La réduction de l'impôt des particuliers : mémoire soumis dans le
cadre de la consultation menée par la commission des finances publiques
par le mouvement des femmes : sommaire
PAR:
Le mouvement des femmes du Québec
SOMMAIRE
Préparé par Ruth Rose
Professeure de sciences économiques
Université du Québec à Montréal
SEPTEMBRE 1999
MEMOIRE SOUMIS PAR LES GROUPES SUIVANTS :
-
Association féminine d'éducation et
d'action sociale (AFEAS) Conseil d'intervention pour l'accès
des femmes au travail (CIAFT)
-
Fédération des associations de familles
monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ)
-
Fédération des femmes du Québec
(FFQ)
-
Fédération du Québec du planning
des naissances (FQPN)
-
L'R des centres de femmes
-
Regroupement provincial des maisons d'hébergement
et de transition pour femmes victimes de violence conjugale (RPMHTFVVC)
-
Regroupement québécois des CALACS
-
Relais-femmes
-
Société Elizabeth Fry
RÉSUMÉ
Lorsqu'on discute de la «fiscalité», il faut prendre
le mot dans son sens large, c'est-à-dire l'ensemble des prélèvements
et des dépenses d'un gouvernement. Le choix de couper les impôts
doit toujours être pris en considérant également le rôle
du gouvernement et ses responsabilités pour assurer des services
à la population et corriger la mauvaise répartition du revenu
qui découle d'une économie de marché. Notre mémoire
tente, donc, de répondre à une question qui dépasse celle
de la réduction des impôts et que nous formulons de la façon
suivante: Quelle est la meilleure façon d'accroître le
revenu disponible et le bien-être des ménages?
Les principes suivants inspirent nos recommandations:
- Les réformes devraient contribuer à maintenir et à
renforcer la progressivité du
régime d'impôts et de transferts.
- Le régime fiscal devrait assurer un revenu minimum, basé
sur des estimations
réalistes des besoins essentiels, à toute personne dans
le besoin. Ce revenu
minimum devrait être pleinement indexé au coût de la
vie.
- Dans un esprit de solidarité sociale, les services et revenus
jugés comme essentiels
à la santé et à la pleine participation dans une société
démocratique devraient être
accessibles à tout le monde de façon universelle.
- Le gouvernement devrait continuer d'accroître sa contribution
aux besoins
essentiels des enfants.
- Le régime fiscal et de transferts devrait mieux reconnaître
le travail auprès des
enfants et cela, en accordant un soutien financier directement aux
personnes qui
l'effectuent au lieu de donner un avantage fiscal à leur conjoint.
- Le régime fiscal et de transferts devrait être structuré
de façon à encourager le
travail ou le retour aux études et à favoriser l'indépendance
financière. Toutefois,
le fait d'améliorer le sort des personnes travaillant dans un
emploi à faible salaire
ne devrait pas s'accompagner d'une réduction du revenu minimum
offert aux
bénéficiaires du programme de dernier recours.
- Toute personne qui le requiert doit avoir accès à des
services de bonne qualité afin
de l'aider à bien intégrer le marché du travail.
Par ailleurs, notre analyse de l'évolution de la fiscalité
et du revenu disponible des contribuables et de leur famille nous mène
à la conclusion que ce sont les prestataires de l'aide sociale
ainsi que les contribuables à revenu moyen qui ont subi les plus
grandes pertes depuis deux décennies. Les contribuables à
revenu élevé ont plutôt bénéficié d'une
amélioration de leur situation financière. En conséquence,
nous croyons que les prochaines modifications devraient cibler en priorité
les bénéficiaires de l'aide sociale en premier et les contribuables
de la classe moyenne en deuxième.
LISTE DES RECOMMANDATIONS
LES PRESTATAIRES DE L'AIDE SOCIALE ONT SUBI LES PERTES DU POUVOIR D'ACHAT
BEAUCOUP PLUS IMPORTANTES QUE LES AUTRES MÉNAGES
Recommandation 1: Que le programme de sécurité du revenu
offre à tous les ménages un revenu minimum qui couvre l'ensemble
des besoins essentiels établis, quelle que soit la raison de l'insuffisance
des ressources personnelles. Maintenant que le déficit a été
maîtrisé et qu'il y a un surplus budgétaire, les fonds
disponibles devraient être affectés en priorité au rétablissement
du niveau de vie des prestataires de la sécurité du revenu.
Recommandation 2: Qu'une fois établis, les barèmes de la
sécurité du revenu soit pleinement indexés et que l'on
ne trouve pas d'autres façons déguisées pour appauvrir
les bénéficiaires de ce programme.
Recommandation 3: Que les médicaments redeviennent gratuits pour
tous les bénéficiaires de l'aide sociale et que les barèmes
de contribution à l'assurance-médicaments soient révisés
afin d'alléger le fardeau pour les personnes âgées et
d'autres ménages à faible revenu.
IL FAUT CONTINUER À INVESTIR DANS LA POLITIQUE FAMILIALE
Recommandation 4: Que le gouvernement du Québec reconnaisse, pour
les fins de la fiscalité et de la politique familiale, les montants
suivants pour les besoins essentiels des enfants en l'an 2000:
1er enfant - famille biparentale : 4 300 $
1er enfant - famille monoparentale 6700$
chaque autre enfant : 3 350 $
Recommandation 5: Que ces montants soient pleinement indexés au
coût de la vie et que l'on rétablisse un crédit remboursable
de taxe de vente pour les enfants, ou que l'on inclue un montant additionnel
dans ces estimations des besoins essentiels.
Recommandation 6: Que le gouvernement réinstaure une allocation
familiale universelle qui prendrait la forme d'un plancher à la
nouvelle allocation familiale pour toutes les familles, quel que soit
leur niveau de revenu. Que les montants de ces allocations soient les
suivants:
1er enfant - famille biparentale : 860 $
1er enfant - famille monoparentale : 1340$
chaque autre enfant : 670 $
Ces allocations devraient être indexées au coût de la
vie et devraient être versées à la mère, sauf exception.
LES RÉDUCTIONS D'IMPÔT DEVRAIENT CIBLER LES MENAGES A REVENU
FAIBLE OU MOYEN. LE RÉGIME DOIT MIEUX RECONNAÎTRE LES COÛTS
LIÉS À L'EXERCICE D'UN EMPLOI. SI UN AVANTAGE FISCAL EST ACCORDÉ
POUR UNE PERSONNE, CETTE PERSONNE DEVRAIT POUVOIR LE TOUCHER ELLE-MÊME
AU LIEU D'ÊTRE OBLIGÉE DE LE TRANSFÉRER À UNE AUTRE
PERSONNE COMME SON CONJOINT OU SON PARENT.
Recommandation 7: Que le montant personnel de base soit établi
à 6 500$ afin de récupérer une partie de la valeur perdue
à cause de l'inflation. Le montant forfaitaire simplifié devrait
être établi à 2 000$ pour un total de 8 500$, en ligne
avec les besoins essentiels reconnus pour les fins de l'aide sociale.
Ces montants devraient être pleinement indexés au coût
de la vie.
Recommandation 8: Que l'on ne confonde plus le montant forfaitaire
simplifié avec l'exonération de l'impôt accordé
pour tenir compte des coûts du travail et d'autres circonstances
spéciales. En particulier, le montant forfaitaire du régime
simplifié ne devrait pas inclure les exonérations pour les
cotisations à l'assurance-emploi, au RRQ, à une association
syndicale ou professionnelle ou au Fonds des services de santé,
ni pour une déficience mentale ou physique grave et prolongée,
les frais de scolarité, les frais médicaux, les résidents
d'une région éloignée ou les remboursements des prestations
de programmes sociaux. Il devrait tenir compte uniquement des abris
fiscaux accordés pour des revenus de propriété qui donnent
un traitement spécial à certains types de revenus.
Recommandation 9: Convertir les crédits non remboursables pour
un contribuable et pour le conjoint, ainsi que pour le montant forfaitaire
du régime simplifié, en crédits remboursables de façon
à ce que chaque personne, et particulièrement les personnes
qui sacrifient un revenu de travail afin de s'occuper d'enfants, puissent
bénéficier personnellement de l'avantage fiscal accordé.
Recommandation 10: Le montant du crédit d'impôt non remboursable
pour personne vivant seule devrait être accordé indépendamment
du niveau de revenu et devrait être indexé au coût de
la vie.
Recommandation 11: Baisser le taux de récupération de la
réduction de l'impôt à l'égard de la famille à
3%.
Recommandation 12: Changer la table d'impôt de la façon suivante:
Tranche de revenu Taux d'imposition
0$ à 38 000$ : 19%
38 000$ à 60 000$ : 22%
60 000 à 100 000$ : 26%
100000$+ : 29%
Taux de transformation des crédits d'impôt non remboursables:
22%
LE GOUVERNEMENT DEVRAIT RÉAFFIRMER SON SOUTIEN AUX PERSONNES TRAVAILLANT
À FAIBLE SALAIRE
Recommandation 13: Que les personnes admissibles au programme APPORT
puisse réclamer leur prestation APPORT au moyen d'une déclaration
d'impôt même si elles n'ont pas été inscrites au
cours de l'année.
Recommandation 14: Que la subvention additionnelle d'un maximum de
3$ par jour pour frais de garde soit administrée dans les centres
de la petite enfance, de façon à éviter une double démarche
pour les bénéficiaires et ainsi en maximiser le taux d'utilisation.
LES MESURES QUE NOUS RECOMMANDONS POURRAIENT ÊTRE FINANCEES EN
PARTIE PAR L'ÉLIMINATION DE CERTAINS ABRIS FISCAUX ET UNE NOUVELLE
TRANCHE D'IMPOSITION POUR LES CONTRIBUABLES À TRÈS HAUT REVENU.
LA TAXE DE VENTE EST UNE TAXE RÉGRESSIVE ET ELLE DEVRAIT ÊTRE
RÉDUITE. LES RÉDUCTIONS D'IMPÔT NE DEVRAIENT PAS EMPÊCHER
LE GOUVERNEMENT DE RÉINVESTIR DANS LES PROGRAMMES SOCIAUX ET LA
CRÉATION D'EMPLOIS.
Recommandation 15: Revoir les abris fiscaux des particuliers et des
corporations afin d'évaluer la validité de leurs objectifs
et de s'assurer qu'ils contribuent à atteindre ces objectifs de
façon efficace.
Recommandation 16: Réinvestir dans les services de santé,
d'éducation et d'autres programmes sociaux afin non seulement d'améliorer
le bien-être de la population, mais aussi de créer des emplois
et d'accroître les revenus des travailleuses et travailleurs du
Québec. Ces nouvelles dépenses devraient être équilibrées
avec des réductions d'impôt bien ciblées.
Recommandation 17: Nous nous opposons à toute nouvelle augmentation
de la TVQ afin de financer une baisse d'impôt sur le revenu. Au
contraire, nous croyons qu'il faudrait plutôt baisser cette taxe
régressive qui incite à l'évasion fiscale.
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