Le planning des
naissances au Québec:
bilan pour l'action!
Le 25 mars 1994 à 19h00 Maison de la culture du Plateau
Mont-Royal
Dépôt légal 1er trimestre 1997
ISBN 2-9802393-2-1
© FÉDÉRATION DU QUÉBEC POUR LE PLANNING
DES NAISSANCES
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation
réservés pour tous les pays.
Le planning des naissances au Québec:
1994 marque l'Année internationale de la famille.
De plus, au Canada 1994 correspond au 25e
anniversaire de la décriminalisation de la
contraception. La Fédération du Québec pour le
planning des naissances (FQPN) veut souligner ces deux
événements. Cette soirée est unique car elle donne
la parole aux femmes sur un sujet qui les concerne
directement.
Attente, désir, fatalité, plaisir, pression, choix
... comment les femmes se sentent-elles face à la
maternité? Les méthodes contraceptives disponibles
sont-elles une aide ou un emmerdement dans leurs choix sexuels et
reproductifs?
Dans le contexte du Québec actuel et de son système
de santé, quelle importance les femmes peuvent-elles
accorder à leur plaisir, à leur santé
reproductive?
Les femmes originaires d'autres peuples (autochtones,
immigrantes) arrivent-elles à concilier les valeurs propres
à leur culture avec les valeurs sociales du Québec en
ce qui concerne la sexualité, la contraception, la vie de
couple et la maternité?
Qu'est-ce qui serait souhaitable au Québec, à court
et à moyen terme, pour un réel choix face à, la
maternité? Si les femmes avaient à définir une
priorité d'avenir, quelle serait-elle?
Permettre à des femmes de culture autochtone,
haïtienne, indienne et québécoise de
présenter leur réalité face au planning des
naissances (choix de maternité, contraception,
sexualité, santé reproductive).
Permettre aux participantes et participants de débattre
collectivement des pistes d'action pour améliorer le travail
à réaliser en planning des naissances.
Permettre à la FQPN de ramasser des fonds pour conserver
la qualité et la quantité des services qu'elle
offre.
Madame Dominique Payette, journaliste, anime la
soirée.
Mot d'ouverture: Micheline Boucher, présidente de
la FQPN.
Les conférencières invitées vous
entretiennent de la réalité des femmes de leur origine
face au planning des naissances:
Madame Véronique Thusky, d'origine algonquine,
intervenante au Centre d'Amitié autochtone.
Madame Mela Sarkar, d'origine indienne,
secrétaire aux relations publiques au Centre communautaire
des femmes sud-asiatique.
Madame Marie José Antoine, d'origine
haïtienne, infirmière en périnatalité.
Madame France Tardif, d'origine québécoise,
agente d'information à la FQPN. Synthèse: Micheline
Boucher, présidente de la FQPN.
Un gros merci à toutes celles et à tous ceux qui ont
eu la gentillesse de se déplacer ce soir, un vendredi soir.
La Fédération du Québec pour le planning des
naissances, appelée entre nous FQPN, organise une
conférence-bénéfice. Pourquoi une conférence,
... bénéfice?
Commençons par le "bénéfice". À la FQPN,
comme pour la majorité des individus et une grande partie
des groupes communautaires, les revenus sont stables ou à la
baisse et les dépenses augmentent. Il faut donc autofinancer
par divers moyens une partie de plus en plus grande de notre
fonctionnement. De plus, à chaque année nous essayons
de mettre sur pied une activité de ressourcement au niveau
du contenu. Et, cette année, plutôt que d'organiser
deux activités différentes, nous avons pensé qu'il
serait intéressant de les jumeler.
Mais pourquoi une conférence sur le planning des
naissances au Québec?
Premièrement, pour dire, pour manifester que la
Fédération du Québec pour le planning des
naissances n'est pas morte, mais bien vivante. La FQPN est un
regroupement féministe de groupes autonomes de femmes et
d'individues. Nous comptons présentement quatre groupes
membres affiliés, onze groupes membres de soutien et une
cinquantaine de membres individuelles. Notre objectif est de
favoriser l'autonomie individuelle et collective des femmes quant
à leur santé, leur sexualité et leurs choix face
à la maternité.
La FQPN est un organisme à but non lucratif
créé en 1972. À cette époque la FQPN et ses
associations régionales offraient des services de
consultation, d'information et de formation sur la contraception
et l'éducation sexuelle. Lorsque ces services ont
été pris en main par le réseau public, la FQPN
s'est redéfinie comme un groupe féministe travaillant
à promouvoir les droits des femmes, surtout en santé
reproductive et en sexualité. Au fur et à mesure des
années s'est ajouté un rôle de vigilance, de chien
de garde auprès des gouvernements, des compagnies
pharmaceutiques, des médecins et des chercheur-se-s. Et, tel
qu'indiqué sur le programme, «Pour un choix
éclairé», voilà la maxime qui nous
résume bien.
Quant à notre avenir, plusieurs projets sont en cours:
rédaction et publication d'un document vulgarisé sur
les nouvelles technologies de reproduction, production d'une
brochure sur l'infertilité et les milieux de travail, mais
surtout, actualisation et diffusion de nouveaux outils sur la
contraception. Ce projet nous amène au deuxième
objectif d'une conférence sur le planning des
naissances.
Ces dernières années nous avons beaucoup
développé le volet fertilité-infertilité.
Nous avons voulu participer aux remises en question
suscitées par les nouvelles technologies de la reproduction
humaine et à la redéfinition des concepts même de
maternité et de paternité. Le travail lié à
la contraception, a un peu souffert. Nos dépliants sur les
méthodes contraceptives ont besoin d'unemise à jour. De plus, de nouvelles méthodes, peu
connues, peu scrutées, se sont développées et
s'installent progressivement ici: Norplant, Depo-Provera,
"vaccin" contraceptif, etc. Cet aspect de nos activités a
besoin d'actualisation.
La troisième raison pour laquelle nous avons
décidé de faire cette
conférence-bénéfice, est notre implication au
Comité québécois femmes et développement et
à différents comités et forums nationaux et
internationaux. Ces rencontres nous ont permis d'approfondir
notre compréhension de la situation des pays en voie de
développement. Les liens entre le contrôle des
populations, un développement durable et le planning des
naissances nous incitent à nous ouvrir de plus en plus aux
femmes de culture différente et à mieux connaître
leurs valeurs et leurs besoins.
Finalement, une autre raison pour organiser une
conférence-bénéfice sur le planning des naissances
au Québec provient de la diminution des services offerts par
le réseau public de santé. Certains CLSC
s'apprêtent à éliminer leurs services
d'avortement. De plus, après deux consultations, nous
attendons depuis plusieurs années le texte final des
orientations gouvernementales en planning des naissances.
Donc, pour augmenter notre visibilité, pour remettre
à jour notre dossier contraception, pour contrer un
désengagement de l'État face au planning des naissances
et pour ouvrir notre vision et notre mandat à des femmes
d'autres cultures ici et ailleurs dans le monde, nous avons
décidé de tenir cette
conférence-bénéfice.
Concrètement, les objectifs que nous poursuivons ce soir
sont de
- donner la parole à des femmes car on n'entend que trop
souvent la seule voix du monde
médical et scientifique dans les médias;
- élargir notre compréhension des différentes
cultures présentes au Québec et surtout,
- dégager des pistes d'action pour l'avenir.
En terminant, soyez assuré-e-s que nous donnerons suite
au contenu de ce soir, sous quelque forme que ce soit, si vous et
plusieurs autres continuez à nous soutenir
financièrement.
Avant de laisser la parole à l'animatrice, je dois
souligner que Madame Michaëlle Jean s'excuse auprès de
vous. À cause d'obligations reliées à son travail,
elle regrette de ne pouvoir animer cette soirée. Par chance,
Madame Dominique Payette, de retour d'un voyage mouvementé
en Afrique du Sud, a accepté de remplacer Madame Jean. Nous
la remercions et lui confions le reste de la soirée.
Micheline Boucher Présidente de la FQPN
LES FEMMES AUTOCHTONES(résumé)
Intervenante, Centre d'Amitié autochtone.
En 1986, selon les statistiques la moyenne d'âge de la
population autochtone était de moins de 18 ans; on peut tout
de suite déduire un haut taux de natalité dans les
communautés autochtones.
Malgré l'accessibilité de la pilule contraceptive,
il y a plusieurs raisons, multiples et interreliés, qui
prédisposent à ce haut taux de natalité; on peut
en nommer quelques exemples: la timidité qui fait partie du
caractère des Autochtones, la pauvreté, le concept de
la famille élargie, le changement de statut d'une jeune
fille qui devient mère, le fait aussi que les
aînés préconisaient l'allaitement comme moyen de
contraception, le problème d'alcoolisme chez les Autochtones
ainsi que le manque d'information sur la sexualité.
En ce moment dans les communautés (réserves)
autochtones, l'âge où la plupart des jeunes filles ont
des enfants est aux alentours de 14-15 ans. À ce rythme une
famille autochtone peut avoir de 3 à 5 enfants avant que les
parents aient 25 ans. La jeune fille qui devient mère change
de statut, ce qui est intéressant pour elle et pour la
communauté: elle devient responsable. Cela vient de la
conception du rôle des femmes qui sont procréatrices,
nourricières, enseignantes et guérisseuses. L'autre
cause mentionnée, qui est la timidité chez les
Autochtones, est encore plus accentuée chez les jeunes; donc
ils n'oseront pas demander soit des condoms ou des pilules
contraceptives. Dans l'enseignement des aînés chez la
plupart des communautés autochtones, l'avortement est
considéré comme contre nature; ceci a donc un impact
sur la décision des jeunes filles.
Il est sûr aussi que le concept de la famille
élargie encore très présent dans la plupart des
communautés. Une famille élargie saine facilite
beaucoup la responsabilisation d'un enfant car elle agit comme
support à la jeune mère. La famille immédiate
jusqu'aux cousins font partie de cette famille élargie;
leurs rôles peuvent être soit gardiens d'enfants ou
faire participer les enfants à des activités, comme par
exemple le piégeage et le perlage. Donc cela a aussi un
impact décisionnel sur les adolescentes.
Somme toute, dans la plupart des communautés il est
difficile de travailler à cette problématique. Ce qui
se fait en ce moment ce sont des sessions d'information sur la
sexualité pour les adolescent-e-s. Le problème c'est
que ces sessions ne sont pas adaptées à leur culture.
La plupart des intervenant-e-s sont plus direct-e-s dans leurs
interventions, car il-elle-s distribuent directement des condoms
aux jeunes et aux femmes. Le futur seulement dira quelle sera le
résultat de cette action.
LA FEMME SUD-ASIATIQUE À MONTRÉAL FACE À LA
MATERNITÉ
Secrétaire aux relations publiques, Centre communautaire
des femmes sud-asiatique de Montréal.
Notre Centre
Le Centre communautaire des femmes sud-asiatique de
Montréal a été fondé en 1981 par un petit
groupe de femmes sud-asiatiques qui s'inquiétaient de
l'état d'isolement dans lequel vivaient la majorité des
femmes d'origine sud-asiatique. Coupées de leur famille et
de leur culture, ces femmes ressentaient un grand besoin de
s'intégrer à une communauté. Elles avaient aussi
besoin d'aide en ce qui concerne l'accès aux services de
santé et aux autres services gouvernementaux, aux cours de
langue, à la traduction, à l'initiation au marché
du travail et ainsi de suite. Le Centre est toujours en état
de croissance et le besoin de services est plus grand que jamais.
On fait régulièrement appel à nos services de
médiation dans les bureaux du gouvernement, les écoles,
les CLSC, les maisons pour femmes en difficultés, etc.
Depuis son commencement modeste, le Centre communautaire des
femmes sud-asiatique est devenu une ressource importante dans la
région montréalaise pour un grand nombre d'immigrants
et d'immigrantes sud-asiatiques, aussi bien que pour les
institutions de la société d'accueil qui ont affaire
à cette clientèle.
Introduction
Quand on parle de la femme sud-asiatique, il faut d'abord
préciser qui est cette femme. Au Québec on n'est
souvent pas au courant de la réalité sud-asiatique qui
a formé les immigrantes originaires de cette partie du
monde; j'aimerais donc commencer par une brève mise en
contexte.
L'Asie du Sud comprend l'Inde, le Pakistan, le Bangladesh, le
Sri-Lanka, le Népal et le Bhutan. La population de l'Inde
dépasse 850 millions; la région sud-asiatique compte en
tout bien au-delà d'un milliard d'habitants. C'est
évidemment une région très diverse en matière
de langues, de religions et de cultures; on pourrait facilement,
de ce point de vue, la comparer avec l'Europe, sauf que cette
comparaison nous ferait encore sous-estimer la diversité
culturelle en Asie du Sud. Le Pakistan et le Bangladesh sont des
pays musulmans; l'Inde n'a pas de religion officielle, mais 80%
de la population est hindoue, avec des minorités importantes
qui sont musulmanes, sikhes, chrétiennes, parsies ou jain.
Au Sri-Lanka deux communautés ethnolinguistiques sont
présentement en conflit: les bouddhistes, de langue
singhalaise, et les hindous, de langue tamoule. C'est à
cause de cette guerre civile qu'on retrouve maintenant une si
grande communauté de réfugié-e-s sri-lankais
à Montréal. On reçoit aussi beaucoup de
réfugié-e-s du Pakistan et du Bangladesh à cause
de l'intolérance religieuse et des conditions
économiques difficiles. Plus de cinq cents langues sont
parlées dans la région sud-asiatique, dont seulement
une vingtaine sont reconnues comme langues officielles dans un des pays en question; on ne
s'étonnera pas qu'une grande majorité des immigrant-e-s
sud-asiatiques soient bilingues ou trilingues dès un
très jeune âge. En Asie du Sud la multiplicité des
langues et des cultures est un simple fait que tout le monde
accepte; cela ne veut pas dire que l'intolérance ne pose pas
quelquefois des problèmes de co-existence, parfois
insurmontables. Cet état de choses peut pousser les gens
à quitter leur pays s'ils ont la possibilité de se
faire une nouvelle vie ailleurs.
La place de la famille en Asie du Sud
Vous verrez que lorsqu'on parle de "la femme sud-asiatique",
c'est un peu un non-sens; on ne peut parler que de
généralités très larges, un peu comme on
ferait peut-être en parlant de "la femme européenne".
En général, cependant, la famille occupe une place
dominante dans la vie d'une femme sud-asiatique. Les familles en
Asie du Sud sont patriarcales, quelle qu'en soit la religion.
C'est le père qui détient tout le pouvoir
décisionnel au sein de la famille; si la femme réussit
à partager ce pouvoir, c'est parce que son mari l'a bien
voulu. Il faut voir la famille nucléaire dans un contexte
beaucoup plus grand; la famille élargie est toujours
l'unité familiale de base, même si tous les membres
n'habitent pas nécessairement ensemble. En Asie du Sud, 80
à 95% de la population est encore rurale, donc très peu
urbanisée, et la tradition est encore très forte. Dans
une famille traditionnelle les mariages sont arrangés; il
peut arriver que les jeunes époux se rencontrent pour la
première fois le jour du mariage, quoique dans les familles
traditionnelles plus progressistes on donnera une chance aux deux
partenaires de s'évaluer mutuellement une ou deux fois avant
de prendre une décision définitive. Il faut dire que
les immigrant-e-s sud-asiatiques à Montréal viennent
plutôt des parties plus urbanisées; cependant la
majorité des mariages sont arrangés, même parmi
les citadins, et dans les familles immigrantes on oblige souvent
les jeunes nés ici à se marier selon les désirs
des parents et des grands-parents; on ira souvent jusqu'au point
d'aller chercher un époux ou une épouse dans le pays
d'origine. Il faut pourtant comprendre que les mariages
arrangés sont de vraies unions qui n'ont pas moins de
chances de "réussir" qu'un mariage romantique à
l'occidentale. Ces mariages ne sont pas nécessairement moins
heureux ou moins stables que ceux en Occident (quoique, si on
pense à la situation de crise de la famille actuellement en
Occident, ce n'est peut-être pas beaucoup dire). Le contexte
particulier qui entoure le mariage sud-asiatique va
évidemment avoir un impact spécifique sur le statut et
sur les émotions de la jeune mariée, qu'elle soit dans
son pays d'origine ou ailleurs.
Il faut comprendre aussi que l'organisation patriarcale et
centrée sur la famille qui caractérise la
société sud-asiatique va conditionner toute femme
sud-asiatique à désirer des enfants. Comme la valeur
d'une femme, même dans les familles les plus
émancipées, est jugée partiellement ou
entièrement selon sa capacité reproductive, une femme
sentira une très grande pression intérieure et
extérieure qui la poussera vers la maternité. Le choix
de ne pas faire des enfants si on en est biologiquement capable
n'existe pas pour une femme traditionnelle sud-asiatique, ce qui
la différencie beaucoup de sa voisine québécoise
"de souche" de la même génération. De plus, il y a
une forte pression sur la femme sud-asiatique qui l'oblige
presque à vouloir des garçons. Même si pour elle
un garçon ou une fille c'est pareil, pourvu que ça soit
un bébé en santé, il y aura tout de même des
membres de sa belle-famille pour qui ce n'est
pas pareil. Ce sont les garçons qui sont valorisés dans
une famille sud-asiatique, puisque seuls les garçons
appartiennent à la famille proprement dite; les filles, en
se mariant, deviennent la propriété de la famille du
mari. Dans une société traditionnelle où les
services sociaux qu'on connaît ici au Québec n'existent
pas ou peu, c'est seulement en donnant la vie à
plusieurs garçons qu'une famille pauvre peut assurer la
survie de ses membres.
Pour ne dire que quelques mots sur le planning des naissances
dans les pays d'origine des immigrant-e-s sud-asiatiques, il faut
se rappeler que la contraception est légale et activement
promulguée par le gouvernement, partout sauf au Pakistan.
Dans les dernières trente années le taux de
fertilité a donc baissé de 50% à peu près,
d'environ 6 ou 7 enfants par famille à 3 ou 4 en moyenne.
C'est évidemment encore beaucoup, étant donné que
les conditions de vie dans les pays sud-asiatiques sont de
beaucoup inférieures à celles au Québec pour une
grande majorité de la population. Toutefois, il faut
comprendre que les enfants sont perçus comme une grande
richesse et parfois comme la seule richesse d'une famille. Le
gouvernement indien a investi beaucoup de temps et d'efforts dans
des campagnes de planning familial, au point parfois d'imposer
des opérations à des villageois ignorants. L'immigrant
ou l'immigrante sud-asiatique à Montréal sera en
général très au courant des moyens de
contraception disponibles dans une technologie moderne.
La famille sud-asiatique à Montréal
Quand une famille sud-asiatique immigre en Occident, en
général elle s'ajuste très rapidement en ce qui a
trait à ses attentes et ses capacités économiques
dans la nouvelle société. Au lieu de viser 3 ou 4
enfants, la famille sud-asiatique ici n'en visera que 2 ou 3,
dont au moins un garçon. Il faut souligner que cette
généralisation ne s'applique pas dans le cas des
familles traditionnelles musulmanes, du Pakistan par exemple,
où la contraception est interdite pour des raisons
religieuses, tout comme dans le catholicisme et le judaïsme
orthodoxe ici.
Une famille sud-asiatique à Montréal va en
général donner priorité aux enfants dans la vie du
jeune couple et ce n'est qu'après la naissance du nombre
d'enfants jugé approprié qu'une famille pensera à
des moyens contraceptifs. La méthode préférée
est une ligature des trompes pour la femme. Cependant, les
recommandations du médecin agiront pour beaucoup dans les
choix contraceptifs que prendra le couple. Ici il faut souligner
que, dans la majorité des cas, les femmes sud-asiatiques
sont accompagnées de leur mari lors de la visite chez le
médecin. Souvent c'est la barrière linguistique qui
empêche la femme de parler au médecin elle-même et
c'est son mari qui parlera pour elle. Même quand elle
possède une connaissance suffisante du français ou de
l'anglais, la gêne et la pression des moeurs peuvent faire
en sorte qu'elle n'oserait pas demander des conseils ou prendre
des décisions en matière de contraception sans la
présence et les opinions de son mari.
Souvenez-vous pourtant du fait qu'une majorité des
mariages sont arrangés. La plupart des femmes sud-asiatiques
n'auront jamais parlé avec leur mari de choses intimes. La
sexualité est une chose dont on ne discute pas entre homme
et femme. Une femme va en parler seulement dans son réseau
de liens féminins - ses soeurs, ses copines - et seulement
quand elle se sent très à l'aise avec celles-ci. La
répression sexuelle, qui constitue la norme pour une femme
sud-asiatique traditionnelle, va faire en sorte qu'elle peut
facilement ne jamais connaître un orgasme de sa vie; elle ne
pourra évidemment pas parler de sa sexualité avec son
mari. La situation peut être très difficile pour une
immigrante qui croit avoir des problèmes physiques ou
émotifs, car elle a été retirée de son
réseau naturel et ne saura pas avec qui parler. S'il y a
vraiment un problème de santé lié à la
reproduction, elle hésitera longtemps à en parler avec
son mari, jusqu'au point où un problème mineur peut
devenir problème majeur. Il faudrait mentionner aussi que
les hommes sud-asiatiques refusent de porter un condom; ça
ne va pas du tout avec leur image d'eux-mêmes. Donc, un
homme qui est sexuellement actif en dehors de son mariage ou qui
l'a été avant la mariage (chose assez fréquente)
peut exposer sa femme à un danger de maladie transmise
sexuellement (MTS) sans que celle-ci n'en soit avertie. Elle sera
en général mal informée au sujet des MTS et sera
surtout très gênée d'en parler. L'une des
préoccupations de notre Centre est de faire en sorte que les
femmes sud-asiatiques puissent avoir accès à un
réseau d'information sur tout ce qui concerne les femmes et
la santé.
La réconciliation des valeurs
Tout ce que j'ai dit jusqu'ici s'applique de façon
très générale à des femmes qui arrivent ici
à l'âge adulte. Pour la deuxième
génération, la question se présente tout
autrement. Les jeunes sud-asiatiques, nés ici ou
arrivés très petits, vont s'intégrer facilement
à la vie québécoise. Chez eux on voit ce qu'on
pourrait appeler une réconciliation des valeurs. Ils et
elles voudront en général être comme leurs copains
et leurs copines de l'école, ce qui voudra souvent dire
qu'ils et elles voudront commencer une vie sexuelle active
dès l'adolescence. En fonction du milieu scolaire, une jeune
femme de la deuxième génération pourra être
aussi bien informée que ses copines non sud-asiatiques en
matière de contraception. Là où il peut y avoir
des conflits sérieux, c'est lorsque les valeurs
nord-américaines des jeunes se heurtent aux valeurs
traditionnelles de leurs aîné-e-s, qui sont, eux, les
vrais immigrant-e-s. Les parents immigrants vont souvent trouver
que les filles québécoises ont trop de libertés et
qu'elles courent le risque de se faire exploiter par les
garçons ou les hommes. Pour protéger leurs filles, les
parents vont alors leur imposer des règles de vie qu'elles
trouveront déraisonnables, en comparaison de la vie de leurs
copines; comme tous les jeunes ici, les jeunes sud-asiatiques de
la deuxième génération n'aiment pas qu'on prenne
des décisions pour eux.
Dans la génération des mères de ces jeunes
filles, on verra alors toute une gamme de réactions face
à la nord-américanisation inévitable de leurs
familles et de leurs enfants. Certaines vont facilement s'adapter
à la nouvelle culture et la verront même comme une
façon de se libérer des attentes et des pressions
familiales qui les ont toujours entourées; ces
femmes-là peuvent vivre une sorte d'épanouissement
quand elles quittent leur pays d'origine, quoique leurs maris ne
seront pas nécessairement d'accord avec ces changements. Par
contre, une femme immigrante peut réagir en rejetant
complètement les nouvelles moeurs et en essayant de donner
à ses filles les avantages supposés d'une
éducation traditionnelle. Ces femmes peuvent devenir encore
plus conservatrices qu'elles l'étaient avant d'immigrer.
Entre ces deux extrêmes, l'expérience vécue et
l'attitude d'une femme sud-asiatique peuvent varier
énormément.
La femme sud-asiatique et les services de santé au
Québec
Étant donné la réalité complexe de la
femme sud-asiatique qui se réinstalle au Québec, quels
seraient les conseils à donner à des professionnel-le-s
dans le domaine de la santé qui auront affaire à cette
clientèle?
Premièrement, on souhaiterait que, non seulement pour les
femmes sud-asiatiques, mais pour toutes les femmes, quelle que
soit leur origine, les programmes de planification des naissances
et les services associés soient surtout centrés sur les
besoins et les désirs de la femme individuelle qui va y
être impliquée. On doit donner de la place aux femmes
pour qu'elles puissent exprimer leurs propres
préférences. Si, par exemple, une femme vient d'une
culture où elle serait normalement accompagnée de sa
mère et de plusieurs autres femmes lors de l'accouchement,
son médecin devrait être sensibilisé à cette
préférence. Souvenez-vous qu'en Asie du Sud,
l'accouchement est encore un événement domestique et
non médicalisé, sauf dans les familles urbanisées
de la classe moyenne. Dans ces familles-là, par contre, la
surmédicalisation de la périnatalité est très
avancée, un peu comme en Occident il y a 30 ou 40 ans. On a
enseigné aux femmes de la classe moyenne à ne pas
allaiter leurs bébés, tout comme on a fait à la
génération de vos mères ici. Il faudrait alors
faire la promotion active de l'allaitement maternel auprès
d'une femme sud-asiatique de la classe moyenne.
En conclusion, la meilleure solution à la diversité
ethnique actuelle quand on oeuvre dans le domaine du planning des
naissances, serait de donner à toute femme la liberté
de nous expliquer sa situation personnelle et culturelle et de
l'encourager à nous dire ce à quoi elle s'attend face
à sa fertilité, sa maternité et sa sexualité.
On devrait viser une atmosphère confortable et accueillante
pour toutes les femmes, quelles que soient leurs cultures
d'origine. La première étape, cependant, serait de
s'informer autant que possible des autres réalités
culturelles, pour essayer de raccourcir un peu le long travail
d'explication auquel les immigrantes sont confrontées. Je
vous remercie infiniment de l'occasion que vous m'avez
donnée de venir vous aider dans cette tâche,
compliquée mais fascinante.
LES FEMMES HAÏTIENNES
Infirmière en périnatalité, CLSC des
Seigneuries à Boucherville.
Si on fait un parallèle entre la vie sexuelle d'une
Haïtienne en Haïti et la vie sexuelle d'une
Haïtienne au Québec, on constate une grande
différence: la femme haïtienne au Québec a pris
conscience de son apport socio-économique dans l'assiette
familiale. Ceci lui permet de dire son mot et par surcroît
de prendre des décisions.
La femme haïtienne en Haïti est la chose de son
homme. C'est l'homme qui décide de tout, elle n'est qu'une
exécutante. Un mari se donne le droit d'avoir plusieurs
femmes et une kyrielle d'enfants hors de son foyer. Malgré
leurs grandes contributions dans la société
haïtienne comme mère, épouse,
collaboratrice, médecin, enseignante,
cuisinière, infirmière, travailleuse sociale,
commerçante, gardienne, femme de ménage,
domestique, prostituée, etc. on demeure ingrat envers elles.
Jusqu'à la constitution haïtienne qui ne lui
reconnaît que des droits mitigés.
Au Québec, la femme est reconnue comme une personne
à part entière avec des droits et des devoirs.
Toutefois des améliorations s'imposent dans le vécu et
la perception du quotidien. Elle doit être vigilante tout en
surveillant les acquis et s'engager dans les luttes sociales.
Voir au planning des naissances devrait être la
préoccupation de toutes les femmes.
Regardons de près la réalité des femmes
haïtiennes au Québec à ce sujet.
Cinquante femmes haïtiennes au Québec de 18 à
45 ans ont été consultées dans un minisondage.
Elles sont cégépiennes, universitaires,
infirmières, femmes médecins, enseignantes,
couturières, prestataires d'aide sociale, chômeuses.
Elles ont toutes une chose en commun, elles sont actives
sexuellement.Elles connaissent le thème planning des naissances, qui
est une façon d'avoir des enfants quand on veut, selon
quelques-unes, et d'assurer son avenir avant d'avoir des enfants,
selon d'autres. Quant à la FQPN, 50% ne la connaissent
pas.
Un faible pourcentage est familier avec toutes les
méthodes contraceptives, mais elles utilisent le plus
souvent soit la pilule, le condom ou le coït interrompu.
Elles sont unanimes à dire que la contraception est une aide et un emmerdement. Une aide dans la
prévention des grossesses et dans la qualité de vie de
couple. Un emmerdement, quelle que soit la méthode, elle
n'est pas d'une tranquillité absolue.En cas d'échec du moyen contraceptif, un faible
pourcentage choisirait l'avortement.
Au premier abord, elles répondent toutes qu'elles ont le
choix de leur maternité, que ce sont elles qui portent
l'embryon et peuvent finalement décider de le garder ou
non.
Je ne suis pas sûre que ce soit un choix réel, libre
et réfléchi. En envisageant avec elles leurs attentes,
leurs désirs, elles finissent par réaliser que ce n'est
pas toujours leur choix "la maternité". Les pressions sont
multiples: la culture, le conjoint, le budget familial, la peur,
etc. Leur désir serait d'être heureuse en famille.
Les répondantes ont de 0 à 5 enfants des deux sexes.
Ce qu'elles trouvent fatal, c'est le poids de la
responsabilité de la famille, le non-engagement du conjoint.
Ce sont elles qui deviennent enceintes, qui accouchent, qui
gardent les enfants, les élèvent et portent le fardeau.
Les jeunes adultes relatent la pression sociale d'avoir un
enfant. L'arrivée du premier enfant donne à la
mère la latitude d'adulte. Quand on n'a pas d'enfant, on est
considéré adolescent même si on a 25 ou 35 ans.
Les parents ont tendance à tout contrôler et à
dire quoi faire, comment et quand. Pour les filles-mères
c'est le prétexte de laisser la maison. Même si elles y
restent encore, elles sont adultes à part entière. Pour
elles c'est une façon de sortir de l'emprise des
parents.
Un fort pourcentage a essayé la pilule, qu'elles ont fini
par laisser tomber pour diverses raisons, telles que manque
d'argent et malaises divers.
Elles utilisent parfois des condoms, fournis le plus souvent
par le partenaire. En général, les femmes utilisent une
méthode de façon sporadique et seulement après
avoir eu un bébé.
Quand les filles sont actives sexuellement elles n'utilisent
pas nécessairement un moyen contraceptif. En
général, elles vont passer un test vers 10 à 12
semaines suivant la dernière menstruation. S'il est positif,
une ambivalence de 4 à 6 semaines se solde par la poursuite
de la grossesse. Ceci s'observe le plus souvent chez celles qui
n'ont aucun objectif d'avenir bien défini.
Au niveau des valeurs, les femmes plus
âgées acceptent difficilement le rejet de leurs propres
valeurs et l'engouement des jeunes pour les valeurs acquises qui
prennent le dessus et influencent beaucoup la sexualité, la
contraception, la maternité et la vie de couple.
Elles se demandent: est-ce mieux le choix des jeunes? Elles ne
se marient pas en aussi grand nombre que leurs aînées,
par contre elles acceptent d'avoir un enfant pour changer de
statut social. Ces jeunes-là ont la sensation d'être
libres et se vantent de choisir leur maternité alors que la
charge des enfants leur incombe. Je trouve fatale cette
situation.
Elles vivent mal le choc culturel. Elles
reconnaissent unanimement qu'elles sont prises en sandwich entre
la culture québécoise d'un côté et la culture
haïtienne de l'autre. Le désir des plus jeunes est de
vivre dans l'harmonie, la joie, l'entente. Tandis que les femmes
de ma génération ont pour vision première le
bien-être de la famille. Pour y arriver, elles travaillent
à temps plein à l'extérieur, étudient pour
avoir un meilleur salaire et un statut social plus
élevé, tout en s'occupant des divers besoins du
ménage.
Avec un tel emploi du temps, il ne reste plus de place pour le
loisir. Quant à la notion du plaisir, elle est tabou. Elles
n'ont vraiment pas eu d'information sur la sexualité; une
bribe par ci, une bribe par là. Elles craignent de perdre le
contrôle sur la vie familiale, tout ce qui sort des normes
est un échec.
Les filles disent qu'elles ne feront pas comme leurs
mères et auront deux enfants ou plus. La maternité
représente pour la femme haïtienne au Québec un
rôle important, tant au niveau social qu'économique.
Elle lui confère une sorte d'autonomie. Ce que je
déplore dans tout cela: elles ne la vivent ni pleinement, ni
librement. La maternité l'habite, la possède, tout au
long de sa vie. C'est son principal rôle. Elle est en retard
de 20 ans sur la femme québécoise qui choisit
délibérément la maternité.
Quand une Haïtienne au Québec demande le divorce
à son conjoint, celui-ci est tout étonné,
même perturbé. C'est une insulte «Elle a osé.
Le mari maudit les lois du Québec qui donnent trop de
pouvoir aux femmes». Il est atteint dans son amour propre,
car à lui seul revient le droit de formuler une telle
demande.
Réflexions
Dans le milieu haïtien au Québec, une réflexion
critique directe s'impose. Elle aurait pour objectif d'inciter
les jeunes à confronter les images reçues avec la
réalité. Il est urgent que la nouvelle
génération apporte un changement dans l'émergence
de la famille. La situation des jeunes Haïtiennes au
Québec est cruciale à tous égards. Qu'est-ce qui
doit être fait? Elles sont arrivées très jeunes
dans le pays, à trois ans, deux ans, un an. Elles sont
nées dans les hôpitaux québécois, elles
fréquentent les mêmes garderies, les mêmes
écoles, les mêmes lieux de loisirs que les autres
enfants. La culture québécoise les imprègne, elles
sont déchirées. Qu'est-ce que notre société
leur offre comme aide? Allons-nous rester figés en
spectateur-trice-s hébétés ou surpris? C'est
à nous de les aider à voir clair afin de faire un bon
choix. Les parents sont laissés pour compte. Ils n'ont aucun
support ni à l'école, ni dans les rues. Les enfants
connaissent une chose: leurs droits. Quand les notions de devoirs
leur seront-elles inculquées? Il ne faut pas oublier que
l'un ne marche pas sans l'autre.
Les valeurs transmises s'effritent, elles ont besoin
d'être orientées avec discernement et recevoir des
informations précises sur leur condition sociale au
Québec.
La population cible demeure, quant à moi, les
adolescentes et les jeunes adultes. Elles dissocient "pratique
sexuelle" et "contraception". La majorité d'entre elles,
nous révèle le sondage, utilisent un moyen contraceptif
seulement après avoir eu un enfant.
La sexualité est intellectuelle et morale, nous dit
Elisabeth Blackwell, première femme médecin aux
États-Unis (1821-1910). Elle établit une politique
d'éducation sexuelle à cette époque. Alexandra
Kollontaï (1872-1952), première féministe:
d'après elle, l'homme et la femme sont égaux en tout.
Leur vécu sexuel se base sur la sociologie, la politique et
l'économie; elle condamne la domination de l'homme sur la
femme dans la famille. Elle prône l'union libre en
commençant par libérer les femmes économiquement
et aussi changer la conception de l'amour. René Gagnon
(1816-1956) remet en question les normes occidentales et propose
une idéologie nouvelle: pour lui, il y a une différence
entre sexualité/reproduction et sexualité/amour. Il
établit des règles assez ouvertes à une pratique
sexuelle libre basée sur le bonheur. Les Haïtiennes
tant au Québec qu'en Haïti ont un retard énorme en
fait de planning des naissances.
Comment voulez-vous que des parents ignorants en matière
de sexualité puissent élever leurs enfants? Et c'est
dans la famille d'abord que l'éducation sexuelle devrait
commencer. Une information qui vient de tout côté n'est
pas toujours claire. Elle est parfois semée de
contradictions. Nous vivons un conflit de générations.
Les femmes de 35 à 50 ans qui sont arrivées au
Québec âgées de 15 à 30 ans vivent un
dilemme.
Leurs enfants rejettent certaines valeurs haïtiennes
transmises de génération en génération. Les
filles ne font plus comme leurs mères. Font-elles mieux...?
Les parents ont besoin de formation pour apprendre à vivre
et à laisser vivre.
Dilemme entre les deux générations
Dès l'adolescence, les mères font des mises en
garde, voulant protéger la sexualité de leurs filles
tout en étant absentes de leur vie affective. Les
garçons eux, qui s'en occupe? Ont-ils une éducation
sexuelle? N'oublions pas que ces mères, il n'y a pas si
longtemps, étaient réprimées, brimées,
étouffées par l'éducation reçue, à un
moment où la maturité biologique suivait son
évolution normale, avec sa capacité sexuelle
réelle, mais officiellement non exercée. Cette
situation est déterminante dans la non-reconnaissance de la
spontanéité des débuts de la vie sexuelle des
jeunes par leurs parents.
Quand pourra-t-elle être autre chose en plus d'être
mère? Car c'est à elle qu'incombé la
responsabilité des naissances. L'homme, lui, en est
complètement dégagé.
Ce n'est pas seulement la femme qui doit être
informée, l'homme aussi car l'amour se fait à deux et
la famille se compose du père, de la mère et de leur
progéniture. Les hommes doivent connaître les
différents moyens contraceptifs, leur mode d'emploi, les
avantages et les désavantages, afin de faire un bon choix de
couple. Ils devraient avoir accès aux méthodes
contraceptives aussi bien que les femmes.
Le médecin de famille a un rôle primordial à
jouer dans l'éducation populaire. Le couple n'a pas toujours
les moyens financiers lui permettant d'accéder aux
différents contraceptifs.
Beaucoup de femmes ont recours à la ligature des trompes
après 3 enfants environ, alors qu'il est impensable pour les
hommes d'envisager la vasectomie.
La stérilisation masculine est tellement plus simple et
se pratique avec moins de conséquences. Cependant, c'est
encore la femme et toujours la femme qui est traquée.
L'éducation sexuelle avec sa triple dimension,
bio-psycho-sociologique, est urgente dans le milieu haïtien
au Québec. Cela permettrait aux femmes de vraiment choisir
librement la maternité, de jouir d'une santé
reproductive et de prendre plaisir à la vie de couple.
Ainsi, il y aura de meilleures relations hommes-femmes et par le
fait même celles des parents-enfants seront
améliorées.
Recommandations
Que la Fédération du Québec pour le planning
des naissances auprès de la communauté haïtienne
au Québec:
Mène une campagne de sensibilisation face à la
planification des naissances en informant les femmes de
façon précise et directe.
Élabore un mécanisme facilitant l'utilisation de
leur service. Se fasse connaître par
différentes formes de publicité.
Participe à l'éducation populaire.
Soit présente dans les cliniques médicales.
Tienne des statistiques afin de faciliter l'évaluation
des services fournis.
Rende les documents audio-visuels accessibles.
Puisse aider de façon pratique les femmes qui ne peuvent
pas se payer les moyens contraceptifs.
Conclusion
La femme haïtienne au Québec aura besoin d'aide de
la Fédération du Québec pour le planning des
naissances pour développer un comportement sexuel
épanoui et revaloriser les points suivants:
Façonner la réalité en vue d'objectifs
positifs.
Entrer en contact avec les autres en confiance.
Être attentive à ses besoins personnels.
Acquérir un style de vie sain et le maintenir avec
souplesse et adaptation.
Avoir son propre but.
Je termine avec ces quelques mots de Xavier Lacroix, Directeur
de l'Institut de la famille à Lynx.
«La sexualité est constituée de gestes et de
tendresse qui ont une très grande signification. Tendresse
rime avec caresse qui est la célébration du corps de
l'autre. Nous avons une responsabilité réciproque car
chacun se livre dans sa faiblesse et sa
vulnérabilité.»
MAIS QU'EST-CE QU'ELLES VEULENT?
OU L'ILLUSION DU CHOIX
Agente d'information, Fédération du Québec pour
le planning des naissances (FQPN)
Situons d'abord la question en citant Annick Bréniel
(1990, p. 7), membre individuelle de la FQPN: «Ma
grand-mère a dû abandonner l'enseignement pour ses
propres enfants. Ma mère a utilisé la contraception, du
thermomètre aux pilules. Elle accouchait à
l'hôpital, s'en trouvait rassurée. Mes soeurs et moi
avons toujours eu accès à des moyens contraceptifs.
Nous considérons cela comme un plus même si ce n'est
pas toujours facile à assumer. Au Québec des femmes se
sont battu et luttent encore pour des services de santé, de
contraception, d'avortement et d'accouchement respectueux de
leurs besoins et de leurs aspirations. Nos fragiles acquis
menacent les autorités gouvernementales, médicales et
morales. Peut-on laisser les femmes, des femmes ordinaires,
décider de leur vie, de leurs maternités, des familles,
du taux de natalité sans plus de contrôle?».
En 1969, il y a seulement 25 ans, le Canada abolit les
articles du Code criminel qui interdisent la diffusion
d'information sur les produits contraceptifs, de même que la
publicité et la vente de ces produits. Dans le même
souffle, le gouvernement canadien autorise les avortements dits
thérapeutiques (article 251 du Code criminel).
Pourtant, malgré les interdits de l'État et de
l'Église catholique, les femmes du Québec n'ont pas
attendu 1969 pour échanger de l'information sur les moyens
contraceptifs. En 1955, Gilles et Rita Breault reçoivent des
couples chez eux afin de les initier à la méthode
sympto-thermique, action qui mène à la fondation de
SERÉNA en 1962. À partir de 1960, les revues et
journaux s'intéressent de plus en plus à la
contraception. En 1964 s'ouvre l'Association de planning des
naissances de Montréal et en 1967 le Centre de planification
familiale du Québec. Vers la fin des années 1960, les
Québécoises discutent ouvertement de contraception
même si l'encyclique «Humanae Vitae» condamne en
1968 l'utilisation de la contraception.
Au cours de la même période, plusieurs femmes se
regroupent en diverses associations de lutte politique et/ou
d'information/références. À titre d'exemples: la
Fédération des femmes du Québec (1965),
l'Association féminine d'éducation et d'action sociale
(1966), le Montreal Women's Liberation Movement et le Front de
libération des femmes du Québec (1969), le Centre des
femmes de Montréal (1972), etc. Tous ces groupes publient
des manifestes, dossiers, revues dont le «Manifeste pour une
politique de planification des naissances», signé par
plusieurs groupes en 1972. Les décennies 1960 et 1970
constituent une période de bouillonnements, de diffusion
d'information, de discussions, de manifestations, de scissions,
de formation de nouvelles associations, etc. Bref, «Les
groupes de femmes intègrent les théories du
féminisme radical...
L'émancipation des femmes n'est pas l'égalité
sur la base du modèle masculin mais une transformation
profonde de la société» (A. St-Cerny, 1991, p.
22). De plus, quelques médecins sont arrêtés et
poursuivis pour pratique illégale d'avortements. En 1976, le
Parti québécois nouvellement élu laisse tomber les
poursuites contre le Dr Henry Morgentaler, accusé de
pratique illégale d'avortement.
Autre fait marquant des années 1970: le gouvernement
québécois met sur pied des équipes de planning en
CLSC, avec budget protégé, et des cliniques de planning
des naissances en milieu hospitalier (couramment appelées
cliniques Lazure, nom du ministre de la santé de
l'époque).
La décennie 1980 est marquée surtout par la
consolidation des services autonomes pour femmes qui ont vu le
jour dans les années précédentes. Le mouvement
d'humanisation des naissances se solidifie. En 1981, 3 centres de
santé des femmes et 5 CLSC décident de défier la
loi canadienne et d'offrir des services d'avortement. «En
1982, la pratique d'avortement des 10 CLSC et des 4 centres de
santé des femmes est rendue publique dans les médias.
Le gouvernement québécois ne réagit pas» (A.
St-Cerny, 1991, p. 30). En 1988, la Cour suprême
déclare inconstitutionnels les articles du Code criminel sur
l'avortement thérapeutique. En 1989 dans l'affaire Chantal
Daigle, la Cour supérieure du Québec reconnaît des
droits au foetus. L'année suivante, la Cour suprême
déclare qu'aux yeux de la loi le foetus n'est pas une
personne et ne peut donc être l'objet de droits. En 1990,
après avoir tenté en vain de recriminaliser
l'avortement, le gouvernement fédéral décide de ne
pas présenter de nouveau projet de loi.
Ce bref tableau peut nous donner à penser que nous avons
vécu une révolution sexuelle depuis les trente
dernières années. Certes, à son arrivée sur
le marché, la pilule a symbolisé pour les femmes la
libération sexuelle. La grossesse et la maternité
étaient souvent perçues alors comme un fardeau et un
frein aux aspirations des femmes. La contraception a permis de
dissocier sexualité et reproduction, favorisant ainsi la
réappropriation d'un plaisir jusque-là nié aux
femmes (S. Pinsonneault, 1992): pour elles, la contraception
était synonyme d'autonomie face à son corps et à
sa sexualité. Ainsi, des milliers de femmes ont eu la
possibilité de choisir de mettre au monde le nombre
d'enfants qu'elles voulaient, au moment qui leur convenait. Elles
ont fait des choix d'activités plus diversifiés, sinon
plus satisfaisants, que ceux de leur mère et de leur
grand-mère.
Cependant, contre toute attente, l'avènement de la
contraception "dure et invisible" (pilule, stérilet) a aussi
entraîné une perte de pouvoir pour les femmes sur leur
corps et leur sexualité. La contraception invisible cache le
pouvoir procréateur de la relation sexuelle et masque
l'inégalité des rapports hommes-femmes, favorisant le
maintien de la sexualité dans le modèle de la
«pénétration-pénienne-éjaculation-vaginale-en-tout-temps»
(L. Vandelac, 1986). Les femmes peuvent ainsi se retrouver dans
un état de disponibilité totale envers les hommes. S'il
n'y a pas risque de grossesse, il n'y a pas de raison de refuser
la pénétration n'est-ce pas?
Loin de moi l'idée de prôner l'abolition de la
contraception pour autant. Les femmes ont bien accueilli
l'arrivée de contraceptifs plus efficaces, car il valait
mieux - et c'est toujours vrai - pallier au pire: les femmes qui
n'ont pas de pouvoir de négociation dans la relation
sexuelle, peuvent au moins empêcher une grossesse non
désirée. Toutefois, d'un point de vue politique et
collectif, il ressort que, pour seulement quelques heures de
fertilité potentielle par mois, les moyens contraceptifs
invisibles ont amené les femmes à calquer leur
sexualité sur le modèle sexuel masculin - basé sur
la pénétration vaginale - et à prendre des risques
pour leur santé, risques appelés effets secondaires des
contraceptifs. D'ailleurs, la plupart des hommes prennent pour
acquis que toutes les femmes utilisent un contraceptif. Par
conséquent, ils ne posent aucune question là-dessus
avant une relation sexuelle et ne se posent pas à
eux-mêmes la question de leur propre fertilité.
Il existe actuellement plusieurs méthodes contraceptives,
mais le choix est conditionné par divers éléments
sur lesquels les femmes ont peu ou pas de contrôle. Pour
avoir accès aux moyens plus efficaces, il faut passer par le
médecin car l'efficacité apporte avec elle plus de
risques et d'effets dits secondaires pour la santé et la
fertilité des femmes. Par conséquent, la
médicalisation de la contraception, associée à
celle de plus en plus marquée de la grossesse et de
l'accouchement, est venue consacrer la nécessité de la
science médicale dans la vie des femmes. Le discours
médical ainsi que la pratique médicale,
particulièrement au Québec, sont orientés sur la
notion de risque, ce qui entraîne d'une part une
dévalorisation des intervenant-e-s autres que médecins
en contraception. D'autre part, cette notion de risque justifie
une attitude interventionniste chez les médecins et
amène un sentiment d'incompétence chez les femmes,
d'où une perte de pouvoir sur leur corps.
Quelle information les médecins donnent-ils sur la
contraception? L'information qu'ils connaissent,
c'est-à-dire celle qu'ils ont reçue au cours de leurs
études, celle qu'ils reçoivent des
représentant-e-s des compagnies pharmaceutiques et celle
qu'ils ont le temps, le goût et la conscience
professionnelle d'aller chercher par eux-mêmes et
elles-mêmes. Malheureusement, les médecins qui
s'intéressent à la contraception au point de faire des
lectures, d'assister à des colloques et de suivre des
sessions de formation continue (souvent subventionnées par
l'industrie pharmaceutique) sont peu nombreux. Et, vous l'aurez
peut-être deviné, l'information qui est la plus
organisée, la plus soutenue et la plus accessible aux
médecins est celle des compagnies pharmaceutiques. C'est
pourquoi le plus souvent, les médecins connaissent et
prescrivent uniquement quelques sortes de pilules et un seul type
de stérilet. Très peu donnent l'information sur les
méthodes dites douces ou visibles: le diaphragme, la cape
cervicale, le condom (comme contraceptif) et sur les
méthodes de repérage de l'ovulation (appelées
souvent méthodes naturelles ou biologiques).
Les choix des femmes face aux contraceptifs sont en partie le
reflet de l'information la plus disponible. En 1984 (L. Motard et
C. Tardieu, 1990), 74,6% des Québécoises de 20 à
24 ans qui utilisent un contraceptif avaient opté pour la
pilule. À partir de 25 ans, les femmes varient leur choix:
45% utilisent la pilule, 12% le stérilet et environ 18%
misent pour le condom allié aux spermicides. La trentaine
amorcée, la ligature des trompes s'ajoute aux choix dans une
proportion qui atteint plus de 52%.
En somme, d'un côté les médecins sont peu ou
mal informés des techniques disponibles et, d'un autre
côté, ils sont également peu ou mal informés
des aspects psycho-sociaux de la contraception. Ceux-ci
englobent, dans un premier temps, l'ensemble des facteurs qui
entrent en jeu dans le choix contraceptif et, dans un
deuxième temps, l'impact du choix d'un contraceptif sur son
efficacité même, sur son utilisation adéquate et
sur la persévérance de la personne dans l'usage qu'elle
en fait. Un choix imposé influence l'utilisation de la
méthode et la persévérance de l'utilisatrice ou de
l'utilisateur: on ne se sert pas longtemps d'un contraceptif qui
nous écoeure ou qui nous dérange.
Trop peu de médecins se donnent la peine - pour eux
ça semble souvent une peine - de fournir une information qui
permette un choix éclairé. Et ceux qui le font en
subissent parfois les conséquences personnellement. Par
exemple, une femme médecin me disait récemment:
«Parce que je prends le temps d'expliquer les
différentes méthodes aux femmes, je manque de temps, je
saute mon dîner. Je me sens jugée par les autres
intervenant-e-s, qui considèrent que je ne fonctionne
pas» (A. Bréniel et F. Tardif, 1992, p. 8).
Un-e médecin, un-e travailleur-se social-e, un-e
enseignant-e, un-e infirmier-ère qui ne donne pas toute
l'information choisit à la place de la femme qui vient
consulter, exerçant ainsi un contrôle sur la vie
reproductive de cette femme.
On le voit, toutes les femmes n'ont pas eu et n'ont pas encore
aujourd'hui un accès égal à la contraception.
D'une part, le diaphragme et la cape cervicale sont peu
disponibles dans les grandes villes et encore moins dans les
régions éloignées des grands centres. D'autre
part, les femmes assistées sociales n'ont pas le choix de
leur moyen contraceptif. Seule la pilule est remboursée
automatiquement; quant au stérilet, il faut une lettre du
médecin avant son installation pour qu'il soit
remboursé. Ces contraceptifs sont les plus efficaces - il
faut peut-être que les femmes les plus pauvres fassent moins
d'enfants - mais ils sont également parmi ceux qui
comportent le plus de risques pour la santé et la
fertilité. Pourquoi ne rembourser que ceux-là? Pourquoi
pas les condoms? Pourquoi ne pas permettre aux personnes
assistées sociales de choisir leur méthode
contraceptive?
L'accessibilité aux moyens contraceptifs est un outil
pour les gouvernements dans l'exécution de leurs politiques
de population. Au Québec actuellement, c'est connu, on
manque d'argent et d'enfants. Le gouvernement tient un discours
nataliste tout en réduisant les services en planning des
naissances. Jusqu'à la fin des années 1970,
l'information en contraception était assumée
principalement par des groupes comme SERÉNA, les
associations de planning des naissances et la FQPN, les centres
de santé des femmes, etc. Puis, le gouvernement a mis en
place les cliniques de planning dans son réseau de services
(cliniques Lazure). Aujourd'hui, dans les années 1990, les
subventions gouvernementales de SERÉNA sont coupées,
les services de planning des naissances et d'avortement ont
beaucoup diminué sauf pour les jeunes, clientèle
jugée "à risques" par le ministère de la
Santé et des Services sociaux (MSSS).
Même si l'avortement n'est plus un acte criminel au
Canada, l'universalité, la gratuité et
l'accessibilité des services ne sont pas pour autant
assurées. Plusieurs régions n'ont pas de services,
d'autres très peu. Plusieurs médecins refusent de
pratiquer des avortements, à tel point qu'on redoute une
pénurie dans un avenir assez proche. Les équipes
médicales contrôlent entièrement les conditions
dans lesquelles les femmes subissent l'avortement:
anesthésie locale, générale ou pas
d'anesthésie; antibiotiques de routine ou non; utilisation
de tiges laminaires ou non, etc. Certaines techniques lourdes
facilitent la tâche du médecin, mais représentent
des risques additionnels pour les femmes (A. Bréniel et L.
Harnois, 1989). Par conséquent, dépendant de la
région où elle habite, une femme subira un avortement
accompagné de techniques plus ou moins lourdes et souvent
non nécessaires, selon la décision de l'équipe
médicale, car seul ce type d'intervention sera disponible.
Depuis quelques semaines toutefois, la situation est plus grave:
les services d'avortements offerts actuellement dans les CLSC
sont tous très fortement menacés.
Doit-on croire que, sauf pour les jeunes, seul le service
d'avortement par RU 486/prostaglandines sera disponible à
l'avenir? Vous avez sans doute déjà entendu parler du
RU 486/prostaglandines qu'on appelle souvent, de façon
erronée d'ailleurs, la pilule abortive. Il s'agit d'une
hormone synthétique qui, administrée avec de la
prostaglandine entre 5 à 7 semaines de grossesse, peut
provoquer l'expulsion de l'embryon. Cette méthode
d'avortement chimique est utilisée en France et certains
groupes féministes, ainsi que certains médecins,
réclament du gouvernement l'expérimentation de la
méthode ici afin de la rendre disponible aux
Québécoises.
La Fédération du Québec pour le planning des
naissances et le Regroupement des Centres de santé des
femmes du Québec ont pris position contre l'entrée de
cette méthode au Québec. Je peux résumer les
raisons de cette position ainsi: «Parler de "pilule
abortive", c'est délibérément induire les femmes
en erreur sur la nature du COCKTAIL CHIMIQUE
administré. Parler d'avortement "sécuritaire et sans
danger" c'est délibérément taire aux femmes
l'absence de connaissances scientifiques quant aux EFFETS
à moyen et long termes de ce cocktail. De toute
évidence, et pour l'instant l'avortement chimique est loin
d'être au point et ne peut, en toute
sécurité, être substitué positivement
à ('AVORTEMENT CONVENTIONNEL pratiqué en début de
grossesse» («RU 486: on l'avale la pilule ou
pas?», 1992).
L'accessibilité aux moyens contraceptifs, aux services
d'information et de santé est certes un facteur très
important dans la notion de choix. Par conséquent, les
étapes qui précèdent la mise en marché d'un
produit sont décisives. Je parle ici de la recherche en
contraception, de l'expérimentation clinique des
contraceptifs, de l'autorisation de mise en marché d'un
produit, de la publicité et de l'information disponible.
L'histoire des contraceptifs depuis la pilule jusqu'à
maintenant est très instructive pour l'avenir. Il est
maintenant reconnu que la pilule anticonceptionnelle n'avait pas
subi une expérimentation suffisante avant d'être mise
en marché. Les stérilets ont eu aussi leur part de
controverses. Le Dalkon Shield, mis en vente aux États-Unis
en 1971, faisait déjà l'objet de rapports négatifs
au début de 1972: infections pelviennes, septicémies,
grossesses tubaires. En 1974, 17 décès lui étaient
attribués. Le Dalkon Shield a été retiré du
marché aux États-Unis en 1975. Au Québec à la
fin des années 1970 on recommandait
les stérilets au cuivre aux femmes n'ayant jamais eu
d'enfant. Cinq ans plus tard, ils sont contre-indiqués pour
ces mêmes femmes, car ils causent trop d'infections et ne
sont pas assez efficaces. Enfin en 1986, le CU-7 est retiré
du marché aux États-Unis.
Les autorités gouvernementales, l'industrie et le milieu
de la recherche ont-ils tenu compte de ces leçons? Il semble
que non. En 1992, le Food and Drug Administration (FDA) a
autorisé le Depo-Provera comme contraceptif aux
États-Unis. Pourtant, des doutes persistent sur les liens
entre le Depo-Provera et les cancers du sein et du col, de
même que l'ostéoporose (Ms. Editors, 1993) et les
troubles de fertilité. De plus, l'administration d'un
contraceptif par injection augmente les possibilités d'usage
coercitif et inapproprié. Au Canada, par exemple, un
médecin peut prescrire un médicament non approuvé
par le ministère de la Santé et du Bien-être s'il
estime que les avantages sont plus grands que les risques qu'il
représente pour ses client-e-s. Ainsi, même s'il n'est
pas autorisé comme contraceptif au Canada, des médecins
canadiens administrent le Depo-Provera à dose contraceptive
à des femmes déficientes mentales, à des
adolescentes que le médecin considère "à risque",
à des femmes autochtones et à des femmes à qui
aucun autre contraceptif ne conviendrait («Dossier
d'information sur le Depo-Provera», 1986). L'effet
contraceptif d'une injection de Depo-Provera, de même que
ses effets dits secondaires, durent 3 mois. La femme n'a aucun
moyen d'arrêter l'utilisation de ce contraceptif si elle a
des problèmes.
Le ministère de la Santé du Canada a autorisé
l'implant Norplant au début de 1994. Pourtant, selon nous le
Norplant n'apporte qu'un seul avantage: durant 5 ans, les femmes
n'ont pas à penser à utiliser un contraceptif avant ou
pendant leur relation sexuelle avec pénétration. Il
comporte toutefois plusieurs contre-indications et effets sur la
santé qui n'en font pas du tout la méthode
«révolutionnaire» annoncée lors de son
arrivée sur le marché. De plus, les
expérimentations cliniques ont manqué de rigueur et
illustré, par le fait même, les problèmes auxquels
les femmes font face lorsqu'elles utilisent un contraceptif sur
lequel elles n'ont pas elles-mêmes le contrôle
(«Dossier d'information et de réflexion sur le
Norplant», 1994).
L'orientation privilégiée dans le développement
de la contraception par les milieux de la recherche et de
l'industrie mène à la production de technologies qui
ont une longue durée, un bas taux d'échec, qui
permettent un contrôle de masse des taux de naissances et
qui interfèrent avec les mécanismes délicats et
complexes du corps humain. De plus, ce sont des moyens sur
lesquels l'utilisatrice n'a pas de contrôle. La recherche
actuellement consacrée à un "vaccin" contraceptif en
est une autre illustration (dossier d'information disponible
à la FQPN).
En fait, une compagnie pharmaceutique qui oriente ses
recherches et sa publicité vers des produits chimiques
plutôt que vers des méthodes de barrière oriente,
restreint et, à la limite, contrôle le choix
contraceptif individuel. Le premier objectif de l'industrie
pharmaceutique c'est le profit et non la santé. La cape
cervicale est moins intéressante à fabriquer, car elle
ne rapporte pas beaucoup: on ne la change pas souvent et elle
nécessite très peu, souvent pas du tout, de spermicide.
Il est plus intéressant pour une industrie de
développer des produits contraceptifs chimiques, car la
chaîne des réactions et des effets dits secondaires est
sans fin et très lucrative; l'industrie des
biotechnologies fonctionne comme un engrenage: à partir
de contraceptifs, de médicaments et d'interventions qui
peuvent diminuer la fertilité, en passant par des
supposés traitements de l'infertilité, tout
s'enchaîne pour créer la nécessité d'y
revenir.
Si la contraception a permis le plaisir sexuel sans risque de
procréation, la fécondation artificielle consacrera
peut-être bientôt la procréation sans risque de
plaisir sexuel! Peut-on parler de planning des naissances, de
choix face à la maternité sans parler
d'infertilité et des nouvelles techniques de reproduction?
Un fait demeure: la fréquentation des cliniques de
fertilité a augmenté. Quelles sont les causes de cette
augmentation?
Depuis quelques années, les médias contribuent
à l'escalade des demandes. On y reprend en effet le discours
dominant: inquiétude concernant les taux de naissance et
optimisme face aux progrès scientifiques. On y mélange
souvent, un peu moins maintenant il faut le dire,
stérilité (impossibilité de procréer) et
infertilité (difficulté à procréer). Les
médias ont ainsi contribué à créer des
espoirs très grands chez les couples qui éprouvent des
difficultés à concevoir. Cependant, ils ont très
peu rapporté les risques de ces nouvelles techniques pour la
santé et la qualité de vie des femmes
(«Présentation de la Fédération du
Québec pour le planning des naissances aux auditions de la
Commission royale d'enquête sur les nouvelles techniques de
reproduction humaine», 1990).
Un autre facteur d'augmentation des demandes est certainement
la définition médicale de l'infertilité: au
Canada, avant 1968, on exigeait deux ans d'essai de
procréation sans contraceptif pour être admis aux tests
de fertilité; maintenant, on demande un an d'essai
seulement. Par conséquent, de plus en plus de personnes sont
considérées infertiles par les spécialistes (M.
Rochon, 1986). Pourtant, selon la méthode contraceptive
utilisée auparavant, plusieurs mettront plus d'un an à
concevoir. En outre, les causes d'infertilité sont
multiples, mais elles sont souvent exprimées en termes
physiologiques et médicaux, telles que baisse du nombre de
spermatozoïdes, trompes obstruées, etc. C'est pourquoi
on pense à des solutions médicales. Cependant, ces
troubles physiologiques originent de conditions diverses
reliées, par exemple, à des produits toxiques, des
chirurgies, des médicaments, etc. De ce point de vue, il
serait possible de varier les solutions et d'opter pour la
prévention.
Dans la plupart des cliniques, les NTR sont
présentées comme des techniques valables, même si
une grossesse à terme n'est pas garantie. Cependant, nos
recherches nous amènent à constater que la
fécondation in vitro et certaines hormones utilisées
pour provoquer une superovulation n'ont pas subi une
évaluation scientifique rigoureuse. Actuellement, dans les
cliniques de fertilité on recourt à des interventions
lourdes et risquées qui multiplient les risques d'atteinte
à l'intégrité physique et mentale des femmes
(«Mémoire de la Fédération du Québec
pour le planning des naissances aux auditions de la Commission
royale d'enquête sur les nouvelles techniques de
reproduction humaine», 1990). C'est le seul moyen qu'on ait
trouvé de pallier le peu d'efficacité et le coût
très élevé des techniques. Tout ceci nous permet
de douter de la sollicitude de la science concernant la douleur
des couples (I. Brabant, 1989). Les intérêts autres
qu'humanitaires sont nombreux: intérêts commerciaux de
la part des compagnies pharmaceutiques et des fabricants
d'équipement médical, intérêts de prestige
et de reconnaissance pour les chercheur-se-s. Dans ce contexte,
l'infertilité sert plutôt de prétexte et les
couples désespérés sont la matière
première la plus extraordinaire pour les chercheur-se-s.
Pourquoi ne pas opter plutôt pour la prévention, pour
la protection de la fertilité?
Certes, la médecine a permis d'améliorer plusieurs
aspects de la conception et de la contraception. Cependant, elle
est en train de prendre toute la place. Nous retrouvons
d'ailleurs le même phénomène quand il s'agit de la
grossesse. Porter un enfant aujourd'hui n'est plus défini
comme une expérience normale, mais bien comme une
expérience «à risques», «porteuse de
dangers» éventuels pour le foetus ou le nouveau-né
(A. Quéniart, 1990). Cette culture du risque est
véhiculée, non seulement par la littérature de
vulgarisation, mais aussi par la politique québécoise
de périnatalité, tant en 1973 qu'en 1992, où
toutes les grossesses sont considérées comme étant
à risques (A. Quéniart, 1990). Nous nous retrouvons
ainsi devant une utilisation exagérée des techniques et
des interventions obstétricales. On a vu, par exemple, des
médecins refuser un suivi pré-natal à des femmes
parce qu'elles ne voulaient pas d'échographie; il semble
qu'à leurs yeux la technique révèle plus que le
toucher lors de l'examen médical. Cette normalisation
technicienne et interventionniste vient consacrer
l'incompétence des femmes et la supériorité de la
technique en matière de reproduction (M. De Koninck,
1990).
Une grossesse à risques, menée par des femmes
incompétentes exige une surmédicalisation qui alimente
deux fausses croyances malheureusement de plus en plus
installées: que l'utérus est un milieu dangereux pour
le foetus et qu'il y a conflit d'intérêts entre une
femme enceinte et le foetus qu'elle porte, qu'elle nourrit,
qu'elle fait vivre.
Somme toute, le choix face à la maternité est encore
bien limité. À partir des décisions dans le
développement des contraceptifs et des profits qui y sont
rattachés, en passant par les lois et les politiques
gouvernementales, les services sociaux et de santé,
l'accessibilité aux moyens contraceptifs et à
l'information complète et critique, la qualité des
rapports hommes-femmes, sans parier de l'accueil social face aux
enfants, des congés parentaux et des services de gardes,
...
J'entends des voix exaspérées poser une question
maintes fois entendues: «Mais qu'est-ce qu'elles
veulent?». «Êtes-vous contre les techniques,
contre la science?».
Qu'est-ce qu'on veut? LE RESPECT. La maternité est
au coeur de la vie des femmes, même quand une femme ne veut
pas d'enfant. Prenons simplement l'exemple de la contraception.
Le choix d'une méthode contraceptive dépend de
plusieurs facteurs: la vie sexuelle de la personne (partenaires,
relations sexuelles), ses conditions de vie, son aisance par
rapport à son corps, son état de santé, les
avantages, inconvénients ainsi que les risques et effets
secondaires reliés à chaque moyen contraceptif, les
conséquences probables d'un échec du contraceptif, son
désir ou non d'avoir des enfants plus tard, la
disponibilité des moyens selon la région, la distance
entre chez elle et le service de santé, etc. On le voit, une
bonne consultation peut durer une heure, parfois
plus. Il peut être d'ailleurs plus profitable de la tenir
en deux temps, de sorte que la personne puisse y penser et poser
de nouvelles questions lors de la deuxième rencontre avant
de fixer son choix. D'ailleurs, des intervenant-e-s autres que
médecins pourraient très bien faire la consultation en
planning.
Peut-être pensez-vous que cette façon de voir est
idéaliste, que ce n'est pas réaliste de vouloir un tel
service. Réaliste pour qui? Pour le médecin, pour le
système de services sociaux et de santé, pour le
système d'éducation, pour la femme qui consulte? Je
pense au contraire que c'est tout à fait réaliste, car
une telle consultation tient compte de la complexité de
l'être humain et de ses rapports sociaux et favorise un
choix contraceptif éclairé et responsable. D'ailleurs,
tout le monde souhaite un choix éclairé et responsable;
mais qu'est-ce qu'un choix éclairé et responsable? Il y
a diverses réponses à cette question et chacune
reflète des valeurs différentes. Pour notre part, nous
croyons qu'une personne est toujours responsable dans ses choix;
elle prend ses décisions en s'appuyant sur ses conditions de
vie, sur la disponibilité des méthodes et sur
l'information dont elle dispose sur les choix possibles. C'est
à la personne concernée de décider quel poids
donner à chacun des facteurs qui entre en jeu dans sa
décision, et non au médecin ou à toute autre
personne. Par exemple, une femme de 35 ans qui fume peut
décider de prendre la pilule, car il serait catastrophique
pour elle de devenir enceinte, soit parce qu'il n'y a aucun
service d'avortement dans sa région, soit parce qu'elle sait
qu'elle ne voudrait pas d'un avortement. Cette femme, à nos
yeux, fait un choix responsable et éclairé.
Loin de tout régler, la technique médicale et
contraceptive a donné lieu à de nouvelles situations et
de nouvelles questions. La contraception est-elle une aide, un
emmerdement, une nuisance pour la santé et la fertilité
ultérieure? Le choix au risque de sa santé est-il
acceptable? La technique aide-t-elle à améliorer les
rapports hommes-femmes? Est-il plus facile que par le passé
de parler de sexualité à l'intérieur du couple,
avec d'autres femmes? Sommes-nous passées du droit à la
contraception au devoir de contraception?
La technique médicale devait être un moyen au
service de la santé, elle est en train de
déposséder les femmes de leurs compétences et de
leurs sentis. Si nous ne voulons pas que les femmes soient
éliminées du champ de la reproduction, il est urgent de
réaffirmer leur capacité de porter des enfants et de
les mettre au monde (M. De Koninck, 1990). Il est aussi
primordial de repenser la logique de l'encadrement de
l'expérience maternelle et des soins offerts (M. De Koninck,
1990) en fonction des aspirations et des valeurs des femmes (A.
Quéniart, 1990).
Si la contraception sert à empêcher des grossesses,
elle aide aussi à faire ses choix face à la
maternité. Le choix contraceptif, qu'il soit visible ou
invisible, implique pour les femmes un pouvoir nouveau sur leur
propre corps, sur leur sexualité et sur leur santé. Au
niveau social, la contraception pose en réalité la
question de la conception de soi, du désir d'enfant, des
rapports hommes-femmes. En ce sens, elle devrait protéger la
fertilité ultérieure et la santé au lieu de les
menacer.
Réaffirmons nos capacités et nos besoins de base,
élargissons nos échanges, reparlons du plaisir, de la
sexualité, de notre fertilité comme richesse et comme
pouvoir.
BIBLIOGRAPHIE
BRABANT, Isabelle. «Jamais de la vie!», dans
Guide Ressources, mars-avril 1989, p. 65-68.
BRÉNIEL, Annick. «Femmes sous surveillance ...
médicale», dans L'Ardoise, vol. 8, no 3, été
1990, p. 7-8.
BRÉNIEL, Annick et HARNOIS, Luce. «Entre le
législatif et le médical: où s'en va le pouvoir
des femmes face à l'avortement?», dans Cahier Femmes
et sexualité, no 9, août 1989, p. 2-5.
BRÉNIEL, Annick et TARDIF, France. «Réflexion
sur contraception et autonomie reproductive: une belle
journée!», dans Cahier Femmes et sexualité, no 11,
mai 1992, p.3-13.
DE KONINCK, Maria. «Enfantement et changement
social», dans De l'expérience de la
maternité à l'enceinte des technologies de
procréation. Actes de la Section d'études
féministes du congrès de l'ACFAS. Montréal,
Université du Québec à Montréal, 1990. p.
275-285.
MOTARD, Louise et TARDIEU, Camille. Les femmes ça
compte. Québec, Publications du Québec,
1990,263p.
PINSONNEAULT, Sylvie. «Réflexions sur la question de
l'autonomie reproductive», dans Cahier Femmes et
sexualité, no 11, mai 1992, p. 4-6.
QUÉNIART, Anne. «Maternité et prise en charge
médicale: l'expérience de la solitude», dans
De l'expérience de la maternité à
l'enceinte des technologies de procréation. Actes de la
Section d'études féministes du congrès de l'ACFAS.
Montréal, Université du Québec à
Montréal, 1990. p.263-273.
ROCHON, Madeleine. Stérilité et infertilité:
deux concepts, deux réalités. Québec,
ministère de la Santé et des Services sociaux, novembre
1986, 36 p.
ST-CERNY, Anne. «Histoire du mouvement de santé des
femmes au Québec», dans À notre santé!
Bilan et perspectives du mouvement de santé des femmes au
Québec. Montréal, Fédération du
Québec pour le planning des naissances, 1991, p. 17-41.
SEABROOKE, Karen. «The Practices of Pharmaceutical
Companies in Canada and the Third World», dans Who's in
Control? Legal Implications of Reproductive Technology.
Rapport de la Sixième conférence biennale, Association
nationale de la femme et le droit, Ottawa, 21-24 février
1985, p. 51-60.
VANDELAC, Louise. «L'enceinte de la maternité: sexes
et sexualités», dans Maternité en
mouvement. A.-M. DE VILAINE, L. GAVARINI ET M. LE COADIC
(dir). Éd. Saint-Martin et Presses universitaires de
Grenoble, 1986, p. 220-235.
Dossier d'information et de réflexion sur le
Norplant. Montréal, Fédération du Québec
pour le planning des naissances, mars 1994, 8 p.
Dossier d'information sur le Depo-Provera.
Montréal, Fédération du Québec pour le
planning des naissances, 1986.
Editors. «Is depo Provera Safe?», dans Ms.,
janvier-février 1993, p. 72-73.
Présentation de la Fédération du Québec
pour le planning des naissances aux auditions de la
Commission royale d'enquête sur les nouvelles techniques
de reproduction humaine. Montréal, Fédération
du Québec pour le planning des naissances, 1990, 10p.
RU 486: on l'avale la pilule ou pas?. Montréal,
Centre de santé des femmes de Montréal et
Fédération du Québec pour le planning des
naissances, 1993, 2 p.
On m'avait confié le rôle de faire une synthèse
de ce que l'on entendrait ce soir. Je dois vous avouer que la
tâche est très difficile. Difficile, parce que l'on
constate, au niveau même des cultures, une très grande
diversité des concepts fondamentaux qui guident, qui
définissent la vie.
Pour les gens qui viennent d'ailleurs ou qui ne font pas
partie de la culture québécoise dominante les concepts
mêmes de famille, de relations homme-femme, de mariage sont
si différents. On pense à la famille amérindienne
ou autochtone, ou à la famille élargie indienne,
très vaste et très présente dans la vie de chacun
de ses membres. On pense aux concepts de mariage; d'un
côté, le mariage arrangé où les jeunes ne se
rencontraient qu'au moment du mariage et, à l'opposé,
les traditionnels camps d'été où garçons et
filles se rencontraient et pouvaient avoir jusqu'à six mois,
un an ou deux ans pour se connaître avant de s'accepter et
d'avoir une relation sexuelle.
C'est peut-être dans la maternité que l'on retrouve
le plus grand consensus: dans plusieurs cultures la
maternité constitue une façon de s'assumer comme femme,
de devenir socialement valorisée, admise,
supportée.
Au Québec le bouleversement récent des valeurs
touchant famille, mariage, maternité, contraception s'est
étalé sur peu de générations. Notre
société est encore en redéfinition, ce qui rend
peut-être plus difficile l'intégration de nouveaux-Iles
arrivant-e-s. Je retiens cependant que cette diversité au
niveau des valeurs ou de ce qui définit nos vies contient un
potentiel extraordinaire.
En terminant, je tiens encore à remercier tous ceux et
celles qui nous ont encouragé-e-s par leur présence et
leur amitié. Alors, merci à nos
conférencières, Madame Véronique Thusky, Madame
Mela Sarkar, Madame Marie José Antoine, Madame France
Tardif, merci à notre animatrice, Madame Dominique Payette,
à la vidéaste qui a filmé toute la soirée,
Madame Diane Chénier.
Un merci aussi, du fond du coeur, au comité organisateur
de cette conférence-bénéfice, Annick, France,
Francine, Hélène, Lorraine, Margot et,
spécialement, la coordonnatrice du comité, Anne
St-Cerny. Merci aussi à tous nos commanditaires et
bénévoles dont la générosité a permis la
tenue de cet événement.
En terminant, je vous invite à partager le verre de la
solidarité et à échanger entre nous et avec les
conférencières.
Micheline Boucher Présidente de la FQPN
La Fédération du Québec pour le planning des
naissances (FQPN) c'est... un regroupement féministe de
groupes autonomes de femmes et d'individues qui travaille dans le
domaine de la santé des femmes, en mettant un accent
particulier sur la santé reproductive et la
sexualité.
La FQPN, par l'entremise de ses membres, collaboratrices et
collaborateurs, s'adresse à toutes les femmes en âge de
procréer quel que soit leur statut socio-économique. La
FQPN vise l'autonomie individuelle et collective des femmes face
à leur santé, leur reproduction et leur
sexualité.
À partir de dossiers de travail tels que fertilité,
contraception, techniques de procréation artificielle,
avortement, éducation sexuelle, politique familiale,
population et développement, la FQPN veille à
promouvoir la liberté de choix dans les décisions concernant la
maternité;des services accessibles de façon à ce que chaque
personne puisse se prévaloir de l'information, des connaissances et des
compétences qui l'aideront à prendre des décisions
éclairées et à assumer la responsabilité de
sa santé sexuelle et de sa planification des naissances.
Depuis 1972, la FQPN est à l'écoute des besoins des
femmes et des hommes qui désirent planifier leur projet
familial.
Micheline Boucher
Lorraine Dagenais
Hélène Goupil
Annick Bréniel
Margot Frenette
Francine Mailloux
France Tardif
Anne St-Cerny, coordonnatrice du comité
Nicole Beaudet
Jean-Claude Laberge
Micheline Lamarre
Ghislaine Mailloux
Michel Sauvé
Michel Boucher
Hélène Lagacé
René Lortie
Joane Mailloux
Ville de Montréal, Service des loisirs, des parcs et du
développement communautaire
Carole Crevier, Psychosociologue
Centrale de l'Enseignement du Québec
Clinique Médicale de l'Alternative
Clinique médicale Fémina
Clinique Morgentaler Clinic
Comité Condition Féminine, Confédération
des Syndicats Nationaux
Johanne duTemple, comptables agréées
Isabelle Gendron, Docteur en Chiropratique
Graphitexte
Imprimerie Pierre Alix inc.
Naissance-Renaissance
Proscenium
Diane Raymond, agente en immobilier
Secteur Condition féminine, Fédération des
Infirmières et Infirmiers du Québec
Le Syndicat des chargées et chargés de cours de
l'UQAM
Lucie Tétreault, physiothérapeute
Violette Trépanier, ministre de la Sécurité du
revenu et ministre déléguée à la Condition
féminine et à la Famille, Gouvernement du
Québec
Xhignesse fleuriste
| |