PORTRAIT SOCIOECONOMIQUE DES QUEBECOISES ET DES CANADIENNES

PRÉPARÉ PAR:
ANNEMARIE GINGRAS
ET HELENE SARRASIN

MARS 1987


La Fédération des femmes du Québec profite du 8 mars pour rappeler quelques statistiques sur les femmes au Québec et au Canada.

Ces chiffres démontrent la pertinence des revendications que nous avons mises de l'avant depuis 21 ans, que ce soit au niveau du travail des femmes ou de la vie familiale. Si l'on ne peut nier les gains des femmes dans certains sec teurs, il faut reconnaître qu'en 1987, il y a encore de nom breuses luttes à faire.

Il nous apparaît important de souligner que si les statisti ques qui suivent indiquent que les femmes se sont taillé une plus grande place sur le marché du travail, elles n'en de meurent pas moins toujours reléguées dans des ghettos d'em ploi. Si elles ont amélioré leur niveau de scolarité, les écarts demeurent au niveau des revenus. Si, enfin, elles ont moins d'enfants, elles en sont maintenant plus souvent les seules responsables.

Conclusion: L'avenir économique des femmes apparaît plus gris que rose.

Nous avons choisi de vous présenter le portrait socioécono mique des Québécoises et des Canadiennes sans en analyser les données; comme vous le constaterez, ces chiffres parlent d'euxmêmes. C'est votre cadeau du 8 mars; qu'il paisse vous servir toute l'année!

Ginette Busqué Présidente



1.  TRAVAIL

Taux d'activité

L'augmentation du nombre de femmes sur le marché du travail constitue une donnée fondamentale qui permet d'expliquer nombre de changements dans leur vie.

Au Canada

En décembre 1986, le taux d'activité des Canadiennes était de 55,1% comparativement à 35,5 en 1966 et 44,4% en 1976. Ces statistiques prennent leur véritable sens lorsqu'on tient compte des catégories d'âge et des responsabilités familiales. (Statistiques chronologi ques sur la population active. Chiffres réels, facteurs saisonniers et données désaisonnalisées. 1986, catalogue 71201 Statistique Canada).

En 1971, 45% de la population féminine âgée de 25 à 44 ans années les plus fécondes faisait partie de la population active; en décem bre 1986, le pourcentage était de 73,1%. (La population active. Catalogue 71001 de Statistique Canada, décembre 1986 et Les femmes dans le monde du travail. Statistique Canada, 1984).. Selon les dernières statistiques disponibles, le taux d'activité des femmes cheffes de famille ou conjointes de moins de 55 ans est de 75%. 84,8% des femmes seules de 15 à 54 ans sont également sur le marché du travail. (La population active ...).

Les changements survenus dans la famille prennent une couleur parti culière lorsqu'on examine le taux d'activité des femmes parallèlement à l'âge de leurs enfants. Aujourd'hui, 55,9% des femmes ayant des enfants de moins de 3 ans et 58,4% de celles ayant des enfants d'âge préscolaire font partie de la population active. Il en est de même pour 68,3% des mères d'enfants de 6 à 15 ans et pour 62,1% de celles d'enfants de 3 à 5 ans (sans autre enfant plus jeune). (La population active ...). Ces chiffres indiquent clairement que la majorité des mères avec des enfants de tous les âges sont sur le marché du travail.


La forte participation des femmes à ce marché n'a pas entraîné une diver sification des emplois occupés. Ainsi, 77% des femmes actives restent concentrées dans seulement 5 groupes professionnels: le travail admi nistratif, les services, le commerce, la médecine, la santé et l'en seignement. En 1983, une femme sur trois occupait un poste de catégorie du travail administratif, comparativement à un homme sur seize (Portrait statistique des femmes au Canada).

Au Québec

Entre 1982 et 1986, le taux des femmes dans la population active est passé de 39,7% à 49,9% (Les femmes dans la population active, édition 198586 et La population active).

Depuis 1951, la concentration féminine s'est fortement accentuée dans le secteur tertiaire, passant de 66% à 84,8% en 1986. (Jeannine McNeil, L'éga lité des sexes sur le marché du travail ...1986 et La population active ...

Travail à temps partiel Au Canada

Les femmes constituent 71% de la population active employée à temps partiel Si leur taux d'activité n'a pas cessé d'augmenter, la répartition entre temps plein et temps partiel est demeurée sensiblement la même. Les tra vailleuses à temps partiel comptent pour 27% de toutes celles qui font partie de la population active quant aux hommes, il ne s'agit que de 9% et 12% de l'ensemble de la population active. (La population active.

Selon les plus récentes statistiques, 22% des Canadiennes qui occupent un emploi à temps partiel auraient préféré un emploi à temps plein ainsi que le salaire qui l'accompagne. On observe une concentration de personnes obligées d'accepter un emploi à temps partiel chez les femmes âgées de 25 à 54 ans et chez les jeunes de 15 à 24 ans. Ce phénomène du temps partiel involontaire va croissant au Canada; ces emplois ne représentaient que 11% de tous les emplois à temps partiel en 1975; 10 ans plus tard, ils cons tituent 29%. L'impact de ce phénomène sur les femmes se comprend faci lement quand on sait que près de 9 travailleureuses sur 10 obligées d'accepter un emploi à temps partiel se trouvent dans les industries de service (Ernest Akyeampong. "Personnes travaillant à temps partiel invo lontairement au Canada 19751985").

Contrairement à ce qu'en croit l'opinion publique, les femmes en âge d'avoir des enfants sont celles qui ont un pourcentage d'emploi à temps partiel le plus bas: 22%. (La population active ...).

Au Québec

29% des travailleuses actuellement à temps partiel auraient préféré un emploi à temps plein, ce qui est plus élevé que la moyenne canadienne. Comme ailleurs au pays, les femmes constituent 70% de la population ac tive à temps partiel (La population active...).

C'est au Québec et en ColombieBritannique que le phénomène du temps partiel non choisi est proportionnellement le plus grave (Ernest Akyeampong...)

Les femmes dans la fonction publique québécoise

La répartition des effectifs réguliers assujettis et non assujettis à la loi sur la fonction publique au 31 mars 1986 démontre que les femmes occu pent 8% des emplois supérieurs, 58,7% des emplois de fonctionnaires, 13,5% des emplois de gérance intermédiaire et constituent 20% des professionnelles

Un examen détaillé de quelques ministères et organismes fait encore davantage comprendre la situation qu'occupent les femmes dans la fonction publique québécoise:

Ministère ou organismes    Emplois supérieurs  Personnel de bureau

(ycompris haute direction)

Affaires municipales             7,8             81,9

Agriculture                                        1,8 76,3

Assemblée nationale                      9,7 76,6

Commission d'accès à l'information  33,3% 88,9

"  d'appel en matière                                                 0   100 de lésions professionnelles

Commission de la fonction publique   0              81,8

"  de la protection de la 0                                                    100 langue française

Commission de protection du terri   0              88,9 toire agricole

Commission des Affaires sociales    20              93,7

Communautés culturelles et immi    21,4 88,6 gration

Conseil de la langue française      0       100

Conseil du statut de la femme                           100 96,1

Conseil du Trésor                                                     4,3 89,6

Conseil exécutif 11,3                                           87,6

Éducation 6,7                                                    87,8

Finances                                                         2,0 75,2

Inspecteur général des institutions  0 79,7 financières

Office des services de garde à     80 86,4 l'enfance

Régie des rentes du Québec        10,3 61,7

Santé et Services sociaux         10,5          87,3

Société d'habitation du Québec 0               80,7

Sources: Gouvernement du Québec. Présence des femmes et des hommes dans la fonction publique du Québec. Volume 8 (1986).


2.    REVENUS

Il faut ici tout de suite faire état de plusieurs tendances en ce qui concerne les revenus des femmes. Depuis quelques années, on constate une progression de la part du revenu total revenant aux femmes, et les gains de ces dernières augmentent plus vite que ceux des hommes. Ceci dit, un nombre croissant de femmes vivent sans le soutien d'un conjoint, et cela colore de façon très par ticulière leur situation économique.

Selon Statistique Canada, les femmes qui ont travaillé toute l'année en 1985 (derniers chiffres disponibles) ont gagné, en moyenne, 65 cents pour chaque dollar gagné par leurs homologues masculins. (18,736$ contre 28,848$) (Répartition du revenu au Canada selon la taille du revenu 1985. Catalogue 13207 Statistique Canada).

La méthode de calcul utilisée par Statistique Canada est toutefois contestable. Selon l'économiste Kathleen A. Lahey, il s'agit là d'une des plus importantes distorsions de la pensée économique. L'affirmation selon laquelle le salaire des femmes équivaut à 60% de celui des hommes n'est vrai que des femmes qui sont considérées comme des travailleuses à temps plein et à longueur d'année. A son avis sont exclues les femmes travaillant à temps partiel, ou moins de 50 semaines par année, ou encore celles qui passent par des cycles intermittents de chômage.

Mme Lahey préfère donc utiliser une autre méthode pour calculer le niveau réel des gains des femmes. Elle examine les statistiques de l'impôt fédéral sur le revenu, qui sont établies à partir d'échan tillons représentatifs puisés dans les déclarations de revenus des contribuables et les analyse par classe d'âge. Pour l'année d'impo sition 1983, les statistiques fiscales dévoilées en 1985 laissent voir que le seul moment où le revenu des femmes est effectivement équivalent à 60% ou plus de celui de leur pendant masculin est soit avant 25 ans, soit après 65 ans. Et plus les femmes s'éloignent de l'âge de 25 ans, plus leur revenu est faible en proportion de celui des

hommes de la même tranche d'âge. (Kathleen A. Lahey. "La place des femmes dans l'économie canadienne". Colloque national sur les femmes et l'économie 1718 mars 1986).

Revenus féminins, en pourcentage des revenus masculins, par tranche d'âge


Lorsqu'on considère le revenu moyen des individus actifs sur le marché du travail durant plus de 49 semaines en 1985, l'écart sala rial hommesfemmes s'avère assez important: 29,869$ pour les pre miers, 18,341$ pour les secondes. (Un revenu peut comprendre da vantage qu'un salaire). (Répartition du revenu ..., tableau 58).

Comme prévu, les femmes ne sont pas nombreuses dans les groupes à revenu élevé. 9,6% des femmes sur le marché du travail gagnent 30,000$ ou plus, contre 34,8% des hommes. (Répartition du revenu ..., tableau 57).

Lorsqu'on examine les statistiques pour l'ensemble des Canadiennes cependant, le revenu moyen des hommes est de 22,689$ et celui des femmes 12,378$. (Répartition du revenu ..., tableau 54).

Chez les hommes chefs de famille, 54,9% a gagné plus de 30,000$ en 1985, et 23% plus de 60,000$. En comparaison, 14% des femmes cheffes de famille a gagné plus de 30,000$ et 3% plus de 60,000$. Le revenu moyen des premiers a été de 36,629$ et de 17,076$ pour les secondes. (Répartition du revenu ..., tableau 44).

Si la situation n'est guère reluisante, il faut toutefois noter que depuis quelques années, les gains des femmes augmentent proportion nellement plus vite que ceux des hommes. Entre 1979 et 1983, par exemple, les gains des hommes se sont accrus de 44.4%, et ceux des femmes de 60,2%. Si ce rythme se maintient, les femmes qui ont des revenus peuvent s'attendre à obtenir l'égalité salariale en 2010. (Lahey).

Notons cependant que même si les revenus des femmes augmentent pour équivaloir ceux des hommes, ils ne seront pas équitables en ce sens où de plus en plus de femmes deviennent les soutiens uniques de leurs enfants.

Le revenu moyen des familles monoparentales ayant à leur tête une femme de moins de 65 ans était de 16,339$ en 1985, comparativement à 42,425$ pour les familles biparentales sans personne âgée mais avec des enfants. (Répartition du revenu ..., sommaire).

D'autre part, le revenu familial moyen le plus élevé en 1935 (47,687$) a été touché par les familles sans enfant de moins de 6 ans à l'in térieur desquelles l'épouse travaille à l'extérieur.

Au Québec

Dans l'ensemble, les niveaux de revenus des Québécoises sont inférieurs aux moyennes canadiennes. En 1985, 25,4% des hommes et 5,9% des fem mes gagnaient plus de 30,000$ par année (contre 28,6% et 6,7% pour leurs homologues canadiens). Les hommes chefs de famille gagnent 2922$ de moins au Québec qu'au Canada, et la différence pour les fem mes à la tête d'une famille est de 1287$. Le revenu moyen des Québé coises est de 11,758$, celui des Québécois 21.139$. (Répartition du revenu ..., tableau 54).


3.   SYNDICALISATION

Au Canada

Le taux de syndicalisation des femmes demeure moins élevé que celui des hommes, 41.5% comparativement à 31.9% (Les femmes dans la po pulation active, page 95).

. Au Québec

Les proportions sont semblables, 47.3% des hommes et 38% des femmes sont syndiqués.



4.    PAUVRETE

Au Canada

Le taux de pauvreté a sensiblement diminué dans les années 70 mais il a été à la hausse de 1980 à 1984; Statistique Canada considérait alors que 17,3% de la population se classait dans la catégorie des faibles revenus, soit 4,214,000 personnes. En 1985, le chiffre était de 3,951,000 personnes ou 16% de la population. (Répartition du re venu ..., tableau explicatif 1).

Certains groupes sont plus exposés que d'autres à la pauvreté: les personnes âgées, dont la majorité est constituée de femmes, et les familles dirigées par une femme. On peut maintenant véritablement parler du phénomène de la féminisation de la pauvreté.

Les femmes constituent 56,7% de la population à faible revenu, alors qu'elles représentent 51% de la population totale. (Répartition du revenu ..., sommaire).

Une étude de Condition féminine Canada démontre qu'en 1981, 82,6% des familles monoparentales étaient dirigées par des femmes et que près de la moitié de ces familles vivaient sous le seuil de la pauvreté (Karen L. Bridge. Une comparaison internationale du droit privé et public régissant le soutien des familles monoparentales, 1985).

La pauvreté est en constante progression dans ce type de famille; à preuve, les derniers chiffres disponibles de Statistique Canada nous permettent d'affirmer que 6 mères seules seules sur dix de moins de 65 ans ont un revenu inférieur au seuil de la pauvreté. (Répartition du revenu ..., sommaire).



En 1985, 47,1% des familles ayant une femme cheffe gagnait moins de 12,000$ comparativement à 11,2% pour les familles dont le chef est un homme. (Répartition du revenu ..., tableau 44).

Voici les seuils de faibles revenus tels que définis par Statistique Canada pour 1985.

Population du secteur de résidence



En ce qui concerne l'année 1986, voici les seuils de faibles revenus estimatifs préparés par le Conseil national du Bienêtre social:

Population du secteur de résidence

Statistique Canada considère qu'en 1985, 19,5% des enfants de moins de 16 ans et 20% des personnes de 65 ans et plus étaient pauvres. La pro portion de personnes seules de 65 ans et plus qui sont considérées à faibles revenus est de 46,8%; et la catégorie record de faible taux de revenu se retrouve chez les femmes de 65 ans et plus vivant seules: 82,7%. (Répartition du revenu ..., tableau explicatif 1).

Le risque de pauvreté est plus grand chez les femmes seules que chez les hommes seuls; aujourd'hui, 51,7% des premières sont considérées à faibles revenus. (Ibid).


Au Québec

Les niveaux de revenus étant moins élevés au Québec qu'au Canada, la proportion de personnes vivant sous le seuil de pauvreté y est plus importante. Pour l'année 1985, 24,6% des femmes et 11,7% des hommes gagnaient moins de 5000$; et 55,6% de femmes et 28,2% d'hommes ga gnaient moins de 10 000$. (Répartition du revenu, tableau 54).

En ce qui concerne les familles québécoises ayant une femme à leur tête, dont le nombre a doublé au Québec au cours des dix dernières années, 45,6% d'entre elles gagnaient moins de 10000$ tandis que 9,6% des familles ayant un chef masculin se classait dans la même catégorie. (Répartition du revenu ..., tableau 44).

Les revenus gagnés par les femmes cheffes de famille diffèrent aussi selon que l'on soit dans un quartier aisé ou non. Par exemple, on a calculé qu'en 1981, le revenu moyen des femmes cheffes de famille à Montréal s'élevait à 10,389$ mais dans le Centresud, il se si tuait à 6,622$. Les deux tiers des femmes de ce quartier étaient absentes du marché du travail et recevaient des prestations de l'Etat, ce qui n'était le cas que pour moins de la moitié des mères seules de Montréal. (Des mères seules, seules, seules. Une étude sur la situation des femmes cheffes de famille monoparentale du Centresud de Montréal, 1986).

En 1983, sur l'ensemble des 396,522 bénéficiaires d'aide sociale, près de 20% étaient des femmes responsables de famille monoparentale. (Les Québécoises, faits et chiffres).

>

5.     INSTRUCTION

Au Canada

Les femmes représentaient 50,5% de tous les étudiantes inscrites aux programmes de baccalauréat et du premier cycle professionnel pendant l'année scolaire 198384. Toutefois, soit par nécessité, soit par choix, les femmes étaient surreprésentées dans le groupe des étudiantes à temps partiel où elles constituaient 60,7% de toustes les étudiantes, alors qu'elles ne représentaient que 47,5% de tous les étudiantes à plein temps inscrites à ces programmes. (Les femmes dans la ...)

On remarque toujours une même tendance des femmes à s'inscrire à plein temps aux cours à prédominance féminine, tels les beauxarts et les arts appliqués, les sciences humaines, l'éducation et les sciences infirmières. Elles représentaient respectivement 59,8%, 58,1%, 67,9% et 96,9% de tous les étudiants de ces disciplines. On note encore une sousreprésentation des femmes étudiant à plein temps en génie et en sciences appliquées (11,9%) en médecine (41,9%) ainsi qu'en mathématiques et en physique (27,9%). (ibid).

Entre 1973 et 1983, le nombre de baccalauréats et de premiers grades professionnels conférés à des femmes a grimpé de 28,099 à 45,818, une hausse de 63,1%. En comparaison, le nombre de grades conférés à des hommes n'a augmenté que de 3,3% (de 42,565 à 43,952 en 1983). En conséquence, les femmes ont obtenu 51% de tous les grades conférés en 1983, alors que ce chiffre s'élevait à 39,8% en 1973. Bien que les femmes aient reçu en 1983 la majorité des diplômes, elles con tinuent de recevoir peu de grades dans les disciplines à prédominance masculine.  (Ibid).

Notons toutefois la hausse d'inscriptions des femmes comme étudiantes à temps plein en commerce et administration des affaires; de 1976 à 1984, leur proportion a presque doublé, passant de 23,3% à 42,3% (Cécile Dumas. L'évolution professionnelle des femmes au Canada 1976 1985).

Les disproportions de revenu à scolarité égale entre hommes et femmes en 1983 demeurent élevées et ce même en ce qui a trait aux femmes les plus scolarisées. Ainsi,c'est à peine 59,4% du revenu des hommes que gagne une femme ayant un grade universitaire. (Les femmes dans la ... )

Au Québec

Il y a 15 ans, les filles entraient en moins grand nombre au CEGEP que les garçons mais achevaient leur formation collégiale presqu'à égalité avec eux (49,6%) à cause de leur persévérance. Le problème majeur se situait lors du passage au baccalauréat; les filles ne représentaient que 35% des étudiantes du premier cycle et 28,5% des diplômées.

En 1984, les femmes étaient encore un peu moins nombreuses à s'ins crire au premier cycle à l'université (48%). C'est cependant aux cycles supérieurs que les différences hommesfemmes sont les plus importantes. En 1983, les femmes formaient 39% de tous les diplô mées du 2e cycle et 25,6% de ceuxcelles du 3e cycle. (Conseil de la Science et de la Technologie. La participation des femmes en science et en technologie au Québec, 1986).

Les différences observées il y a quelques années concernant les choix de disciplines par les filles ne vont pas toutes en s'amenuisant. Au CEGEP, les filles ne représentent encore que 13% du total des inscrites en sciences pures et appliquées et 10% des diplômées en techniques physiques. A l'université, les femmes ne représentent que 8% des étudiantes en génie, 10.8% en physique, 20% en sciences générales, 21,3% en ressources biologiques et 24,7 en informatique. Le Conseil de la Science et de la Technologie prévoit qu'au rythme de progression des dix dernières années, certains écarts pourraient durer plus de 30 ans.

L'examen des revenus gagnés par les femmes et les hommes selon leur niveau d'instruction laisse voir d'importants écarts. 29,1% des femmes et 61,7% des hommes détenant un grade universitaire ont gagné 30,000$ ou plus en 1985. On retrouve, dans cette même tranche de re venu, 4,5% de femmes et 23,8% d'hommes ayant fait des études secondai res ou postsecondaires partielles ainsi que 1,3% de femmes et 13,3%. d'hommes ayant 8 années au moins de scolarité. (Répartition du re venu ..., tableau 62).


6.  SERVICES DE GARDE

. Au Canada

Selon la meilleure évaluation connue, quelque 1,950,000 enfants de moins de 13 ans avaient besoin en 1984 de services de garde à temps plein pendant que leurs parents travaillaient ou étudiaient. Ce total com prend quelque 188,000 bébés de moins de deux ans et 445,000 enfants d'âge préscolaire, tous demandent une garde de jour, de même que 1,317,000 enfants entre 6 et 12 ans nécessitant une garde avant et après les heures de classe ou toute la journée lorsque l'école est fermée. Ces enfants constituent une partie importante de la population totale, soit 42% de tous les enfants de ces groupes d'âge.

Comme la présence des mères des jeunes enfants dans la population active continue d'augmenter et que la plupart des mères occupent des emplois à temps plein tendance qui devrait se maintenir dans la prochaine décennie, selon les prévisions une proportion de plus en plus grande d'enfants auront besoin de services de garde durant le jour.

Or seulement 171,654 places dans des services autorisés étaient dispo nibles en 1984 dans tout le Canada, alors qu'ilaurait fallu des ser vices à temps plein pour 1,950,000 enfants, ce qui correspond à moins de 9 % de la demande. (Rapport du groupe d'étude sur la garde des enfants, mars 1986).

. Au Québec

En avril 1986, on recense 35,737 places reconnues par l'Office des ser vices de garde à l'enfance. Selon la présidente, Mme Stella Guy, les services reconnus ne comblent que 15% des besoins des Québécoises. (Rapport d'activités 19851986).


IMMIGRANTES

Au Canada

A l'heure actuelle, une personne sur cinq est née à l'étranger. De ce nombre, la moitié, soit près de deux millions de personnes sont des fem mes. (Les immigrantes au Canada, mars 1986).

Contrairement à l'opinion généralement répandue, la participation des femmes immigrantes à la maind'oeuvre active est très importante: en 1971, le taux de participation des Canadiennes était de 39,8% tandis que celui des femmes venues au Canada entre 1961 et 1971 était de 52,1%. En 1981, la participation des immigrantes demeure plus élevée que celle des natives, soit respectivement 55,6% et 52,1% (Ibid).

En raison de leur concentration dans les secteurs d'emploi peu rémunérés, les immigrantes composent le groupe le plus défavorisé de la maind'oeuvre canadienne. En 1971, près d'une immigrante sur trois travaillait dans les secteurs souspayes des services, de la fabrication et de l'assem blage, comparativement à seulement une femme sur cinq et un homme sur six nés au Canada. (Le recensement de 1981 indique que cette tendance pro gresse: 14,7% de toutes les immigrantes sur le marché au travail se re trouvent dans les métiers de la transformation, de la fabrication et de l'assemblage, comparativement à 6,3% des natives. (Ibid).

Au Québec

En 1981, le nombre de femmes nées à l'extérieur du Canada et résidant au Québec est de 260,000. Ces femmes constituent 8% des Québécoises et environ la moitié des immigrées. (Les Autres Québécoises; 1985).

Elles représentent une force de travail considérable car celles qui sont acceptées sont généralement jeunes (27 ans en moyenne lors de leur arrivée) et en bonne santé. Leur formation n'a rien coûté à l'Etat québécois et elles peuvent par surcroît fournir un apport démographique indispensable. (Collectif des femmes immigrantes de Montréal. "Etre immigrantes au Québec: des femmes s'organisent").


En 1981, 50% d'entre elles exercent une activité rémunérée. Et ces données ne tiennent évidemment pas compte de la proportion croissante de femmes qui travaillent clandestinement, soit parce qu'elles n'ont pas de permis de travail, ou que plusieurs employeures préfèrent ne pas déclarer leurs employées pour leur offrir des conditions de travail moins avantageuses. (Ibid).

Si l'on considère le salaire moyen, on s'aperçoit qu'il existe des disparités très marquées entre les salaires féminins et masculins, que les travailleureuses soient nées ici ou à l'extérieur. C'est ainsi que les salaires moyens des Québécoises de vieille souche et des immigrantes représentent respectivement 59% et 57% des salaires moyens de leurs homologues masculins. Du reste, ces disparités pré valent quel que soit le pays de naissance de la maind'oeuvre étudiée. (Les autres Québécoises).

En 1981, le salaire moyen des hommes nés à l'extérieur du Canada s'élève à 17,436$, celui des femmes 9,953$.

>

8.  ITINERANTES

Au Canada

Bien que moins visibles que les hommes, on s'accorde à dire que les femmes itinérantes forment à peu près 20% de la population totale des itinérantes et que leur nombre est croissant. Elles présen tent les mêmes problèmes de santé que les hommes (troubles psychi ques, alcoolisme, toxicomanie) auxquels il faut ajouter l'expérience de la violence dans bien des cas. (La Presse, 71185).

. Au Québec

Le nombre d'itinérantes dans la région de Montréal est estimé à 3,000. L'offre de lits d'hébergement ne dépasse pas 77. (Le Devoir, 6 octobre 1986).

En 1983, il y a eu 5,453 demandes d'aide: 1,125 clochardes ont été admises tandis que 4,328 ont du être refusées faute de place. (ibid).


9.    HANDICAPÉES

Au Canada

D'après des données de Santé et Bienêtre Canada (1982), les femmes handicapées gagnent environ 64% du revenu des femmes alors que les hommes handicapés gagnent 85% du revenu des hommes.

Dans la répartition des sources de revenu, on constate que les femmes handicapées sont principalement bénéficiaires de l'aide sociale alors que les hommes handicapés reçoivent plutôt des indemnités telles les assurances en milieu de travail et des rentes définies à partir de leur valeur productive sur le marché de l'emploi. (Office des per sonnes handicapées. Femme et hancicap. Rapport de recherche sur la condition des femmes handicapées, 1985).

Au Québec

Sur la totalité des personnes handicapées bénéficiaires de l'aide so ciale, les femmes sont deux fois moins nombreuses que les hommes à fréquenter les établissements scolaires: 32,7% contre 67,3% (Ibid).


10. VIOLENCE

. Au Canada

Les femmes sont plus souvent victimes de certains actes criminels que les hommes. Par exemple 63% des victimes d'homicides familiaux sont des femmes.

Entre 1976 et 1982, les agressions sexuelles commises par les hommes contre les femmes ont augmenté de 22% ce qui représente la hausse la plus importante pour tous les genres de crimes violents. (Portrait statistique des femmes au Canada).

Les statistiques dont nous disposons sur les femmes assassinées par leur conjoint proviennent du Centre canadien de la statistique juridique à Ottawa. Ces chiffres précisent le nombre de femmes assassinées par leur mari ou leur concubin ainsi que le pourcentage de ces homicides par rapport au nombre total des meurtres commis en milieu familial (pèremèrefrèresoeuroncletanteenfantscousincousine).

Année             Femmes assassinées par leur %

conjoint

  • 80                      41,7
  • 77                      37
  • 83                         38.4
  • 63                      32

A noter: ces statistiques n'incluent pas les femmes qui décèdent à plus ou moins long terme des suites de mauvais traitements.

(Avalanche. Bulletin de liaison du Regroupement provincial des maisons d'hébergement et de transition pour femmes victimes de violence. Les femmes assassinées par leur conjoint. Vol. 1, no. 1, novembre 1986).


11.   TRAVAIL DOMESTIQUE

Au Canada

En août 1981, un sondage Gallup révélait qu'entre 1976 et 1981, le pour centage des Canadiennes considérant que les hommes devaient partager les tâches ménagères avec les femmes était passé de 57% à 72%. Toute fois, ces données se sont effritées quand on a demandé aux hommes et aux femmes mariées si les maris participaient régulièrement, occa sionnellement ou jamais aux tâches domestiques. 44% des hommes en 1976 et 47% en 1981 prétendent y participer régulièrement, alors que pour leur part, les femmes considèrent qu'ils ne le font que dans 33% des cas entre 1976 et 37% en 1981.

Rappelons qu'en ce qui concerne les tâches domestiques,une étude aux ÉtatsUnis révélait qu'entre 1965 et 1975, les maris américains n'ont accru leur temps d'activité domestique que de 6 minutes par jour, y passant maintenant 9 H 7 minutes par semaine. (Louise Vandelac, Du travail et de 1'amour).


Les femmes sont assez mal représentées dans nos parlements canadien et québécois. Aux élections fédérales de septembre 1984, 28 femmes ont été élues sur un total de 282 sièges. Seulement 4 provinces canadiennes comptent 10% ou plus de femmes comme députées (Québec, Manitoba, Alberta et ColombieBritannique).

Voici une comparaison de la représentativité féminine dans nos par lements avec quelques pays:

Pays                     1975 1986

Canada                   3,3%                 9,9%

Québec                   0,9%                14,8%

Finlande               23,0%                30,5%

Suisse                  21,5%                28,9%

Danemark                15,7%                25,7%

Allemagne de l'Ouest    5,8%                 9,8%

France                   1,8%                 4,4%

RoyaumeUni              4,3%                 3,6%

U.R.S.S.                31,3%                32,8%

Chine                   22,7%                21,2%

Des statistiques du Directeur général des élections illustrent le reproche qu'ont fait les femmes aux partis politiques de ne leur accorder que les comtés perdants:

Taux de succès des candidats et des candidates aux élections fédérales 1972 1984.

Année                    % de femmes élues        % d'hommes élus

1972                      7,6                 25,6

1974                         7,2                  20,4

  • 5,1                22,1
  • 6,4                20,0 1984                      12,8               20,6

(Marilyn Domagalski, The Role of Canadian Women in Federal and Provincial Politics, in Canadian Legislatures. The 1986 Comparative Study.Queen's Park, Toronto. 1986, p. 3943).


BIBLIOGRAPHIE

Akyeampong, Ernest. "Personnes travaillant à temps partiel involontairement au Canada 19751985". Catalogue 13207. Statistique Canada 1985.

Avalanche. Bulletin de liaison du Regroupement provincial des maisons d'hébergement et de transition pour femmes vic times de violence. Les femmes assassinées par leur conjoint. Vol. 1, no. 1 Novembre 1986.

Bridge, Karen L. et Condition féminine Canada. Une comparai son internationale du droit privé et public régissant le sou tien des familles monoparentales.1985.

Canada. Rapport du groupe d'étude sur la garde des enfants. 1986.

Canada. Conseil consultatif canadien de la situation de la femme. Les immigrantes au Canada.

Collectif des femmes immigrantes. Etre immigrantes au Québec: des femmes s'organisent. 1985.

Conseil national du bienêtre social. Les seuils de pauvreté. 1986.

Domagalski, Marilyn. "The Role of Canadian Women in Federal and Provincial Politics" in Canadian Legislatures. The 1986 Compara tive Study. Queen's Park Toronto. 1986 p. 3945


Estable, Alma et Conseil consultatif canadien de la situation de la femme. Les immigrantes au Canada Faits actuels. Mars 1986.

Lahey, Kathleen A. et Conseil consultatif canadien de la situa tion de la femme. "La place des femmes dans l'économie canadien ne". Colloque national sur les femmes et l'économie 1718 mars 1986.

Québec. "Les Québécoises, faits et chiffres." 1985.

Québec. Présence des femmes et des hommes dans la fonction publi que du Québec.Volume 8 (1986).

Québec. Conseil de la Science et de la Technologie. La partici pation des femmes en science et technologie au Québec.1986.

Québec. Ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration. Les autres Québécoises. Etude sur les femmes immigrées et leur intégration au marché du travail québécois. 1985..

Québec. Office des personnes handicapées du Québec. Femme et handicap. Rapport de recherche sur la condition des femmes handi capées. 1985.

Québec. Office des services de garde à l'enfance. Rapport d'acti vités 19851986.


Sirard, Guylaine et al. Des mères seules, seules, seules. Une étude sur la situation des femmes cheffes de famille mono parentale du Centresud de Montréal. 1986.

Statistique Canada. La population active. Catalogue 71001. Décembre 1986.

Statistique Canada. Les femmes dans le monde du travail. 1984.

Statistique Canada. Portrait statistique des femmes au Canada. 1985.

Statistique Canada. Répartition du revenu selon la taille du revenu 1985. Catalogue 13207. 1987.

Statistique Canada. Statistiques chronologiques sur la popula tion active. Chiffres réels, facteurs saisonniers et données dé saisonnalisées. Catalogue 71201 . 1986.

Travail Canada. Bureau de la maind'oeuvre féminine. Les femmes dans la population active. Édition 19851986.

Vandelac, Louise. Du travail et de l'amour. Éditions StMartin . 1985.