Direction du projet : Nicole Vinette
Coordination et supervision : Micheline Piché
Recherche et rédaction : Josée Gauthier
Dactylographie : Lise Soulière
Design et mise en page : Les Illustrateurs de l'Outaouais Inc.
ISBN 0-921236-00-X
Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Canada
Prix* : 7,50$
* Le prix est sujet à changement sans avis préalable.
Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit de reproduire,
d'enregistrer ou de diffuser, en tout ou en partie, le présent
ouvrage par quelque procédé que ce soit, électronique,
photographique, mécanique, sonore, magnétique ou autre, sans
avoir obtenu au préalable l'autorisation écrite de l'éditeure.
Disponible au Canada par l'intermédiaire de la poste à la
: Fédération nationale des femmes canadiennes-françaises
(FNFCF)
325, rue Dalhousie, pièce 525
Ottawa (Ontario) KIN 7G2
Tel: (613) 232-5791
Avant-propos
Signer l'avant-propos d'un guide d'aide à la rédaction, voilà
un défi à relever au pied de la lettre. En un mot, j'aimerais
franchir avec vous le seuil de la feuille blanche et effacer au passage
la gêne et la peur d'écrire. Avec simplicité, le message
glisse sur le papier; la plume se fait alors plus légère et
s'envole vers des cieux nouveaux. Écrire est une aventure qui ne
connaît pas de frontières. Vous voulez bien être du voyage?
Collaboratrices d'une importance inestimable, les corrrespondantes
de FEMMES D'ACTION ont toujours eu plus que leur mot à dire dans
le succès de la revue publiée par la Fédération
nationale des femmes canadiennes-françaises. C'est à elles,
celles d'hier et de demain, que s'adresse De la majuscule au point
final. Conçue dans le but de démystifier l'écriture,
la trousse a comme mot-clé: PLAISIR. Celui d'apprendre pour toujours
mieux écrire. Celui d'écrire pour toujours mieux se dire.
Accessible à toutes les femmes qui ont le goût de tenter l'expérience,
la rédaction est ici simplifiée par l'énoncé de
techniques et de conseils pratiques. Correspondante novice ou assidue,
vous êtes à juste titre indispensable au rayonnement de FEMMES
D'ACTION et c'est en guise de reconnaissance que nous vous offrons ce
guide.
Comme mot de la fin, je vous invite cordialement à bien vouloir
«écrire» entre les lignes de De la majuscule au point
final
Lise Latrémouille
présidente nationale
Nous remercions la Direction générale de promotion des langues
officielles du Secrétariat d'État et le Secrétariat aux
affaires intergouvernementales canadiennes du Québec pour leur
apport financier à la réalisation de ce guide.
Introduction générale
«Quand on a de bonnes idées, on peut toujours se faire aider pour les exprimer». (auteure anonyme)
À la fois outil d'apprentissage et ouvrage de référence,
De la majuscule au point final se propose de fournir aux
correspondantes de FEMMES D'ACTION les clés essentielles à
la transmission de leur message. Consciente du peu de ressources globales
existantes, la direction de la revue espère ainsi répondre
adéquatement aux nombreuses questions que soulève l'acte d'écrire.
Source d'imprécisions ou de longues interrogations, les principaux
domaines couverts sont: la présentation de la revue et des différents
genres journalistiques, les postulats généraux de rédaction
et règles spécifiques de grammaire ainsi que les principes
de féminisation.
Voué aux correspondantes de FEMMES D'ACTION, ce guide d'aide à
la rédaction s'adresse également à toutes ces gens désireuses
de collaborer à un bulletin d'information, un journal ou un magazine.
Les thèmes abordés sous forme de fascicules reliés en
un volume s'intitulent:
Premières lignes, un soutien technique à
la rédaction
Points de repère, fascicule portant sur les
particularités de l'écriture.
Au féminin, fascicule d'information sur la
féminisation du langage.
Vaste éventail de données diverses, l'information colligée
dans la trousse déborde volontairement du cadre habituellement réservé
aux correspondantes d'une revue. Celles de FEMMES D'ACTION auront ainsi
le loisir de se transformer peu à peu en «journaliste».
Sachant que la perfection s'alimente à l'encre de la pratique, nous
vous invitons à compléter De la majuscule en point final
de vos commentaires personnels. Les dernières pages de chaque fascicule
sont d'ailleurs réservées à cette fin. Nous vous saurions
gré de bien vouloir nous faire partager le fruit de vos judicieuses
découvertes.
Que la fête de l'Écriture soit vôtre!
L'équipe de FEMMES D'ACTION
NOTE : Bien que rédigé au féminin, cet ouvrage s'adresse
également à un auditoire masculin.
«La revue est à une collectivité ce que le journal personnel est à l'individue: reflet de soi-même par soi-même, moyen de se voir, de s'analyser pour progresser, pour se libérer.»
Premières lignes se veut un fascicule d'aide technique
à la rédaction. Qui est FEMMES D'ACTION, cette revue à
laquelle vous aspirez devenir correspondante? Comment une fois en poste
améliorer la présentation physique de vos articles? Où
et de quelle façon indique-t-on la source de ses citations? Ce
sont là des questions auxquelles répondra la première
partie de cet ouvrage. Par la suite, c'est à travers le «dédale»
des genres journalistiques que vous serez amenée à vous perdre.
Question de mieux vous retrouver! S'il advenait, en cours de route,
qu'un mot vous intrigue, le lexique de la fin vous en dévoilera
l'énigme.
Bonne aventure!
Femmes d'action
Son objet
L'objet de la revue FEMMES D'ACTION est de briser l'isolement que vivent
bien des femmes disséminées à la grandeur de ce vaste
pays qu'est le Canada. En plus de renseigner ses lectrices sur divers
sujets d'actualité, FEMMES D'ACTION offre à ses correspondantes
l'occasion de partager le fruit de leurs découvertes et réflexions.
Ainsi se tissent, malgré l'éloignement, des liens et des échanges
d'expériences.
Son contenu rédactionnel
Revue féministe, FEMMES D'ACTION prône l'avancement des droits
et du rôle des femmes dans la société, en vue d'une amélioration
de la qualité de vie sur la planète. De par son contenu rédactionnel,
FEMMES D'ACTION offre autant à ses lectrices qu'à ses correspondantes
des outils afin d'alimenter leur démarche de réflexion et
leur mieux-être. Au besoin, FEMMES D'ACTION dénonce une situation,
suscite un débat, met en garde ou relève un haut fait. Son
engagement social est un soutien aux actions menées par les femmes
de l'Atlantique au Pacifique.
Intéressée par une foule de sujets d'importance, la direction
de la revue a opté en 1985 pour la formule d'un thème par
parution. C'est donc autour de cette idée maîtresse que se
greffe la majorité des articles. Ces derniers prennent des allures
variées: dossiers, textes d'opinion ou de fiction, témoignages,
critiques, entrevues, portraits, chronique humoristique et, bien entendu,
la note de la rédaction. À l'affût de l'actualité,
FEMMES D'ACTION laisse également place aux reportages, compte-rendus
et analyses des événements en cours (études, projets
de loi, colloques, etc.). Par son contenu rédactionnel, FEMMES
D'ACTION donne à ses lectrices l'occasion d'approfondir des sujets
touchant de près à la vie des femmes d'aujourd'hui.
Son contenu graphique
Conformément à son homologue rédactionnel, le contenu
graphique de FEMMES D'ACTION respecte des principes de base dont la
reconnaissance du droit des femmes à l'égalité et le
constat de leur apport social. Par conséquent, les illustrations
et photographies diffusées dans la revue se doivent d'offrir une
image réelle des femmes en évinçant toute expression
potentielle de sexisme.
Vigilante à déceler n'importe quelle forme possible de discrimination,
la direction de FEMMES D'ACTION veille à ce que le contenu graphique
de la revue ne porte aucunement atteinte à sa philosophie première.
La publicité émise dans FEMMES D'ACTION suit les mêmes
normes d'éthique féministe.
Ses lectrices
La clientèle-cible de FEMMES D'ACTION présente comme dénominateur
commun le fait d'être femme francophone vivant en milieu minoritaire
au Canada. Il semble se profiler, hors de tout doute, que les inconditionnelles
de la revue ont l'âge de lire (expression synonyme de «les
7-77 ans!») et se retrouvent un peu partout au pays. Qu'elle habite
Zenon Park en Saskatchewan, Caraquet au Nouveau-Brunswick ou Sudbury
en Ontario, la lectrice de FEMMES D'ACTION occupe des fonctions diverses:
femme au foyer ou collaboratrice, directrice d'école, mécanicienne,
etc. Depuis sa création en 1971, FEMMES D'ACTION a évolué
au rythme de ses lectrices.
N.B. Même si la clientèle-cible de la revue FEMMES D'ACTION
est celle qui habite en milieu minoritaire au pays, on retrouve un intérêt
certain pour sa lecture au Québec, auprès de diverses institutions
de même qu'outre-mer.
Ses correspondantes
Toujours soucieuse d'une représentativité équitable
des Canadiennes-françaises parmi les signataires de la revue, la
direction de FEMMES D'ACTION a recours à la collaboration permanente
ou sporadique de correspondantes venues «d'un océan à
l'autre». Ces dernières répondent à deux profils
qui se complètent harmonieusement et rendent ainsi compte des préoccupations
de la population féminine au Canada.
D'une part, il y a ces correspondantes porte-parole des intérêts
et réflexions des femmes de leur communauté; dotées d'une
bonne dose de sens commun, elles ont le désir d'informer les femmes
d'ailleurs des découvertes, des gains et des ressources de leur
collectivité. D'autre part, il y a celles qui, grâce à
un récit plus personnel, témoignent d'une expérience
de vie par un texte d'opinion, de fiction ou de création. Source
d'information et d'opinion, les correspondantes de FEMMES D'ACTION permettent
à ses lectrices de «se reconnaître et de se retrouver
». Elles sont, dans les diverses régions du pays, les yeux,
les oreilles, la tête et le coeur du siège social à Ottawa.
Avec ou sans expérience reconnue en écriture, les correspondantes
peuvent être assurées de l'appui absolu, en ce domaine, de
la direction de FEMMES D'ACTION. Ni cette dernière, ni celle de
la FNFCF n'assument cependant la responsabilité des opinions émises
dans la revue. Selon les normes journalistiques et l'espace disponible,
les articles soumis peuvent à la rigueur être légèrement
modifiés tout en préservant scrupuleusement le style et le
ton de leur(s) auteure(s). En cas de changement majeur, la direction
de FEMMES D'ACTION avise la créatrice du texte concerné. À
juste titre fières d'accomplir un mandat indispensable, les correspondantes
de FEMMES D'ACTION acquièrent la meilleure formation journalistique
qui soit, celle que l'on nomme dans le jargon «sur le tas».
L'Association de la presse francophone hors Québec, Le journalisme
dans les livres, Ottawa, 1983.
Instructions pour la présentation d'articles
Les personnes intéressées à soumettre un projet d'article
sont priées de communiquer avec la direction de FEMMES D'ACTION,
soit par écrit ou par téléphone. Au moment de l'échange,
un court résumé du sujet proposé, le type et la longueur
du texte prévu (indiqué en «feuillets») ainsi que
son échéancier de remise sont des éléments essentiels
à préciser. Quant au document final, il se doit d'être
accompagné d'une brève biographie de l'auteure où cette
dernière mentionne le lieu de sa demeure, ses activités principales
et, s'il y a lieu, ses liens avec le sujet.
Conseils techniques :
Utiliser un format de 8 1/2 "/21cm x 1 l"/28cm.
Tout article est de préférence dactylographié et
à interligne double. S'il est cependant rédigé à
la main, il doit l'être normalement et lisiblement: ni trop petit
ni trop gros. Un feuillet est l'équivalent de 25 lignes à
60 frappes par ligne.
Le cas échéant, spécifier si les photographies doivent
ou non être retournées à l'expéditrice.
Une courte biographie (lieu de naissance, formation, activités
et intérêts) doit accompagner l'article.
La photographie et son bas... de vignette!
«Une image vaut mille mots», clame le vieux dicton. «À
la condition qu'elle parle!», devrait-on ajouter. Et pour ce faire,
elle nécessite une «légende» ou «bas de vignette»
pour en compléter l'information.
Le bas de vignette est un court texte explicatif qui doit se
limiter à quelques lignes seulement et répondre aux indicatifs
suivants:
la raison pour laquelle la photo est publiée
l'identification de la ou des personnes qui y figurent
et parfois, l'intention lancée à la lectrice de se pencher
sur un détail particulier méritant son attention.
Pour un coup d'oeil agréable, la légende devrait comprendre
au plus quatre (4) lignes, mais ce sont, ici aussi, le bon sens et les
besoins qui prévalent.
Il faut se souvenir que l'illustration et la légende appartiennent
au premier niveau de lecture. Presque toujours, la lectrice voit une
photo et lit le bas de vignette avant de lire l'article. Il faut donc
que la légende offre les éléments d'information indispensables
à la compréhension de la photo: de qui, de quoi s'agit-il?,
où est-ce? Il n'est pas interdit d'utiliser le bas de vignette
pour inciter la lectrice à entrer dans le texte, en éveillant
sa curiosité. Ainsi, sous le portrait d'une conférencière:
Jeannine Lanctôt: «Pas question!»
Pas question de quoi? C'est ce que la lectrice apprendra en lisant
l'article où elle retrouvera la formule dans son contexte. Ce qui
est vrai pour une photo l'est également pour un graphique, un schéma
et une carte qui exigent toujours une légende, à l'intention
des lectrices qui ne liront pas l'article en entier.
Les correspondantes sont cordialement invitées à joindre
à leur(s) photographie(s) tous les éléments nécessaires
à la rédaction d'un bas de vignette précis et intéressant,
ou bien la légende même qu'elles proposent.
Des références au pied de la lettre
Il est très fréquent qu'une auteure réfère à
d'autres sources manuscrites (documents, études, etc.) pour imager
ou clarifier une idée. Les citations doivent toujours être
clairement identifiées et rendues à qui de droit grâce
aux références aussi appelées «notes infrapaginales»,
de par leur situation en bas de page.
Conseils techniques :
A. Numéroter chacune des références et ce, de
façon continue sur toute l'étendue de l'article (ne pas recommencer
à 1 au bas de chaque page).
B. Il y a plus d'une façon de signaler une référence.
Dans un but de standardisation, FEMMES D'ACTION a cependant opté
pour la formule suivante :
utiliser un chiffre supérieur (petit chiffre
placé au-dessus de la ligne), sans parenthèses;
dans un tableau ou un schéma, lorsqu'il y a risque d'ambiguïté,
utiliser un, deux ou trois (maximum) astérisques (*) selon le nombre
de renvois;
L'«appel de note» (chiffre ou astérisque) suit immédiatement
le mot ou l'expression à laquelle il se rapporte et se place généralement
avant la ponctuation (point, virgule, etc.) ou le guillemet (»)
fermant.
EXEMPLE...
Esther Sureault dit Blondin, victime de «l'instruction royale proclamée
en 1801 pour abolir toute école française et catholique1»,
n'avait appris à lire et à écrire qu'à l'âge
de 22 ans.
C. Le mode de citation des documents diffère selon que
l'on se trouve devant une bibliographie ou une note infrapaginale. On
pourrait résumer en signalant que l'ordre de présentation
de l'auteur-e dans une note est inversé et que tous les groupes
d'éléments séparés par un point dans une bibliographie,
le sont par des virgules dans le cas de notes.
La notice bibliographique d'un livre comprend essentiellement
trois éléments principaux. Ce sont :
L'auteur-e (ou les auteur-e-s)
Le titre (en italique ou souligné).
L'adresse bibliographique (lieu, maison d'édition,
date de publication).
Pour compléter l'identification d'un ouvrage, on donne également
sa pagination et tout autre renseignement susceptible d'être utile:
la collection dont il fait partie, le numéro de l'édition,
s'il s'agit d'une 2e' 3e édition, etc. (ex.
2e éd.).
EXEMPLES Bibliographie Prévost, Augustine. L'éducation hier et aujourd'hui
1850-1985. Montréal, Éditions du Méridien, 1986,
230p. Note infrapaginale 1. Augustine Prévost, L'éducation hier et aujourd'hui
1850-1985, Montréal, Éditions du Méridien, 1986,
p. 30.
(On donne ici la page qui indique la source de référence).
La notice bibliographique d'un document officiel suit sensiblement
les même règles de description que celles d'un livre, sauf
qu'ici, l'auteure est un organisme gouvernemental. De façon générale,
on donne en premier lieu le nom du pays (ou province) suivi de celui
de l'organisme responsable de la publication ou de l'édition.
EXEMPLES Bibliographie Canada, Statistique Canada. La statistique de l'état civil,
1970. Ottawa, Information Canada, octobre 1972. 239p. Note infrapaginale 3. Canada, Statistique Canada, La statistique de l'état
civil, 1970, Ottawa, Information Canada, octobre 1972, p. 56-57.
Les articles de périodiques sont presqu'exclusivement cités
dans les notes infrapaginales. La référence comprend les
éléments suivants :
l'auteur-e (le prénom suivi du nom);
le titre de l'article (entre guillemets);
le titre du périodique (en italique ou
souligné);
le numéro du volume;
le jour, le mois et l'année (entre parenthèses);
la (ou les) page(s) consultée(s).
EXEMPLE
Yolande Grisé, «L'odeur des couvents d'antan,! 75, Femmes
d'Action, vol. 16 no 3 (février-mars 1987), p. 41-42.
D. D'ibidem à loco citato: de quoi en perdre son latin!
Il peut arriver que la même source de référence soit
citée plusieurs fois dans les notes. Il est alors utile de connaître
la méthode simplifiée de description pour abréger et
alléger la présentation bibliographique.
1. Lorsqu'un ouvrage ou document est cité une deuxième
fois immédiatement après la note qui signale cette même
source, on emploie l'expression latine Ibidem sous forme abrégé
Ibid, qui signifie «au même endroit».
EXEMPLE
3. Augustine Prévost, L'Éducation hier et aujourd'huj
1850-1985, Montréal, Éditions du Méridien, 1986,
p. 43.
4. Ibid., p. 30.
2. Lorsque par contre, ce même ouvrage
ou document est cité plus loin dans les notes, on utilise l'expression
op. cit. (opère citato) qui signifie «ouvrage cité,
175.
EXEMPLE
1. Augustine Prévost, L'Éducation hier et aujourd'hui
1850-1985, Montréal, Éditions du Méridien, 1986,
p. 43.
2. Micheline Dumont et Nadia Fahmy-Eid, Les couventines... 3. Louise Tremblay...
4. Augustine Prévost, op. cit., note 1, p. 30.
3. Lorsqu'il s'agit de citer de nouveau
un article de périodique ou un chapitre d'ouvrage qui a déjà
été cité au long (plus avant dans les notes), on emploie
l'expression loc. cit. (loco citato) qui signifie endroit cité.
EXEMPLE
2. Yolande Grisé, «L'odeur des couvents d'antan», Femmes
d'Action, vol. 161 no 3 (février-mars 1987), p. 41).
3. Micheline Dumont...
4. Louise Tremblay...
5. Yolande Grisé, loc. cit., note 2, p. 42.
Les genres journalistiques et leur traitement
Un éventail de possibilités
Tout texte imprimé dans un journal ou une revue, transmis par
une Agence de presse ou lu à l'antenne est un article, un «papier»
comme le veut le jargon journalistique. Mais de la nouvelle brève,
qui rapporte un fait en quelques lignes, à l'éditorial, qui
commente un problème d'actualité s'étend tout un éventail
de genres avec des caractéristiques bien nettes.
La brève et le filet sont les genres de base que la journaliste
exerce de son b ureau, à partir d'informations reçues de l'extérieur.
Le compte-rendu, le reportage, l'entrevue et l'enquête sont ceux
qu'elle pratique sur le terrain où elle collecte des informations.
Il existe aussi plusieurs autres genres journalistiques tels le billet,
la critique, l'éditorial, le portrait, etc., regroupés ici
sous la rubrique «divers».
Avant de partir à la découverte des caractéristiques
de chacun des genres journalistiques répertoriés, un rappel
s'impose. Ce document se veut une aide à la rédaction et non
un ramassis de contraintes. Ainsi, les informations qui suivent n'ont
comme seule prétention que celle de nommer la forme spécifique
empruntée par tel ou tel écrit afin de faciliter les communications
entre la direction de FEMMES D'ACTION et ses correspondantes. Mais encore
et toujours, une vérité demeure: si l'enveloppe de couleur
à laquelle ressemble la forme est attrayante, encore plus important
est le contenu de la lettre!
Bien avertie des effets foudroyants de la spécialisation, vous
êtes maintenant invitée à un «safari-lecture»
à travers la jungle des genres journalistiques. Bon voyage!
La brève
«Je suis petite mais, j'en sais beaucoup.»
Définition La nouvelle brève ou «brève» est une information
courte, sur un fait, répondant en un minimum de mots aux questions
: qui? quoi? quand? où? — et éventuellement aux questions:
comment? pourquoi?
Traitement
La brève ne comporte pas de titre
Les premiers mots doivent être soigneusement choisis et significatifs
Ces premiers mots sont soulignés de manière à apparaître
en grands ou en italique
La brève est précédée d'un signe typographique
d'appel: un simple tiret ou (de préférence) une «puce»
( etc.)
La brève ne devrait pas dépasser cinq ou six lignes dactylographiées,
en un seul paragraphe.
EXEMPLE
- Le contraceptif Dépo-Provera fait toujours parler de lui.
Santé et Bien-Être Canada qui devait annoncer en mars sa décision
au sujet de son approbation ne le fera qu'au début de l'été.
Ce revirement de situation est dû à l'intervention d'une coalition
d'organismes qui exige des garanties quant à la fiabilité
du contraceptif. Parmi les effets secondaires connus : le cancer chez
les bovins et les animaux domestiques.
Conseils pratiques
Les brèves, qui ont longtemps servi de «bouche-trous»,
sont aujourd'hui prévues dans les maquettes et rassemblées
sous un titre de rubrique. (FEMMES D'ACTION les regroupe dans «J'ai
su que...» et «Les écrits restent» de sa section
«En 2 mots».) Elles sont parfois aussi présentées
à la suite d'un «papier» avec lequel elles ont un certain
rapport.
L'actualité est un facteur du critère d'intérêt
qui préside aux choix des brèves. Pratiquement, cela veut
dire que la journaliste s'efforce d'apprendre et de relater le plus
vite possible les événements significatifs et dignes d'intérêt;
les nouvelles retardées en transmission se verront donc accorder
moins d'importance relative que si elles avaient été connues
dans les délais normaux.
Le premier aspect de l'intérêt d'une nouvelle est celui-là
même manifesté par le public visé. Ainsi, à propos
de chaque événement, la journaliste est-elle amenée,
avant tout, à se mettre à la place de ses lectrices et à
se poser la double question: «Cette nouvelle peut-elle intéresser
mon public?» et dans l'affirmation, «Quels en sont les aspects
particuliers qui l'intéresseront le plus?»
On ne répétera jamais assez que la plus grande qualité
d'une nouvelle, c'est qu'elle soit complète. Une information
ne doit pas laisser le plus petit point obscur dans l'esprit de la
lectrice, une fois la lecture terminée.
Cette première qualité de la nouvelle en suppose une seconde:
l'exactitude. Ne peut être parfait ce qui n'est pas vrai. Tous
les détails se doivent donc d'être précis.
Le filet
«Je capture l'essentiel de l'information.»
Définition
Le filet, comme la brève, est une information courte, sans commentaires,
mais dont l'importance relative justifie un titre séparé et
un développement un peu plus long.
Traitement
Le filet comporte un titre
Si la brève se contente généralement de répondre
aux questions qui? quoi? quand? où?, le filet s'interroge en
plus sur le comment et le pourquoi, ce qui peut justifier plusieurs
paragraphes (deux ou trois en moyenne)
Le filet dépasse cependant rarement vingt lignes dactylographiées.
EXEMPLE PROGRAMME D'ORIENTATION DE CARRIÈRES EN ONTARIO
Un service d'orientation au travail pour femmes existe dans la région
de la capitale nationale. Subventionné par Emploi et Immigration
Canada dans le cadre d'un projet «Extension», il s'agit d'un
service gratuit destiné aux femmes francophones du sud-est ontarien.
Le programme d'orientation et de ré-orientation de carrière
se divise en deux sections: la première tend à une meilleure
connaissance de soi, la seconde présente les outils techniques
pour effectuer les changements désirés. Les sessions se déroulent
sur une période de trois semaines, à raison de trois rencontre
hebdomadaires en avant-midi. Le service est également doté
d'un club de recherche d'emploi.
Peut-être existe-t-il un projet «Extension» semblable
près de chez vous? Pour le savoir, contactez le bureau régional
d'Emploi et Immigration Canada. Les résidentes de la région
de la capitale nationale peuvent quant à elles contacter Hélène
Péladeau ou Nicole Cholette, conseillères en emploi, au 232-4273.
Conseils pratiques
Le filet est bien souvent une dépêche d'agence de presse
ou un communiqué envoyé par un organisme ou une instance
gouvernementale. Tout en demeurant dans un ton strictement informatif
et neutre, la plupart des journaux et revues refont les titres et
beaucoup réécrivent le texte dans le style «maison».
Comme pour les brèves, la tendance est de regrouper les filets
dans un emplacement bien défini et selon une présentation
harmonisée (FEMMES D'ACTION opte ici aussi pour les placer à
l'intérieur de sa rubrique «En deux mots»).
Les critères d'intérêt, d'exactitude et de totalité
de l'information transmise par les filets prévalent toujours.
Le filet, tout comme sa consoeur la brève, ne comporte aucun
commentaire, aucun jugement qui risque de colorer -voire de rendre
suspect- l'ensemble des informations données. Si un commentaire
s'impose, il sera fait dans un «papier» distinct et signé;
s'il s'avère être bref, il peut être présenté
entre crochets, à la fin du filet, et précédé
de la mention NDLR (note de la rédaction) ou initiale.
Sauf indication formelle en sens contraire, toujours considérer
que le public auquel on s'adresse ne connaît rien de l'histoire
ou du sujet traité. Par conséquent, donner tous les détails
pertinents à la compréhension du contenu du filet sans faire
allusion, ni dans le titre, ni dans le texte, à des faits supposément
connus.
Le compte-rendu
«Je rapporte des faits sans les commenter.»
Définition
Le compte-rendu est un genre strictement informatif et «objectif».*
Son but est de fournir au public cible l'essentiel des informations
qui l'intéressent à propos d'un événement donné.
Traitement
Dans le compte-rendu, la journaliste dit les faits et laisse la
lectrice juge. Le ton est donc celui de l'information «neutre»:
la présence personnelle de la journaliste ne s'y sent qu'à
travers la précision du témoignage.
Il ne s'ensuit pas, cependant que le compte-rendu apparaisse sans
vie et sans couleurs; il doit, au contraire, être animé
par des citations (précises et brèves) au style direct.
Le compte-rendu peut s'alimenter d'ingrédients dont le reportage
est friand: croquis d'un personnage, anecdote, brève description
du cadre, etc. La journaliste garde cependant toujours ses distances
vis-à-vis du sujet et n'indique pas ses réactions personnelles.
C'est ici que se situe la frontière entre le compte-rendu et
le reportage.
N.B. Un même sujet peut être traité en compte-rendu
ou en reportage. Ainsi, une joute de ringuette:**
*Les guillemets indiquent clairement que nous ne croyons guère
à ce mot trop galvaudé. Le choix des faits rapportés
(ou écartés), l'importance qui leur est accordée, la
manière dont ils sont communiqués dépendent -qu'on le
veuille ou non- de la personnalité du témoin. Ce qui n'empêche
en rien la journaliste de s'avérer être un témoin honnête.
** «ringuette»: sport canadien, semblable au hockey sur glace,
où l'on retrouve six joueuses par équipe.
Un compte-rendu fera le récit détaillé
et précis des principales phases du jeu.
EXEMPLE
«À la 13e minute de la seconde période, l'ailière
gauche Louise Lévesque évite de justesse une feinte de son
adversaire; d'un solide coup de patins, elle remonte la patinoire et
marque son troisième but du match.»
Les réactions du public ne seront que brièvement résumées
:
EXEMPLE
«Les partisanes des Lionnes de Saskatoon ovationnent leur héroïne.»
Ce même exemple comparé sera repris ultérieurement
dans le genre «reportage».
Conseils pratiques
L'exigence première du compte-rendu est de rapporter tous les
faits qui paraissent à la journaliste importants, nouveaux et intéressants
pour son public, en s'efforçant de tenir la bride courte à
ses opinions et impressions personnelles. Le pouvoir de choisir les
informations qu'on rapporte est déjà bien assez grand pour
qu'on n'y ajoute pas ces abus de pouvoir que sont la déformation
ou l'omission volontaires.
La journaliste doit veiller sans cesse à ne pas confondre le
commentaire avec l'information.
Le reportage
«À travers moi, la lectrice ressent l'événement.»
Définition
Le reportage (aussi nommé «feature») a pour but de faire
voir, entendre, sentir et ressentir ce que la journaliste a vu, entendu,
senti et ressenti elle-même. C'est le genre à choisir lorsque
l'information a le caractère d'un «spectacle» vivant
aux facettes multiples. En voici quelques exemples.
Traitement
Le reportage comporte forcément une part
de subjectivité. Deux journalistes placées au même
endroit devant la même scène ne noteront pas exactement
des choses semblables et n'en retireront pas nécessairement une
impression identique. La règle d'or doit cependant demeurer la
rigueur dans l'information. Son impression, la journaliste en reportage
la communique uniquement à l'aide de faits, sans commentaires
explicites.
EXEMPLES
le croquis d'intérêt humain
le portrait d'un personnage intéressant
un événement historique
l'histoire d'un voyage
une analyse d'un événement, d'une situation.
Le style du «feature» n'est pas le même que celui du
compte-rendu. La journaliste y trouve l'occasion de se servir d'un style
plus personnel et de raffiner ses talents de conteuse.
Les paragraphes d'un reportage ne doivent pas compter plus de huit
lignes. Sinon, ils risquent de ne pas être lus ou escamotés.
Les phrases ont avantage à suivre le même modèle, i.e.
la brièveté. Les phrases trop longues font que la lectrice
vous abandonne en cours de route parce qu'elle est mêlée ou
qu'elle n'est pas prête à accorder autant d'attention à
votre «papier».
Exemple de situation
N.B. Nous reprenons ici le même exemple que cité précédemment
dans le «compte-rendu», soit la joute de ringuette.
EXEMPLE
Au troisième but du match, alors que Louise Lévesque retourne
à son banc le sourire aux lèvres, sa mère saute d'un bond
la patinoire. Visiblement émue du succès de sa fille, elle la
serre dans ses bras pendant que la foule ovationne chaleureusement leur
héroïne.
Un reportage racontera moins les détails de la joute elle-même
que la «tranche de vie» dont elle est l'occasion. Ce qui se
passe avant et après la rencontre, ce qui se vit dans les estrades
ou dans les vestiaires y deviendra aussi important ou davantage que
les péripéties du match lui-même. Une spectatrice pittoresque
pourra, à la rigueur, y occuper autant de place qu'une joueuse
vedette!
Conseils pratiques
La technique du reportage repose sur une collecte abondante de tout
ce qui constitue la vie. Il a même besoin de passion.
des personnages typés qui ont un nom, un âge, un visage,
un comportement, une manière de parler, etc.;
des paroles rapportées au style direct, des dialogues;
des scènes vivantes, des anecdotes;
des couleurs, des odeurs, des bruits;
un décor, dessiné en quelques traits précis.
Tous ces ingrédients nécessaires à la confection d'un
reportage doivent être sélectionnés, puis assemblés
ou «mis en scène», en s'en tenant strictement aux faits.
C'est ici seulement qu'intervient le «talent». Ainsi, avant
d'écrire, la Journaliste doit se demander: quelle est l'impression
que je veux communiquer à mes lectrices et quelles sont, parmi
les informations recueillies, celles susceptibles d'atteindre ce but?
Les faits doivent être liés les uns aux autres de manière
cohérente et logique. D'où l'importance de choisir un «angle»
qui inspirera le reportage du début à la fin, lui donnant
cette unité essentielle à la réussite.
Voué d'abord à exploiter les sentiments humains, le reportage
doit utiliser des mots qui ont une résonnance; chaque paragraphe
doit apporter une pression de plus en plus forte sur les sentiments
des lectrices. On utilisera, pour ce faire, toutes les techniques
journalistiques: le contraste, le suspense, l'interrogration, l'humour,
la déclaration fracassante, etc.
Les photographies jouent plus souvent qu'autrement un rôle
très important dans un reportage. Elles font ressortir le contenu
et aide la lectrice à comprendre visuellement ce qui est dit
en mots; de plus, elles incitent à la lecture.
L'entrevue
«Je réponds aux questions que se pose la lectrice.»
Définition
L'entrevue se définit comme une démarche d'interrogation,
en ce sens qu'elle a pour but d'obtenir des informations (ou des opinions)
inédites de la part d'une personne qui accepte que ses propos soient
rapportés au public. Tout comme l'enquête, l'entrevue prend
sa source dans les questions que la journaliste (ou son public) se pose
sur un problème donné. Mais ici, les questions conduisent
à une personne apte à y répondre ou dont l'opinion intéresse
grandement les lectrices.
Traitement
L'entrevue exige préparation et planification. Afin de réussir
l'exercice, la journaliste tire avantage à s'informer au préalable
de la carrière, des habitudes de travail ou de loisirs et des
intérêts de l'interviewée; étudier également
la personnalité, les idées et le caractère de cette
dernière s'avère un atout certain. Il est indispensable
de se documenter sur le sujet de l'entrevue ainsi que sur les déclarations
antérieures de l'interviewée.
L'entrevue est, de préférence, un tête-à-tête
d'une durée minimum qui ne devrait jamais être inférieure
à trois quarts d'heure.
L'entrevue n'est pas une discussion; la journaliste est là
pour poser des questions et non pour donner son avis. Les questions,
préparées à l'avance par écrit, aident à
maîtriser l'entrevue. La journaliste ne doit cependant pas en
être prisonnière: si l'interviewée ouvre une porte
inattendue, l'intervieweure réagit aussitôt avec des questions
improvisées.
Même si la journaliste en connaît la réponse, elle
doit quand même poser la question car dans la réplique de
l'interviewée, il peut y avoir un aspect nouveau. La façon
dont une personne dit une chose est aussi souvent plus importante
que la chose elle-même. Notez donc les caractéristiques
de sa personnalité, ses tics, ses gestes, etc. Ces détails
peuvent apporter de la couleur à votre article.
Le «papier» qui sortira de l'entrevue ne sera évidemment
pas le mot à mot de tout ce qui a été dit. Comme dans
le cas du reportage, l'entrevue suppose une sélection, en plus
ici d'une reconstruction, des réponses de l'interviewée.
EXEMPLE
... De retour d'une odyssée en politique partisane, Jacqueline
Pelletier a bien voulu prendre une pause, le temps d'échanger sur
ce concept encore rarissime dans son application concrète, celui
du pouvoir politique. «J'ai vu peu de pouvoir en politique, mais
beaucoup de contrôle par contre» etc.
Parmi les genres d'entrevue, on retrouve :
l'entrevue d'actualité
où le but est d'obtenir l'opinion d'une personne, dont l'autorité
est reconnue, sur un ou des sujets d'actualité ;
l'entrevue biographique
où le but est de relever les succès, la valeur, les caractéristiques
et les idées d'un personnage déjà célèbre ou
très connu dans sa région ;
l'entrevue de groupe
où il s'agit d'entrevues menées auprès de gens dans la
rue sur un sujet simple ou une question d'actualité, ou d'une table
ronde réunissant plusieurs personnes pour discuter d'un sujet en
particulier.
Conseils pratiques
Une personne qui accepte une entrevue donne implicitement son accord
à ce que la journaliste lui pose toutes les questions jugées
pertinentes sur le sujet défini mutuellement et à ce que ses
réponses soient publiées. C'est là une raison supplémentaire
pour éviter toute confusion entre «interview» et «entretien».
On peut accepter un entretien avec une journaliste et lui refuser une
entrevue. Dans ce dernier cas, la journaliste doit demander explicitement
à son interlocutrice si elle peut citer tel ou tel de ses propos.
Inversement, au cours d'une entrevue, une interlocutrice peut à
certains moments s'exprimer «off the record», c'est-à-dire
demander à la journaliste de ne pas rapporter tel ou tel de ses
commentaires. Cette requête doit scrupuleusement être respectée.
Il est aussi fréquent qu'une interlocutrice accepte de transformer
un entretien en interview, si la journaliste a su habilement créer
un rapport de confiance.
Il est bon que la journaliste cause quelques minutes avant de commencer
l'entrevue proprement dite. Cette conversation préliminaire a
pour effet de créer un climat propice au dialogue.
La façon la plus sûre de mener une entrevue, c'est encore
d'être franche et honnête. Identifiez-vous ainsi que la
revue ou le journal pour qui vous collaborez et clarifiez les points
à développer. Dans la majorité des cas, on coopérera.
Ne soyez ni timide ni arrogante mais plutôt courtoise, ferme
et directe. Restez vous-même. Ne vous laissez pas intimider.
Si votre interlocutrice refuse de répondre à une question
(dans le sujet choisi) ou si elle cherche à «noyer le poisson»,
reformulez poliment mais fermement votre question: une nouvelle dérobade
n'en sera que plus significative.
Au moment de la rédaction de son article, la journaliste se
demandera, une fois de plus, quel est le message essentiel à
transmettre, en fonction de l'angle choisi et du public auquel elle
s'adresse. Après avoir trié les réponses significatives,
elle les émondera de leurs digressions, des répétitions
sans intérêts et des détours inutiles. En presse écrite,
il n'est pas interdit de formuler clairement ce que l'interviewée
a dit de manière embrouillée.
Attention cependant à conserver les traits caractéristiques
de la parole de votre interlocutrice: ne la faites pas parler comme
un livre... Conservez les tournures originales, une exclamation, voire
un tic de langage.
Après avoir lu l'interview, votre interlocutrice
doit pouvoir reconnaître: «Ce n'est pas exactement ainsi
que je l'ai dit, mais... C'est exactement ce que je voulais dire!»
L'enquête
«Je suis la détective des genres journalistiques.»
Définition
L'enquête est l'étude d'une question réunissant des
témoignages et des expériences. Elle regroupe une série
de recherches ordonnées pour faire connaître la vérité
et informer le public de ce qu'il ignore.
Traitement
Si le reportage montre, l'enquête démontre
et alors que le sujet du reportage est un spectacle, celui de l'enquête
est un problème.
II y a enquête dès que la journaliste entreprend de répondre
à une question en allant chercher des informations à la source.
Une enquête peut demander une heure et trois coups de téléphone...
ou trois mois de travail à plein temps!
la démarche de l'enquête ressemble trait pour trait à
celle de la recherche scientifique. L'on peut la décomposer en
cinq étapes :
poser la bonne question, clairement formulée, sur un vrai problème:
c'est l'angle de l'enquête;
faire le point des connaissances sur la question: c'est la phase
de documentation;
formuler des hypothèses de travail, sans en écarter aucune
a priori;
vérifier les hypothèses sur le terrain, en allant aux
sources tant objectives que partisanes;
aboutir à une conclusion.
Une enquête digne de ce nom ne peut négliger aucune de ces
étapes, et en particulier la quatrième. Gare aux seules compilations
de documentation existante sur le sujet ou aux spéculations sans
vérification expérimentale, de même qu'aux démonstrations
partisanes d'une conclusion déterminée dès le départ.
Une enquête effectuée sans commentaires ressemble à
un gâteau sans glaçage... elle se digère mal!
L'enquête fait appel non seulement à toutes les qualités
professionnelles d'une journaliste, mais aussi à toutes les ressources
de l'écriture journalistique comme le reportage, l'entrevue, le
portrait, etc. Une enquête importante peut même justifier
un éditorial. En ce sens, on peut dire que c'est le genre des genres
journalistiques. L'enquête journalistique aura toujours sa place
pour celles qui veulent connaître le fond des choses.
Exemples de situation
Un «simple» sujet de reportage peut se métamorphoser
en thème d'enquête. Par exemple: L'ailière des Lionnes
de Saskatoon (c.f. exemple de reportage), Louise Lévesque, a droit
à un reportage sur les hauts faits de sa carrière comme première
compteuse de son équipe: exigences et contraintes de l'entraînement,
plaisir de la victoire, etc. La journaliste, en situation de reportage,
croit alors déceler l'utilisation abusive de suppléments protéines
ou même de drogues chez les joueuses de ringuette. La voilà
sur la piste d'une enquête qui la mènera des joueuses aux
pharmaciennes, des entraîneures aux partisanes, etc. De fil en
aiguille, la journaliste peut soulever un vrai problème d'intérêt
public, en révélant des informations inédites.
Conseils pratiques
II est bon d'enregistrer les entrevues dans leur entier et de conserver
les cassettes ou rubans jusqu'à plusieurs semaines après
la publication des articles. C'est là une méthode qui peut
aider la journaliste dans sa rédaction tout en la protégeant
légalement dans le cas où cela s'avérerait nécessaire.
Ne jamais omettre de recueillir l'opinion des «gens simples»
sur le sujet; des réalités souvent ignorées par les
autorités sont ainsi souvent révélées au grand
jour.
Comme tout article, l'enquête se rédige en fonction du
message essentiel qui est, ici, sa conclusion. Quant à son fond,
le plan du «papier» s'apparente beaucoup à celui de
la démonstration scientifique.
On retrouve cette structure sous des formes diverses.
Si cette charpente doit exister, elle doit cependant demeurer invisible,
habillée qu'elle est par toutes les ressources de l'écriture.
EXEMPLE
problème
hypothèse
vérification
conclusion
EXEMPLES
situation
causes
solutions possibles ou préconisées, ou
conflit
arguments des uns et des autres
les faits
l'avis des spécialistes
qui a raison.
Divers
«Je vous parle un peu de tout.»
Sous cette rubrique «divers», voici regroupés de genres
journalistiques habituellement réservés à des «spécialistes»,
exception faite du portrait. Sans les considérer mineurs pour autant,
les ouvrages de référence consacrent moins d'importance à
la définition et au traitement du billet, de la critique et du
portrait qu'aux autres genres précédemment cités. Ici
encore cependant, l'exception de l'éditorial vient confirmer la
règle.
Le billet
Définition
Il s'agit d'un court article de commentaire, généralement
sur un fait d'actualité et caractérisé par une touche
finale inattendue (humoristique, paradoxale, impertinente, etc.)
EXEMPLE
Le billet intitulé «Le boutte du boutte», en dernière
page de chacun des numéros de FEMMESD'ACTION.
La critique
Définition
La critique est un article rendant compte d'un événement
artistique (parution d'un livre, vernissage d'une exposition, première
d'une pièce de théâtre, etc.), sportif (ex.: joute-étoiles)
ou autre et dont l'auteure (la critique) donne son avis sur l'élément
traité.
EXEMPLE
La page «Critique» des divers numéros de FEMMES D'ACTION
ou toute autre page ainsi intitulée dans les diverses publications.
L'éditorial
Définition
C'est un article qui prend position sur un problème d'actualité
et qui engage la responsabilité morale de la direction et de la
rédaction de la revue ou du journal.
Traitement
L'éditorialiste doit communiquer simplement. Il est futile
de chercher de «belles» phrases qui ne disent rien; il est
préférable de s'en tenir à l'essentiel même si
l'on doit pour cela aborder deux sujets dans l'espace alloué.
Lorsqu'on écrit un éditorial, il faut avancer des raisons,
argumenter logiquement et... prévoir les réactions! Ces
dernières seront plus souvent qu'autrement négatives parce
que les personnes en accord avec les idées présentées
ne verront que rarement la nécessité où même l'utilité
de le communiquer à l'auteure. L'éditorialiste doit bien
sûr se faire un devoir de signer son texte.
Les idées soulevées et les opinions exprimées dans
un éditorial devraient refléter la politique éditoriale
préalablement établie par la direction et respectée
pour l'ensemble du contenu de la revue ou du journal.
N.B. La «note de la rédaction» (NDLR) qui ouvre sur
chacun des numéros de FEMMES D'ACTION n'est pas en soi un éditorial,
bien qu'elle y puise certains de ses éléments. Il en est ainsi
lorsqu'en présentant le sujet du numéro de par ses grands
titres, elle fait ressortir de façon particulière une facette
de la thématique. La «NDLR» porte également toujours
la signature de son auteure.
Le texte d'«opinion» qui paraît dans FEMMES D'ACTION
se rapproche de l'éditorial en cela qu'il développe un point
de vue personnel, dénonce une situation ou propose une action et
suscite une réaction chez les lectrices.
Conseils pratiques
L'éditorialiste doit se tenir constamment à la fine pointe
de l'actualité afin de la bien commenter. Elle ne manquera pas
de rappeler les antécédents qui peuvent aider à mieux
comprendre les situations analysées et, dans certains débats
fondamentaux, elle pourra être appelée à se prononcer
de façon catégorique.
L'opinion exprimée doit toujours se baser sur des faits réels
et non pas sur des ouï-dire ou des rumeurs.
Soucieuse de l'honnêteté, l'éditorialiste n'hésitera
pas, au besoin, à s'excuser si les faits avancés s'avéraient
faux ou incomplets. La rectification doit alors être faite dans
l'édition suivante.
Une opinion exprimée aujourd'hui peut ne pas être valable
dans deux semaines, deux mois ou deux ans. Il ne faut pas craindre
alors de suggérer une idée contraire, si la situation le
dicte. C'est une question de crédibilité personnelle et
collective, surtout pour toute revue (ou journal) désireuse de
devenir un outil de changement social.
EXEMPLE
Les quotidiens et hebdomadaires régionaux et nationaux regorgent
d'exemples d'éditoriaux, bien assis dans les premières pages
de la publication.
Le portrait
Définition
II s'agit d'un article qui dessine la personnalité de quelqu'une
à travers ses caractéristiques (biographie, mode de vie, opinions,
etc.). on le dénomme aussi «profil».
EXEMPLE
Le «Portrait» de chaque numéro de FEMMES D'ACTION au sujet
d'une femme qui, de par sa profession, ses loisirs ou sa personnalité,
contribue à l'essor des femmes.
Conclusion
Aide technique à la rédaction, Premières lignes
regroupe un ensemble de principes et de méthodes de travail. Ce sont
des manières de faire qui servent à savoir comment mieux s'y
prendre pour produire une oeuvre, un «papier» en ce qui nous
concerne. Fondés sur l'expérience journalistique, les moyens
offerts relèvent strictement de l'expression (façon de dire)
et non de l'inspiration. Ce souffle de création qui anime la journaliste
devant sa page blanche ne s'injecte en aucune sorte; il est unique et
réside à l'intérieur de chacune des écrivaines. Tout
comme Premières lignes, le fascicule suivant Points
de repère vise à offrir quelques bouffées d'air
frais pour mieux respirer sans pour autant, toutefois, étouffer la
rédactrice.
Expirez bien puis, inspirez!
Bibliographie
Centre de formation et de perfectionnement des journalistes. Guide
de la rédaction. Paris, 1984, 93 p.
L'Association de la presse francophone hors Québec, Le journalisme
dans les livres, Ottawa, 1983.
Van Coillie-Tremblay, Brigitte. Guide pratique de correspondance
et de rédaction. Québec, Éditeur officiel
du Québec, 1976, 201p.
Gagnon, Yves. Le style journalistique. Cahier d'études
et de recherches. Office des Communications Sociales, 4005 Bellechasse,
Montréal (Qc) H2H 2B4, 2,50$.
Lexique
Bas de vignette
court texte explicatif qui accompagne une photo, un
dessin ou un graphique.
Bibliographie
répertoire de lectures suggérées ou
de sources de références, dressé selon l'ordre alphabétique
des noms d'auteur-e-s.
Billet
court article de commentaire, généralement
sur un fait d'actualité.
Brève (ou nouvelle brève)
information sans titre sur un fait d'actualité
et répondant en un minimum de mots aux questions.
EXEMPLE
qui? quoi? quand? où?
Colonne
division verticale habituelle d'une page de journal
ou de revue. Instrument de mesure pour la mise en page.
EXEMPLE
Cet article doit paraître sur 2 colonnes
Communiqué
texte transmis à la rédaction, pour fin
de publication, par une personne ou un organisme.
Compte-rendu
article d'information rendant compte, sans commentaire,
d'un événement auquel la journaliste a assisté.
Coquille
faute typographique; lettre substituée à
une autre.
EXEMPLE
«lagune» au lieu de «lacune»
Critique
article rendant compte d'un spectacle, un livre, etc.
et sur lequel l'auteure (la critique) donne son avis.
Dépêche
information transmise par une agence de presse ou
une correspondante.
Éditorial
article prenant position sur un problème d'actualité
et engagent la responsabilité morale de la direction et de
la rédaction de la revue ou du journal.
Embargo
demande de ne pas publier une information avant un
jour et une heure donnés.
Enquête
article ou série d'articles partant d'une ou
plusieurs questions sur un problème et y apportant une réponse
(ou du moins des informations inédites) grâce à des
témoignages et documents recueillis à la source.
Feature
article vivant et coloré, rapportant sans commentaires
explicites ce que la journaliste a vu, entendu, senti et ressenti.
Feuillet
instrument de mesure de la longueur des textes. Un
feuillet est l'équivalent de 25 lignes dactylographiées
de 60 frappes par ligne.
Filet
information titrée, courte mais plus développée
que la brève, répondant aux questions: qui? quoi? quand?
où? comment? pourquoi?
Italique
caractère de lettres légèrement incliné
vers la droite.
Légende
voir BAS DE VIGNETTE.
Mise en page
opération par laquelle on dispose les éléments
de composition d'un journal ou d'une revue, en y intercalant tout
ce qui doit rentrer dans le texte (titres, illustrations, etc.).
Off the record
information fournie confidentiellement; en principe,
elle ne doit pas être publiée ni son auteure identifiée.
Papier
terme du jargon journalistique désignant n'importe
quel article.
Portrait (ou profil)
article dessinant la personnalité de quelqu'une
à travers des caractéristiques telles que: biographie,
mode de vie, opinions, etc.
Reportage
voir FEATURE
Scoop
information exclusive et importante que la revue (ou
le journal) est la première à révéler.
Sommaire
bref résumé avec indication de la page,
des principaux articles du numéro de la revue ou du journal.
«Écrire demeure enfin de compte un acte exécuté
à huis clos.» Gisèle Villeneuve, Calgary, 1987)
L'écriture ressemble à la vie elle-même. Parfois toute
en douceur, d'autres jours morose de par les difficultés qui s'enchaînent.
En rédaction aussi, les questionnements se font nombreux mais grâce
à Points de repère, le soleil réapparaît
et éloigne les nuages noirs de la page immaculée. Une fois
diagnostiqué, le syndrome de la feuille blanche est ici inondé
de remèdes tous plus efficaces les uns que les autres: le plan,
l'habillage de l'article et les principes généraux de rédaction.
Une fois bien revigorée, vous avez également droit à
quelques réponses en prime à ces sempiternelles questions,
telles que... l'accord de «tel»! Ajout à ce fascicule
qui traite de style et de grammaire, vous trouverez un annexe de ressources
sur les particularités du français en milieu minoritaire.
Bonne lecture
et surtout... bonne écriture!
Le syndrome de la feuille blanche
Assise devant votre machine à écrire ou le stylo à la
main, vous êtes figée, paralysée. L'inspiration s'absente
pour trop longtemps et la rédaction de votre article ne peut attendre.
La tête vous tourne légèrement et votre pouls se fait
plus insistant. Les lettres de votre clavier mental s'entassent pêle-mêle
sans parvenir à se ranger en un seul mot. Vos idées s'embrouillent.
Par où commencer?
La meilleure manière de faire passer le message (information ou
opinion) que vous voulez transmettre est de le formuler pour vous-même,
par écrit, avant de commencer la rédaction de l'article proprement
dite. Un peu comme si vous deviez, de suite, raconter oralement l'événement
à une autre personne. Quelle que soit la complexité du sujet,
l'essentiel se résume en quelques phrases. Rédiger ce message
essentiel et unique vous oblige à sélectionner, à prioriser
et ainsi, écarter l'accessoire. C'est là un excellent moyen
de savoir par où commencer lorsqu'on est hésitante ou «bloquée»;
de plus, cela s'avère un guide sûr pour le plan de l'article.
Selon un ouvrage du centre français de formation et de perfectionnement
des journalistes, «le message essentiel, c'est l'étoile polaire
1» de la journaliste. Dans le cas où l'on a beaucoup
à dire, il faut choisir un angle, privilégier un élément
parmi les autres; si vraiment le sujet comporte plusieurs messages essentiels,
mieux vaut les traiter séparément en plusieurs articles. En
respectant ces grandes lignes, la clarté du message est assurée.
1. Centre de formation et de perfectionnement des journalistes, Guide
de la rédaction, Paris, 1984, p. 14.
Le Plan
Rédiger le plan d'un texte éloigne le désordre des idées
en les disposant les unes à la suite des autres. Il se divise essentiellement
en trois parties: l'introduction ou entrée en matière, le
développement et la conclusion. Mis à part la nouvelle (le
filet et la brève), tous les autres genres journalistiques se servent
de cette formule.
L'introduction situe et expose brièvement
ce qui va suivre; elle prépare et annonce le développement
qui constitue le corps du sujet. Un bon début se doit d'être
bref, clair, sans banalité et simple. On peut aisément accéder
à ce résultat à l'aide d'une pensée, une citation
historique ou une courte anecdote liée au sujet; une idée
générale ou une maxime permet également d'amorcer l'article
sans autant en dévoiler toute la teneur. C'est par le préambule
que l'on capte l'intérêt de la lectrice.
Sachez que :
le titre ne fait pas partie de l'introduction;
l'idée de ce dernier doit donc être incorporé
de nouveau dans une des phrases de l'entrée en matière,
de préférence dans le premier ou second paragraphe.
la conclusion ne doit aucunement percer
dès le début; dans le cas contraire, vous enlèveriez
tout le sel de votre travail, surtout s'il s'agit d'un récit.
Avec un texte d'opinion ou d'actualité, il est cependant
permis de passer outre à cette consigne.
Le développement détaille les
idées directrices et fournit tous les renseignements et observations
qui y sont reliés. Bien unis entre eux, les faits s'enchaînent
de façon naturelle, presque imperceptible.
Sachez que :
Le recours au sous-titre en caractère
gras permet de bien démarquer le transfert d'idée dans
un même texte.
Le dernier paragraphe doit se relier naturellement
à la troisième partie de la rédaction, soit la
conclusion.
La conclusion, au même titre que l'introduction,
se doit d'être brève. Son rôle est de résumer
l'essentiel des idées directrices et de chercher à mettre
en lumière, s'il y a lieu, les conséquences qui en découlent.
La conclusion veut, en fait, répondre aux promesses du début
et laisser l'esprit des lectrices pleinement satisfait. Sans répétition
de mots, elle offre un bref résumé du sujet, une réflexion,
une pensée ingénieuse ou une interrogation pertinente. La
simplicité de la conclusion se marie à celle du début.
A titre d'exemple, voici le résultat d'un plan bien élaboré
:
Une trousse d'appui aux monoparentales
Sortir de l'ombre
Par Diane Vachon
Le nombre de familles monoparentales s'accroît. Les données
de recensement indiquent qu'environ une famille sur dix (11% en
Ontario) n'a à sa tête qu'un seul parent et 80% sont des
femmes. Selon la FNFCF, être femme, francophone et cheffe de
la famille c'est en général se voir en situation de survie.
La Fédération nationale des femmes canadiennes-françaises
lançait en conférence de presse récemment une trousse
d'information et d'appui pour les monoparentales francophones de
l'Ontario : Chacune est à l'ombre de toute... Parlons-en,
sortons-en!1
Cette nouvelle production comprend un cahier de renseignements
sur les droits des femmes et les services utiles en Ontario. Pour
mieux tirer vos ficelles le premier cahier, comporte une
table de matière exhaustive afin de faciliter le repérage
rapide. Le réflexe du meilleur ajoute une dimension
plus personnelle de la situation de la femme seule avec ses enfants.
Ce deuxième cahier propose une démarche individuelle pour
ensuite promouvoir le regroupement, une option différente qui
porte fruit dans l'amélioration des conditions de vie des femmes.
Par le biais de ce lancement la FNFCF voulait également rappeler
les raisons de son implication avec les cheffes de famille, faire
le point sur les activités en région et mettre en évidence
la cause politique de ces femmes auxquelles chacune de nous peut
s'associer.
Les femmes monoparentales vivent des difficultés économiques,
elles ont un urgent besoin de tous les services de support à
la famille, des programmes d'égalité d'accès à
l'emploi, d'action positive, etc... Pourtant les monoparentales
ne connaissent que très peu ces appuis, ces revendications.
Elles n'ont pas, non plus, une vision d'ensemble de leur situation.
La FNFCF visait donc l'information et le regroupement pour favoriser
la création d'une voix politique des cheffes de famille.
Ces intentions ont rencontré les limites du temps dont disposent
les monoparentales, des difficultés personnelles qu'elles ont
à surmonter et leur besoin de répondre immédiatement
à leur manque de vie sociale. Les groupes se sont formés
à Ottawa, Timmins, Sudbury et brièvement à Hawkesbury.
Seulement les femmes de Sudbury ont su intéresser une relève
à poursuivre les efforts du début.
La FNFCF a, pour sa part, dénoncé l'éparpillement
des informations nécessaires aux femmes en difficulté.
Elle a aussi mis en évidence l'état de survivance des
familles monoparentales ayant à leur tête une femme. Le
dossier des monoparentales est celui qui repose le plus vivement
la question de l'autonomie financière des femmes dans notre
société.
À chacune et chacun de nous de s'assurer que nos actions de
changement aillent dans le sens d'une promotion sociale très
large plutôt que de perpétuer les écarts actuels.
1. Exemplaires disponibles sur demande à la FNFCF. (Source
: Femmes d'Action, vol.16 no 3, 1987, p.12).
L'habillage de l'article
Titres, surtitres et sous-titres, légendes d'illustrations, encadrés
et intertitres habillent l'article sans l'affubler pour autant. Choisis
avec doigté, ils s'avèrent des accessoires empreints de couleurs
qui invitent à la lecture. Quant au «lead» (ou chapeau)
et à la chute, ils ouvrent et ferment les portes d'une information
soutenue.
Le titre
Tout comme l'enseigne d'un commerce ou un signal routier, le titre a
deux fonctions premières: attirer l'attention et délivrer un
message. Pour combler le premier objectif, le titre doit être court
et pour retenir l'attention, il faut qu'il soit unique. Concentrer un
message aussi dense et original que possible dans un minimum de mots,
c'est là tout le défi du titre. Ce dernier peut, au besoin,
s'enrichir d'un surtitre.
EXEMPLE
surtitre : La complémentarité duféminin et du masculin
titre : VERS L'ATTEINTE DE L'ÉQUILIBRE
(Femmes d'Action, vol. 16 no 3, p. 31)
N.B. Femmes d'Action opte souvent pour l'utilisation du surtitre qui
tout en précisant le titre, le dégage d'éléments qui
l'allongeraient inutilement. Dans d'autres publications, le sous-titre
répond sensiblement aux mêmes besoins.
EXEMPLE
titre : Les maternelles d'entreprises
sous-titre : De plus en plus de grandes compagnies organisent des «pouponnières
d'entreprises» pour aider les jeunes à se lancer en affaires.
(L'Actualité, mai 1987, p. 124)
L'intertitre
Semés à intervalles réguliers (un par feuillet au maximum),
les intertitres sont un peu comme des fenêtres qui permettent à
la lectrice de regarder à l'intérieur de l'article. Il s'agit
d'extraits mis en évidence typographiquement.
EXEMPLE
intertitre : Apprendre à connaître les sens féminin et
masculin qui vivent en chacun de nous...
(Femmes d'Action, vol. 16 no 3p. 31)
Le «lead» ou le chapeau
Coiffer une nouvelle c'est le chapeauter d'une introduction, d'un «lead»
comme le veut le jargon journalistique. On insistera jamais assez sur
l'importance de ce premier paragraphe car c'est en le lisant que la lectrice
décidera de poursuivre ou non l'exercice. Le «lead» ne
répond pas nécessairement aux six points classiques dont les
cinq «w» (par référence à l'anglais).
Bien souvent, quelques-uns de ces éléments suffisent pour compléter
un bon «lead». Il s'agit de choisir le fait le plus important,
parfois ce sera «Qui?», d'autres fois «Quoi?», etc.
L'introduction (ou attaque) au texte doit donner l'essence de l'article
et mener au vif du sujet dès les premières lignes. Tant et si
bien qu'en cas d'urgence (manque de temps ou d'espace), on pourrait couper
le corps de l'article et encore là, être informée. Le «lead»
est en quelque sorte une vitrine qui vise à piquer la curiosité
de la lectrice qui, intéressée par les mots, ira voir de plus
près l'article en son entier.
Les six points classiques : qui? (who?) quoi? (what?) où?
(where?) quand? (when?) pourquoi? (why?) comment?
La chute
Dernier paragraphe ou dernière phrase, la chute est la touche finale
sur laquelle s'arrête le texte. Dans certains cas (ex. texte d'opinion),
elle comporte une conclusion alors que dans d'autres, elle laisse la lectrice
libre de tirer la sienne.
Le hors-texte
Souvent appelé «encadré», le hors-texte est un court
.«papier» (souvent moins d'un feuillet) annexé à l'article
principal. Il est présenté à part, soit parce qu'il est
hors de l'angle premier ou parce qu'il s'agit d'un gros plan qui allongerait
l'article et en romprait le rythme. Par exemple:
un portrait d'un personne citée dans l'article
un historique
des statistiques
une courte entrevue
un aspect connexe à la question traitée, etc.
Il faut tenir compte qu'en tant que «papier court» et valorisé
par l'encadré, le hors-texte est souvent lu avant l'article qu'il
accompagne. Il doit donc pouvoir être compris sans avoir recours
à la lecture de l'article.
Les principes généraux de rédaction
La journaliste écrit pour être lue et comprise de toutes ses
lectrices. Sauf exception, elle ne s'adresse pas à un public d'initiées
et même dans une revue spécialisée, les lectrices ne sont
pas toutes au même niveau. Le souci premier de la journaliste doit
donc être la clarté: celle du message précédemment
traitée et celle du langage.
Le document français déjà cité donne l'avertissement
suivant: «Trop de journalistes débutants sont obsédés
par un faux problème: celui du style. Le journalisme n'est pas de
la littérature2.» Ce qui est exigé, c'est la
transmission de l'information d'une manière concise et accessible
à toutes et à tous. Si cela vaut pour des journalistes de profession,
cela vaut tout autant pour les correspondantes de Femmes d'Action. Cherchez
donc à traduire de la manière la plus simple et la plus claire
votre message essentiel: un message par article, une information par phrase.
Et pour agrémenter la «tâche», voici quelques conseils
pratiques.
2. Centre de formation et de perfectionnement des journalistes, op.cit.,
note 1, p. 14.
Respectez l'orthographe
L'orthographe est un code conventionnel et les mots ont un visage que
les lectrices reconnaissent; ainsi, une faute d'orthographe peut les distraire
de leur lecture. Dans le doute, nulle ne s'abstiendra donc de référer
au dictionnaire car bien qu'imparfait*, il est aussi indispensable à
la bonne rédaction que le parachute aux amateures de parachutisme.
C'est grâce à ces outils que, dans les deux cas, l'on retombe
sur ses deux pieds! Quel dictionnaire utiliser? Il est évident que
depuis sa parution, Le Petit Robert remporte haut la palme mais,
comme cela est question de goût (et non seulement de coût!),
le dictionnaire avec lequel vous êtes le plus familière peut
s'avérer le meilleur. Une seule mise en garde contre les incomplets:
si vous n'y trouvez pas réponse à toutes vos questions d'orthographe,
l'ouvrage est louche!
Si la connaissance de l'anglais s'avère parfois un atout, elle cause
également bien des ennuis et des maux de têtes aux francophones
lorsque vient le temps d'écrire dans leur langue maternelle. Afin
de prévenir certains malaises inutiles, voici une liste de «pièges
orthographiques» tirée du Guidedujournaliste
de la Presse Canadienne. Ne vous y laissez pas prendre!
* Seuls trois mots, en français, prennent deux g. Ce sont: aggraver,
agglutiner, agglomérer et leurs dérivés.
Veillez à la syntaxe
Dans la langue française, la structure habituelle est «sujet(A)
— verbe(B) — complément(C)».
EXEMPLE
J(A)'écris(B) un texte(C).
Une forme différente peut parfois produire un effet de surprise
intéressante mais l'utilisation systématique de structures
inattendues risquerait de gêner la réception du message. Ici
comme ailleurs, «La modération a bien meilleur goût!»
Les nombreuses questions soulevées par la rigueur de la syntaxe
font l'objet de maintes grammaires. Comme dans le cas du dictionnaire,
celle qui vous est la plus familière risque d'être la plus
utile. On parle souvent, et avec raison, de la pertinence de l'ouvrage
de l'illustre Maurice Grevisse, Le Bon usage; il comporte cependant
deux inconvénients: son prix onéreux (69,95$ en 1987) et sa
vastitude qui en a découragé plus d'une. Le Précis
de grammaire française du même auteur se présente
cependant à un coût beaucoup plus abordable (16,45$). Parmi
bien d'autres titres possibles, citons :
La grammaire française de Jacqueline Ollivier (17,95$)
aux Éditions Études vivantes, 6700 chemin Côte de Liesse,
Saint-Laurent, Québec, H4T 1E3.
Le français pratique écrit et parlé de Pierre-Valentin
Berthier et Jean-Pierre Colignon (19,95$) aux Éditions Solar
de Paris.
Le guide du rédacteur (sic) de l'administration fédérale
du secrétariat d'État (14,95$) disponible au Centre d'édition
du gouvernement du Canada, Approvisionnements et Services, Ottawa,
K1A OS9.
La grammaire typographique d'Aurel Ramât (11,95$) disponible
en librairie ou auprès de l'auteur, C.P. 408, Tour de la Bourse,
Montréal, Québec, H4Z 1J7
N.B. : Un service de renseignements gratuits en ce qui a trait à
la grammaire française est disponible auprès du Secrétariat
d'État à Ottawa. On rejoint la responsable de la division
concernée, Huguette Guay, au (613) 997-4058. Une demande rapidement
énoncée coûte peu; l'appel de retour, porteur de «bonnes
réponses», est aux frais de l'État.
Faites des phrases courtes
Les expériences sur la lisibilité et la mémoire montrent
que dans une phrase de longueur moyenne (vingt à trente mots),
la lectrice retient moins bien la seconde moitié que la première.
Au-delà de 40 mots, elle ne se rappelle plus à la fin ce qu'elle
a lu au début: Que penser alors de ces phrases de 50 et 60 mots
ou plus?
Si la lectrice doit relire chaque phrase pour l'assimiler, son réflexe
habituel est d'abandonner. Il ne s'en suit pas qu'il faille adopter
un style haletant composé de phrases de trois à quinze mots
qui, lui aussi, est fatiguant. Une alternance est nécessaire entre
les phrases très courtes et les phrases plus longues mais, 40 mots
devraient être une limite.
Séparez le texte en paragraphes
Afin de capter l'attention, il faut éviter les longs paragraphes
tout comme la succession de petits. Chaque idée nouvelle d'importance
doit faire l'objet d'un paragraphe et ce dernier s'enchaîner au
prochain, conformément à la logique de l'article. On ne saurait
trop insister sur l'usage de mots«charnières» pour relier
des phrases ou paragraphes. Bien qu'il ne faille pas en abuser, les
mots or, donc, par contre, en effet, ensuite, cependant, etc., sont
indispensables à la bonne rédaction de textes.
Utilisez une ponctuation adéquate
La ponctuation n'est pas un luxe de la langue et en faire un usage
judicieux assure clarté et précision au texte. Il faut donc
se faire un «point» d'honneur d'en connaître les grandes
lignes.
LE POINT (.) se place à la fin d'une phrase. Contrairement
aux notes en bas de page qui requièrent un point, les titres
s'en abstiennent. Depuis l'adoption des normes internationales, le
point a disparu de la graphie des nombres en français; il est
remplacé par la virgule.
EXEMPLE
5,85$
LE POINT D'INTERROGATION (?) s'utilise à la fin de tout interrogation
directe; il faut donc l'omettre après une interrogation indirecte.
EXEMPLE
Elle me demanda si je la croyais.
LE POINT D'EXCLAMATION (!) achève les phrases qui expriment
l'étonnement, l'admiration, l'indignation ou le soulagement.
Il accompagne les interjections comme «eh bien!» et les
impératifs sur lesquels on veut insister.
LA VIRGULE (,) s'emploie pour marquer, à l'intérieur d'une
même phrase, les pauses légères entre les éléments
non reliés entre eux par des termes de coordination ou de subordination.
Elle sépare aussi les éléments semblables d'une enumeration,
à condition qu'ils ne soient pas réunis par «et»,
«ou», «ni».
EXEMPLE
C'est une journée claire, fraîche et ensoleillée.
LE POINT-VIRGULE (;) s'utilise pour marquer
une pause entre deux membres de phrase d'une même nature qui
ont une certaine longueur.
EXEMPLE
Ce que nous apprécions, c'est sa compétence ; ce que nous
ne pouvons admettre, c'est son comportement au travail
LES DEUX POINTS (:) servent à annoncer l'explication, la conséquence
ou la synthèse de ce qui précède; ils peuvent souvent
remplacer les expressions «à savoir», «c'est-à-dire»,
«en effet», etc. Les deux points sont aussi employés
pour introduire les paroles rapportées ou une citation.
EXEMPLE
J'ai finalement trouvé leurs noms : Pierrette, Jeannot et Jacqueline.
LES POINTS DE SUSPENSION (...) indiquent qu'une phrase est inachevée,
pour quelque motif que ce soit: interruption, hésitation, changement
d'idée, pause, ironie, sous-entendu, etc. Jamais plus de trois,
ils ne doivent jamais suivre «etc.» car ce serait une répétition.
EXEMPLE
Elle parle français, anglais, allemand, etc.
LES GUILLEMETS (« ») servent à
indiquer une citation ou des paroles rapportées. On met une
citation entre guillemets si on n'en change pas un mot; autrement,
le passage supprimé est remplacé par des points de suspension.
On peut aussi placer entre guillemets un néologisme (mot nouveau),
un terme sur lequel on veut insister, un mot technique, étranger
ou insolite.
EXEMPLE
La longueur du texte est indiquée en «feuillets».
LES PARENTHÈSES ( ) permettent d'intercaler
dans le texte une explication ou une indication qui n'est pas assez
importante pour faire l'objet d'une phrase distincte.
EXEMPLE
... dans le Rapport statistique complémentaire (Formule AS-3)
que vous trouverez ci-joint.
LES CROCHETS ([ ]) s'utilisent pour insérer
un mot ou une expression dans un texte entre parenthèses.
Ils servent aussi à rétablir
des mots qui manquent ou identifient.
Les crochets indiquent également une
suppression dans une citation.
EXEMPLES
(À cette fin, consultez le Guide terminologique (p.38) et le
Rapport statistique (p.25)).
Elle (l'orpheline) doit avoir moins de 18 ans.
«(...) les rapports (...) doivent être préparés
par une actuaire (...)»
LES TIRETS (-) valorisent le mot ou le passage
encadré.
EXEMPLE
Elle a souligné - et personne ne s'est plus préoccupée
de la contredire - que son projet était le meilleur.
L'ASTÉRISQUE (*) est utilisé pour renvoyer à une
note, généralement installée en bas de page ou fin
d'article.
Employez un vocabulaire accessible
Tout mot inconnu devient un obstacle gênant pour la lectrice et
si le phénomène apparaît à chaque phrase, elle s'en
va. S'arranger pour expliquer tout terme qui risque d'être mal
compris, employer un mot courant plutôt que savant, expliciter
un sigle, etc. sont des réflexes journalistiques à développer.
L'emploi d'un vocabulaire simple n'empêche cependant pas la précision.
Les verbes «être», «faire» et «avoir»
peuvent être remplacés par des verbes plus précis et
connus, épargnant ainsi de nombreux compléments. Un mot rare,
une fois expliqué, évite aussi bien des périphrases et
approximations. Une règle d'or s'impose au-delà de toutes
les autres: ne jamais employer un mot que l'on ne comprend pas parfaitement
soi-même.
Utilisez les verbes à la forme active
Contrairement à l'anglais, le français est rébarbatif
à la forme passive, i.e. où l'action est subie par le sujet.
Ainsi, la phrase «La Fédération doit toujours être
avisée lorsque...» gagne à être remplacée par
«Chaque membre doit toujours aviser la Fédération lorsque...»
Oubliez le passé simple
Temps classique de la narration qui nous «donna» tant de
mal en mémorisation, le passé simple est révolu sauf
en littérature. Préférez-lui le simple passé composé.
Parlant de temps de narration, pour décrire des situations ou
événements qui se précipitent, le présent rend mieux
l'idée que le passé.
EXEMPLE
L'avion a quitté (au lieu de quitta) le sol à seize heures.
Toutes les règles pré-citées n'ont qu'un but: devenir
vos alliées.
Réponses en prime
Parmi les mille et une question que suscite la rédaction d'un
texte, nous avons cru bon en isoler trois qui — selon notre expérience
— méritent un traitement plus approfondi. Il s'agit de :
la majuscule
les nombres
l'accord de «tel»
La majuscule
Bien que l'usage de la majuscule ne soit pas rigide, il y a des règles
générales à respecter.
Prennent une majuscule :
Tous les noms propres par essence (Diane, Manitoba,
Moyen-Âge) ou par occasion (Régime de rentes, Service de
l'information).
N.B. : Lorsqu'un nom propre par occasion est précédé
d'un démonstratif (ex. «ce») ou d'un qualificatif qui
lui ôte sa qualité de nom propre, le nom s'écrit avec
une minuscule.
Le premier mot des noms :
d'associations ayant un but littéraire,
artistique, scientifique, social, sportif, etc.: L'Académie
canadienne-française La Société canadienne du cancer
La Fédération nationale des femmes canadiennes- françaises
EXEMPLE
... le Régime des allocations familiales de la Colombie- Britannique.
Ce régime... la création du Service interne. Le nouveau service...
de compagnies ou sociétés commerciales, agricoles, industrielles
et financières : les Établissements Fortier & Taschereau
le Crédit foncier, la Banque impériale de commerce l'Union
régionale des caisses populaires
d'organismes ou d'unités d'administration publique uniques
dans un État : la Cour suprême, le Conseil supérieur
de l'éducation, la Bibliothèque nationale, l'Assurance-chômage,
le Musée d'art moderne
N.B. Le mot ministère prend la minuscule (sauf au début d'une
ligne dans une adresse), tandis que chaque terme à entité
propre qui le suit prend la majuscule : le ministère des Affaires
sociales, le ministère des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières.
Les noms des points cardinaux lorsqu'ils désignent une région
ou une certaine étendue de territoire et qu'ils ne sont pas accompagnés
d'un déterminant : Je vais en vacances dans l'Ouest, dans le Sud
mais l'ouest canadien le nord de l'Ontario le sud des États-Unis.
Les noms de pays, villes, montagnes, îles, fleuves, etc.: les
Rocheuses, la rivière Rouge (N.B.: Lorsqu'il s'agit d'une localité
portant le même nom qu'un cours d'eau, les deux mots s'écrivent
avec une majuscule et sont joints par un trait d'union.).
EXEMPLE
La municipalité de Rivière-Rouge.
Les noms de races, de peuples ou leurs équivalents. Les adjectifs
de nationalité prennent cependant une minuscule de même que
le nom de la langue.
EXEMPLE
les Canadiennes, les Fransaskoises, les Canadiennes françaises
(sans trait d'union), les femmes Canadiennes-françaises (avec trait
d'union), elle parle l'allemand.
Les mots Église et État
EXEMPLE
l'État canadien, l'Église anglicane.
Les nombres
LA GRAPHIE DES NOMBRES
EXEMPLE
On écrit en chiffres arabes :
tout chiffre à partir de 14 excepté ceux qui se
prononcent d'une seule syllabe (ex. quinze, seize).
II y avait 23 personnes présentes.
Les mesures de longueur, de surface, de volume, de capacité,
de poids.
Le trajet compte 350 kilomètres.
Les sommes d'argent
(on utilise un espace pour séparer les suites de chiffres,
par groupes de trois)
2,85$ (deux dollars et 85 cents) 2080$ 53 000$
Les degrés, heures, minutes et secondes.
II est 8 heures 32 minutes et 23 secondes.
Les âges.
Elle aura 53 ans demain.
Les taux d'intérêt.
Emprunter à du 12%, ça vous
semble raisonnable?
Les nombres statistiques.
45 femmes sur 85 ont approuvé le
premier choix.
Les dates.
Nous sommes le 17 juin.
Les numéros d'articles de codes, lois, statuts, etc.
L'histoire du règlement 17 refait
surface.
On écrit en lettres :
tout chiffre en bas de dix ainsi que ceux qui se prononcent
d'une seule syllabe.
onze, seize, vingt, trente, cent, etc.
Tout chiffre placé au début d'un paragraphe.
Vingt-deux personnes assistaient à
la rencontre.
Tout adjectif numéral ordinal indiquant l'ordre et le
rang assigné à un objet.
N.B. Les abréviations des adjectifs numéraux
ordinaux sont : premier 1er
première lre
deuxième 2e
second 2d
seconde 2de
troisième 3e
quatrième 4e
cinquième 5e (de même pour le suivants: 45e, 1000e...)
Les autres manières d'abréger (3ième-1ère
) sont fautives
Cette école compte une douzième
année.
On écrit en chiffres romains:
les noms des siècles.
En ce XXe siècle...
Les nombres suivant un nom propre.
Paul VI, Elizabeth II
Les adjectifs numéraux ordinaux des dynasties, des conciles,
des olympiades.
la XIXe dynastie ; Vatican
II ; la Xe olympiade.
LE TRAIT D'UNION ET LA CONJONCTION «ET» DANS LES NOMBRES
Lorsque les nombres de dix-sept à quatre-vingt-dix-neuf
sont en toutes lettres, leurs éléments sont reliés
par des traits d'union ou par la conjonction «et».
quatre-vingt-dix-sept ; trente-deux mille
cent soixante-dix-neuf ; trente et un.
La conjonction «et» s'emploie pour les nombres qui
comprennent un et dans «soixante et onze». À
la première règle existent deux exceptions: quatre-vingt-un
et cent un
trente et un
Une fraction écrite en toutes lettres ne prend pas de
trait d'union.
Si la fraction apparaît en chiffres, il ne faut pas de
e abréviatif.
les trois quarts ; la dix millionième partie.
8/10 (et non 8/10e).
L'ACCORD DES NOMBRES
Vingt et cent prennent la marque du pluriel lorsqu'ils sont
multipliés et ne sont pas suivis d'un autre adjectif numéral.
Il est à remarquer qu'ils peuvent s'accorder devant millier,
million et milliard, car ces derniers sont des noms.
cent femmes; cinq cents femmes; cinq
cent trois femmes; quatre-vingts milliards huit cents millions.
Le nombre mille est toujours invariable même lorsqu'il
est un nom.
Toutefois, mille prend un s au pluriel quand il désigne
une distance.
Trois millions huit cent mille cotisantes.
Il y en a des mille et des cents.
à trois milles d'Edmonton.
L'ACCORD DE «TEL»
Comme adjectif «tel» s'accorde en principe avec
le nom qui le suit.
Jamais je n'ai éprouvé de telles
frayeurs.
Placé en tête de phrase avec la fonction attribut,
«tel» s'accorde avec le sujet qui dans ce cas est
inversé.
Telle était son amie.
«Tel» introduisant une comparaison s'accorde avec
le nom comparé.
Le Rhône, tel une furie,
sortait de son lit.
Tel suivi immédiatement de «que», dans les
tours comparatifs, s'accorde avec le nom qui précède.
N.B. Dans un tel cas, «tel» peut être
remplacé par «comme».
C'était Julie, telle que
je l'avais vue la première fois.
«Tel quel» doit obligatoirement s'accorder avec
le nom auquel il se rapporte.
Je vous renvoie vos feuilles manuscrites
telles quelles.
Dans l'expression «comme tel» (en tant que tel),
«tel» représentant un nom, il est bon de l'identifier
avant de faire l'accord.
La liberté d'expression est une
notion fondamentale et, comme telle, ne saurait être
bafouée.
Conclusion
Points de repère a tenté de cerner les grandes questions
inévitablement soulevées par la rédaction. Nous espérons
qu'une fois démystifiés, les hauts et les bas de l'écriture
reprendront dorénavant le chemin de la relativité. «L'écriture,
disions-nous en introduction, ressemble à la vie elle-même».
Ainsi donc, elle évolue et s'adapte aux besoins nouveaux. La preuve
vivante en est le prochain fascicule dont le sujet est la féminisation.
Avec nous, l'écriture grandit!
Bibliographie
Centre de formation et de perfectionnement des journalistes. Guide
de la rédaction. Paris, 1984. 93 p.
La Presse Canadienne. Guide du journaliste. 3e éd.
Montréal, 1986. 153 p.
Van Coillie-Tremblay. Guide pratique de correspondance et de rédaction.
Montréal, Leméac, 1976. 201 p.
Annexe
les particularités du français en milieu
minoritaire
«Les fautes sont comme les mauvaises herbes ; il en est de toutes sortes: des tendres, des résistantes, des
voyantes, de très grosses, de minuscules, d'autres si fréquentes qu'on ne les aperçoit
plus.» (Pierre A.R Monod, Danger... anglicismes, p. 33)
En Amérique, six millions de francophones se retrouvent encerclés
par plus de deux cent cinquante millions d'anglophones. C'est là
un phénomène de taille qui mène directement à celui
de l'intrusion d'anglicismes ou de calques de l'anglais dans le français
des diverses régions du Canada. Il n'en reste pas moins qu'il existe
«un certain nombre de mythes concernant le français en milieu
exposé»... les Franco-Albertains de Rivière-la-Paix, à
la différence des Parisiens et même de certains Montréalais,
ne parlent pas de weekends ponctués de long drinks. Ils ont en fait
ben du fun... mais sans flatter les Anglais par le choix du mot pour exprimer
leur joie1.» Ainsi parlait Keith Spicer, ex-commissaire
aux langues officielles, en 1981; le propos est toujours d'actualité.
Tout en restant vigilantes face aux mots et constructions de phrases subtilement
« imposés» par la présence de l'anglais dans nos quotidiens,
soyons fières de nos régionalismes qui donnent à notre
langue le goût de l'unicité.
1. Pierre A.R. Monod, Danger... anglicismes!, Saint-Boniface,
Les Éditions du Blé, 1982, p. 13.
Ressources
Renseignez-vous auprès des collèges et universités de
votre région au sujet des cours de français offerts à l'éducation
permanente ou par correspondance. Ces derniers consistent en des cahiers
d'exercices (grammaire et style) à compléter chez soi puis,
à retourner à l'institution. Une fois corrigés par la personne
responsable, ils vous sont retournés. Les frais varient selon les
maisons d'enseignement mais demeurent toutefois raisonnables.
Selon des sources bien informées, de tels sendees seraient disponibles:
à la Faculté Saint-Jean d'Edmonton, (403) 468-1254
au collège Algonquin d'Ottawa: programme EGAPO, (613) 598-4528
à l'Université laurentienne de Sudbury: cours de français
#1505 et #2505, (705) 675-1151
à l'Université de Moncton: cours de français #4840
sur les parlers régionaux, (506) 858-4057, offert par Louise Péronnet,
directrice du Centre de recherche en linguistique appliquée.
Lectures suggérées
Dagenais, Gérard. Dictionnaire des difficultés de la langue
française au Canada. Boucherville, Les Éditions Françaises
1984, 530 p.
Darbelnet, Jean. Dictionnaire des particularités de l'usage
Québec, Presses de l'université du Québec, 1986, 215p.
Monod, Pierre A.R Danger... anglicismes! Saint-Boniface, Les Éditions
du Blé, 1982. 134 p.
Si que, no 6 (automne-hiver 1983-84), revue du département
d'études françaises de l'Université de Moncton.
«S'inscrire dans le langage, c'est prendre sa place dans
le monde.» Suzanne de Lotbinière-Harwood, 1986
Pouvoir de la langue et langue du pouvoir, titre emprunté
à l'un des chapitres de l'excellent ouvrage de Manina Yaguello, Les
mots et les femmes. Comme outil de communication et de répression,
la langue est à ce point puissante que les gens munis de pouvoir
se l'approprient. Le féminin en français n'est, la plupart du
temps, que l'addition d'un e muet au masculin (ou serait-ce que le masculin
est la soustraction du mutisme?). De là à nous enlever la parole
pour se l'usurper, il n'y avait qu'un langage à faire! Phénomène
qui a d'ailleurs inspiré l'écrivaine de théâtre, Denise
Boucher :
«À vivre avec des muettes et avec des sourds Comment avons-nous
appris à parler? »
«On ne peut se battre pour changer une réalité si on ignore
les causes qui l'ont amenée», explique la journaliste Armande
Saint-Jean dans l'introduction de Pour en finir avec le patriarcat.
C'est autour de cet axiome que gravitent les chapitres I et II de
«Au féminin» ce présent fascicule sur la féminisation:
La langue: miroir social et L'image des femmes dans la
langue française; le premier présente la langue en tant
que reflet de la société, le second remonte aux sources du malaise
qui nous fait parfois sentir à l'étroit dans cette langue qui
se dit nôtre. La féminisation proprement dite dresse, elle,
les grandes lignes de l'actuel «mouvement de féminisation»
et identifie, pour plus d'uniformité, les formules retenues par la
direction de la revue FEMMES D'ACTION. Un fait demeure: aucune instance
académique officielle n'a encore stipulé en ce domaine qui apparaît
«si empreint de passion et d'émotivité» pour nombre
de linguistes. Voilà des qualificatifs «féminins»
qui amoindrissent ainsi le caractère rationnel du propos tenu depuis
plus d'une décennie! N'oublions pas que
«Jusqu'à preuve du contraire, la langue est du
domaine de la société réelle et les changements
linguistiques ne sont ni plus faciles ni plus ardus que
les transformations sociales.
...Quelle erreur... de laisser croire que de travailler à
changer la langue n'équivaut pas à travailler pour
changer les mentalités et les perceptions des
personnes qui l'utilisent2»,
Les citations et références seront nombreuses dans ce fascicule
sur la féminisation. Elles vous permettront, par la lecture plus
approfondie des ouvrages cités, de poursuivre votre réflexion
car tout n'est pas encore dit, en ce vaste domaine. Que les femmes deviennent
prophètes en leur pays et fassent ainsi mentir la langue qui les
occulte depuis trop longtemps!
Sans l'apport inestimable de Claudette Thériault, responsable du
dossier «Action politique» à la Fédération des
Dames d'Acadie, de Christiane Picard, traductrice et d'Huguette Guay,
grammairienne, ce document serait incomplet. Nous tenons à exprimer
notre profonde gratitude à ces collaboratrices... sans égal!
Denise Boucher, «Autour le monde a perdu ses oreilles»,
Sorcières, no 14, p. 41.
Armande Saint-Jean, Pour en finir avec le patriarcat. Éditions
Primeur, Montréal, 1983, p. 241.
La langue : miroir social
« Une langue est intimement liée à une société
et à ses valeurs qu'elle transmet et qu'elle reflète à
la fois... Dans une société patriarcale, dominée par le
sexisme, teintée de misogynie, la langue est un outil de communication
qui sert à véhiculer les valeurs qui sous-tendent cette société,
à les refléter, et par conséquent à les perpétuer.
Dans une société patriarcale, sexiste, misogyne, la langue est
donc elle aussi patriarcale, sexiste et misogyne '»
Journaliste et féministe engagée, Armande Saint-Jean lève
le voile sur les subtilités (!) de la langue qui, comme outil de
communication, «devient un appareil très puissant qui contribue,
plus lourdement que d'autres appareils idéologiques, au maintien
du patriarcat et du rapport de forces sur lequel repose le système
.» C'est dans cette même veine qu'un linguiste avant-gardiste,
Antoine Meillet, faisait remarquer à ses collègues en 1921 que
«Si on veut se rendre compte de ceci que dans les langues qui ont
une distinction du masculin et du féminin, le féminin est toujours
dérivé du masculin, jamais la forme principale, on ne le peut
évidemment qu'en songeant à la situation sociale respective
de l'homme et de la femme à l'époque où se sont fixées
ces formes grammaticales3.» Voilà qui est bien loin,
dans le temps et la perception de la déclaration du 14 juin 1984
de l'Académie française où l'on peut lire: «Il convient
en effet de rappeler qu'en français comme dans les autres langues
indo-européennes, aucun rapport d'équivalence n'existe entre
le genre grammatical et le genre naturel.» En une seule phrase, les
quarante «immortels» venaient de mettre le bâillon à
la féminisation...
Selon les auteures retenues, la langue est — dans une large mesure
— un miroir social dans lequel se mirent les préjugés
et les stéréotypes d'une époque donnée. En aucune
sorte fruit du hasard, la langue provient, entre autres, d'une vision
particulière des rôles dévolus aux hommes et aux femmes
dans la société et à ce titre, peut alimenter et entretenir
de fausses réalités. Souffrant de lacunes sérieuses (voir
plus loin «Trous du vocabulaire»), la langue dessert mal quantité
de ses utilisatrices. «C'est pourquoi elle doit changer»,
s'écrie avec raison Armande Saint-Jean. Allons donc voir de plus
près les nombreux exemples que nous offre notre «belle»
langue française!
Armande Saint-Jean, Pour en finir avec le
patriarcat, Montréal, Éditions Primeur, 1983, p. 225.
Ibid., p. 225-226.
Antoine Meillet, «La Catégorie du
genre et les conceptions des Indo-européens», in Linguistique
historique et comparée l, Paris, 1921, p. 29.
L'image des femmes dans la langue française
«11 y avait une fois», conteront peut-être un jour les
francophones, «des mots de notre langue qui n'existaient qu'au féminin
et d'autres qui ne survivaient pas à ce titre; d'autres conféraient
un sens ou un statut social différent selon le genre attribué.
Si l'on se fie aux écritures anciennes, il y avait aussi préséance
d'un masculin qui se disait parfois neutre. D'autres non-sens faisaient
également rage dont notre mémoire se souvient avec peine puisque
notre langue, avec le temps, a bien changé», concluront les
usagères et usagers du français de l'an... devinez quoi!
Les trous du vocabulaire
En cours de réflexion, Armande Saint-Jean dénote de nombreux
«trous de vocabulaire» qu'elle présente comme autant d'«exemples
du clivage entre le clan des DOMINANTS et celui des DOMINÉES, puisque
certains mots qui se réfèrent exclusivement aux personnes de
l'un ou l'autre clan n'ont pas d'équivalent dans le genre opposé1.»
Ainsi, certains mots n'existent qu'au féminin : marâtre, matronne, ménagère, poupée, putain, et d'autres, malgré leur forme féminine exclusive, désignent
cependant ou des hommes ou des femmes : lavette, mitaine (au figuré), victime, vierge. D'autres mots encore ne subsistent qu'au masculin : bourreau, témoin, tribun, parents.
Saint-Jean s'interroge alors en ces termes: «Comment se fait-il
que la victime soit toujours au féminin et que le bourreau ne soit
qu'au masculin?» «Pourquoi le terme misogyne n'a-t-il pas
d'antonyme! Le misanthrope haït le genre humain en général
et le misogyne haït les femmes en particulier, mais quel mot désigne
celui ou celle qui haït l'homme, le mâle, spécifiquement?
Serait-ce que l'homme ne peut se considérer méprisable et
que seule la femme peut être haïe2?»
En plus des mots à genre unique, il en existe toute une série
dont le sens ou la valeur de statut social conféré varie complètement
selon qu'ils sont au masculin ou au féminin. Ainsi,
maître (à penser, d'oeuvre)/maîtresse
(de maison, au lit)
parent (père, mère, etc)/parente (associée par la parenté)
sorcier (guérisseur)/sorcière (femme maléfique)
maire (premier magistrat)/mairesse (épouse du maire)
servant (de messe, chevalier)/servante (domestique)
Dans le cas de «couturier/couturière», Marina Yaguello
apporte un éclairage intéressant: «Il est à peu
près certain que la formation est inversée, le masculin venant
du féminin... Comme chaque fois qu'une profession féminine
est investie par les hommes, elle s'en trouve rehaussée sur l'échelle
sociale. Couturier implique prestige, d'où cette situation paradoxale:
des femmes (... Nina Ricci, Chanel...) sont sacrées grands couturiers4.»
N'allons pas croire qu'il n'en va de même que pour les noms («substantifs»).
Certains adjectifs n'en sont pas moins sexistes tel que le dénote
Claudette Thériault: «Et pourquoi certains adjectifs correspondant
à homme ou femme ont-ils une signification différente? Ex.:
une femme publique/un homme public; une femme savante/un homme savant,
etc.5.» (On se rappellera que, depuis Molière,
«femme savante» rime avec «pédante»!)
Mais réjouissons-nous. Des lacunes de vocabulaire se comblent,
bon gré mal gré, au fil des prises de consciences et des nouvelles
réalités. Certaines formations récentes («père
célibataire», «homme au foyer») ont même le
«mérite» d'être nées du féminin. Autre
exemple: le nom «sororité» issu de «soeur»
(avec ses dérivés «sororel» et «sororalement»
que, faute de mieux, on remplaçait jadis par «fraternité
féminine». Il faut cependant avouer que les nouveaux mots
du genre «sororité» font leur entrée dans la langue,
à pas de... louve!
Le «neutre» masculin
Une définition simple et imagée de ce qu'est le «neutre»
masculin, en français, est fournie par la féministe Armande
Saint-Jean :
«... par un seul mot et un glissement de
sens qui réside dans une majuscule, les mâles se sont approprié
l'espèce. En effet, le mot homme désigne à la fois l'individu
de sexe masculin (l'homme avec une minuscule), mais aussi l'espèce
dans son entier (l'Homme avec une majuscule), ce qui tend à associer
dans une profonde et intime fusion la partie et le tout, l'individu
et l'espèce. Qui plus est, ce même mot homme, quand il désigne
l'humanité, englobe aussi les femmes, cette moitié de l'espèce
qui ne vaut pas assez pour qu'on la nomme spécifiquement. Comme
dit Louky Bersianik, les mâles ont capitalisé l'espèce,
tout comme ils ont capitalisé l'argent, le pouvoir et le savoir
.»
Quel autre choix reste-t-il à la femme que celui de devenir homme
pour accéder à l'humanité? Le dicton «Un poids,
deux mesures» prend vraiment ici toute sa force avec une masculinité
qui inclut l'humanité. Ce fameux «neutre» masculin gobe-tout
peut cependant être habilement évincé tel que le suggère
la traductrice Christiane Picard:
ÉVITER
EMPLOYER
les hommes
l'humanité
tous les hommes sont égaux
tous les êtres humains sont égaux
années-hommes
années-personnes
hommes de loi
gens de lois (juristes)
hommes de science
scientifiques
les droits de l'homme
les droits de la personne
musée de l'homme
musée d'anthropologie
l'homme de la rue
les gens ordinaires
le citoyen moyen
la population
Puisque beaucoup de gens n'incluent pas systématiquement les
femmes dans les expressions comme «Canadiens» ou «travailleurs»,
mieux vaut utiliser des expressions comme «les Canadiens et les
Canadiennes» ou «les adolescentes et les adolescents»
afin de faire ressortir le fait que vous parlez des personnes des deux
sexes .»
N.B. On pourrait facilement croire que, grâce à son neutre
grammatical «it», l'anglais est moins sexiste que le français.
La traductrice Suzanne de Lotbinière-Harwood nous met en garde
contre une telle «tentation»:
«... l'anglais..., comme le français,
emploie des masculins comme termes génériques qui «embrassent»
et «comprennent» le féminin (par exemple, the brotherhood
of man). Ce sont, en fait, de faux termes génériques: dirait-on
Man and Her World, ou the sisterhood of man? Voyons donc!... Comme les
autres langues, l'anglais est un «man-made language». ...
Le vice de forme ne se trouve pas dans une langue ou dans une autre,
mais dans l'il-logique structurale même de tout langage patriarcal8...»
La grammaire sexiste
La règle du «bon usage»
Le masculin l'emporte toujours sur le féminin. Subtile et subliminale
règle de grammaire contre laquelle les soumises ne devaient jamais
regimber. Tant et si bien que malgré l'illogisme, comme le souligne
l'écrivaine Louky Bersianik, un seul petit chaton suffit pour mettre
au masculin une foule de trois mille femmes: trois mille femmes et un
chat se sont promenés dans la rue. Armande Saint-Jean laisse profiler
un espoir de justice en réalignant la règle citée précédemment
sur la logique la plus stricte et en la transformant ainsi :
quand le masculin et le féminin sont tous les
deux présent-e-s, la majorité l'emporte puisque ce sont en majeure
partie des femmes qui travaillent dans ces institutions
EXEMPLE
«les infirmières d'un hôpital», «les enseignantes
d'une école primaire»
ou à défaut de pouvoir distinguer une
majorité très nette, il faut utiliser les deux9.
EXEMPLE
les étudiantes et étudiants
Éditrice, traductrice et professeure, Françoise Marois «rétablit
l'équilibre des forces» grâce à la loi de la proximité
où le nombre l'emporte sur le genre.
Définition du principe :
Que deux substantifs soient en nombre égal ou inégal
a) leur accord se fait avec le plus près,
qu'il soit masculin ou féminin
b) tout en appliquant la loi de la croissance numérique10.
Ainsi, on écrit :
Un haricot et une fève vertes
Une fève et un haricot verts
Un haricot et cent fèves vertes
Une fève et cent haricots verts.
Ce qui nous permet de rectifier l'exemple précédemment cité,
en appliquant la loi de la croissance numérique.
Résultat :
un chat et trois mille femmes se sont promenées
dans la rue
Le genre sexiste
Dans son livre Ainsi soit-elle (qui allait devenir l'un des
ouvrages féministes les mieux connus), Benoîte Groulx s'exclamait
:
«L'Atlantique n'a pas de ces caprices...
j'allais dire féminins. À quel point le language nous contraint
à mal penser: le caprice est féminin, comme l'orme est déculaire.»
(p. 10)
Autrement dit, les usagères et usagers d'une langue attachent,
plus ou moins consciemment, un symbolisme mâle ou femelle à
certains objets ou notions, même s'il n'y a pas de correspondance
avec le genre. La socio-linguiste, Marina Yaguello, fait d'ailleurs
état de «la correspondance très fréquente entre
genre et grandeur dans un grand nombre de couples de quasi-synonymes.
Même si tout cela n'est, dans la plupart des cas, que coïncidence,
il n'en reste pas moins que le féminin sera plus facilement associé
à l'idée de petitesse et le masculin à l'idée de
grandeur11.» Ainsi en est-il de la pomme et du pommier!
Dans la même veine, Claudette Thériault poursuit en rappelant
l'existence du suffixe -ette qui, diminutif, se retrouve dans maints
prénoms féminins: Claudette, Pierrette, Georgette, etc. «Ne
traduisent-ils pas une conception diminutive de l'enfant-fille et de
la femme tout court12.»
Selon Marina Yaguello, le genre nourrit les représentations de
l'inconscient collectif et répond au profond besoin de rationalisation
qui habite tous les hommes13...» De là à reconnaître
dans la langue l'insidieuse incursion du stéréotype «femme
passive/homme actif», il n'y a qu'un pas. Marina Yaguello nous
aide à le franchir!
«Concernant les noms de machines, Damourette et Pichon*. et ils
ne sont pas les seuls, constatent la prééminence du féminin.
En tant qu'auxiliaires de l'homme, elles ne peuvent être que du
féminin14.» Des exemples? Le moteur qui communique
la puissance et l'action des machines sans force propre qui lui «obéissent»:
la balayeuse, la perceuse, la moissonneuse, etc. Yaguello poursuit le
raisonnement en affirmant «que ce n'est pas un hasard si les machines
actuelles, plus sophistiquées, plus autonomes, au point que l'homme
se sent dépassé par elles, ont une certaine tendance à
être du masculin. L'ordinateur et le gros calculateur ont détrôné
la calculatrice d'antan, qui n'existe plus qu'en format de poche1
.»
*Damourette et Pichon sont les auteurs d'une gigantesque description
de la langue française (1919-1931) intitulée Des mots à
lapensée.
À celles qui objecteraient le caractère exceptionnel d'une
telle analyse, Yaguello répond :
«Il faut se garder, c'est évident, d'un
psychologisme excessif qui aboutirait à interpréter tous les
faits de langue en termes de mentalités, attitude souvent dangereuse,
quand elle n'est pas ridicule. Cependant, encore une fois, cette attitude
existe, qu'on le veuille ou non, et c'est un phénomène socio-culturel
qui mérite qu'on s'y intéresse.»
Les sources officielles
Les dictionnaires
Créatures en apparence inoffensives, les dictionnaires n'en recèlent
pas moins bon lot de définitions qui «reflètent souvent
la mentalité attardée des usagers de la langue17.»
«En tant qu'autorité indiscutable, en tant qu'outil culturel,
le dictionnaire joue un rôle de fixation et de conservation, non
seulement de la langue mais aussi des mentalités et de l'idéologie.
Toute révolution devrait s'accompagner d'une réforme du dictionnaire,
comme le disait Hugo18 .» Derrière les dictionnaires,
se cachent des auteurs, (ou) et des lexicographes soumis à des
tabous, des modèles et des interdits. Yaguello nous rappelle encore
que «Lorsqu'il (le lexicographe) a à définir homme et
femme, il est influencé fatalement par les stéréotypes
culturels et les contraintes sociales. Le dictionnaire n'est jamais
que l'instantané d'un moment culturel19.»
À preuve, les nombreux exemples dont foisonnent les dictionnaires.
«Amusez-vous» à parcourir le vôtre, plus précisément
aux définitions «homme» et «femme». Que lisez-vous?
Le Larousse (1940)
«homme» : 1) être mâle 2) représentant de l'espèce
«femme» : 1) compagne de l'homme 2) épouse 3) celle qui
est ou a été mariée
Dictionnaire Usuel Quillet-Flammarion (1963)
«femme» : 1) dans l'espèce humaine, représentant
d'un des deux sexes, caractérisé par les organes de la gestation
2) être féminin adulte par opposition à enfant 3) épouse
de l'homme
Le Petit Robert (1981)
«femme» : 1) être humain du sexe qui conçoit et met
au monde les enfants ; femelle de l'espèce humaine 2) épouse
3) domestique
«homme» : 1) être appartenant à l'espèce animale
la plus évoluée de la terre 2) être humain mâle
Il suffit de poursuivre la lecture des dictionnaires au-delà de
la définition proprement dite pour qu'apparaissent des connotations
subtilement ou grossièrement dépréciatives pour les femmes,
élogieuses pour les hommes. Ainsi, après avoir défini la
femme comme «femmelle de l'homme», «être humain organisé
pour concevoir et mettre au monde les enfants», le Nouveau Larousse
Illustré ajoute, sans transition aucune, la citation suivante de
Voltaire: «Tous les raisonnements d'un homme ne valent pas un sentiment
d'une femme». La femme est tout de suite classée: faite pour
être mère et pour s'adonner au sentiment plutôt qu'à
la réflexion. Les renvois sont aussi très révélateurs.
Par exemple, on lit dans le Grand Robert: «viril, voir courageux,
énergique, ferme; antonymes: efféminé, féminin.»
D'où on ne peut que déduire que féminin faible, lâche,
sans énergie20. Et ainsi de suite...
Faut-il donc brûler les dictionnaires? Marina Yaguello répond
à la question par une seconde: «... il ne servirait à rien
de rayer du dictionnaire tel mot, telle acception, tel emploi, jugés
sexistes, du moment que ça existe; on ne peut refuser de voir la
réalité en face et on a toujours tort d'expurger car en expurgeant
on ouvre la porte à la censure et à tout ce qui en découle.
Mais doit-on pour autant y perpétuer les clichés et stéréotypes
inutiles, nuisibles et correspondant de moins en moins à la réalité21?»
L'Académie française
Tout comme ce sont des hommes qui ont composé les grammaires et
les dictionnaires, l'Académie française est à son tour
composée d'hommes: 39 académiciens. Une exception récente
confirme la règle: Marguerite Yourcenar qui, selon l'écrivaine
française Benoîte Groulx, s'est laissée appeler «Mme
l'académicien» dans la plus totale indifférence. Au nom
de la sacro-sainte tradition, ces «vénérables» dogmatiques
de la langue française refusent systématiquement de féminiser.
Une opposition au goût de fiel. Ainsi, avant même que les propositions
de la Commission de terminologie pour la féminisation des noms de
métiers22 en soient connues, le sarcasme et la virulence
se pavanaient. Puisé dans le Nouvel Observateur (journal de gauche!)
un des nombreux exemples de mauvaise foi a été rapporté
par la présidente de la Commission, l'auteure d'Ainsi soit-elle.
Benoîte Groulx: «... Georges Dumézil (de l'Académie
française), ... avec un paternalisme condescendant, renvoyait ces
pauvres grammairiennes à leurs casseroles, sous prétexte qu'elles
ne connaissaient pas les langues indo-européennes comme lui. Comme
s'il fallait avoir étudié le sanscrit ou l'araméen pour
proposer des féminins tels qu'avocate, députée, pharmacienne,
ou même pompière23!»
Ce qui est tout aussi loufoque que les commentaires des académiciens,
c'est leur refus d'accepter «des mots pourtant déjà attestés
dans la langue française ou, en tout cas, formés suivant les
règles traditionnelles du féminin, et tout à fait courants
au Moyen-Âge, par exemple. On disait alors une barbière, une
tisserande ou une bourrelle24 .» De quoi en perdre son
latin!
L'Office de la langue française du Québec
Le 17 juin 1986, l'Office de la langue française du Québec
publiait Titres et fonctions au féminin: essai d'orientation de
l'usage. Le document voyait le jour «dix ans après une demande
en ce sens du ministère canadien de l'immigration, soucieux de désexiser
la classification des professions, et surtout à la suite de fortes
pressions du Conseil du statut de la femme du Québec25.»
«On comprendra que les féministes n'aient pas attendu l'aboutissement
de la démarche feutrée de l'OLF pour mettre en branle leur propre
entreprise de féminisation26.»
«La féminisation étant une question socio-linguistique
et non purement linguistique, l'Office recommande, sans toutefois normaliser,
l'usage de certains titres et fonctions au féminin.» Voilà
la position officielle de l'OLF qui nous a été transmise par
l'une de ses représentantes; cette dernière a de plus insisté
sur le caractère d'essai d'orientation de l'usage du document et
rappelé que c'était un sujet encore plein d'émotivité.
Statuer sur des mots comme «bouton» ou «écrou»
dérange évidemment moins les mentalités que de mettre à
jour des règles ancestrales!
Nous reviendrons ultérieurement (voir «Comment féminiser?»)
au contenu de l'ouvrage cité qui s'avère, bien que discutable,
l'outil le plus populaire dans le domaine controversé de la féminisation.
«Mais à quand la féminisation des textes eux-mêmes,
syntaxes et grammaire?», demandez-vous. Promis pour l'automne 86
par Pierre Auger, président de la Commission de terminologie de l'OLF,
la publication d'un guide de «féminisation du discours»
se fait toujours attendre...
La langue du mépris
Dernier point et non le moindre dans cette réflexion sur l'image
des femmes véhiculée par la langue française: «la
langue du mépris». Marina Yaguello à qui revient l'expression
la définit comme l'«instrument du dénigrement systématique
de la femme qui se poursuit depuis l'aube de la culture dans toutes
les sociétés patriarcales.»
Claudette Thériault rappelle à ce sujet que
«Des études faites par des sociolinguistes
ont révélé que l'immense majorité des mots qui désignent
la femme sont violemment péjoratifs et portent des connotations
haineuses. Ex.: commère, cocotte, chipie, virago, jument, etc.
Qui n'entend pas quotidiennement l'expression
qui nous est venue d'outre-mer «pauvres cons» en parlant des
personnes sottes, niaises, abruties. Le con est un terme générique
qui recouvre tout l'appareil génital féminin. Ainsi, la femme
n'est pas seulement dénigrée, diminuée en tant que femme,
elle l'est encore à travers ses organes sexuels27.»
Grâce à des termes féminins, qui renvoient cependant
principalement à des hommes, l'insulte se nourrit grassement :
l'ordure, la fripouille, la crapule, l'andouille,
la canaille, la mauviette, la femmelette, la tapette, etc.
«La tendance à injurier les hommes avec des noms féminins
est confirmée par l'emploi de saloppe, beaucoup plus fort que salaud
lorsqu'il s'applique à un homme28.»
Autre caractéristique sexiste commune à toutes les cultures
du monde est le fait que «la sagesse populaire nous assure par
la voix des proverbes que les femmes parlent infiniment plus et infiniment
moins bien que les hommes. En voici un échantillonnage:
«La langue des femmes est comme une épée,
elles ne la laissent jamais rouiller.» (Chine)
«Le rossignol oubliera de chanter plutôt
que la femme de parler.» (Espagne)
«La bouche d'une femme est un nid de mauvaises
paroles.» (Mongol)29
Et puisque le ridicule ne tue pas, on a droit au «Sois belle et
tais-toi.»
Résumé
Aux lendemains d'une fructueuse réflexion sur le statut de la
femme dans la langue et dans la société, l'Acadienne Claudette
Thériault conclut :
«Qu'on le veuille ou non, la langue nous
renvoie une certaine image de la société et des rapports de
force qui la régissent. Les hommes ont établi les bases solides
de leur langage, le langage du pouvoir, le langage même où
la femme est absente.
Nous sommes quasi invisibles dans un langage où le masculin
l'emporte toujours. Nous continuons à nous conformer à des
règles de grammaire sexistes et par là, injustes pour la
moitié de l'humanité. Pourquoi alors ne pas nous donner
une visibilité dans ce langage? Le langage peut devenir pour
nous, les femmes, un instrument de réhabilitation en quelque
sorte: prendre la place qui nous est due. L'égalité des
droits entre hommes et femmes doit se refléter dans la langue.
Et, une façon de faire, c'est de la féminiser30.»
Armande Saint-Jean, Pour en finir avec le
patriarcat, Montréal, Éditions Primeur, 1983, p. 226-227.
Ibid., p. 228.
Ibid., p. 229.
Marina Yaguello, Les mots et les femmes,
Paris, Éditions Payot, 1978, p. 125.
Claudette Thériault, Notes de cours
Dalhousie Acadie, 1987, p. 5.
Armande Saint-Jean, op. cit., note 1, p. 229.
Canada, Service correctionnel. D'égal
à égale Ottawa, 1985, p. 15.
Suzanne de Lotbinière-Harwood, «La
grammaire intérieure», La Vie en Rose, (septembre
1986), p. 34-35.
Armande Saint-Jean, op.et., note 1 p. 232.
Françoise Marois, «De Grévisse
à Marois», Rauquevol. 7 (mai 1987), p. 93.
Marina Yaguello, op. cit., note 4, p. 97.
Claudette Thériault, op. cit., note 5,
p.5.
Marina Yaguello, op.cit, note 4, p. 105.
Ibid., p. 103.
Ibid., p. 104.
Ibid., p. 104.
Ibid., p. 11.
Ibid., p. 166.
Ibid., p. 166-167.
Exemples tirés du chap. V de Les mots
et les femmes de Marina Yaguello.
Marina Yaguello, op.cit, note 4, p. 173.
Créée à l'institution de l'ex-ministre
socialiste des Droits de la femme, Yvette Roudy, en 1984.
Benoîte Groult, «Un crime ce lèse-masculin»,
La Vie en Rose, no 38 (septembre 1986), p. 31-32.
Ibid., p. 31.
Lynda Baril et Hélène Lévesque,
«La revanche du e muet», La vie en Rose, no 38 (septembre
1986), p. 23.
Ibid., p. 23.
Claudette Thériault, op. cit., note 5,
p.5-6.
Marina Yaguello, op.cit, note 4, p. 120.
Ibid., p. 50-51.
Claudette Thériault, op.cit., note 5, p.
6-7.
La féminisation proprement dite
Issue de la prise de conscience de l'existence du sexisme dans la langue
et chez ses usagères et usagers, la féminisation tend à
rendre à la femme la place qui lui revient dans la société.
Mais, qu'est-ce que le sexisme? Dans la brochure D'égal à
égale (1985), Christiane Picard le traduit par «un traitement
injuste réservé aux membres d'un sexe, plus souvent qu'autrement
aux femmes. Le sexisme se manifeste dans les mots que nous utilisons
ou que nous n'utilisons pas, dans la façon dont nous présentons
visuellement la femme et l'homme1.»
Êtes-vous un peu sexiste?
En essence insidueux, le sexisme doit être combattu sous toutes
ses formes: oral, écrit, visuel ou «comportemental».
Dû à une éducation sexiste, on peut même faire la
triste découverte qu'il reste en soi des séquelles de cette
malicieuse attitude de discrimination. Pour enrayer de suite la contagion,
rien de mieux qu'une bonne prise de conscience à l'aide d'un test
tiré du document D'égal à égale2.
OUI
NON
Avez-vous tendance à donner plus de détails
physiques lorsque vous décrivez une femme que lorsque vous
décrivez un homme?
Avez-vous tendance à mentionner la situation
de famille des femmes et à en faire fi pour les hommes?
Avez-vous tendance à parler de «femmes ingénieurs»,
de «femmes architectes», des «agents de correction
féminins» lorsqu'une forme féminine existe déjà
ou peut être facilement créée?
Vous est-il déjà arrivé d'écrire
à une femme, de la présenter ou d'en parler en utilisant
le nom de son mari? (Par exemple, Mme Gilles Gélinas)
Avez-vous tendance à appeler les femmes par leur
prénom et les hommes par leur nom? (par exemple, «Bonjour
Marie. Bonjour M. Larose.»)
Assumez-vous, sauf indication contraire, que vous
vous adressez à un homme lorsque vous devez écrire au
titulaire d'un poste de direction?
Avez-vous tendance à exclure les femmes de certaines
catégories d'emploi en utilisant des termes formés avec
le mot «homme»? (Par exemple, hommes de loi, hommes d'affaires,
les droits de l'homme)
Dans les réceptions sociales, acceptez-vous de
parler à un homme qui se dit ouvertement «phallocrate»
tandis que vous évitez la compagnie d'une femme qui milite
ouvertement pour la cause féministe?
Lorsqu'une farce sexiste est racontée en présence
d'une femme, croyez-vous que celle-ci doit rire pour ne pas embarrasser
les hommes?
Estimez-vous que l'on complimente une femme en disant
qu'elle a une logique d'homme?
Pensez-vous qu'une femme devrait être flattée
que ses collègues de travail discutent ensemble de ses atouts
physiques et de son «sex appeal»?
Avez-vous déjà pensé que les femmes
qui se plaignent de harcèlement sexuel sont souvent, disons,
des femmes frustrées ou hystériques?
Croyez-vous qu'il est important d'éliminer les
stéréotypes sexuels dans les communications de tout genre?
(Adaptation d'un test de Merriellyn Kett, «How to Eliminate Sexism
from Your Writing», publié dans le Editor's Workshop Notebook
de Chicago, date de parution inconnue).
Qu'est-ce que la féminisation?
Dire précisément depuis quand existe le mouvement de féminisation
est chose ardue. Il appert cependant qu'il ait suivi la foulée des
revendications féministes des derniers dix ans souvent qualifiés
de Décennie des femmes. Grâce à un détour linguistique,
la féminisation pourrait se résumer par «Sois belle et
parle», en ce sens qu'il s'agit de redonner à la Femme (oui,
le grand «F» aussi existe!) la parole depuis trop longtemps
refusée. Une place dans la langue française semblable à
celle occupée par les femmes dans la société: durement
gagnée mais non moins réelle. À la manière de tout
mouvement révolutionnaire, la féminisation suscite depuis ses
débuts une grande divergence d'opinions. Face à la lenteur d'action
des instances linguistiques officielles et l'urgence de la situation,
des groupes se sont formés et des décisions collectives ont
été prises; par exemple, les groupes syndicaux de condition
féminine ont suggéré des formules moins sexistes pour la
rédaction des conventions de travail. Mais devant les innovations
linguistiques proposées par les féministes, les puristes de
la langue (hommes et femmes) ont levé haut le bouclier du «respect
de la règle» et aux dernières nouvelles, ce comportement
ultra-conservateur n'était toujours pas menacé de disparition!
Une réalité à deux volets
La féminisation comporte deux volets:
la morphologie : féminisation des appellations et titres d'emploi.
la syntaxe: féminisation des accords grammaticaux.
Depuis la parution, en juin 1986, du document de l'Office de la langue
française du Québec, Titres et fonctions aufêminin:
essai d'orientation de l'usage, bien des questions d'ordre
morphologique ont été élucidées, à défaut
de normalisées. (Ce qui n'empêche pas d'opter pour des formules
alternatives, basées sur des arguments linguistiques ou autres).
Linguiste à l'université du Québec à Montréal,
Jacqueline Lamothe ne se surprend aucunement du consensus qui semble réunir
les tenantes et tenants des différentes écoles de pensée.
«C'est simple. Il n'y a ici aucune transgression des règles.
On ne fait que remplir des cases vides. Ex. «professeur» donnera
«professeure» au féminin.» Mais là où le
bât blesse, attention, c'est dans la syntaxe!
Car si la morphologie et le lexique français sont traditionnellement
équipés pour traduire la distinction en genre des noms de métiers
et de professions, la syntaxe française est lourdement ankylosée
par sa règle où le masculin l'emporte sur le féminin (variantes:
le masculin «embrasse» ou «comprend» le féminin!).
Comment féminiser l'accord des adjectifs, des pronoms et des participes
passés? Avec ingéniosité et en s'en référant
à des règles existantes mais dont l'usage parcimonieux est méconnu.
Par exemple, Jacqueline Lamothe rappelle l'existence de cette règle
de Maurice Grevisse qui permet l'accord avec le dernier terme d'une enumeration.
La réadaptation de l'écriture, requise par la féminisation,
fait couler beaucoup d'encre avec ses traits d'union et ses barres obliques.
Les accusations vont d'«incongruités graphiques disgracieuses»
à «la rupture de la linéarité du message, c'est-à-dire
de son déroulement logique et naturel3.»
(Comme le disait un jour un «grand homme»: J'ai tout lu, j'ai
tout entendu!). Bref, il ne faut nullement se surprendre que la résistance
à la féminisation prenne plus d'un détour. À nous
de mener la barque pour que, si peu conformes soient-ils aux règles
et mécanismes habituels de la langue française, des usages
nouveaux s'imposent.
Pourquoi féminiser?
La langue, faut-il le rappeler, est un instrument qui évolue avec
le temps. Claudette Thériault a très bien imagé ce phénomène
dans une lettre envoyée à l'hebdomadaire Le Voilier/Le Point,
le 10 février 1987, dans «Opinion du lecteur» (sic):
«La langue bouge au rythme de l'évolution
des sociétés. Par exemple, je ne retrouve pas les mots «logiciel»
ou «informatique» dans le tome 4 du Larousse du XXe
siècle que j'ai acheté il y a 25 ans. Pourtant, nous l'utilisons
aujourd'hui sans aucun problème et bravo à la langue française
qui les a inventés. Une langue vivante et que je souhaite non-sexiste
doit tenir compte de l'usage et de ses habitudes.»
Féminiser pour enrichir notre langue et rendre à la femme
la place qui lui revient dans la société, voilà un défi
digne des années 80.
Comment féminiser?
Nous voici maintenant prêtes à ouvrir grand la fenêtre
à deux volets de la féminisation :
celui du lexique (mots)
celui de la syntaxe (accords grammaticaux)
Féminiser le lexique français, c'est s'assurer de nommer
le genre féminin aussi bien que le masculin. Pour utiliser les
formes féminines des titres et fonctions d'emploi, il s'agit simplement
(dans la majeure partie des cas) d'appliquer les règles bien connues
de la formation du féminin auxquelles nous reviendrons plus en
détail. Un piège est cependant à éviter en féminisation;
de l'avis de toutes les auteures consultées, il est ici résumé
par Christiane Picard: «... quoiqu'en dise Grévisse dans son
Bon usage, la formule «femme» suivie d'un spécifique
ou l'inverse (femme médecin ou médecin femme) est à proscrire
parce qu'elle perpétue une forme de sexisme4'»
On lui préfère la forme «une médecin».
Les règles générales de la formation du féminin
se résument à :
les noms terminés en -é au masculin,
prennent un e muet au féminin :
un employé, une employée
un député, une députée (exception: un abbé,
une abbesse)
les noms terminés en -ien au masculin,
se transforment en -ienne au féminin :
un chirurgien, une chirurgienne
les noms terminés en -eur au masculin avec
lesquels on peut former un participe présent* en -ant ont un
féminin en -euse :
un vendeur ("Vendant), une vendeuse
un embaumeur (*embaumant), une embaumeuse
les noms terminés en -teur au masculin
avec lesquels on ne peut former un participe présent *en -ant
ont un féminin en trice :
un directeur (*directant n'existe pas), une directrice
un agriculteur (*agricultant n'existe pas), une agricultrice
Les noms qu'on appelle «épicènes»,
i.e. qui ont la même forme au masculin comme au féminin
(ex. enfant, architecte) et qui, la plupart du temps, se terminent
en -e, se font précéder d'un déterminant féminin
:
un journaliste, une journaliste
le poète, la poète
(exception faite de cas déjà consacrés par l'usage
:
un hôte, une hôtesse;
un maire, une mairesse).
Pour tous les autres cas, la tendance est à l'ajout du e au
féminin :
un caporal, une caporale
un industriel, une industrielle
un consul, une consule
un écrivain, une écrivaine
un plombier, une plombière
NOTABENE Plusieurs noms terminés au masculin en -eur ou -teur prennent
un e au féminin :
un auteur, une auteure
un docteur, une docteure
Ce phénomène est dû à des usages déjà
consacrés avec le temps («une auteure» préféré
à «une autrice») ou à un vouloir d'éliminer
des ambiguïtés linguistiques. Ainsi, on parlera d'une ingénieure
permettant de la qualifier au besoin d'ingénieuse ingénieure!
Cas particuliers
mairesse
Nous suggérons «la mairesse» au lieu de «la maire»
afin d'éviter la confusion avec les mots «mère»
et «mer». À l'objection qui veut que «la mairesse»
a longtemps désigné l'épouse du maire, nous répondons
qu'il n'y a aucune raison de faire durer un usage désuet.
directrice
la forme «directeure» (sous le modèle de «professeure»)
est privilégiée par certaines personnes, sous prétexte
que le mot «directrice» a longtemps correspondu à une
fonction autre que celle qu'il veut aujourd'hui signifier et que cela
crée une ambiguïté. Une «directeure» du personnel
se distingue ainsi d'une «directrice» d'école. Nous croyons
cependant que l'équivoque se soulève dès qu'on en fait
fi et que refuser le féminin «directrice» laisse planer
un filet de discrimination... hiérarchique!
une mannequin, une marin, une matelot, une camelot, une substitut,
une commis, une cheffe, etc.
Nous recommandons l'ouvrage de référence «Titres et fonctions
au féminin: essai d'orientation de l'usage» de l'Office de
la langue française du Québec pour tous les cas litigieux.
Des exemplaires sont disponibles sur demande (voir l'adresse en annexe).
Et dans le doute?
Dans une entrevue réalisée deux ans après la parution
de D'égal à égale, Christiane Picard suggérait
qu'«en cas de doute, il s'agit simplement de s'en référer
à une femme de bonne volonté, c'est-à-dire sensibilisée,
consciente et intelligente car la féminisation, c'est une question
de gros bon sens. Et ça ne s'apprend pas dans un dictionnaire!»
Trait d'union, barre oblique ou point à la
ligne?
En féminisation (comme ailleurs!), une règle s'impose: cesser
de maintenir les femmes entre parenthèses. Ainsi, la formule «l'employé(e)»
ou «le directeur (trice)» est à bannir à tout prix.
Du e muet aux parenthèses, l'évolution serait plutôt
régressive! Voilà pourquoi ce type de graphie, à l'intérieur
d'un texte, a vite été décrié par de vigilantes
féministes. La barre oblique (étudiant/e) et le trait d'union
(étudiant-e) sont depuis apparus de même que le point (étudiant.e)
bien que moins usité. De quoi en perdre «son français»!
Dans un souci d'uniformité, la rédaction de FEMMES D'ACTION
opte pour l'utilisation du trait d'union dans la publication de ses
textes. C'est là une décision qui se conjugue à la coutume
graphique du français où le trait d'union lie deux vocables
alors que la barre oblique est réservée aux chiffres et le
point vu comme élément de ponctuation, à la fin d'une
phrase.
EXEMPLE
les étudiant-e-s
Féminiser et respecter les traditions n'est donc pas toujours
incompatible! Pour dénommer le pluriel, FEMMES D'ACTION privilégie
le double trait d'union afin de simplifier l'usage (rien n'empêche
bien sûr, de répéter le terme: «les étudiantes
et étudiants».
Féminiser la syntaxe française peut se résumer à
déranger des habitudes millénaires poussiéreuses mais
c'est aussi, et surtout, faire preuve d'ingéniosité dans la
découverte de solutions alternatives.
Règle générale : La règle syntaxique
de féminisation consiste essentiellement à accorder tout ce
qui se rapporte au nom.
EXEMPLE
certain-e-s
administrateur-trice-s sont appelé-e-s à présenter un
rapport trimestriel.
Solutions alternatives : Varier les tournures de phrases
grâce à des procédés stylistiques permet d'alléger
les textes, tout en respectant leur clarté et leur précision.
Ainsi, on peut remplacer le terme de désignation par le nom de
la fonction :
le tutorat consiste en... (au lieu de «le, la tuteur-trice»),
la présidence (au lieu de «le, la président-e»)
par un terme générique : la population
étudiante (au lieu de «les étudiant-e-s») le personnel
enseignant, la clientèle
par un adjectif ou un pronom indéfini :
à chaque membre revient la responsabilité (au lieu de «à
chacun-e des membres»), personne n'est redevable...
par un synonyme : les jeunes (au lieu de «les
adolescentes et adolescents»), les élèves
par un verbe à l'infinitif : un-e étudiant-e
peut participer sans avoir à débourser de frais (au lieu
de «... sans qu'il-elle ait à débourser de frais»)
par un autre déterminant : avec obligation
de leur part (au lieu de «avec obligation pour eux»)
par une forme impersonnelle : êtes-vous
de citoyenneté canadienne? (au lieu de «êtes-vous citoyen
canadien?»)
Et pourquoi refuser de féminiser
Le refus catégorique ou la farouche résistance à la
féminisation des titres et fonctions d'emploi qu'expriment certaines
personnes, suscite plus d'une analyse. Ces oppositions, rappelle Marina
Yaguello, viennent très rarement de la morphologie, (le seul cas
difficile étant le mot «témoin»). «Les résistances
viennent pour une part de l'immobilisme linguistique et très souvent
des femmes elles-mêmes et du corps social tout entier qui fait
encore aux femmes une place à part » Ainsi, une enquête
réalisée en 1983, dans la ville de Québec révélait
une légère tendance à croire «qu'un titre masculin
confère à une femme plus de prestige et d'autorité6.»
«Certaines femmes... se montrent réticentes devant des titres
jugés insolites, pour la simple raison qu'elles ne veulent pas
être perçues comme féministes extrémistes, soit
par crainte du ridicule, soit à cause d'une répugnance instinctive
pour toute forme d'embrigadement7», faisait-on remarquer
en 1983. C'est la même année qu'une lectrice du quotidien
La Presse de Montréal signalait que «Sous ce refus obstiné
de certains changements linguistiques se cachent beaucoup de misogynie
de la part des hommes et, chose plus regrettable, une profonde attitude
colonisée chez certaines femmes8.» À ce sujet,
Armande Saint-Jean conclut:
«Quand le féminin aura gagné quelques
lettres de noblesse, et les femmes un peu plus de dignité, il sera
plus facile pour ces hauts fonctionnaires de l'État ou de l'entreprise
privée d'accepter la forme féminine de leurs titres, sans
se sentir dévaluées de ce fait .»
L'on devinera aisément que la recherche préliminaire à
la conception de ce fascicule s'est alimentée à plus
d'une source. Entre autres références, il y avait les articles
de journaux qui, avouons-le, laissent place à beaucoup de
virulence dans les propos anti-féminisation principalement véhiculés
par des journalistes masculins. Leur réaction nous a inspiré
le court texte suivant:
Histoire de rire
Quand la «basse-cour» rouspète, le coq riposte et voit
rouge. Ce roi et maître exige le silence, mais voilà que les
muettes lui font la sourde oreille. En vrai coq qu'il est, il fait alors
la gorge chaude et demande s'il devra dorénavant dire «Quelle
heure est-elle?.» Ce que n'ose avouer ce sournois, c'est qu'il craint
de perdre... des plumes!
Canada, Service correctionnel. D'égal à égale,
Ottawa, 1985, p. 15.
Ibid., p. 3-4.
Comité de la normalisation et de la qualité du français
à l'Université Laval, 55e bulletin, vol.II no.9, février
1986.
Canada, Service correctionnel, op. cit., note 1, p. 16.
Marina Yaguello, Les mots et les femmes. Éditions Payot,
Paris, 1978, p. 139.
Hélène Du mais, «La féminisation des noms de profession»,
Québec français, décembre 1983.
Henriette Dupuis, Terminogramme, no 17, mars 1983.
Jacqueline Potvin, «La féminisation». La Presse,
16 novembre 1983.
Armande Saint-Jean, Pour en finir avec le patriarcat, Montréal,
Éditions Primeur, 1983, p. 233.
Conclusion
Comment conclure au sujet de la féminisation puisqu'elle est en
constante évolution? Aux réponses trouvées dans un esprit
de justice coloré d'ingéniosité, succède une pléiade
de questions dont la sempiternelle: qui du vocabulaire ou des mentalités
évolue le premier? Les auteures auxquelles s'est abreuvée
notre réflexion ont bien voulu, une dernière fois, guider
notre exploration.
«Tant que les mentalités ne changeront
pas, la langue restera à la traîne. »
(Marina Yaguello)
«L'usage fait la loi», affirment les
linguistes...n'est-ce pas l'occasion rêvée de remettre à
l'heure juste cette langue qu'on dit vivante?»
(Lise Cloutier dans Châtelaine)
«Personne ne demande que la langue traduise
ce qui n'existe pas...Mais le minimum nécessaire et aisément
accessible consiste à traduire dans la langue les changements déjà
effectués dans la société.»
(Armande Saint-Jean)
«... une langue, ça ne se répare
pas comme un moteur d'auto et il y a quelque chose à réparer
dans le coeur de la langue. C'est plus qu'un code syntaxique, c'est
tout un système symbolique, très chargé.»
(Louky Bersianik)
«Suffit-il de dire la ministre pour empêcher
le sentiment que c'est un métier d'homme? Cela ne saurait se faire
en un jour et sous la seule action des mots.»
(Marina Yaguello)
Sans pour autant donner à la féminisation des vertus de panacée
contre les injustices sociales causées aux femmes, il n'en demeure
pas moins quelle est la matérialisation d'une prise de conscience
louable. Qui aurait cru, il y a à peine cinq ans, que l'«agent»
aurait une grande soeur au e bien sonore? Bien que lent, le progrès
s'installe dans les mots et dans les moeurs.
La langue de demain est celle que nous choisissons aujourdhui d'habiter
Bibliographie
Andersen, Marguerite. «Sacrée langue, langue sacrée».
Les Cahiers de la femme, vol. 4, no 4 (août 1983).
Archambault, Diane. «Le sexisme dans la langue française:
La femme sans nom», Femmes d'Action, vol. 14, no 4 (1985).
p.33à36, 51-52.
Archambault, Diane. «Le sexisme dans la langue française:
La femme sans voix», Femmes d'Action, vol. 15, no 1 (1985).
p.38 à 40.
Archambault, Diane. «Le sexisme dans la langue française:
Réforme ou révolution», Femmes d'Action, vol.
15, no 2 (1985-86). p.3 là 34.
Canada. Service correctionnel, D'égal à égale. Ottawa,
1985. 32p. *
Cloutier, Lise, «Entrepreneur ou entrepreneure», Châtelaine,
décembre 1984, p.41 à 44.
Conseil consultatif canadien de la situation de la femme. Vers un
langage non sexiste, Ottawa, mars 1984. 13 p.
Dubuc, Robert. «Le masculin générique ou les malheurs
de la parenthèse», C'est-à-dire (Bulletin du Comité
de linguistique de Radio-Canada), vol. 16, no 5 (1986). p.3-4.
La Vie en Rose, Parlez-vous français?, no 38 (septembre
1986) p. 22 à 35.
Marois, Françoise, «de Grévisse à Marois»,
Kouque, vol. 7 (mai 1987), p. 93.
Québec (Prov.) Office de langue française. Titres et fonctions
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1986, 70 p.*
Saint-Jean, Armande. Pour en finir avec le particarcat. Montréal,
Primeur, 1983. 331 p.
Thériault, Claudette. Notes de cours: Formation des formatrices
à l'Action politique, Fédération des femmes du Québec.
Montréal, octobre 1986. 18 p.
Vézina, Marité. «Les maux et les mots du féminisme»,
La Gazette des femmes, vol 8 no 2 (juillet-août 1986).
p. 22-23.
Yaguello, Marina. Les mots et les femmes. Paris, Payot, 1978. 202p.
* Exemplaires gratuits disponibles :
D'égal à égale
a/s Direction des communications
340 avenue Laurier ouest
Ottawa (Ontario) K1A OP9
(613) 995-5356
Titres et fonctions au féminin : essai d'orientation de l'usage
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(514) 873-6565.