Association Féminine d'Education et d'Action Sociale
Mémoire présenté au conseil de la
radiodiffusion et des télécommunications canadiennes
(CRTC)
Concernant la demande de transfert de TQS à TVA
(demandes 199609377 -199609401 -199609393 -199609385
-199609418)
Novembre 1996
Fondée en 1966, l'Association féminine
d'éducation et d'action sociale (AFEAS) regroupe 20000
femmes dans plus de 450 municipalités québécoises.
Nous offrons à nos membres des dossiers d'étude
traitant des différents aspects de la vie des femmes. Nous
proposons également de la formation portant sur divers
aspects : méthodes de travail et d'intervention, techniques
d'animation, règles de procédure... C'est lors
des congrès annuels que sont débattues les propositions
issues des différents groupes locaux qui, une fois
adoptées, deviennent les positions officielles de
l'AFEAS.
L'AFEAS intervient régulièrement auprès des
différents organismes et participe aux consultations
publiques qui mettent en cause les intérêts et les
préoccupations des femmes.
Tout au cours de ses 30 ans d'existence, l'AFEAS s'est
préoccupée des différents moyens de
communications, que ce soit par des dossiers spécifiques sur
les médias ou à l'intérieur de ceux traitant de la
violence, du sexisme, de la place des femmes dans la
société... Les femmes que nous représentons se
sont penchées sur les problématiques engendrées
par les médias et ont pris position.
Notre intervention est dans la continuité de ce que nous
avons fait depuis plus de dix ans. Dès 1986, nous
intervenions lors de renouvellement de licences au Québec
sur l'image de la femme projetée par la
télévision, la violence en général et celle
s'adressant aux enfants en particulier, la place des femmes dans
les grilles horaire, l'importance de l'information locale et le
manque d'émissions pour adolescentes et adolescents. En 1987
et 1988, au moment de l'arrivée de TQS, nous avions
poursuivi notre action, ainsi qu'en 1990 et 1992 lors de
transactions et de renouvellements de licences. L'année
dernière, nous avons participé aux audiences concernant
la violence.
Nous intervenons dans le présent dossier parce que nous
croyons que les décisions qui seront prises auront un impact
sur le paysage télévisuel pour de nombreuses
années et parce que nos membres nous demandent de prendre
une part active à l'élaboration de ce paysage et à
son contenu.
Il ne faut pas se fier à la puce anti-violence: elle
n'est pas encore là et, comme nous le mentionnions lors des
audiences sur la violence, il faut penser à ceux et celles
qui n'auront pas les moyens de se la procurer. Les
différents réseaux doivent donc respecter les
règles qui sont établies et auxquelles ils ont
souscrit.
La demanderesse prévoit allouer un montant pour la
promotion de la lutte à la violence ainsi qu'à la
recherche. Mous nous en réjouissons, mais nous nous
réjouirions encore plus si elle respectait
intégralement le code concernant la violence. L'argent c'est
important, mais ce qu'il y a de plus important encore, et qui ne
coûte rien, c'est le respect du code. TVA et TQS devraient
donc voir à ne plus passer de films 13+ avec violence avant
21 heures.
C'est au moment où chacune et chacun, à tous les
niveaux de la hiérarchie, est conscient des règles
à respecter et des limites à ne pas dépasser que
l'action devient efficace et durable. TVA et TQS devraient former
leur personnel afin d'éviter de programmer des
émissions ou des films violents avant 21 heures.
Nos membres parlent régulièrement du niveau
élevé de violence des émissions. Elles
déplorent la présence de la violence physique, mais
aussi psychologique exercée tant par des hommes que par des
femmes. Leurs expériences journalières démontrent
que la violence a un impact tant chez les enfants que les
adolescentes et adolescents et les adultes. Elles constatent
aussi un lien entre la violence et le sexisme.
Selon ses dires, l'orientation de TVA tendra vers la famille.
Ce réseau devrait donc éviter de passer des films 13 +
aux heures où les enfants peuvent être à
l'écoute (ex: vers 13h00 la journée de l'Action de
grâces où tous les enfants sont en congé).
Si TQS s'adresse vraiment à une clientèle plus
jeune, il devra aussi porter une attention particulière
à la violence et aux images et comportements sexistes qu'il
diffuse. Surtout que l'on parle d'émissions axées sur
l'audace, la vie intense (valeurs malheureusement souvent
associées à la violence), etc. et que TQS mentionne les
émissions pour enfants à l'intérieur de ce type de
programmation. TQS devra donc, lui aussi, éviter de diffuser
des émissions ou films violents avant 21 heures.
Depuis notre première intervention, il y a 10 ans, nous
constatons une amélioration en ce qui concerne l'image des
femmes projetée par les émissions en général,
ce qui ne veut pas dire que le sexisme a disparu.
Présentement, le sexisme est tout simplement plus subtil.
Nous voyons encore trop souvent un déséquilibre entre
le nombre de journalistes féminins et masculins, entre la
place accordée dans la grille horaire aux émissions
animées par des femmes et par des hommes. Mous voyons aussi
très peu de noms de femmes dans les génériques et
encore moins dans les postes décisionnels des organigrammes.
Tant que les réseaux n'atteindront pas l'équilibre dans
ces secteurs, le sexisme non visible sera présent.
Quelle sera la position du nouveau propriétaire
concernant l'équité et quels seront ses efforts pour
offrir plus de place aux femmes dans les métiers non
traditionnels et les postes décisionnels?
Nous demandons au CRTC d'exiger des engagements clairs et
concrets de la part de TVA et TQS concernant la place
accordée aux femmes à tous les niveaux. Nous ne voulons
surtout pas de «postes décoratifs» pour nous faire
taire.
Les régions AFEAS interviennent depuis 1986 pour qu'une
place soit faite à la télévision locale ou
régionale. En 1992, l'AFEAS provinciale intervenait pour
rappeler l'importance, pour les régions, d'avoir la
possibilité de s'exprimer. Nous demandons donc le maintien
d'une télévision locale diversifiée afin d'avoir
une possibilité de faire entendre notre voix et de faire
connaître les dossiers que nous pilotons. Déjà
nous sommes noyées dans la masse d'information, alors que
sera l'avenir?
Les promesses faites ne nous assurent pas de la survie des
deux réseaux. Dans un domaine où la rentabilité
semble primordiale, il nous paraît utopique de croire qu'un
propriétaire gardera une entreprise déficitaire de
plusieurs millions. Nous craignons même beaucoup pour la
survie de l'information locale et régionale, surtout lorsque
nous constatons que le Québec semble se résumer à
deux villes, Montréal et Québec. Où sont
Chicoutimi, Sept-Iles, Rimouski, Gaspé, Sherbrooke, Hull,
Trois-Rivières et les autres? Ces lieux semblent inexistants
pour les décideurs et les programmeurs de la
télévision. Nous pouvons vous dire qu'ils existent,
qu'ils fourmillent d'idées et d'activités que nous ne
voyons pratiquement jamais. Faudra-t-il un déluge dans
chaque région pour que Montréal s'en
préoccupe?
La proposition présentée concernant les salles de
nouvelles où tout est en commun, sauf le chef de pupitre, et
où l'on nous promet des nouvelles vraiment différentes,
nous fait penser à deux couples qui jurent être
fidèles et qui couchent à quatre dans le même lit.
Qu'en sera-t-il après six mois? Qu'en sera-t-il au moment
où se présenteront des difficultés?
Nous demandons au CRTC une très grande vigilance car les
précédents qu'il risque de créer au niveau de
l'information et de la place qu'elle occupe dans les régions
vont se répercuter sur l'ensemble du Québec à
moyen et long terme.
Les stations veulent utiliser nos ressources financières,
nous payons pour la publicité chaque fois que nous achetons
un produit, elles doivent donc nous remettre quelque chose de
concret en échange. Plus spécifiquement, nous demandons
que toutes les stations en région, quel que soit le
réseau (TQS, TVA, SRC) produisent un bulletin de nouvelles
décent (plus de 10 minutes) et différent
quotidiennement, une émission hebdomadaire d'affaires
publiques et une émission par semaine permettant aux
différents talents régionaux de se faire valoir.
Violence
- Que TVA et TQS forme leurs employées et employés
afin qu'ils évitent
de programmer des émissions ou des films violents avant 21
heures.
- Que TVA et TQS respectent intégralement le code sur la
violence, donc
voit à ne plus passer de films avec violence avant 21
heures.
- Que TVA, qui se veut un réseau familial, évite de
passer des films 13+
aux heures où les enfants peuvent être à
l'écoute.
- Que TQS porte une attention particulière aux images et
comporte
ments pour éliminer la violence et le sexisme dans les
émissions
diffusées sur ses ondes.
Sexisme
- Que TVA, TQS et leurs stations s'engagent à faire une
place équitable
aux femmes tant au niveau technique qu'à l'écran ou aux
postes
réellement décisionnels.
- Que le CRTC exige des engagements clairs et concrets de la
part de TVA
et TQS concernant la place accordée aux femmes à tous
les niveaux.
Télévision régionale et locale
- Que le CRTC fasse preuve d'une grande vigilance car les
précédents
qu'il risque ce créer au niveau de l'information et de la
place qu'elle
occupe dans les régions vont se répercuter sur
l'ensemble du Québec
à moyen et long terme.
- Que toutes les stations, quel que soit le réseau,
produisent un bulletin
de nouvelles décent (plus de 10 minutes) par jour, une
émission
hebdomadaire d'affaires publiques et une émission par
semaine per
mettant aux différents talents régionaux de se faire
valoir.
- Nous demandons le maintien d'une télévision locale
diversifiée afin
d'avoir une possibilité de faire entendre notre voix et de
faire connaître
les dossiers que nous pilotons.
Violence
- Que le CRTC intervienne pour que cesse l'étalage des
détails inutiles de
violence et la répétition de la diffusion de ces
détails.
- Que les émissions à caractère violent soient
bannies de l'écran aux
heures où les enfants peuvent être à
l'écoute, c'est-à-dire que ces
émissions ne passent qu'après 22 heures.
- Que soient abolis les films d'horreur et de violence à
la télévision à
l'heure où les enfants sont encore debout.
- Que les films cotés 14 ans et plus et les bandes
annonces de ces films
ne passent sur nos écrans qu'après 22 heures.
- Que le CRTC intervienne pour éveiller le sens critique
des consomma
teurs, soit par le biais d'une campagne d'information ou par
d'autres
activités.
- Que le CRTC mette en vigueur un code sur la violence
télévisuelle et
l'établissement d'un mécanisme de contrôle du
respect du code autre
que les audiences de renouvellement de licence.
Sexisme
- Que les médias se dotent d'une véritable politique
d'embauché afin que
plus de femmes occupent des postes décisionnels et
techniques et que
plus de femmes soient animatrices d'émissions
d'intérêt public tant à
la radio qu'à la télévision.
- Que le contenu des émissions, la publicité et les
films présentent les
femmes dans des situations non dégradantes et non
stéréotypées.
- Que des changements appropriés soient faits par les
postes de télévi
sion afin que les émissions enfantines transmettent des
valeurs non
sexistes.
Télévision locale et régionale
10. Que le CRTC exige des télédiffuseurs qu'ils
produisent des émissions spécifiques à chaque
région.
Dépôt légal - Bibliothèque nationale du
Québec 1996 Dépôt légal - Bibliothèque
nationale du Canada 1996
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