JOURNÉE THÉMATIQUE SUR LE SUIVI AUPRES DES EX-HEBERGEES TENUE LE 25 JANVIER 1985

Regroupement provincial des maisons d'hébergement et de transition pour femmes victimes de violence conjugale (RPMHTFVVC)

Réalisé par : Madeleine Lacombe Relais-Femmes de Montréal inc. février 1985

"Le suivi... un outil nécessaire pour rompre le cycle de la violence..."

Table des matières

 

I Introduction

Le présent document se veut un outil d'information sur ce qui se vit actuellement au niveau d'un suivi dans les maisons d'hébergement. C'est une première démarche au niveau du Regroupement provincial, en ce sens il n'a pas la prétention de faire le tour de la question.

Il s'agit plutôt d'un outil descriptif nous permettant de prendre conscience du cheminement des maisons sur la question et pouvant aussi vous orienter sur des pistes, quand aux choix qui se posent en terme de suivi.

Le présent ouvrage ne fait aucune analyse et n'est absolument pas critique par rapport aux approches utilisées.  C'est, cependant, un travail que nous aurons à faire dans un futur très proche et ceci, toujours dans le but que nous poursuivons depuis les débuts du regroupement, soit celui d'assurer la qualité des services rendus aux femmes.  Nous devons aussi nous assurer que les outils que nous utilisons servent bien les objectifs que nous nous sommes fixés.

L'information qui se trouve dans ce document se veut une synthèse de ce qui se fait.  Pour chaque approche décrite, nous vous référons donc à une ou des maisons qui ont davantage expérimenté les outils décrits.

Nous souhaitons que ce document ne soit qu'une première étape, au niveau du regroupement, dans notre recherche d'outils  pour enfin en finir avec le cycle. Toujours recommencé, de la violence faite aux femmes....

II  La nécessité d'un suivi

Il  n'est pas bien long  quand on parle de suivi,   pour faire le consensus sur  sa nécessité. L'expérience des maisons  est  claire là-dessus; les femmes  n'ont absolument pas  tout résolu après un passage  en maison d'hébergement.    A leur départ, elles se retrouvent seules  face à leur vécu, isolées,   démunies, parce que souvent mal préparées  à assumer  les nouveaux rôles qui  leur  échouent.     Elles vivent souvent un sentiment d'échec par  rapport aux  choix que leur  proposait  la société.

Devant les  pressions  sociales,   le manque de ressources  et de soutien de la part du milieu on assiste souvent à l'abandon de  toutes démarches  ou procédures  de la part des   femmes  et  au retour  en milieu  conjugal. Cette situation de fait,   contribue souvent à venir  doubler le  sentiment d'échec  et  d'impuissance déjà vécu par  les  femmes.

Dans  ce contexte,   la femme ne semble venir   trouver  dans cette expérience que la confirmation qu'elle n'est pas "bien bonne" et justifie ainsi  les  préjugés  qui veulent qu'une femme qui  subit  de la violence conjugale, "aime ça"!

Cette  constatation a  amené beaucoup  de maisons  à assumer très vite une forme de suivi.     Ainsi,   qui souvent  se faisait au détriment  des  travailleuses militantes   et bénévoles des maisons,   car  il  se présentait alors  comme un surcroît de  travail. Surcroît  de  travail  parce que non reconnu  et donc non-subventionné  par  le ministère des  affaires sociales.

C'est pour  pallier  cette situation que  certaines maisons tentent actuellement  de faire du  suivi  un  "programme"  à part,   nécessitant des ressources  spécifiques   et un budget de fonctionnement autonome et distinct  de l'hébergement.

Enfin il  est  important  de noter que  toutes  les maisons assurent plus  ou moins  une forme de suivi  dans  le sens où les  ex-hébergées peuvent   toujours  se référer  a  elles   en cas  de besoin de renseignement,   de références,   ou de support émotif. Toutes  semblent  aussi  vouloir  s'orienter, à plus  ou moins  long   terme,   sur  une  forme de suivi  plus  structuré et plus  ponctuel.

III Les objectifs de base

La mise  en  commun de l'expérience des maisons   en  ce qui a trait au suivi,   démontre que,   quelque soit l'approche favorisée ou les moyens  utilisées, certains objectifs  de base sous-tendent toute cette pratique.

Selon les  approches,   on ajoute des objectifs,   on affine le discours on varie ou approfondi les moyens  utilisés, mais  les  fils  conducteurs de la démarche sont:

  • Supporter  une  démarche d'autonomie
  • Briser  l'isolement
  • Partager  un vécu
  • Développer  la  solidarité
  • Sortir  du privé,   des  problèmes  sociaux

a)   Supporter une démarche d'autonomie

Nous  l'avons  souligné  auparavant,   laissées à  elles seules,   sans moyens concrets  pour  s'en sortir,   les  femmes  vont souvent  retourner  à la vie conjugale.     L'autre possibilité est qu'elles retournent  dans  leur   famille où  chacun(e)   voudra la conseiller,   l'aider,   la placer  dans  un nouveau rapport  de dépendance.     Cette situation peut  devenir  aussi néfaste pour  la  femme que de retourner  avec un mari violent.     La  femme a donc besoin d'un support extérieur  à  son milieu d'appartenance. Un support qui  sera aussi  en continuité  avec le  travail  entrepris à la maison d'hébergement.

Il  semble important de supporter  cette démarche d'autonomie, autant dans  le quotidien,   le  terre à terre   (recherche de logement,   travail, nourriture,   etc.) que dans  une démarche à plus  long   terme,   plus  en profondeur   (connaissance de soi,   confiance en  soi, etc.)-

b)   Briser  l'isolement

La vie sociale  est  ainsi organisée,   que la plus  part des femmes  se retrouvent  très  isolées  les  unes des  autres. Elles  se sentent  seules dans  leur démarche,   se  croient  seules à vivre ces situations.     Elles sont ainsi  très  sujettes à rejeter   tout  ce problème sur  elles  comme individues. Le  fait  de rencontrer  d'autres  familles hébergées  et ex-hébergées  leur  permet de prendre conscience qu'elles sont  loin d'être seules  et que leur vécu  est partagé par bon nombre de femmes.

c)   Partager un vécu

L'avantage pour  ces  femmes  de partager  leur vécu, est  entre autre,   de découvrir  qu'elles ont  des ressources  à l'intérieur d'elles,   que certaines ont  trouvé  des  solutions  à leurs problèmes.     Elles  peuvent ainsi prendre conscience de leurs possibilités  comme  femme et pousser plus  loin leur démarche d'autonomie.

d)      Développer la solidarité

Il est important que toutes les femmes réalisent que, si l'on peut faire un grand bout de chemin toute seule, certaines choses ne pourront jamais changer si nous ne nous mettons pas toutes ensembles pour  les  changer.     Cette solidarité s'apprend aussi bien dans des gestes  quotidiens,   que dans des  actions ou des  luttes  collectives. A la maison ou après   elles  l'apprennent  par  l'entraide, le support entre elles.

e)   Sortir  du privé  des  problèmes sociaux

Enfin,   ce partage du vécu leur  permet  de réaliser  qu'elles ont beaucoup  de choses   en commun, que les  femmes  en général ont  aussi beaucoup de chose  en  commun.     Il   est  important  de leur  faire réaliser  que si tant  de  femmes  vivent  le même problème   (1/10  femmes  pour  les  femmes battues),   de la même façon,   ça  ne peut  être à  cause des individus seulement.     Il   est  important qu'elles  prennent  conscience que certains comportements  de victimes  sont  appris   très  jeunes aux petites  filles et  certains  autres  comportements  d'agresseurs renforcis très  jeunes aussi  chez  les hommes.     Si  c'est la société  qui   forme ces  individus, il y a  donc quelque part un  "problème qui  est  social".

IV Les différentes formes de suivi

Le suivi individuel

Chaque maison a sa  forme de  suivi,   généralement le suivi va  se faire sur  demande de la  femme,   au  fur  et à mesure des besoins   exprimés, en  tenant  compte de la  disponibilité des   travailleuses ou des bénévoles.

Cependant  certaines maisons   sont beaucoup plus structurées au niveau du  suivi  individuel.     Dans certains  cas  une femme est spécifiquement engagée pour  assurer  le suivi  individuel auprès  des ex-hébergées.     L'éventail  des  services rendus  peut aller  des  rencontres  individuelles  chaque semaine, à l'accompagnement dans  les  démarches tant  au niveau juridique, social,  médical,   que dans  la recherche d'un  logement,   vestiaires de vêtements, inscription  des  enfants  à l'école  etc.

Certaines maisons  ont  crée des   comités d'entraide ou d'échange de services  entre les ex-hébergées.     Enfin ces maisons  s'entendent  sur la nécessité  de répondre aux besoins  ponctuels des  femmes,   autant que de les amener  dans une démarche de groupe.

Voici  la  liste de quelques maisons ou le  suivi  individuel nous apparaît plus structuré:

  • L'auberge de l'amitié     (02) Roberval, (418) 275-4574
  • Centre féminin  du  Saguenay     (02) Chicoutimi, (418)   549-4343
  • La   Citée     (03) Thetford Mines,   (418) 335-5551
  • La  clé  sur  la porte     (06c) (ex-résidente employée pour  le suivi) St-Hyacinthe (514)   774-1843
  • Centre Mechtilde     (07) (ex-résidente employée pour  le suivi) Hull,   (819)   777-2952
  • La Rose des vents     (04) Drummondville,   (819) 472-5444

Le suivi de groupe

Dans  le suivi  de groupes  différentes  approches  sont utilisées. De plus,   certains  groupes  fonctionnent de façon  structuré, c'est à dire qu'il y a une méthode de  travail  déterminée, une durée précise,   un nombre limité de femmes   et que le groupe est  fermé une fois  la  démarche amorcée.

D'autres,   sont  ce qu'on peut  appeler  des  groupes plus informels c'est à dire qu'il peut y  avoir régulièrement des rencontres, mais  que celles-ci sont  facultatives,   non  arrêtées  dans le  temps, et que les  activités  sont

très variées;   ça part  des  épluchettes de blé d'inde,  brunch,   party,   à des  rencontres d'informations, ou des  ateliers,   sur  la  sexualité, la santé,   etc. Les  femmes peuvent y venir  selon leur  intérêt au bon vouloir.

Afin de mieux cerner  le  travail  qui  se fait  en groupe nous  l'avons donc divisé   en:

  • groupes informels
  • groupes structurés:
  • ayant une approche féministe
  • ayant une approche de relation humaine
  • ayant une approche de conscientisation

1) Les groupes informels

Bien que moins structurés ces rencontres de groupes ont quand même des objectifs très précis.  En plus de ceux déjà identifiés comme objectifs de base à toutes les maisons, certaines ajoutent:

  • Informer les femmes sur leur droit
  • Effectuer un sevrage lent
  • Les aider à bien vivre leur réalité
  • Améliorer la qualité de vie
  • Développer  l'estime de soi
  • Répondre aux besoins  des  femmes

La  forme de ces  rencontres  peut varier,   on retrouve par exemple, la formule café-rencontres,   ateliers  sur des   thèmes précis,   soirées d'informations, divertissements.     Certaines maisons  ont  acquis  la conviction qu'il  est  important de "montrer en  s'amusant". Il  est important pour  les   femmes  de pouvoir  aussi "se sortir  de leur vécu", de prendre du recul,   de dédramatiser. Les  rencontres  ne sont pas planifiées  à l'intérieur d'un cadre précis,  on y va plus  selon  ces besoins  qui  se présentent, au  fur  et  à mesure.

Certaines maisons orientent  leurs  activités   en fonction de l'approche féministe  (voir  définition plus  loin).     On peut  aussi  à l'occasion utiliser  ce qu'on appelle des  déclencheurs; vidéo,   texte, jeux,  mise en situation  etc.,   afin de créer un climat propice à l'échange et de mieux  évoquer  le thème à aborder.

Références:

  • La Gigogne  (01) Matane (418) 562-3377
  • Centre  féminin  du  Saguenay     (02) Chicoutimi (418)   543-4343
  • Havre des  femmes     (03) (approche  féministe) Roberval   (418)   275-4574
  • Le toit de l'amitié  (04) La Tuque (819) 523-7829
  • Secours  aux  femmes Montréal   (514) 727-6871
  • La clé sur la porte     (06c) St-Hyacinthe (514) 774-1843

2)  Les groupes structurés

De  façon générale,   quelque soit  l'approche utilisée, ces  rencontres de groupes ont  lieu  sur  une période pouvant varier  de  5  à  15  semaines. On appelle  parfois   ces  rencontres; ateliers,   cours, sessions.     Le nombre de femmes  est,   en moyenne, de dix et ce sont les même femmes qui poursuivent  la démarche, du début  à la  fin.     Dans certains  cas  on va établir avec  les  participantes entre elles   et  l'animatrice une  espèce de contrat, définissant  les  attentes  et  le  cadre des rencontres.

Certaines maisons font précéder les rencontres de groupes, d'entrevues individuelles, préparant les femmes à la démarche qu'elles vont entreprendre.

a)  L'approche féministe

La  caractéristique principale de l'approche féministe, en matière de violence faite aux femmes,   est  d'expliquer  cette dernière non pas  en rapport avec  les  individues,   mais bien comme un problème social.     Ce qui  signifie par  exemple que beaucoup  de femmes  se retrouvent dans la position de victime dans une relation de violence non pas  à cause de caractéristiques innées,   ou de  traits  de caractères personnels, mais  à cause surtout  du  fait que,   depuis  leur  enfance on leur  a appris ce rôle.

On apprend aux petites  filles  à être sage, à obéir, à ne pas  se rebeller,   ne pas  se défendre,   ne pas s'aimer mais  se donner  pour  les autres. On leur  enseigne aussi  la  dépendance, l'effacement  et  la négation comme les  plus  belles qualités féminines.     Il  est  facile pour  chacune de faire le pendant de  ce que l'on apprend  aux hommes et  de,   très  vite, tracer  le tableau de ce que ça  doit  nécessairement  donner comme relations entre les hommes  et  les  femmes.     A moins bien sûr  que l'un ou  l'autre n'effectue une prise de conscience et décide de changer  fondamentalement  ces comportements.

Il  s'agit  donc  à l'intérieur  de ces  groupes  de prendre conscience de cet état  de fait,   de connaître  et pouvoir reconnaître le cycle de la violence  et  de désapprendre les comportements  qui  font de nous  des victimes;   la peur,   l'impuissance, la dévalorisation,   la dépendance  etc.

Une autre caractéristique de l'approche féministe est  de mettre sur un pied d'égalité   toutes  les femmes, animatrices   et  femmes  victimes  de violence.

En ce sens  si  les  objectifs  et  certains  aspects  des rencontres sont structurés,   le choix  final revient aux femmes  quand  aux thèmes  à aborder.     On laisse aussi beaucoup de place aux besoins  immédiats exprimés  par  les  femmes;   besoin d'écoute, de support,   etc.

L'approche  favorise aussi  l'utilisation de déclencheurs,   c'est à dire jeux,   exercices, vidéos,   enfin  toute méthode qui  rend  dynamique le déroulement  du cheminement.     Le grand objectif  en plus  de ceux déjà identifiés  ailleurs est  de "briser  le cercle vicieux de la violence" en donnant  des outils aux femmes   et  en faisant  de la prévention.

Exemple de  thèmes  abordés:
  • Femme,   épouse,  mère,   pi moi
  • Chu pognée,   j'étouffe
  •  Effets  destructeurs  de la violence
  •  Agressivité/colère
  • Moyens  de se protéger
  • L'homme abusif;  malade ou normal
  • Sexualité
  • etc.

 

Références:

  • Auberge Transition     (06a)   (centre de jour) Montréal,   (514)  481-0496
  • Escale pour  Elle     (06a)  (centre de jour) Montréal,      (514)   351-3374
  • Le Prélude     (06a) Laval,      (514) 682-3050
  • Alternative pour  Elles     (08) Rouyn,   (819) 797-1754

b)  L'approche de relations humaines

Cette approche  travaille beaucoup  plus  au niveau  de l'individu en tant  que  telle.     C'est-à-dire au niveau de la  connaissance de soi,   de ses  besoins,   de l'affirmation de ce que l'on  est, de la  croissance personnelle.     C'est une approche qui  ne se veut pas  politique  en ce sens  où elle ne remet pas  en question fondamentalement les  structures de notre société.     Nous  devons  quand même souligner  que les maisons elles,   restent   très  critique par  rapport  au système,   et que leur approche  est souvent teintée de l'orientation  féministe.

Dans  certaines maisons,   le cours  de relations humaines ou de croissance personnelle s'accompagnent aussi  de  cours pratiques  sur  le budget, l'aide sociale,   l'aide juridique, vaincre ses jours,   etc.     Ces cours, sessions,   ateliers durent  entre 8  et 15  semaines.     Les inscriptions sont limitées   (10 a  15)   et les mêmes  femmes participent  à la démarche du début  à la fin.

Certaines  activités  sont  des  cours déjà connus depuis  longtemps  et donnés  spécifiquement à  la  clientèle des maisons  d'hébergement,   par le biais  des  commissions  scolaires. Les  autres  sont montés  de  toute pièce par  les maisons.

Exemple de thèmes  abordés:

  • .            Se connaître,   se reconnaître,   se nommer
  • .            Prendre notre place
  • .            Se  tenir  debout
  • .            S'aider  soi-même
  • .            Vaincre ses  peurs
  • .            Ouverture de soi
  • .            etc.

Références:

  • L'auberge de l'amitié     (02) Roberval, (418) 275-4574
  • La Citée     (03) Thetford Mines, (418) 335-5551
  • Maison Fafard  (03) Baie St-Paul, (418) 435-2550
  • L'Escale de  l'Estrie     (05)  (centre de jour) Sherbrooke,   (819)   569-3611
  • Le coup  d'elle (06c) St-Jean sur  Richelieu, (514)   346-1645

c)  L'approche de conscientisation

En fait  cette approche  est utilisée  en conciliation avec  l'approche féministe  et il  semble que les  deux  se complètent bien. Un des objectifs  est  de  faire prendre conscience aux  femmes,   qu'en plus  de l'oppression spécifique qu'elles  subissent,   il  y a aussi  une oppression de classe.     C'est- à-dire qu'en plus de leurs  problèmes  vécus  en tant  que  femmes, certaines d'entrés   elles vivent  aussi  des problèmes qui  sont  spécifiques à  leur position sociale.

Ce qui  est  très  important  dans  cette démarche ce sont les  principes  de base:

  • .   Partir  du vécu  des  gens
  • .  Parler  leur  langage
  • .  Respecter  leur  cheminement
  • Pas  de position  hiérarchique ou  de relation de pouvoir  éducatrices/éduquées . 
  •   Chaque personne a  du potentiel,   il s'agit d'un  échange entre ces personnes .   Passage   (si  possible)   de la conscience naïve à  la conscience critique.
  • Bref  il  s'agit  de rester   toujours près  des femmes,   de leur vécu,   de leur  langage,   de leurs expériences  et de ne pas  les  amener  là ou  elles n'ont pas   envie d'aller, ou  encore de brusquer  leur rythme.

    Les  objectifs  du suivi  sont  toujours  les mêmes (autonomie, solidarité, etc.)   plus  un,   particulier celui  là par rapport  aux autres  approches, qui   est  de développer des  solidarités avec  les  femmes  des classes  populaires.     Les outils utilisés pour  les rencontres  sont visuels  et dynamiques   (voir  exemple, en annexe).

    Cette approche est  actuellement utilisée par  une seule maison. Les travailleuses,  militantes  de cette maison, ont  aussi  conçu un jeu "le cycle de la violence"  qui  se veut une amorce de l'intervention collective de  la maison. On  commence pendant  l'hébergement à mettre en commun  les  problèmes  vécus  par  les   femmes. Elles   se rendent  ainsi compte que  la violence conjugale n'est pas un problème individuel mais de société:

    Référence:

    • Maison  des   femmes  de Québec     (03) Québec,   (418)   692-4315

    A toutes  ces  approches  sont jumelées  des activités  pour les  femmes; fêtes,   bricolage, détente,  relaxation,   etc. Pour  ne pas  être trop lourdes nous  avons  synthétisé au maximum.

    La classification par  approche a l'avantage de vous orienter vers la source de référence qui  convient à vos besoins. Nous vous  conseillons fortement de consulter  les maisons  concernées, car beaucoup  de travail très intéressant  s'y  effectue, qu'il  a été impossible de souligner  ici.

    Nous  sommes  aussi conscientes que,   dans  toute classification, il y a matière à  frustration. C'est pourquoi  nous  désirons souligner  que nous n'avons  pas voulu cataloguer  les maisons,   car très souvent les approches  se recoupent,   mais  souligner  ce qui semblait prédominant dans  les  approches.     Ceci  en fonction, bien sûr,   des  informations  reçues.

    V      Les difficultés et préoccupations

    Les  difficultés  soulevées  sont de deux ordres, il y   a d'abord  celles qui sont d'ordre  technique; difficulté de  transport  dans  certaines  régions, besoins  en  terme  de service de garde ou  impossibilité financière de les  assumer, distances  trop  longues pour  regrouper  les  femmes  et le financement de ces activités.     Nous reviendrons  plus   tard  sur  cet aspect particulier   (le  financement).     Ensuite il  y a celles  soulevées au niveau des  personnes,  manque d'assiduité  des  femmes  aux rencontres,  manque de continuité,   parfois manque  de respect des  femmes entres  elles.     Dans  certaines maison une vision  très différente des  choses  semble opposer  conseil d'administration et  travailleuses,   les  empêchant ainsi de  travailler   ensemble dans  la même direction.     Dans certaines maisons  les  difficultés sont liées  au fait  qu'elles  accueillent beaucoup  de femmes immigrantes, clientèle deux fois plus  démunie parce que ne parlant pas  notre langue  et  n'étant pas  au  courant  des coutumes ici.

    Quant aux préoccupations en rapport avec  le suivi   elles sont  d'ordre plus  philosophiques  et sociales.     Le suivi  dans ses  formes  actuelles, atteint-il vraiment les objectifs  que nous nous sommes fixés?    Y a-t-il  certains  risques  de développer une plus  grande dépendance des  femmes?     Une question importante est  celles  du  leadership;   comment  faire  en sorte que les  femmes se réapproprient  le suivi.     Dans certaines maisons  ce sont des ex-hébergées  qui ont demandé  le suivi,   l'assume dans  une certaine mesure.

    C'est cependant  très  loin,   d'être la règle générale. Le vocabulaire que nous  utilisons est-il   toujours  approprié, reste-t-il près  des femmes,   de ce qu'elles  vivent,   de ce qu'elles  veulent? Est-ce que leur  rythme  est bien respecté?

    Voilà  un certain nombre de questions  sur  lesquelles les maisons ont envie de se pencher  dans  un futur  assez proche.     Être au courant  de ce qui se passe un peu partout  est déjà  un grand pas  de fait pour l'avancement de notre démarche  en  terme de suivi. L'avenir  de ce service est,   cependant, encore précaire, puisque  son  financement  à  long   terme semble poser   de  sérieux problèmes.

    VI Le financement

    Actuellement  les modes  de  financement  du  suivi   sont presque qu'aussi nombreux  que le nombre de maisons d'hébergements. Dans  certaines maison, on assume le coût  financier  du suivi à même le budget d'hébergement.     Dans d'autres  les travailleuses  ont un certain nombres  d'heures  qui va  sur  le suivi. Ailleurs on a  engagé une personne,   des  bénévoles et des militantes prennent  certains  aspects  du projet  en main, ou on  a une stagiaire.

    En quelques   endroits   le  suivi   est  complètement à part  et on  a  crée des  centres  de jours  où les  activités se déroulent   (indiqué  dans  le document).     Ces  projet vivent  de Projet Canada au Travail, ou de projet régis par  l'article 38  ou 1'assurance-chômage ou  encore de campagnes  de financement. A certains   endroits les  animatrices  sont payées  par  la commission scolaire.     Enfin,   rien qui ne présage des  lendemains   très sûrs.

    Une chose  semble certaine,   c'est  que dans  sa  politique sur  la violence faite aux femmes,   le M.A.S.   semble s'orienter vers  un rapatriement des services  de  suivi  dans les  C.L.S.C.   ou D.S.C. Il  ne s'agit pas  ici  de vouloir garder  un service,   pour  le garder, mais  il  ne  faut  pas oublier que les services mis  sur  pied  par les  femmes pour les  femmes  l'ont été parce que les  services offerts dans  les boîtes n'étaient pas  adéquat. Ces grosses boîtes ont-elles  tellement changées  depuis, ont-elles une approche différente, peuvent-elles encourager  chez les   femmes  la prise de leaderships  des services  qui  les  concernent. Rien de moins  sûr  que cela,   à moins  que nous ne réussissions à imposer  les  règles  du jeu  et que nous  ayons  un certain contrôle sur  les   ententes  de services.

    Il  semble,   en  tout cas,   important de réaffirmer assez rapidement les principes  sur  lesquels  nous nous basons pour vouloir  assumer le suivi.     Il est  important dans  ce contexte de faire connaître ce que nous  faisons  en  terme de suivi,   de le clamer,   d'informer la population,   afin d'obliger  une fois de plus,   le M.A.S.   à reconnaître cette partie de notre  travail.     Autre époque, autre combat,  mais   toujours  et  encore la nécessité  de se battre pour   faire reconnaître ce que nous  sommes....

    VII Conclusions

    Ce  travail  de déblaiement  entre nous,   nous  a permis  de constater qu'au  niveau provincial beaucoup  de travail  c'est  fait en  ce qui  concerne le suivi.     Travail fait  en coulisse,   chacune avec  ses moyens,  mais  travail qui  a  sa profondeur  et qui  se révèle d'une très  grande qualité  à certains  endroits.

    Les balises  sont maintenant jetées,   la prochaine étape consistera à approfondir  les  objectifs  du suivi   et a  trouver les moyens  de mieux répartir  le pouvoir   entre  travailleuses/militantes et les ex-hébergées. Dans  certaines maisons on a aussi mis sur  pied  des  activités  de suivi pour  les  enfants, afin de les  aider  a mieux vivre,   eux aussi,   leur  nouvelle réalité et  aussi  de  faire de la prévention.     Une autre maison quand à elle, travaille à un projet  d'hébergement  appelé "2e étape",   qui  est une espèce de  transition  entre la maison d'hébergement  et  l'autonomie complète qui peut  apparaître aux premiers  abords  épeurante  et donner  des vertiges.

    Et nous voilà  la  tête pleine de nouveaux profils intéressants. Est-ce qu'une fois  de plus, l'État  tentera de récupérer le  travail  des femmes? En ce sens,   est-ce que nous  nous  rendons service  en subventionnant  à droite  et  à gauche,   du mieux que nous   le pouvons,   ce service,   plutôt que de se battre pour  que le M.A.S.   le reconnaisse?

    La question  est lancée.     L'avenir  y répondra sans  doute, mais peut-être vaudrait-il mieux le prévoir  nous-même, pour  le mieux-être de toutes  les femmes!

    VIII Références bibliographiques

    Approches utilisées dans le suivi:

    • "Entre  elles"    Ginette Larouche       (approche féministe)
    • "Pédagogie des opprimés"    Paolo  Freire, Paris  Maspero,     1974 (approche de conscientisation)
    Références  générales
    • .   "La victimisation"     La  Riposte  des femmes" Y.W.C.A. .   "Un lit  à  soi"    Evelyne Le Carrer, Paris Ed.   du  Senil  1979 .   "Les  femmes   et  la  folie" Phyllis  Chesler, Traces,   Pavot  1979
    • .   "L'intervention féministe,     l'alternative des femmes  au sexisme  en  thérapie" Christine Corbeil,   Ann Pâquet-Dechy,   Carole Lazure,   Gisèle Legault, Ed. coop. Albert  St-Martin 1983
    • .   "Le complexe de Cendrillon",   Collette Dowling, Ed. Grasset.

    IX   Annexe

    OBJECTIFS

    Maison des femmes de Québec:

    OBJECTIF GENERAL

    Rejoindre les femmes victimes de violence conjugale, pour cheminer ensemble vers un niveau de conscience plus critique par rapport à l'oppression des femmes et par rapport à l'oppression de classe.

    OBJECTIFS SPECIFIQUES
    • Briser l'isolement
    • Libérer la parole
    • Réaliser ensemble que les sources de nos problèmes ne sont pas exclusivement d'ordre individuel et/ou émotionnel
    • Développer une solidarité entre femmes
    • Développer une solidarité avec des femmes de la classe populaire
    • Poser des actions concrètes (individuelles et collectives).