Protocole UQAM/Relais-femmes et Laboratoire
de recherche en écologie humaine et sociale (LAREHS)
Pour la Fédération des associations de familles
monoparentales
du Québec (FAFMQ)
La recherche-action sur les besoins des jeunes familles
monoparentales
de date récente a été produite pour la
Fédération des associations de
familles monoparentales du Québec (FAFMQ), dans le cadre du
Protocole
UQAM- Relais-femmes et du Laboratoire de recherche en
écologie
humaine et sociale (LAREHS), par la chercheure, madame Claire
Malo.
La FAFMQ avait, comme objectif premier, de connaître les
besoins des
jeunes familles monoparentales et de repenser ses activités
afin de
développer a leur endroit une bonne stratégie
d'accueil.
La recherche dévoile l'existence d'une clientèle non
répertoriée,
socialement très isolée et souvent en état de
crise. Le nombre de
répondantes (94) démontre que c'est une clientèle
difficile a rejoindre et
souvent trop démunie pour avoir le temps, l'énergie et
la volonté de
s'intéresser à autre chose qu'a leur survie et a celle
de leurs enfants.
Les besoins d'aide exprimés par les repondantes se
regroupent sous trois
grands thèmes: manque d'argent, manque d'énergie et
nécessité
d'apprendre à gérer ses émotions
Le réseau de gardiennage ne répond ni au besoin de
garde d'appoint,
(visite du médecin, urgence la nuit, le travail le soir, la
fin de semaine, le
temps supplémentaire) ni au besoin de relais avant ou
après les heures
contraignantes de la garderie ou du réseau scolaire.
Pauvres, elles le sont : les logements inadéquats,
les coûts prohibitif de
l'éducation, les emplois précaires et mal payés,
le manque de
gardiennage, l'endettement, l'impossibilité d'emprunter, le
manque de
l'essentiel et, il va sans dire, manque de loisirs et de
non-essentiel.
Fatiguées oui elles le sont! Les gros travaux
ménagers, la surcharge des
rôles, les conflits d'horaire, l'absentéisme et retards
au travail, la fatigue
mentale et physique, le manque de loisirs, le manque d'amis-es en
sont
la cause.
Solitaires oui elles le sont. Les craintes, face au
futur pour elles et pour
leurs enfants, la tristesse face au passé et le sentiment de
solitude sont
le lot d'une forte proportion de mères monoparentales. C'est
la toile de
fond de leur univers.
Les relations avec les enfants, avec les hommes, l'image de
soi, ainsi que
la confiance en soi, les préjuges sociaux, le sentiment
d'incompétence et
de culpabilité, ce sont là, des lieux d'émotions
qu'elles doivent gérer.
La FAFMQ est consciente de son rôle primordial
d'organisme de
rassemblement d'associations et de son rôle de formation et
de support
technique auprès de ses associations qui la rendent apte
à mieux
répondre aux besoins de ces jeunes familles monoparentales
de date
récente.
Le plan d'action de la FAFMQ va s'inspirer des résultats
de la recherche
pour mettre sur pied une stratégie d'action dans l'accueil,
le soutien, et
les services d'aide aux jeunes familles monoparentales.
L'étude des
dossiers de fond sur les problèmes qui touchent ces familles
fera état
des besoins exprimés. Les solutions envisagées, tant du
côté
gouvernemental que communautaire, seront présentées
à qui de droit.
La Fédération se veut un agent de changement
social.
Cette étude a été produite par Claire Malo dans
le cadre du Protocole UQAM/Relais-
femmes et du Laboratoire de recherche en écologie humaine et
sociale (LAREHS) dans
le but de connaître les besoins des familles monoparentales
de date récente (moins de 4
ans). Les résultats qui suivent devraient permettre à
la FAFMQ de repenser ses
activités et de former de nouvelles associations.
2. MÉTHODOLOGIE UTILISÉE
Le questionnaire de l'étude comporte 8 secteurs:
personnel, légal, économique,
ménager, social, du travail, de l'éducation des enfants
et du gardiennage. A ces
secteurs, une catégorie "autres problèmes" est
ajoutée. A chaque question la fréquence
d'apparition des problèmes est précisée de
même que l'aide reçue et celle demandée.
Une dernière partie est consacrée à la
connaissance des associations de familles
monoparentales.
Le recrutement s'est opéré par le biais d'organismes
susceptibles de rencontrer les
nouvelles familles monoparentales (garderies, CLSC...). Des 58
organismes
contactés, 24 ont accepté de distribuer 700
questionnaires. Au total, 106 questionnaires
ont été complétés et retournés,
c'est-à-dire environ 15% des envois. Sur les 106
questionnaires complétés et retournés, 12 ont
été retirés parce qu'ils ne répondaient
pas
aux critères pré-établis. Ce qui porte le nombre
de sujets à 94.
3. LIMITES DE LA RECHERCHE
Le taux de réponses (15% ) peut sembler faible à
première vue. Mais il ne faut pas
sous-estimer la double difficulté qui conditionnait les
stratégies de recrutement.
Premièrement, il n'existe aucune liste exhaustive de la
population monoparentale
québécoise. Deuxièmement, cette population
récemment monoparentale se retrouve,
par définition, socialement isolée et souvent en
état de crise. Conséquemment, nous
n'avons pu entrer en contact direct avec les sujets, c'est par
organismes interposés que
nous avons procédé au recrutement.
Considérant ce qui précède, nous pouvons
évaluer que le nombre de personnes
monoparentales qui ont répondu est satisfaisant (94 sujets).
Le taux de réponses (15%)
est représentatif d'une partie non négligeable de la
réalité monoparentale québécoise de date récente. Les résultats de la recherche
constituent une base valable pour inspirer un
plan d'action à la Fédération des associations de
familles monoparentales du Québec.
4. CARACTÉRISTIQUES DE L'ÉCHANTILLON
Sur 94 sujets, 5 sont des hommes. La majorité est
séparée, 22% sont divorcée 21%
sont célibataires et 3% sont veuves. L'âge varie de 21
à 49 ans. Les familles ont de 1 à
4 enfants ayant surtout de 0 à 7 ans. Parmi elles, 64% n'ont
pas complété d'études
collégiales et 19% d'études secondaires.
De plus 46% ont un emploi à temps plein et 16% à
temps partiel; 38% n'ont pas
d'emploi à l'extérieur. Outre les revenus d'emploi, 37%
reçoivent leur principale
source de revenus de l'aide sociale et 39% reçoivent une
pension alimentaire
régulièrement versée dans 95% des cas. Le revenu
annuel moyen est de $18,500. En
excluant les hommes, cette moyenne tombe à $17,800.
Les personnes séparées, divorcées ou veuves ont
vécu en moyenne 6 ans avec leur
partenaire. La plupart (72%) ont la garde entière des
enfants. Les contacts avec les ex-
partenaires sont peu fréquents et quand ils existent, ils
sont généralement bons. Les
contacts des enfants avec leur père sont plus nombreux, ils
sont au moins mensuels
dans 70% des cas.
5. PROBLÈMES VÉCUS. AIDE REÇUE. BESOINS
D'AIDE
Voici pour les 8 secteurs couverts, la proportion de personnes
qui vivent des situations
problématiques, la fréquence avec laquelle elles les
vivent, l'aide reçue des
professionnels ou de l'entourage et les besoins d'aide
exprimés.
1) Secteur personnel
Une très forte proportion des mères monoparentales
signalent leurs
PRÉOCCUPATIONS FACE A L'AVENIR tant le leur que celui des
enfants (89%),
leur TRISTESSE FACE AU PASSÉ et leur SENTIMENT DE SOLITUDE
(80%). La
peur de ne pouvoir réintégrer leur place dans la
société et celle de vieillir seule
cristallisent les craintes face à l'avenir. Nombreuses sont
celles qui voudraient refaire
leur vie sentimentale, mais pas à n'importe quel prix.
Toutefois, si de tels problèmes
sont vécus par la plupart des mères, ils se
présentent peu souvent dans la vie de
chacune. Les problèmes reliés au passé, à
l'avenir, à la solitude constituent la toile de
fond des existences.
Parmi les autres problèmes mentionnés au niveau
personnel, une majorité de sujets
signale aussi l'anxiété continuelle reliée à
la SURCHARGE DES RÔLES,
l'ISOLEMENT, l'IMPUISSANCE, la SANTÉ, la FATIGUE MENTALE,
le
MANQUE DE DIVERTISSEMENT, les DIFFICULTÉS RELATIONNELLES
AVEC
L'AUTRE SEXE tant au plan affectif que sexuel (51%). En plus de
maintenir
l'anxiété, l'entière responsabilité de
l'éducation des enfants et du soutien économique,
engendre des horaires rigides, un manque d'autonomie et des
privations de tous ordres,
surtout au plan relationnel tant amoureux qu'amical. A cet effet,
plusieurs déplorent la
perte d'amis-es lors de la séparation et la difficulté
à s'en faire de nouveaux à cause de
l'absence de disponibilité. Ces situations contribuent au
développement d'une image
négative de soi alimentée par le manque de confiance et
la dévalorisation.
En regard des problèmes personnels, les mères
reçoivent de l'aide de la part de
l'entourage (58%) et, dans une moindre mesure, des services
professionnels (16%).
C'est par rapport à la catégorie "autres
problèmes" que les mères expriment, dans une
plus forte proportion, leur besoin d'aide (75%).
2) Secteur légal
Une majorité des mères séparées ou
divorcées ont régulièrement des CONFLITS
AVEC L'EX-CONJOINT CONCERNANT LA GARDE DES ENFANTS (62%). La
moitié d'entre elles vivent des conflits au sujet du PARTAGE
DES BIENS ou de la
PENSION ALIMENTAIRE (47%). Les conflits concernant la pension
alimentaire sont
rencontrés souvent ou très souvent par plus de la
moitié des mères qui les mentionnent.
Quelques autres problèmes sont mentionnés au niveau
légal tels les ABUS DE
JUSTICE, la NON RECONNAISSANCE AU DROIT À LA PENSION ou
à la
GARDE ENTIÈRE DES ENFANTS; les problèmes
d'HYPOTHÈQUES, de DETTES,
d'ASSURANCES (17%). Quelques mères soulignent les injustices
du système légal et
des institutions sociales telle l'aide sociale.
En regard de ces problèmes, les mères reçoivent
de l'aide de la part des services
professionnels (34%) et, également, de l'entourage surtout,
dans ce dernier cas,
lorsqu'il s'agit de la garde des enfants (24%).
C'est par rapport à la catégorie "autres
problèmes" que les mères expriment, dans une
forte proportion, leur besoin d'aide (82%). Par ailleurs, une
bonne proportion a besoin
d'aide face aux conflits avec l'ex-conjoint pour le partage des
biens et la garde des
enfants (30 à 45%).
3)Secteur économique
La majorité des mères manquent d'argent surtout
lorsqu'il s'agit de se PAYER DES
LOISIRS (92%), mais aussi pour PAYER L'ESSENTIEL (65%). En outre,
plusieurs
d'entre elles font face à l'ENDETTEMENT (66%). C'est le
manque d'argent pour les
loisirs et les "petits luxes" qui se présente le plus
fréquemment dans la vie de chacune.
Cependant le manque d'argent pour l'essentiel et l'endettement se
présentent
fréquemment pour plus du tiers des femmes qui les
vivent.
Les autres problèmes économiques mentionnés
sont reliés à des problèmes concrets: le
GARDIENNAGE, l'INADÉQUATION DES LOGEMENTS, les COÛTS
DE
L'ÉDUCATION, l'ABSENCE D'ACTIVITÉS POUR LES ENFANTS,
de
DIVERTISSEMENT POUR LES MÈRES, de VACANCES FAMILIALES,
aussi
l'ABSENCE D'ÉCONOMIES, l'IMPOSSIBILITÉ D'EMPRUNTER
et
l'IMPOSSIBILITÉ D'ACHETER UNE VOITURE (32%). Les
problèmes de
gardiennage sont cruciaux car ils sont liés à la fois
à des besoins essentiels et à ceux dits
superflus. Ainsi les mères hésitent à payer une
gardienne pour sortir et se distraire
alors qu'elles devront en payer une lors des congés
scolaires; les comptes en banque
sont souvent vides lorsque surviennent les imprévus et
l'impossibilité d'arrangements
bancaires empêche la création d'entreprises
personnelles.
Encore là, l'aide vient principalement du réseau
social, lequel est surtout actif quand les
mères manquent d'argent tant pour l'essentiel que pour les
choses superflues (43%).
L'aide des professionnels est négligeable (4%).
C'est par rapport à la catégorie "autres
problèmes" qu'une plus grande proportion de
mères expriment un besoin d'aide (54 à 73%).
4) Secteur éducation des enfants
Au sujet de l'éducation des enfants, le problème le
plus courant est le MANQUE DE
TEMPS pour s'occuper d'eux (83%). Ce problème est
amplifié, apprenons-nous dans la section "autres problèmes", du fait de l'absence de
l'opinion d'autrui sur le
développement et le comportement des enfants et sur les
décisions prises à cet égard.
De plus, une majorité fait face aussi à des
problèmes reliés aux COMPORTEMENTS
DES ENFANTS (agressivité, indiscipline) (62%) et à des
CONFLITS AVEC L'EX-
CONJOINT concernant l'éducation des enfants (57%). Enfin des
PROBLÈMES
SCOLAIRES sont relevés dans une assez bonne proportion
(44%). De tous les
problèmes, ceux concernant les comportements des enfants
sont les plus fréquemment
rencontrés dans la vie de chacune.
Parmi les autres problèmes mentionnés par les
mères, on retrouve la NON
RECONNAISSANCE DE LEURS COMPÉTENCES PARENTALES, les
PROBLÈMES ÉMOTIFS DES ENFANTS À L'ENDROIT DE LEUR
MÈRE
(agitation, possessivité, insécurité affective) et
également les PROBLÈMES ÉMOTIFS
DES MÈRES À L'ENDROIT DES ENFANTS (autoritarisme,
laxisme, impatience,
culpabilité) (29%).
Ici, l'aide professionnelle apparaît davantage; elle
s'attarde aux problèmes des enfants
tant scolaires que comportementaux, de même qu'aux
problèmes relationnels des mères
à l'endroit des enfants (16%). Le réseau social est
aussi actif; son aide porte sur les
problèmes comportementaux des enfants et pallie au manque de
temps des mères
(38%).
Il est à noter que tous les problèmes
mentionnés suscitent, pour près de la moitié
des
mères, un besoin d'aide. Face aux autres problèmes
qu'elles ont décrits (dont les
problèmes relationnels avec les enfants, l'ex-conjoint,
etc), plus de la moitié réclame de
l'aide (67%). On voudrait tantôt un appui, tantôt un
échange, des conseils, un autre
son de cloche ou encore, une relève.
5) Secteur gardiennage
Le problème le plus courant est l'absence de services de
GARDE À LA MAISON
(75%). Une majorité note aussi des problèmes concernant
les HORAIRES et les
COÛTS DES GARDERIES (61%), tandis qu'un bon nombre
soulève les problèmes du
GARDIENNAGE D'APPOINT (49%) et de FIABILITÉ DU GARDIENNAGE
(36%).
La plupart des mères vivent ces problèmes
fréquemment, en particulier le manque de
personnes pour garder à la maison et les problèmes
d'horaires et de coûts des
garderies.
Parmi les autres problèmes vécus, les mères
reviennent sur le GARDIENNAGE
D'APPOINT, le soir surtout ou à l'occasion d'urgence telle
la maladie d'un des enfants
(32%). Il est très difficile précisent-elles de trouver
des services fiables, disponibles,
peu coûteux et adaptés aux horaires de travail. L'on
souligne également la présence
continuelle d'un sentiment de culpabilité lorsqu'il s'agit
de faire garder les enfants.
Encore une fois l'aide reçue provient principalement de
l'entourage. Ce soutien
concerne surtout la garde à la maison (68%). Toutefois, on
peut supposer ici que les
mères ne peuvent compter sur la régularité de ce
soutien accordé par des membres de la
famille ou par des amis-es. Par ailleurs, une majorité de
mères qui vivent des
problèmes dus aux horaires et aux coûts des garderies
ne bénéficient généralement
d'aucun soutien social.
La plupart des problèmes de gardiennage suscitent un
besoin d'aide (57%). Les
besoins d'aide sont particulièrement aigus par rapport aux
autres problèmes (dont le
gardiennage d'appoint), aux problèmes coûts-horaires
des garderies et à ceux de la
fiabilité des services de garde.
6)Secteur ménager
Une très grande majorité MANQUE DE TEMPS OU
D'ÉNERGIE POUR LE GROS
MÉNAGE (90%) et le MÉNAGE HABITUEL (82%). Aussi
plusieurs se sentent
INCOMPÉTENTES pour effectuer des TRAVAUX dits MASCULINS
(77%).
Sentiment d'incompétence donc pour faire du bricolage, de la
peinture, de la plomberie,
de l'électricité, des déménagements.
Quelques-unes soulignent les difficultés à faire du
ménage en présence d'enfants en bas âge. C'est le
manque de temps ou d'énergie pour
faire les gros travaux qui se vit le plus fréquemment.
C'est toujours auprès de l'entourage que l'on trouve aide
et soutien.(40%). Une bonne
majorité des mères expriment un besoin d'aide face aux
travaux dits masculins (71%) et
en regard des gros travaux ménagers (53%). Finalement une
bonne proportion désire
de l'aide pour le ménage habituel (44%).
7)Secteur travail
Parmi les mères qui travaillent à l'extérieur
du foyer, une bonne majorité est
INSATISFAITE DU SALAIRE, des HORAIRES et de la NATURE DU
TRAVAIL effectué (75%). D'autre part, la moitié des
mères s'inquiètent de la possibilité de
TROUVER UN EMPLOI ou de CHANGER D'EMPLOI (50%). Toutes ces
difficultés
sont vécues dans la majorité des cas quelquefois ou
rarement; cependant une bonne
proportion des mères éprouvent souvent ou très
souvent des insatisfactions face au
salaire.
Parmi les autres problèmes reliés au travail, les
plus fréquents sont les RETARDS,
l'ABSENTÉISME et les CONFLITS D'HORAIRE(38%).
L'absentéisme est souvent
dû à la maladie des enfants ou à la fatigue des
mères. Les retards et les conflits
d'horaires sont davantage dus à la difficulté de
gérer le temps, par exemple, de
coordonner les horaires de travail avec ceux des garderies. Ces
conflits se font
particulièrement sentir lorsque les mères travaillent
le soir, participent à des réunions ou
font des heures supplémentaires.
C'est le réseau social qui offre son aide aux mères
(32%), surtout pour la recherche
d'emploi ou les problèmes d'horaires. L'aide des services
professionnels intervient
peu (5%).
«
Une bonne proportion des mères expriment un besoin d'aide
au sujet de la GESTION
DU TEMPS (retards, absentéisme, conflits d'horaires) (57%).
Les inquiétudes
concernant l'emploi, qu'il s'agisse d'en trouver un ou d'en
changer, suscitent aussi un
besoin d'aide (52%).
8) Secteur social
Une forte majorité des mères signalent le MANQUE DE
TEMPS POUR LES LOISIRS
(92%) et leur CULPABILITÉ lorsqu'elles en prennent (86%).
Près de la moitié d'entre
elles vivent ces problèmes très fréquemment. Une
grande majorité déplore aussi le
MANQUE D'ENDROITS pour sortir avec les enfants (80%). Plus de la
moitié
déplorent également la perte d'amis-es (63%) et les
préjugés sociaux (57%). Les
préjugés sociaux les plus répandus sont le rejet
par les familles traditionnelles, la
croyance en l'incompétence parentale de la mère seule
et la discrimination face au
logement. Une grande proportion des bénéficiaires de
l'aide sociale rencontrent des
problèmes avec leur agent-e (41%).
Parmi les autres problèmes sociaux, quelques personnes on
noté la
DISCRIMINATION de la part des INSTITUTIONS SOCIALES et les
DIFFICULTÉS
D'INTÉGRATION surtout chez les non-francophones et les
immigrantes. A la perte d'amis-es déjà mentionnée, s'ajoute la
difficulté de s'en faire de nouveaux à cause du
manque de temps et de disponibilité.
En ce qui concerne leurs sorties et loisirs, les femmes
peuvent compter sur l'accueil de
leur entourage.
C'est d'abord face aux autres problèmes décrits
(discrimination de la part des
institutions, difficultés d'intégration, etc) que les
mères expriment un besoin d'aide
(70%). Beaucoup expriment encore un besoin d'aide concernant le
manque d'endroits
pour sortir avec les enfants, le manque de temps de loisirs, la
culpabilité de faire garder
et le sentiment d'avoir perdu ses amis-es.
6. CONNAISSANCE DES ASSOCIATIONS DE FAMILLES
MONOPARENTALES
Les diverses associations de familles monoparentales, qu'elles
soient ou non sous le
couvert de la FAFMQ, sont très peu connues par les personnes
interrogées. Ainsi 82%
sont incapables d'en nommer une, tandis que 12% en connaissent
une seule et 7% en
connaissent 2 ou 3. Pour la grande majorité, la non
participation à une association de
familles monoparentales s'explique d'une part par leur manque de
connaissances des
associations existantes et de leurs activités et, d'autre
part, par leurs nombreuses
difficultés à trouver le temps de s'engager et l'argent
pour un gardiennage adéquat.
7. CONCLUSION
On aura constaté que les résultats de l'étude
pointent dans diverses directions selon la
variable adoptée: proportion des répondantes qui vivent
les problèmes, fréquence des
problèmes dans la vie de chacune, aide reçue et besoins
d'aide exprimés.
Si on adopte la variable proportion des répondantes
qui vivent les problèmes, ce sont
les difficultés personnelles qui apparaissent d'abord,
particulièrement les CRAINTES
FACE AU FUTUR; puis les difficultés ménagères,
surtout le MANQUE DE TEMPS-
ÉNERGIE POUR LE GROS MÉNAGE et enfin, les
problèmes économiques tel le
MANQUE D'ARGENT POUR LE NON-ESSENTIEL.
Si on privilégie la variable fréquence des
problèmes dans la vie de chacune, c'est le
secteur économique qui est prioritaire; apparaît alors
un premier recoupement avec la
variable précédente quant au MANQUE D'ARGENT POUR LE
NON-ESSENTIEL;
vient ensuite le secteur ménager avec un deuxième
recoupement quant au manque de TEMPS-ÉNERGIE POUR LE GROS MÉNAGE et enfin le
secteur du gardiennage
avec les problèmes DE GARDE A LA MAISON.
On peut supposer, dès à présent, que ces
données sont pertinentes pour orienter les
aspects d'un plan d'action visant à répondre
adéquatement aux besoins des jeunes
familles monoparentales et à fonder de nouvelles
associations.
La variable aide reçue est plus difficile à
utiliser pour établir les priorités d'un plan
d'action. Cependant, on s'aperçoit que l'aide reçue,
quels que soient les secteurs de
difficultés, vient massivement de l'entourage familial et
amical. A l'exception du
secteur légal et, dans une moindre mesure du secteur
éducation des enfants, l'aide des
professionnels est négligeable pour ne pas dire inexistante.
Ces données sont de nature
à orienter l'action vers la consolidation ou la constitution
de réseaux d'entraide.
Finalement, la variable besoins d'aide exprimés
révèle une mosaïque de besoins
diversifiés. Néanmoins, si on considère tous les
recoupements possibles, des lignes de
force se dégagent.
Au premier chef, on retrouve les problèmes du secteur
personnel. Il ne faut pas s'en
étonner, car plusieurs ont regroupé sous cet item les
problèmes des secteurs
économique, social et éducation des enfants. Ce qui
apparaît avec beaucoup
d'insistance, c'est le MANQUE DE TEMPS exprimé en tant que
tel, mais aussi par le
biais de la surcharge des rôles et de ses corollaires:
conflits d'horaires, fatigue
physique et mentale, absence de loisirs et difficultés
à se faire des amis-es. Puis,
s'ajoute à cela la SOLITUDE qui conduit souvent à
l'impuissance, et les difficultés
relationnelles avec les hommes, tant au plan affectif que sexuel,
et avec les enfants.
Après le manque de temps et la solitude, le MANQUE
D'ARGENT tant pour
l'essentiel: logements adéquats, soins aux enfants; que pour
le non-essentiel:
divertissements, petits luxes. Plus rarement, on retrouve les
problèmes reliés à
l'endettement et à l'impossibilité d'emprunter dans les
institutions financières.
Viennent ensuite tous les problèmes reliés au
GARDIENNAGE: coûts, horaires,
fiabilité, disponibilité des garderies, manque de
gardiennage à la maison et de garderies
d'appoint; et ceux du secteur MENAGER tels le manque de
temps-énergie pour le gros
ménage et l'incompétence ressentie face aux travaux
dits masculins.
Ces informations peuvent, sans aucun doute, inspirer les
grandes lignes d'un plan
d'action visant à repenser les activités proposées
aux participantes.
Il ne fait pas de doute qu'une vision panoramique des
données recueillies dans cette
étude, une vision incluant les variables proportion,
fréquence, besoins d'aide exprimés
retient les clés suivantes: ARGENT, TEMPS, ÉMOTIONS.
Aider à la gestion du
temps, de l'argent et des émotions en offrant des outils
pour le faire semble une aide
pertinente si l'on considère que gérer veut non
seulement dire composer, mais aussi
améliorer.
Le tableau suivant se veut une tentative pour rapatrier les
problèmes majeurs des mères
sous les thèmes: argent, temps, émotions.
Argent
Temps Émotions
Logements inadéquats Gros travaux
ménagers Craintes face au futur
Coûts de l'éducation Surcharge des
rôles Solitude et impuissance
Manque de gardiennage Conflits
d'horaires Relations aux enfants
Endettement Absentéisme et retards au
travail Relations aux hommes
Impossibilité d'emprunter Fatigue physique et
mentale Image de soi et confiance
Manque de loisirs Manque de loisirs
Préjugés sociaux
Peu de petits luxes Manque
d'amis-es Sentiment
d'incompétence
Liliane Goulet
Septembre 1990
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