Expressions 2 est une production du Centre FORA (Centre franco-ontarien de ressources en alphabétisation). Ce livre publié annuellement permet de donner la parole a ceux et celles qui sont à la base de l'alphabétisation en Ontario.
À chaque année, l'invitation est lancée aux apprenantes et aux apprenants adultes des groupes populaires, des collèges communautaires et des conseils scolaires de la province de partager leurs histoires personnelles. Le Centre FORA remercie les participants et les participantes qui ont répondu à cette invitation.
Le Centre FORA remercie également le ministère de l'Éducation de l'Ontario et le Secrétariat national à l'alphabétisation du ministère du Multiculturalisme et de la Citoyenneté Canada pour la confiance qu'ils nous témoignent par leur appui financier. Ce geste nous permet de répondre aux besoins des intervenants et des intervenantes franco-ontariens dans le domaine des ressources en alphabétisation.
Yolande Clément
Directrice
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J'ai toujours aimé la pêche. Voici une aventure vécue durant ma jeunesse.
Un jour, j'étais en visite chez ma sœur, Jacqueline, qui demeurait à Timmins. Sa nièce, mon ami et moi étions partis pour une journée de pêche. Nous avions vu un beau pédalo. Au lieu de prendre un bateau, nous avions décidé d'aller pêcher en pédalo. J'étais assise en arrière et mes deux amis étaient assis sur le siège en avant.
La nièce de ma sœur m'a fait porter un manteau de sécurité qui gonfle au contact de l'eau. Mon ami a attrapé un poisson et l'a passé devant mon visage. J'ai eu peur. J'ai culbuté par en arrière et je suis tombée à l'eau.
Le manteau qui devait être sécuritaire ne l'était pas. Au contact de l'eau, il est devenu pesant et me gardait dans l'eau au lieu de me faire flotter. J'ai tellement eu peur de rester sous l'eau que j'ai commencé à nager pour me sauver la vie. La nièce de ma sœur a voulu sauter du pédalo pour venir m'aider mais elle ne savait pas nager.
Finalement, ils ont réussi à m'embarquer dans le pédalo. J'ai été surprise de constater que j'avais encore ma canne à pêche dans la main. Je me pose encore la question aujourd'hui: «Comment se fait-il que je ne l'ai pas échappée? Je devais sûrement être en état de choc.»
Cette aventure nous a fait prendre conscience de notre imprudence, car nous étions trois sur le pédalo. J'ai eu très peur, mais cela ne m'empêche pas d'aller encore à la pêche. Par contre, je suis plus prudente. Je porte une bonne veste de sécurité et je n'ai plus peur des poissons. Je vais même pêcher sur le lac Supérieur. Je n'irai jamais en pédalo à trois.
Thérèse Jackson
Participante - Le centre Porte-Ouverte
Wawa (Ontario)
J'étais très gêné dans la vie. J'étais assez gêné que j'ai été obligé de partir de chez moi!
J'avais 14 ans et je vivais à Gaspé chez mes parents. Mon père faisait l'élevage des cochons. Un jour, ma mère m'a dit: «Demain Léo, tu t'habilleras proprement parce que tes oncles et tes tantes vont venir nous visiter pour dîner.»
Le lendemain matin, j'avais mis mon habit bleu et mes souliers noirs tout brillants. J'étais assis sur le perron en arrière de chez nous et j'attendais la visite. J'étais très nerveux parce que j'étais très gêné, surtout avec la parenté. À ce moment-là, ma mère sortit et me dit: «Il est juste onze heures; va donner un coup de main à ton père dans la grange.»
Mon père devait rentrer se laver et se changer avant que la visite arrive. Donc, je suis allé à l'écurie pour aider mon père. Il m'a dit de donner à manger aux cochons. Après que j'avais tout fini, je suis sorti dehors. Je venais juste d'uriner quand ma mère me cria de venir tout de suite à la maison parce que la parenté était arrivée. Elle m'attendait pour dîner.
Avec tout ça et ma gêne de rencontrer la visite, j'ai oublié de monter le «zip» de mes culottes. Mais quand je suis arrivé à la maison, ma mère était déjà rentrée. Je me suis regardé une autre fois. Oh non! J'avais de la merde de cochon sur mes souliers! Je cherchais un linge ou un papier pour nettoyer mes souliers, mais je n'en trouvais pas. Comme ça, j'ai pris mon petit mouchoir blanc que j'avais dans mon manteau d'habit et j'ai nettoyé mes souliers. J'étais pour jeter mon mouchoir près de la galerie quand ma mère est sortie. Et moi, trop gêné pour le jeter, je l'ai mis dans ma poche. Ma mère me dit: «Veux-tu bien rentrer; ils t'attendent.» Là, j'étais gêné, mais je n'avais pas de choix; il fallait entrer.
Une fois dans la maison, mes oncles et tantes me donnent la main et des becs sur la joue. J'étais assez gêné que je tremblais et j'étais tout plein de sueurs. Sans y penser, j'ai pris mon mouchoir et je me suis essuyé le visage. Une de mes tantes est venue avec un essuie-mains pour ôter la merde de cochon que j'avais sur le visage. Là, j'étais vraiment gêné!
Tout à coup, mon père a lâché un cri: «Assoyez-vous, on va manger!» Quand il a dit cela, ça m'a soulagé parce que je me suis dit: «En mangeant, ils vont m'oublier.» Ils m'ont fait asseoir au bout de la table. Et quand on était tous assis, moi trop gêné pour demander une tranche de pain, je me suis allongé. En retirant mon bras, j'ai renversé ma tasse de thé sur mes culottes. Le thé était très chaud et j'ai été obligé de me relever.
Là, j'étais encore plus gêné parce que toute la parenté me regardait. Une de mes tantes est venue avec un linge pour essuyer mes culottes. Tout à coup, elle s'est arrêtée et m'a regardé. Moi, je me suis penché pour voir ce qu'elle avait vu. Là, je me suis aperçu que j'avais oublié de monter mon «zip» avant d'entrer dans la maison. Là, j'étais non seulement gêné mais figé!
Je me sentais assez mal que je ne savais plus quoi faire. Je me suis rassis et j'ai monté mon «zip». Dans ce temps-là, les nappes de table avaient de grands fils qui pendaient tout autour! J'avais accroché un de ces fils en montant mon «zip» et en me levant vitement de la table, j'ai apporté la nappe avec moi. Je ne suis jamais retourné chez nous depuis ce temps-là!
Croyez-le ou non!
Léo Joseph
Participant - Collège Cambrian
Sudbury (Ontario)
Nous sommes à l'automne 1942, un automne très froid. J'ai dix-sept ans et je vis avec ma famille à Sheila au Nouveau-Brunswick.
Sheila est un petit village près d'une rivière. Cette rivière sépare le village. Un pont de bois unit les deux rives. Mais durant l'été, ce pont a brûlé. Alors, pour se rendre de l'autre côté, il faut maintenant marcher sur la glace.
Un jour, je décide d'aller visiter un ami de l'autre côté de la rivière. À la brunante, je me rends à la rivière pour vérifier la glace, car la rivière avait commencé à geler tôt. En descendant la côte, j'entends des cris de détresse. Je m'arrête brusquement. Silence! Encore des cris de détresse...encore un silence! Je cours au rivage et j'aperçois deux enfants. Je leur demande: «Qui crie si fort?» Ils me répondent: «Les deux filles de Louis Girouard ont passé à travers la glace!» Je leur dis: «Vite, allez avertir leurs parents!»
Sans aucune hésitation, je prends une perche sur le rivage et je crie aux filles: «Mettez-vous à plat ventre sur la glace et tenez la perche. Ne vous mettez pas debout!» Je me glisse à plat ventre sur la glace mince et les filles s'agrippent à la perche. De toutes mes forces de jeune homme, je tire au bord les deux filles, une de quatorze ans et l'autre de seize ans. Elles sont trempées. L'une d'elles crache parce qu'elle a avalé beaucoup d'eau.
J'étais un héros sans m'en rendre compte. J'avais sauvé la vie de mes deux voisines. Lorsque je rencontre aujourd'hui des membres de la famille Girouard, ils sont encore très reconnaissants et me remercie de cet acte de bravoure.
Roméo Sonier
Participant - Le centre Alpha-Culturel
Sudbury (Ontario)
Par un beau dimanche matin, je me lève et je me rends dans la cuisine.
J'ouvre le robinet quelques minutes pour laisser sortir le chlore avant de boire l'eau. En attendant, je retourne dans la chambre pour y faire mon lit.
Je reviens vite au lavabo pour m'apercevoir que l'eau déborde sur le comptoir. Je commence à l'essuyer et je m'aperçois que le bouchon est fermé. Je l'enlève vite pour laisser s'écouler l'eau.
En reculant, je m'aperçois que mes pantoufles clapotent dans l'eau. Le dégât est plus grand que je le pense. Mon mari arrive avec la vadrouille et une chaudière. Ça prend une bonne partie de l'après-midi pour ramasser l'eau.
Et ma messe! Malheureusement, pas de messe ce matin-là, moi, qui voulait tant y aller.
Quand je raconte cette histoire à mon animatrice d'alphabétisation, elle me dit:«Voyons, Rhéa, à ton âge!»
Je n'ai jamais su ce qu'elle voulait dire...
Rhéa Major
Participante - Le centre ALEC du Nipissing
Sturgeon Falls (Ontario)
Le 22 juin 1989, je me rends pour la fin de semaine au lac Castor dans le comté de Labelle.
Vers cinq heures du soir en conduisant mon camion, j'entends sur mon «C.B.» que l'on cherche un enfant perdu. Âgé de cinq ans et demi, il a les cheveux blonds, les yeux bleus et est habillé d'un pantalon brun et d'un gilet bleu. Je me dépêche pour me joindre au groupe de chercheurs déjà sur place.
Accompagné de mon chien Rex, je lui fais sentir des vêtements appartenant au petit garçon perdu. Aussitôt, Rex et moi partons à la recherche. Finalement, après huit heures, nous le trouvons. Tombé dans un trou, il avait survécu à sa chûte.
Heureusement, tout s'est bien passé et aujourd'hui, il est en pleine forme. Toute sa famille est heureuse et moi, je suis fier de moi-même et aussi de mon chien, Rex.
Claude Borduas
Participant - Le centre J'aime apprendre
Cornwall (Ontario)
C'est le printemps et j'ai seize ans. L'école nous propose une partie de sucre. Les élèves ont tous très hâte.
Enfin, la journée arrive. L'autobus nous conduit à la sucrerie. Tout au long du trajet, nous rions et nous chantons. L'autobus s'arrête à une ferme. Nous descendons de l'autobus. Là, un tracteur auquel est attaché une charette nous attend. Nous rions et nous nous bousculons. Il faut grimper sur la charette. Tous s'assoient, sauf moi. Je dois me tenir debout. Je m'appuie sur le garde-fou.
Le tracteur part. Tout à coup, le conducteur applique les freins. Le garde-fou se casse et je me retrouve dans un trou. Plusieurs filles sont tombées sur moi. Il y a des cris et des pleurs. La maîtresse aide les filles à sortir du trou. Un vieux fermier vient à mon aide. Je lui demande de ne pas me soulever. Enfin, l'ambulance arrive et me transporte à l'hôpital. Quelqu'un avertit ma mère de l'accident et elle vient me rejoindre à l'hôpital. Après une radiographie, le médecin explique à ma mère que j'ai déplacé ma colonne vertébrale.
C'est grâce à un bon chiropraticien que je peux marcher aujourd'hui! C'est ainsi qu'a fini ma partie de sucre. J'attends encore la chance d'aller visiter une sucrerie.
Nicole Bigras
Participante - Le centre Alpha-Culturel
Sudbury (Ontario)
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Nous sommes une famille nombreuse comme la plupart de nos voisins. La veille de Noël, nous nous préparons à aller à la messe de minuit. Nous demeurons à plusieurs milles de l'église. Pour s'y rendre, il faut prendre le «cutter» ou le traîneau tiré par les chevaux. Les enfants sont tous heureux d'aller voir le petit Jésus.
Assis en avant, mon père conduit les chevaux. Emmitouflés dans des robes de poils, les enfants sont entassés pêle-mêle dans le fond du traîneau. On entend le son joyeux des grelots qui décorent les chevaux.
Arrivés au village, nous entendons les cloches de l'église qui accueillent les paroissiens. Elles les invitent à la grande fête de Noël. À notre entrée dans la maison du Seigneur, les chandeliers illuminés de lampions nous impressionnent. C'est pour nous de la magie! Plus loin, nous voyons la crèche avec ses personnages de plâtre et le petit Jésus de cire vêtu d'une jolie robe blanche. Cela nous rappelle le grand mystère de la naissance de Jésus. Les cantiques chantés par les hommes du village semblent venir tout droit des cieux.
Après cette pieuse rencontre, nous avons hâte de rentrer chez nous. Comme à chaque année, maman reste à la maison pour préparer le réveillon et chauffer le poêle.
Que les tourtières et les gâteaux sentent bons!
Texte collectif
Le centre Moi, j'apprends
La Résidence Notre-Dame
Embrun (Ontario)
Aujourd'hui, c'est l'Halloween! Chacun et chacune se rappellent ses souvenirs d'enfance.
Le plus rusé d'entre nous vidait son sac puis continuait sa tournée. Il avait découvert que lorsque son sac était vide et qu'il chantait une petite chanson, les gens étaient plus généreux. Aujourd'hui, il se présente aux élections municipales!
Les plus gourmands d'entre nous changeaient de masque deux ou trois fois et allaient frapper aux portes des maisons où les friandises étaient le plus convoitées. Aujourd'hui, ce sont deux cambrioleurs de banque!
La campagnarde de notre groupe se plaisait à «courir» dans les rangs isolés parce que très peu d'enfants s'y rendaient. Aujourd'hui, c'est une détective privée!
Quand à notre farceur d'expérience, il restait en arrière pour attendre le retour des autres afin d'hériter de leur travail. Aujourd'hui, c'est un diabétique! Oui, réellement!
Essayez ces trucs; même de nos jours, ils peuvent très bien fonctionner!
Blair Boudreau, Paul Devost, Georges Cardinal,
Lucille Plante, Jean-Yves Veilleux
Participants
Marie-Claire Vignola
Formatrice - Collège Cambrian
Sudbury (Ontario)
Rose Latulippe est une belle fille de la Beauce.
Son père lui fait une fête du Mardi-gras. Vers onze heures, un étranger arrive. À minuit, Rose et l'étranger continuent à danser. La grand-mère lance son chapelet sur l'étranger. L'étranger disparaît en hurlant.
Il ne faut jamais danser durant le carême.
Lucien Pilon
Participant - Le centre J'aime apprendre
Cornwall (Ontario)
L'été dernier, la famille Audette s'est rencontrée près du lac Windy à Onaping Falls, en Ontario. Cette fête est encore très spéciale pour moi.
À cette occasion, je rencontre ma parenté de Montréal, de Windsor, d'Ottawa et de Rouyn-Noranda.
Plusieurs d'entre eux ne se sont pas vus depuis longtemps. Nous échangeons plusieurs caresses et baisers. Parmi les invités, se trouvent plusieurs oncles et tantes, leurs enfants, leurs petits-enfants et leurs arrières petits-enfants.
La cérémonie débute par une parade des huit grandes familles. Chaque famille est identifiée par une couleur: le vert, l'orange, le jaune, le violet, le bleu, le rouge, le brun et le rose. Chaque membre de ma famille porte un T-shirt, un écusson et un foulard violet. Tout le monde se réunit dans la grande salle décorée. Là, on admire les expositions des arbres généalogiques de chaque famille. C'est très intéressant de voir les photos et de lire les noms de nos ancêtres.
Le président de la cérémonie, Gilles Audette, recueille dans une enveloppe tous les noms des invités. Il pige un nom pour élire le roi et un nom pour élire la reine de la fête. Quelle surprise! Mes parents sont élus. Avec honneur, le roi et la reine Maurice et Anita Audette portent une belle couronne et un beau ruban bleu durant toute la fin de semaine. Pour annoncer l'ouverture officielle de la cérémonie, ils coupent le ruban avec une tranche à tabac que mon grand-père, Albert Audette, utilisait autrefois.
À l'extérieur, nous préparons différentes activités pour amuser les gens de tout âge. Plusieurs participent aux compétitions de ballon-volant et à des courses variées, telles le jeu de la brouette, du sac à patates, la course de la bûche avec le marteau et le clou et la course aux pieds attachés. Tout le monde a du plaisir!
Après les activités en plein air, les gens se réjouissent en dansant et en écoutant la musique et les chansons à répondre. Cette soirée permet à certains de démontrer leurs talents cachés. Les participants nous présentent de petits «skits», des pièces de musique (du violon, de la guitare, de l'orgue, des cuillères et du tambour), des danses et des chansons chantées en chœur. Quelques petits prix de participation sont distribués durant la soirée, tels que des chapeaux, des stylos et des T-shirts. Quel superbe spectacle!
Le lendemain matin, nous dégustons un délicieux déjeuner aux crêpes et aux saucisses de porc. Après le repas, la messe est célébrée par le Révérend Père Ovila Campeau. La célébration est très belle. Après la messe, nous regardons avec plaisir un film de mes arrières grands-parents, Amédé et Lévina, lors de leur 60ième anniversaire de mariage. Quel beau souvenir!
Cette rencontre a été une très belle réussite. Plusieurs se sont fait de nouveaux amis. J'espère pouvoir encore participer à une telle rencontre l'année prochaine. Ce sera toujours pour moi une rencontre inoubliable!
Hélène Audette
Participante - Le Centre Jarrett
Conseil des écoles séparées catholiques
Sudbury (Ontario)
Quand je réfléchis aux fêtes, je pense toujours à la veille de Noël. Maman prépare des tourtières et Mémère nous amuse avec des histoires de sa jeunesse. Nous sommes si nombreux qu'il faut nous coucher par terre en avant du poêle à bois, dans la salle de séjour. Nous sommes très excités, car maman nous laisse ouvrir seulement un cadeau. Ce sont nos fameux pyjamas!
Pendant que la parenté se prépare pour la Messe de minuit, nous buvons notre chocolat chaud tout en admirant les gros flocons de neige. Mémère et papa restent avec nous pour s'assurer que nous nous couchons tôt pour
l'arrivée du Père Noël. Le ciel est noir! Les petits enfants regardent dehors avec impatience, car le vent s'élève et la cour se remplit de neige. Ils sont inquiets, car ils pensent que le Père Noël ne viendra pas.
Tout à coup, le téléphone sonne et papa répond. Il apprend que la parenté qui était allée à la messe ne peut pas retourner à la maison, car les chemins sont «bloqués».
Tout excité, papa leur propose d'aller les chercher en motoneige. Plus tard, lorsque tout le monde arrive, la musique commence et le réveillon se continue jusqu'aux petites heures du matin.
Tout est calme dans la maison. Les enfants se réveillent de bonne heure. Chacun compte le nombre de cadeaux portant son nom. Les enfants les secouent curieusement et essaient de deviner ce qu'ils ont reçu du Père Noël. Ils sont heureux de ne pas avoir été oubliés...
Carole, Donald, Nicole, Claire, Pamela
Participants
Carole
Animatrice-jumelle - Le centre Alphana
Windsor (Ontario)
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Fabriquée dans les années 1930, je m'appelle Marie-Louise, la vieille minoune. Je suis frustrée que l'on parle de mes parties toujours en termes anglais.
Mon beau Aimé, mon compagnon de route, me connaît depuis toujours. Il me conduit au garage pour une vérification complète (check-up). Ti-Fred, le mécanicien, m'ouvre le capot (hood) et s'aperçoit que mes bougies (spark-plugs) sont sales et que mes soupapes (valves) claquent. Il doit aussi remplacer ma courroie (belt) et rajouter de l'huile à mes freins (brakes). Comme j'ai toujours des chaleurs, Ti-Fred remplace mon ventilateur (fan) pour me refroidir. Ensuite, il m'examine du pare-choc avant (bumper) jusqu'à mon coffre (trunk). Comme j'ai aussi le silencieux troué (muffler), il me trouve très bruyante.
Dans mon coffre, il prend le cric (jack) et le pneu de rechange (spare), enlève mon enjoliveur (cap) et ma jante (rim) pour réparer ma crevaison (flat). Et me voilà chaussée d'un beau pneu (tire) tout neuf. Lors de ma dernière aventure, je me suis retrouvée sur le toit (top) dans le fossé. Alors, j'ai perdu mes plaques d'immatriculation (licences) et crevé mon radiateur pour enfin perdre mon antigel (antifreeze). Aimé, mécontent du mauvais fonctionnement de mes essuie-glaces (wipers), nettoie mon pare-brise (windshield) avec sa main. J'ai la très mauvaise habitude d'allumer mes clignotants (flashers) à la place de mes phares (lumières).
Ayant réparé tous mes bobos, Ti-Fred suggère à Aimé de m'emmener faire un petit tour, une simple question de vérification. Après avoir rempli le réservoir à essence (tank de gas), tout heureux, il part le démarreur (starter), prend le volant (la roue pour conduire) et klaxonne (toot). Et comme il a toujours le pied pesant sur l'accélérateur (pédale à gas), il fait crisser les pneus (tires) et se cogne la tête sur le tableau de bord (dash). Se regardant dans le rétroviseur (miroir), il aperçoit une grosse prune sur son front.
La pimpante et fière Marie-Louise, que l'on nomme maintenant en français, se sent une vraie Canadienne française. Toute remise à neuf, elle fait oublier à Aimé ses tracas et le coût des réparations. Il se dirige vers l'hôtel pour se payer un bon petit coup. L'histoire ne dit pas à quelle heure l'aventure s'est terminée.
Texte collectif
Le centre Moi, j'apprends
Le Club des Courageux Résidence Lajoie
St-Albert (Ontario)
Nous sommes partis à sept heures pour nous rendre à Magog au Québec.
Là-bas, les gens nous accueillent avec un breuvage. Le lendemain, nous allons à Waterloo pour un bon souper mexicain. Il y a de la musique et tout le monde chante et danse. C'est bien agréable!
Nous partons ensuite pour Montréal. Nous assistons à l'émission, Les Démons du midi et nous visitons aussi la belle église Notre-Dame. De cet endroit, nous allons souper à la cabane à sucre, située à Knowlton. La tire est étendue sur la neige et nous la mangeons avec une palette. C'est tellement bon! Quelqu'un joue de l'accordéon et nous pouvons danser.
Le lendemain, c'est le départ. Ce n'est pas aussi drôle. En revenant, on chante. Tout le monde est très fatigué mais très heureux. Moi, je trouve le voyage trop court. Nous avons de bons guides ainsi qu'un bon groupe. On s'est amusé comme jamais!
Lorette V. Du rocher
Participante- Le centre ALEC du Nipissing
North Bay (Ontario)
Lors d'un voyage à Montréal, j'ai été surprise de voir et d'entendre tant de commerçants anglais qui ne parlent pas un mot de français.
Je suis contente d'apprendre des choses au sujet de cette ville qui m'est complètement inconnue. Je ne me trouve pas seule; je suis accompagnée de deux jolies dames accueillantes, Micheline et Véronique.
Véronique visite sa sœur qui travaille près de l'hôtel Lord Berri qui nous héberge pour la nuit. Micheline m'amène au restaurant de sa jeunesse, Chez Pierre, situé sur la rue Labelle. C'est un petit café français à terrasse entourée de fleurs. Ici, je reconnais des manières de la France.
Dans le Vieux-Montréal, je découvre des ressemblances avec la France. C'est grâce à Alpha-Toronto qui m'a choisie pour participer à l'émission Droit de parole que j'ai pu visiter Montréal. Cette émission joue chaque vendredi à 20 heures à Radio-Québec.
Après une bonne nuit de sommeil et un déjeuner agréable, nous partons pour visiter le Vieux-Montréal.
Comme il est tôt, l'immense marché aux puces du Vieux-Port n'est pas ouvert. L'avant-midi est pour les établissements de commerce sur la rue étroite appelée Saint-Paul. J'écoute mes copines qui visitent toujours la France durant leurs vacances. Elles soulignent les ressemblances qui existent entre la France et le Vieux-Montréal.
Dans un lieu discret derrière des bâtiments, il y a une terrasse remplie de fleurs et un parasol à chaque table pour garantir du soleil. J'ai encore l'impression d'être en France. Le désir d'accompagner Micheline durant ses vacances me vient à l'idée.
Une fois le dîner terminé, Micheline nous invite à une promenade en calèche pour visiter le Vieux-Montréal. C'est un moyen qui permet de parcourir beaucoup d'espace en peu de temps. Notre heure de départ approche. Nous partons du Vieux-Port avec un guide formidable. Il nous montre des constructions importantes comme celle où De Gaulle a fait son fameux discours, les lieux de pendaison, l'ancien Palais de justice et plusieurs autres édifices de pierre. Ces bâtisses me rappellent les colons qui se sont établis ici, il y a 350 ans.
À la fin de notre tournée, notre Montréalaise, Micheline, nous déclare qu'on ne peut pas terminer notre journée sans voir de nos propres yeux l'intérieur de la basilique Notre-Dame. C'est un édifice rectangulaire du genre romain. Je n'ai pu que répéter: «Oh my, oh my!» J'ai été surprise du décor. C'est une œuvre extraordinaire! Quel effet esthétique! C'était vraiment la crème de la crème de notre journée!
Dolores Haspeck
Participante - Le centre Alpha-Toronto
Toronto (Ontario)
[Voir l'image pleine grandeur]
Je suis très content de pouvoir enfin raconter mon histoire personnelle.
Quand j'étais petit, je n'ai pas eu la chance d'aller à l'école. Nous étions dix enfants chez nous et mes parents avaient une ferme. Il fallait aider nos parents sur la terre et soigner les animaux. J'ai commencé à travailler à l'âge de dix ans. Je marchais environ deux milles pour aller vendre des œufs de poules en ville. Mon père nous disait que l'école n'était pas importante. Il croyait que nous pourrions gagner notre vie comme lui en travaillant sur la ferme.
Un jour, je reviens de la ville et je vois ma mère qui pleure. J'échappe mes œufs par terre et je cours vers elle. Tout affolé, je lui demande pourquoi elle pleure. Elle m'explique que mon père est mort d'une crise de cœur en travaillant dans le champ de blé. Quel malheur! Qu'allons-nous devenir maintenant?
Il faut quand même nourrir mes frères et sœurs. Je travaille des heures supplémentaires pour gagner de l'argent pour aider ma mère et la famille. Les voisins aussi veulent aider. Ils nous échangent des morceaux de viande pour des choses que nous avons en surplus. Pauvre vieille mère! Elle a donc travaillé fort pour nous sortir de la misère.
Quand j'étais plus vieux, j'ai bûché pour la Spruce Falls. Je n'ai jamais fait demande pour une «job» de patron, car je ne savais ni lire, ni écrire. Je me disais souvent qu'un jour, j'irais apprendre. Aujourd'hui, je peux dire que je peux au moins lire, grâce aux personnes du centre La Virgule de Kapuskasing.
J'ai seulement un conseil pour la jeunesse d'aujoud'hui: aller à l'école pour vous instruire. Si vous avez des difficultés, demandez à quelqu'un de vous aider. Pour moi, c'est un monde nouveau que de savoir lire et écrire!
Lucien T.
Participant - Le centre La Virgule
Kapuskasing (Ontario)
Je suis allé à Barrie à un congrès en alphabétisation. Je suis étonné de voir le nombre d'individus qui ont le même problème que moi.
J'ai parlé à certaines de ces personnes. Je suis content d'y être allé. Ah oui! Aussi, j'ai parlé un peu de moi-même. Je me demande parfois si c'est la bonne chose d'aller à l'école. Mais depuis le voyage à Barrie, je suis encouragé de continuer mes études.
Oui, parfois je me décourage. Mais, je ne suis pas le seul qui est pris dans cette prison de ne pas savoir lire, ni écrire. Aujourd'hui, je comprends qu'il faut se défendre soi-même. Le voyage à Barrie m'a dit de ne pas me décourager, de foncer même si le temps dit: «La vie n'est pas rose.»
Aujourd'hui, je comprends le message de mon grand-père. Il s'est défendu pour conserver sa langue française. Moi, je défends les collèges pour les cours offerts aux adultes. Ce sont des cours très importants.
Donald Rainville
Participant Collège Cambrian
Sudbury (Ontario)
(Conseil ontarien de formation et d'adaptation de la main d'œuvre)
Nous sommes des apprenantes qui participent au cours d'alphabétisation du Centre communautaire Assomption, sous la direction du Conseil des écoles séparées catholiques du district de Sudbury.
Nous sommes des personnes invalides, pensionnées et intéressées à apprendre afin de devenir plus autonomes. Apprendre à lire, à écrire et à compter nous donne une satisfaction personnelle. Nous sommes fières d'avoir eu la chance de revenir à l'école. Ce perfectionnement personnel ne vise pas nécessairement un avenir sur le marché du travail.
À présent, nous sommes très inquiètes de perdre le cours d'alphabétisation. Qu'est-ce qui arrive aux gens qui ne répondent pas à vos critères? Est-ce que cela veut dire que nous n'avons plus le droit d'apprendre? Sommes-nous des analphabètes oubliées?
C'est essentiel pour nous de pouvoir continuer à s'alphabétiser. Nos petits succès vécus nous permettent de réaliser des projets. Nous voulons avoir la chance de faire encore plus.
On vous remercie d'être à l'écoute.
Claudette Fongémy, Marie Anne Bissonnette, Hélène Massicotte,
Julie Corbeil, Georgette Lalonde, Diane Pullicino
Participantes - Centre communautaire Assomption
Conseil des écoles séparées catholiques
Sudbury (Ontario)
* Tiré de la lettre originale envoyée à Monsieur Tony Silipo, ministre de l'Éducation de l'Ontario.
J'étais «tanné» de faire rire de moi parce que je ne savais pas lire très bien.
Plusieurs personnes pensaient que j'étais nono. Même à la «shop» où je travaillais, j'avais peur d'en parler à mes meilleurs amis. C'est ma femme qui m'a dit que le centre J'aime apprendre pouvait m'aider.
Aujourd'hui, je suis bien content d'apprendre moi aussi. J'aime apprendre!
Alain Quenneville
Participant - Le centre J'aime apprendre
Cornwall (Ontario)
Les gens nous disent: «Chanceuses! Vous avez le courage de retourner à l'école.»
À ceux et celles qui se demandent s'il faut du courage pour retourner à l'école, nous disons qu'il en faut beaucoup.
La peur et la gêne nous empêchent encore d'avancer et de foncer.
Nous sommes un petit groupe d'apprenantes avec beaucoup d'expérience. Nous savions beaucoup de choses, mais nous manquions de confiance. Nous n'étions pas satisfaites de nous-mêmes; nous voulions apprendre encore plus.
Ça fait déjà sept ans que nous venons aux cours d'alphabétisation au Centre communautaire Assomption. Nous nous rendons deux après-midi par semaine. Nous nous apercevons que nous ne sommes pas seules à ne pas savoir lire et écrire. Notre but est de réapprendre le français, le parler, le lire, l'écrire et le comprendre.
Aujourd'hui, nous sommes plus autonomes et nous sommes capables de gérer nos affaires. Nous avons moins peur de donner nos opinions et de défendre nos idées. Nous réapprenons beaucoup de choses, pas seulement en français ou en mathématiques. Nous apprenons à remplir des formulaires, à écrire des lettres, à faire des chèques, à faire une liste d'épiceries et à composer une histoire pour publier dans le livre Expressions 2. Nous apprenons aussi à utiliser l'ordinateur.
Pendant les élections municipales, nous avons même appris à connaître les candidats de chaque quartier pour pouvoir voter. Maintenant, nous sommes très fières de nos travaux et de nous-mêmes. À chaque année, nous recevons un diplôme en souvenir de notre participation aux ateliers. C'est un geste simple qui est grandement apprécié.
Nous souhaitons la bienvenue à tous ceux et celles qui ont le désir de revenir à l'école. N'ayez pas peur. Ne soyez pas gênés. Vous êtes capables de faire les mêmes démarches. Vous allez voir qu'il y a de l'amitié entre les gens qui travaillent ensemble.
Hélène Massicotte, Diane Pullicino, Julie Corbeil,
Marie Anne Bissonnette, Georgette Lalonde, Claudette Fongémy
Participantes - Centre communautaire Assomption
Conseil des écoles séparées catholiques
Sudbury (Ontario)
Un jour, je me suis dit: «Je crois que je vais retourner à l'école.»
Je ne savais rien à propos du programme F.B.O. (Formation de base de l'Ontario) au Collège Cambrian. J'ai téléphoné pour avoir plus de renseignements.
J'ai dû faire un rendez-vous pour écrire un test en français, en anglais et aussi en mathématiques. Ce n'était pas si mal; je me sentais un peu plus à l'aise. Je n'étais pas la seule à vouloir retourner. Après cet essai, j'ai dû attendre deux semaines pour mes résultats. J'avais bien hâte d'avoir ces fameux résultats!
Une semaine avant que je retourne à l'école, Marie-Paule Forest, coordonnatrice pour F.B.O., m'a téléphoné pour me parler du programme. Plus elle me parlait, plus j'étais nerveuse. Je l'ai remerciée et je lui ai dit que je la rappellerais. Toute la journée, je pensais à Marie-Paule et à ce qu'elle m'avait dit au téléphone. J'étais bien nerveuse et contente en même temps.
Le lendemain matin, j'ai téléphoné à Marie-Paule. Je lui ai dit qui j'étais et elle m'a répondu: «Bonjour Raymonde!
Comment vas-tu aujourd'hui?» On a parlé un peu et elle m'a mise bien à l'aise. Elle m'a dit: «Viens lundi matin et tu décideras par toi-même.»
Cette journée-là, j'ai fait un grand pas; j'ai ouvert la porte à ma première journée d'école. J'ai commencé au niveau 1 en français en septembre 1991. Beaucoup de temps et de choses se sont passés depuis cette première journée. Je suis avec des apprenants comme moi. On s'arrange bien; je crois vraiment qu'on est devenu des amis. Je sais qu'à mon départ pour le niveau 2, je vais manquer mes nouveaux amis. J'aimerais dire aussi un grand merci à Marie-Claire, mon animatrice, pour l'aide et tout le soutien qu'elle m'a donnés.
Raymonde Brisebois
Participante - Collège Cambrian
Sudbury (Ontario)
J'aimerais vous raconter mon histoire qui explique un peu ce qu'une personne analphabète est obligée de passer à travers afin de survivre.
Quand j'ai commencé l'école, je me suis tout de suite rendue compte que je n'étais pas comme les autres enfants. Dans la classe, je n'avais jamais les bonnes réponses aux questions de la maîtresse. Les lettres de l'alphabet ne voulaient pas rester dans ma petite tête. Aussi, je me suis aperçue que je n'avais pas beaucoup d'amis. Je ne me sentais pas aimée. Je n'étais pourtant pas différente des autres quand je me regardais. J'avais une tête, deux bras et deux jambes. Pourquoi les autres enfants me traitaient-ils d'une façon différente?
Aujourd'hui, je comprends pourquoi les autres personnes m'ont traitée ainsi. Je n'avais pas un handicap physique, mais un trouble d'apprentissage. Je suppose que certaines personnes classifient ça comme un handicap. Que les personnes sont cruelles envers les autres quand elles ne comprennent pas la situation!
Au centre d'alphabétisation La Virgule, j'ai appris à m'aimer. Je n'ai jamais eu raison de ne pas m'aimer. Il faut que toutes les personnes apprennent à s'aimer. Une fois que tu t'aimes, aimer les autres est plus facile.
Suzanne P.
Participante - Le centre La Virgule
Kapuskasing (Ontario)
Le vendredi 28 février, trois de mes collègues et moi sommes partis après dîner pour la conférence de Barrie.
Il fallait arriver à Barrie pour 18 heures. J'avais apporté des cassettes françaises. Écouter la musique passait le temps. On parlait de notre vie passée et future. Le voyage nous a paru bien court. En arrivant à Barrie, nous nous sommes inscrits; ensuite, nous avons soupe et participé à l'ouverture de la conférence.
J'ai retenu certains commentaires et certaines informations en écoutant les conférenciers. J'ai entendu des choses intéressantes. J'étais très émue des questions posées par les gens. Le sujet le plus discuté était COFAM (le Conseil ontarien de la formation et de l'adaptation de la main d'œuvre). Nous étions un peu perdus dans leurs questions et réponses. Mais c'était très intéressant tout de même.
Le samedi matin, nous avons commencé la journée avec un très bon déjeuner. Les ateliers commençaient à 9 heures. Nous, les apprenants, nous nous sommes rendus à l'atelier D: Échanges sur les besoins des apprenants.
Nous avons commencé par nous présenter. J'étais assise dans la première rangée et j'écoutais ce que disaient les autres apprenants. Je me disais: «Ça va être mon tour bientôt.» Je sens encore les papillons dans mon estomac. Je crois que plus mon tour avançait, plus j'avais des papillons. Je me disais: «Je vais leur dire pourquoi j'ai lâché l'école.»
Tout ce que j'allais dire se passait dans ma tête. Voilà! C'est mon tour! Mes premiers mots étaient: «Je suis un peu gênée.» Je leur dis mon nom et d'où je viens dans une même phrase. Ce que j'ai dit n'était pas du tout ce que j'avais pratiqué en attendant mon tour. J'étais bien contente; ça bien finit tout de même. Par le temps que chaque apprenant et chaque informateur nous ont parlé, l'avant-midi était presque fini. C'était un matin très émouvant pour moi. J'étais fière de faire partie de ce groupe d'apprenants.
L'après-midi a fini avec un atelier de COFAM. Cette deuxième partie était sous forme d'audiences publiques. Les participants à la rencontre étaient invités à donner leur point de vue sur le projet et les Commissions locales. Une fois le souper fini, nous avons eu le dernier atelier d'information. J'ai fini cette soirée très fatiguée.
Voici un bref aperçu de la Vision des apprenants concernant le matériel et les programmes d'apprentissage.
Une à deux fois par semaine:
Le dîner fini, nous sommes sur le chemin du retour. Nous sommes beaucoup plus tranquilles et fatigués. Nous avons bien hâte d'être rendus chez nous.
Raymonde Brisebois
Participante - Collège Cambrian
Sudbury (Ontario)
À l'âge de seize ans, j'ai commencé à travailler à l'hôpital. J'ai travaillé à deux emplois; après, je ne pouvais plus travailler à cause de ma santé.
Une journée, mes parents étaient à la messe. Il y avait une brochure dans le feuillet de l'église pour suivre un cours d'alphabétisation.
Je suis allé au centre d'alphabétisation J'aime apprendre pour voir si j'aimerais cela. Ma réponse est oui. Tu apprends plus là qu'à l'école. S'il y a des personnes qui ne peuvent pas lire et écrire, c'est la bonne place!
Roland Clément
Participant - Le centre J'aime apprendre
Cornwall (Ontario)
Les 28, 29 février et 1er mars 1992, je participe à un colloque en alphabétisation à Barrie.
Durant cette fin de semaine, j'apprends que le lundi suivant, le ministre de l'Ontario Monsieur Bob Rae, parlera à la radio sur une ligne ouverte, au sujet de l'éducation pour les francophones. Que j'aimerais lui parler!
Le lundi 2 mars 1992 à 12h55, j'ai composé le numéro 1 -800-563-4050 à Radio Canada afin de pouvoir communiquer avec le Premier Ministre de l'Ontario, monsieur Bob Rae. Je suis la deuxième personne à lui parler; je lui parle de l'alphabétisation.
À ce moment, l'annonceur interrompt la communication en disant: «Madame Fongémy, vous avez une solution à proposer à monsieur Bob Rae?»
Je voulais continuer ma discussion; je ne voulais pas me faire couper la communication. Alors, j'ai répondu: «Je n'ai pas fini encore avec mes questions!»
À ce moment, l'annonceur me dit: «Je pense que le Premier Ministre a compris votre point de vue très clairement. Merci beaucoup de votre participation.»
J'attends encore avec patience. J'ai hâte de voir ce qui va nous arriver.
Claudette Fongémy
Participante - Centre communautaire Assomption
Conseil des écoles séparées catholiques
Sudbury (Ontario)
* Texte tiré de la conversation originale enregistrée sur cassette
[Voir l'image pleine grandeur]
C'est une question très importante. Où est l'endroit le moins dangereux?
Quel endroit est-ce? Est-ce qu'il y a vraiment un endroit sûr, pour nous qui avons tout perdu?
Est-ce que vous pensez que tous les Iraniens vivent paisiblement dans un endroit qui leur convient?
Pour moi, l'endroit le moins dangereux c'est chez moi, dans ma maison fleurie de roses, ou dans Le Café. C'est un Café sur une rue qui n'a pas changé depuis vingt ans. C'est un endroit que j'aime et où je vais à la même heure tous les jours. Je m'assois à la même place avec mes livres, avec ma musique que je peux écouter tout le temps, sans faire de bruit.
Je veux me souvenir de tout...surtout du printemps qui commence et des tulipes qui arrivent au marché. C'est une combinaison formidable qui m'aide à créer l'endroit le moins dangereux.
Mais ce que je vous raconte est artificiel. Tout ceci n'existe que dans ma tête. Je pense qu'il faut toujours rechercher l'endroit le moins dangereux.
Mercedeh Hooshiarian
Participante - Le centre Alpha-Toronto
Toronto (Ontario)
La fromagerie de St-Albert est un grand rêve réalisé. Nos ancêtres, nos parents et nos amis ont travaillé fort pour l'avancement de ce projet.
Dès 1894, des cultivateurs tenaces veulent améliorer leur sort. Ils construisent une petite «factory» ou fromagerie en bordure du village. Celle-ci est gérée par des patrons et des cultivateurs.
Comme la région de St-Albert est une région très fertile, plusieurs pionniers se sont établis pour cultiver les terres et élever des troupeaux de vaches. On a besoin de laiteries ou de fromageries.
Les petites fromageries sont nombreuses. La paroisse en possède six dans un rayon de quatre milles. C'est au temps où l'on se sert de chevaux et de «rig à lait» pour transporter le lait.
En 1948, les patrons et les cultivateurs forment un comité pour étudier l'idée de s'unir afin de construire une fromagerie coopérative. Après beaucoup d'efforts, la Coopérative laitière de St-Albert ouvre ses portes, le 6 juin 1950.
Après plusieurs bonnes et mauvaises années, la fromagerie s'améliore toujours. Le bon fromage Cheddar 6e St-Albert est reconnu et apprécié dans tout le Canada et même à l'étranger. L'entreprise n'est pas prête à disparaître parce que nous, Franco-Ontariens de St-Albert, sommes une race fière et unie. Ensemble, nous continuerons l'œuvre de nos ancêtres.
Texte collectif
Le centre Moi, j'apprends
Les résidents de la Villa St-Albert
St-Albert (Ontario)
La cause des guerres est souvent l'ambition des hommes de vouloir dominer les autres. La deuxième raison est un besoin de territoire. Les gouvernements ne s'entendent pas. Le manque de respect des droits des autres amène toujours de nouvelles guerres.
Les guerres, c'est l'histoire du monde. Nous souhaitons un monde plus humain pour demain.
Texte collectif
Groupe de Raymonde Ouellette
Le centre J'aime apprendre
Cornwall (Ontario)
À l'âge de quinze ans, je quitte l'école pour travailler sur la ferme avec mon père et mon frère. La ferme est située à quatre milles du village de Noëlville, près de Sudbury en Ontario.
Sur le grand terrain, il y a plusieurs gros bâtiments. En plus de la maison, on a deux granges de 125 pieds de long, un silo, une étable, une porcherie, un poulailler et deux garages pour les tracteurs et pour les autres machines.
Le travail à la ferme n'est pas facile. Je me lève à six heures tous les matins. À six heures trente, je me rends à la grange pour soigner les vaches, les bœufs, les chevaux et les autres animaux. On a 85 bêtes à nourrir. Je leur donne de l'avoine moulée, du foin et de l'eau fraîche. Parfois, je leur donne aussi des légumes tels des navets. La porcherie est un bâtiment où on élève des cochons. On engraisse 40 porcs avec de l'avoine hachée très fine, de l'eau et parfois avec du lait écrémé.
Je dois traire 45 vaches laitières deux fois par jour, le matin à six heures trente et à six heures le soir. On a deux vaches Jersey qui donnent du lait plus riche en crème et quelques Holstein qui donnent beaucoup de lait.
J'ai la chance de traire les vaches à la main et à la machine. Au début, je trais les vaches avec mes mains.
Quelques années plus tard, je le fais mécaniquement en plaçant sur les trayons quatre gobelets rattachés à des tubes de caoutchouc. C'est plus vite de traire les vaches à la machine. Le lait extrait coule dans des bidons. Ensuite, je place les bidons dans des bassins d'eau glacée pour empêcher le lait de surir. À tous les deux jours, on conserve 2000 livres de lait. Ensuite, un camionneur passe à la ferme pour transporter les bidons à la Laiterie de Copper Cliff.
Avec l'aide d'une écrémeuse, je sépare le lait et la crème pour ensuite vendre la crème. Parfois, on fait du beurre, mais on achète le fromage et la crème glacée au village. Tout doit être très propre dans l'écurie. Après la traite, je ramasse le fumier des vaches avec une pelle et une brouette.
Pour me divertir, je participe parfois au concours de labour à la charrue. Cet événement se passe surtout au mois de septembre. Nous sommes parfois quinze fermiers qui y participent. Celui qui a le plus beau labour gagne un prix. Une année, j'ai gagné le trophée de mérite.
J'ai vécu plusieurs belles années à la ferme. J'ai quitté la ferme à l'âge de 27 ans pour aller demeurer à Sudbury. J'aurai toujours de très beaux souvenirs de ma vie à la ferme.
Gilles Pilon
Participant - Le Centre Jarrett
Conseil des écoles séparées catholiques
Sudbury (Ontario)
Page couverture et illustrations
Groupe Signature Group Inc.
Mise en page
Groupe Signature Group Inc.
Traitement de texte
Lise Fortin
Monique Lacasse
Coordination
Lucie Charron
Yolande Clément
Le Centre FORA permet et encourage la reproduction des histoires publiées dans Expressions 2.
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Centre franco-ontarien de ressources en alphabétisation
533, rue Notre-Dame
Sudbury (Ontario) P3C 5L1
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