Les agressions sexuelles sont-elles un
problème sérieux au Québec ?
2- Sept personnes sur dix pensent que les agressions
sexuelles arrivent très
fréquemment.
C'est dans une proportion de 70,3% que les
Québécoises et les Québécois pensent
qu'il se produit très fréquemment des agressions
sexuelles; près de 25% estiment
pour leur part qu'elles se produisent plus ou moins
fréquemment.
Cette évaluation, sans équivoque de la population,
du sérieux et de la fré-
quence des agressions sexuelles est confirmée par d'autres
études et sondages
canadiens sur les agressions sexuelles et par l'expérience
des centres d'aide et de
lutte contre les agressions à caractère sexuel du
Québec. En effet, à partir d'un
sondage sur la victimisation dans sept grands centres urbains
canadiens, effectué
par le ministère du Solliciteur général du Canada
en 1982, on peut estimer que les
agressions sexuelles au Québec font annuellement environ 17
000 victimes dans la
population âgée de 16 ans et plus. De plus, les
résultats du sondage national sur
les infractions d'ordre sexuel entrepris en 1983 nous permettent
de supposer qu'au
Québec plus de 500 000 femmes auraient déjà
été victimes de viol ou d'agression
sexuelle.
3- Les victimes seraient plus nombreuses chez les
enfants.
La question posée était la suivante: par ordre
d'importance, QUI selon vous
sont davantage victimes d'agression sexuelle entre les
HOMMES, les FEMMES, les
ADOLESCENTS et les ENFANTS?
A cela, 49,8% des personnes interrogées sont d'avis que
ce sont les enfants qui
sont le plus souvent victimes d'agressions sexuelles. Les femmes
(34,2%) sont
suivies par les adolescents (14,8%).
La perception de la population sur le groupe de personnes les
plus susceptibles
d'être agressées sexuellement coïncide en
plusieurs points avec divers autres
sondages et études, alors que sur d'autres aspects, des
nuances s'imposent. Les
études a ce sujet avancent sans ambiguïté que,
dans la population âgée de 16 ans et
plus, les femmes sont entre sept et dix fois plus nombreuses que
les hommes à être
victimes d'agression sexuelle. Par ailleurs, chez les moins de 16
ans, environ
trois sur quatre des victimes d'agression sexuelle sont de sexe
féminin.
D'autre part, les statistiques démontrent que les jeunes
âgés entre 12 et 18
ans ainsi que les adultes ayant moins de 25 ans sont le plus
touchés par les
agressions sexuelles. S'il est vrai que l'âge constitue un
facteur de vulnérabi-
lité, il ne faut pas oublier que des agressions sexuelles
vécues par des personnes
appartenant à d'autres catégories d'âge et selon
des conditions de vie très variées
sont signalées quotidiennement.
4- Plus de sept Québécois sur dix ne croient pas
à la provocation des femmes
agressées.
73,2% des répondants ne croient pas que les femmes
victimes d'agression
sexuelle aient provoqué d'une façon ou d'une autre leur
agression. Les femmes sont
davantage de cet avis (75,8%), alors que 27,1% des hommes
soutiennent l'hypothèse de
la provocation. On note que les personnes plus âgées
ont tendance à soutenir la
thèse de la provocation (30,1% pour les 45/54 ans, 34,7%
pour les 55/64 ans et 46,1%
pour les 65 ans et plus).
La question posée était la suivante:
généralement, croyez-vous que les femmes
victimes d'agression sexuelle ont provoqué d'une façon
ou d'une autre leur agres-
sion?
5- La provocation serait surtout vestimentaire.
Selon les personnes qui pensent que les femmes victimes
d'agression sexuelle
provoquent leur agression, la tenue vestimentaire (49,2%) et la
provocation verbale
(26,2%) seraient les causes prédominantes des
agressions.
Ce sont majoritairement les hommes qui pensent que les
victimes provoquent par
leur tenue (52,6%), ainsi que par la provocation verbale
(27,2%).
L'habillement et la provocation verbale, identifiés comme
des éléments de
provocation des agressions sexuelles, vont dans le sens des
préjugés à l'effet que
les femmes courent après... les violeurs sont saisis d'une
pulsion sexuelle incon-
trôlable... quand une femme dit non, elle pense oui... Ces
préjugés touchent le
droit fondamental des femmes de vivre et de faire leurs propres
choix de vie. Nous
le savons: le "désir", la volonté des uns l'emportent
sur le "non" des femmes.
La question posée était la suivante: de quelle
façon à votre avis peuvent-
elles provoquer cette agression?
6
6- Plus de trente pour cent des citoyens connaissent une
victime d'agression
sexuelle.
Près d'une personne sur trois (31,8%) connaît au
moins une victime d'agression
sexuelle. C'est le cas pour 35,3% des femmes alors qu'il en est
ainsi pour 28,1%
des hommes.
Si on se permet d'extrapoler cette information, on conclura
que plus de
1 600 000 Québécois-es d'âge adulte connaissent
une personne qui a subit des gestes
sexuels non désirés. Le moins qu'on puisse dire est que
la population a une
connaissance beaucoup plus concrète qu'on serait tenté
de le croire.
Connaît quelqu'un qui a déjà subi des
gestes sexuels non désirés
1- Les sentences ne seraient pas assez
sévères.
Les sentences prononcées contre des personnes coupables
d'agression sexuelle ne
seraient pas assez sévères selon 86,1% des
répondants au sondage. Cet avis est à
peu près également partagé par les personnes
connaissant une victime d'agression
sexuelle et celles n'en connaissant pas (respectivement 87,2% et
85,7%). Les femmes
(92,2%) sont plus nombreuses que les hommes (79,7%) à penser
que la justice n'est
pas assez sévère.
La justice punit-elle TROP, JUSTE assez
ou PAS ASSEZ sévèrement les COUPABLES
2- La justice se préoccuperait plutôt mal des
victimes.
C'est en effet ce que pense 63,6% de la population qui estime
que la justice se
préoccupe mal (43,7%) ou très mal (19,9%) des victimes
d'agression sexuelle.
La façon dont la population évalue le traitement
judiciaire envers les femmes
agressées sexuellement est conforme à l'expérience
des centres d'aide et de lutte
contre les agressions à caractère sexuel du
Québec, avec celles qui entreprennent
des procédures judiciaires. Les femmes sont effectivement,
dans la majorité des
cas, désabusées du traitement qu'on leur impose.
Malgré les changements au Code
Criminel en 1983, notre expérience ainsi que l'analyse
d'observateurs confirment que
la perception du système judiciaire est encore
essentiellement basée sur des
préjugés.
La façon dont la JUSTICE
se préoccupe des VICTIMES
3- Une faible partie des victimes s'adresserait aux
autorités.
Selon les personnes interrogées (85,4%), une faible
partie des victimes
déclarerait leur agression aux autorités
policières. Les motifs de ce choix
seraient en grande partie la peur (45,4%), la honte,
l'humiliation et un sentiment
de culpabilité (10,0%).
Les différents sondages et études à ce sujet
vont dans le même sens que cette
croyance de la population. Certains avancent que le tiers,
d'autres que le quart
seulement, des victimes signalent l'agression à des services
médicaux, policiers ou
autres services au programme: les autres ont gardé le
secret. Les motifs identifiés
dans ces enquêtes et selon notre expérience sont
majoritairement liés à la crainte
de l'attitude des policiers ou des tribunaux en raison de la
nature de l'acte qui a
été commis. Les effets dissuas ifs réels du
système judiciaire face aux agressions
sexuelles ne sont pas évidents. De plus, il ne faut pas
oublier que nous ne pouvons
imposer aux femmes de porter individuellement la
responsabilité des changements des
institutions et des mentalités.
Les questions posées étaient les suivantes:
croyez-vous que TOUTES les femmes
ou adolescentes, UNE GRANDE PARTIE ou UNE FAIBLE PARTIE d'entre
elles seulement
déclarent aux autorités policières l'agression
sexuelle qu'elles ont subie?
1- La prévention et des peines plus sévères
seraient la solution.
La population québécoise préconise la
prévention (23,4%) et des punitions plus
sévères (15,3%) comme solution au problème des
agressions sexuelles dans notre
société tandis que 37,9% ne savent que penser.
Le fait que près de 40% de la population n'identifie
aucune solution pour
enrayer les agressions sexuelles traduit très certainement
l'impuissance, le
désarroi des personnes face à ce problème. Par
ailleurs, lorsqu'on parle de
"soigner les agresseurs", on peut présumer que ces gens
croient que les agresseurs
sont "malades". Or, les études sont claires à ce sujet:
il n'y a que 3% d'entre eux
qui sont considérés comme malades au sens psychiatrique
du terme.
La question posée était la suivante: selon vous
personnellement, quelles
solutions apporteriez-vous au problème des agressions
sexuelles dans notre société?
La prévention 23,4%
Les punitions plus sévères 15,3%
Soigner les agresseurs 5,0%
La peine de mort 4,2%
Améliorer le système judiciaire 3,3%
Le support aux victimes 3,1%
Légaliser la prostitution 1,7%
Télévision moins violente 1,0%
Le respect de la femme 1,0%
Dénoncer les coupables 0,7%
Aucune mesure 2,0%
Autres 1,3%
Nsp 37,9%
2- Huit personnes sur dix savent qu'il existe des
organismes spécialisés.
La notoriété des organismes spécialisés
pour venir en aide aux femmes victimes
d'agression sexuelle s'établit à 79,1%. La connaissance
de ces organismes est à peu
près également partagée par les hommes et les
femmes.
La question posée était la suivante: avez-vous
déjà entendu parler des orga-
nismes spécialisés venant en aide aux femmes victimes
d'agression sexuelle au
Québec?
Oui 79,1%
Non 20,2%
Nsp et refus 0,6%
3- Quasi-unanimité pour des organismes dans toutes
les régions.
Selon le sondage, 96,0% de la population serait favorable
à ce que toutes les
régions du Québec disposent d'organismes venant en aide
aux femmes agressées
sexuellement.
La question posée était la suivante: croyez-vous
qu'il devrait y avoir dans
toutes les régions du Québec des organismes
spécialisés venant en aide aux femmes
agressées sexuellement?
Oui 96,0%
Non 2,2%
Nsp et refus 1,8%
A la lumière de ces trois dernières
préoccupations formulées par la population,
la pertinence de groupes spécialisés tels les centres
et de lutte contre les
agressions à caractère sexuel, et cela dans toutes les
régions du Québec, ne fait
aucun doute. On peut aussi supposer qu'une grande partie de la
population y aurait
recours en cas de besoin et que la mission de nos groupes prend
tout son sens en
matière de prévention.
1- Les gouvernements devraient s'impliquer
davantage.
Plus de 90% de la population estime que les gouvernements
devraient s'impliquer
davantage dans le dossier des agressions sexuelles.
Ainsi, 91,5% croit que les gouvernements devraient apporter
une aide financière
accrue aux organismes spécialisés venant en aide aux
femmes victimes d'agression
sexuelle. D'autre part, les gouvernements devraient implanter
d'autres mesures pour
apporter des solutions aux agressions sexuelles (91,8%). Enfin,
96,2% des Québé-
coises et des Québécois souhaitent que les
gouvernements accentuent l'information et
la sensibilisation aux problèmes des agressions sexuelles
auprès de la population.
Ce que la population rappelle indiscutablement est qu'il faut
faire quelque
chose face au problème des agressions sexuelles et que les
gouvernements ont des
responsabilités claires et évidentes en ce domaine. Ces
préoccupations rejoignent à
tous points de vue celles exprimées par les centres d'aide
et de lutte contre les
agressions à caractère sexuel du Québec,
depuis plusieurs années.
Les gouvernements devraient-ils aider
davantage les organismes spécialises ?
|
La présente étude commandée par le Regroupement
québécois des CALACS a été
réalisée par le Groupe Léger & Léger au
moyen d'entrevues téléphoniques auprès d'un
échantillon représentatif de 1 027
Québécoises et Québécois de plus de 18
ans
pouvant s'exprimer en français ou en anglais.
Les entrevues ont été effectuées à partir
de l'annuaire téléphonique entre le
28 février et le 3 mars 1989. Les entrevues ont duré en
moyenne 6 minutes. Les
personnes interrogées résident au Québec.
Il y a 85,7% de l'échantillon tiré au hasard qui a
été eligible pour un taux de
collaboration de 70,4%.
Les résultats de ce sondage ont été
pondérés selon le sexe, l'âge et la
région
administrative.
Finalement, nous obtenons avec les 1 027 répondant-e-s du
sondage, un taux
d'erreur de + 3,12% et ce, 19 fois sur 20.
1- De façon générale, croyez-vous qu'au
Québec les agressions sexuelles sont un
problème...?
2- A) Par ordre d'importance, QUI selon vous sont
davantage victimes d'agression
sexuelle entre les HOMMES, les FEMMES, les ADOLESCENTS et les
ENFANTS?
|
B) Pour quelle raison selon vous (les enfants, adolescents,
femmes ou hommes)
sont davantage victimes d'agression sexuelle plus que les
autres?
Plus vulnérable 33,9%
Innocence 12,7%
Apparence attirante et habillement 8,9%
Problème socialet éducation 16,5%
Drogue 0,7%
Toujours existé 1,6%
Autres 3,3%
Nsp et refus 22,4%
3- Connaissez-vous quelqu'un qui a déjà subi des
gestes sexuels non désirés?
Oui 31,8%
Non 68,1%
Nsp et refus
4- A) Croyez-vous que TOUTES les femmes ou adolescentes, UNE
GRANDE PARTIE ou UNE
FAIBLE PARTIE d'entre elles seulement déclarent aux
autorités policières
l'agression sexuelle qu'elles ont subie?
Toutes 0,2%
Une grande partie8,4%
Une faible partie85,4%
Nsp et refus 6,0%
- Pour quelle raison?
Crainte 45,4%
Peur de revanche 7,7%
Faire face à la justice 7,8%
Sentiment de culpabilité 10,0%
Timidité 7,9%
Réaction de l'entourage 7,5%
Education 0,4%
Plus de sécurité 2,7%
Autres 0,8%
Nsp et refus 9,8%
5- A votre avis est-ce que la justice punit TROP SEVEREMENT,
JUSTE ASSEZ SEVERE-
MENT ou PAS ASSEZ SEVEREMENT les personnes coupables
d'agression sexuelle?
Trop sévèrement 0,7%
Juste assez sévèrement 7,6%
Pas assez sévèrement 86,1%
Nsp et refus 5,7%
6- D'après vous, est-ce que la justice se préoccupe
TRES BIEN, BIEN, MAL, ou TRES
MAL des femmes victimes d'agression sexuelle?
Très bien 1,5%
Bien 26,8%
Mal 43,7%
Très mal 19,9%
Nsp et refus 8,0%
7- Avez-vous déjà entendu parler des organismes
spécialisés venant en aide aux
femmes victimes d'agression sexuelle au Québec?
Oui 79,1%
Non 20,2%
Nsp et refus 0,6%
8- Croyez-vous qu'il devrait y avoir dans toutes les
régions du Québec des
organismes spécialisés venant en aide aux femmes
agressées sexuellement?
Oui 96,0%
Non 2,2%
Nsp et refus 1,8%
9- Généralement, croyez-vous que les femmes
victimes d'agression sexuelle ont
provoqué d'une façon ou d'une autre leur agression?
Oui 23,0%
Non 73,2%
Nsp et refus 3,8%
10-De quelle façon a votre avis peuvent-elles provoquer
cette agression?
L'habillement 49,2%
La provocation verbale 26,2%
Le manque de prudence 4,9%
L'alcool et la drogue 2,1%
La mauvaise perception
de la femme 2,7%
Autres 3,4%
Nsp et refus 11,5%
11- Selon vous personnellement, quelles solutions
apporteriez-vous au problème des
agressions sexuelles dans notre société?
La prévention 23,4%
Les punitions plus sévères
15,3%
Soigner les agresseurs 5,0%
La peine de mort 4,2%
Améliorer le système judiciaire
3,3%
Le support aux victimes 3,1%
Légaliser la prostitution 1,7%
Télévision moins violente
1,0%
Le respect de la femme 1,0%
Dénoncer les coupables 0,7%
Aucune mesure 2,0%
Autres 1,3%
Nsp 37,9%
12-Croyez-vous que les gouvernements devraient faire DAVANTAGE
ou NON en ce qui
concerne...?
Pour terminer, j'aurais quelques questions à vous poser
afin de classifier les
données:
C) Quel est votre état civil?
|
- Indiquez le sexe: Homme 1- Femme 2-
- Pouvez-vous me dire dans quelle catégorie d'âge
vous situez-vous. Est-
ce...?
D)Quelle est votre occupation principale actuelle?
Au foyer 07
Etudiant-e 08
Retraité-e 09
Chômeur-se 10
Refus 13
E)Avez-vous des enfants de moins de 18 ans habitant avec vous
à la maison?
Oui 1
Non 2
Nsp 8
Refus 9
20
F) Combien d'années d'études avez-vous
complétées. Est-ce...?
G) Si vous pensez au revenu total, avant impôt, de tous
les membres de votre
foyer, dans quelle catégorie se situe votre revenu total en
1988, est-ce...?
H) Quelle est la langue que vous parlez le plus souvent a la
maison?
Français 1
Anglais 2
Autres 3
J) Dans quelle municipalité habitez-vous?
Nsp 98
Refus 99
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