La lutte pour la démocratisation syndicale

par le

Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)

année de publication inconnue

Table des matières

Qu'est-ce que le "syndicalisme de combat "?

Il existe depuis quelques années un ensemble, de débats,de pratiques, de projets (ex. journaux d'usines, comités d'éducation ou de formation, etc.) que condense l'ex-pression bien connue de "syndicalisme de combat". L'exemple le plue typique mie de l'avant par le CFP dès l972-73,c'est le "Comité des '60" issu de la grêve dure de Firestone à Joliette. C'est cet ensemble que nous avons théorisé et que nous avons diffusé à travers nos textes de fondation syndicale, nos cours et nos conférences-débats.

Le syndicalisme de combat n'a pu s'exprimer qu'à partir d'un effort conscient pour s 'affranchir des pratiques syndicales d'affaires, du bureaucratisme et du gangstérisme. Le syndicalisme d'affaires doit beaucoup à l'impulsion venue de l'offensive anti-communiste dans l'immédiate après-guerre. La chasse aux sorcières, la lutte contre les "agents", ont servi à l'époque d'écran de fumée pour introduire brutalement dans le mouvement ouvrier des pratiquée ouvertes de collaboration de, classe. Même le gangstérisme a été encourage sur tout le continent parce qu'il permettait l'élimination des militants communistes ou tout simplement de travailleurs combatifs mais nullement gagnés au socialisme.

Le syndicalisme de combat est l'une des multiples formes que prend chez nous la poussée démocratique des' masses ouvrières et populaires. Il est inadmissible que l'on parle et que l'on condamne ce phénomène sans le connaître. C'est ce que fait le groupe Mobilisation qui se veut aujourd'hui le détenteur de la science et du savoir marxiste. Mais,pour ses partisans, rien n'est plus opaque ni plus menaçant que le syndicalisme tel qu'il est avec ses contradictions et ses problèmes. Ils veulent bien lui réserver une place dans l'édifice de leur "Autocritique" liquidatrice, mais à condition de ne jamais le rencontrer sur le chantier, en chair et en os, pendant les travaux de construction du Front Commun. Quand ils interviennent dans le Front commun, c'est pour sermonner les "bureaucrates syndicaux" et pour se présenter comme "l'état-major" du prolétariat. D'après eux,la pratique syndicale se réduit à un menu praticisme artisanal, inférieur; elle ne saurait avoir d'autre horizon que le "trade-unionisme". Ils ironisent et tiennent en dédain la formation syndicale.

Le syndicalisme de combat : un cul-de-sac ?

Mobilisation avance des thèses qui condamnent le syndicalisme de combat qui se développe chez nous depuis quelques années: d'après lui, le syndicalisme de combat est un "cul-de-sac". Il lui substitue un "syndicalisme de classe" mi-chair mi-poisson: ni syndicalisme ni organisation marxiste-léniniste. Ses définitions partent évidemment des livres mal digérés,ou d'une pensée coupée du réel. Le réel, c'est la pratique sociale des travailleurs. C'est d'abord de là qu'il faut partir pour donner une claire définition du syndicalisme actuel.

Si le "syndicalisme de classe" n'existe pas aujourd'hui,même sous une forme embryonnaire, à quoi sert donc de parler d'une chose qui n'a aucune base objective, qui n'existe que comme virtualité? Il faut qu'il y ait une base objective? sinon, c'est une possibilité qui n'est pas réaliste.

Le syndicalisme de combat, tel qu'il s'est élaboré au Québec dans des expériences comme celle de Firestone en1972, n'est-il pas un ennemi de la collaboration de classe ?N'est-il pas antagonique face au syndicalisme d'affaires né du maccarthysme de l'après-guerre ? Le syndicalisme de combat et le syndicalisme d'affaires ne constituent-ils pas des contraires qui luttent au sein du mouvement ouvrier ?

La lutte entre les "deux lignes" (ligne prolétarienne,ligne bourgeoise), telle que Mobilisation nous la présentent,procède de façon si mécanique et simplificatrice qu'elle ne permet pas de lire l'écriture intermédiaire, celle des étapes et des transitions nécessaires pour qu'une chose se transforme en son contraire, et notamment le syndicalisme actuel, bureaucratisé et affairiste, en un syndicalisme combatif axé sur la lutte de classe.

Les tâches de démocratisation des syndicats actuels sont d'abord ravalées au praticisme tarde-unioniste, ensuite elles sont renvoyées dos à dos avec les grandes pratiques affairistes de nos "labour boss". Ces thèses démobilisatrices ne permettent pas de répondre correctement à la question:"Quelles sont nos tâches sur le front syndical?".

Les thèses du mépris et du cynisme

Ceux qui condamnent aujourd'hui le syndicalisme de combat se montrent incapables de concevoir' le syndicalisme en marxistes et d'analyser ses contradictions. Ils préfèrent nager dans l'essence, dans les limbes où le syndicalisme ne touchent plue à terre. On dirait que dès le moment où les masses s'emparent du projet, nos avant-gardes retirent leur soutien et se sentent contraintes de proposer quelque chose de plus "élevé". Du syndicalisme de combat, trop quétaine et "réformiste", trop empreint de "démocratisme",on passe au "syndicalisme de classe" sans préciser ce que cela mange en hiver, surtout pendant une période d'austérité.

Certains vont jusqu'à pousser le cynisme au point d'insinuer que les syndicats sont entre les mains de la bourgeoisie. Ils ne s'interrogent pas sur les effets de leurs lignes qui ne peuvent logiquement mener les militants qu'au découragement; qu'au décrochage. Ce cynisme attaque la pensée des militants et mine tout effort dans le sens de la démocratisation des syndicats. Il laisse croire que la démocratisation est impossible.

Or, le syndicalisme de combat a une base objective,il agit,pense, gagne ou perd. On peut le pratiquer ou le condamner. Le fait est qu'il est là et qu'il se prête facilement à l'analyse. Ceux qui le rejettent en le qualifiant dédaigneusement de "cul-de-sac" sont eux-mêmes profondément enfoncé dans une impasse. Leur "syndicalisme de classe" n'a pas de base objective ici et maintenant.

En somme, la ligne de Mobilisation ne voit pas que le syndicalisme d'affaires actuel peut se transformer en son contraire au cours de la lutte de classe, par l'intervention consciente des travailleurs. L'inverse est également vrai; le syndicalisme de combat peut aussi se transformer en syndicalisme d'affaires, si on ne sait pas le développer et le faire avancer. Dans la réalité,toujours contradictoire, les deux n'en font souvent qu'un,mais il faut bien alors que l'un des deux l'emporte. De notre point de vue, il faut aider le syndicalisme de combat, il faut aider cette force en train de mûrir. Il faut surtout savoir l'aider.

La lutte idéologique dans les syndicats

Les luttes syndicales, surtout celles des idées, n'ont pas la simplicité que certains dogmatiques leur prêtent:blanc, noir; d'affaires, de combat; bourgeois, prolétarien;une lutte a toujours des aspects d'association, voire de collaboration, d'interpénétration, d'enrichissement mutuel. C'est ainsi qu'on retrouve les deux pratiques syndicales opposées, parfois confondues dans le même milieu,mêlées chez les mêmes individus. Cette interpénétration n'est pas pour nous sans danger, évidemment, car nous sommes,sous bien des rapports, les plus faibles. C'est encore et toujours le syndicalisme d'affaires qui dominent nos centrales syndicales, Tous ces phénomènes paraissent plus complexes que blanc, noir. C'est comma dans la vie: pourvu qu'on veuille y voir clair, et pourvu qu'on se serve du marxisme correctement, on y voit.

Soutenir l'auto-émancipation des travailleurs

Quand on veut analyser et comprendre le mouvement syndical québécois, surtout le syndicalisme de combat tel qu'il s'est exprimé dans la pratique des travailleurs de Firestone,on doit ouvrir l'oeil, et le bon. Ce type de syndicalisme fait partie d'une longue série de tentatives d'auto-émancipation des travailleurs. Bien sûr, il n'y a rien de définitif ou de statique dans cette conception appelée à évoluer avec la classe ouvrière et à subir les contrecoups des échecs et des succès de celle-ci. Il est né de l'initiative des masses ouvrières, non pas seulement de façon spontanée,comme le prétendent certains, mais il résulte aussi d'un effort conscrient qui part des années 60 et aboutit au début des années 70. Il a surtout contaminél'appareil syndical C.S.N., mais toutes les centrales sont touchées par lui,la F.T.Q. elle-même est fortement secouée.

Ce sont là des signes avant-coureurs de changements profonds. Les grèves non officielles se sont développées et son devenues plus populaires que les grèves officielles,ordonnées et programmées à l'avance. L'Etat a tenté d'imposer une répression, légale et pénale, contre les travailleurs, et les militants, mais il a rencontré une résistance farouche et résolue. La résistance hésitante des milieux syndicaux s'est transformée, à bien des niveaux de l'appareil en résitance résolue aussi. Ces faits ne mentent pas et noue invitent à l'analyse concrète. Nous croyons qu'il est temps que l'on cesse de coller nos étiquettes"trade-unionisme", "spontanéisme" sur ces faits, qu'il est temps d'apprendre d'eux en marxistes conséquents.

Il faut voir les efforts d'émancipation des travailleurs là où ils se produisant,, et non en rêver. S'il est vrai que les directions syndicales ont une ligne réformiste,ilest non moins vrai que la nécessité d'organisations ouvrières de masse prenant en charge la lutte économique de classe et éclairant aux yeux des masses ses conditions et ses implications politiques, que la nécessité de telles organisations est aussi impérieuse que jamais, surtout dans les conditions d'existence telles que noue les subissons dans le bastion de l'impérialisme. Certains parlent trop dédaigneusement des organisations de masse sans voir combien les masses sont loin d'être organisées, même à des niveaux rudimentaires d'organisations de classe. Les centrales actuelles, dominées par l'idéologie de collaboration de classe et de paix sociale, sont vouées à la stagnation si elles ne s'ouvrent pas aux masses non organisées. Pour ce faire, il va falloir opérer en leur sein des transformations démocratiques profondes et des changements d'orientation. Aujourd'hui, malgré leurs forces de centaines de milliers de travailleurs, elles ont encore une présence organisée assez faible. La lutte pour la démocratisation des syndicats répond aux intérêts des masses laborieuses organisées et non organisées.

Le syndicat est une école

Le syndicat est une école pour le travailleur ; c'est le lieu où le savoir syndical s'élabore, le lieu d'où part la mobilisation et l'élan des masses.

Le syndicat est une école du socialisme, parce qu'une de ses fonctions est une fonction de maturation de l'expérience ouvrière, se traduisant de "plus en plus par une position de refus du système.

Transformer nos syndicats en s'appuyant sur les travailleurs

La transformation de nos syndicats ne se pose que concrètement au cours de la vie réelle des travailleurs. On ne peut pas la forcer. C'est là la principale erreur des noyaux d'implantés issus des Cpas. Dans le mouvement de démocratisation syndicale auquel ces noyaux se sont un moment accrochés, l'erreur la plus courante fut celle d'entraver le projet et l'initiative des travailleurs, en confondant constamment le processus de constitution de comités de base avec le processus qui tend à lui installer une direction. Une direction qui n'a pas mûri à partir des rangs de la classe ouvrière, mais qui est venue de l'extérieur et est demeurée étrangère à la conscience prolétarienne; une direction auto-proclamée noyau théorique et avant-garde, embryon du parti,concoctée dans le laboratoire des Caps.

Contrer l'élitisme

Les nombreux groupements prolétariens qui ont tenté ces dernières années de démocratiser les syndicats ont pratiquement tous été sabotés par ce courant élitiste issu des Cape et qui est venu forcer la main aux événements. Ces groupements étaient des foyers de culture ouvrière, des laboratoires où a 'élaborent les idées et les tactiques, où se forment les militants. Ce sont des foyers pleins de contradictions, de faiblesses, mais desfoyers vivants, irremplaçables. Certaine y ont intervenu non pas pour soutenir la maturation de la classe ouvrière, mais pour faire

"péter les contradictions", pour installer dans les syndicats leurs fiefs et leurs sectes. Ils ont démoralisé bien des travailleurs combatifs en les ignorant, ou en ne cherchant que les "happy few", les "avancée".

Questions de méthode

Un mouvement, un phénomène social, se définissent à partir d'une base objective. En partant de la situation objective, la marxisme nous permet de connaître et résoudre toutes les questions et il nous évite de tomber dans l'absolu. Le marxisme n'est pas une connaissance qui prononce des jugements définitifs, qui installe une vérité définitive. La théorie, comme chacun le sait, n'est pas achevée. Elle veut justement que l'on ne pense pas tout fait d'avance.

La critique marxiste est une critique qui va jusqu'aux racines, c'est-à-dire aux conditions et aux causes des erreurs. Cette critique ne peut avoir de profonde portée éducative que si elle bannit le ton de commandement, la suffisance communiste prétentieuse, primaire et contente d'elle-même. La critique marxiste doit d'abord apprendre.

Contrer l'obscurantisme

On peut s'interroger sur le sens profond du volte-face de Mobilisation et de ses partisans sur la question du syndicalisme de combat. La polémique contre le syndicalisme de combat et sa condamnation à la fois par la Ligue et Mobilisation permettent-elles d'éduquer et d'élever la conscience de classe des travailleurs? Leurs positions ne contribuent-elles pas au contraire à répandre encore plus de confusion ?

Cette confusion ne se présente pas comme confusion, elle se présente comme une analyse claire et cohérente, avec une apparence "marxiste-léniniste". En effet, la méthode qu'ils utilisent pour analyser et caractériser le syndicalisme actuel n'est nullement une méthode marxiste. Le procédé idéologique le plus en vogue au sein du mouvement marxiste-léniniste actuel, c'est celui de l'amalgame. L'amalgame est une espèce de soudure théorique par laquelle on colle des notions qui normalement ne se recouvrent pas l!une l'autre. Mais ce procédé ne se présente pas non plus comme un amalgame. Il se présente toujours sous le couvert de "principes clairs", de "science". Ce procédé confond les différences; par exemple: il ne distingue pas le syndicalisme de combat du syndicalisme d'affaires. Dès que l'on camoufle les différences qui existent dans le réel, on maintient les gens dans la méconnaissance et on les mésinforme. Mésinformer, c'est aussi une façon de méconduire, c'est-à-dire d'entraîner les gens dans des culs-de-sacs.

L'A B C du marxisme, c'est savoir distinguer

Non, l'amalgame n'est pas un procédé de l'analyse véritablement marxiste, puisque l'a b c du marxisme c'est de savoir distinguer. L'amalgame relevé plutôt des procédés de l'obscurantisme. L'amalgame sert à semer la confusion,et cette confusion à son tour sert à ne préciser aucune tâche sur le front syndical,

A quelle pensée se rattache donc ce procédé s'il n'est pas marxiste ? Ce procédé se rattache à la métaphysique. Et l'opération fondamentale de cette pensée métaphysique,c'est de séparer, de diviser, de classer, de déterminer des oppositions du type blanc-noir. Ceux qui adoptent cette

pensée se fixent dans un manichéisme oùils assument le rôle des "bons" et oùleurs adversaires jouent celui des "mauvais".

C'est la méthode externe, celte du moraliste qui juge et du dogmatique qui condamne. Cette pensée va àcontre-courant du développement historique. Elle est tournée vers le passé et s'oppose à ce qui naît, refuse de le reconnaître. Elle s'attache servilement aux schémas. Alors que la conjoncture révèle une dissolution, une rupture, un antagonisme,cette pensée ressoud mentalement ce qui se défait ou se disloque dans Les faits. Elle cherche dans l'histoire et dans les livres un simple reflet d'elle-même. Elle omet le temps historique réel et ne découvre rien qu'une confirmation de ces idées présupposées.

Ceux qui réfléchissent ainsi ne souffrent pas qu'on les contredisent. Ils tiennent à avoir raison absolument, même si la réalité les ccontredit. Les principes tiennent lieu dépensée, on détient la vérité, donc on ne peut pas se tromper. Dans cette pensée, la dialectique est évacuée. On se sert du langage des dialecticiens, bien sûr, mais de la mente façon que les sophistes grecs de l'Antiquité se servaient du langage de la dialectique pour réfuter les arguments de leurs adversaires pour réfuter seulement, et non pour démontrer la véritépar l'analyse concrète du monde vivant.

Contrer le courant liquidateur

Tirant argument de la ligne, réformiste incontestablement suivie, de façon d'ailleurs différente selon les centrales et les dirigeante, la Ligue et Mobilisation portent dans l'absolu la a condamnation du syndicalisme de combat. Pourtant,au cours des dernières années(depuis 1972), les militants de ces organisations soutenaient le syndicalisme de combat,diffusaient ses acquis. Ils le soutenaient d'ailleurs de bien des façons: par la formation politique et syndicale,parle soutien actif à des boycottages, par la recherche militante, par la diffusion de bulletins et de journaux syndicaux dans les entreprises et d'autres milieux de travail. De~puis un an, et surtout depuis la publication en avril dernier de l'"Autocritique" de Mobilisation, les acquis du syndicatlisme de combat sont rejetés et niés. Ce courant est évidemment liquidateur: il appelle les militants à liquider leurs groupes, à déserter le terrain de la luttes syndicale de masse; il contraint beaucoup d'intellectuels à cesser de soutenir le syndicalisme de combat, de diffuser ses acquis et de faire des recherches qui profitent à son développement.

Le "syndicalisme de classe" que Mobilisation propose comme alternative demeura tellement abstrait qu'on se demande en quoi il peut différer de l'organisation marxiste-léniniste qui le propose. D'ailleurs, ce terme de "syndicalisme de classe" est un pléonasme, presque du bégaiement. Le syndicalisme n'est-il pas une organisation de classe de la classe ouvrière, même lorsqu'il est influencé et dominé par l'idéologie de la bourgeoisie ?

Un oubli impardonnable

Nous voyons poindre à travers ce courant idéologique qui se recouvre allègrement du vocabulaire marxiste-léniniste,

à travers cette condamnation péremptoire du syndicalisme québécois le dédain, le profond mépris et l'arrogance desboss pour les luttes économiques de la classe ouvrière. Mais nous voyons là surtout l'oubli du fait capital que ces luttes n'en prennent directement aux profits des patrons, au moteur même du système capitaliste. Il y a làaussi un autre oubli impardonnable pour des marxistes: le fait que ces luttes servent à éduquer les travailleurs dans la lutte de classe Enfin, nous retrouvons làle refus gauchiste de toute négociation, puisque négocier est perçu, dans cette perspective, comme de la "collaboration" de classe.

Comment de démarque-t-on du syndicalisme de combat?

Quand on veut sa démarquer àtout prix du syndicalisme decombat, parce que nos conceptions étriquées nous empêchent de voir ce qui naît dans la classe ouvrière, on cherche désespérément les arguments les plus massues, les plus autoritaires.

Quand la ligne de démarcation passe entre le syndicalisme de combat amalgamé au syndicalisme d'affaires d'une part et un vague "syndicalisme de classe" d'autre part, est-ceque l'on trace vraiment la ligne de démarcation au bon endroit ? Comment procède-t-on pour dégager la "ligne juste" et la ligne bourgeoise dans, le mouvement ouvrier actuel? Le moyen le plus simple est la déduction à partir du livre de Filip Kota. Il y a deux lignes dans le mouvement syndicat mondial: la ligne bourgeoisie et la ligne prolétarienne,Le syndicalisme de combat n'est pas dirigé par un mouvement

ou un parti révolutionnaire, donc il est bourgeois. On fait rentrer la réalité dans ce schéma en évitant analyse concrète, et le tour est joué. L'argument d'autorité fait le reste et rallie àMobilisation les éléments qui se sentent culpabilisés d'avoir pratiqué un syndicalisme "bourgeois", d'avoir "négocié" avec les boss. Le mot d'ordre "90% de mobilisation pour 10% de négociation"du syndicat de Firestone était donc erroné ? Alors dans la lutte il n'y a donc jamais de trèves, de sièges, il n'y a que des assauts, c'est la mobilisation continue et sans fin ?

Comment on réduit le marxisme à un shéma

Au lieu de distinguer les formes et les contenus, au lieu de comparer, cette analyse simpliste ravale le syndicalisme de combat à la pratique de son opposé, le syndicalisme de collaboration de classe, communément appelé syndicalisme d'affaires. Ce procédé réduit le marxisme à un schéma de logique formelle, à une logique mécanimte, qui ne tient pas compte du facteur dynamique du mouvement ouvrier. C'est un marxisme figé qui refuse de pratiquer une logique concrète, dialectique, capable de rendre compte des contradictions fécondes du mouvement syndical actuel. Ce marxisme mort se discrédite à mesure qu'il déroule ses arguments.

L'abandon d'une ligne de masse

Ne voyant pas, ne pouvant pas voir naître et s'affirmer la conscience de classe des travailleurs à travers l'émergence du syndicalisme de combat, nos méconnaissants s'isolent desmasses, et leurs thèses reflètent leur décollage par rapport à la réalité. Quelque chose d'essentiel est faussé, à partir du moment où le syndicalisme de combat est disqualifié.

Les conséquences politiques qu'ils tirent de leurs thèses sont autrement graves. L'abandon d'une ligne de masse sur le front syndical conduit à ceci: nulle extension politique de la lutté du Front commun, surtout en, ce qui concerne la lutte contre les Mesures Trudeau; nul approfondissement stratégique de son contenu (la lutte des femmes); nul bilan d'expérience fondamental; nulle liaison avec d'autres couches sociales; nulle création nouvelle d'organisations politiques de base, ouvertes, larges; nulle formation d'une structure d'accueil et d'élaboration commune (organisation pré parti).

Il est évident que ce qu'on abandonne ainsi détermine étroitement le contenu et le sens objectif de se qu'on adopte en contrepartie. Il peut arriver qu'une discussion sur le syndicalisme qui semble avoir eu lieu, qui semble avoir été approfondie, n'a pas au lieu au fond et n'a rien approfondi. Pourquoi? Parce que précisément il manquait d'analyses concrètes, parce que les concepts présents dans la discussion (tel "syndicalisme de classe") ne correspondent pas ou très peu à ce qui se pratique objectivement. On partait des livres, et non pas de la pratique sociales des travailleurs syndiquée en 'lutte contre le syndicalisme de collaboration de classes. On croit donc parler du syndicalisme actuel, alors qu'en réalité on parle d'une anticipation,d'un syndicalisme-fiction.

Il n'est pas étonnant que des militants s'interrogent après coup sur la portés exacte de cette condamnation et de cet abandon. Ils se demandent comment ces thèses permettent d'analyser l'expérience passée et présente du mouvement ouvrier québécois, ce qu'un "syndicalismede classe" peut changer dans leur pratique et leurs luttes de tous les jours.

Une ligne aventuriste

Par conséquent, si on rejette le syndicalisme de combat,qu'est-ce qu'on rejette exactement dans la théorie etdans la pratique ? Quiconque veut bien y réfléchir se rend vite compte que des appellations comme "syndicalisme de classe" n'ont aucun sens tant qu'on n'a pas répondu à cette question.

L'analyse du mouvement syndical québécois dans l'Auto-critique de Mobilisation apparaît par trop simpliste:elle' considère la lutte syndicale comme purement trade-unioniste ou même comme une trahison permanente des travailleurs. Ici le simplisme s'allie au pire cynisme,et il va de pair avec l'idée infantile que les travailleurs sont prêts à faire la révolution, ou la grève générale illimitée, ou simplement la grève tous les matins; ce qui les retient, c'est la main-morte des traîtres, réformistes, révisionnistes, etc... Le mouvement syndical est ainsi considéré comme une entitésimple et homogène,on ne tient aucunement compte de la diversité des couches prolétariennes qu'il représente, ni de la manière que les diverses couches de travailleurs sont représentés en son sein. On s'amuse à dénigrer les centrales sans distinguer au moins les différentes instances qui les constituent:les dirigeante, les permanents, les militants et les masses ouvrières et laborieuses que le mouvement syndical encadre et influence. Il est évident que celle-ci, et la grande majorité des militants, font partie des forces sociales qui ont intérêt au renversement du régime capitaliste et qui souhaitent un nouveau système, que ce soit de façon claire, obscure ou mêlée, peu importe ici.

Les marxistes doivent-ils s'opposer au mouvement syndical ?

Le mouvement ouvrier actuel incarne la force consciente des travailleurs, des masses laborieuses; ce n'est pas encore la conscience socialiste, évidemment; mais il personnifie, même à travers ses contradictions, le progrès social: il en est la puissance de réalisation concrète. C'est une faute grave pour les marxistes de se séparer de lui,d'en vivre à la manière des parasites de construire à l'écart de lui, et contre lui, en déracinant de ses rangs certains de ses éléments les plus conscients pour les transformer en sectaires.

Mais cette décision d'abandonner la perspective du syndicalisme de combat n'arien régléau fond. La question a-t-elle fait l'objet d'un examen approfondi au cours des débats qui ont marqué le mouvement de rectification? Qu'a-t-on rectifié précisément ?

L'Autocritique de Mobilisation sur laquelle s'appuie les tenants de cet abandon, se sont-ils posés les questions suivantes:

  • Quelles formes prend donc aujourd'hui l'expression autonome de la contestation ouvrière ?
  • Comment traduire dans une pratique de lutte quotidienne l'objectif de démocratisation syndicale ?
  • Quel type de formation et d'information doit servir au développement des luttes de démocratisation syndicale ?

L'abandon d'une ligne de masse sur le front syndical conduit àquoi ? A court terme, il conduit à l'asphyxie du mouvement marxiste-léniniste québécois. Pour avoir fait preuve de myopie à l'égard du syndicalisme de combat, le mouvement marxiste-léniniste n'a pas encore trouvé chez nous ce qu'il lui faut pour conquérir les masses: une langue, un style.

La plupart des écrits marxistes-léninistes sur les syndicats sont souvent des torrents d'insultes qui n'éduquent aucunement le prolétariat, mais développe le cynisme, le découragement et la scission. Certains tracts ou feuilles volantes,certainsjournaux ont cette lourdeur des mauvaises traductions, ils sont pétris du vocabulaire des années SO et de l'Internationale Communiste, de ses Congrès et de ses mots d'ordre. Quand le marxisme va-t-il parler la langue de Vigneault?

Contrer le passéisme révolutionnaire

Au cours des cinq (5) dernières années, trop d'"implantés"venus de l'extérieur de la CLASSE ouvrière ont forcé la note en introduisant une intelligence militaire calquée sur la stratégie et les tactiques de la Troisième Internationale ils ont ainsi importédans le mouvement ouvrier des mots d'ordre tirés de la période la plus gauchiste et sectaire de l'Internationale en ne cherchant même pas à les corriger.

Le mouvement marxiste-léniniste, par le tournant obscur qu'il prend depuis octobre 75, passe à côté de phénomènes riches et très importants comme la contestation radicale et marxiste de l'Église au sein même de l'institution, et le développement d'une conscience de classe prolétarienne chez les croyants eux-mêmes.

L'équation "syndicalisme de combat-ligne bourgeoise" ne manquera pas de se transformer en boomerang, comme cela est arrivé aux gauchistes du passé. Cette ligne aberrante souligne dramatiquement le vide théorique, l'absence analyse concrète et le retard de certains marxistes-léninistes sur la réalité en mouvement. Cette réalité, c'est la jeunesse, les femmes, les intellectuel(le)s, les masses ouvrières et laborieuse qui se soulèvent et revendiquent un monde que le capitalisme mûr, avancé, ne peut pas leur procurer, et qui les emprisonne dans le carcan des lois et dans les forterrasses du syndicalisme d'affaires.

SE DÉMARQUER DU SYNDICALISME D'AFFAIRES.

Le syndicalismed'affaire est une des forteresses du Capital contre laquelle il faut se battre. Noues devons nous en démarquer àtous points de vue: idéologique, organisationnel,directionnel. Mais il faut surtout savoir se battre contre lui. Si la réponse n'est pas toute donnée dans les livres, où est-elle ?

APPRENDRE AVANT D'EDUQUER

Elle se trouve dans la pratiques des travailleurs de Firestone, dans la tête des ouvriers qui pensent eus aussi,L'intelligence, au sens courant, de même que la conscience politique, ne sont pas le monopole des intellectuels marxistes-léninistes implantés "dans la classeouvrière et porteurs du savoir théorique marxiste. Il y a aussi l'intelligenceau sensmilitaire, qui appartient beaucoup plus àla classe ouvrière et dont nous devons nous saisir en apprenant des travailleurs eux-mêmes.

Il faut d'abord apprendre les rudiments de la lutte de classeéconomique des travailleurs eux-mêmes, se mettre à leur école. C'est le premier moment d'une interaction féconde entre militants intellectuels et ouvriers. Toute autreméthode comme celle de l'implantationnisme du RCThier et de la Ligue aujourd'hui, met laccharrue avant les boeufs. Et,pourapprendre, il n'est pas nécessaire pour l'intellectuel de se nier, de nier sa fonction, ni de se déguiser en ouvrier industriel. Le principal danger de cette stratégie de construction du parti de la classe ouvrière, c'est de vouloir forcer le déroulement de la lutte declasse et le mûrissement de la conscience de classe des travailleurs. La négation et l'abandon du syndicalisme de combat est la conséquence politique la plus grave de cette déviation.

Quelles conclusions pratiques pouvons-nous tirer de tout cela ?

Nous devons d'abord ne jamais perdre de vue un seul instant la frontière qui sépare le syndicalisme de combat du syndicalisme d'affaires. Elle est mince. Les contrebandière passent facilement de l'un à l'autre. Évidemment, il est plus facile de revenir au syndicalisme d'affaires,même si on a atteint un degré avancéd'autonomie et d'expérience. Tout peut se transformer en son contraire si nous ne sommes pas vigilants. Ce qu'il faut voir et comprendre c'est la possibilité, malgré les forces puissantes de l'ennemi, de transformer nos organisations syndicales en syndicats démocratiques et combatifs. Les marxistes,plue que tous autres, n'ont pas le droit de confondre les deux types de syndicalisme, ni d'ignorer leurs conflits,de s'en désintéresser, de leur tourner le dos.

Au contraire, il noua faut suivre avec la plus grande attention la montée du syndicalisme de combat, l'éduquer politiquement, soutenir sa gauche. Or, pour avoir réellement prise sur ce facteur nouveau, sur cette force qui mûrit, il ne faut pas s'en tenir àdes méthodes de gamins qui regardent par les carreaux ce qui se passe dans le mouvement syndical. Nous devons nous mêler aux militants,nous embarquer dans le mouvement de démocratisation, l'encourager par nos paroles et nos écrits et soutenir activement les initiatives.

Quelles sont les tâches sur le front syndical ?

Nous devons systématiser par le bilan des expériences desdernières années les acquis, en portant une attention particulière aux initiatives concrètes des travailleurs eux-mêmes, aux hommes et aux femmes qui luttent pour transformer leurs conditions de vie; nous devons capter leur parole en actes,enregistrer leur critique radicale du système actuel et du syndicalisme complaisant qui l'entretient.

Ce bilan peut constituer une base solide pour que puisse s'édifier une ligne d'intervention sur le front syndical,Pour ce faire nous devons absolument acquérir et maîtriser les connaissances de base du marxisme, afin de prendre en main la lutte idéologique contre le syndicalisme d'affaires, collaborateur} et contre les conceptions qui le justifient et le soutiennent.

Qui servons-nous ?

Si nous voulons savoir si une organisation sert les intérêts des travailleurs, il faut d'abord mesurer son apport réel au renforcement du rapport de forces en faveur des travailleurs. Est-ce que notre orientation, nos pratiques renforcent les travailleurs ou les affaiblissent ? Est-ce que nous contribuons correctement à développer le front de lutte contre les Mesures Trudeau qui dominent la scène potlithique depuis l'an dernier?

Face à la contradiction fondamentale dans le pays, est-ce que nous renforçons le premier aspect (renforcement de l'Etat) ou le second (impréparation du prolétariat à la lutte politique).

La second aspect se traduit en termes plus simples et il est au coeur d'une question que de plus en plue de travailleurs se posent: Comment construire notre parti declasse ?

La question du parti

Ce texte pourrait laisser croire, à tort, que la création du parti de la classe ouvrière sera le produit assuré du seul mûrissement des conditions objectives et qu'il suffirait d'intervenir au niveau de ces conditions pour accélérer leur développement. Non, cela ne peut pas suffire,et l'énoncé de Lénine selon lequel "sans théorie révolutionnaire pas de mouvement révolutionnaire" reste vrai aujourd'hui. Le parti prolétarien demeure une nécessitépolitique de premier ordre, le moyen sans lequel la bourgeoisie ne peut être vaincue.

Mais ce parti ne naîtra pas par proclamation ou fondation par des éléments "implantés" dans la classe ouvrière. La ligne de création du parti ne peut s'approfondir qu'en fonction de l'appropriation par les masses des idées révolutionnaires du marxisme. C'est l'implantation de ces idéesdans les masses qui est loin d'être atteint comme objectif. Un certain courant "marxiste-léniniste" peut réussir à établir des intellectuels ou d'ex-étudiants dans les entreprises pour coloniser les syndicats, il peut détrousser les groupes populaires, et crier victoire! vivent nos cellules d'entreprises et de quartiers! Cela ne peut pas être le triomphe d'une ligne révolutionnaire de masse. Maiscelle d'une ligne élitiste. Si le tandem Ligue-Mobilisation gagne à lui tant d'adeptes depuis un an, cela ne signifie aucunement que sa ligne soit juste en matière d'unification,et d'organisation. Cela signifie que les idées élitistes sont présentes au sein du mouvement prolétarien en général.

Nous devons aujourd'hui résister à la création empressée du parti, tant et aussi longtemps que les orientationspolitiques fondamentales n'auront pas été débattues et assimilées par les masses. Il faut mettre en garde ceux qui,suivant un désir légitime de briser leur isolement et de lutte, dans un cadre organisé, emboîte trop vite le pas et cède aux pressions du tandem Ligue-Mobilisation. Les illusions d'un nouveau départ, après la table rase et la liquidation, ont indéniablement une certaine emprise sur les esprits. Cependant, il faut savoir qu'on ne bâtit rien de solide sur l'enthousiasme seul; on bâtit quelque chose de durable seulement sur les intérêts pratiques des masses. Les travailleurs se transforment ssur la base de leur pratique sociale, et non sur la base des discours que nous leur faisons; ils se transforment non seulement à l'usine ou au travail, dans le lieu où ils se localisent,mais aussi dans les autres lieux oùils évoluent après le 8 heures à l'usine.

L'auto proclamation,d'abord celle de noyau théorique, ensuite celle de Parti, resulte d'une impatience, d'un empressement que l'on justifie par un manque. Il manque un parti,une direction révolutionnaire. Ceux qui ont une conscience aiguë de ce manque en viennent à se ccroire les dépositaires d'une mission: ils se voient désormais comme la conscience(identifiée à la connaissance du marxisme-léninisme) qui doit se mettre à la tête des masses ouvrières (sans conscience)encline à la spontanéité.

D'une prémisse juste, d'un manqué réel, on fait un absolu. Alors tout devient dramatique, il faut construire ce parti le plus tôt possible. La guerre mondiale s'en vient, c'est urgent! nous dira donc la Ligue.

Ces arguments servent à justifier la liquidation des groupes nés de l'initiative des masses au cours des 10 dernières années; ils posent comme un absolu la tâche de création du parti maintenant, sans voir que cette tâche s'inscrit dans un processus prolongé au cours duquel nous devons lier les luttes immédiates et les luttes à long terme.

L'urgence de bâtir le parti n'est pas un argument sain,mais plutôt un mot d'ordre déroutant, paniquard et dangereux qui conduit à déraciner beaucoup de militante de leurs milieux et des luttes immédiates.

Ces illusions, si elles ne sont pas combattues maintenant,risquent d'entraîner des échecs cuisants à court terme et de transformer l'enthousiasme en aigreur contre la politique marxiste et le parti prolétarien.

La situation actuelle présente un paradoxe malaisé pour les marxistes. Le sectarisme politique domine plusieurs mouvements. Surtout depuis octobre 75 et les Mesures Trudeau. Pourquoi ce sectarisme justement à un moment de l'histoire où les masses ouvrières et populaires viennent en grand nombre au socialisme, sollicitent le mouvement marxiste-léniniste et lui demandent de s'ouvrir ? Que font certains devant ce fait capital ? Ils se replient ssur le cercle de famille des noyaux d'implantée issue des Caps St-Jacques et Maisonneuve, ils érigent autour d'eux des palissades de principes et font monter le débat si haut que les masses ne peuvent pas s'approprier la connaissance marxiste, à plus forte raison trancher sur les questions brûlantes.

En effet, dans le. débat, on doit poser radicalement la question: les travailleurs ne sont-ils que l'enjeu passif des discussions entre marxistes-léninistes ? ou. sont-ils partie prenante du débat ? Est-ce qu'en définitive les masses sont appelées à trancher ? ou n'est-ce làque le privilège de quelques-uns ?

Cependant, te mouvement marxiste-léniniste actuel ne se réduit pas seulement à la caricature qu'en font certains,il n'est pas qu'un champ boueux et un marais d'opportunisme. La Ligue et Mobilisation n'en représente qu'une fraction depuis 5 ans le mouvement marxiste-léniniste apporte des forces nouvelles au mouvement syndical et au mouvement populaire, une haute conscience des intérêts fondamentaux du prolétariat, une science éprouvée de la lutte de classe.

Défendre et consolider nos acquis

Au cours des dernières années, il a conquis des positions importantes, quoique fragiles, dans la lutte d'ensemble du prolétariat. Ce phénomène est absolument inusité dans notre société et surtout en Amérique, le bastion de l'impérialisme. Beaucoup de forces noires et obscures recherchent actuellement la perte et la liquidation du mouvement marxiste-léniniste. Les acquis du mouvement marxiste-léniniste, ainsi que ceux des forces populaires et syndicales sont actuellement compromis, et très dangereusement, par cette fraction ralliée autour du tandem Ligue-Mobilisation.

Incapables de lutter contre le néo-libéralisme de Trudeau qui les a nourri àtravers de multiples projets-bidons subventionnés, les promoteurs de ce courant liquidateur s'enferment et enferment aussi beaucoup d'autres militants dans l'histoire du parti social-démocrate russe des années 1900. Ils vivent sous l'absolutisme tsariste,dans des "cercles de conspirateurs". Ils ne voient pas que nous sommes en février 1917 sous Kerenski, mais sous un Kerenski nourri par l'expérience de la Révolution Russe d'Octobre 1917, et qui mène son gouvernement avec moins d'hésitations et de laxisme. Ce courant aberrant tourne donc le dos àTrudeau, ne voit dans la lutte contre les Mesures Trudeau que du vulgaire "économisme" , dans la mobilisation syndicale qu'une trahison des travailleurs.

A cette incapacité àreconnaître l'existence, la diversité et la complexité des contradictions, à leur attitude métaphysique, correspondent tout naturellement, sur le plan pratique, l'unilatéralité, le mépris du travail d'explication politique patient auprès des masses, le sectarisme et l'attitude de la "porte fermée àdouble tour" et enfin, le putchisme.

Un défaitisme théorisé

Ce qui se présente à nous depuis un an, comme "avant-garde", comme "bolcheviks", et comme "direction", n'est que la manifestation du côté face (l'apparence) d'un phénomène qui a comme côte pile, un défaitisme profond, une impuissance maladive à s 'insérer dans le mouvement d'émancipation

La montée des luttes ouvrières et populaires

Depuis une douzaine d'années, on ne cesse de répéter qu'il existe une montée des luttes ouvrières et populaires. On peut constater, en effet, une grande combativité ouvrière et une élévation du niveau politique des luttes, en particulier depuis 1970. Chaque fois quo tee travailleurs ont choisi leurs forme de luttes, ils ont choisi les plus intenses et les plus massives: Firestone en 72, Unité Airvault en 74; les Front Commun de 72 et 76; le lutte pour l'indexation en 74, la grève générale du leur octobre dernier.

L'illégalité et la contestation de l'Etat ont dominé toutes ces luttes et déjoué les plana préétablis: ceux de l'Etat, des patrons, des directions syndicales et des partis,même les plans des organisations révolutionnaires nées du Mouvement des Caps, qui ont tenté d'axer principalement leurs efforts d'implantation sur le terrain des luttes ouvrières et populaires.

Montée des luttes ne veut pas dire situation ou conjoncture révolutionnaire. Cela ne signifie pas non plus des succès décisifs et complets. Depuis l970, les succès ont été relatifs et incomplete; les défaites aussi ont été relatives et incomplètes.

Ces derniers points méritent d'être dits aujourd'hui, dans la montée d'une lutte de masse sans précédent contre les Mesures Trudeau, car ce qui est en jeu c'est la résolution de la contradiction principale au Canada. L'aspect dominant de cette contradiction, c'est le renforcement, le réarmement militaire, moral et idéologiques et l'extension de l'Etat central jusque dans nos vies par le réformisme bourgeois. L'aspect secondaire, mais non moins important, c'est l'impréparation du prolétariat canadien et québécois, impréparation face à la lutte politique nécessaire.

Nous avons à décider au terme de ce débat, sur la stratégie future, et sur la tactique présente, sur la fin et les moyens. Or, deux commandements exigeants et impérieux sont devant nous: l'avenir et l'intérêt général du prolétariat.

A l'heure actuelle, et ce depuis plus d'un an, un débat de lignes se déroulent dans toutes les organisations ouvrières et populaires, un débat bloqué, biaisé et destructeur, parce qu'il se déroule en dehors de toute perspective d'unification des mouvements de masses contre les Mesures Trudeau. Ce qui domine dans ce débat c'est l'hégémonisme groupusculaire qui vient pilier les groupes et les syndicats en leur arrachant, au prix de scissions, certains de leurs éléments dits "avancés". Ce courant sectaire et dogmatisé compromet l'unification même des marxistes-léninistes,la fusion au mouvement socialiste avec le mouvement prolétarien, car il fonds l'unité sur des "lignes" caractérisées comme "justes", devant lesquelles chacun doit faire acte de foi. L'unification n'est possible qu'à partir de critères objectifs. Quels peuvent être aujourd'hui ces critères ? Ce qui unifie c'est la lutte de classe. L'unification des marxistes-léninistes n'est objectivement réalisable qu'en liaison avec un travail de masse effectif, c'est-à-dire dans la pratique, Comment? Par l'unification des massesles plus larges contre les Mesures Trudeau, afin d'isoler le plus complètement possible l'Etat Central, l'Etat de la bourgeoisie canadienne pour qui ces Mesures seules profitent.

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