Les Premières Nations du Québec et les Inuits constitue un cahier pédagogique s'adressant aux adultes qui apprennent le français dans le cadre d'ateliers d'alphabétisation. Mais aussi à tous ceux de nos concitoyens que la question amérindienne préoccupe. Ses textes sont simples et suivis d'exercices qui aideront à mieux comprendre et maîtriser la grammaire et le vocabulaire du français.
Les Premières Nations du Québec et les Inuits présente ces différentes nations et retrace une partie de leur histoire. Il est cependant important de préciser que les dates indiquées ne correspondent pas nécessairement au début de l'occupation du territoire québécois, par ces nations.
Pour désigner les membres des Premières Nations, nous utiliserons le terme Amérindiens, les Indiens des Amériques. Le terme autochtones s'appliquera à la fois aux Amérindiens et aux Inuits. Un chapitre sera aussi consacré à la Loi sur les Indiens.
Au-delà de l'apprentissage de la langue française, ce volume a également pour but de:
Les ancêtres des Amérindiens et des Inuits sont arrivés sur le territoire québécois il y a plusieurs milliers d'années. En effet, certains sites archéologiques datent de plus de 9000 ans. Ces hommes arrivaient de l'ouest et du sud et ils occupèrent le territoire à mesure que les glaces fondaient. Car à cette époque, la glace couvrait une grande partie du Québec actuel. C'était une ère glaciaire.
Certains groupes vivaient dans les forêts et d'autres habitaient le long de grands cours d'eau. Les gens chassaient, pêchaient et cueillaient des fruits et des plantes pour se nourrir. Petit à petit, des différences culturelles sont apparues entre ces groupes; des nations se formèrent. Elles commerçaient entre elles. Elles pratiquaient le troc, l'échange de produits comme des fourrures, du poisson, des filets de pêche ou du quartz, une pierre dure qui servait à faire des outils. De grandes fêtes et des festins se déroulaient lors de ces échanges.
Ces nations vivaient en grands ou en petits groupes familiaux. Chacune possédait sa langue, ses croyances et sa culture.
Lorsque les Européens se sont installés sur les bords du fleuve Saint-Laurent dans les années 1500, les Amérindiens les ont aidés à s'adapter au climat, à connaître la flore et la faune, à chasser, à pêcher, à produire du sirop d'érable, etc.
Les autochtones ont aussi fait connaître leur spiritualité aux Européens. Malheureusement, ces derniers la méprisèrent souvent car ils se croyaient seuls en possession de la vraie religion. Pour les autochtones, les hommes et les femmes appartenaient à la Terre, comme les plantes, les animaux, les arbres et l'air. Tous ces éléments étaient reliés entre eux et faisaient partie du grand cercle sacré de la vie. La Terre était la mère des hommes et des femmes, car elle les nourrissait. C'était la terre-mère. La Terre n'appartenait pas aux autochtones individuellement. Elle représentait un bien collectif qu'il fallait respecter. Ce sont encore des valeurs importantes pour les autochtones d'aujourd'hui.
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C'est vers l'an 1000 que les premiers Européens sont venus en Amérique. C'était les Vikings. Ils venaient explorer et exploiter de nouvelles terres. Ils pêchaient, chassaient et coupaient du bois.
Les restes de trois grandes maisons vikings ont été retrouvés à l'Anse aux Meadows, à Terre-Neuve. Ces maisons furent construites il y a plus de 1000 ans et environ 100 Vikings les ont habitées. Leur chef se nommait Leif Eiriksson. Il était le fils d'Érik le Rouge, qui découvrit le Groenland vers l'an 985. À l'Anse aux Meadows, les Vikings ont fait fondre du fer pour se faire des clous pour réparer leurs bateaux (drakkars).
Dans les années 1400 et 1500, des pêcheurs des pays basques espagnol et français naviguaient sur le Saint-Laurent. Ils chassaient la baleine pour son huile, qui servait à produire du combustible pour l'éclairage, des peintures, des savons, etc. Chaque année, les Basques produisaient 20 000 tonneaux d'huile de baleine qu'ils vendaient en Europe.
En 1534, Jacques Cartier, un marin français de Saint-Malo, fit son premier voyage en Amérique. Il prit possession du territoire au nom du roi de France, François 1er, à Gaspé, le 24 juillet. Et cela, sans se soucier des Amérindiens et des Inuits qui habitaient ici depuis des milliers d'années.
Puis, Champlain fonda la Ville de Québec en 1608; Lavérendry fonda Trois-Rivières en 1634 et Maisonneuve fonda Montréal en 1642. Vers 1760, Montréal comptait environ 8000 habitants et Trois-Rivières, 600.
Pour peupler le Canada, les Européens firent venir des colons. C'était des habitants de France qui venaient ici pour construire des villages, défricher les terres, cultiver, chasser et exploiter le territoire.
Ces colons sont entrés en contact avec les Amérindiens. Ces contacts ont changé le mode de vie et la culture des Amérindiens, comme leurs méthodes de chasse, leur armement, leur organisation, leurs déplacements sur le territoire, etc. Les Amérindiens ont commencé à échanger des fourrures contre des armes, des outils en fer, des vêtements, de la nourriture, etc. Le commerce des fourrures avec les colons a aussi provoqué des guerres entre les diverses nations amérindiennes qui se disputaient cette activité économique lucrative.
Les maladies transmises par les colons aux Amérindiens, telles la rougeole et la rubéole, ont aussi fait de grands ravages parmi eux. La moitié des populations huronnes et iroquoises en serait morte.
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Au Québec, les Premières Nations comptent 10 nations amérindiennes. Une nation inuite existe aussi. Les Amérindiens sont au nombre d'environ 69,500 et les Inuits de 10,000, pour un total de près de 80,000 autochtones. Les autochtones représentent donc un peu plus de 1% de la population du Québec, qui s'élève à près de 7,500,000 habitants. Plus de la moitié de la population autochtone a moins de 25 ans.
Les autochtones sont les descendants des premiers habitants arrivés en Amérique du Nord, il y a plus de 35 000 ans par le Détroit de Béring, situé entre la Russie et l'Alaska.
Les 10 nations amérindiennes ont des cultures et des modes de vie différents. Elles appartiennent à deux familles linguistiques et culturelles: algonquienne et iroquoienne. Les Abénaquis, Algonquins, Attikamekws, Cris, Malécites, Micmacs, Montagnais et Naskapis sont de culture algonquienne. Les Hurons-Wendat et les Mohawks sont de la famille iroquoienne.
Le terme «Amérindien» signifie les Indiens des Amériques. Il désigne les peuples originaires d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud. Quant au terme «Indien», il fut employé pour la première fois par
Christophe Colomb lorsqu'il arriva à Cuba en 1492, car il croyait à tort avoir atteint les Indes.
Les Inuits, eux, font partie de la famille eskaléoute, comme plusieurs autres groupes inuits du Canada.
Environ un million d'Amérindiens vivent au Canada. Et le gouvernement du Canada est responsable de l'administration de toutes leurs affaires, depuis qu'il a adopté la Loi sur les Indiens en 1876. Encore aujourd'hui, cette loi définit le mode d'organisation et d'administration des Amérindiens, incluant ceux du Québec.
Par contre, le 20 mars 1985, le gouvernement du Québec adoptait une résolution qui reconnaissait que les Premières Nations avaient le droit:
Au Québec, environ 50,000 Amérindiens habitent dans des réserves administrées par un Conseil de bande composé du chef et des conseillers. Quelque 19,500 vivent en dehors des réserves, dans de nombreuses villes, dont La Tuque, Montréal, Trois-Rivières, Chicoutimi, etc. Quant aux Inuits, ils habitent presque tous dans un de leurs 14 villages nordiques.
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Lorsque nous parlons des Amérindiens et de leurs réserves, de quoi s'agit-il au juste ? Une «réserve» est un morceau de territoire où les Amérindiens habitent et exercent leurs activités quotidiennes. Mais ces terres n'appartiennent pas aux Amérindiens. Elles sont la propriété du gouvernement canadien. C'est ce même gouvernement qui, par la Loi sur les Sauvages qu'il adopta en 1876, continue de dicter aux Amérindiens comment ils doivent se gouverner, s'organiser et vivre. Cette loi s'appelle maintenant Loi sur les Indiens.
À propos des Inuits, ils n'habitent pas dans des réserves, mais dans 14 villages nordiques dirigés par un maire et des conseillers élus pour deux ans.
Au Québec, environ 50,000 Amérindiens vivent dans 42 réserves et 19,500, à l'extérieur. Ces réserves couvrent une superficie de 746,4 kilomètres carrés, soit moins du tiers de la superficie de l'île de Montréal.
Dans les réserves amérindiennes, les Conseils de bandes sont responsables de l'administration des services à la communauté, dont la santé et l'éducation. Ils ont également un rôle politique en représentant la population auprès des gouvernements fédéral et provincial et en négociant avec eux des ententes sur leurs droits. Ces Conseils sont composés d'un chef et de conseillers.
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*Abénakis vient des mots wabun (la lumière) et a'Ki (la terre), qui signifient terre du matin, peuple de l'Est, terre de l'aurore ou peuple du soleil levant.
Histoire
Dans les années 1500 et 1600, les Abénakis vivaient sur les territoires actuels de la Nouvelle-Angleterre et du Maine, aux États-Unis. Mais les colons américains les chassèrent et en 1670, ils se rendirent à la mission de Sillery, près de la ville de Québec. Cette mission avait été fondée par les Jésuites. Puis pendant 20 ans, les Abénakis vécurent sur les rives de la rivière Chaudière, près des chutes.
C'est vers 1700, que les Abénakis s'établirent sur les rives des rivières St-François et Bécancour, où ils habitent toujours. À cette époque, ils pratiquaient la chasse, la pêche, la trappe, la cueillette de petits fruits, ainsi que la culture du maïs, des haricots, des courges, des pommes de terre et du tabac. Ils confectionnaient des paniers tressés de frêne et de foin pour cueillir des baies sauvages. Au printemps, ils faisaient bouillir la sève des érables pour produire du sirop. Ils auraient même enseigné cet art aux colons français.
Population
Aujourd'hui, environ 400 Abénakis habitent dans les réserves d'Odanak et de Wôlinak, situées sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, en face de Trois-Rivières. Le reste de la population abénaquise, soit environ 1700 individus, vit à l'extérieur de ces deux réserves, dans différentes villes.
La langue abénakise est parlée par moins de 100 Abénakis. Elle est donc menacée de disparaître comme plusieurs langues amérindiennes du Canada. La majorité des Abénakis parlent français.
Le musée des Abénakis d'Odanak informe la population sur leur histoire et leur culture. Il accueille plus de 15,000 visiteurs chaque année.
Les Abénakis sont représentés auprès du gouvernement par le Grand Conseil de la Nation Waban-Aki, fondé en 1986.
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*Les Algonquins se désignent eux-mêmes par le mot Anishinabeg, c'est-à-dire les vrais hommes, le peuple de la terre ou le lieu d'où l'on harponne le poisson et les anguilles.
Histoire
De 1550 à 1650, les Algonquins habitaient la rive nord du fleuve Saint-Laurent. Mais les colons français et les Iroquois les ont forcés à se déplacer vers les régions de l'Outaouais, de l'Abitibi et du Témiscamingue. Les Algonquins pratiquaient un peu l'agriculture, mais surtout la chasse, la pêche et la cueillette. Ils commerçaient avec les Hurons et recevaient d'eux, du maïs et des filets de pêche, en échange de peaux et de viande de gibier. Les colons français leur procuraient des armes à feu, des pièges, des outils en fer, des ustensiles et des vêtements.
Dans les années 1800, l'exploitation forestière intensive dévasta les territoires de chasse des Algonquins. Ils durent aller encore plus vers le nord.
Population
Aujourd'hui, environ 5000 Algonquins habitent dans neuf réserves situées dans les régions de l'Outaouais et de l'Abitibi-Témiscamingue. Ces réserves sont: Hunter's Point, Kebaowek, Kitcisakik, Kitigan Zibi, Lac-Rapide, Lac-Simon, Pikogan, Timiskaming et Winneway. Chaque réserve est administrée par son propre Conseil de bande. Près de 4000 Algonquins vivent à l'extérieur des réserves. Les Algonquins s'occupent de reboisement des forêts et continuent de piéger des animaux, de chasser, de pêcher et de produire de l'artisanat.
Plus de 60% de la population algonquine parle encore sa langue ancestrale. Celle-ci a donc des chances de se conserver. La Société Matciteeia s'occupe d'ailleurs de la promotion et du développement de la culture et de la langue algonquines. Elle possède une salle pour les aînés, appelée Ocipik, et un comptoir de vente d'artisanat. La majorité des Algonquins parlent aussi le français ou l'anglais.
Les Algonquins sont représentés auprès des gouvernements par le Conseil de la nation algonquine Anishnabeg et par le Secrétariat des programmes et services de la nation algonquine. Ces organismes défendent les intérêts des Algonquins.
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*Le nom de cette nation signifie poissons blancs ou le peuple de l'écorce. Ce peuple a également été appelé Têtes-de-Boule dans les années 1700 et 1800. Il a repris son nom d'origine au milieu des années 1970.
Histoire
Vers 1650, entre 500 et 600 Attikamekws vivaient dans la région du Haut Saint-Maurice. Ils chassaient, péchaient et cueillaient des fruits sauvages. Ils faisaient aussi du troc avec les Cris, les Algonquins et les Montagnais. Ils recevaient du maïs en échange de gibier et de poisson. Au printemps, ils faisaient bouillir la sève d'érable pour en faire du sucre et du sirop.
Les Attikamekws ont aussi fait le commerce des fourrures avec les colons dans les années 1700.
À partir de 1830, de nombreux Attikamekws sont devenus travailleurs dans des entreprises d'exploitation forestière et dans des compagnies productrices d'électricité. Plusieurs sont morts à cause des maladies transmises par les Européens et contre lesquelles ils n'avaient aucune immunité.
Population
Aujourd'hui, environ 4700 Attikamekws habitent dans trois réserves situées dans les régions de Lanaudière et de la Mauricie: Manawan, Obedjiwan et Wemotaci. Ils participent au reboisement et au développement des forêts, en plus de continuer de chasser, pêcher et piéger.
Environ 900 Attikamekws vivent à l'extérieur des réserves, dans différentes villes, dont La Tuque et Trois-Rivières.
Comme la langue attikamekw est parlée par presque tous les membres de cette nation, elle a de bonnes chances de survie. Le français est aussi parlé par la grande majorité des Attikamekws.
Le Conseil de la nation Attikamekw les représente devant le gouvernement.
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*Le nom de cette nation aurait d'abord été Christeneaux, à cause de la christianisation de ce peuple. Les Cris se désignent eux-mêmes des noms Ayisiyiniwok et Iyiniwok, qui signifient les hommes ou le peuple des chasseurs.
Histoire
Les ancêtres des Cris sont parmi les premiers habitants du territoire québécois. Ils vivaient dans les régions de la Baie James et de la Baie d'Hudson il y a plus de 5000 ans. Ils venaient des plaines de l'Ouest canadien.
Ces premiers habitants étaient nomades et se déplaçaient souvent en petits groupes. Ils chassaient l'orignal, le caribou, l'oie sauvage et le petit gibier. Ils pratiquaient aussi la pêche. Parfois, les groupes se réunissaient l'été pour chasser, faire des fêtes et célébrer des mariages. Puis à l'automne, ils se séparaient et chaque groupe se dirigeait vers son territoire.
Les Cris débutèrent la traite des fourrures avec les Européens au début des années 1600. Vers 1850, les missionnaires arrivèrent. Plus tard, l'école obligatoire et la construction d'habitations ont continué de changer le mode de vie des Cris. Ils sont devenus sédentaires.
En 1971, les travaux de construction des grands barrages hydroélectriques de la Baie James débutèrent et, même terminés, ils continuent d'influencer la culture crie.
Population
Aujourd'hui, environ 13,000 Cris habitent dans leurs neuf réserves de la Baie James: Chisasibi, Eastmain, Mistissini, Nemiscau, Oujé-Bougoumou, Waskaganish, Waswanipi, Wemindji, Whapmagoostui. Et 1500 Cris vivent à l'extérieur des réserves.
La langue crie est utilisée par l'ensemble de la population. Les langues secondes sont le français et l'anglais.
Les Cris sont représentés par le Grand Conseil des Cris du Québec Iyiyuu Istchee. En 1975, ils signaient la Convention de la Baie James et du Nord québécois avec le gouvernement québécois. Cette Convention accordait aux Cris une plus grande autonomie administrative et politique, des indemnités et des droits de propriété, de chasse, de pêche et de piégeage sur un territoire de 151,580 kilomètres carrés.
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*Ces Amérindiens se nommaient eux-mêmes «Wendat» et Wendake était le nom de leur pays. Dans les années 1600, les Français les appelaient «Hurons» et leur pays «Huronnie», car il était situé au sud du lac Huron, dans l'Ontario actuel. C'est le peuple du commerce.
Histoire
Au début du 17e siècle (1601 à 1700), entre 16,000 et 30,000 Hurons auraient vécu près du lac Huron, aux sources du fleuve Saint-Laurent. C'était leur territoire, la Huronnie. En plus du tabac, ils cultivaient le maïs, la courge et les haricots, les Trois Sœurs. Ils pratiquaient aussi la chasse et la pêche. C'était une nation sédentaire, c'est-à-dire qu'ils habitaient des villages durant plusieurs années.
Ils commerçaient avec d'autres Amérindiens et les colons français. À l'été 1633, par exemple, plus de 500 Hurons quittèrent la Huronnie pour se rendre à Québec dans 140 canots chargés de fourrures. Les colons pouvaient ainsi envoyer jusqu'à 30,000 peaux par année vers l'Europe.
En 1650, à cause des guerres avec les Iroquois et des maladies amenées d'Europe par les colons, les Hurons se sont dirigés vers la ville de Québec. Ils vécurent à l'île d'Orléans quelques années et en 1697, ils se sont installés à Wendake, le Village des Hurons.
Population
Aujourd'hui, quelque 1300 Hurons habitent à Wendake, la seule communauté huronne au Canada. Wendake est situé près de Loretteville, le long de la rivière Saint-Charles. Environ 1700 Hurons vivent à l'extérieur de la réserve dans différentes villes, dont Québec et Montréal. Les Hurons produisent des canots, des raquettes et des mocassins, qui sont vendus à travers le monde.
La langue huronne n'est presque plus parlée. Mais certaines personnes essaient de la faire revivre. La langue d'usage des Hurons est le français.
Le Conseil de la nation huronne-wendat représente les Hurons devant le gouvernement.
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*Le Peuple de la belle rivière.
Histoire
Dans les années 1600 et 1700, les Malécites vivaient le long de la rivière Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. Puis en 1828, une trentaine de familles s'établissent à Viger, près de la rivière Verte en Gaspésie. Ils cultivaient le maïs, le blé, l'orge, le seigle, l'avoine et les patates, en plus de chasser, de pêcher et de commercer.
En 1876, le gouvernement canadien créa la réserve de Whithworth, d'une superficie de 173,01 hectares, près de Rivière-du-Loup. Puis, en 1891, celle de Cacouna, d'une superficie de 0,17 hectare.
Population
Aujourd'hui, seulement 2 Malécites habitent dans ces deux réserves. Le reste de la population malécite, soit environ 700 personnes, vit à l'extérieur des réserves.
Les Malécites ne parlent plus leur langue maternelle, mais le français.
Le Conseil de la nation malécite de Viger regroupe les Malécites du Québec.
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*Le Peuple de la mer (autrefois, ils s'appelaient les Souriquois).
Histoire
Les Micmacs ont habité durant des centaines d'années un territoire qui couvrait la Gaspésie, le Nouveau-Brunswick, l'Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve, l'île d'Anticosti et les Îles-de-la-Madeleine. En 1611, le Père Nilard évaluait cette population à environ 3000 personnes. Mais plusieurs Micmacs mourront à cause des maladies transmises par les colons.
Les activités des Micmacs comprenaient la chasse, la pêche, la cueillette de petits fruits et le commerce avec les autres Amérindiens et les Européens.
Population
Aujourd'hui, environ 2500 Micmacs habitent dans trois réserves: Gaspé, Gesgapegiag et Listuguj. Le reste de la population, soit quelque 2500 individus, vit à l'extérieur des réserves, dans différentes villes.
À Gesgapegiag, les Micmacs ont créé un centre de désintoxication; à Listuguj, un centre d'accueil pour les jeunes en difficulté et un centre d'hébergement pour les femmes victimes de violence.
Certains Micmacs possèdent des entreprises dans l'industrie forestière, la construction, le tourisme, l'artisanat, la pêche et la chasse sportives.
Environ 40 pour cent de la population micmaque (2000 personnes) parle sa langue ancestrale. Leur langue seconde est le français ou l'anglais.
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*Le Peuple de la pierre.
Histoire
Dans les années 1500, les Mohawks faisaient partie de la Confédération des Cinq Nations iroquoiennes. Leur territoire couvrait une grande partie du nord-est de l'Amérique. Leur économie était basée sur l'agriculture, la chasse, la pêche et le commerce de produits agricoles et artisanaux.
C'est en 1717 que les Mohawks s'installent à Kahnawake. Puis en 1721, à Kanesatake.
Population
Aujourd'hui, environ 13,500 Mohawks habitent dans trois réserves situées près de Montréal: Akwesasne, Kahnawake et Kanesatake. Et 2500 Mohakws habitent à Montréal et dans d'autres villes.
Kahnawake couvre un territoire de 53 km2. On y retrouve quatre écoles, dont deux secondaires, une station radiophonique, un journal (The Eastern Door), un hôpital géré par la collectivité et une caisse populaire dont l'actif dépasse 50 millions de dollars. Kahnawake a aussi son propre service de police, les Peacekeepers (Les gardiens de la paix).
La superficie de Kanesatake est d'environ 10 km2. Ses habitants se rendent dans les villes environnantes pour étudier ou pour recevoir des soins médicaux.
Les Mohawks ne reconnaissent pas la frontière entre le Canada et les États-Unis, car des membres de leur nation habitent de chaque côté. Ils revendiquent le droit de circuler librement entre les deux pays.
Les Mohawks veulent aussi plus d'autonomie dans la gestion des affaires de leur nation. Des négociations se poursuivent avec le gouvernement fédéral.
L'économie actuelle des communautés mohawks repose sur des entreprises de services publics et privés. Leur proximité des grandes villes comme Montréal et Laval, leur a permis de développer des petites entreprises très prospères.
Plus de 2000 Mohawks parlent leur langue ancestrale, le kanienke. Leur langue seconde est l'anglais ou le français.
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Histoire
Le territoire ancestral des Montagnais ou Innus s'étendait du fleuve Saint-Laurent, jusqu'au Labrador et dans la région du Lac Saint-Jean. Ils chassaient, péchaient, cueillaient et faisaient du commerce avec les autres autochtones et les Européens. Ils échangeaient leurs fourrures contre du saindoux, du thé, du beurre, de la toile, des armes à feu, etc. Dans les années 1800, à cause de l'exploitation forestière, les Montagnais ont dû s'en aller plus au nord.
Population
Aujourd'hui, près de 10,500 Montagnais habitent dans une de leurs réserves situées dans la région de la Côte-Nord: Betsiamites, Essipit, La Romaine, Mashteuiatsh, Mingan, Natashquan, Pakua Shipi, et Uashat-Maliotenam. Environ 4300 Montagnais vivent à l'extérieur des réserves.
Plus de 80 pour cent de la population montagnaise (environ 12,000 personnes) parle la langue ancestrale, l'Innu. Leur langue seconde est le français.
Les Montagnais Innu sont représentés par deux associations: Mamu Pakatatau Mamit et Mamuitin.
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*Le Peuple chasseur de caribous.
Histoire
Les Naskapis étaient un peuple nomade. Ils se déplaçaient du sud de la Baie d'Ungava jusqu'au Labrador pour chasser le caribou, le phoque, le petit gibier et les oiseaux migrateurs. Ils pratiquaient aussi la pêche blanche. Ils ne cultivaient pas la terre, car le climat ne le permettait pas.
En 1838, on ouvrit un comptoir pour le commerce des fourrures, à Fort-Nascopie. Les Naskapis commencent alors le piégeage des animaux à fourrure, qu'ils échangent contre des armes, des outils en fer, des vêtements et de la nourriture. Petit à petit, ils abandonnent leurs pratiques de chasse traditionnelle.
Population
Aujourd'hui, environ 800 Naskapis habitent à Kawawachikamach, la seule réserve naskapie au Canada. Elle est située à une vingtaine de kilomètres au nord de Schefferville. Le reste de la population naskapie, soit quelque 50 individus, vit dans quelques villes du Québec.
Kawawachikamach signifie: «eau claire», «lac venteux» ou «rivière sinueuse se transformant en un grand lac». Cette réserve possède une salle paroissiale, des écoles, un dispensaire, un gymnase, un terrain de jeux, une radio communautaire, une pourvoirie, un bureau de poste, un centre commercial, etc.
Les Naskapis sont actifs dans les industries du tourisme, de la construction, de l'entretien de routes, de l'artisanat, etc. Ils continuent aussi de chasser, de pêcher et de piéger, c'est-à-dire de prendre des animaux avec de pièges.
La totalité de la population naskapie parle leur langue ancestrale. Leur langue seconde est l'anglais.
En 1978, les Naskapis ont signé avec le gouvernement québécois la Convention du Nord-Est québécois qui leur a accordé des droits de propriété sur un territoire de 285 kilomètres carrés et des droits de chasse, de pêche et de piégeage sur un territoire de 4144 kilomètres carrés.
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*Les Hommes.
Histoire
Au Québec, les Inuits habitent un vaste territoire de toundra appelé le Nunavik. Leurs ancêtres y sont arrivés il y a environ 4000 ans. Ils provenaient de la Sibérie et de l'Alaska. Ils étaient nomades et se déplaçaient pour chasser des mammifères marins comme le phoque, le morse, le narval et la baleine, de même que le caribou, le bœuf musqué et les oiseaux migrateurs. Ils pratiquaient aussi la pêche.
Les maisons (qarmaqs) des Inuits étaient faites d'os de baleine ou de bois de grève recouverts de peaux et de terre. Elles étaient rondes et mesuraient de 4 à 5 mètres de diamètre. L'hiver, les Inuits isolaient leurs maisons avec de la neige ou se construisaient des iglous avec des blocs de neige.
Leurs armes de chasse et leurs outils étaient en bois, en os et en pierre. Ils incluaient des pointes de flèches, des têtes de harpons, des lances, des arcs, des couteaux et des lames pour couper la viande et gratter les peaux. Les Inuits fabriquaient aussi des lampes à l'huile en stéatite. Avec des os de baleines, ils confectionnaient des patins de traîneaux et des lunettes (iggaak) pour se protéger des reflets du soleil sur la neige, qui pouvaient causer la cécité.
Pour se déplacer sur la mer, les Inuits utilisaient le kayak ou l'oumiak, un bateau long de plus de dix mètres. Dans l'oumiak, les hommes pouvaient se déplacer en groupes et attaquer les baleines. Sur terre ou sur la glace, les Inuits se servaient de traîneaux tirés par des chiens.
Au début du 15e siècle (1401 à 1500), les Inuits commencèrent à commercer avec les Européens. Cela modifia leur culture. Ils utilisaient de plus en plus de produits européens, comme des fusils, de la toile pour ériger leurs tentes, de la farine, des ustensiles, du tabac, du thé, du sucre, etc.
Au milieu du 19e siècle (1801 à 1900), des Inuits furent embauchés par de grandes entreprises anglaises et américaines. Ils travaillaient sur des baleiniers, de grands navires qui font la chasse à la baleine. Des milliers d'entre elles furent tuées.
Des milliers d'Inuits mourront aussi à cause des maladies contagieuses transmises par les Européens, comme la dysenterie, la rougeole et la tuberculose. Les Inuits n'étaient pas immunisés contre ces maladies.
Population
Aujourd'hui, environ 9000 Inuits habitent dans 14 villages qui comptent entre 160 et 1400 habitants. Ces villages sont situés le long des baies d'Hudson et d'Ungava dans le nord du Québec et se nomment: Kuujjuarapik, Umiujaq, Inukjuak, Puvirnituq, Akulivik, Ivujivik, Salluit, Kangipsujjuaq, Quaqtaq, Kangirsuk, Aupaluk, Tasiujaq, Kuujjuaq et Kangiqsualujjuaq. Chaque village est dirigé par un Conseil formé d'un maire et de conseillers élus tous les deux ans au suffrage universel. Le reste de la population inuite, soit quelque 600 individus, vit dans d'autres villes et villages. Notons enfin que 40% de la population inuite a moins de 15 ans.
Toute la population inuite parle l'inuktitut, sa langue. À l'école, l'enseignement se fait en inuktitut jusqu'en troisième année. La langue seconde est l'anglais.
Avec les Cris, Les Inuits ont signé la Convention de la Baie James et du Nord québécois, le 11 novembre 1975. Cette entente leur a accordé des droits de propriété sur le territoire, des indemnités et une certaine autonomie administrative. Ainsi, les Inuits sont en partie responsables de l'administration de leurs villages. Le 25 mai 1978, la société Makivik était créée par une loi de l'Assemblée nationale du Québec, pour mettre en œuvre la Convention de la Baie James. Cette société joue également un rôle dans le développement socio-économique de la région. Par exemple, Air Inuit, une compagnie d'aviation, appartient à Makivik.
Les Inuits poursuivent leurs négociations avec le gouvernement du Québec pour obtenir la création d'un gouvernement autonome au Nunavik.
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L'esclavage a existé au Québec surtout au 17e (1601 à 1700) et au 18e siècles (1701 à 1800). À cette époque, la colonie comptait près de 80,000 habitants. Un historien, Marcel Trudel, a recensé environ 3000 Amérindiens et 1000 Noirs, qui furent vendus ou achetés comme esclaves par les colons français. Ces esclaves devenaient la propriété de leur maître, qui décidait de leur sort. Des lois votées au Parlement permettaient et légalisaient l'esclavage, comme celles de Raudot en 1709 et de Hocquart en 1730. En 1792, les députés du Parlement ont même rejeté un projet de loi qui abolissait l'esclavage.
Les esclaves amérindiens étaient souvent des prisonniers de guerre; des hommes, des femmes et même des enfants de 5, 6 et 7 ans. Ils étaient parfois donnés en cadeau ou vendus dans les marchés, comme à Montréal, au milieu des denrées alimentaires, des animaux, des fourrures, des ustensiles, des bijoux et des autres biens de consommation. Un Amérindien pouvait coûter 400 livres et un Noir 900 livres, ce qui équivalait au prix d'un bœuf. Dans les documents anciens, on raconte qu'une Amérindienne fut échangée contre 4 barils de pois à soupe et un petit cochon.
Ceux qui possédaient des esclaves étaient souvent des marchands de fourrures, car ils avaient besoin d'hommes pour parcourir le territoire, ramer, pêcher et chasser dans les forêts. Ces marchands s'appelaient Gamelin, Tardif, Trudeau, Bourassa, Gaudet, Lafleur, Duplessis, Tessier, etc. Parmi les esclavagistes, il y eut aussi des fonctionnaires, des militaires, des seigneurs, des gouverneurs, et même des gens d'Église, dont trois évêques et cinq curés. Par exemple, le curé Payet de Saint-Antoine-sur-Richelieu eut au moins 4 esclaves, dont une Noire appelée Rose. Il l'avait achetée 600 livres en 1795 et la revendit 500 livres l'année suivante.
Parfois, les esclaves étaient forgerons, cuisiniers, menuisiers. Le plus souvent, ils étaient domestiques.
L'explorateur Pierre de Lavérendrye, né à Trois-Rivières en 1685, posséda des esclaves. À Sainte-Anne-de-la-Pérade, Tarieu de Lapérade et Madeleine de Verchères, son épouse, eurent une esclave nommée Marie-Madeleine Renarde, de 1714 à 1726. Marie-Madeleine fut donc leur esclave de l'âge de 16 ans à 28 ans. Mais grâce à son audace et à sa débrouillardise, elle parvint à s'enfuir.
De 1670 à 1800, il y eut environ 1200 propriétaires d'esclaves au Québec. En général, ils possédaient 2 ou 3 esclaves, quelquefois dix.
Habituellement, les esclaves étaient baptisés et recevaient le nom de leur maître. Ils habitaient dans sa maison.
Pour se marier, les esclaves devaient obtenir la permission de leur maître. Mais même mariés, ils demeuraient esclaves. Les enfants d'une esclave devenaient les esclaves de son maître, même si le père était un homme libre. Et le maître pouvait faire ce qu'il voulait de ces enfants, même les donner en héritage.
Il est certain que les descendants des esclaves qui étaient pour les trois quarts des Amérindiens, sont mélangés à une grande partie de la population du Québec d'aujourd'hui. Rares sont donc les individus qui n'ont pas de sang indien dans les veines! Certains ont même du sang de noir. C'est le cas de l'ancien premier ministre Maurice Duplessis, dont l'un des arrière-grands-pères était un esclave noir.
L'esclavage fut aboli en 1834, par une loi du Parlement de Londres.
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Assimiler signifie rendre semblable. C'est le fait de forcer des personnes d'un groupe social à adopter la culture, la langue, le mode de vie et même l'histoire d'un autre groupe.
C'est ce que le gouvernement canadien a tenté de faire avec les autochtones du pays. Le gouvernement voulait que les autochtones abandonnent et oublient leur mode de vie, leur histoire et leur culture, en les obligeant à adopter la culture canadienne. Pour y parvenir, les autorités canadiennes ont adopté différentes lois.
Ainsi, une loi datant de 1857, stipulait que tout Indien de sexe masculin âgé d'au moins 21 ans, parlant français ou anglais, perdait son statut d'Indien, s'il renonçait à sa culture. Renoncer à sa culture pouvait signifier: vivre en-dehors de la réserve ou se soumettre aux mêmes lois que les autres Canadiens.
En 1876, selon l'Acte des Sauvages, qui s'appellera plus tard la Loi sur les Indiens, une Indienne perdait son statut d'Indien si elle épousait un non-Indien. Les enfants issus de ce couple devenaient aussi des non-Indiens.
À partir de 1880, tout Indien qui obtenait un diplôme universitaire perdait automatiquement son statut d'Indien, même s'il ne le désirait pas. En plus de faire diminuer la population amérindienne, cela eut pour conséquence de freiner la scolarisation des autochtones.
À partir de 1951, les Amérindiens perdaient aussi leur statut d'Indien dans différentes circonstances:
Toutes ces lois très injustes et méprisantes à l'endroit des Indiens avaient pour but de faire disparaître les cultures amérindiennes du Canada. Ainsi, les autorités n'auraient plus eu à s'occuper de la situation des Amérindiens, puisqu'ils auraient tous disparu.
Mais les Amérindiens ont résisté et l'État canadien a renoncé à poursuivre cet objectif. Les Amérindiens peuvent maintenant s'épanouir davantage selon leur culture et leurs aspirations.
Ailleurs, la situation fut bien différente. Des Indiens et des nations entières furent exterminés, c'est-à-dire tués, massacrés. Ces tueries ont été commises aux États-Unis et aussi en Amérique du Sud, par les conquistadors (conquérants) espagnols et portugais qui s'emparèrent des terres des Indiens. Cela se passait aux 15e (1401 à 1500) et 16e (1501 à 1600) siècles.
Selon certains experts, ces massacres et les maladies transmises par les colons auraient fait passer les populations amérindiennes d'Amérique du Nord de 4 à 8 millions de personnes en 1500, à 375,000, en 1900. Mais d'autres historiens croient que ces chiffres sont trop élevés.
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Au cours des dernières années, les Premières Nations ont créé diverses entreprises et industries dans différents domaines, dont le transport aérien, la construction, l'exploitation forestière, le tourisme, l'artisanat, les communications (journaux et stations de radio), etc. Voici quelques exemples.
À Wôlinak, les Abénakis ont créé Général Fibre de Verre Enr., une entreprise qui emploie une dizaine d'autochtones et réalise un chiffre d'affaires annuel de plus de trois millions de dollars. À Odanak, une entreprise de foresterie et d'émondage fournit du travail à une quarantaine de personnes. Les Abénaquis exploitent aussi une pourvoirie en Haute-Mauricie.
En Outaouais et en Abitibi, les Algonquins ont fondé plusieurs entreprises dans les domaines de la construction, de la foresterie et du transport. L'Association de développement économique des Algonquins offre également un appui financier et des conseils aux Algonquins qui veulent réaliser des projets d'affaires.
Les Attikamekws, eux, possèdent des entreprises d'exploitation forestière, touristiques et artisanales. Parmi celles-ci: Services forestiers Attikamekw Aski Inc. et Services forestiers Opitciwan Inc.
L'économie des communautés cries repose en grande partie sur des entreprises que les Cris ont mises sur pied dans les secteurs de la construction, du tourisme et du transport routier et aérien, comme Air Creebec.
Chez les Hurons, les entreprises reliées à l'artisanat (fabrication de canots, de raquettes et de mocassins) fournissent du travail à la majorité d'entre eux et aussi à des non-autochtones. Leurs produits sont vendus à travers le monde.
Pour les Micmacs, la pêche au saumon est devenue un facteur de développement économique important. En 1982, ils fondèrent la Société de gestion du saumon de la Grande rivière Cascapédia. Depuis, ils organisent des séjours de pêche pour les amateurs. Les artisans de la coopérative micmac de Gesgapegiag produisent de nombreux produits artistiques.
Les Montagnais et les Naskapis de leur côté ont obtenu le contrat d'entretien et de maintenance de l'aéroport de Schefferville. Et ils projettent d'acquérir le barrage de la compagnie Iron Ore. Leur économie se développe aussi dans le secteur touristique. Ils possèdent le club de chasse et de pêche Tuktu et une organisation de tourisme nordique, le Naskapi Adventure Club.
Le 23 mai 1996, le gouvernement fédéral proclamait le 21 juin, soit le premier jour de l'été, Journée nationale des Autochtones.
Mais c'est depuis 1982, que les autochtones réclamaient que cette date soit reconnue comme Journée nationale de la solidarité autochtone.
Cette Journée nationale des Autochtones est une occasion:
Lors de la Journée nationale des Autochtones, de nombreuses activités se déroulent dans tout le pays. N'hésitez pas à y participer pour mieux connaître l'histoire et les cultures des Premières Nations.
Les Amérindiens et Amérindiennes du Québec ont mis sur pied diverses organisations qui les représentent, afin de:
Voici deux de ces organisations.
1- L'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL)
Cette Assemblée regroupe les chefs de chacune des 10 Premières Nations du Québec et du Labrador. Elle s'intéresse aux politiques du gouvernement et aux décisions des tribunaux qui peuvent avoir des répercussions sur les cultures, les modes de vie et les droits des populations amérindiennes.
Ce sont les chefs des 43 communautés membres qui élisent, pour un mandat de trois ans, le Chef de l'APNQL.
2- Femmes autochtones du Québec
Cette Association, fondée en 1974, représente plus de 3000 femmes amérindiennes qui se sont regroupées pour:
Cette Association s'intéresse en particulier aux questions d'égalité entre les hommes et les femmes, aux droits de la personne, à la justice autochtone, à la toxicomanie, aux abus sexuels et à la violence familiale. Elle occupe un siège à l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador.
L'association Femmes Autochtones du Québec est très active. Elle organise des conférences et des consultations publiques. Elle publie des brochures d'information. Elle participe à la Campagne québécoise de sensibilisation contre la violence faite aux femmes. Elle offre aussi des conseils et de l'aide financière aux femmes qui se cherchent un emploi.
Son conseil d'administration comprend des membres de chacune des 10 nations amérindiennes du Québec.
La Loi sur les Indiens du Canada s'appelait d'abord l'Acte des Sauvages. Elle fut adoptée par le gouvernement du Canada en 1876, soit neuf ans après la fondation du pays, en 1867.
La Loi sur les Indiens du Canada a donc 129 ans. Et même si elle a été modifiée en février 1985, elle est toujours imposée aux Amérindiens. Elle les place sous tutelle. Cela signifie que c'est presque toujours le ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien qui décide pour les Amérindiens comment ils doivent se gouverner, s'administrer et mener leurs activités quotidiennes dans les réserves. Ceci inclut leur système d'éducation, leur organisation politique, l'utilisation des terres et de leurs biens culturels, la validité de leurs testaments et héritages, l'aménagement de leurs cimetières, la propriété des maisons, la destruction des herbes et des insectes, la construction de clôtures, etc.
En étant «sous tutelle», les Amérindiens ne peuvent rien décider des choses les plus importantes qui les concernent; c'est le ministre qui décide. Il a toujours le dernier mot.
Ajoutons que la Loi sur les Indiens ne s'applique pas aux Inuits, comme son article 4 le spécifie.
Voici quelques définitions et articles de cette loi.
Les définitions
Indien
personne qui, conformément à la loi, est inscrite à titre d'Indien ou a droit de l'être.
Enfant
les enfants nés du mariage ou hors mariage, les enfants légalement adoptés, ainsi que les enfants adoptés selon la coutume indienne.
Bande
groupe d'Indiens.
Liste de bande
liste de personnes tenue par une bande ou au ministère.
Membre d'une bande
personne dont le nom apparaît sur une liste de bande ou qui a droit à ce que son nom y figure.
Réserve
parcelle de terrain dont Sa Majesté est propriétaire et qu'elle a mise de côté à l'usage et au profit d'une bande.
Quelques articles* de la Loi sur les Indiens
*Les chiffres correspondent à l'article de la loi. Administration
3. Le ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien est chargé de l'application de la loi.
Application de la loi
4. La mention d'un Indien, dans la loi, exclut une personne de la race d'aborigènes communément appelés Inuit.
Réserves
18. Le ministre peut autoriser l'utilisation de terres dans une réserve aux fins des écoles indiennes, de l'administration d'affaires indiennes, de cimetières indiens, de projets relatifs à la santé des Indiens, ou, avec le consentement du conseil de la bande, pour tout autre objet concernant le bien-être général de la bande, et il peut prendre toutes terres dans une réserve, nécessaires à ces fins...
Possession de terres dans des réserves
24. Un Indien qui est légalement en possession d'une terre dans une réserve peut transférer à la bande, ou à un autre membre de celle-ci, le droit à la possession de la terre, mais aucun transfert ou accord en vue du transfert du droit à la possession de terres dans une réserve n'est valable tant qu'il n'est pas approuvé par le ministre.
Testaments
45. Nul testament fait par un Indien n'a d'effet juridique comme disposition de biens tant qu'il n'a pas été approuvé par le ministre ou homologué par un tribunal en conformité avec la présente loi.
46. Le ministre peut déclarer nul, en totalité ou en partie, le testament d'un Indien.
Administration de l'argent des Indiens
66. Le ministre peut autoriser la dépense de sommes d'argent du compte de revenu de la bande pour l'ensemble ou l'un des objets suivants:
a) la destruction des herbes nuisibles et la prévention de la propagation ou de la présence généralisée des insectes, parasites ou maladies susceptibles de ruiner ou d'endommager la végétation dans les réserves indiennes;
c) l'inspection des locaux sur les réserves et la destruction, la modification ou la rénovation de ces locaux;
f) la construction et l'entretien de clôtures de délimitation.
Élection des chefs et des conseils de bande
74. Sauf si le ministre en ordonne autrement, le conseil d'une bande se compose d'un chef, ainsi que d'un conseiller par cent membres de la bande, mais le nombre des conseillers ne peut être inférieur à deux ni supérieur à douze. Une bande ne peut avoir plus d'un chef.
Taxation
87. Nonobstant toute autre loi fédérale ou provinciale, mais sous réserve de l'article 83, les biens suivants sont exemptés de taxation:
a) le droit d'un Indien ou d'une bande sur une réserve ou des terres cédées;
b) les biens meubles d'un Indien ou d'une bande situés sur une réserve.
Commerce avec les Indiens
91. Nul ne peut, sans le consentement écrit du ministre, acquérir la propriété de l'un des biens suivants, situés sur une réserve:
a) une maison funéraire indienne;
b) un monument funéraire sculpté;
c) un poteau totémique;
d) un poteau sculpté de maison;
e) une roche ornée d'images gravées ou peintes.
À cela, il faut ajouter que la permission du ministre est aussi nécessaire pour enlever des minéraux, des pierres, du sable, du gravier, de la glaise, de la terre, des arbres ou du foin sur une réserve.
Éducation
119. Le ministre peut nommer certaines personnes, appelées agents de surveillance. Sont compris parmi les agents de surveillance:
a) un membre de la Gendarmerie royale du Canada;
b) un agent de police spécial nommé pour exercer la police sur une réserve;
c) un instituteur et un chef de la bande, lorsque le surintendant l'autorise, pour contraindre les enfants indiens à fréquenter l'école, et, à cette fin, un agent de surveillance a les pouvoirs d'un agent de la paix.
Un agent de surveillance peut mettre en détention un enfant qu'il a des motifs raisonnables de croire absent de l'école contrairement à la présente loi et le conduire à l'école en employant autant de force que l'exigent les circonstances.
Pour terminer, mentionnons que le gouvernement fédéral tente actuellement de remplacer la Loi sur les indiens par une Loi sur la gouvernance des Premières Nations (C-7). Un projet a été déposé en juin 2002, qui prévoit:
Pour l'instant, de nombreux Amérindiens s'opposent à cette loi, car selon eux, elle les empêcherait de se gouverner. Ils souhaitent plutôt établir des gouvernements qui ne seraient pas imposés de l'extérieur, mais qui respecteraient leurs valeurs, leur culture et leur histoire.
Environ 69,500 Amérindiens habitent au Québec. Mais dans le reste des Amériques, ils sont plus de 30 millions, dont les Sioux, les Apaches, les Winnebagos, les Cherokees, les Comanches, les Séminoles, les Hopis, les Navajos et les Cheyennes en Amérique du Nord. En Amérique du Sud, il y a les Aztèques, les Incas, les Mayas, les Toltèques, les Jivaros, les Olmèques, les Paracas, les Yanomami.
Certaines de ces nations ont développé de grandes civilisations, comme les Mayas, les Incas, les Aztèques, les Olmèques et les Toltèques. Elles construisirent de grandes villes habitées par des milliers de personnes. Elles édifièrent d'énormes pyramides, des temples, des réseaux routiers, des ponts, des systèmes d'irrigation et de canalisation, etc. Elles développèrent aussi les sciences, les mathématiques, le calendrier, la médecine, l'architecture, l'astronomie, l'astrologie, l'écriture, etc. Leur art était très riche.
Mais certaines de ces nations ont disparu complètement à cause de l'extermination dont elles ont été victimes par les Européens ou des maladies transmises par eux.
Aujourd'hui, de nombreuses populations amérindiennes se retrouvent dans une pauvreté extrême à cause des injustices commises à leur égard, comme la dévastation de leurs territoires et de leurs ressources, l'expulsion de leurs terres, les génocides, les massacres, le chômage, la discrimination, le non-respect de leurs droits et des traités, leur absence dans les gouvernements, etc. Cela a parfois entraîné de la violence, comme à Oka, au Québec. Les Zapatistes au Mexique ou le Sentier lumineux au Pérou ont aussi eu recours à la violence pour se faire entendre.
Pour faire cesser cette violence et améliorer les conditions de vie des Amérindiens, les gouvernements devront négocier avec eux et respecter leurs droits.
Le 17 novembre 1999, Aurélien Gill, le seul autochtone membre du Sénat canadien, prononçait un discours intitulé: L'heure de la vérité. La situation des autochtones et leur avenir*.
Pour Monsieur Gill, les Premières Nations aspirent à l'autonomie et à la dignité. Elles souhaitent être responsables de leur propre développement. Pour y parvenir, elles doivent se gouverner elles-mêmes, avec leurs institutions, leurs droits et leurs ressources.
Dans son discours lu devant le Sénat, Monsieur Gill insistait sur l'importance pour les Canadiens et Canadiennes de bien connaître l'histoire et la réalité des autochtones, leurs valeurs, leur contribution au développement du Canada, ainsi que la Loi sur les Indiens. Pour lui, cela contribuera à vaincre les préjugés défavorables à l'endroit des autochtones et à mieux comprendre leurs aspirations. Et cela assurera un meilleur avenir à l'ensemble du Canada.
*Le Devoir, 9 juin 2001.
Ebyôn* est un groupe populaire d'alphabétisation qui offre les services suivants à la population:
*Les accablés qui se relèvent (Psaume 145)
Grâce au programme des Initiatives fédérales-provinciales conjointes en matière d'alphabétisation (IFPCA), Ebyôn a publié:
Ebyôn
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Téléphone: (819) 373-7653
Télécopieur: (819) 691-2866
Courriel: ebyon@infoteck.qc.ca
Les auteurs remercient le programme des Initiatives fédérales-provinciales conjointes en matière d'alphabétisation (IFPCA), qui a rendu possible la réalisation de ce document.
Nous remercions également le Centre local d'emploi avec lequel Ebyôn collabore depuis plus de 10 ans dans le cadre de ses ateliers d'alphabétisation, ainsi que le ministère de l'Éducation du Québec, qui appuie financièrement notre groupe.
Par
Hélène Brousseau
Jacques Jobidon
Yvon Paillé
Paulette Panych
Document produit dans le cadre des Initiatives fédérales-provinciales conjointes en matière d'alphabétisation (IFPCA)
Nous encourageons les personnes à utiliser et à faire connaître le plus possible ce document, tout en citant sa source cependant.