9h00 - 9h30 : Bienvenue
Présentation des objectifs de la formation
9h30 - 10h15 : Simulation d'atelier d'alphabétisation populaire
10h15 - 10h30 : Pause - café
10h30 - 11h45 : Notions d'alphabétisation
11h45 - 12h50 : Diner
12h50 - 14h15 : Présentations :
14h15 - 14h30 : Pause - café
14h30 - 15h10 : Caractéristiques d'une personne analphabète
15h10 - 15h25 : Les indices de l'analphabétisme
15h25 - 15h45 : Simulation de classement pour une commission scolaire
15h45 - 16h00 : Retour sur la journée
Présentation du contenu de la 2ième journée de formation qui se tiendra le 9 juin 1995.
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Tableau des similarités entre groupes populaires et commissions scolaires
Les aspects fondamentaux de la formation en alphabétisation se résument comme suit : |
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Tableau des différences entre commissions scolaires et groupes populaires
Commissions scolaires | Groupes populaires |
2000 heures imposées pour compléter le programme. |
Nombre d'heures davantage flexible. |
Ressources multiples (accueil, renseignement direct, encadrement, etc.). |
Ressources limitées, financement limité. |
Activités et services variés pour des populations variées avec des besoins variés (référence au CREP). |
Issus du milieu, en réponse aux besoins exprimés par le milieu. |
Contraintes provenant du M.E.Q. |
Flexibilité, souplesse. Format d'atelier modifié en rapport aux besoins des participants. |
Pratiques pédagogiques traditionnelles dans bien des cas. Mandat fonctionnel et mandat scolaire. |
Favorise la prise en charge de la personne par elle-même. Intervient donc sur plusieurs plans. Sollicite la participation globale de l'individu à son milieu de vie. |
Assemblée générale qui favorise l'implication des formatrices, formateurs,bénévoles ainsi que des adultes en alphabétisation dans la prise de décision concernant les grandes orientations et la sélection des membres du conseil d'administration. |
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Niveau 1 - Analphabète complet
Niveau 2 - Analphabète semi-fonctionnel
Niveau 3 - Analphabète fonctionnel
Niveau 4 - Personne alphabétisée
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Au Québec, on recense près de 900 000 adultes âgés de 16 à 69 ans qui sont analphabètes. Il faut cependant préciser que ce nombre se répartit selon quatre niveaux de capacité; ces niveaux ont été déterminés par Statistiques Canada.
Niveau 1 : indique que 6% des adultes québécois, soit 283 personnes sont des analphabètes complets.
000
Niveau 2 : signale que 13% des adultes au Québec, soit 606 000 personnes, peuvent repérer un mot familier dans un texte simple et ne peuvent utiliser de matériel écrit que pour accomplir des tâches très élémentaires.
Niveau 3 : révèle que 24% des adultes québécois peuvent utiliser du matériel écrit, pourvu que le texte soit clair et porte sur des tâches simples à réaliser.
Niveau 4 : indique que 57% des adultes québécois possèdent des capacités de lecture suffisantes pour satisfaire les exigences de la lecture courante.
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Les personnes analphabètes ne forment pas un groupe homogène. Ce sont d'abord et avant tout des adultes insérés dans une communauté, une société, en région rurale ou en milieu urbain, avec ou sans emploi rémunéré et qui ont développé leurs propres mécanismes pour se débrouiller dans un monde qui fonctionne avec l'écrit (…)
Même si ces personnes ne forment pas un groupe homogène, elles partagent certaines caractéristiques communes : les analphabètes se retrouvent généralement à l'écart des centres de décision, des emplois bien rémunérés, des manifestations sociales et culturelles valorisées. (Boucher, 1989, 135).
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L'analphabétisme relève généralement de plusieurs causes, le plus souvent interreliées. On compte, dans le milieu de la recherche sur l'analphabétisme, cinq catégories de causes :
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Comme les personnes aveugles qui développent plus leurs autres sens, les personnes analphabètes surmontent leurs inaptitudes en développant des trucs ingénieux. Raoul, par exemple, a trouvé sa propre façon de faire les divisions; il a aussi développé ses propres points de repère pour trouver une adresse. Pour sa part, le père de Jacques, un des apprenants, se vante d'avoir pu s'orienter à Niagara Falls du premier coup, quarante ans après une première visite. Roger dit que même sans savoir lire ni écrire, il pouvait «lire» les plans dans l'usine où il travaillait.
Les personnes analphabètes ont ainsi eu à développer leur mémoire. Toutefois, le fait de surdévelopper la mémoire engendre un stress additionnel. Le cerveau doit accumuler une vaste quantité d'informations. Il faut tout garder en mémoire : la liste d'épicerie, la date du rendez-vous chez le médecin, la consigne pour les médicaments, les noms des personnes et des rues, les numéros de téléphone des proches, etc. Ceci ne manque donc pas de créer une certaine forme d'anxiété qui est reliée à la peur d'oublier. Ainsi Roger demandait à son alphabétiseure lors de chaque atelier, combien de temps il restait avant sa comparution en cour.
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Le niveau de débrouillardise dépend aussi du niveau d'analphabétisme. Le défi sera plus grand pour une personne totalement analphabète que pour une autre de niveau fonctionnel, qui peut compter sur des compétences minimales en lecture, par exemple.
On entend également par débrouillardise l'habileté de se faire aider sans dévoiler son analphabétisme. Pour illustrer ce point, le curé d'une paroisse nous parlait d'une femme analphabète qui, lorsqu'elle recevait une lettre de l'école, téléphonait au secrétariat, soi-disant pour avoir «plus» d'information, alors qu'elle allait s'enquérir de toute l'information.
Parfois, la débrouillardise ne suffit pas : l'écrit est incontournable. Il faut ouvertement demander de l'aide. Cette aide sera souvent fournie par le conjoint qui a fréquenté l'école plus longtemps, ou encore par une voisine. Une dame habitant dans une résidence pour personnes âgées nous confiait qu'elle écrivait en très gros caractères les recettes pour sa voisine analphabète.
Apprendre à lire ne nécessite pas une intelligence supérieure. Toutefois, ne pas savoir lire entraîne des préjugés de la part des autres et une dévalorisation de soi. De par leur marginalité, les personnes analphabètes se sont identifiées comme inférieures. Jean Patry a judicieusement observé l'évolution de la conscience de soi chez les personnes analphabètes : "La conséquence la plus grave de l'analphabétisme, son effet le plus apparent, et cela a été largement démontré, se situe au niveau de l'identité. Identification à une image, à un statut, à un style de vie, à un état infériorisé.(Patry, 1988, 267)
Cet état d'infériorité ne manquera pas d'engendrer un manque de confiance en soi. Le plus grand handicap des personnes analphabètes est l'intériorisation de l'analphabétisme, perçu comme une tare avec laquelle il faut se «débrouiller». Faisant partie d'une minorité, on se sent diminué par rapport à la majorité. Qui peut se dire fier d'être analphabète? Donc, on endosse le contraire de la fierté, c'est-à-dire la honte, affectant ainsi la confiance en soi.
Dans notre société, la réussite présuppose souvent la connaissance de l'écrit. Or, si l'analphabétisme est un obstacle à de nombreux succès potentiels, les personnes analphabètes auront donc moins de possibilités d'accroître leur confiance en elles-mêmes. Le succès vient de l'accumulation de victoires.
Se refusant à cette autodévaluation, d'autres cherchent plutôt à se revaloriser. C'est en effet une valorisation que d'avoir surmonté les embûches créées par la méconnaissance du langage écrit. Le père de Jacques dit avec fierté que même s'il ne sait ni lire ni écrire, il a su fonder une entreprise, ce qui n'est pas donné à tout le monde! Il ajoute que «personne ne peut l'avoir», signifiant ainsi qu'il ne se laisse pas exploiter.
Raoul affirme ironiquement : «Quand j'allais à l'école, j'ai battu le record : celui d'être le dernier de la queue». Aujourd'hui, il est fier de montrer tous les biens qu'il a accumulés et l'aisance (relative) dans laquelle vit sa famille. On peut aussi se comparer à pire que soi. Édouard, qui sait lire, mais qui ne peut écrire, dit :«Quelqu'un qui ne sait pas lire doit donc se sentir "cheap"!»
Cette revalorisation n'est cependant pas générale, c'est plutôt la crainte d'être découvert qui prévaut. C'est pourquoi les personnes analphabètes ont tendance à vouloir vivre en marge des institutions sociales. Rachel dit qu'elle ne sort jamais. Plutôt que de jouer au bingo au sous-sol de l'église, elle suit le bingo à la télévision.
Enfin, l'identification à l'analphabétisme peut persister longtemps, même après quelques années d'apprentissage. Jacques répète : «Moi, je ne sais pas lire ni écrire», alors qu'en réalité, il peut lire un texte simple et le comprendre.
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L'image qu'on se fait de soi-même vient souvent de celle que les autres nous renvoient. Rachel affirme que sa professeure à l'école élémentaire lui avait dit que jamais elle ne serait aussi bonne que son frère à qui elle avait aussi enseigné. Raoul confie spontanément aussi que «la maîtresse» lui avait dit qu'il ne réussirait jamais dans la vie. (Il se dit fier de l'avoir contredite.)
Les personnes qui maîtrisent le code de l'écrit véhiculent inconsciemment de profonds préjugés à l'endroit de l'adulte analphabète. Ces préjugés ne sont pas inconnus des personnes analphabètes. L'attitude des autres ne peut leur permettre d'oublier leur analphabétisme. Un jugement porté par une personne alphabétisée illustre ce point : «Quand tu ne lis pas ou que tu écris difficilement, les idées viennent moins vite».
Une certaine surprise, de la confusion même, surgissent lorsqu'on découvre qu'il y a tant de personnes analphabètes au Canada. La réaction en est souvent une de négation, car on croit que cela ne concerne que les pays du Tiers-monde.
Parfois, alors que le processus même de l'alphabétisation est enclenché, des personnes analphabètes doivent faire face à la désapprobation de leurs proches. Le père de Jacques croit que ça ne sert à rien à son fils analphabète d'apprendre. Rachel abandonne parce que son mari désapprouve.
Pourquoi les proches désapprouvent-ils les efforts d'alphabétisation? Serait-ce parce qu'il est désagréable ou embarrassant d'admettre qu'un ou une de ses proches est analphabète? Il faut reconnaître que le fait de s'alphabétiser donne à l'apprenante ou à l'apprenant plus de confiance en soi et un plus grand sentiment de contrôle sur sa vie. Ce phénomène peut être vu comme étant menaçant par des proches qui souhaitent continuer à exercer un certain pouvoir.
En contrepartie, il y a aussi les gens qui encouragent, qui comprennent et qui veulent aider. L'alphabétiseur-e fait partie de cette catégorie.
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Nous avancions plus tôt que les personnes analphabètes doivent toujours faire appel à la mémoire et que cela occasionnait une forme d'anxiété. Un autre élément, qui peut provoquer le même effet, se situe au niveau même du langage : c'est le fait de ne jamais être certain de bien prononcer les mots. Certains mots du vocabulaire de la personne analphabète, restreint il va sans dire, feront l'objet d'approximations continuelles.
Lorsqu'elles parlent, les personnes qui maîtrisent le code de l'écrit font inconsciemment référence à l'écrit pour prononcer les mots. Par contre, les personnes analphabètes ont pour seul référant la façon dont les autres prononcent un mot ou, plus précisément, l'entendement qu'elles ont des mots exprimés oralement. Alors, que faire lorsqu'un mot est prononcé différemment par certains ou déformé par d'autres? Par exemple, une apprenante parlait constamment du «gournement» (pour signifier le gouvernement), d'une «carcuatrice» (calculatrice), ou encore du mois de «sectembre» (septembre).
Or, les habitudes de langage, nourries pendant des années, ne se corrigent pas facilement. De plus, l'utilisation du temps des verbes paraissant souvent arbitraire, il en résulte, chez l'interlocutrice ou l'interlocuteur à tout le moins, un sentiment de confusion quant à la séquence temporelle des événements. Au cours d'une conversation avec une apprenante ou un apprenant, il faut souvent faire répéter et faire préciser à quel moment l'événement raconté a eu lieu.
Minuchin et Montalvo, 1969, auteurs américains ayant analysé les schémas de communication chez les personnes défavorisées, soulignent le caractère décousu des conversations. Selon eux, souvent la relation est plus importante que le contenu même de la conversation :
L'attention à la relation, plutôt qu'au contenu, est souvent la seule façon de trouver un sens dans les communications familiales apparemment désordonnées... Le langage n'est pas utilisé ou traité comme un moyen autonome pour les échanges d'information, mais est utilisé plutôt comme instrument pour établir, d'une façon primitive, le contact dans une position «supérieure» ou «inférieure».
Ces affirmations se réfèrent à la communication à l'intérieur des familles , ce que nous n'avons pu observer directement. Mais certains indices confirment cet état de choses lorsque, par exemple, nous voyons les apprenantes et les apprenants parler à bâtons rompus, sans aucun ordre logique dans la séquence des événements, et éprouver des difficultés à écouter et à réagir à ce qui leur est dit.
Notons de plus qu'ici, il est question de communication orale. Or, le plus grand handicap des personnes analphabètes concerne le code écrit. Ne pas pouvoir écrire ce que l'on pense, ou même une simple note, ne pas avoir accès aux revues, moyens de communication importants restreint son propre développement en tant que personne.
Peut-on parler de culture en ce qui a trait aux personnes analphabètes? Si l'on entend par culture «l'ensemble des aspects intellectuels d'une civilisation» ou «l'ensemble des formes acquises de comportement, dans les sociétés humaines», il est clair que les personnes sous-scolarisées appartiennent, au même titre que les personnes scolarisées, à une même culture distincte.
Ceci étant dit, peu d'analphabètes francophones sont des consommateurs de culture dite cultivée. De façon générale, la population analphabète ne lit pas les œuvres littéraires qui sont produites, elle ne va à peu près pas au théâtre et s'intéresse rarement aux arts. Ces manifestations culturelles et artistiques sont pour la plupart perçues comme des activités élitistes et inaccessibles qui ne reflètent pas le vécu des personnes sous-scolarisées.
On sait par contre que les analphabètes sont de grands consommateurs de culture dite «populaire», culture qui se fonde largement sur les médias de masse comme la radio et la télévision.
Autre dimension à faire ressortir sur la culture : en alphabétisation populaire, le processus d'apprentissage constitue une expérience technique d'apprentissage. La vie en groupe permet le partage de valeurs et de points de vue; elle encourage les interrogations et la réflexion sur le monde; plus encore, l'apprentissage en groupe fournit à la personne analphabète un lieu où elle peut s'exprimer.
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Des personnes analphabètes rencontrées, aucune n'occupait un emploi au moment de l'entrevue. Lorsqu'elles en avaient déjà exercé un , c'était comme vidangeur, déménageur, livreur, peintre, couturière... Bref, tous des emplois dont le revenu se situe aux environs du salaire minimum. En Amérique du Nord, les emplois dans le secteur des services sont à la hausse et ce sont justement ces emplois qui exigent le plus de connaître le code écrit. Jacques aurait aimé être chauffeur de taxi, mais il ne sait pas remettre la monnaie.
Face à la diminution du travail agricole, les industries représentent encore une sortie, mais elles ont de plus en plus tendance à s'orienter vers la robotisation et la spécialisation. Des 12 industries visitées, une seule exigeait un haut niveau de scolarité, en raison de la spécialisation des tâches. Les autres industries employaient des pourcentages élevés de personnes analphabètes en raison de l'aspect manuel des tâches. Mais ces mêmes emplois en industrie vont exiger de plus en plus de formation, et formation signifie savoir lire^rire et calculer...
Le marché du travail pour les personnes analphabètes se ferme de plus en plus. Celles-ci sont réduites soit au chômage chronique, soit à des emplois de troisième ordre. Les femmes sont encore davantage pénalisées car elles jouissent en plus petit nombre que les hommes des avantages de la syndicalisation et sont cantonnées dans les ghettos d'emplois faiblement rémunérés.
Les possibilités de trouver un emploi rémunérateur sont très limitées. Les personnes analphabètes se retrouvent donc dans un cercle vicieux : la pauvreté est à la fois une cause et une conséquence de leur analphabétisme. C'est la conclusion à laquelle en arrive, comme tant d'autres, le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation au Québec.
L'alphabétisation en milieu de travail constitue un élément de solution pour éliminer ce cercle vicieux et améliorer les possibilités d'emplois mieux rémunérés et de promotions pour les personnes possédant déjà un emploi.
En plus des difficultés que nous venons d'exposer, d'autres obstacles à l'alphabétisation sont en fait des raisons d'ordre matériel ou organisationnel : le transport, le gardiennage, les quarts de travail. Un autre obstacle mentionné est celui des responsabilités qui incombent aux personnes d'âge adulte. Un jeune va à l'école, cela va de soi, mais un adulte a des responsabilités qui sont incontournables, que ce soit les enfants ou le travail.
Bien que les proches puissent encourager les personnes analphabètes à entreprendre un processus d'apprentissage, ils constituent parfois un obstacle en raison de leur attitude. L'opinion publique a également un grand rôle à jouer pour abattre les préjugés.
Enfin, la difficulté la plus grande à surmonter pour les personnes analphabètes restera celle du manque de confiance en leur capacité d'apprendre. Cette question est liée à l'identité, telle que nous la décrivons précédemment. En fait, la décision de changer les choses est difficile :
Entreprendre de corriger la situation provoque nécessairement une grande intensité émotionnelle, les menaces sont énormes, les enjeux déterminants (Patry, 1988, 281)
Le problème de l'analphabétisme n'est pas uniquement celui des personnes analphabètes en tant qu'individus. C'est avant tout un phénomène social, qui fait partie des structures mêmes de la société :
Oui, le problème est réel et sérieux. Il n'est pas un archaïsme. Il ne risque pas de se résorber tout seul avec le temps. Il est inscrit dans nos structures de sociétés industrielles et post-industrielles, il se reproduit et se renouvelle malgré les investissements en éducation, en bibliothèques, en télévision, en publicité. Mais il faut le contenir et chercher à le résorber, sinon il gagne. (Hautecœur, 1988, 247)
Le portrait de l'analphabète que nous venons de peindre est fort complexe et il faut donc poser le problème dans sa globalité. Cette complexité exige que tout programme d'alphabétisation soit sensible aux difficultés particulières et aux besoins des personnes analphabètes.
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La personne analphabète déploie beaucoup d'énergie pour masquer sa situation. Certains indices peuvent nous aider à déceler l'analphabétisme chez une personne. En voici quelques uns :
Le camouflage :
Cet indice se manifeste dans les expressions suivantes :
Le langage :
Les problèmes de communication orale, bien qu'ils ne soient pas exclusifs aux personnes analphabètes, présentent chez ces dernières un caractère particulier. Ces problèmes peuvent, entre autres, se manifester par un débit très rapide, le bégaiement ou l'utilisation de termes inadéquats. La déficience sur le plan du langage montre que ce dernier n'a jamais été soutenu par les comportements de lecture ou d'écriture et ne peut s'appuyer sur aucune représentation matérielle concrète.
Des lacunes importantes dans les habiletés sociales de base :
Par exemple, le non respect des consignes orales et écrites par nervosité ou manque de compréhension; l'incompréhension des étiquettes (produits toxiques, posologie, etc.); les difficultés à rechercher l'information pertinente aux bons endroits et au bon moment; l'affirmation de soi remplacée par l'agressivité, la manipulation et la soumission.
La dépendance sociale :
Celle-ci s'exprime dans les rapports avec les parents, les amis et les institutions, comme le Centre local de services communautaires (CLSC), auxquelles certaines personnes ont un "abonnement chronique", besoin constant d'être validées par les proches, recours systématique aux organismes sociaux, etc.
La confusion et l'agressivité qui en résulte :
Les situations sociales constituent fréquemment des événements qui réactivent les traumatismes passés et qui provoquent certains mécanismes de défense. Par exemple, dans un lieu public, on m'explique quelque chose rapidement et je ne comprends pas; cela m'humilie, et je me mets en colère (je m'affirme et me protège en devenant agressif).
Les retards ou la ponctualité excessive :
Ils peuvent être attribuables à des problèmes d'orientation spatio-temporelle.
La sur valorisation de l'instruction :
On idéalise ce qu'on ne possède pas.
La sous-valorisation de l'instruction :
Elle se manifeste souvent par l'indifférence ou le mépris.
Le refus d'un emploi, d'une mutation ou d'une promotion :
Dû à différentes raisons, comme le manque de confiance en soi.
8H30 - 10H30 : Atelier d'estime de soi
Présenté par Mme Helyn Bercovitch
Programme S.T.A.R.
10h30 - 10h50 : Pause - café
10h50 - 10h55 : Période de questions concernant la documentation remise lors de la première journée de formation.
10h55 - 11h10 : Aborder le sujet de l'alphabétisation.
11h10 - 11h45 : Faire les références.
11h45 - 13h00 : Dîner
13h00 - 14h00 : Présentation par Judy Brandeis, représentante de Literacy Partners of Québec (L.P.Q.)
14h00 - 14h20 : Comment maintenir la préoccupation de l'alphabétisation au sein de l'équipe de travail.
14h20 - 14h30 : Retour sur la journée et remise d'un formulaire d'évaluation à remplir au bureau.
Il faut tout d'abord respecter l'intégrité de la personne. Au fur et à mesure que la relation conseiller - client se développe, un climat de confiance s'installe permettant ainsi à l'individu de s'exprimer sans avoir la crainte d'être jugé. Cette sécurité d'expression dirigera la personne vers une ouverture face à ses projets personnels. C'est à ce moment-là que notre rôle d'intervenant pourra avoir une influence très importante dans les rencontres à venir.
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Voici quelques pistes de réflexion qui, nous l'espérons, sauront vous guider tout au long de vos rencontres à venir.
A) Aborder le sujet d'une démarche d'alphabétisation :
B) Aborder le sujet d'alphabétisation :
C) Aborder le sujet d'alphabétisation en décrivant les centres comme :
Voici les étapes que nous vous suggérons :
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Voici quelques informations que vous devriez vous procurer au sujet d'un service d'alphabétisation :
Finalement, discutez de certaines particularités de votre client à la personne contact et évaluez si ce centre pourra répondre le plus adéquatement aux besoins de la personne que vous voulez référer.
Le Centre d'Alphabétisation de Prescott; Les marges du savoir, étude de milieu, Hawkesbury, Ontario.
Conseil supérieur de l'éducation, L'alphabétisation et l'éducation de base au Québec : une mission à assumer solidairement, Sainte-Foy Québec, 1990.
Musée de la civilisation, Québec, Pour mieux intervenir auprès des personnes analphabètes, Québec, Québec, 1994.
La formation en pré-alphabétisation,
préparée et animée par
Daniel Dinel et Monic Brillon
a été offerte aux conseillers des Initiatives communautaires de justice du ymca de Montréal, succursale Centre-ville, le 2 et 9 juin 1995.
Cette formation a été rendue possible grâce à une subvention accordée par le Secrétariat national à l'alphabétisation.
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Note : La forme masculine utilisée dans ce document désigne aussi bien les femmes que les hommes.