Mesdames, Messieurs,
Imaginons-nous dans une salle de projection à visionner la vidéo-cassette de nos vingt ans. Les premières images, datant de 1983, montrent la naissance de notre petit organisme qui porte le nom de La CLÉ (centre de lecture et d'écriture).
Les séquences suivantes nous permettent d'observer que pendant sa petite enfance et son début d'adolescence, La CLÉ, à travers plusieurs déménagements se développe, se transforme et se prépare à sa vie d'adulte.
Mais notre visionnement demande une pause : La CLÉ vit une crise d'identité et doit quitter le nid familial afin d'atteindre sa vie d'adulte pour devenir davantage responsable et autonome.
En redémarrant l'image, nous observons donc une CLÉ profitant de toute sa maturité et de son épanouissement, présente aux réalités du milieu, sensible aux besoins et aux aspirations des adultes qui la fréquentent.
Nous, les membres du conseil d'administration actuel, enchantés de ce visionnement, sommes prêts à mettre en mode enregistrement notre ciné-caméra, pour figer dans le temps les vingt prochaines années de cette CLÉ en plein rayonnement. Car, en nous projetant dans le temps, nous voyons une CLÉ autonome, dynamique, animée par une passion éducative stimulante.
Vingt ans de travail constant, de renouvellement et de réussite, ça se fête, ça se vit et ça se voit.
Le conseil d'administration
Bien que le masculin soit généralement utilisé dans ce document, les mots relatifs aux personnes désignent autant les femmes que les hommes.
La CLÉ, centre de lecture et d'écriture d'Alma a vu le jour le 28 juin 1983 avec la demande d'une charte pour obtenir le titre de corporation. Les objectifs pour lesquels La CLÉ est constituée sont les suivants :
Les requérants sont : M. Marc-André Deschênes, directeur à l'Éducation des adultes, Mme Armande Painchaud et M. Paul Morin conseillers pédagogiques, Mme Ruth Baribeau et M. Paul Bergeron, enseignants, tous à la Commission scolaire régionale Lac St-Jean (CSRLSJ). Ceux-ci ont formé provisoirement le conseil d'administration.
Depuis déjà trois ans, le service à l'Éducation des adultes, donnait des cours d'alphabétisation aux travailleurs et non-travailleurs âgés de plus de 18 ans. Plusieurs y sont venus pour améliorer leurs connaissances en français écrit et ont accédé à des études professionnelles.
Mme Jacynthe Bouchard s'ajoute à l'équipe en janvier 84 comme formatrice et animatrice de la vie étudiante.
Au printemps, un colloque régional se tient à Jonquière au Holiday Inn pour tous les apprenants et leur formateur sous le thème de : «C'est à notre tour».
Le 30 mai 1984, M. Paul Bergeron, Mmes Ruth Baribeau et Jacynthe Bouchard, et M. Jacques Larouche, formateur, présentent au Ministère de l'Éducation du Québec une demande formelle d'accréditation en tant qu'Organisme volontaire d'éducation populaire (OVEP). Le ministère de l'Éducation accordait un soutien financier par son programme d'aide aux organismes qui faisaient de l'alphabétisation. Ils montent leur projet et le 8 juin le soumettent au MEQ pour obtenir une subvention gouvernementale pour l'année suivante.
En concertation, les deux partenaires, La CLE et la CSRLSJ, desservent une clientèle d'environ cent apprenants pendant 25 semaines. Cinq groupes répartis à Aima, Ste-Monique, St-Nazaire et St-Gédéon sont formés. D'autres se sont ajoutés en janvier 85. Des ateliers de formation de base en français et mathématique y sont donnés par M. Paul Bergeron, Mme Ruth Baribeau, Mme Jacynthe Bouchard et M. Jacques Larouche. Un enseignement individualisé, une vie sociale bien organisée au Centre font qu'on s'y sent comme dans une petite famille. Les groupes ne dépassent pas six ou sept apprenants. Le personnel dévoué et sensible aux besoins des apprenants adultes en alphabétisation prépare du matériel didactique car il n'en n'existe pas qui convienne pour eux. Tout est à bâtir et on ne compte pas ses heures.
En raccourci
Cet automne-là, les cours débutent vers le 10 octobre. La subvention gouvernementale n'est parvenue qu'en novembre et il faut de nouveau recourir à un emprunt à la Caisse d'économie des travailleurs d'Alma.
Après le départ de Mme Ruth Baribeau et de M. Jacques Larouche, il ne reste que M. Paul Bergeron et Mme Jacynthe Bouchard comme intervenants. Des formatrices sont embauchées car la clientèle augmente rapidement. Mmes Carole Boivin, Françoise Boivin, Guylaine Lachance et Josée Larouche arrivent pour prêter main-forte avec leurs talents et leur dévouement. Les nouveaux apprenants arrivent du Centre Travail Québec. Plusieurs s'inscrivent pour 15 heures par semaine de formation. Ils reçoivent une petite allocation par mois, ce qui les encourage à reprendre le chemin des écoliers.
Mme Annie Côté occupe le poste de secrétaire à temps partiel. Paul et Jacynthe font partie d'un comité provincial regroupant les intervenants en alphabétisation pour réaliser un document d'arithmétique fonctionnelle.
En septembre 86, La CLE déménage dans de nouveaux locaux à l'école Goyer au 405, rue Mélançon à Aima. D'autres sont aussi disponibles gratuitement pour La CLÉ le soir au Pavillon Wilbrod Dufour pour y accueillir des groupes de personnes en déficience intellectuelle légère et handicapées physiquement. On offre les services du Centre aux organismes qui regroupent cette clientèle, le Centre-Lac et CEDAP (Centre d'étude en développement en ateliers protégés).
La même équipe du personnel demeure en place pour débuter l'année de formation aux apprenants; mais dès la fin octobre, on engage deux nouvelles formatrices pour répondre au besoin d'une nouvelle clientèle. Mmes Édith Ouellet et Sylvie Harvey sont du nombre. Le recrutement a porté fruit; deux groupes de personnes en déficience intellectuelle légère commencent leur programme d'insertion à la vie communautaire (PIVC). Ils reçoivent leur formation au Pavillon Wilbrod Dufour en soirée.
Le 22 janvier 87, Mmes Claire Lavoie et Denise Simard proposent leurs services. Ces deux excellentes éducatrices viennent ajouter de la qualité à une équipe déjà fort louable. Une augmentation de 50% plus d'heures de formation que l'an passé requiert d'autres formatrices.
Cette année-là, une nouvelle recrue s'installe à La CLÉ. Mme Annie Côté quitte son poste au secrétariat et entreprend une formation pour devenir enseignante. C'est ainsi qu'une perle est entrée en la personne de Mme Diane Laforest pour la remplacer. Elle prend part activement à la vie du Centre le 24 août 87, une tâche qu'elle ne quitte plus depuis. Personne ne s'en plaindra car elle se dévoue corps et âme à la cause de La CLÉ. Elle siège aussi comme secrétaire au conseil d'administration.
Deux éducatrices, Mmes Danielle Régnier et Colombe Thivierge, viennent enrichir l'équipe avec leur bagage de connaissances. L'ouvrage ne manque pas et les efforts non plus. Les besoins des apprenants sont de plus en plus nombreux. Des services de formation aux personnes dans les paroisses environnantes se sont ajoutés. Le personnel de La CLÉ compte maintenant treize membres.
En raccourci
En raccourci
Le projet présenté au gouvernement dans le cadre du Programme national d'alphabétisation est : d'identifier, de recruter et de sensibiliser la personne analphabète. Il est difficile de les motiver à s'inscrire à une activité de formation de base. Ils sont gênés. Il faut dédramatiser le fait d'être analphabète. C'est difficile aussi de les reconnaître dans leur milieu de travail. On cherche à rejoindre toute la population par une intense publicité dans les médias. Des dépliants et des affiches apparaissent partout dans les lieux les plus visibles. Quatorze municipalités qui pourraient être desservies par La CLÉ sont touchées par ce projet.
Les OVEP ayant des projets en concertation avec les commissions scolaires reçoivent des sommes du Secrétaire d'État du Canada. L'argent reçu du fédéral sert uniquement à financer le projet. Il ne peut servir à payer les formateurs ou le matériel de bureau par exemple. Les centres ALPHA sont regroupés sous le nom de : «Table de concertation en alphabétisation région 02».
Le CRCPNA, (Comité régional de concertation sur le programme national en alphabétisation), regroupe une personne pour chaque organisme et une autre pour chaque commission scolaire. M. Bergeron représente La CLÉ. Tout ce beau monde travaille activement à élaborer de nouveaux projets qui répondent au Programme national d'alphabétisation.
Après tous ces efforts, on obtient enfin quelques résultats; quatre nouveaux groupes sont formés. Deux nouvelles formatrices sont engagées. Mmes Sonia Gaudreault et Monique Labrecque viennent enrichir l'équipe de leurs talents.
Voici quelques statistiques retenues au début février 90 : 11 groupes à temps partiel, et 5 groupes à temps plein, dont 60 personnes inscrites au PIVC (Programme d'insertion à la vie communautaire).
En mai 90, un projet pour OVEP accepté par le ministère a pour objectif de monter une banque de documentation. On requiert les services de Mmes Esther Plourde et Monique Labrecque pour accomplir cette tâche. À chaque année, ce projet est reconduit.
L'Organisation des Nations Unies décrète que 90 sera l'année pour sensibiliser la planète entière au problème de l'analphabétisme. Rien n'est épargné pour atteindre le but visé. Des messages télévisés, des forums, des colloques, une émission du nom de «Graffiti» avec Louise Portai en vedette et, bien sûr, des activités avec les analphabètes et leurs intervenants.
Un colloque provincial se tient à Montréal avec tous les apprenants et leurs formateurs ce printemps-là. Il s'y déroule des activités pendant toute la fin de semaine. Les subventions permettaient ce long déplacement vers la grande ville à cette époque. Pour plusieurs ce fut une première.
À la suite d'un concours provincial auprès des personnes inscrites en formation, des posters et des gaminets furent dévoilés à cette occasion. Le dessin gagnant montrait un bonhomme allumette monté sur des échasses en forme de crayon.
La CLÉ organise entre autre un concours auprès de ses apprenants pour trouver un thème qui conviendrait bien à sa réalité. Une soixantaine de suggestions sont soumises au comité de sélection et celle de Mme Madeleine Potvin d'Alma est retenue. «Instruisons-nous, bâtissons notre avenir» un thème bien accrocheur. Une journée d'activités pour les participants s'ensuit.
La Société canadienne des Postes émet un timbre spécial pour marquer l'Année internationale de l'alphabétisation. Souvenons-nous : il s'agissait d'un oiseau en plein vol symbolisant la liberté avec des signes alphabétiques représentant plusieurs pays du monde.
En raccourci
M. Gérard Magella Fortin, agent de recherche, contacte toutes les entreprises de plus de 25 employés pour les sensibiliser aux problèmes de l'analphabétisme. Du matériel promotionnel a été conçu pour les sensibiliser. Elles sont difficiles à rejoindre parce que trop préoccupées par d'autres choses. Certains organismes de la province voulaient connaître nos informations recueillies à ce sujet. La CLÉ est vue comme un modèle.
Un colloque pour la région 02 s'est tenu à Jonquière à l'hôtel le Roussillon le 29 avril 92. Il avait comme thème : «Mets tes lunettes!» et se voulait une rencontre pour les entreprises de la région et les intervenants qui veulent lutter contre l'analphabétisme en milieu de travail. Les objectifs principaux étaient de sensibiliser les participants au vécu des analphabètes, de susciter leur implication dans le dépistage des personnes en besoin et de faire connaître les services offerts en alphabétisation. La journée s'est terminée sur une note d'optimisme. Chaque congressiste avait du pain sur la planche.
Une recherche conduite par Mme Aline Laforge est exécutée auprès des jeunes adultes entre 16 et 20 ans qui fréquentent La CLÉ. Il faut désormais s'adapter à cette nouvelle réalité et les consulter pour savoir ce qu'ils pensent de leur situation scolaire. On élabore de nouvelles avenues, on recherche des solutions simples et efficaces pour s'adapter à leurs besoins. Ils sont flattés voire même gênés de constater combien les intervenants se soucient de leur réussite. Ils s'aperçoivent qu'ils veulent les aider à se construire un avenir. Leurs compétences et leur appui sont fort appréciés par ces jeunes adultes qui ont décroché de l'école traditionnelle.
À savoir : selon l'enquête de Statistiques Canada, les jeunes cessent de fréquenter cette école parce qu'ils s'y ennuient.
Dans la première moitié de l'année, 114 personnes se sont inscrites à temps complet et 96 à temps partiel. On compte 62 apprenants qui ont abandonné leur formation.
Il s'est donné 9 252 heures de formation à temps complet et 2 032 heures à temps partiel pendant l'année.
En mai, une belle fête de fin d'année est célébrée sous le thème de : «La dernière cloche». Mme Jacynthe Bouchard, responsable de la vie étudiante, dirige le comité organisateur formé d'apprenants. À cette occasion, on décerna deux méritas aux étudiants les plus engagés dans leur formation. M Roger Fortin et Mme Manon Gagné sont élus par leurs pairs.
À cette même fête, une pièce de théâtre composée à partir d'un fait vécu par Mme Rose Diallo est jouée par les apprenants. Mme Claire Lavoie, leur formatrice, en a fait le scénario et elle est secondée par Mme Guylaine Plourde, stagiaire, pour la mise en scène. On lui donna le titre de : «La fabuleuse histoire de Rose». Ce fut le couronnement d'une année très réussie!
La CLE déménage au centre le Maillon en juin. Elle est située au 775, boulevard St-Luc à Aima où elle partage les locaux avec le Service de l'éducation aux adultes (SEA). Tout le monde est heureux de se retrouver dans cet environnement plus spacieux.
Suite à la recherche «Avènement des jeunes 16-18 ans en alphabétisation», le Centre est maintenant en mesure d'offrir un service spécifique à cette clientèle. Du nouveau matériel didactique est acheté. On met tout en œuvre pour les impliquer dans leur programme de formation. Ils sont mieux encadrés pour prévenir le décrochage. Ils font partie d'un groupe du même âge et participent à des activités sportives, scientifiques, sociales ou communautaires qui rehaussent leur motivation. Ils apprécient des formatrices dynamiques qui les aident à préciser un choix de formation pour bâtir leur avenir. Pour la plupart, l'objectif évident, c'est d'accéder au secondaire le plus rapidement possible.
En continuité avec le précédent projet, une recherche appelée : «Identification des causes de départ et d'abandon au programme d'alphabétisation», s'est effectuée auprès des adultes inscrits en 91-92. C'est dans le cadre des Initiatives fédérales-provinciales conjointes en matière d'alphabétisation (IFPCA) que Mme Christiane Boivin, agente de recherche, a réalisé ce projet sous la supervision de M. Paul Bergeron et de Mme Jacynthe Bouchard. Un trop court résumé ici nous apprendra l'essentiel. Il en est ressorti que pour les groupes à temps plein à Aima, c'est le retour au travail qui demeure la raison la plus fréquente de départ (33%). Pour 36% des moins de 20 ans, la cause est la même. Pour des raisons d'ordre personnelle, 29% ont abandonné. Il en résulte également que le manque d'allocation gouvernementale ne les aide pas à poursuivre leurs cours. C'est pourquoi les hommes surtout retournent sur le marché du travail. Pour contrer les départs de plusieurs, on allège les horaires en les répartissant sur quatre jours au lieu de cinq, on offre des cours du soir où ils peuvent poursuivre à temps partiel. Toutes les voies sont expérimentées.
En 92-93, les jeunes ont été regroupés. On remarque qu'il y a moins d'abandon et qu'ils passent plus rapidement à la formation générale (au secondaire).
Quelques statistiques entre septembre 92 et janvier 93 nous apprennent que :
Au centre La CLÉ, on veut que l'alphabétisation soit un projet de société. Pour cela, il faut constamment revenir à la sensibilisation auprès de la population et des partenaires socio- économiques et scolaires. Il reste encore bien des pas à faire pour gagner la course et La CLÉ est en avant du peloton. L'entraîneur de l'équipe, M. Paul Bergeron, encourage les intervenants avec énergie. Quant à Mme Jacynthe Bouchard, elle stimule les apprenants par une animation enrichissante de la vie étudiante et les formatrices mettent tout en œuvre pour garder leurs aspirants. Elles sont dynamiques, plus proches d'eux. Elles les rencontrent personnellement et régulièrement pour évaluer leur motivation et leurs progrès.
Mme Claire Lavoie a dû quitter à regret ses apprenants pour raison de santé. Une terrible maladie la retient à la maison. Tous sont attristés par son départ et on la regrette encore.
Dix années ont passé, il est temps de faire un petit retour en arrière pour savoir ce que sont devenus les apprenants de La CLÉ. Certains avaient abandonné leur formation et d'autres l'avaient terminée. On présente ce projet d'enquête au Ministère de l'Éducation et on confie cette recherche à Mme Hélène Girard, formatrice. Étant déjà retenue comme agente de développement et de recrutement, elle profite de cette enquête pour inviter les anciens à revenir poursuivre leur formation. Six ex-apprenants sont revenus. Elle a rejoint par téléphone 550 personnes sur 838, soient les 2/3. Parmi celles-ci, trois sont graduées de l'université et trois ont obtenu leur diplôme collégial. D'autres ont terminé un secondaire V. Cinquante-deux apprenants sont encore aux études à temps plein et six à temps partiel. Le bilan est positif, les services offerts par La CLÉ et la Commission scolaire du Lac-St-Jean ont été profitables à plusieurs personnes en alphabétisation.
Depuis quelques années, le Centre présente au MEQ dans le cadre des programmes IFPCA des projets en partenariat avec les autres organismes d'alphabétisation et les commissions scolaires de la région 02. Il s'agit des commissions scolaires suivantes : La CS Chapais-Chibougamau, la CS de Chicoutimi, la CS de La Jonquière, la CS Lac-St-Jean et le SEA Louis-Hémon. Une quinzaine d'organismes (OVEP) sont rattachés à leur commission scolaire respective. Le regroupement a pour nom : «Table régionale Alpha 02». Cette année encore, l'objectif c'est de sensibiliser la population et les différents intervenants socio-économiques et scolaires aux besoins des personnes analphabètes. Finalement, on utilise tous les moyens pour rejoindre le grand public. Une recherche intitulée : «Que sont devenus les apprenants qui ont fréquenté La CLÉ?» poursuit l'autre objectif. Celle-ci est décrite précédemment.
M. Guy Aubin, directeur à l'Éducation des adultes, prend sa retraite. Son engagement pour La CLÉ est digne de mention. C'est M. Réal Tremblay qui le remplace. Il devient administrateur au CA également.
À chaque début d'année le recrutement de nouveaux apprenants demeure une tâche ardue. De session en session, la clientèle diminue et les dernières arrivées comme formatrices se retrouvent sans emploi. Au moins quatre personnes sont touchées par cette diminution. Quelques formatrices restent sur la liste de rappel comme suppléantes occasionnelles et sont au chômage en attendant que ça reprenne. D'autres se dénichent un nouveau travail dans l'enseignement au régulier et une formatrice est partie pour travailler au Saguenay. Désormais, les groupes sont formés de treize apprenants en moyenne, ce qui nécessite moins de formatrices. Certaines conservent leur poste avec une diminution d'heures d'enseignement.
En raccourci
Le Programme de soutien à l'alphabétisation populaire autonome (PSAPA) a pour objectif principal pour les trois prochaines années d'amener les adultes analphabètes à augmenter leurs capacités fonctionnelles, par l'acquisition d'habiletés en lecture, en écriture et en calcul, et, éventuellement, à poursuivre leurs études.
L'organisme La CLÉ doit faire un plan triennal de son projet d'intervention éducative. La création d'ateliers de formation en alphabétisation sera son activité primordiale.
La CLE doit répondre de sa gestion auprès du ministère de l'Éducation. Bien que la demande de subvention soit acceptée, il exige quelques précisions sur l'entente prise avec la commission scolaire. On craint que M. Paul Bergeron coordonnâtes de l'OVEP et président du conseil d'administration, soit potentiellement en conflit d'intérêt dû à cette double fonction. Il serait préférable que le Centre soit coordonné et par deux personnes différentes. M. Bergeron laisse son poste à la coordination et poursuit à la présidence. Tout en demeurant à l'Éducation aux adultes, il accompagne Mme Hélène Girard dans ses nouvelles tâches. Elle est nommée coordonnatrice le 18 novembre. Elle doit prendre connaissance de tous les dossiers concernant La CLÉ et recruter une toute nouvelle clientèle. Mme Colombe Thivierge l'assiste dans le recrutement. Celle-ci travaille également à la formation de nouveaux groupes en APO (application pédagogique à l'ordinateur).
Une nouvelle entente avec la commission scolaire est nécessaire. Un protocole est signé au printemps. Les locaux sont encore prêtés à La CLÉ, le matériel didactique toujours partagé, ainsi que le parc informatique avec ses 21 ordinateurs, mais les
groupes d'apprenants sont dissociés. Les formatrices ne seront plus payées par la CS. Le recrutement a donné de bons résultats. Dès janvier 97, des groupes OVEP sont ouverts dans les paroisses. Mme Noëlla Gilbert est engagée comme formatrice auprès de quatre groupes de personnes âgées.
Mmes Josée Paradis et Normande Audet sont engagées au recrutement et à la sensibilisation. Ce projet IFPCA a permis d'augmenter la clientèle à La CLÉ.
En juin, la ministre de l'Éducation Mme Pauline Marois annonce son plan d'action. Les priorités ministérielles sont : la lutte contre l'analphabétisme, toujours le même cheval de bataille, et la diversification des lieux de formation. Les OVEP doivent exercer leur autonomie en déterminant librement leur mission, leurs orientations, leurs objectifs, leurs pratiques ainsi que leurs règles et normes de régie interne.
Le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ) et la Direction de la formation générale des adultes du MEQ travaillent conjointement à l'amélioration de leurs services aux apprenants. Le ministère visite tous les centres d'alphabétisation de la région afin de constater sur place leur fonctionnement.
En raccourci
Une année mémorable
Le Programme de soutien aux organismes d'alphabétisation populaire autonome (PSAPA) entre dans un deuxième plan triennal pour les années 1998 à 2001. La CLÉ doit s'ajuster aux exigences du Ministère pour être acceptée dans son plan triennal, ce qui l'obligera à prendre des distances de sa partenaire la Commission scolaire du Lac-St-Jean si elle souhaite profiter de la subvention du MEQ. D'ailleurs, le Ministère suspend sa contribution et demande une rencontre de ses représentants avec les membres de La CLÉ. Les cours offerts par le Centre sont interrompus à partir du 5 octobre 98 jusqu'à nouvel ordre. On fait une enquête pour connaître le fonctionnement de l'organisme, son lien existant avec la CS, l'utilisation de la subvention reçue en 97-98. On veut aussi revoir ses objectifs et sa mission, et connaître la clientèle desservie.
La tension est extrême, la «grosse visite» arrive le 13 octobre 98. M. Paul Bergeron, président du CA, Mmes Denise Simard, coordonnatrice, et Diane Laforest, secrétaire, reçoivent Mmes Diane Mockle et Michèle Collard, responsables de l'alphabétisation populaire ainsi qu'un comptable. Les représentants du Ministère, satisfaits de leur rencontre, retournent à leur bureau. Les résultats de l'étude du dossier de La CLÉ sont positifs. Soulagement des membres de La CLÉ, la subvention sera accordée mais à certaines conditions. Le Centre doit être un groupe populaire autonome et démontrer qu'il n'est plus rattaché à la CS. Le conseil d'administration prend l'avertissement très sérieusement et trouve de nouveaux locaux dans la bâtisse des syndicats nationaux située au cœur de la ville d'Alma, au 20 de la rue St-Joseph. Le déménagement de tout le matériel se fait dès le début janvier 99. Pas de complication dans le partage des biens entre les deux partenaires mais déchirement dans le cœur du personnel; l'équipe se scinde en deux. Il ne reste plus que quatre personnes, soit la nouvelle coordonnatrice, Mme Colombe Thivierge, les formatrices, Mmes Noëlla Gilbert et Denise Simard ainsi que la secrétaire, Mme Diane Laforest.
Entre-temps, Mme Denise Simard a dû laisser son poste de coordonnatrice en novembre 98 pour raison de santé. Mme Colombe Thivierge lui succède le 8 décembre. Après avoir pris connaissance de tous les dossiers et des enjeux que demande la restructuration de la nouvelle CLÉ, Mme Thivierge accepte de relever le défi, soit réorienter l'organisme en accord avec les exigences du Ministère. Supportée par le personnel et les membres du conseil d'administration, Mme Thivierge se met vaillamment à la tâche. Sa détermination et son courage seront des atouts précieux pour la survie de l'organisme.
En raccourci
A chaque début de session, des kiosques d'information se tiennent dans les centres d'achat. Cette activité permet d'atteindre le principal objectif du projet IFPCA : améliorer la visibilité et l'accessibilité à nos nouveaux ateliers de formation et recruter de nouveaux apprenants. L'autre objectif vise la prévention. Un outil efficace de lutte contre l'analphabétisme fut le programme «Éveil à la lecture et à l'écriture». Cet atelier s'adresse aux parents et grands-parents d'enfants de 0 à 5 ans, ainsi qu'aux gardiennes en milieu familial. Trois sessions de dix heures données par Mme Lucille Pedneault furent couronnées de succès.
Les nouveaux ateliers préparés au printemps s'offrent aux apprenants du Centre. Il s'agit de lecture et d'écriture, de généalogie et d'histoire régionale, d'initiation à l'informatique et à l'Internet, de l'apprentissage du français par ordinateur, d'initiation au théâtre, sans oublier la gymnastique intellectuelle pour les personnes âgées ou retraitées dans trois paroisses et dans deux organismes communautaires.
La subvention du PSAPA permet le branchement à Internet avec le serveur Digicom Technologies.
La CLÉ reçoit une subvention du programme d'aide aux organismes «Volnet» du gouvernement fédéral. Cet argent permet de la formation Internet au personnel enseignant ainsi qu'une participation à l'achat d'un ordinateur.
De jeunes apprenants du Burkina Faso se sont inscrits en informatique dans le cadre de «Jeunesse Canada monde».
La CLÉ s'est mérité une mention honorable pour sa participation au programme «Jeunes stagiaires» du Développement des ressources humaines Canada. Une subvention accordée par «Carrefour jeunesse-emploi (La Bivoie)» a permis d'engager une formatrice stagiaire : Mme Nadia Bergeron. Elle se charge du volet théâtre, un atelier de formation très apprécié des participants. Elle s'occupe également d'initiation à l'informatique.
En raccourci
En septembre, du nouveau personnel est requis. Mme Johanne Bouchard est engagée comme formatrice en initiation au théâtre et Mme Louise Lavoie vient épauler Mme Noëlla Gilbert en initiation à l'informatique et à l'Internet. La clientèle, très intéressée aux ateliers d'informatique, augmente rapidement. Le programme «Volnet» du gouvernement fédéral assure de la formation Internet aux Organismes sans but lucratif (OSBL) qui désirent utiliser cette nouvelle technologie en communication. Plusieurs organismes ont bénéficié des services du Centre.
En raccourci
Le ministre d'état à l'Éducation, M. François Legault, annonce en juin une augmentation au budget PSAPA de 1,2 million. M. Gilles Simard, président du CA, apprend dans une lettre qui lui est adressée que La CLÉ recevra une majoration récurrente. Cette augmentation est grandement appréciée par le Centre.
Le projet «Économie sociale» du C.L.D (Centre local de développement) en partenariat avec la Caisse Populaire Desjardins d'Alma, alloue un montant substantiel à La CLÉ. Ceci permet pendant l'été, d'agrandir la salle des ordinateurs. Elle peut maintenant contenir une dizaine d'appareils.
Plusieurs autres partenaires du milieu apportent un appui financier. On reçoit du comté de M. Jacques Brassard, ministre des ressources naturelles, un financement important pour soutenir le projet de développement de l'organisme.
Le Ministère de la culture et des communications accorde une aide monétaire pour renouveler le projet «Patrimoine familial» en partenariat avec la Société d'histoire du Lac-St-Jean et l'A.F.E.A.S St-Pierre d'Alma.
Le Centre de bénévolat du Lac à Alma alloue un montant à La CLÉ. Mme Johanne Bouchard anime des rencontres en personnifiant Églantine. Cette vieille dame quelque peu espiègle divertit les aînés.
Le Conseil régional de prévention de l'abandon scolaire (C.R.É.P.A.S.) contribue financièrement au programme «Éveil à la lecture et à l'écriture».
Abitibi Consolidated Inc. et le club Rotary ont également donné de l'argent pour aider aux finances de l'organisme.
En septembre, M. Hans Blackburn, formateur, revient enseigner grâce à une subvention salariale du Centre Local d'Emploi. Mme Élène Maltais, formatrice, revient elle aussi, bénéficiant d'un projet de la Direction des ressources humaines Canada : «Jeunes diplômés» et de Carrefour jeunesse-emploi du Lac-St-Jean Est (La Bivoie).
Mme Colombe Thivierge souhaite prendre sa retraite. Mme Lucie Harvey se prépare à prendre la relève à la coordination. Mme Thivierge l'initie à ses futures fonctions et pourra lui céder son poste le cœur léger. Mission accomplie! Elle a droit à toute notre admiration et à un repos bien mérité. Elle siège encore au CA comme administratrice. C'est lors de la réunion du CA le 26 novembre que Mme Lucie Harvey reçoit le titre de coordonnatrice de La CLÉ. Elle a œuvré plusieurs années à la TROC (Table régionale des organismes communautaires) comme coordonnatrice pendant huit ans. Sa précieuse expérience est un atout rare pour tenir les rênes du Centre.
Désormais, La CLÉ travaille à consolider ses relations en concertation avec les organismes du milieu. Elle poursuit sa participation active à la Table multi-sectorielle des organismes communautaires en développement social, maintenant appelée la Corporation de développement communautaire (CDC). Elle s'est jointe aussi aux tables locales : Jeunesse, Familles, Aînés du Lac St-Jean Est. Elle participe également à l'organisation de la Journée de la femme en tant que membre d'un collectif du 8 mars. Ces initiatives permettent à La CLÉ de se faire connaître auprès du public et lui a même apporté l'avantage de rencontrer le premier Ministre M. Bernard Landry avec cinq autres organismes œuvrant auprès des familles.
Des liens plus étroits s'établissent entre les centres Alpha de la région. Ceci permet de mieux cerner les enjeux communautaires et de se donner des moyens d'améliorer les activités de sensibilisation.
La CLÉ était déjà membre de deux organismes nationaux depuis quelques années : la Fondation québécoise de l'alphabétisation (FQA) et le Centre de documentation sur l'éducation des adultes et la condition féminine (CDÉACF). Depuis deux ans elle s'est joint à (MÉPAC) Mouvement d'éducation populaire et d'action communautaire Saguenay-Lac-St-Jean Est.
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Cette dernière année fut une année pleine de rebondissements. Les activités au Centre n'ont pas manqué et personne n'a chômé. Quelques apprenants ont vécu des expériences captivantes. Deux dames en cours de formation ont fait le lancement de leur livre lors de la journée mondiale du livre en avril dernier. Il s'agit de Mme Thérèse Albert auteure d'un roman policier et de Mme Nicole Fortin auteure d'un recueil de poèmes. La collaboration de la Caisse Populaire Desjardins d'Alma a permis l'impression d'une centaine d'exemplaires. On avait choisi un thème bien approprié : «Lire et écrire... moi aussi». Encore une fois, les étudiants ont gagné au concours de la journée mondiale et reçoivent un livre.
Une autre activité a fait vivre de fortes émotions aux apprenants en initiation au théâtre et au personnel de La CLÉ. Ils ont participé à l'émission «Objectif Emploi» à la télévision de Radio-Canada. Un court reportage présentait des témoignages d'apprenantes, des entrevues avec des intervenantes de La CLÉ et des extraits d'activité théâtrale.
Le programme IFPCA accepte le projet de La CLÉ dont l'objectif principal est la création d'un site Web régional. Celui-ci permettra une plus grande visibilité des services offerts à toute la population en plus d'augmenter la concertation entre les organismes qui ont à cœur la cause de l'alphabétisation. En effet, grâce à la participation des douze autres centres Alpha de la région 02, le site Internet dont l'adresse est www.abc02.org, affiche une page d'accueil avec des liens qui nous amènent à chacun d'eux. L'entreprise Kénoweb du Lac Kénogami s'est chargé du montage.
L'autre objectif du projet accordé par l'IFPCA est la célébration du 20ième anniversaire de l'existence de La CLÉ, lors d'un gala retrouvailles le 4 octobre 2003. On profitera de cette rencontre pour lancer le site Web et le livre d'histoire du Centre depuis sa fondation.
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Le PSAPA a fait place à un nouveau programme : Le PACTE (Programme d'action communautaire sur le terrain de l'éducation). En mai, le Centre s'est inscrit au PACTE dans un plan triennal. Ainsi, il pourra continuer sa mission tout en étant subventionné.
Ce programme vise à soutenir tous les organismes d'action communautaire autonome dont la mission principale se situe dans les secteurs d'intervention du ministère de l'Éducation, qui offrent des services alternatifs à ceux déjà offerts dans le réseau formel et qui visent à répondre à des besoins spécifiques. Sous réserve des disponibilités financières du Ministère, ce programme vise à :
Au terme de cette belle histoire, remplie de personnages passionnés et d'événements hauts en couleur, nous restons sur notre appétit. Mais attendons la suite...
Comme ce petit voilier apparaissant au bas de ces pages, La CLÉ vogue allègrement vers d'autres rives. Poussée par le vent de ses succès et l'expérience de son équipage, elle travaille avec entrain à poursuivre sa mission d'éducatrice dans son milieu. Surveillons ses progrès et encourageons-la dans ses nouveaux défis.
Raconter les principaux événements qu'a vécus La CLÉ fut pour moi une expérience enrichissante. Je n'ai jamais regretté d'avoir accepté cette responsabilité, au contraire, on m'a fait l'honneur de me confier la tâche et je savais que tous m'accorderaient leur soutien. Je tiens à remercier du fond du cœur toutes les personnes qui se sont impliquées dans mon aventure.
Je n'ai pu relater tout ce qui s'est passé et j'ai probablement oublié des faits importants faute de sources. Il se peut aussi que j'aie oublié de nommer certaines personnes et j'espère qu'elles me le pardonneront.
La CLÉ évolue vers un avenir prometteur, et c'est grâce à toutes les personnes qui ont cru en sa mission. Fêter ses 20 ans sera immortalisé dans nos cœurs.
Noëlla Gilbert
Les membres du Conseil d'administration de La CLÉ, depuis ses débuts,
Le conseil administratif actuel
Notre histoire... Compter, lire, écrire
Recherche et textes
Noëlla Gilbert
Relecture
Lucie Harvey Diane Laforest Denise Simard
Collaboration
Paul Bergeron Jacynthe Bouchard Colombe Thivierge
Graphisme
Kénoweb du Lac Kénogami
Mise en page
Imprimerie GR Alma
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