfants se voient refuser l'intégration scolaire. Ils sont dirigés vers les ressources spécialisées. Les parents et les intervenants continuent de se déchirer et de faire appel à la Justice. La position défendue par les commissions scolaires reflète celle de la majorité de la population. Une étude révèle que le Québec est la province où les attitudes sont les plus négatives face à l'intégration scolaire des élèves handicapés.
Depuis 1988, la Loi sur l'instruction publique oblige les directeurs d'école à élaborer un plan d'intervention pour chacun de leurs élèves handicapés. Elle oblige les commissions scolaires à instituer un comité consultatif des services aux élèves handicapés et aux élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage. Les commissions scolaires doivent adopter par règlement les normes d'organisation des services éducatifs.
Le transfert des services éducatifs de l'OPHQ au MEQ est pratiquement terminé. Les deux parties se sont entendues et le Conseil du trésor a octroyé au MEQ les sommes requises. Le Conseil des ministres devraient se prononcer dans les prochaines heures.
Beaucoup de parents et d'associations revendiquent le droit à l'intégration à l'école de quartier pour les enfants handicapés. La classe régulière accueillant ces derniers n'est pas située dans l' école de quartier. Pour les instances dirigeantes, il semble trop tôt pour parler d'intégration à l'école de quartier. On est rendu à parler d'intégration à l'école ordinaire. L'enfant handicapé peut recevoir des services éducatifs en milieu régulier, mais ne peut bénéficier de la présence des pairs de son milieu.
La loi ne précise pas quel est le directeur d'école qui doit élaborer le plan d'intervention de l'élève: le directeur de l'école de quartier ou le directeur de l'école où est envoyé l'enfant. Les enfants handicapés sont classés et par la suite le directeur de l'école qui les reçoit élabore le plan d'intervention. La CDP est d'avis que cette responsabilité doit être assumée par le directeur de l'école de quartier. La classe et l'école devraient faire partie des moyens favorisant l'intégration scolaire de l'enfant handicapé au même titre que les services complémentaires et particuliers.
Dans de nombreux établissements, les services identifiés comme essentiels à l'intégration scolaire de l'élève sont ceux disponibles et non ceux répondant aux véritables besoins de l'enfant.
Les enfants ayant des déficiences sensorielles sont confrontés à des situations difficiles. Ils reçoivent les services éducatifs dans les centres supra-régionaux et doivent habiter dans une autre ville ou parcourir une longue route pour recevoir ces services. On peut se demander si ces enfants sont placés dans des conditions humainement acceptables.
Les chances des parents handicapés de faire entendre leur point de vue sont assez limitées et ils ne possèdent pas les compétences et les énergies nécessaires pour le faire.
La Loi oblige les commissions scolaires à adopter ce règlement mais elle n'oriente pas le contenu de ce dernier. Les commissions scolaires élaborent leurs normes en vertu de leurs croyances et de leurs valeurs. Cette latitude d'action créée des disparités régionales et même des disparités entre commissions scolaires. Les commissions scolaires élaborent des modalités favorisant l'intégration des élèves handicapés à la classe régulière et l'accès à des services éducatifs appropriés à leurs besoins ou les dirigeant vers des ressources spécialisées.
Les commissions scolaires décident ou non d'assumer l'intégration des élèves handicapés sans avoir reçu les sommes nécessaires fournies par l'OPHQ et devant être transférées au MEQ.
Le transfert des services éducatifs a tardé et a privé plusieurs enfants des ressources nécessaires à leur intégration scolaire.
Beaucoup de personnes handicapées sont victimes d'abus et de discrimination. Pourtant, peu entament des poursuites judiciaires. Outre la peur de ne pas être crus (dans le cas d'abus), l'inadéquacité du système en rapport avec leur condition, en décourage plus d'un. Une partie de la population subit donc de multiples préjudices sans avoir le "droit" d'être défendue. Et que faire quand la personne handicapée devient un témoin important dans un litige ou qu'elle se retrouve au banc des accusés?
Dans le but d'ajuster le système judiciaire à la diversité des gens qui composent la société, le MJQ a entrepris en 1989 d'identifier, avec les groupes concernés, les principaux obstacles à l'accès à la justice pour les jeunes, les personnes âgées, les membres de communautés culturelles et les personnes handicapées. Suite à la déposition du rapport à l'automne dernier, se tenait récemment le Sommet de la Justice. Diverses propositions y ont été présentées afin de rendre le système plus accessible, entre autres, aux personnes handicapées.
Beaucoup de personnes handicapées sont victimes de violence. Les recours qui s'offrent à elles sont peu nombreux. Elles peuvent faire appel à la CDP ou à la curatelle publique.
La personne dont les limitations fonctionnelles nécessitent des services d'aide, d'accompagnement ou d'interprètes doit défrayer elle-même ces services ou trouver des personnes bénévoles. Cette situation limite l'accès des personnes handicapées à la justice.
Les palais de justice ou les points de service où sont offerts les services reliés aux tribunaux administratifs ou judiciaires, les prisons et les édifices où se trouvent les bureaux des dispensateurs de services en matière de justice sont pour la plupart inaccessibles aux personnes handicapées. Ces endroits devraient être accessibles non seulement aux personnes ayant une déficience physique mais aussi à celles ayant des déficiences sensorielles et intellectuelles.
En attendant que les travaux nécessaires soient effectués, les dispensateurs de services devraient se déplacer pour aller rencontrer la personne qui désire les consulter. Toutefois, cette dernière solution ne doit qu'être temporaire. Elle ne doit, dans aucun cas, devenir une mesure permanente évitant ainsi aux professionnels de rendre leurs bureaux accessibles.
Une des raisons pour laquelle les personnes handicapées font peu appel à la justice est leur manque d'informations concernant leurs droits, les motifs de discrimination, les recours qui s'offrent à elles, etc. Des documents ont été produits mais pas de façon structurée.
Les intervenants du milieu juridique ne connaissent pas les caractéristiques et les besoins des personnes handicapées. Ces dernières, compte tenu de l'ignorance des autres, ne reçoivent pas toujours un bon accueil et l'aide adéquate.
Les professionnels du droit ne sont pas préparés à défendre la cause des personnes handicapées. Aucune faculté de droit ne donne de cours sur la discrimination.
Les organismes de défense de droits des personnes handicapées ne font pas de litige. Ils auraient besoin de subventions pour s'engager dans cette voie.
Le rôle de l'OPHQ n'est pas de défendre les droits des personnes handicapées devant les tribunaux. Cet organisme a pour mandat d'agir au niveau de la sensibilisation et de la médiation. S'il en était autrement, l'OPHQ se trouverait en conflit d'intérêts puisqu'elle fait partie de l'appareil gouvernemental.
Considérant le manque de services et le manque de connaissances actuels pour assurer la défense des droits des personnes handicapées, il est primordial qu'un service de défense de droits pour ces dernières soit créé dans les plus brefs délais.
Plusieurs personnes handicapées sont victimes de discrimination. Jusqu'à maintenant, les cas ont été traités individuellement. Il faudrait développer une approche systémique et une jurisprudence en matière d'égalité et sans discrimination.
Le mouvement associatif au Québec se compose d'un très grand nombre d'organismes de base, de 43 regroupements régionaux (provenant de deux réseaux: l'OPHQ et le MLCP) et d'une quarantaine d'associations provinciales représentées par la COPHAN. Son importance est capitale pour l'intégration des personnes handicapées et le respect de leurs droits. Les recommandations faites aux différents niveaux décisionnels doivent être soutenues et défendues par un mouvement associatif fort et uni pour engendrer des gains réels.
Présentement, le mouvement associatif se remet en question. De nombreux conflits existent entre les différentes structures. Il est à espérer qu'il profitera des états généraux pour se revitaliser et se regrouper pour continuer d'exercer son rôle essentiel: l'intégration sociale et économique de la personne handicapée.
Depuis 1980, l'OPHQ subventionne les organismes locaux, régionaux et provinciaux de promotion et de défense des droits des personnes handicapées. Le MLCP octroi, quant à lui, des sommes aux associations de loisirs. Le financement a favorisé la mise sur pied de plusieurs associations ainsi que la modification du rôle de celles déjà existantes.
En 1981, le mouvement associatif atteignait une phase importante de son évolution en se regroupant et en développant des positions communes dans le cadre de la conférence socio-économique organisée par l'État. Il arrivait à son apogée, quatre ans plus tard, lors de la conférence A part... égale. La COPHAN fut créée. Une période de revendications, souvent bruyante, suivie sa création. Aujourd'hui, les revendications radicales et publiques se font moins nombreuses, la concertation a remplacé l'action. Les activités de lobbying en sont à leurs débuts.
Par le passé, le rôle des associations se définissait surtout en terme de services, d'entraide et de loisir. Au cours des dernières années, ce rôle s'est modifié pour répondre aux différents programmes de subvention. D'organismes de services, plusieurs sont devenus des organismes de promotion et de défense des intérêts des personnes handicapées. D'une part, pour suivre la tendance générale et, d'autre part, pour avoir accès aux subventions octroyées par l'OPHQ. Comme il s'avère difficile de réclamer la mise sur pied de certains services tout en continuant de les offrir, des associations ont perdu de vue leur mandat initial. Cet éloignement de la base est à l'origine du désintéressement des personnes handicapées. Cette diminution de services déplaît à leurs membres. Les associations se retrouvent donc face à un sérieux dilemme : promouvoir les droits et les intérêts des personnes handicapées et risquer de perdre des "Joueurs" ou leur offrir des services.
Le financement des associations demeure un problème majeur. Elles vont chercher une partie des sommes qui sont nécessaires à leur fonctionnement auprès de différents organismes subventionneurs: Centraide, OPHQ, MMSRFP, MSSS, MLCP, gouvernement fédéral, Secrétariat d'état, etc. Pour être admissibles à leurs programmes de financement, elles se définissent tantôt comme des organismes de promotion, tantôt comme des organismes de services, ou encore comme des employeurs. Avec les financements octroyés, les subventionneurs exercent un certain contrôle sur les actions des associations et pas nécessairement dans l'intérêt de ces dernières. L'administration (recherche de fonds, répartition des sommes octroyées) demande un temps considérable.
Ces sources étant insuffisantes, les associations organisent différents événements et campagnes de levée de fonds. Certaines associations y vont de façon plus grandiose avec des souscriptions comme les téléthons. Ces derniers constituent des manifestations publiques gênantes et humiliantes pour les personnes handicapées et n'entraînent pas nécessairement des effets positifs chez la population. Au cours des dernières années, des critiques ont été faites concernant l'utilisation des fonds récoltés et ont soulevé plusieurs interrogations chez les donateurs. Le financement canalise les énergies des bénévoles au détriment des autres activités de promotion.
Les services financés par l'État ne permettant pas de répondre à tous les besoins, le rôle des bénévoles est primordial. Le recrutement de nouveaux bénévoles est loin d'être facile surtout parmi les jeunes. Résultat : un petit nombre de personnes assure le fonctionnement de l'association, des activités et siègent sur plusieurs comités. Cette faible participation augmente l'essoufflement des bénévoles et peut créer des problèmes de représentativité et de crédibilité. Ils sont appelés de toute part: pour donner des services et pour siéger à diverses tables de concertation.
L'accroissement du nombre d'associations peut entraîner certains problèmes. Une compétition naît inévitablement entre les associations pour recruter leurs membres et pour obtenir du financement. Dans un tel contexte, il devient difficile de toujours garder un discours cohérent.
La personne handicapée doit être membre de plusieurs associations pour défendre ses droits et recevoir des services : association regroupant les gens ayant une déficience précise, association de loisirs, association de transport, etc.
Plusieurs tensions existent entre les différentes structures. Les réseaux subventionnés par l'OPHQ et ceux recevant des sommes du MLCP tendent à former deux groupes distincts et parallèles. Les regroupements régionaux (subventionnés par l'Office) tentent de se concerter à l'échelle provinciale sous forme de table de RROPH Québec. Les organismes de base et les regroupements régionaux s'interrogent sur la représentativité des organismes provinciaux et de la COPHAN. La situation est extrêmement difficile pour les organismes de base. Ils s'interrogent sur l'utilité de toutes leurs structures. La COPHAN a offert, sans succès, aux regroupements régionaux, de s'intégrer à sa Confédération. Il semble y avoir plus de difficultés à s'entendre sur les moyens à utiliser que sur les objectifs rattachés aux grands principes de l'intégration des personnes handicapées. Ces divergences affaibliront-elles le poids des revendications du mouvement associatif?
Via sa direction des communications, l'OPHQ joue un rôle de promotion important. Elle s'approprie ce mandat qui crée un chevauchement avec celui du mouvement associatif et peut refuser les demandes de subventions de la part des organismes des personnes handicapées limitant ainsi leurs rôles à ce niveau. En fait, l'Office est juge et partie, et conséquemment, sème la confusion auprès des intervenants gouvernementaux sur son rôle actuel et futur.
Notre société en étant une de production et de consommation, le travail revêt un caractère essentiel. Il permet l'accès aux biens et aux services. Il est la source principale de socialisation, de valorisation et d'épanouissement. Pourtant, beaucoup de personnes handicapées en sont privées. Les statistiques fournis par l'ESLA sont accablantes. Soixante-deux pourcent des personnes handicapées sont sans emploi. Elles vivent sur l'aide sociale et leur revenu annuel est inférieur à 10 000.00$.
Plusieurs ressources ont été mises sur pied pour favoriser l'intégration au travail des personnes handicapées: le plan d'embauché et les contrats d'intégration au travail de l'OPHQ, les SEMO, les programmes de formation professionnelle et de développement de la main-d'oeuvre administrés par la Commission de l'Emploi et de l'Immigration du Canada et des centres de formation professionnelle du Québec et du MMSRFP.
La CSST a adopté une nouvelle loi obligeant l'employeur à prendre les dispositions nécessaires pour le retour au travail de l'employé handicapé.
Dans le contexte socio-économique actuel, l'intégration au travail des personnes handicapées est difficile.
Chez les 15-25 ans, les personnes handicapées fréquentent l'école dans une proportion moindre que les non-handicapées. Toutefois, la situation s'améliore. Les jeunes sont mieux orientés professionnellement en fonction de leurs aptitudes et de leurs intérêts.
Les critères pour accéder à la formation professionnelle au secondaire ont été haussés rendant l'accès difficile.
Les services d'orientation ou de formation professionnelle ne répondent pas aux besoins. En réadaptation, l'évaluation des capacités résiduelles, nécessaires dans certains cas, ne se fait pas.
Les employeurs ne préparent pas leur personnel à l'arrivée d'une personne handicapée. Les préjugés subsistent donc et ont des conséquences sur le niveau de compétence et de bien-être de la personne.
II existe de nombreux programmes de développement de la maind'oeuvre et tous ont leurs particularités. Un manque de concertation entre les différentes instances rend les démarches des employeurs difficiles et tend à les décourager.
Le plan d'embauché de l'OPHQ ne crée aucune obligation chez les employeurs. L'emploi se termine en même temps que la subvention.
Les stages permettent à un grand nombre d'organismes bénévoles de bénéficier d'une main-d'oeuvre à bon marché. Ils n'offrent pas l'encadrement et la formation nécessaire.
L'objectif de 2 % fixé par le gouvernement provincial en 1983 n'a pas été atteint. Le même problème se pose au niveau fédéral.
L'adaptation des postes de travail, l'utilisation de la technologie, l'assouplissement et la flexibilité de conditions de travail faciliteraient l'intégration au travail des personnes handicapées.
Les conventions collectives ne prévoient pas de mesures visant à faciliter la réintégration d'employés devenus handicapés. Les syndicats découragent leur retour au travail. Ils refusent d'autoriser les stages en milieu de travail de crainte d'inciter les employeurs à se procurer de la main-d'oeuvre moins rémunérée et non-syndiquée.
Les centres de travail adaptés gardent leurs employés les plus productifs et les plus compétitifs afin de rencontrer les exigences de leurs contrats.
Depuis 1988, le MMSRFP oblige les SEMO à accueillir une clientèle composé à 75 % de prestataires d'aide sociale.
Plusieurs personnes n'imaginent pas leur vie sans auto ou sans les services d'autobus, de métro ou de taxi. Ces moyens de transport sont considérés comme essentiels à leur quotidien. Les personnes handicapées, comme la majorité des gens qui composent la société, ont besoin de transport pour se rendre aux études, au travail, au centre de réadaptation, etc. Pourtant, bien que l'accès à des services de transport soit très important pour l'intégration sociale de ces personnes, beaucoup en sont privés.
Au cours des dix dernières années, le transport adapté s'est développé de façon considérable. De 156 municipalités desservies en 1981, ce nombre est passé à 675 aujourd'hui. Au total 85 services de transport adapté ont été mis sur pied couvrant 80 % du territoire québécois et offrant des services à quelques 35 000 personnes handicapées.
Des initiatives ont été faites dans le but d'améliorer l'accès au transport en commun. A ce sujet, le MTQ encourage le recours à certaines options permettant une plus grande accessibilité pour les personnes handicapées : l'installation de lampes près des portes arrières et de signaux avertisseurs "arrêt demandé", l'installation de plus de sangles et de poteaux, l'installation de boutons de signal sur ces derniers et de panneaux lumineux de ligne, l'agenouillement de l'autobus, un éclairage adéquat des marches ainsi que le chauffage à la base de ces dernières.
En ce qui concerne le transport aérien, maritime et ferroviaire, certaines adaptations ont été faites pour permettre une meilleure accessibilité.
Dans certaines régions, le transport adapté s'est développé plus lentement que dans d'autres. Encore aujourd'hui, plusieurs personnes sont privées de ce service faute de ressources. Dans certaines régions, le service de transport adapté ne fonctionne que six jours par semaine. Beaucoup d'améliorations doivent être apportées pour assurer la qualité et la sécurité de ce moyen de transport. Les problèmes rencontrés les plus fréquemment sont la discrimination basée sur le motif de déplacement, la nécessité de réserver à l'avance, la longueur des trajets, le retard et le manque de sécurité des véhicules. Dans certaines régions comme Montréal, les usagers se plaignent beaucoup de l'engorgement des lignes téléphoniques.
Le taxi a connu un essor considérable au cours des dernières années. Plusieurs personnes ambulatoires pouvaient bénéficier de ce moyen de transport. Cependant, depuis quelques temps, les personnes handicapées se déplaçant en taxi sont dirigées vers les minibus afin d'augmenter le taux d'occupation de ces derniers.
Des problèmes ont été mentionnés par les usagers de ce moyen de transport et ont fait l'objet de plaintes tels que: la propreté des véhicules, le manque de courtoisie des chauffeurs, l'harcèlement sexuel et la discrimination raciale.
Certaines compagnies de taxi et certains organismes qui retiennent les services de ces dernières mentionnent qu'il y a des personnes handicapées qui cèdent leur privilège à un autre individu. Comme les chauffeurs de taxi ne connaissent pas la personne qu'ils vont chercher, ils ne se rendent pas compte immédiatement de la fraude.
La formation des chauffeurs
La formation des chauffeurs, plus particulièrement celle des chauffeurs de taxi, laisse à désirer. Les transporteurs n'ont pas actuellement de moyens pour intervenir au niveau de la formation des chauffeurs. Le MTQ travaille actuellement avec ses partenaires de l'industrie du taxi afin de réaliser un cours de formation pour ces employés.
Les organismes qui offrent du transport adapté et du transport régulier ne font pas de distinction entre ces deux services pour la mobilisation du personnel. Les chauffeurs plus âgés demandent à être affectés au transport adapté puisque ce service est reconnu comme un milieu où il y a peu de travail. L'âge des chauffeurs est la cause d'accidents de travail. Un roulement assez fort existe et entraîne de fâcheuses conséquences, un certain temps s'avérant nécessaire pour répondre adéquatement aux besoins des usagers. Enfin, certains chauffeurs refusent des clients dans la dernière heure de leur travail pour ne pas arriver en retard au garage.
Les critères d'admissibilité sont difficilement applicables et compréhensibles. La demande de transport adapté des personnes handicapées doit être renouvelée annuellement.
Il n'existe pas de politique de réciprocité entre les villes. L'article 67 de la Loi 9 et le programme de subvention du MTQ ne comporte aucune clause à cet effet. La personne handicapée ne peut pas emprunter le transport en commun d'une autre ville que la sienne.
Les situations varient d'une ville à une autre. Certaines les acceptent, d'autres limitent l'accès au transport adapté à certaines clientèles (ex.: les personnes en fauteuil roulant) et d'autres les refusent.
Les grandes villes se voient "obligées" de refuser les personnes handicapées provenant d'une autre ville, car elles ne pourraient répondre aux demandes. Certains organismes de transport des villes limitrophes effectuent des déplacements hors territoire. Les personnes bénéficiant de ce service ne peuvent se déplacer une fois rendue dans la ville désignée, n'étant pas admises au transport adapté de cette municipalité.
Il n'existe pas de réglementation uniforme pour la sécurité des véhicules de transport adapté.
Depuis deux ans, le transport adapté a connu un ralentissement dans son développement allant ainsi à l'encontre des tendances actuelles.
Le MTQ songe à se désengager du financement du transport adapté. Ce retrait aurait un impact auprès des organismes qui offrent des services de transport adapté sans y être obligés par la loi.
La réforme Ryan, qui a pour conséquence de transférer certaines responsabilités aux municipalités, jumelée au contexte actuel, fait craindre un désengagement de ces dernières qui finance 20 % du transport adapté.
Dans les régions rurales, la municipalité doit contribuer avec les villes avoisinantes afin que ses citoyens handicapés puissent être desservis par le service de transport adapté. Chaque année, les personnes voulant bénéficier de ce service doivent convaincre la municipalité de s'impliquer financièrement. Cette décision repose sur seulement deux ou trois personnes.
Le comité sur l'amélioration de l'accessibilité du réseau régulier de la STCUM a conclu lors d'une étude que l'accès au réseau régulier nécessitait trop de modifications et d'adaptations compte tenu du nombre de personnes handicapées qui utiliseraient le transport régulier.
Les principaux obstacles auxquels sont confrontées les personnes handicapées voulant voyager par autobus, par avion, par bateau ou par train sont: le manque d'accessibilité des embarcadères et des toilettes, le manque d'information sur les services offerts, le manque de formation et de sensibilisation du personnel vis-à-vis leurs besoins particuliers et leur exclusion des promotions.
Le courant de désinstitutionnalisation privilégie le maintien des personnes handicapées dans leur milieu naturel ainsi que leur accès aux divers services offerts dans la communauté. Avant de se heurter à l'incompréhension de certaines gens, ces personnes voient leurs démarches d'intégration obstruées par des barrières architecturales. Marches, portes trop lourdes, couloirs mal éclairés et trop étroits compromettent leur accès aux services. Il est même difficile pour elles d'entrer et de sortir de leur logement et d'y accomplir leurs activités quotidiennes. Bien que des progrès notables aient été faits, nous sommes encore loin de l'accessibilité universelle prônée par certains organismes.
Depuis que le Code du bâtiment a établi des normes d'accessibilité en 1976, des progrès ont été réalisés. Beaucoup de propriétaires d'édifices commerciaux, gouvernementaux et de services non soumis à ces normes ont modifié leurs bâtiments pour les rendre accessibles aux personnes ayant des limitations fonctionnelles.
Les édifices construits avant cette date sont demeurés inaccessibles pour les personnes handicapées.
En 1978, lors de l'adoption de la Loi 9, l'article 69 prévoyait que les propriétaires d'édifices non assujettis au Code du bâtiment de 1976 auraient à présenter et à faire approuver par le MTvQ un plan visant à rendre leurs édifices accessibles dans un délai de moins de 5 ans. Cette loi n'étant Jamais entrée en vigueur, les personnes handicapées ne peuvent encore accéder à ces édifices.
Les inspecteurs qui vérifient l'application des normes du Code du bâtiment ne le font pas de façon rigoureuse. Il en résulte que des édifices devant être accessibles ne le sont pas. Pour qu'un édifice soit accessible aux personnes handicapées, il ne faut pas seulement qu'il y est une rampe d'accès, mais encore faut-il que celle-ci respecte certaines dimensions afin d'être sécuritaire. De plus, il ne s'agit pas de se rendre seulement à la porte d'entrée, mais encore faut-il que la personne ayant une déficience soit capable de l'ouvrir, de circuler, d'avoir accès à la salle de toilettes, au téléphone, etc... une fois rendue à l'intérieur.
Le souci de rendre les édifices accessibles aux personnes handicapées se limite à l'élimination des obstacles auxquels sont confrontées les personnes ayant une déficience motrice. La signalisation tactile, les alarmes visuelles, les systèmes d'amplification, la sensibilisation du personnel sont oubliés.
Plusieurs services de santé et services sociaux ainsi que différentes activités culturelles sont offerts à l'intérieur d'édifices inaccessibles aux personnes handicapées. Ces barrières limitent le choix de ces individus qui ne peuvent aller consulter les spécialistes qu'ils désirent ou participer aux activités qui répondent à leurs goûts.
Différents organismes offrent aux personnes handicapées des programmes d'adaptation résidentielle : SAAQ, CSST, SCHL,OPHQ.
Ces programmes représentent une solution concrète aux problèmes d'accessibilité que rencontrent les personnes handicapées. Ils permettent de répondre aux besoins particuliers de chacune d'entre elles. Grâce à ces programmes, les personnes qui deviennent handicapées suite à un accident ou à une maladie peuvent continuer d'habiter le même logement ou la même maison.
Ces logements sont construits pour répondre à des besoins futurs. Ils offrent aux personnes handicapées qui les habitent la possibilité de s'intégrer et de participer aux activités de leur milieu de vie. Les personnes handicapées peuvent accéder à l'aide financière qu'offrent les suppléments au loyer.
Pour les personnes ayant une déficience physique, un supplément au loyer est disponible. Ce soutien vise à aider les personnes handicapées ne trouvant pas de logement accessible architecturalement sur le marché public ou parmi les organismes sans but lucratif. Les personnes paient environ 25 % de leurs revenus comme loyer. Elles peuvent obtenir une subvention pour l'adaptation de leur domicile.
Les personnes handicapées peuvent payer environ 25 % de leurs revenus comme loyer s'ils répondent à certains critères. Les personnes n'ont pas besoin de renouveler leur demande périodiquement.
Le supplément au loyer pour un bâtiment, le programme de HLM privé et l'aide assujettie au contrôle du revenu offrent la possibilité aux personnes handicapées de trouver un logement abordable hors du marché public. La personne handicapée qui voit son revenu augmenter peut continuer d'habiter le même logement sans que le coût de ce dernier en soit augmenté.
D'un programme à l'autre, les subventions, les délais d'attente et les modalités diffèrent. Les programmes de la SAAQ et de la CSST sont les plus avantageux.
L'aide financière accordée aux propriétaires est plus considérable que celle offerte aux locataires. Les adaptations faites à la demande d'un propriétaire sont considérées comme plus rentables puisqu'on présume que ce dernier habitera plus longtemps dans son logement.
Il est difficile avec les programmes actuels pour une personne lourdement handicapée d'obtenir l'aide financière nécessaire pour faire adapter son logement.
Les personnes handicapées doivent, durant le temps d'attente et durant la période où s'effectuent les travaux, demeurer en centre d'accueil et payer leur logement ou vivre dans des conditions plus ou moins adéquates.
Les adaptations résidentielles faites pour répondre aux besoins particuliers d'une personne ne répondent pas nécessairement aux besoins d'un autre individu. Il peut donc devenir difficile pour le propriétaire de vendre sa maison.
Le nombre peu élevé de suppléments disponibles occasionne de longues listes d'attente. Ce programme étant rattaché au logement et non à la personne, il réduit la mobilité de cette clientèle.
Chaque année, de nouveaux suppléments au loyer sont disponibles. Toutefois, ils sont en nombre insuffisants et de plus, ils sont octroyés quelques mois après la période de location qui est au mois de juillet. Ce manque de coordination complique les recherches des personnes handicapées.
Peu d'interactions existent entre ce programme et les programmes d'adaptation résidentielle.
Les unités adaptées sont peu nombreuses et, par conséquent, limitent le choix des personnes handicapées quant à la typologie et à l'emplacement. Ces unités, souvent petites, ne correspondent pas aux besoins des familles dont un des membres est handicapé. Étant situées dans les HLM pour personnes âgées, elles n'offrent pas un environnement répondant aux besoins des personnes handicapées.
Certaines coopératives et Jusqu'à récemment certains OMH étaient réticents à louer aux personnes handicapées. Comme ils exigent de leurs locataires qu'ils fonctionnent de façon autonome, ils craignent donc, advenant le cas où les services de maintien à domicile disparaîtraient, de se retrouver avec la charge de ces personnes. Certaines coopératives exigent que les personnes participent à la gestion et à l'entretien de l'édifice. Méconnaissant le potentiel des personnes handicapées, les administrateurs hésitent à leur louer un logement.
L'aide disponible dans les édifices résidentiels publics est limitée et la demande est forte. Les logements disponibles offrent une typologie peu appropriée aux personnes handicapées ou sont situés dans des édifices destinés aux personnes âgées. Le loyer augmente proportionnellement aux revenus de l'individu.
Le désavantage de ce programme est l'absence d'un réseau d'informations concernant l'aide octroyée.
Il n'existe pas de répertoire à Jour concernant les logements adaptés. Des organismes ont tenté de mettre sur pied un bottin regroupant les logements adaptés mais, faute de suivi, cette information est devenue désuète.
L'accessibilité universelle est un concept d'aménagement qui préconise la réalisation d'un ensemble de logements accessibles. La SHQ et la SHL souscrivent à ce concept d'aménagement. Ce dernier a pour avantage d'assurer aux personnes handicapées un meilleur choix de logements accessibles.
L'accessibilité universelle ne répond pas seulement aux besoins de la clientèle handicapée mais répond aussi aux besoins d'une forte partie de la population. Le vieillissement de notre population a pour conséquence que plusieurs gens auront, dans un avenir rapproché, des limitations fonctionnelles.
Les coûts concernant l'accessibilité universelle, lors de la construction d'un édifice, sont minimes comparativement aux sommes qu'il faut débourser après coup.
L'accessibilité universelle se définit différemment selon l'organisme qui en fait la promotion.
Les édifices construits selon le concept d'aménagement universel ne répondent pas aux besoins de tous. Même en répondant aux critères d'accessibilité universelle, les édifices peuvent demeurer inaccessibles pour certaines clientèles (ex. : les gens circulant dans une civière).
La désinstitutionnalisation ou le maintien dans le milieu de vie naturel doit se faire dans une optique d'amélioration de la qualité de vie des personnes handicapées. Pour répondre à ce but, la présence de ressources telles que les services de maintien à domicile et de soutien à la famille est primordiale.
Les services de maintien à domicile et les services de soutien aux familles se sont développés timidement au cours des dernières années. En ce qui concerne le maintien à domicile, les acquis importants sont, sans aucun doute, l'amélioration de la gamme de services et des plages horaires dans lesquelles peuvent être offerts ces services. L'allocation directe constitue une autre amélioration importante. Elle répond aux désirs des personnes handicapées en leur accordant plus de souplesse pour contrôler leurs services.
Au niveau des services de soutien à la famille, l'OPHQ a transféré le dossier aux CRSSS. Les services de répit, de gardiennage et de dépannage devraient donc être assurés pour toutes les clientèles lorsque le programme aura été intégré. Le budget annuel octroyé aux familles pour l'achat de services sera haussé. Divers organismes ont mis sur pied des services de répit et de dépannage.
Les ressources actuelles ne sont pas suffisantes pour répondre aux besoins des personnes handicapées requérant des services de maintien à domicile. Les listes d'attente sont souvent longues. Des critères et des ratios ont été établis. Des personnes sont exclues en raison de leur revenu. Des personnes handicapées ne recevant pas les services nécessaires à leur maintien à domicile se voient obligées de retourner ou d'intégrer l'institution.
Plusieurs familles sont obligées d'assurer les services de maintien à domicile. Cet alourdissement de leurs tâches quotidiennes amène l'épuisement et le désengagement de ces dernières. Ces familles auraient besoin des services de soutien tels que le répit, le gardiennage et le dépannage.
Les services de soutien à la famille ne sont pas accessibles à toutes les clientèles. Certaines régions privilégient les services aux personnes handicapées intellectuelles alors que d'autres privilégient les services pour la clientèle ayant une déficience physique. Les adultes ayant une déficience y sont rarement admis. Le transfert du programme de soutien à la famille devrait résoudre ce problème.
Les familles d'accueil ne peuvent bénéficier de ces services. Ils sont réservés aux familles naturelles.
Les familles dont un des membres est handicapé reçoivent un montant annuel pour l'achat de services de répit, de gardiennage et de dépannage. Cette aide financière ne leur permet pas de recevoir la quantité des services qui leur sont nécessaires. Pour recevoir ce soutien financier, les parents doivent prouver que leurs besoins sont réels. Cette procédure leur donne l'impression de réclamer des services qui ne leur sont pas nécessaires.
En ce qui concerne les services de gardiennage, les parents doivent recruter et former le personnel dont ils ont besoin.
L'allocation directe pour les services de maintien à domicile a été développée à la demande des personnes handicapées. Elle devait répondre à deux conditions : permettre le libre choix de l'individu et octroyer un financement raisonnable même si inférieur à celui du réseau public. Ces conditions n'ont pas été respectées. Dépendamment des programmes régionaux, les personnes ont accès ou non à la formule d'allocation directe. Dans certaines régions, les personnes handicapées sont obligées de souscrire à ce mode de financement. Cette formule est beaucoup moins accessible pour certaines clientèles dont notamment les personnes handicapées intellectuelles.
Certains CLSC donnent les services de maintien à domicile sous contrat à certaines agences privées. Lorsque les services sont donnés par ces dernières, ni la personne handicapée, ni le CLSC ont le contrôle sur la qualité des services donnés.
II existe plusieurs programmes de maintien à domicile. Les CLSC peuvent gérer jusqu'à sept programmes. Chaque programme a ses critères, ses règlements et ses particularités. Cette diversité amène des iniquités et entraîne de la bureaucratie et de pertes d'énergie chez les personnes qui les gèrent.
Il n'existe pas de codes d'éthique pour les préposés des services de maintien à domicile. Advenant le cas où la personne désire porter plainte, les recours possibles qui s'offrent à elle sont restreints.
Grâce à toute une gamme d'aides techniques, de services et de médias substituts, les personnes handicapées sensorielles peuvent avoir accès au monde des communications. Toutefois, en raison des différents problèmes, cet accès est encore limité.
Avec les dix dernières années, les personnes handicapées visuelles ont vu la disponibilité de publications culturelles, éducatives, informatives, etc. s'accroître. La production de bandes sonores a pris de l'ampleur et le braille a connu une véritable résurrection.
Pour les personnes ayant une déficience auditive, un des progrès le plus marquant est la mise sur pied du service de relais par la compagnie Bell Canada. Les améliorations technologiques ont permis le développement d'outils plus affinés favorisant la précision et la qualité du diagnostic. Les aides techniques sont plus nombreuses et plus accessibles. Des services d'interprétation orale et gestuelle ont été mis sur pied. La formation universitaire donnée aux interprètes améliore la qualité de ces services.
La création du CCAT devrait assurer la mise à jour et l'introduction de nouvelles technologies susceptibles de répondre aux besoins des personnes handicapées sensorielles.
L'absence de politique pour la traduction de matériel en médias substituts pose des problèmes. Alors que les médias sonores sont financés, les documents traduits en braille ne le sont presque pas. Il n'y a aucun mécanisme formel pour assurer la qualité de ces documents. Il est plus onéreux de se procurer un document en médias substituts qu'un document en médias ordinaire. Il est aussi difficile d'obtenir les droits de reproduction sur cassette et en braille. Le nombre de producteurs complique l'accès. Afin de centraliser les informations et d'en faciliter l'accès, la base de données Camélia des services documentaires multimédias a été créée l'année dernière. Les producteurs ne sont tenus d'alimenter cette base.
Il est difficile pour les personnes handicapées intellectuelles d'utiliser les médias existants. Elles se rabattent donc sur les productions enfantines. Il y aurait sûrement des possibilités à explorer pour que ces personnes aient accès à du matériel conçu pour leur âge.
La majorité des services publics n'ont pas de téléscripteurs. Les personnes handicapées ont donc de la difficulté à communiquer avec ces organismes.
Les services d'interprétariat demeurent difficiles d'accès. La non-uniformité du langage gestuel complexifie la situation.
Plusieurs organismes offrent la couverture des aides techniques: la CSST, l'OPHQ, la RAMQ et la SAAQ. La multitude des sources de financement entraîne de la confusion chez les personnes handicapées. Elle pose des problèmes d'équité entre les groupes de personnes selon la cause et la nature de leurs limitations fonctionnelles, de leurs besoins, de leur âge ou de leur régime de couverture. Seules, les personnes de plus de 36 ans qui sont aux études ou qui exercent un emploi peuvent accéder à certaines aides techniques. Les programmes ne couvrent qu'une gamme restreinte d'aides techniques. Les personnes handicapées qui s'adressent à l'OPHQ pour obtenir de l'aide matérielle font face à des délais invraisemblables.Les listes des aides défrayées ne suivent pas l'évolution technologique.
La télévision descriptive n'est pas implantée au Québec. Les personnes handicapées visuelles n'ont pas accès à ce type de médias. Pour les personnes ayant une déficience auditive, peu d'émissions sont sous-titrées même si Radio-Canada a augmenté sa production. Le choix des émissions sous-titrées n'est pas soumis à la consultation de ces personnes handicapées.
Les personnes handicapées visuelles ont peu accès à l'information diffusée par les gouvernements. Les personnes handicapées auditives ont, quant à elles, des difficultés à obtenir les informations de dernières minutes communiquées par la télévision et la radio.
Les loisirs et les sports occupent une place de choix dans la vie des gens en général. Beaucoup de personnes rêvent du Jour où ils pourront se consacrer entièrement à ces activités. Plus qu'un simple passe-temps, les loisirs et les sports permettent aux personnes qui les pratiquent de relaxer, de s'épanouir, de développer certaines habiletés et de faire de nouvelles connaissances. La société offrant une panoplie de possibilités, la majorité des personnes choisissent un loisir ou un sport répondant à leurs goûts. Ces possibilités deviennent cependant moins nombreuses lorsqu'il est question de répondre aux demandes des personnes handicapées. Ces dernières ne trouvent pas souvent les ressources nécessaires pour répondre à leurs attentes en matière de loisir et de sport. Néanmoins, quelques pas ont été franchis.
En 1985, le MLCP reconnaissait le sport d'excellence pour personnes handicapées et octroyait un montant de 50,000$ pour soutenir les athlètes et les clubs sportifs. Cette subvention a doublé depuis et six fédérations sportives pour personnes handicapées ont été reconnues. Deux ans plus tard, soit en 1987, lors du Sommet québécois du loisir, il reconnaissait avec ses partenaires, les clientèles spécifiques dont les personnes handicapées. Il décidait d'accorder une attention particulière à ces dernières qui se traduisit par l'injection de sommes à l'intérieur d'un programme de soutien aux projets régionaux des loisirs pour les personnes handicapées. De 1985 à 1989, l'AQLPH a décerné un prix aux municipalités ayant déployé des efforts significatifs pour accroître la participation des gens ayant une déficience. Cette approche a engendré des impacts dans près de 250 municipalités.
Au Québec, il y a 500 associations locales de loisirs pour personnes handicapées. Cinq mille bénévoles oeuvrent au sein de ces différentes associations. Leur petit nombre jumelé au fait qu'ils doivent siéger sur plusieurs comités à la fois, constitue une sérieuse menace. Le recrutement de nouveaux bénévoles s'avère difficile surtout chez les jeunes. Il est aussi plus complexe de trouver des bénévoles prêts à accompagner des personnes handicapées dans la pratique de loisirs intégrés à la communauté puisqu'ils demandent une attitude ou un goût particulier (ex.: baignade). Pourtant, ce sont les activités privilégiées par les jeunes. Peu de personnes handicapées agissent à titre de bénévole ou à titre de participants au sein des associations. Leur participation est restreinte, entre autres, par l'importance de leurs limitations fonctionnelles. En raison de leur manque de ressources financières, les associations ne peuvent outiller et former leurs bénévoles.
Le courant de désinstitutionnalisation qui sévit actuellement amène les associations à faire face à une plus grande demande. Une partie de ces demandes provient d'un nouveau groupe: les personnes lourdement handicapées. Il est difficile pour les associations de répondre adéquatement à la demande. Les associations ne se développent pas comme elles le voudraient. Elles se limitent à dispenser des services mais ne peuvent travailler à l'expansion des loisirs pour personnes handicapées.
Les sommes d'argent versées par l'État sont de moins en moins considérables. Face à ce problème, elles n'ont pas d'autres choix que de se lancer dans des campagnes de financement qui canalisent toutes les énergies des bénévoles.
Mais le rôle des associations de loisirs est-il encore aujourd'hui d'offrir des services? Dans un contexte de désinstitutionnalisation les organismes ne devraient-ils pas privilégier l'intégration des personnes handicapées aux loisirs réguliers? Voilà un dilemme auquel sont confrontées les associations de loisirs. Le manque de ressources dans les structures régulières ne facilite pas leur prise de décisions.
Rares sont les municipalités qui s'impliquent pour l'intégration des personnes handicapées aux loisirs. Peu de villes ont adopté une politique municipale d'accessibilité aux loisirs offrant des services de loisirs organisés.
La disparition du programme national de soutien au loisir municipal a altéré le développement du loisir pour les personnes handicapées et celle plus récente du programme d'aide au développement d'équipement en loisir, au profit d'une enveloppe par comté, laisse des doutes quant à la volonté des municipalités. Suite à la réforme Ryan, les dirigeants municipaux devront faire des choix. Le soutien au loisir pour les personnes handicapées sera-t-il laissé pour compte au profit de d'autres services municipaux. Au niveau gouvernemental où les coupures budgétaires sont importantes, les loisirs recevront-ils les sommes nécessaires pour répondre aux besoins, quand d'autres plus urgents se font sentir dans le domaine de la santé et des services sociaux? Difficile à croire!
Plus de la moitié des activités de loisir est offerte par l'entreprise privée. La tarification des services, des programmes et des équipements constitue un obstacle majeur à la participation des personnes handicapées. Cette privatisation des activités de loisir ne doit pas s'accompagner d'une déresponsabilisation des municipalités qui doivent toujours veiller à l'équité et à l'égalité pour tous.
Dispendieux, les centres de conditionnement physique et les centres de sport sont inaccessibles pour les personnes handicapées dont la majorité bénéficie d'un faible revenu. Mais même pour les plus fortunés, ces nouveaux centres à la mode s'avèrent difficiles d'accès. L'architecture des lieux présente un premier obstacle pour les personnes handicapées. Pour ceux qui sont accessibles, il serait intéressant de savoir si le personnel est formé pour recevoir une clientèle handicapée et s'il est en mesure de la conseiller adéquatement ; si ces centres disposent de l'équipement nécessaires et si la publicité invite ces personnes.
La couverture que font les médias des sports d'excellence pratiqués par les personnes handicapées fait voir ces dernières comme des héros et fait oublier ce que les autres accomplissent à des niveaux amateurs.
Les personnes ayant une déficience ne sont pas informées des ressources et des programmes offerts dans le but de leur permettre de s'entraîner dans un sport d'élite.
Le loisir en institution ne répond pas aux besoins des bénéficiaires. Il ne tient pas compte des goûts, des aptitudes et de l'âge de ces derniers. Ségrégué, il ne favorise pas l'intégration des personnes handicapées.
Aucune activité de loisir ne peut être considérée comme inaccessible aux personnes handicapées. Avec certaines adaptations, de l'aide et beaucoup de persévérance, les personnes handicapées réussissent à pratiquer des activités qui apparaissaient inaccessibles. Les obstacles auxquels sont confrontées les personnes handicapées dans le domaine du loisir sont: le coût des activités, le manque d'adaptation et d'équipements, la formation et la sensibilisation du personnel, le transport et les conditions climatiques.
Selon les données fournies par l'ESLA, le nombre de personnes vivant en ménage et ayant des incapacités était de 663 200, en 1986. La population active (de 15 à 64 ans) se chiffrait à 392 100 personnes handicapées. Les statistiques traçaient un tableau sombre de la situation économique de ces dernières. Environ 62% d'entre elles étaient sans emploi. La majorité des personnes handicapées recevaient des prestations d'aide sociale. Soixante-huit pourcent avaient un revenu annuel de moins de 10 000$.
Le contexte actuel ne nous permet pas de croire que la situation s'est améliorée au cours des dernières années. Il est donc possible d'affirmer, sans risquer de se tromper, que la majorité des personnes handicapées sont pauvres. De plus, en raison de leur déficience ou de leurs limitations fonctionnelles, elles doivent recourir à des services, à des aides techniques, à des adaptations, etc. qui ne sont pas remboursés par les programmes actuels.
Il est donc nécessaire qu'un fonds de compensation soit institué. Ce fonds aurait pour mission "d'assurer une équité sociale dans la disponibilité et le financement des services nécessaires aux personnes handicapées pour pallier à leur perte d'autonomie et pour favoriser leur intégration sociale indépendamment de la source de leur handicap".1
Divers travaux ont été faits concernant la possibilité de créer un fonds de compensation universel. Actuellement, le Groupe DBSF réalise pour la COPHAN une étude sur le sujet. Le premier volet portant sur les caractéristiques socio-économiques des personnes handicapées a été réalisé.
Il existe plusieurs programmes d'assurance ou de support visant à remplacer le revenu du travail et à assurer une couverture des besoins spéciaux (RRQ, CSST, RAAQ, aide sociale, assurance chômage, etc.). Chacun de ces programmes présente ses particularités, ses critères d'éligibilité, ses champs et ses niveaux de couverture.
La couverture du revenu varie de façon importante selon les différents programmes. Loin d'être basé sur des critères rationnels, le niveau socio-économique de la personne handicapée est en étroite relation avec les causes de ses limitations fonctionnelles. La personne qui ne travaille pas à la suite d'un accident de travail bénéficie d'un revenu beaucoup plus élevé que celle qui se retrouve dans les mêmes conditions, suite à une déficience congénitale ou à une maladie.
Ces mêmes iniquités se retrouvent au niveau de la couverture des besoins spéciaux. Les personnes dont les besoins sont couverts par la CSST ou la SAAQ sont les plus choyées. Elles ont droit à toute une série de mesures compensatoires, en autant qu'elles répondent à certains critères, alors que les autres personnes doivent se battre pour obtenir les mêmes services ou appareils.
Des mesures dés incitatives au travail: l'aide sociale et le RRQ
Suite à la récente réforme sur l'aide sociale, les personnes considérées inaptes au travail reçoivent des prestations un peu plus élevées que les autres. Ce surplus incite donc les personnes à rendre leurs limitations fonctionnelles plus importantes qu'elles ne le sont et à se faire déclarer inaptes au travail.
Il est peu avantageux pour les personnes handicapées bénéficiant de l'aide sociale de réintégrer ou d'intégrer le marché du travail. Les emplois trouvés sont peu rémunérés et ont un statut précaire. Le taux d'imposition sur tout revenu supplémentaire est élevé et les personnes ne peuvent plus bénéficier de la couverture des besoins spéciaux qu'assure ce système de l'aide sociale.
Le système de rente d'invalidité de la RRQ n'encourage pas, lui non plus, le retour au travail de ses prestataires puisqu'il faut être reconnu comme totalement invalide pour en bénéficier.
Il y a pas si longtemps l'accès aux études post-secondaires pour les personnes handicapées constituait un vrai tour de force. Les collèges et les universités n'étaient pas accessibles. Ils n'offraient pas de services particuliers aux étudiants handicapés et, par conséquent, se trouvaient démunis à l'arrivée de ces derniers.
Plusieurs cégeps et quelques universités sont aujourd'hui accessibles aux personnes handicapées. Le MESS a octroyé, à plusieurs cégeps et à certains établissements universitaires seulement, une aide financière leur permettant de lever les barrières architecturales de leurs édifices. Certaines universités n'ayant pas reçu de subvention ont tout de même déployé des efforts considérables pour Tendre leurs établissements accessibles.
Au collégial, les cégeps Dawson et Sainte-Foy ont été désignés pour offrir des services aux étudiants handicapés. Ce mandat leur a permis de développer une expertise concernant les services particuliers nécessaires à cette clientèle pour poursuivre des études collégiales. Ils mettent maintenant cette expertise à la disposition des autres cégeps qui sont de plus en plus nombreux à accueillir les étudiants handicapés.
Dans chacun des cégeps, une personne a la responsabilité d'accueillir les étudiants handicapés et d'élaborer leur plan d'intervention. Certaines universités ont aussi nommé un responsable des étudiants handicapés qui est en charge de leur accueil et de l'organisation des services nécessaires pour compenser leurs limitations fonctionnelles.
En vertu du Programme de bourses pour les étudiants gravement handicapés, les personnes ayant une déficience et désirant poursuivre des études post-secondaires peuvent bénéficier d'une aide financière versée sous forme de bourse. Cette aide couvre leurs dépenses de logement, la nourriture, le transport et rembourse les frais d'équipements et de services personnels nécessaires pour répondre à leurs besoins particuliers. La partie de la bourse octroyée pour couvrir les services et les équipements n'est plus imposable comme c'était le cas auparavant. Les étudiants handicapés inscrits à temps partiel, en raison de leurs limitations fonctionnelles, peuvent être considérés comme à temps plein et recevoir un bourse.
Plusieurs universités et résidences étudiantes ne sont pas accessibles aux étudiants handicapés. Aucune adaptation n'a été faite. Même dans les universités, où des modifications ont été apportées, certains pavillons demeurent inaccessibles en raison de l'architecture des édifices et de l'environnement dans lequel ils sont construits.
Au collégial, un plan d'intervention est élaboré pour chacun des étudiants handicapés. Au niveau universitaire, certains établissements évaluent les besoins de l'étudiant handicapé et organisent les services qui lui sont nécessaires. Dans d'autres établissements, ce dernier doit se débrouiller pour trouver les ressources humaines dont il a besoin et assumer les responsabilités qui incombent à tout employeur.
Seules les personnes ayant certains handicaps peuvent se prévaloir du Programme de bourses pour les étudiants gravement handicapés.
Les équipements défrayés sont ceux indiqués dans la liste préétablie par le gouvernement. En raison de l'évolution rapide de la technologie, cette liste s'avère vite désuète et les étudiants handicapés sont privés de ressources matérielles qui faciliteraient leur travail.
Le MESS défraie le coût des manuels traduits en médias substituts. Cependant, il ne paie pas certains ouvrages d'appoint.
L'intégration scolaire des élèves et des étudiants handicapés tant au niveau primaire, secondaire que post-secondaire a mérité l'attention de beaucoup de groupes défendant les droits des personnes handicapées. Dans ce débat pour un meilleur accès à. l'éducation des personnes handicapées, l'éducation aux adultes a été oubliée.
Serait-ce parce qu'elle ne présente pas de véritables obstacles à l'intégration des personnes handicapées ou parce qu'elle demeure une voie oubliée, bien qu'elle présente de réelles opportunités pour une clientèle ayant des déficiences. Plus particulièrement pour les personnes qui ont 16 ans et plus et qui ne sont pas intéressées à demeurer dans des classes où la moyenne d'âge des autres étudiants est inférieure à la leur.
L'éducation des adultes offre une multitude de programmes répondant aux besoins des clientèles les plus variées: cours en pré-secondaire, cours en alphabétisation, diplôme d'études secondaires (DES), diplôme d'études professionnelles (DEP), certificat d'études professionnelles (CEP), attestation de spécialisation professionnelle (AST) et Programme d'insertion à la vie communautaire (PIVC).
Pour être admis à l'éducation aux adultes, il faut être âgé de 16 ans et plus et avoir quitté l'école. Les cours de niveau secondaire offerts dans les centres d'éducation aux adultes sont les mêmes que ceux offerts en milieu régulier. Mais les stratégies d'enseignement sont adaptées pour répondre aux besoins des étudiants et un plus grand temps leur est alloué pour compléter leur formation. Certaines personnes handicapées réussissent à compléter leur diplôme d'études secondaires avec des notes leur permettant de poursuivre au collégial. Quelques centres accueillent exclusivement des personnes handicapées.
Les centres d'éducation aux adultes ne sont pas tous accessibles aux personnes handicapées.
A l'éducation des adultes, un profil de formation est élaboré pour chacun des élèves. Ce dernier fait mention, entre autres, du niveau académique où se situe l'étudiant et des objectifs de formation. Par contre, aucun plan d'intervention n'est élaboré.
Les étudiants ne bénéficient pas de services complémentaires ou particuliers autres que l'orientation et l'information scolaire et professionnelle.
On peut se demander si l'offre de certains services ne répondrait pas davantage aux besoins des personnes handicapées. Les élèves fréquentant le milieu régulier ou spécialisé peuvent bénéficier de tels services Jusqu'à l'âge de 21 ans. Serait-il approprié d'en faire autant à l'éducation des adultes?
Toute personne fréquentant l'éducation des adultes a un nombre limité d'heures pour terminer son DES, son DEP, son CEP ou encore son ASP. Les personnes handicapées qui ne peuvent compléter leur formation à l'intérieur du nombre d'heures allouées peuvent demander une dérogation au MEQ. Généralement, cette demande est acceptée et l'étudiant handicapé peut poursuivre ses études. Le fait que le Ministère ne répond pas toujours immédiatement à cette demande constitue un problème.
L'étudiant handicapé doit retourner chez lui et attendre la réponse du Ministère avant de reprendre ses cours.
Le PIVC est offert aux personnes ayant une déficience intellectuelle moyenne. Pourtant, d'autres personnes pourraient bénéficier des apprentissages faits à l'intérieur de ce dernier.
La liste d'attente est assez longue. Les centres d'éducation des adultes offrant ce cours ne possèdent pas les ressources nécessaires pour l'offrir à toutes les personnes qui en font la demande.
Des dépliants publicitaires et des annonces dans les journaux informent la population des divers programmes offerts à l'éducation des adultes. Cette information n'est pas traduite en médias substituts et, par conséquent, n'est pas accessible directement aux personnes ayant une déficience visuelle. Il semblerait que diverses initiatives régionales aient été mises sur pied par les centres pour rejoindre la clientèle ayant des déficiences. Toutefois, le MEQ ne possède pas de répertoire regroupant l'ensemble de ces innovations.
Selon l'ESLA, 8,9 % des personnes ayant des incapacités vivent en ressources institutionnelles. Chez les personnes de 65 ans et plus, ce nombre est de 18,9%. 70 000 québécoises et québécois vivent donc en institution et la majorité de ceux-ci est âgée.
Ces personnes ne bénéficient pas d'un espace de vie qui leur soit propre et vivent deux par chambre. Ils n'ont pas d'intimité. Au cours des dernières années, beaucoup de personnes sont sorties de l'institution. Ainsi, entre 1982 et 1990, il y a eu une diminution de 39 % chez les personnes handicapées intellectuelles vivant en internat. Cette baisse est encore plus significative chez les personnes ayant une déficience psychique.
Le mouvement de désinstitutionnalisation et de non-institutionnalisation qui prévaut pour toutes les clientèles est un acquis majeur. Il répond aux désirs des personnes handicapées de vivre chez soi et ainsi de jouir d'une plus grande autonomie, d'une meilleure possibilité d'intégration sociale et d'une meilleure qualité de vie.
Diverses formules résidentielles ont été développées pour accueillir les personnes handicapées.
Plusieurs personnes sortent de l'institution sans avoir reçu une préparation favorisant leur intégration au sein de la société. La désinstitutionnalisation se fait sans préparation suffisante et sans support adéquat.
Cette situation porte à croire que le mouvement correspond plus à une idéologie sociale ou à un moyen d'économiser des ressources, qu'à favoriser une meilleure qualité de vie pour les personnes handicapées.
La personne handicapée se retrouve à sa sortie de l'institution confrontée à des problèmes reliés au travail, au logement et à son intégration sociale et sans ressources pour lui venir en aide.
Les ressources mises en place dans certaines régions pour assurer l'intégration des personnes handicapées qui ont quitté l'institution sont insuffisantes. De plus, elles visent à répondre à un besoin temporaire alors que les personnes handicapées, dans la majorité des cas, auraient besoin d'un support permanent.
Beaucoup de personnes handicapées quittant l'institution vivent de prestations d'assurance sociale. La formation qu'elles ont reçue en institution, composée majoritairement de courts.-, stages, ne les prépare pas adéquatement à intégrer le milieu du travail. Les personnes réussissant, malgré tout, à se trouver un emploi sont rémunérées au salaire minimum. Les emplois trouvés sont peu valorisants et temporaires. La personne est alors obligée de reprendre régulièrement ses démarches pour se trouver du travail.
Etant donné leurs faibles revenus, il est difficile pour ces personnes de se trouver un logement. Le supplément au loyer -qui permet aux individus à faibles revenus de bénéficier d'une aide financière pour payer leur loyer est accessible seulement aux personnes handicapées physiques. Plusieurs personnes n'ayant pas les ressources humaines et financières nécessaires pour assurer leur intégration résidentielle se retrouvent itinérantes, surtout à Montréal.
Les maigres revenus dont bénéficient les personnes handicapées ayant quitté l'institution sont consacrés au logement et aux frais de subsistance. Une fois ces dépenses assurées, il reste peu d'argent à ces personnes pour les loisirs souvent dispendieux.
De plus en plus de personnes handicapées désirent voyager et se rendre à divers événements culturels. Malgré leur demande toujours grandissante, l'offre demeure faible. De belles promesses à l'égard de l'accessibilité des édifices et du transport leur sont faites mais les résultats se font toujours attendre.
Peu de progrès ont été réalisés pour favoriser le développement du tourisme chez les personnes handicapées. En dépit des efforts de certains établissements hôteliers et de certains transporteurs, il demeure difficile pour ces personnes de voyager. Dans le but d'améliorer la situation, un comité fédéral provincial composé de représentants des ministères du Tourisme de chacune des provinces du Canada a été créé en 1987. Présentement, à la demande de Kéroul, un chercheur de l'UQÀM réalise une étude sur les causes de l'inertie dans le domaine touristique.
Ce même organisme a développé un cours de formation pour les intervenants et les étudiants en tourisme. Ce cours est intégré à la programmation régulière des cours en tourisme donnés dans les écoles du Québec. Une série de cours est donnée à l'ITHQ ainsi qu'au personnel des aérogares.
Le premier obstacle auquel sont confrontées les personnes handicapées désirant voyager est le manque d'accessibilité du transport aérien, ferroviaire et maritime. Les principaux problèmes que ces personnes rencontrent sont: le manque d'accessibilité des embarcadères et des toilettes, le manque
d'information sur les services offerts, le manque de formation et de sensibilisation du personnel vis-à-vis de leurs besoins particuliers et leur exclusion des promotions. Pour le transport inter-cité et intra-cité, il n'y a pas d'autocars accessibles.
Peu d'hôtels et d'auberges sont accessibles aux personnes handicapées. Seulement 8.2 % le sont et environ 3 % offrent des chambres entièrement adaptées. Les établissements hôteliers pouvant répondre aux besoins de cette clientèle sont généralement classés dans la catégorie cinq étoiles et sont, par conséquent, très dispendieux.
D'une province à l'autre, les symboles indiquant l'accessibilité des lieux diffèrent. Le même symbole est utilisé pour désigner différents niveaux d'accessibilité. Le voyageur handicapé doit s'informer, s'il ne veut pas avoir des surprises à son arrivée. Il n'y a pas de symbole pour les non-voyants et les malentendants.
Peu d'agences et de grossistes en voyage organisent des excursions où l'itinéraire emprunté est complètement accessible aux personnes handicapées.
IL n'y a pas beaucoup d'organismes à vocation touristique ayant pour mission le développement de l'accessibilité du tourisme pour les personnes handicapées. L'information n'est pas centralisée et les efforts pour implanter les programmes visant à améliorer l'accessibilité du tourisme ne sont pas ou coordonnés.
L'accès à la culture pour les personnes handicapées avance à petits pas. Certaines salles de spectacles offrent maintenant des places pour les fauteuils roulants ailleurs qu'à l'arrière de la. salle. Quelques-unes se sont munies de systèmes infrarouges. Pourtant, les activités culturelles demeurent inaccessibles financièrement pour la majorité de cette clientèle. Les festivals populaires et autres événements de masse sont plus abordables pour les personnes ayant une déficience. Certains promoteurs facilitent depuis peu l'accès des personnes handicapées à ce genre d'activités.
La fréquentation des bibliothèques est une activité culturelle très populaires chez les personnes handicapées. Le taux de fréquentation de cette clientèle est le même que celui des gens non-handicapés soit 25 %. Certaines bibliothèques ont développé des services adaptés aux besoins de cette clientèle. Elles offrent des services à domicile, des livres traduits en médias substituts et certains équipements.
Plusieurs salles de spectacles et de cinéma ne sont pas accessibles aux clientèles présentant des déficiences.
Étant généralement l'occasion de festoyer et ce, à prix abordable, il est nécessaire de s'assurer que les personnes handicapées puissent participer aux festivals et événements de masse. Des dispositions particulières doivent être prises pour améliorer l'accès de ces individus.
Plusieurs sites historiques et musées sont inaccessibles. Il devrait être possible de favoriser l'accès des personnes handicapées à ces lieux sans en détruire la valeur patrimoniale.
Les groupes de pression font connaître les besoins particuliers des personnes handicapées aux propriétaires de lieux de diffusion de la culture trop tard. Alors qu'il faut débourser des sommes considérables pour rendre un édifice accessible lorsqu'il est construit, il en coûte peu lorsque les adaptations nécessaires sont faites au moment de sa construction.
Plusieurs édifices dans lesquels sont offerts les services de bibliothèque sont inaccessibles. Il est difficile pour les personnes handicapées d'y entrer et de se débrouiller une fois à l'intérieur. Les couloirs trop sombres, les étagères trop hautes, le manque de formation et de sensibilisation du personnel sont quelques-uns des problèmes rencontrés. Peu de bibliothèques possèdent les équipements nécessaires aux personnes handicapées tels que, le lecteur optique, le logiciel de synthèse vocal, le magnétophone à vitesse variable, etc.
Peu de volumes sont traduits en médias substituts. De plus, le nombre de diffuseurs et leur manque de concertation amènent la duplication du matériel.
La majorité des personnes doit un Jour ou l'autre consulter un professionnel de la santé. Les personnes handicapées en plus de consulter pour les services de santé courants, doivent rencontrer une multitude de spécialistes, il est important que tous ces intervenants aient reçu une formation leur permettant de répondre adéquatement aux besoins des personnes handicapées.
Les professionnels de la santé sont plus nombreux et mieux formés. Ils proviennent de disciplines variées. Il est plus facile pour les personnes handicapées de recevoir des services de qualité et favorisant leur développement optimal.
Les services en audiologie, en ergothérapie, en orthophonie et en physiothérapie sont dispensés par des gens qui ont complété un baccalauréat dans le domaine approprié. Les programmes universitaires conduisant à ces diplômes sont contingentés de sorte qu'il y a pénurie de ces professionnels sur le marché du travail, particulièrement dans les régions éloignées. Il serait intéressant de vérifier si une partie du travail étant fait par ces professionnels ne pourrait pas être accomplie par des techniciens. Le recours à des intervenants de niveau collégial diminuerait la tâche des professionnels qui pourraient offrir des services à plus de personnes handicapées qui sont en grand nombre sur les listes d'attente. Cette solution n'enlèverait rien à la qualité des services offerts puisqu'ils seraient toujours sous la supervision d'un professionnel.
Il existe peu de collaboration entre les différents professionnels. Les évaluations qui sont faites ne tiennent pas compte des différentes déficiences de l'individu. Chaque domaine est évalué séparément. Pourtant, certaines limitations fonctionnelles ont de sérieuses répercussions dans d'autres sphères de développement.
Les professionnels recherchent peu la collaboration des parents. Ils ne reconnaissent pas l'apport significatif de ces derniers. Ils ont tendance à les tenir à l'écart du processus de réadaptation de leur enfant. Pourtant, ce sont les parents qui vivent avec leur enfant et qui le connaissent le mieux. Les parents doivent se battre pour être impliqués. Cette situation amène certains parents à se désengager.
Les professionnels tels que les médecins, les dentistes, etc, se trouvent démunis face aux personnes handicapées. Ils ne connaissent pas la déficience et ses conséquences. Les personnes handicapées doivent recommencer leur histoire à chaque fois. Ce manque de connaissances des professionnels amène ces derniers à poser des mauvais diagnostics.
L'intégration d'une personne handicapée n'est pas toujours facile. Beaucoup d'obstacles doivent être contournés. Pour certaines personnes, notamment pour les personnes présentant des. déficiences multiples, les démarches nécessaires pour obtenir les services requis et s'intégrer à la communauté sont difficiles.
II est plus facile aujourd'hui d'obtenir un diagnostic pour les personnes présentant plus d'une déficience. Le perfectionnement des professionnels assure une meilleure réponse à leurs besoins.
Pour mieux répondre aux besoins de cette clientèle, certains établissements font une évaluation globale de la personne handicapée et offrent des services intégrés. Parfois les professionnels se déplacent afin de donner les services à la même place, quand les services ne sont pas offerts au même endroit.
Il est difficile d'obtenir un diagnostic clair. Pour certaines déficiences, le diagnostic est possible seulement vers l'âge de trois ans.
Les démarches des parents pour obtenir une réponse appropriée aux besoins de leur enfant sont complexes. La lourdeur des processus de demande, l'incohérence et la non-coordination des services ne facilitent pas leurs démarches.
Les parents doivent guider les interventions des professionnels.
Les évaluations se font de façon distincte. Chaque domaine est évalué séparément. Ce procédé ne rend pas justice aux capacités de la personne handicapée. Les personnes handicapées sont dirigées vers des services répondant seulement à certains de leurs besoins.
Certains établissements s'entendent entre eux afin que l'individu reçoive les services au même endroit. Mais les ententes sont difficiles.
Peu d'enfants présentant des déficiences associées sont intégrés dans une classe ordinaire. Le principal obstacle à leur intégration est la diversité des services qu'ils nécessitent.
Auparavant, il était possible d'obtenir une dérogation du MEQ pour que ces enfants puissent recevoir des services scolaires jusqu'à 24 ou 25 ans. Aujourd'hui, ces jeunes adultes doivent quitter l'école à l'âge de 21 ans.
Les possibilités professionnelles des personnes présentant des déficiences multiples sont limitées compte tenu de leurs nombreuses limitations fonctionnelles. Leur faible productivité et leur faible compétitivité constituent de sérieux obstacles. L'intégration au travail de ces personnes demande beaucoup d'adaptations. Elles ont rarement accès aux ateliers protégés et aux SAUT.
L'objectif poursuivi par l'intégration professionnelle de ces personnes doit se traduire beaucoup plus en terme d'autonomie et d'intégration sociale.
Les enfants présentant des déficiences multiples nécessitent beaucoup d'attention. Les familles sont souvent épuisées et le manque de ressources provoque leur désengagement.
Comme cette clientèle quitte l'école à 21 ans et qu'elle n'a pas accès au marché du travail, les parents se retrouvent avec leur enfant 24 heures sur 24 sans ressources.
Peu d'alternatives ont été développées pour héberger ces personnes. Les familles d'accueil et les foyers de groupe ne sont pas intéressés à héberger cette clientèle qui demande beaucoup de services et d'équipements. L'absence d'alternatives est une source d'inquiétudes pour les parents qui demandent ce qu'il adviendra de leur enfant quand eux ne seront plus capables de s'en occuper. Certaines personnes présentant des déficiences multiples vivent dans des conditions inadéquates et peu sécuritaires.
Peu de services de loisirs ont été développés pour les personnes présentant des déficiences multiples.
Les organismes de défense des droits des personnes handicapées parlent toujours de ces dernières sans faire référence à leur sexe. L'oppression basée sur le handicap est tellement forte qu'elle occulte le sexe, la race, la classe sociale et l'orientation sexuelle. Vivre avec un handicap au féminin représente plus de difficultés, à première vue, que vivre avec un handicap au masculin. Les femmes handicapées sont défavorisées plus que les hommes handicapés au niveau de la réadaptation, de l'éducation et du travail. Elles sont plus victimes de violence que ces derniers.
Le gouvernement fédéral s'implique à différents niveaux dans le but d'enrayer la violence faite aux femmes handicapées. Il a versé des fonds à divers organismes représentant les intérêts des personnes handicapées pour la mise sur pied de différents projets. Il a aussi accordé une aide financière à l'organisme Disabled Women's Network pour la réalisation d'une recherche sur l'étendue de la violence envers les femmes handicapées et la réalisation d'une enquête concernant l'accessibilité des centres d'aide et des maisons d'hébergement pour les personnes victimes de violence.
En ce qui concerne la réadaptation, l'éducation et le travail, les mentalités commencent à évoluer.
Une enquête réalisée par l'organisme Disabled Women's Network révélait en 1988 que 40 % des femmes handicapées avaient été violées, violentées ou agressées. Ce taux est encore plus élevé chez les femmes présentant des déficiences multiples. Cette violence est vécue dans les maisons, les hôpitaux et les institutions. Outre les agressions physiques et les agressions sexuelles, la violence faite aux femmes handicapées prend les formes suivantes: confinement, négligence, intimidation et conditions de vie malsaines.
Les femmes handicapées victimes de violence ne demandent généralement pas d'aide. Elles ne savent pas où la trouver et se sentent coupables. Elles ont peur de perdre la garde de leurs enfants advenant le cas d'un divorce. A cause de leurs limitations fonctionnelles. Parmi celles qui osent dévoiler la violence qu'elles subissent, 10 % ne sont pas crues. Les femmes ayant demandé de l'aide sont insatisfaites des services reçus. En dépit du fait que les femmes handicapées courent deux fois plus de risques d'être agressées que leurs consoeurs non-handicapées, les centres d'aide aux victimes d'agressions sexuelles et les maisons d'hébergement leur sont inaccessibles. Les ressources ne sont pas appropriées pour répondre aux besoins des femmes handicapées.
Le pouvoir médical adopte envers elles une attitude paternalisme, infantilisante et parfois même sexiste.
Plusieurs hypothèses doivent être vérifiées concernant les services de réadaptation dont bénéficie cette partie de la population. La qualité des services de réadaptation, est-elle la même pour les hommes et les femmes? Les femmes handicapées sont-elles plus médicamentées que les hommes handicapés? Le support accordé pour le maintien dans le milieu est-il le même? L'approche des intervenants est-elle la même pour ces deux groupes? Les femmes handicapées reçoivent-elles des services de qualité égale à ceux dispensés aux hommes?
Il serait primordial de vérifier si les services qui leur sont dispensés prennent en considération leur intégration professionnelle .
Les filles handicapées sont moins encouragées que les garçons à poursuivre leurs études. Plusieurs groupes sont à blâmer. Le milieu scolaire, en véhiculant à travers son matériel des stéréotypes, inhibe le développement d'ambitions scolaires et empêche l'acquisition de modèles valorisants chez les femmes handicapées.
Leurs familles ne les supportent pas suffisamment dans leur cheminement vers l'autonomie. Elles sont sceptiques quant aux possibilités réelles des femmes handicapées comme travailleuses, et ce, encore plus dans des emplois considérés comme non-traditionnels advenant le cas où les métiers généralement exercés par les femmes ne sont pas accessibles à ces dernières.
La société encourage les femmes et à plus forte raison les femmes handicapées, à la soumission, à la servilité et à la passivité.
Il n'est donc par surprenant qu'au cours de la dernière décennie, les femmes handicapées prestataires d'aide sociale aient
été deux fois moins nombreuses que les hommes handicapés à fréquenter l'école. Cette tendance est, par contre, en régression.
Les femmes handicapées constituent plus de la moitié (60 %) des personnes handicapées à faible revenu. Alors que les hommes handicapés vivent de rentes et d'indemnisations, les femmes handicapées sont majoritairement prestataires d'aide sociale. Cette situation est très bien acceptée par la société qui trouve normale qu'une femme handicapée vivent aux crochets du gouvernement , de ses parents ou de son conjoint. Cette attitude nuit à l'indépendance financière des personnes handicapées.
Les femmes handicapées ayant accédé au marché du travail, se retrouvent dans les secteurs de services, de secrétariat et de la vente. Elles sont en grand nombre dans les organismes de défense de droits considérés comme des "mini-ghettos". Peu d'entre elles accèdent à des postes de direction. Les femmes handicapées sont plus susceptibles que les hommes handicapés de travailler à temps partiel. A compétences égales, elles gagnent 65 % du salaire masculin. Plusieurs se dirigent vers le bénévolat.
Les femmes handicapées se retrouvent peu dans les mouvements féministes actuels. Elles canalisent leurs énergies pour obtenir le respect de leurs droits fondamentaux. Étant victimes d'un processus d'asexualisation qui renvoie au second rang le fait de vivre au féminin avec un handicap, il leur est difficile de se sentir concernées par les luttes des mouvements féministes. Les lieux de rencontres des femmes et leurs moyens de manifestations leur sont rarement accessibles.
Une conséquence de leur non-implication aux mouvements féministes est leur absence des politiques et des programmes concernant les femmes.
Le gouvernement fédéral vient de lancer la nouvelle Initiative de lutte contre la violence familiale. Le but de cette dernière est d'aider les personnes qui en ont le plus de besoin dont les personnes handicapées. Pourtant, aucune mesure concrète n'a été élaborée concernant les individus ayant une déficience.
On estime actuellement que plus de 30 % de la population de la région de Montréal est constituée d'immigrants. Les enjeux sont donc importants. Les décisions qui seront prises quant aux modes privilégiés d'intégration de cette partie de la population, auront un impact sur l'équilibre et l'orientation de la société québécoise.
S'intégrer dans un nouveau pays n'est pas chose facile. Il faut faire face à un système social et économique souvent très différent de celui déjà connu et ce, dans un contexte linguistique tout nouveau. En plus de la méconnaissance des ressources et des services, il y a donc les barrières linguistiques et culturelles qui peuvent provoquer des problèmes d'adaptation.
Les personnes handicapées et les familles dont un des leurs est handicapé, vivent à ce titre une double problématique.
Au cours des dernières années, il y a eu prise de conscience de la part des différents gouvernements face à l'accessibilité et à l'adéquation des services aux différentes communautés ethnoculturelles.
Le MSSS a intégré dans la Loi 120 une notion d'accessibilité. Depuis deux ans, les conseils régionaux de Montréal et de la Montérégie ont adopté un plan d'accessibilité : 42 établissements ont été choisis comme "projets pilotes" afin d'implanter le plan d'accessibilité. Pour sa part, en collaboration avec le bureau des Services aux Communautés culturelles, le CRSSSMM a entrepris des démarches dans le but d'établir une banque d'interprètes linguistiques et culturels, qualifiés et itinérants. Un plan de formation aux intervenants est également en cours d'implantation dans les établissements ciblés.
L'un des plus gros défis actuels se trouve au niveau de la Loi canadienne de l'immigration. L'article 19(1) de cette loi refuse la résidence à toute personne qui peut devenir un "fardeau excessif" pour les services de santé et les services sociaux. Cet article est appliqué aux personnes handicapées, en particulier à celles ayant une déficience intellectuelle.
Cette situation discriminatoire a plusieurs conséquences. Elle empêche une personne ou une famille d'immigrer au Canada; le potentiel et la volonté d'intégration de la personne handicapée et de tous les membres de la famille n'étant même pas pris en considération. Entre autres, des citoyens canadiens ne peuvent demander de réunification avec un membre de leur famille resté au pays d'origine; des requérants de statut de réfugiés voient leur demande refusée, non qu'on ne reconnaisse pas la situation critique de leur pays d'origine, mais parce qu'un des leurs présente une déficience; des familles sont acceptées au pays, sauf un des leurs qui est handicapé ; des familles restent pour plusieurs années en attente sans qu'aucun membre ne soit reconnu ou accepté, etc.
Dans le réseau de la santé et des services sociaux les mesures précédemment mentionnées sont limitées à certains territoires et établissements, le budget alloué étant extrêmement modeste. Aucun intérêt particulier n'est porté aux besoins des personnes handicapées et de leurs familles.
Les services actuellement en place sont peu adaptés aux besoins des communautés ethnoculturelles et presque pas du tout à ceux des personnes handicapées de ces communautés.
Le manque d'installation et de ressources adéquates au sein des principales institutions publiques de services, pour faire face aux différences linguistiques et culturelles, a pour résultat que les personnes sont orientées vers les organismes communautaires des communautés culturelles qui sont à court de fonds et de personnel. Ces organismes ne sont pas en mesure de répondre à la diversité des besoins et n'ont pas de connaissance quant aux ressources concernant les personnes handicapées.
L'un des moyens le plus souvent employé par les intervenants et les professionnels de la santé pour palier aux difficultés de communication est le recours aux interprètes. Ceux-ci sont parfois fournis par l'organisme consulté, qu'ils soient membres de son personnel ou encore bénévoles provenant d'une communauté ethnoculturelle.
La plupart du temps, c'est le bénéficiaire lui-même qui doit se trouver une personne apte à faire le lien entre lui et l'établissement. Cette dernière solution augmente plus souvent les problèmes au lieu de les résoudre. L'interprète n'a pas toujours une bonne connaissance du français pour bien traduire ses liens étroits avec la personne l'amène à adapter sa traduction pour ne pas la blesser. Parfois, ce sont les enfants qui sont utilisés comme interprètes pour leurs parents et pour eux-mêmes.
En ce qui concerne l'aspect culturel, il n'est pas facile pour une personne handicapée ou pour des parents de comprendre le bien fondé de certains traitements, le besoin de certains équipements. Il peut y avoir encore une certaine honte ou réticence à sortir en public, à participer à des activités sociales, etc.
De la part des intervenants, il peut être difficile de comprendre les liens qui existent au sein des familles élargies (encore très forts parmi certaines communautés), ou encore de comprendre les relations hommes-femmes, jeunes-personnes âgées, etc.
Dans le réseau scolaire, le système d'accueil ne tient pas compte encore une fois de la présence des enfants rencontrant des difficultés. Les classes d'accueil qui ont la fonction de faciliter l'intégration linguistique et culturelle aux nouveaux arrivants ne sont pas équipées pour recevoir des élèves handicapés.
Les enfants intégrés au sein des écoles spécialisées n'ont pas accès pour leur part aux classes d'accueil ou à des cours de français de langue seconde. De nombreux enfants sont, par ailleurs, classés comme ayant des troubles d'apprentissage ou une déficience intellectuelle, alors que leurs difficultés ne peuvent être dues qu'aux barrières linguistiques et culturelles.
Les enfants s'adaptent plus facilement que leurs parents. Pour les intervenants, la principale difficulté est la communication avec les parents de l'enfant handicapé.
Les personnes handicapées qui maîtrisent la langue du pays rencontrent les mêmes barrières que toutes les personnes handicapées .
Encore une fois, le rôle des parents peut parfois avoir un impact négatif. Certains d'entre eux sont très protecteurs et ne laissent pas leur enfant handicapé faire ses démarches pour intégrer le marché du travail.
La plupart des personnes handicapées et des parents qui immigrent au Québec n'ont pas recours aux services des associations de personnes handicapées. Ces associations ne sont pas organisées pour répondre aux besoins de ces personnes.
En ce qui concerne les associations des communautés culturelles, elles ne sont pas familiarisées au potentiel des personnes handicapées, à leurs besoins et aux diverses ressources dont ces dernières ont besoin. Ces associations se sentent bien démunies face à ces personnes.
Pour leur part, les personnes handicapées et les parents ne fréquentent pas les organismes des communautés ethnoculturelles craignant un contact difficile et réticent.
Depuis quelques années on assiste a un fort courant de désinstitutionnalisation. Des personnes ayant toujours habité en institution sont intégrées à la communauté. Ainsi, le nombre de personnes handicapées intellectuelles résidant en internat dans un centre de réadaptation a chuté de 39 % entre 1981 et 1990. L'intégration à un milieu de vie moins rigide devrait permettre aux personnes handicapées une plus grande autonomie, favoriser leur intégration sociale et leur assurer une meilleure qualité de vie.
Comme plusieurs personnes ne peuvent réintégrer leur milieu familial à leur sortie de l'institution et ne peuvent intégrer un logement en raison de leurs limitations fonctionnelles, des alternatives ont été développées. Différents milieux de vie offrant les avantages du milieu institutionnel tel qu'un cadre de vie, des soins, un soutien et offrant la possibilité d'acquérir une plus grande autonomie accueillent les personnes handicapées.
Parmi ces ressources se retrouvent les foyers de groupe. Certains d'entre eux offrent des conditions permettant à la personne d'acquérir une plus grande autonomie, de jouir d'une plus grand intimité et lui proposent des programmes favorisant son développement optimal. Par contre, il existe des foyers de groupe où la qualité des services est douteuse et où le but poursuivit revêt plus un caractère pécunier qu'un caractère humanitaire. Les foyers dont le fonctionnement s'avère douteux sont surtout les milieux hébergeant des personnes handicapées intellectuelles. Délaissées de leur famille et n'ayant pas les habiletés intellectuelles nécessaires pour se rendre compte des conditions dans lesquelles elles vivent, ces personnes subissent leur sort en silence.
Aucune législation et aucune réglementation ne fixe de normes pour la mise sur pied d'un foyer de groupe. Les propriétaires décident eux-mêmes, sans aucun contrôle, des services qu'ils offriront, des programmes qui seront établis et du personnel qui s'occupera des bénéficiaires.
Même si plusieurs intervenants connaissent l'existence de ces foyers de groupe et leur manque de service de qualité, personne n'ose dévoiler la clandestinité dans laquelle fonctionnent ces milieux de vie. Pour la bonne raison qu'ils reçoivent une clientèle à qui le nombre de ressources actuelles ne pourrait répondre. Les bureaux des Services sociaux continuent donc de placer les individus dans ce type de milieu.
Les foyers de groupe ne reçoivent aucune subvention pour leur fonctionnement et l'achat de l'équipement requis pour répondre aux besoins particuliers des personnes handicapées. Le MSSS verse aux foyers de groupe un montant pour chacun des bénéficiaires sans égard de leurs besoins. Quant aux équipements, ils doivent être défrayés par les foyers de groupe. Il est donc plus avantageux pour ces derniers de recevoir une clientèle ne nécessitant pas d'équipement spécialisé.
Pour arrondir leurs revenus, certains foyers de groupe ont une entente avec le bureau des Services sociaux: une partie du chèque de Bien-être social des bénéficiaires leur est versée.
Les foyers de groupe devraient accueillir de cinq à neuf bénéficiaires. Certains foyers vont jusqu'à prendre en charge 13 ou 14 bénéficiaires. Plus le nombre de bénéficiaires augmente, plus la liberté et les possibilités d'autonomie de ces derniers
diminuent. Un nombre élevé de bénéficiaires tend à rendre le foyer de groupe semblable à une petite institution.
Le cadre, les règles, le manque d'activités contribuent à rendre ce milieu moins normalisant. Dans ces conditions, les personnes handicapées intellectuelles ne progressent pas; elles régressent.
Beaucoup de foyers de groupe accueillent ces personnes sans tenir compte de leur âge, leurs comportements, leurs niveaux d'autonomie, etc. Leur seul critère est la demande.
Le personnel travaillant dans les foyers de groupe est composé de préposés. Ces personnes ne peuvent répondre à tous les besoins des personnes handicapées. Ils sont présents pour donner des soins et peu soucieux d'établir une relation nécessaire au développement de l'individu. Ils ne possèdent pas les compétences pour assumer cette dernière fonction. Leur charge de travail souvent très lourde ne permet pas d'établir des contacts interpersonnels avec les bénéficiaires. Peu nombreux pour répondre aux besoins de plusieurs, ils accomplissent leur devoir mécaniquement.
Les associations consacrent une partie de leur budget à la recherche. Deux types de recherches peuvent être identifiés : celles portant sur la prévention et le diagnostic et celles favorisant l'amélioration des conditions de vie des personnes handicapées. Le portrait qui suit se veut très sommaire. Il se base sur un sondage réalisé auprès de quelques associations. Il a pour but de soulever des interrogations.
La recherche a permis aux chercheurs de faire des découvertes importantes au cours des dernières années au niveau de la prévention, du diagnostic, de la médication et des conditions de vie des personnes handicapées.
Les recherches visant à améliorer la qualité de vie des personnes handicapées répondent plus aux besoins de ces dernières. Elles leur permettent de bénéficier immédiatement des découvertes qui sont faites. Bien qu'on s'entend pour dire que la recherche sur la prévention et le diagnostic est importante, on la relègue au second rang.
Les associations n'ont pas le contrôle des thèmes de recher- ches des chercheurs. Elles doivent se soumettre au choix de ces derniers.
Les chercheurs donnent peu d'informations sur l'avancement de leurs travaux aux associations. Les rapports qu'ils sont tenus de leur présenter sont de qualité décevante. L'information n'est pas vulgarisée. Elle est peu accessible aux personnes handicapées. Les chercheurs publient leurs travaux dans des revues qui ne sont pas accessibles aux associations et à leurs membres.
1 COPHAN, Appel d'offre, Etude de faisabilité d'un fonds de compensation universel pour les personnes handicapées, octobre 1991, p. 5.