Regroupement provincial des maisons d'hébergement et de transition
pour femmes victimes de violence conjugale (RPMHTFVVC)
Réalisé par : Madeleine Lacombe Relais-Femmes de Montréal
inc. février 1985
"Le suivi... un outil nécessaire pour rompre le cycle de la violence..."
Table des matières
Le présent document se veut un outil d'information sur ce qui
se vit actuellement au niveau d'un suivi dans les maisons d'hébergement.
C'est une première démarche au niveau du Regroupement provincial,
en ce sens il n'a pas la prétention de faire le tour de la question.
Il s'agit plutôt d'un outil descriptif nous permettant de prendre
conscience du cheminement des maisons sur la question et pouvant aussi
vous orienter sur des pistes, quand aux choix qui se posent en terme
de suivi.
Le présent ouvrage ne fait aucune analyse et n'est absolument
pas critique par rapport aux approches utilisées. C'est, cependant,
un travail que nous aurons à faire dans un futur très proche
et ceci, toujours dans le but que nous poursuivons depuis les débuts
du regroupement, soit celui d'assurer la qualité des services rendus
aux femmes. Nous devons aussi nous assurer que les outils que nous
utilisons servent bien les objectifs que nous nous sommes fixés.
L'information qui se trouve dans ce document se veut une synthèse
de ce qui se fait. Pour chaque approche décrite, nous vous référons
donc à une ou des maisons qui ont davantage expérimenté
les outils décrits.
Nous souhaitons que ce document ne soit qu'une première étape,
au niveau du regroupement, dans notre recherche d'outils pour enfin
en finir avec le cycle. Toujours recommencé, de la violence faite
aux femmes....
Il n'est pas bien long quand on parle de suivi, pour faire le consensus
sur sa nécessité. L'expérience des maisons est claire
là-dessus; les femmes n'ont absolument pas tout résolu après
un passage en maison d'hébergement. A leur départ, elles
se retrouvent seules face à leur vécu, isolées, démunies,
parce que souvent mal préparées à assumer les nouveaux
rôles qui leur échouent. Elles vivent souvent un sentiment
d'échec par rapport aux choix que leur proposait la société.
Devant les pressions sociales, le manque de ressources et de soutien
de la part du milieu on assiste souvent à l'abandon de toutes
démarches ou procédures de la part des femmes et au
retour en milieu conjugal. Cette situation de fait, contribue souvent
à venir doubler le sentiment d'échec et d'impuissance
déjà vécu par les femmes.
Dans ce contexte, la femme ne semble venir trouver dans cette
expérience que la confirmation qu'elle n'est pas "bien bonne"
et justifie ainsi les préjugés qui veulent qu'une femme
qui subit de la violence conjugale, "aime ça"!
Cette constatation a amené beaucoup de maisons à assumer
très vite une forme de suivi. Ainsi, qui souvent se faisait
au détriment des travailleuses militantes et bénévoles
des maisons, car il se présentait alors comme un surcroît
de travail. Surcroît de travail parce que non reconnu et
donc non-subventionné par le ministère des affaires sociales.
C'est pour pallier cette situation que certaines maisons tentent
actuellement de faire du suivi un "programme" à part, nécessitant
des ressources spécifiques et un budget de fonctionnement autonome
et distinct de l'hébergement.
Enfin il est important de noter que toutes les maisons assurent
plus ou moins une forme de suivi dans le sens où les ex-hébergées
peuvent toujours se référer a elles en cas de besoin
de renseignement, de références, ou de support émotif.
Toutes semblent aussi vouloir s'orienter, à plus ou
moins long terme, sur une forme de suivi plus structuré
et plus ponctuel.
La mise en commun de l'expérience des maisons en ce qui a
trait au suivi, démontre que, quelque soit l'approche favorisée
ou les moyens utilisées, certains objectifs de base sous-tendent
toute cette pratique.
Selon les approches, on ajoute des objectifs, on affine le discours
on varie ou approfondi les moyens utilisés, mais les fils conducteurs
de la démarche sont:
- Supporter une démarche d'autonomie
- Briser l'isolement
- Partager un vécu
- Développer la solidarité
- Sortir du privé, des problèmes sociaux
a) Supporter une démarche d'autonomie
Nous l'avons souligné auparavant, laissées à elles
seules, sans moyens concrets pour s'en sortir, les femmes vont
souvent retourner à la vie conjugale. L'autre possibilité
est qu'elles retournent dans leur famille où chacun(e) voudra
la conseiller, l'aider, la placer dans un nouveau rapport de
dépendance. Cette situation peut devenir aussi néfaste
pour la femme que de retourner avec un mari violent. La femme
a donc besoin d'un support extérieur à son milieu d'appartenance.
Un support qui sera aussi en continuité avec le travail entrepris
à la maison d'hébergement.
Il semble important de supporter cette démarche d'autonomie,
autant dans le quotidien, le terre à terre (recherche de
logement, travail, nourriture, etc.) que dans une démarche
à plus long terme, plus en profondeur (connaissance de
soi, confiance en soi, etc.)-
b) Briser l'isolement
La vie sociale est ainsi organisée, que la plus part des
femmes se retrouvent très isolées les unes des autres.
Elles se sentent seules dans leur démarche, se croient seules
à vivre ces situations. Elles sont ainsi très sujettes
à rejeter tout ce problème sur elles comme individues.
Le fait de rencontrer d'autres familles hébergées et
ex-hébergées leur permet de prendre conscience qu'elles
sont loin d'être seules et que leur vécu est partagé
par bon nombre de femmes.
c) Partager un vécu
L'avantage pour ces femmes de partager leur vécu, est entre
autre, de découvrir qu'elles ont des ressources à l'intérieur
d'elles, que certaines ont trouvé des solutions à leurs
problèmes. Elles peuvent ainsi prendre conscience de leurs
possibilités comme femme et pousser plus loin leur démarche
d'autonomie.
d) Développer la solidarité
Il est important que toutes les femmes réalisent que, si l'on
peut faire un grand bout de chemin toute seule, certaines choses ne
pourront jamais changer si nous ne nous mettons pas toutes ensembles
pour les changer. Cette solidarité s'apprend aussi bien dans
des gestes quotidiens, que dans des actions ou des luttes collectives.
A la maison ou après elles l'apprennent par l'entraide,
le support entre elles.
e) Sortir du privé des problèmes sociaux
Enfin, ce partage du vécu leur permet de réaliser qu'elles
ont beaucoup de choses en commun, que les femmes en général
ont aussi beaucoup de chose en commun. Il est important de
leur faire réaliser que si tant de femmes vivent le même
problème (1/10 femmes pour les femmes battues), de la même
façon, ça ne peut être à cause des
individus seulement. Il est important qu'elles prennent conscience
que certains comportements de victimes sont appris très jeunes
aux petites filles et certains autres comportements d'agresseurs
renforcis très jeunes aussi chez les hommes. Si c'est
la société qui forme ces individus, il y a donc quelque
part un "problème qui est social".
Chaque maison a sa forme de suivi, généralement le suivi
va se faire sur demande de la femme, au fur et à mesure
des besoins exprimés, en tenant compte de la disponibilité
des travailleuses ou des bénévoles.
Cependant certaines maisons sont beaucoup plus structurées
au niveau du suivi individuel. Dans certains cas une femme
est spécifiquement engagée pour assurer le suivi individuel
auprès des ex-hébergées. L'éventail des services
rendus peut aller des rencontres individuelles chaque semaine,
à l'accompagnement dans les démarches tant au niveau juridique,
social, médical, que dans la recherche d'un logement, vestiaires
de vêtements, inscription des enfants à l'école etc.
Certaines maisons ont crée des comités d'entraide ou
d'échange de services entre les ex-hébergées. Enfin
ces maisons s'entendent sur la nécessité de répondre
aux besoins ponctuels des femmes, autant que de les amener dans
une démarche de groupe.
Voici la liste de quelques maisons ou le suivi individuel nous
apparaît plus structuré:
-
L'auberge de l'amitié (02) Roberval,
(418) 275-4574
-
Centre féminin du Saguenay (02) Chicoutimi,
(418) 549-4343
-
La Citée (03) Thetford Mines, (418)
335-5551
-
La clé sur la porte (06c) (ex-résidente
employée pour le suivi) St-Hyacinthe (514) 774-1843
-
Centre Mechtilde (07) (ex-résidente
employée pour le suivi) Hull, (819) 777-2952
-
La Rose des vents (04) Drummondville, (819)
472-5444
Dans le suivi de groupes différentes approches sont utilisées.
De plus, certains groupes fonctionnent de façon structuré,
c'est à dire qu'il y a une méthode de travail déterminée,
une durée précise, un nombre limité de femmes et
que le groupe est fermé une fois la démarche amorcée.
D'autres, sont ce qu'on peut appeler des groupes plus informels
c'est à dire qu'il peut y avoir régulièrement des rencontres,
mais que celles-ci sont facultatives, non arrêtées dans
le temps, et que les activités sont
très variées; ça part des épluchettes de blé
d'inde, brunch, party, à des rencontres d'informations,
ou des ateliers, sur la sexualité, la santé, etc.
Les femmes peuvent y venir selon leur intérêt au bon vouloir.
Afin de mieux cerner le travail qui se fait en groupe nous l'avons
donc divisé en:
- groupes informels
- groupes structurés:
- ayant une approche féministe
- ayant une approche de relation humaine
- ayant une approche de conscientisation
1) Les groupes informels
Bien que moins structurés ces rencontres de groupes ont quand
même des objectifs très précis. En plus de ceux déjà
identifiés comme objectifs de base à toutes les maisons, certaines
ajoutent:
- Informer les femmes sur leur droit
- Effectuer un sevrage lent
- Les aider à bien vivre leur réalité
- Améliorer la qualité de vie
- Développer l'estime de soi
- Répondre aux besoins des femmes
La forme de ces rencontres peut varier, on retrouve par exemple,
la formule café-rencontres, ateliers sur des thèmes
précis, soirées d'informations, divertissements. Certaines
maisons ont acquis la conviction qu'il est important de "montrer
en s'amusant". Il est important pour les femmes de pouvoir aussi
"se sortir de leur vécu", de prendre du recul, de dédramatiser.
Les rencontres ne sont pas planifiées à l'intérieur
d'un cadre précis, on y va plus selon ces besoins qui se présentent,
au fur et à mesure.
Certaines maisons orientent leurs activités en fonction de
l'approche féministe (voir définition plus loin). On
peut aussi à l'occasion utiliser ce qu'on appelle des déclencheurs;
vidéo, texte, jeux, mise en situation etc., afin de créer
un climat propice à l'échange et de mieux évoquer le
thème à aborder.
Références:
-
La Gigogne (01) Matane (418) 562-3377
-
Centre féminin du Saguenay (02) Chicoutimi
(418) 543-4343
-
Havre des femmes (03) (approche féministe)
Roberval (418) 275-4574
-
Le toit de l'amitié (04) La Tuque (819)
523-7829
-
Secours aux femmes Montréal (514)
727-6871
-
La clé sur la porte (06c) St-Hyacinthe
(514) 774-1843
2) Les groupes structurés
De façon générale, quelque soit l'approche utilisée,
ces rencontres de groupes ont lieu sur une période pouvant
varier de 5 à 15 semaines. On appelle parfois ces rencontres;
ateliers, cours, sessions. Le nombre de femmes est, en moyenne,
de dix et ce sont les même femmes qui poursuivent la démarche,
du début à la fin. Dans certains cas on va établir
avec les participantes entre elles et l'animatrice une espèce
de contrat, définissant les attentes et le cadre des rencontres.
Certaines maisons font précéder les rencontres de groupes,
d'entrevues individuelles, préparant les femmes à la démarche
qu'elles vont entreprendre.
a) L'approche féministe
La caractéristique principale de l'approche féministe,
en matière de violence faite aux femmes, est d'expliquer cette
dernière non pas en rapport avec les individues, mais bien
comme un problème social. Ce qui signifie par exemple que
beaucoup de femmes se retrouvent dans la position de victime dans
une relation de violence non pas à cause de caractéristiques
innées, ou de traits de caractères personnels, mais à
cause surtout du fait que, depuis leur enfance on leur a appris
ce rôle.
On apprend aux petites filles à être sage, à obéir,
à ne pas se rebeller, ne pas se défendre, ne pas s'aimer
mais se donner pour les autres. On leur enseigne aussi la dépendance,
l'effacement et la négation comme les plus belles qualités
féminines. Il est facile pour chacune de faire le pendant
de ce que l'on apprend aux hommes et de, très vite,
tracer le tableau de ce que ça doit nécessairement donner
comme relations entre les hommes et les femmes. A moins bien
sûr que l'un ou l'autre n'effectue une prise de conscience et
décide de changer fondamentalement ces comportements.
Il s'agit donc à l'intérieur de ces groupes de prendre
conscience de cet état de fait, de connaître et pouvoir
reconnaître le cycle de la violence et de désapprendre les
comportements qui font de nous des victimes; la peur, l'impuissance,
la dévalorisation, la dépendance etc.
Une autre caractéristique de l'approche féministe est de
mettre sur un pied d'égalité toutes les femmes,
animatrices et femmes victimes de violence.
En ce sens si les objectifs et certains aspects des rencontres
sont structurés, le choix final revient aux femmes quand aux
thèmes à aborder. On laisse aussi beaucoup de place aux
besoins immédiats exprimés par les femmes; besoin d'écoute,
de support, etc.
L'approche favorise aussi l'utilisation de déclencheurs, c'est
à dire jeux, exercices, vidéos, enfin toute méthode
qui rend dynamique le déroulement du cheminement. Le grand
objectif en plus de ceux déjà identifiés ailleurs
est de "briser le cercle vicieux de la violence" en donnant des outils
aux femmes et en faisant de la prévention.
Exemple de thèmes abordés:
- Femme, épouse, mère, pi moi
- Chu pognée, j'étouffe
- Effets destructeurs de la violence
- Agressivité/colère
- Moyens de se protéger
- L'homme abusif; malade ou normal
- Sexualité
- etc.
-
Auberge Transition (06a) (centre de jour)
Montréal, (514) 481-0496
-
Escale pour Elle (06a) (centre de jour)
Montréal, (514) 351-3374
-
Le Prélude (06a) Laval, (514)
682-3050
-
Alternative pour Elles (08) Rouyn, (819)
797-1754
b) L'approche de relations humaines
Cette approche travaille beaucoup plus au niveau de l'individu
en tant que telle. C'est-à-dire au niveau de la connaissance
de soi, de ses besoins, de l'affirmation de ce que l'on est,
de la croissance personnelle. C'est une approche qui ne se veut
pas politique en ce sens où elle ne remet pas en question fondamentalement
les structures de notre société. Nous devons quand
même souligner que les maisons elles, restent très critique
par rapport au système, et que leur approche est souvent
teintée de l'orientation féministe.
Dans certaines maisons, le cours de relations humaines ou de croissance
personnelle s'accompagnent aussi de cours pratiques sur le budget,
l'aide sociale, l'aide juridique, vaincre ses jours, etc. Ces
cours, sessions, ateliers durent entre 8 et 15 semaines. Les
inscriptions sont limitées (10 a 15) et les mêmes femmes
participent à la démarche du début à la fin.
Certaines activités sont des cours déjà connus
depuis longtemps et donnés spécifiquement à la clientèle
des maisons d'hébergement, par le biais des commissions scolaires.
Les autres sont montés de toute pièce par les maisons.
Exemple de thèmes abordés:
- . Se connaître, se reconnaître, se nommer
- . Prendre notre place
- . Se tenir debout
- . S'aider soi-même
- . Vaincre ses peurs
- . Ouverture de soi
- . etc.
Références:
-
L'auberge de l'amitié (02) Roberval,
(418) 275-4574
-
La Citée (03) Thetford Mines, (418)
335-5551
-
Maison Fafard (03) Baie St-Paul, (418) 435-2550
-
L'Escale de l'Estrie (05) (centre de jour)
Sherbrooke, (819) 569-3611
-
Le coup d'elle (06c) St-Jean sur Richelieu,
(514) 346-1645
c) L'approche de conscientisation
En fait cette approche est utilisée en conciliation avec l'approche
féministe et il semble que les deux se complètent bien.
Un des objectifs est de faire prendre conscience aux femmes, qu'en
plus de l'oppression spécifique qu'elles subissent, il y a
aussi une oppression de classe. C'est- à-dire qu'en plus
de leurs problèmes vécus en tant que femmes, certaines
d'entrés elles vivent aussi des problèmes qui sont spécifiques
à leur position sociale.
Ce qui est très important dans cette démarche ce sont
les principes de base:
. Partir du vécu des gens
. Parler leur langage
. Respecter leur cheminement
Pas de position hiérarchique ou de relation de pouvoir éducatrices/éduquées
.
Chaque personne a du potentiel, il s'agit d'un échange
entre ces personnes . Passage (si possible) de la conscience
naïve à la conscience critique.
Bref il s'agit de rester toujours près des femmes, de
leur vécu, de leur langage, de leurs expériences et
de ne pas les amener là ou elles n'ont pas envie d'aller,
ou encore de brusquer leur rythme.
Les objectifs du suivi sont toujours les mêmes (autonomie,
solidarité, etc.) plus un, particulier celui là par
rapport aux autres approches, qui est de développer des solidarités
avec les femmes des classes populaires. Les outils utilisés
pour les rencontres sont visuels et dynamiques (voir exemple,
en annexe).
Cette approche est actuellement utilisée par une seule maison.
Les travailleuses, militantes de cette maison, ont aussi conçu
un jeu "le cycle de la violence" qui se veut une amorce de l'intervention
collective de la maison. On commence pendant l'hébergement à
mettre en commun les problèmes vécus par les femmes.
Elles se rendent ainsi compte que la violence conjugale n'est pas
un problème individuel mais de société:
Référence:
A toutes ces approches sont jumelées des activités pour
les femmes; fêtes, bricolage, détente, relaxation, etc.
Pour ne pas être trop lourdes nous avons synthétisé
au maximum.
La classification par approche a l'avantage de vous orienter vers
la source de référence qui convient à vos besoins.
Nous vous conseillons fortement de consulter les maisons concernées,
car beaucoup de travail très intéressant s'y effectue,
qu'il a été impossible de souligner ici.
Nous sommes aussi conscientes que, dans toute classification,
il y a matière à frustration. C'est pourquoi nous désirons
souligner que nous n'avons pas voulu cataloguer les maisons, car
très souvent les approches se recoupent, mais souligner ce
qui semblait prédominant dans les approches. Ceci en fonction,
bien sûr, des informations reçues.
Les difficultés soulevées sont de deux ordres,
il y a d'abord celles qui sont d'ordre technique; difficulté
de transport dans certaines régions, besoins en terme de
service de garde ou impossibilité financière de les assumer,
distances trop longues pour regrouper les femmes et le financement
de ces activités. Nous reviendrons plus tard sur cet aspect
particulier (le financement). Ensuite il y a celles soulevées
au niveau des personnes, manque d'assiduité des femmes aux
rencontres, manque de continuité, parfois manque de respect
des femmes entres elles. Dans certaines maison une vision très
différente des choses semble opposer conseil d'administration
et travailleuses, les empêchant ainsi de travailler ensemble
dans la même direction. Dans certaines maisons les difficultés
sont liées au fait qu'elles accueillent beaucoup de femmes
immigrantes, clientèle deux fois plus démunie parce que ne
parlant pas notre langue et n'étant pas au courant des coutumes
ici.
Quant aux préoccupations en rapport avec le suivi elles
sont d'ordre plus philosophiques et sociales. Le suivi dans
ses formes actuelles, atteint-il vraiment les objectifs que nous
nous sommes fixés? Y a-t-il certains risques de développer
une plus grande dépendance des femmes? Une question importante
est celles du leadership; comment faire en sorte que les femmes
se réapproprient le suivi. Dans certaines maisons ce sont
des ex-hébergées qui ont demandé le suivi, l'assume
dans une certaine mesure.
C'est cependant très loin, d'être la règle générale.
Le vocabulaire que nous utilisons est-il toujours approprié,
reste-t-il près des femmes, de ce qu'elles vivent, de ce
qu'elles veulent? Est-ce que leur rythme est bien respecté?
Voilà un certain nombre de questions sur lesquelles les maisons
ont envie de se pencher dans un futur assez proche. Être
au courant de ce qui se passe un peu partout est déjà un
grand pas de fait pour l'avancement de notre démarche en terme
de suivi. L'avenir de ce service est, cependant, encore précaire,
puisque son financement à long terme semble poser de sérieux
problèmes.
Actuellement les modes de financement du suivi sont presque
qu'aussi nombreux que le nombre de maisons d'hébergements.
Dans certaines maison, on assume le coût financier du suivi
à même le budget d'hébergement. Dans d'autres les
travailleuses ont un certain nombres d'heures qui va sur le suivi.
Ailleurs on a engagé une personne, des bénévoles
et des militantes prennent certains aspects du projet en main, ou
on a une stagiaire.
En quelques endroits le suivi est complètement à
part et on a crée des centres de jours où les activités
se déroulent (indiqué dans le document). Ces projet
vivent de Projet Canada au Travail, ou de projet régis par l'article
38 ou 1'assurance-chômage ou encore de campagnes de financement.
A certains endroits les animatrices sont payées par la commission
scolaire. Enfin, rien qui ne présage des lendemains très
sûrs.
Une chose semble certaine, c'est que dans sa politique sur la
violence faite aux femmes, le M.A.S. semble s'orienter vers un
rapatriement des services de suivi dans les C.L.S.C. ou D.S.C.
Il ne s'agit pas ici de vouloir garder un service, pour le garder,
mais il ne faut pas oublier que les services mis sur pied par
les femmes pour les femmes l'ont été parce que les services
offerts dans les boîtes n'étaient pas adéquat.
Ces grosses boîtes ont-elles tellement changées depuis,
ont-elles une approche différente, peuvent-elles encourager chez
les femmes la prise de leaderships des services qui les concernent.
Rien de moins sûr que cela, à moins que nous ne réussissions
à imposer les règles du jeu et que nous ayons un certain
contrôle sur les ententes de services.
Il semble, en tout cas, important de réaffirmer assez rapidement
les principes sur lesquels nous nous basons pour vouloir assumer
le suivi. Il est important dans ce contexte de faire connaître
ce que nous faisons en terme de suivi, de le clamer, d'informer
la population, afin d'obliger une fois de plus, le M.A.S. à
reconnaître cette partie de notre travail. Autre époque,
autre combat, mais toujours et encore la nécessité de
se battre pour faire reconnaître ce que nous sommes....
Ce travail de déblaiement entre nous, nous a permis de
constater qu'au niveau provincial beaucoup de travail c'est fait
en ce qui concerne le suivi. Travail fait en coulisse, chacune
avec ses moyens, mais travail qui a sa profondeur et qui se révèle
d'une très grande qualité à certains endroits.
Les balises sont maintenant jetées, la prochaine étape
consistera à approfondir les objectifs du suivi et a trouver
les moyens de mieux répartir le pouvoir entre travailleuses/militantes
et les ex-hébergées. Dans certaines maisons on a aussi mis
sur pied des activités de suivi pour les enfants, afin de
les aider a mieux vivre, eux aussi, leur nouvelle réalité
et aussi de faire de la prévention. Une autre maison quand
à elle, travaille à un projet d'hébergement appelé
"2e étape", qui est une espèce de transition entre la
maison d'hébergement et l'autonomie complète qui peut apparaître
aux premiers abords épeurante et donner des vertiges.
Et nous voilà la tête pleine de nouveaux profils intéressants.
Est-ce qu'une fois de plus, l'État tentera de récupérer
le travail des femmes? En ce sens, est-ce que nous nous rendons
service en subventionnant à droite et à gauche, du mieux
que nous le pouvons, ce service, plutôt que de se battre
pour que le M.A.S. le reconnaisse?
La question est lancée. L'avenir y répondra sans doute,
mais peut-être vaudrait-il mieux le prévoir nous-même,
pour le mieux-être de toutes les femmes!
Approches utilisées dans le suivi:
-
"Entre elles" Ginette Larouche (approche
féministe)
-
"Pédagogie des opprimés" Paolo Freire,
Paris Maspero, 1974 (approche de conscientisation)
Références générales
-
. "La victimisation" La Riposte des
femmes" Y.W.C.A. . "Un lit à soi" Evelyne Le Carrer, Paris
Ed. du Senil 1979 . "Les femmes et la folie" Phyllis Chesler,
Traces, Pavot 1979
-
. "L'intervention féministe, l'alternative
des femmes au sexisme en thérapie" Christine Corbeil, Ann
Pâquet-Dechy, Carole Lazure, Gisèle Legault, Ed. coop.
Albert St-Martin 1983
-
. "Le complexe de Cendrillon", Collette Dowling,
Ed. Grasset.
OBJECTIFS
Maison des femmes de Québec:
OBJECTIF GENERAL
Rejoindre les femmes victimes de violence conjugale, pour cheminer
ensemble vers un niveau de conscience plus critique par rapport à
l'oppression des femmes et par rapport à l'oppression de classe.
OBJECTIFS SPECIFIQUES
- Briser l'isolement
- Libérer la parole
- Réaliser ensemble que les sources de nos problèmes ne
sont pas exclusivement d'ordre individuel et/ou émotionnel
- Développer une solidarité entre femmes
- Développer une solidarité avec des femmes de la classe
populaire
- Poser des actions concrètes (individuelles et collectives).
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