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Le syndicalisme, d'hier à aujourd'hui

Nous connaissons tous au moins une personne qui est syndiquée. Ce n'est pas surprenant puisque au Québec, sur dix personnes qui travaillent, quatre sont membres d'un syndicat.

Les travailleurs et les travailleuses syndiqués sont présents dans notre vie de tous les jours. En effet, ce sont des personnes syndiquées qui nous servent à l'épicerie, nous reçoivent à l'hôpital, livrent notre courrier, déneigent nos rues, etc.

On parle beaucoup des syndicats. Ils s'occupent de défendre leurs membres et la population en général. Ils obtiennent aussi de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail. Ils jouent donc un rôle important dans la société.

[Voir l'image pleine grandeur] Un employé devant son patron.

Mais les syndicats sont souvent mal vus, surtout lorsqu'il y a une grève. Alors, à la radio, à la télévision et dans les journaux, on les présente comme des méchants:

«Les syndiqués se plaignent le ventre plein.»
«Les syndicats prennent la population en otage.»
«Les syndicats ne pensent qu'à faire la grève.»

Mais qui sont donc ces fameux syndicats?

Un peu d'histoire

Les syndicats ne viennent pas de nulle part. S'ils ont été fondés, c'est qu'ils étaient nécessaires. Pour comprendre comment ils sont apparus, il faut faire un peu d'histoire.

Avant les années 1800, les gens vivent surtout à la campagne. La plupart d'entre eux cultivent la terre. D'autres apprennent un métier et deviennent artisans: forgerons, charpentiers, potiers, etc. À cette époque, les hommes et les femmes utilisent des outils très simples.

Pour les travaux plus difficiles, on emploie des animaux, surtout des bœufs et des chevaux.

Par contre, vers 1800, il se produit une série d'événements qu'on appelle la révolution industrielle. En très peu de temps, beaucoup de choses se mettent à changer:

Les machines
On invente la machine à vapeur, qui est une sorte de moteur. Cette invention permet de fabriquer des appareils et des véhicules plus rapides et plus efficaces. On les utilise partout: dans les champs, dans les usines, dans les transports. Par exemple, une machine à tisser permet de fabriquer autant de tissu en une heure que des dizaines d'artisans dans le même temps.

[Voir l'image pleine grandeur] Une locomotive.

Saviez-vous que...
Vers 1890, le salaire moyen d'un ouvrier est d'environ 350$ par année, soit un peu moins de 7$ pour une semaine de 72 heures de travail.

Les transports
La machine à vapeur, qui sert de moteur aux locomotives, amène le développement des transports. Le chemin de fer et les bateaux à vapeur permettent la circulation des marchandises sur de grands territoires. Ainsi, on n'a plus besoin d'un forgeron ou d'un potier dans chaque village pour fabriquer des pinces ou des vases. On peut les faire dans une usine et les distribuer dans tous les villages.

La population
À cette époque, la population se met à augmenter de façon importante. L'agriculture ne suffit plus à faire vivre tout le monde dans les campagnes. Saviez-vous que… C' est depuis 1886 que le 1er mai est la Fête internationale des travailleurs et des travailleuses, alors que 200,000 personnes ont mené une lutte afin d'obtenir la journée de travail de 8 heures. Aussi, un grand nombre de personnes arrivent dans les villes pour essayer de survivre.

Saviez-vous que...
C'est depuis 1886 que le 1er Mai est la Fête internationale des travailleurs des travailleuses, alors que 200,000 personnes on mené une lutte afin d'obtenir la journée de travail de 8 heures.

Le travail
Évidemment, les métiers traditionnels disparaissent peu à peu. Une grande partie de la population se retrouve dans les villes, sans travail et avec des compétences devenues inutiles. On a de moins en moins besoin de cultivateurs et d'artisans. Pour ces gens, il n'y a qu'une solution: trouver du travail dans les usines qui poussent comme des champignons. C'est ainsi qu'on voit apparaître un nouveau groupe social: les ouvriers et les ouvrières.

[Voir l'image pleine grandeur] Travailleurs dans une usine.

Le capitalisme
Très vite, il y a des gens qui se rendent compte que, grâce à tous ces changements, ils peuvent s'enrichir. Ils ouvrent de nouvelles usines. Ils font des profits énormes. C'est le début du capitalisme.

L'exploitation
La concurrence entre les compagnies devient féroce. Tout le monde veut augmenter ses profits en dépensant le moins d'argent possible. Très rapidement, dans les usines, les salaires baissent et les heures de travail s'allongent (jusqu'à 72 heures par semaine, sans pause). Mais ça ne s'arrête pas là. Afin d'économiser encore plus sur les salaires, on commence à engager des femmes et des enfants (certains de 5 ou 6 ans) qu'on paye moins que les hommes. Souvent, des familles entières travaillent dans la même usine et n'arrivent même pas à manger à leur faim.

[Voir l'image pleine grandeur] Une travailleuse dans une usine.

Évidemment, il n'y a pas de programmes sociaux ni de lois du travail. Pas de salaire minimum ni de périodes de vacances. Pas d'assurance-chômage ni d'assistance sociale. Pas de congé de maternité ni de régime de retraite.

Si quelqu'un se plaint de ses conditions de travail, tombe malade, se blesse ou devient trop vieux pour travailler, on le met à la porte et on en engage un autre. Il devient alors à la charge de ses proches ou de la charité publique.

Les syndicats
Pour les ouvrières et les ouvriers, la vie devient trop difficile. Isolés, ils n'arrivent pas à se faire entendre par les patrons. Ils n'ont pas le choix. Ils doivent s'unir et s'entraider pour se défendre et améliorer leurs conditions de vie. C'est pourquoi ils mettent sur pied les premiers syndicats.

Évidemment, les patrons ne sont pas contents. Ils font des pressions sur les gouvernements. Les syndicats sont déclarés hors-la-loi. On met les syndicalistes en prison. Dans certains cas, on va même jusqu'à les tuer. Par exemple, en 1843, lors d'une grève à Saint Timothée, les soldats tirent sur les grévistes. Quinze personnes sont tuées. C'est le plus grand massacre de l'histoire ouvrière du Québec et du Canada.

Saviez-vous que...
Le premier régime d'assurance-chômage est entré en vigueur en 1941 après plusieurs pressions exercées par les syndicats.

Avec le temps, toutefois, les syndicats rejoignent davantage de gens et s'organisent de mieux en mieux. Ils obligent les gouvernements à voter les premières lois du travail, et les employeurs à signer des contrats de travail. La vie des travailleurs et des travailleuses devient moins dure: les salaires augmentent, les heures de travail diminuent et les enfants en bas âge ne sont plus forcés de travailler.

[Voir l'image pleine grandeur] Code 1957.

Aujourd'hui, les syndicats représentent toutes les catégories de travailleurs et de travailleuses, des ouvriers aux professionnels, en passant par les chauffeurs d'autobus, les caissières de caisses populaires; les professeurs, etc.

Saviez-vous que...
Val-Jalbert a été construit au début du siècle autour d’une pulperie, comme l’a été Schefferville autour d’une mine en 1954. Dans ces «villes de compagnie», tout appartenait aux employeurs: les maisons, le magasin général, etc.

Est-ce que les syndicats sont encore nécessaires?

Comme on vient de le voir, les syndicats permettent aux travailleurs et aux travailleuses de se rassembler, de se parler et d'agir sur leurs conditions de travail et de vie.

Le principe est assez simple: lorsque les gens s'unissent, ils ont plus de chances de réussir. Ils ont plus de pouvoir en groupe que s'ils restent isolés, que ce soit dans leur milieu de travail, auprès des gouvernements ou dans leur communauté.

Mais de nos jours, les syndicats sont-ils encore nécessaires?

Afin de répondre à cette question, il s'agit de voir et de comprendre pourquoi les gens continuent de se syndiquer. En fait, ils le font pour quatre raisons principales:

1. Le respect et la justice

Ne plus être à la merci d'un patron qui peut prendre des décisions sur un coup de tête ou qui peut faire preuve de favoritisme.

Par exemple, Michel et Robert ont commencé à travailler au même moment dans un atelier de soudure. Ils font le même travail avec autant de compétence l'un que l'autre. Par contre, au dernier party de Noël, Robert et le patron ont pris un coup ensemble. Après les vacances, Michel se rend compte que Robert fait beaucoup plus d'heures supplémentaires que lui. Quand il demande des explications, son patron l'engueule. Il lui dit que ça ne le regarde pas et que si ça ne fait pas son affaire, il n'a qu'à s'en aller. Michel est obligé d'encaisser et de se taire. Il se dit que s'il était syndiqué, il ne subirait pas ce mépris et cette injustice.

[Voir l'image pleine grandeur] Enseigne de McDonald's.

2. Le salaire et les conditions de travail

Avoir de meilleurs salaires pour améliorer sa qualité de vie.

Par exemple, Marie travaille pour une chaîne de restaurants qui fait des millions de profits et elle ne reçoit que le salaire minimum. Après quatre ans de travail, elle demande une augmentation. Le patron refuse et lui dit d'aller travailler ailleurs si elle n’est pas contente. Elle trouve que c'est injuste. Mais, comme elle n'est pas seule dans cette situation, elle se dit qu'en groupe, elle pourrait avoir plus de pouvoir pour faire quelque chose.

[Voir l'image pleine grandeur] Salaire horaire moyen selon le sexe, Québec (2000) - graphique.

Saviez-vous que...
En 1937, le premier salaire minimum fixé par le gouvernement de Québec se situe entre 15 et 25 cents de l’heure.

3. La protection contre les congédiements

Avoir une protection au travail et ne plus avoir peur de perdre son emploi pour toutes sortes de raisons.

Par exemple, René travaille depuis trois ans au même endroit. Un jour, son patron vient le voir pour lui dire qu'il est désolé, mais qu'il doit le mettre à la porte parce qu'il veut faire de la place à son neveu. Il se dit que cela ne serait pas arrivé avec un syndicat.

4. La santé et la sécurité

Empêcher que les travailleurs et les travailleuses soient obligés de travailler dans des conditions dangereuses.

Par exemple, Éric travaille dans une usine de récupération de métaux. Il est obligé de défaire des batteries d'auto à coups de masse afin de récupérer le cuivre et le zinc. Il sait que cette façon de faire est illégale et dangereuse. Il risque de se brûler avec l'acide des batteries ou de s'empoisonner avec les vapeurs. Mais il a peur d'en parler, surtout depuis qu'un de ses compagnons de travail s'est fait mettre à la porte après s'être plaint. Avec un syndicat, les choses ne se passeraient pas de cette façon.

[Voir l'image pleine grandeur] Travailleurs qui manifestent.

Tous ces exemples prouvent que les choses n'ont pas totalement changé depuis 200 ans. Les patrons ont toujours le gros bout du bâton. Il sera toujours difficile pour une personne seule de faire respecter ses droits. La meilleure façon de se défendre, c'est de se regrouper. Dans le monde du travail, les syndicats sont les mieux placés pour obliger les employeurs à respecter les droits des travailleurs et des travailleuses.

Saviez-vous que...
Le premier syndicat connu au Québec, la Société amicale des charpentiers-menuisiers de Montréal, a vu le jour en 1818.

Comment fonctionnent les syndicats?

La mise sur pied d'un syndicat

Devenir membre d'un syndicat, c’est un droit reconnu par la loi. Contrairement à ce que les gens pensent souvent, un syndicat ne peut pas entrer de force dans une entreprise. Au Québec, si des travailleurs et des travailleuses veulent se syndiquer, il faut qu'ils prouvent que la majorité d'entre eux (50% + 1) est d'accord. Si c'est le cas, ils font une demande de reconnaissance au ministère du Travail. Lorsque la demande est acceptée, le syndicat est créé. C'est ce qu'on appelle un syndicat local.

[Voir l'image pleine grandeur] Comptabilisation de votes.

Les travailleurs et les travailleuses tiennent alors une assemblée générale. Ils élisent des gens aux postes de président, vice-président et secrétaire. Ils choisissent aussi des délégués syndicaux pour chaque département et quart de travail. Enfin, ils forment des comités de négociation, de griefs, de santé et sécurité, de formation, etc. Toutes ces personnes ont pour tâche de représenter les membres auprès de l'employeur et de défendre leurs droits.

Le syndicat local

Le premier rôle d'un syndicat local est de négocier une convention collective. C'est une sorte de contrat qui définit, pour tout le monde, les salaires, les heures de travail, les vacances, les régimes de retraite, les assurances collectives et les promotions. C'est aussi le syndicat local qui s'assure que l'employeur respecte la convention collective qu'il a signée.

[Voir l'image pleine grandeur] Des travailleurs devant leur patron.

Mais le rôle du syndicat local ne s'arrête pas là. Il organise des rencontres d'information et des activités de formation sur des sujets qui intéressent les membres. Il aide également ceux qui ont des problèmes personnels: alcoolisme, toxicomanie, violence familiale, santé mentale, etc.

[Voir l'image pleine grandeur] Femme dans une salle d'essayage.

Saviez-vous que...
Les femmes ont obtenu le droit de vote en 1918 au Canada, mais seulement en 1940 au Québec.

La démocratie dans les syndicats

Le fonctionnement des syndicats est démocratique. Les membres discutent des questions et les décisions se prennent dans les assemblées générales. Lors du vote, c’est la majorité qui l’emporte, Ainsi, la décision de faire la grève est prise par l'assemblée générale. D’ailleurs, la loi oblige les syndicats à tenir un vote secret. Sans ce vote des membres, il ne peut pas y avoir de grève légale.

[Voir l'image pleine grandeur] Vote lors d'une assemblée.

Comme les syndicats sont démocratiques, tous les représentants et représentantes sont élus. Par contre, pour que la démocratie fonctionne vraiment, il faut que les membres s’intéressent a ce qui se passe et participent. Dans les syndicats, comme dans toute autre organisation démocratique, si les membres ne voient pas à leurs affaires, c’est la démocratie qui est en danger.

Le financement des syndicats

Les syndicats ont besoin d'argent pour payer leur personnel et pour financer leurs activités. Cet argent vient des membres. D'après la loi, ils doivent tous payer une cotisation, même ceux qui ne veulent pas faire partie du syndicat. Le principe est le suivant: comme tout le monde profite des avantages acquis par le syndicat, il est normal que chacun paye sa part. C’est une question de justice.

Les regroupements syndicaux

L'union fait la force, c'est bien connu. Aussi, afin d'avoir plus de pouvoir, les syndicats locaux se regroupent dans de grands syndicats, souvent en fonction de leur secteur de travail: construction, fonction publique, automobile, vêtement, etc. Ces grands syndicats les soutiennent dans leur travail et les aident à bâtir des solidarités, entre autres pour faire face aux grandes compagnies multinationales.

Saviez-vous que...
Les premiers chèques d’allocations familiales ont été versés le 1er juillet 1945, suite aux pressions exercées par les partis ouvriers et les syndicats.

Les centrales syndicales

Afin de pouvoir influencer les trois niveaux de gouvernement, municipal, provincial et fédéral, les grands syndicats se sont regroupés au niveau des régions, du Québec et du Canada. Au Québec, on parle donc des grandes centrales syndicales.

Les quatre principales centrales syndicales au Québec sont:

[Voir l'image pleine grandeur] Logo de la FTQ.

FTQ (Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec)

[Voir l'image pleine grandeur] Logo de la CSN.

CSN (Centrale des syndicats nationaux)

[Voir l'image pleine grandeur] Logo de la CSQ.

CSQ (Centrale des syndicats du Québec, anciennement la CEQ)

[Voir l'image pleine grandeur] Logo de la CSD.

CSD (Centrale des syndicats démocratiques)

Il existe également quelques grands syndicats indépendants, par exemple, le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ).

Le rôle social des syndicats

Le rôle des syndicats ne se limite pas à obtenir de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail pour ses membres. En effet, la vie des travailleurs et des travailleuses c'est beaucoup plus que leur emploi. Ils sont également des consommateurs,à l'occasion des chômeurs, des utilisateurs de services de santé, des parents qui ont des enfants à l'école, des personnes qui prennent leur retraite, des locataires, etc. Même si certains syndiqués préféreraient que l'action syndicale se limite aux lieux de travail et à la convention collective, les centrales syndicales se sont toujours battues pour obtenir des lois sociales. Des exemples: assurance-chômage, assurance-maladie, régimes de retraite, assurance automobile, normes minimales du travail, santé et sécurité du travail, Charte des droits et libertés de la personne.

[Voir l'image pleine grandeur] Signet - Solidaires pour la défense des droits sociaux.

Le mouvement syndical intervient aussi auprès des gouvernements afin qu’ils contrôlent le prix des loyers, qu'ils construisent des logements sociaux, que les impôts et les taxes soient justes, etc.

Évidemment, les syndicats n'ont pas été seuls à mener toutes ces luttes. Ils se sont souvent associés à d'autres groupes qui réclamaient des changements: groupes populaires, organismes communautaires, partis politiques, etc. Mais leur contribution est importante. En effet, comme ils sont souvent mieux organisés et financés que leurs alliés, ils ont plus de pouvoir pour faire passer leurs idées auprès des gouvernements.

[Voir l'image pleine grandeur] Femme qui manifeste pour la hausse du salaire minimum.

Saviez-vous que...
Plus de 97% des conventions collectives se signent sans qu’il y ait de conflit de travail.

Mais les syndicats n'ont pas le pouvoir de voter des lois. C'est pourquoi le combat n'est jamais terminé. Les syndicats interviennent régulièrement pour que les services publics actuels soient maintenus et que d'autres soient mis en place pour répondre aux nouveaux besoins de la population. Ils le font souvent en intervenant publiquement dans les médias.

[Voir l'image pleine grandeur] Banderole - Le réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal.

Saviez-vous que...
Deux grèves majeurs ont marqué le Québec alors que Maurice Duplessis était premier ministre: Asbestos en 1949 et Murdochville en 1957.

Les nouveaux défis

On a souvent l'impression que les syndicats sont si puissants que rien ne peut les affaiblir. Toutefois, il faut se rappeler que si le marché du travail change, les syndicats doivent aussi changer. Ils doivent s'adapter et faire face à de nouveaux défis s'ils veulent continuer à bien jouer leur rôle de défense des intérêts des travailleurs et des travailleuses. Voici quelques-uns de ces défis:

La transformation du marché du travail

Les premiers syndicats sont apparus dans des usines où il y avait des centaines et même des milliers de travailleurs et de travailleuses. Les employeurs n'étaient pas souvent d'accord et les conflits ont été nombreux. Malgré tout, les règles étaient claires: quand un syndicat s'implantait quelque part, tous les employés devenaient syndiqués.

[Voir l'image pleine grandeur] Manifestation de la FTQ.

Aujourd'hui, les choses changent. Il y a de moins en moins de grosses usines qui emploient des centaines d'ouvriers. Depuis quelques années, à cause de la crise économique, de l'apparition de l'informatique et des coupures dans les entreprises et les services publics, des milliers d'emplois ont disparu. De plus, afin d'augmenter leurs profits, les grosses compagnies ont fermé des services complets et font faire le travail par des sous-traitants. Aussi, il y a de moins en moins d'emplois de qualité. Le travail temporaire, à temps partiel ou à contrat est devenu courant. Les gens travaillent souvent pour plusieurs entreprises à la fois ou sur appel. Ils sont donc plus isolés. Cet isolement fait l'affaire des employeurs. Ils payent les gens moins cher et peuvent s'en débarrasser à leur guise.

Saviez-vous que...
C’est en 1877 qu’on enregistre les premières grèves au Québec: les mécaniciens de locomotive et les journaliers employés à des travaux au canal Lachine.

Pour les syndicats, cette réalité pose un sérieux problème. Les travailleurs et les travailleuses de ce type sont très difficiles à regrouper et à syndiquer parce qu'ils n' ont pas d'emplois stables. Ainsi, depuis quelques années, le pourcentage de personnes syndiquées a légèrement baissé. Cette situation est grave. En effet, moins de gens syndiqués, cela veut dire moins de moyens financiers et moins d'influence pour faire face aux employeurs et à l'État.

[Voir l'image pleine grandeur] Travailleurs et travailleuses ayant différents métiers.

Les syndicats doivent tenir compte de ces nouvelles réalités et s'adapter:

  • En prenant en considération les problèmes particuliers que vivent les femmes sur le marché du travail, surtout celles qui sont monoparentales.

[Voir l'image pleine grandeur] Logo de femmes qui se tiennent par la main.

  • En tenant compte dans les conventions collectives des personnes qui ont des emplois précaires: à temps partiel, sur appel, à contrat, etc.
  • En offrant des services aux travailleurs et travailleuses autonomes qui sont isolés, souvent sans ressources face aux employeurs qui les obligent à vivoter d’un contrat à l’autre.

[Voir l'image pleine grandeur] Couverture du colloque sur les jeunes et le syndicalisme: branchés solidarité, janvier 2000.

  • En faisant une plus grande place aux jeunes.
  • En jouant un rôle plus important dans la création et le maintien d’emplois.

Ce qui complique encore plus les choses, c'est que ces luttes se mènent dans un nouveau contexte économique à l'échelle de la planète.

Le développement de la mondialisation

Les entreprises veulent qu’on leur permette de faire des affaires sans aucune restriction, sans aucun contrôle. Elles font pression sur les gouvernements pour qu'il y ait moins de lois et moins de règlements. Produire là où ça coûte le moins cher et vendre là où ça rapporte le plus afin de faire le maximum de profits, voilà leur unique souci.

[Voir l'image pleine grandeur] Planète Terre.

C'est de cela dont il est question lorsqu'on parle de mondialisation et de globalisation des marchés. Les entreprises veulent que les gouvernements s'effacent et leur laissent le chemin libre. Alors elles font des pressions et menacent d'aller s'installer dans un autre pays pour obliger les gouvernements à prendre certaines mesures comme:

  • Baisser le salaire minimum car il y a des pays où les gens sont si pauvres, qu'ils sont prêts à travailler pour moins de 5$ par jour.
  • Couper toutes les mesures sociales parce qu'elles coûtent de l'argent, et qu'il y a des pays qui dépensent très peu pour la santé, l'éducation ou l'aide sociale.
  • Éliminer toutes les lois contre la pollution parce qu'elles obligent les usines à dépenser de l'argent, et qu'il y a des pays qui n'ont pas de telles lois.
  • Empêcher les syndicats d'exister parce qu'ils font monter les salaires, et qu'il y a des endroits où il n'y en a pas.

[Voir l'image pleine grandeur] Manifestation - En marche pour que ça change!

La mondialisation des marchés, c'est donc un danger à la fois pour la démocratie et pour les conditions de vie de l'ensemble des gens de la planète. Des voix s'élèvent de partout contre ce phénomène. Certains s'y opposent carrément et d'autres tentent d'en éliminer les effets négatifs.

Saviez-vous que...
Le 23 mai 1972, les chefs des trois grandes centrales syndicales du Québec sont emprisonnés pour un an, suite à la grève du Front commun des employés des secteurs public et parapublic.

[Voir l'image pleine grandeur] Une mondialisation à visage humain.

Au Québec, les centrales syndicales ont choisi de travailler encore plus ensemble et de développer des liens avec les autres organisations, tant syndicales que populaires, au Canada, aux États-Unis, au Mexique et ailleurs. En fait, depuis quelques années, il y a de plus en plus de liens entre les organisations syndicales à travers le monde. Elles ont développé des revendications afin que soient imposées des normes minimales en ce qui a trait aux questions suivantes:

  • Les droits humains
  • Les droits syndicaux
  • L'environnement
  • Le travail des enfants
  • La culture
  • Les programmes sociaux

Avec de telles normes, les grandes entreprises ne pourraient plus faire chanter les gouvernements, exploiter des populations démunies et constamment menacer de déménager dans un autre pays.

Conclusion

Pendant la révolution industrielle, les travailleurs et les travailleuses se sont donné des syndicats pour défendre leurs droits. Au cours des années qui ont suivi, l'action de ces syndicats a contribué à améliorer les conditions de vie de l'ensemble de la population. À l'heure des changements du marché du travail et de la mondialisation, pourront-ils faire face aux nouveaux défis qui les guettent? Il faut l'espérer.

Questions sur le texte

  1. Expliquez en quoi l'invention de la machine à vapeur a été importante vers les années 1800.
  2. Pourquoi les ouvriers et les ouvrières ont-ils fondé les premiers syndicats?
  3. Quels types de travailleurs et travailleuses sont représentés par les syndicats?
  4. Comment un syndicat peut-il prendre place dans une entreprise?
  5. Quel est le rôle d’un syndicat dans une entreprise?
  6. Comment prend-on la décision de déclencher une grève?
  7. Où les syndicats prennent-ils l'argent pour se financer?
  8. Quelles sont les quatre grandes centrales syndicales du Québec?
  9. Quel est le rôle des syndicats dans notre société?
  10. Avec qui les syndicats se sont ils associés pour provoquer des changements sociaux?
  11. Quels sont les nouveaux défis auxquels sont confrontés les syndicats?
  12. Que peuvent faire les syndicats face à la mondialisation?

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Les Connaissances usuelles telles que publiées par le Frères de l'instruction chrétienne dans les années cinquante.

Lettres en main

Lettres, en main est un groupe populaire d'alphabétisation qui intervient dans le quartier Rosemont à Montréal depuis 1982. Notre objectif principal est de contribuer à combattre l'analphabétisme. Pour ce faire, nous offrons entre autres des ateliers de lecture et d'écriture et nous nous engageons dans la défense des droits des personnes analphabètes. De plus, nous nous consacrons à la recherche, à la conception et à la diffusion de matériel didactique.

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Un outil d'entraide

Des centaines de militants et de militantes de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) travaillent concrètement sur le terrain avec le milieu communautaire dans des organismes de concertation. Notre appui à la production de cet outil d'information et de formation sur le syndicalisme s'inscrit tout à fait dans le prolongement de ces collaborations.

Les activités de formation en milieu communautaire et 'en milieu syndical sont souvent méconnues. Elles sont cependant essentielles puisqu'elles aident des dizaines de milliers de personnes à devenir des citoyennes et des citoyens mieux informés, plus en mesure de faire entendre leur voix et de défendre leurs droits.

La FTQ est fière d'avoir collaboré à la production de cette brochure et d'en commanditer l'impression.

[Voir l'image pleine grandeur] Logo de la FTQ.

Crédits

Ce document a été réalisé grâce au Programme d'Initiatives fédérales-provinciales conjointes en matière d'alphabétisation (IFPCA).

Textes
Gilles Landry

Collaboration
Diane Labelle
Jeanne Francke
Marie-Josée Legault
Lise Pelletier
Le comité de lecture des participants et participantes de Lettres en main
Normand Guimond
André Messier
Louise Miller
Dominique Savoie
Jean Sylvestre, FTQ.

Collaboration spéciale
Anne Brissette graphiste

Distribution
Lettres en main

Réalisation
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec

Impression
Transcontinental Litho Acme

Lettres en main
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Courrier: lem@cam.org

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