Alpha et tradition orale
la MRC des Etchemins
Dans ce document, vous trouverez 13 histoires tirées de la tradition orale de la MRC des Etchemins. Chacune des histoires est suivie d'exercices d'apprentissage qui s'adressent à des apprenants adultes de niveau 1 et 2 en français de base.
Nous avons inclus, à la fin du document, un lexique donnant le sens de certaines expressions et mots tirés de la langue orale et familière. Ceux-ci, utilisés dans les textes, ont été écrits en caractères gras.
Groupe alpha des Etchemins
1999
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MRC : Municipalité Régionale de Comté
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La vie a commencé à St-Abdon. Le premier aventurier, amant de la nature, fut Nazaire Pouliot. Il partit de St-Anselme de Dorchester. Il arriva avec un compagnon, Théodore Dutil, natif aussi du même village. Nazaire, mon grand-père, est arrivé en canot en 1862. Il remonta la rivière Etchemin en empruntant le bras de la Petite Etchemin dans le canton de Ware. Par la suite, sont arrivés deux frères Bisson, deux frères Vachon, deux frères Goupil et un dénommé Loubier. Ce sont ces gens qui ont défriché et abattu cette forêt vierge. Ils ont trouvé un sol pierreux et peu fertile couronné de deux grands rochers appelés "Les Mornes".
Ce coin pittoresque du canton de Ware se développa très vite. Il possédait sa commission scolaire, la ligne téléphonique, une fromagerie, deux moulins à scie et deux commerces. En 1904, le ministère des Postes d'Ottawa donna un permis afin d'ouvrir un bureau de poste.
Les gens de St-Abdon étaient enfin prêts pour fonder leur paroisse. En accord avec le curé de Ste-Germaine, monsieur Lauzé, la demande fut adressée à l'archevêque de Québec. Le projet fut accepté et un décret signé en leur faveur.
Mais, voilà que des gens de St-Damien et de St-Lazare s'installèrent dans les rangs 6, 7, 8 et 9 du canton de Standon. Ceux-ci demandèrent aussi une église. Cet événement créa beaucoup d'embarras et des pourparlers orageux. Mgr Paul-Eugène Roy suggéra aux gens d'établir une entente pour les deux cantons. Il dut, pour accommoder tout le monde et clore cette chicane de clocher, trouver le centre de la paroisse, soit le lot 23.
Le vicaire Victor Rochette de Ste-Germaine, curé fondateur de la nouvelle paroisse désignée sous le patronage de St-Abdon, n'aimait pas le nom de St-Abdon et trouva toutes sortes de raisons pour le changer.
C'est alors que Luc Gilbert, natif de Portneuf tout comme le curé Rochette, remit une somme importante pour la construction de la bâtisse qui logerait la chapelle et le presbytère. Ceci flatta le curé à tel point, qu'il donna à la nouvelle paroisse le nom de St-Luc en l'honneur de Luc Gilbert.
En 1912, les gens de St-Luc déménagèrent la fromagerie chez eux. La chapelle-presbytère fut construite en 1917. Les registres, actes de naissance, mariages et sépultures furent désormais tenus à St-Luc. La fusion eut lieu le 9 octobre 1919. Vingt-quatre familles habitaient St-Abdon et, après cette fusion, déçus de cette décision des autorités, plusieurs quittèrent pour aller bâtir en Abitibi. Ceux qui restèrent, continuèrent de faire leurs achats à Ste-Germaine. Ils passaient par le 40 Arpents qui était autrefois un petit sentier, mais le seul chemin accessible pour tout le monde. Les gens de St-Luc ont tenu leur premier conseil municipal en 1921. Ils ont élu le 1er maire, Michel Larochelle de St-Damien, en 1921. Ce fut ensuite Octave Roy de St-Abdon (1926-1936).
St-Abdon continua à se développer. Entre autres, il y eut en 1925, la construction de l'église qui fut incendiée en 1936, puis reconstruite en pierres des champs. Deux écoles de 30 et 34 élèves de la première à la septième année furent bâties. Il y avait également une classe dans une maison privée située dans un rang. On érigea aussi un couvent et un collège qui ont servi jusqu'à la fusion de la Commission scolaire de St-Abdon et celle de Dijon, en 1965.
La plupart des habitants de St-Luc ont possédé leur terre afin d'assurer la survie de leur famille. Il n'y a pas eu de gros cultivateurs, car le sol était pauvre et difficile à cultiver. Autrefois, il y avait plusieurs moulins à scie. Aujourd'hui, c'est une toute autre vie.
La forêt est la richesse principale de St-Luc : une grande superficie de terre boisée de toutes les essences. Nous possédons de magnifiques montagnes aux couleurs féeriques. Je crois que nous avons tout pour vivre heureux sans envier les autres municipalités.
Mariette Pouliot Vachon
Saint-Luc
Français
1. Questions sur le texte :a) En quelle année St-Abdon reçut-il son permis du ministère des Postes? _____________________
b) Quel était le nom du 1er maire de St-Luc? _____________________
c) Quel était le nom du premier aventurier qui arriva à St-Luc? _____________________
d) Où déménagèrent les gens qui furent déçus de la décision des autorités? _____________________
e) Quelle est la richesse principale de St-Luc? _____________________
f) Quel était le seul chemin existant pour se rendre à Ste-Germaine? _____________________
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Géographie
5. En vous référant à la carte de la MRC des Etchemins. trouvez :
a) Quel village est construit au nord de St-Luc? _____________________
b) Quels villages sont situés à l'est de St-Luc? _____________________
c) Quel village est situé au sud de St-Luc? _____________________
Calcul
6. a) Nazaire Pouliot est arrivé en canot en 1862. Il y a combien d'années de cela? _____________________Amusons-nous
7. À l'aide du tableau suivant, décodez le message[Voir l'image pleine grandeur]
Plusieurs personnes se demandent pourquoi la croix du chemin n'est pas située exactement aux quatre chemins à Ste-Germaine-du-Lac-Etchemin, comme c'est le cas habituellement. Cette croix est plantée sur un terrain avoisinant, à environ trois acres des quatre chemins. On raconte, qu'à cet endroit, il y avait une maison hantée et que la croix du Seigneur fut placée là pour protéger les gens.
Mon arrière-grand-père, un homme pas farouche, pesant 250 livres, était réputé pour n'avoir peur de rien et ne croyait surtout pas aux revenants. Un soir, il alla veiller chez un de ses amis, monsieur Cadoret, et revint à pied à la noirceur. Lorsqu'il entra chez lui, sa femme remarqua qu'il était blanc comme un drap, lui qui n'avait pas l'habitude d'être pâle. Alors qu'elle le questionnait, il lui raconta qu'en passant devant la maison voisine, une énorme roche était soudainement tombée à ses pieds. Il lui dit : «Je n'y croyais pas, mais il y a sûrement quelque chose là.»
Cette histoire se répandit et on disait en plus, que la nuit, ceux qui passaient devant la maison entendaient des bruits de chaînes. Deux hommes fanfarons, Louis Allaire et Louis Gagnon, firent le pari d'aller coucher une nuit dans la maison. Ils se couchèrent au premier et, au beau milieu de la nuit, ils entendirent gratter au deuxième étage. Sur le coup, ils restèrent figés sur place puis, Louis Allaire cria : «Sacré chien, gratte donc un peu plus fort!»
Alors, il y eut un grand bruit, comme si toutes les planches du deuxième étage s'étaient déplacées d'un côté à l'autre de la pièce. Les deux compères s'enfuirent sans insister. Évidemment, plus personne n'osa aller coucher dans cette maison.
Quelques années plus tard, on défit la maison pour récupérer le bois qui était encore bon. C'était une maison construite pièce sur pièce, comme on les faisait autrefois. Le jour, on empilait le bois sur le côté de la maison. Le lendemain matin, on retrouvait toutes les pièces de bois éparpillées. Des gens ont surveillé pour voir si un ou plusieurs malfaisants n'allaient pas déplacer les pièces de bois pendant la nuit. On ne vit jamais personne.
Lorsqu'on arriva à la cave, on y retrouva des ossements humains de la taille de ceux d'un enfant. Après qu'on eut enlevé ces ossements, les phénomènes mystérieux cessèrent brusquement.
On raconte que l'ancien propriétaire de la maison buvait beaucoup trop et s'en prenait souvent à sa femme et à ses enfants. En ces temps-là, on n'appelait pas la police, tout s'arrangeait à l'amiable. Toute la famille étant partie depuis longtemps, on passa l'éponge et la vie continua.
À cet endroit, le terrain existe encore, mais aucune maison n'y est construite.
Henry McCaughry
Sainte-Germaine-du-Lac-Etchemin
Français
1. Questions sur le texte :
a) Qu'est-ce qui est tombé soudainement aux pieds de mon arrière-grand-père? _____________________
b) Qu'a-t-on retrouvé dans la cave de la maison? _____________________
c) Quels fanfarons firent le pari de coucher dans la maison? _____________________
d) Où est située la croix du chemin à Ste-Germaine? _____________________
e) Combien pesait mon arrière-grand-père? _____________________
f) Qu'entendaient les gens qui passaient devant la maison? _____________________
5. Mettez les noms au pluriel s'il y a lieu :
a) Il s'en prenait à sa femme et à ses enfant__.
b) On passa l'éponge__ et la vie continua.
c) Au milieu de la nuit__, ils entendirent gratter.
d) Mon arrière-grand-père ne croyait pas aux revenant__.
e) Toutes les planche__ du deuxième étage s'étaient déplacées.
f) Les deux compère__ s'enfuirent sans insister.
g) Plus personne n'osa aller coucher dans cette maison__.
h) Quelques année__ plus tard, on défît la maison pour récupérer le bois.
i) En ces temps-là, on n'appelait pas la police__.
Géographie
6. Sur la carte de la MRC des Etchemins :
a) Quelle ville se trouve dans la même case que Ste-Germaine? _____________________
b) Quelles municipalités sont à l'est de Ste-Germaine? _____________________
c) Quel lac retrouve-t-on dans cette ville? _____________________
d) Quelle municipalité est située au nord de Ste-Germaine? _____________________
Amusons-nous
7. Remplacez chaque lettre par celle qui la suit dans l'alphabet pour découvrir les mots suivants :[Voir l'image pleine grandeur]
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J'avais à peine sept ans et, contrairement aux petits gars de mon âge, j'adorais l'école. En fait, j'étais toujours le premier de classe. J'avais ainsi la chance d'être récompensé par des points, car ce système était déjà utilisé dans ce temps-là. Bref, j'avais beaucoup de facilité à apprendre.
C'est alors qu'un cousin et ami de mon père se présenta chez-nous. Contrairement à mes parents, il était riche après avoir trouvé de l'or au Colorado. Il était célibataire et ne savait que faire de son argent. II proposa à mes parents de payer toutes mes études. Il considérait que les études étaient très importantes, car il trouvait que les dirigeants québécois manquaient d'instruction. Il aurait apprécié que je devienne l'un de ces hommes. Malheureusement, mes parents ont refusé cette offre, car à cette époque, l'aîné de la famille devait cesser l'école pour travailler sur la terre familiale.
Donc, on me retira de l'école à l'âge de dix ans. Ceci me blessa énormément. Je me suis révolté intérieurement et j'ai cessé complètement de lire et d'écrire. En fait, je jurai sur mon âme d'enfant de ne plus lire et écrire de ma vie. Évidemment, tout ceci se passa sans que mes parents ne soient au courant.
Après quelques années de travail sur la ferme, je me retrouvai dans les chantiers. J'avais alors 14 ans. Avant de quitter la maison, je dis à ma mère que je ne pourrais lui écrire puisque je ne le savais plus. Le temps passait et n'arrangeait rien. Par envie, je détestais le monde instruit et particulièrement le clergé. J'étais très malheureux. De plus, le milieu forestier n'avait rien d'éducatif. La plupart des gars de bois ne savaient ni lire ni écrire et utilisaient un langage vulgaire. Pour eux, la femme était un objet au service de la passion des hommes. Tout ceci me troublait énormément.
À l'âge de 18 ans, je me retrouvai sur un chantier au Lac St-Jean. Nous devions marcher 15 milles (24 kilomètres) dans les bois afin de se rendre au camp. Cette journée-là, nous attendions la visite d'un Jésuite. Tous avaient hâte de le voir, sauf moi. À son arrivée, il alla discuter avec les autres alors que j'essayais de me cacher. Avant de quitter, il se dirigea vers moi. Il remarqua que rien n'allait. Il s'assit près de moi et je tentai de le faire fuir en lui disant que j'avais des poux, mais ce fut peine perdue. Il me dit : «Je n'ai pas peur, car en arrivant chez-moi, je vais me laver et me débarrasser de ces poux. Toi, tu es pris avec ça tout l'hiver, alors ne t'en fais pas pour moi.» Notre discussion se poursuivit et je lui dis que je ne savais plus lire ni écrire et que j'en avais perdu le goût. J'étais également révolté de l'exploitation des riches envers les pauvres. Il me donna raison, proposa de me libérer de mes préjugés et de me sortir de cet état d'esprit. Il me dit que j'étais un grand homme. À ma grande surprise, il m'offrit de m'inscrire à des cours par correspondance. J'avais enfin la chance de réapprendre à lire et écrire gratuitement.
Ces cours, que j'ai dû combiner à mon travail, ont duré des années. J'ai étudié la doctrine sociale de l'église (les écritures des papes), la politique, l'économie et la sociologie. Un père enseignant m'était désigné et je devais le contacter par écrit au besoin. D'ailleurs, je lui écrivis à quelques reprises, car plusieurs mots et thèmes m'étaient inconnus. Tous ces efforts ont contribué à l'obtention de mes diplômes avec une note moyenne de 92% et très grande distinction.
Grâce à ces connaissances, j'ai gagné ma vie en donnant des cours et des conférences dans les domaines étudiés. J'ai toujours gardé un attachement profond pour les Jésuites et en particulier pour Alexandre Dugré, car c'est à lui que je dois mon instruction. Les Jésuites sont des êtres humanitaires, chaleureux et près des pauvres. Je n'oublierai jamais ce qu'ils ont fait pour moi.
Rolland Carbonneau
Sainte-Justine
Français
1. Vrai ou faux :
a) On me retira de l'école à l'âge de sept ans. ___
b) Un cousin de mon père avait trouvé de l'or en Ontario. ___
c) Je me retrouvai dans les chantiers à l'âge de 14 ans. ___
d) Je fis peur au Jésuite avec mes poux. ___
e) Je dois mon instruction à Alexandre Dugré. ___
f) J'ai travaillé dans les chantiers jusqu'à ma retraite. ___
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pere | cierge | étude | célibataire | âge |
après | grâce | Jésuite | près | être |
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Géographie
5. Cherchez les réponses sur la carte de la MRC des Etchemins :
a) Quelle rivière traverse le village de Ste-Justine? _____________________
b) Quels villages sont situés à l'ouest de Ste-Justine? _____________________
Amusons-nous
6. Remplacez chaque lettre par celle qui la précède dans l'alphabet :7. Charade :
Mon premier est un conifère : _____________________
Mon deuxième est un récipient : _____________________
Mon tout sert à étendre la peinture : _____________________
a) Éliminez tous les mots contenant le son "an".
b) Éliminez tous les noms d'animaux.
c) Éliminez tous les mots commençant par la lettre "d".
d) Éliminez tous les mots de sept lettres.
e) Éliminez tous les mots se terminant par les lettres "er".
ours | J'ai | aller | date | féminin | appris |
famille | dire | à | début | lier | ange |
révolté | zébu | premier | service | aigle | diplôme |
lire | aimer | Jésuite | blanc | dos | et |
France | brûler | chat | défi | écrire | ancre |
rêver | tigre | dormir | semer | tableau | panse |
Réponse : __________________________________________
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Pendant plusieurs années, mon mari, Raymond Loubier, fut très malade. Il était épuisé et présentait une forme de leucémie. Le médecin lui avait dit qu'à 50 ans, il ne marcherait plus. Il dut être hospitalisé. C'est alors qu'il fît promesse de se rendre à Ste-Anne-de-Beaupré à pied s'il guérissait et redevenait capable de travailler. Quelque temps après, sa santé s'améliora. En fait, il guérit sans aucun traitement et commença à travailler au moulin Joseph Audet.
Le 26 juillet 1962, je donnai naissance à une petite fille. Elle pesait à peine 3 livres et 7 onces et dut rester 4½ mois dans l'incubateur. Une fois à la maison, elle évolua normalement. Toutefois, lorsqu'elle atteignit l'âge de deux ans, tout bascula. Elle fit une grave crise d'épilepsie qui la laissa avec des lésions cérébrales. Elle fut hospitalisée, puis placée dans un centre pour enfants handicapés à Drummondville. C'est à cet endroit qu'elle décéda, le 9 mai 1964. À ce moment, j'étais enceinte et je dis à mon mari : «Il me faut un enfant en santé, sinon je le donne au Bon Dieu.»
Afin d'avoir un enfant en santé et de tenir sa promesse, mon mari partit pour Ste-Anne-de-Beaupré le vendredi 28 août 1964. Comme il avait juré de quêter pour ses dépenses de repas et de coucher, il débuta son aventure par une quête dans son village de Ste-Rose. Son premier arrêt se fit à Lac-Etchemin, chez ma sœur. Il dîna chez elle et quêta. Il repartit et se rendit à St-Léon-de-Standon pour le coucher. Le seul endroit trouvé pour dormir fut un hôtel où on lui fit un prix modique. Il rencontra des Américains qui se rendaient eux aussi à Ste-Anne. Ils lui offrirent le transport, mais Raymond refusa. Par contre, il leur demanda un peu d'argent. Ces gens généreux vidèrent leurs poches et permirent à mon mari d'avoir suffisamment d'argent pour manger durant tout le reste du voyage. Dans la même journée, il se rendit à Lévis et prit le traversier. À Québec, il téléphona à mon frère qui alla le chercher ce qui lui donna l'occasion de se laver, de manger et de profiter d'une bonne nuit de sommeil.
Le lendemain, mon neveu et son ami, n'ayant pas d'emploi, décidèrent de faire le reste du voyage avec lui. Raymond demanda à mon frère de le ramener au même endroit où il l'avait pris la veille. Les jeunes n'accompagnèrent pas Raymond très longtemps. À Château-Richer, ils abandonnèrent et prirent un taxi. Seul, Raymond se rendit à un dépanneur pour déjeuner. C'était fermé, mais le garçon qui lui répondit alla demander à sa mère s'il pouvait lui offrir des rôties. Elle accepta et en jasant ensemble, ils découvrirent qu'ils étaient cousins. Avant son départ, elle lui remit de l'argent. Il arriva donc à Ste-Anne-de-Beaupré, le dimanche à 12h15.
Suite à son téléphone, je partis avec mon frère et mes enfants pour aller le chercher. Lorsque je l'aperçus, je restai stupéfaite : il avait l'air d'un quêteux, était sale et avait la barbe longue. Il avait les pieds pleins de cloches d'eau. Durant le trajet, il avait dû s'acheter une deuxième paire de souliers. Habituellement, il chaussait du 8 et à la fin de son voyage, il portait du 11. J'étais sûre qu'il ne pourrait retourner travailler avant longtemps.
J'ai acheté de l'eau de Ste-Anne que j'ai fait bénir et je lui ai frictionné les pieds avant le coucher. Le lundi, il retourna travailler et amena un de nos fils avec lui pour l'aider, car il ne pouvait pas marcher. Le mercredi, il alla travailler sans aide et une semaine plus tard, ses pieds étaient complètement guéris. Suite à ce voyage, mon mari avait encore 20$ en poche. Il décida de les offrir à l'église afin de payer des messes.
Raymond travailla au moulin jusqu'à l'âge de 65 ans et continua à s'occuper de la ferme jusqu'à 75 ans. Et moi, je donnai naissance à une petite fille en pleine forme. En fait, ce fut ma seule grossesse menée à terme, soit un peu plus de neuf mois.
Thérèse Vachon Loubier
Sainte-Rose
Français
1. Questions sur le texte :
a) À quel endroit Raymond commença-t-il à travailler après sa guérison? _____________________
b) À quelle date Raymond partit-il pour Ste-Anne de Beaupré? _____________________
c) Quel est le nom du produit qui a guéri les pieds de Raymond? _____________________
d) Dans quelle ville les jeunes abandonnèrent-ils leur aventure? _____________________
e) Jusqu'à quel âge Raymond travailla-t-il sur la ferme? _____________________
f) À quel endroit décéda la petite fille de Raymond et Thérèse? _____________________
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Américains – travailla – arrêt – cloches – coucher – Ste-Anne.
Son premier __________________ se fit à Lac-Etchemin.
Il se rendit à St-Léon pour le __________________.
Il rencontra des __________________.
Il arriva à __________________ le dimanche midi.
Il avait les pieds pleins de __________________ d'eau.
Raymond __________________ au moulin jusqu'à l'âge de 65 ans.
occasion épilepsie traversier modique lésion promesse | modification d'un tissu, d'un organe qui fait le va-et-vient entre deux points fait de s'engager à le faire circonstance qui vient à propos crises violentes avec convulsions de faible valeur |
Calcul
6. a) La petite fille née le 26 juillet 1962 est décédée le 9 mai 1964. Combien de mois a-t-elle vécu? __________________
b) Depuis combien d'années la fillette est-elle décédée? __________________
c) Combien de mois se sont écoulés entre le décès de la petite fille et le départ de Raymond pour Ste-Anne? __________________
Géographie
7. a) Quelle municipalité est située au nord de Ste-Rose? __________________
b) Quelles municipalités sont situées au sud de Ste-Rose? __________________
c) Quelle rivière traverse la municipalité de Ste-Rose? __________________
Amusons-nous
8. Pour trouver le mot de sept lettres qui se cache dans le tableau, utilisez les indices suivants :C | S | B | T |
E | D | A | F |
G | J | O | N |
N | P | V | Q |
H | Y | E | K |
Lettre située entre le C et le B : ___
Lettre située au-dessus du F : ___
Lettre à gauche du D : ___
Lettre située entre le B et le O : ___
Lettre à droite du O : ___
Lettre en dessous du G : ___
Lettre située entre le Y et le K : ___
Réponse : __ __ __-__ __ __ __
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Jeannette était une de mes compagnes de classe à l'école # 3 de St-Camille. Orpheline très jeune, elle demeurait chez une tante qui avait déjà plusieurs enfants. La pauvreté régnait dans cette famille, mais aussi la charité, la solidarité et l'amour. Malgré cette atmosphère familiale chaleureuse, la petite Jeannette n'était pas toujours très sociable avec ses compagnes, à l'école.
C'était au printemps 1928, à la fonte des neiges. Les enfants, âgés d'environ 10 ans, devaient marcher jusqu'à l'église pendant trois semaines afin de se préparer à leur communion solennelle, c'est-à-dire leur «profession de foi». Jeannette, qui avait 10 ans, faisait partie de ce groupe.
Le midi, elle décida donc de faire ses adieux aux petites filles qui prenaient leur repas à l'école, puis elle partit avec sa cousine Alphonsine pour aller dîner chez sa tante. À mi-chemin, il y avait la petite rivière qui sortait de son lit et qui montait jusqu'à l'égalité de la route. Il y avait bien des garde-fous pour protéger les piétons, mais c'était fascinant de voir cette petite rivière en furie, alors qu'elle était si calme et poissonneuse en été.
Jeannette, n'écoutant que sa témérité, enleva ses mitaines et se coucha sous le garde-fou pour voir de plus près l'eau qui bouillonnait. Elle tendit la main pour toucher l'eau et glissa tête première dans ce tourbillon glacé, au grand désespoir de sa cousine.
Cette dernière courut chercher du secours. Il lui fallut un certain temps pour trouver des volontaires. Lorsqu'ils arrivèrent sur les lieux, Jeannette était disparue, emportée par la violence du courant. Plus tard, des hommes apportèrent un canot pour aller fouiller la rivière sous le pont.
Finalement, vers 16 :00 heures, cette chère petite fut sortie de l'eau. On l'enveloppa dans un drap sous le regard consterné de tous les écoliers.
Il y a environ 70 ans que ce triste événement s'est produit. Avec la modernisation des routes, la petite rivière est disparue... Mais, dans mes pensées, lorsque j'ai l'occasion de repasser à cet endroit, je revois ce petit corps inerte. Je revois Jeannette, nous faisant ses adieux pendant que son âme montait vers le ciel.
Jeanne Bégin Dallaire
Saint-Camille-de-Lellis.
Français
1. Questions sur le texte :
a) Chez qui demeurait Jeannette? __________________
b) Quel autre nom donne-t-on à la communion solennelle? __________________
c) Pourquoi la petite rivière est-elle disparue? __________________
d) Qui accompagnait Jeannette lors de cette tragédie? __________________
e) À quelle heure Jeannette fut-elle sortie de l'eau? __________________
f) Comment était la rivière en été? __________________
cela | reçu |
français | leçon |
garçon | ciment |
commerce | façade |
cimetière | violence |
[Voir l'image pleine grandeur]
5. Replacez les syllabes en ordre afin de former des mots :
leu - cha - se - reu : __________________
temps - prin : __________________
tai - mi - ne : __________________
ne - si - cou : __________________
corn - gne - pa : __________________
té - so - da - li - ri : __________________
vé - ne - é - ment : __________________
li - phe - or - ne : __________________
[Voir l'image pleine grandeur]
Géographie
7. Consultez la carte de la MRC des Etchemins :
a) Quelles municipalités se situent au sud de St-Camille? __________________
b) Quelles municipalités se situent à l'ouest de St-Camille? __________________
c) Quelle municipalité se situe à l'est de St-Camille? __________________
d) Quelle rivière traverse la municipalité de St-Camille? __________________
Calcul
8. Cette tragédie se passa en 1928 : Combien y a-t-il d'années de cela? __________________
Amusons-nous
9. Remplacez chaque lettre par celle qui la précède dans l'alphabet :[Voir l'image pleine grandeur]
Jour magnifique et ensoleillé que ce vingt-sept avril mil neuf cent trente-huit. La nature est d'un charme exceptionnel et déborde d'une nouvelle vie qui, à chaque printemps, nous fascine et nous rapproche de Celui qui en est l'auteur.
Tout repose paisiblement dans le coquet village de St-Magloire fièrement juché sur le haut d'une colline. Vers la fin de l'après-midi, à l'heure où les paysans s'apprêtent à faire la traite des vaches, des bruits inhabituels attirent l'attention : sons bruyants et continus des klaxons, tintements de cloches semblables à des glas, cris stridents et désespérés. Au feu! Au feu!
Au même instant, une fumée noire et dense sort du foyer d'incendie et traverse la rue pour aller se répandre dans tout le quartier avoisinant. Déjà, les flammes envahissent la bâtisse et atteignent le logement situé au-dessus du garage. C'est là, qu'un client imprudent vient d'allumer une cigarette, provoquant une explosion due à une émanation de gaz inflammable.
Dans un élan presqu'inoui, les secouristes pénètrent avec peine dans la cuisine où la jeune maman, torturée par la peur et l'angoisse, s'agrippe à ses libérateurs. Elle tient dans ses bras deux enfants en bas âge déjà étouffés par la fumée et les pleurs. Animés par une panique indescriptible, tous les voisins, surtout les plus proches, s'affairent à ramasser ce qu'ils ont de plus précieux en objets personnels et en souvenirs de famille, pour les confier à la garde de parents ou d'amis.
En même temps, des pompiers improvisés se portent volontaires, n'ayant à leur disposition qu'un équipement très rudimentaire : boyaux d'arrosage, seaux et chaudières...
Aucun système de lutte aux incendies n'existe dans la paroisse : pas de borne-fontaine ni de citerne recueillant l'eau de pluie. L'eau doit être puisée dans les rivières les plus proches et transportée dans les plus courts délais possible.
Des hommes sont occupés à sortir les meubles des maisons, d'autres arrosent les murs extérieurs. Certains protègent les fenêtres avec des couvertures imbibées d'eau. Toutes ces mesures sont destinées à retarder l'élément destructeur mais, malgré leur inlassable dévouement et leur travail acharné, aucun contrôle ne semble possible... Le feu continue son ravage infernal.
Les conditions de travail deviennent insupportables. La chaleur trop intense brûle le visage et les mains des travailleurs qui sentent leurs forces s'épuiser et leur courage diminuer.
Après six heures de lutte acharnée, voyant que toutes les ressources humaines ont été exploitées au maximum et que déjà sept résidences sont rasées, laissant sur le pavé leurs familles éplorées, le curé intervient. Il se place entre le brasier et la maison destinée à être la prochaine victime, l'asperge d'eau bénite et ordonne au feu de cesser. Il se recueille un long moment... Et, peu à peu, le calme après avoir apaisé le vent, fait place à la consternation.
Dans la nuit même, les familles éprouvées sont accueillies par les voisins ou les parents qui ont l'espace nécessaire pour se permettre une hospitalité d'aussi longue durée. À cette époque, la plupart des foyers étaient débordés d'une trâlée d'enfants et souvent même des grands-parents qui, selon la coutume, s'étaient donnés à leur garçon pour sécuriser leur vieillesse.
Dès le lendemain, un appel à la solidarité est lancé dans la paroisse. Les gens font preuve d'une générosité remarquable : des dons sous les formes les plus variées parviennent aux victimes, désemparées devant un dépouillement aussi cruel qu'inattendu.
Des corvées sont organisées pour le nettoyage des décombres et pour la reconstruction. C'est dans cet esprit d'entraide que la vie reprend son cours normal, sans toutefois réussir à faire oublier les horreurs de cette nuit qui restera gravée dans mes souvenirs d'enfance.
Berthe Garand Larochelle
Saint-Magloire
Français
1. Questions sur le texte :
a) Quel est l'équipement utilisé par les pompiers? __________________
b) Combien de résidences ont été rasées par le feu? __________________
c) Qu'est-ce qui a provoqué cet incendie? __________________
d) Par qui sont accueillies les familles éprouvées? __________________
e) Qui intervient en ordonnant au feu de cesser? __________________
f) À quel moment de la journée le feu a-t-il débuté? __________________
2. Combien de syllabes y a-t-il dans chaque mot :
jour ____
cloche ____
fumée ____
garage ____
coquet ____
époque ____
panique ____
couverture ____
équipement ____
désemparer ____
nécessaire ____
lendemain ____
3. Dans chaque rangée, entourez le mot contenant le son "an" :
violon | paysan | semaine |
équipement | village | panique |
colline | seau | désemparé |
attention | souvenir | klaxon |
boyau | ambulance | magnifique |
fontaine | flamme | ensoleillé |
transporter | bâtisse | hospitalité |
pompier | bruyant | victime |
eau | cloche | fièrement |
provoquant | curé | horreur |
explosion | semble | courage |
famille | solidarité | répandre |
4. Ajoutez les majuscules et les points aux bons endroits :
__a nature est d'un charme exceptionnel_
__ans un élan les secouristes pénètrent dans la cuisine__
__out repose paisiblement dans le village__
__es corvées sont organisées pour la reconstruction__
__près six heures de lutte, le curé intervient__
__lie tient dans ses bras deux enfants__
__ers la fin de l'après-midi, des bruits attirent l'attention__
__ertains protègent les fenêtres avec des couvertures__
Calcul
6. Depuis combien d'années, ce feu s'est-il manifesté? __________________Géographie
7. Consultez la carte de la MRC des Etchemins :
a) Quelle municipalité se situe au nord du territoire? __________________
b) Quels villages sont situés au sud de St-Magloire? __________________
c) Quel village se situe à l'est de St-Magloire? __________________
Amusons-nous
8. Charade :
Mon premier est le maquillage qu'on applique sur les joues : __________________
Mon second est un liquide incolore et inodore : __________________
Mon tout est un poids, une charge : __________________
[Voir l'image pleine grandeur]
On vient de loin pour voir les milliers d'oies blanches qui font escale chaque automne à Montmagny. Un jour, le curé Benoît Morin avait organisé un voyage pour aller les admirer.
Il partit en compagnie de trois religieuses. S'apercevant tout à coup qu'il avait oublié quelque chose, il décida de revenir au presbytère. Il stationna sa voiture près du presbytère, mais attention : le curé Benoît laissa son auto embrayée au neutre. Les trois religieuses étaient demeurées dans le véhicule.
Évidemment, St-Benjamin étant une municipalité toute en pentes, la voiture descendit la cour de l'église, traversa la rue et alla s'arrêter dans une cage de planches. Une des religieuses sauta en bas de la voiture, mais les deux autres choisirent de rester à l'intérieur.
Imaginez la scène : le curé Benoît qui court derrière sa voiture avec deux religieuses à bord, pendant qu'une autre se roule sur l'asphalte. Heureusement, toute cette histoire s'est bien terminée. Seule la religieuse qui avait sauté en bas de la voiture s'était légèrement blessée.
Tous ceux qui ont eu la chance d'être témoins de cet événement se sont payés tout un "fun".
Léonce Veilleux
Saint-Benjamin
Français
1. Questions sur le texte :
a) Combien de religieuses furent impliquées dans cette histoire? __________________
b) À quel endroit était stationnée la voiture du curé? __________________
c) Quel événement se produit chaque automne à Montmagny? __________________
d) Que dit-on de particulier sur la municipalité de St-Benjamin? __________________
e) Comment s'est terminée cette histoire? __________________
f) Pourquoi le curé est-il revenu au presbytère? __________________
2. Cherchez les mots :
a) Dans le 1er paragraphe, combien de mots contiennent le son "on" : __________________
b) Dans le 2ième paragraphe, combien de mots contiennent le son "ai" : __________________
c) Dans le 3ième paragraphe, combien de mots contiennent le son "en" : __________________
d) dans le 4ième paragraphe, combien de mots contiennent le son "oi" : __________________
[Voir l'image pleine grandeur]
Benoit | église |
près | être |
intérieure | arrêter |
évidemment | presbytère |
Amusons-nous
5. Consultez la carte de la MRC et complétez la grille suivante :[Voir l'image pleine grandeur]
Horizontal
Vertical
[Voir l'image pleine grandeur]
Je suis née à Ste-Rose-de-Watford dans la maison familiale. J'étais la sixième d'une famille de sept enfants. Mon père étant décédé lorsque j'étais toute petite, j'ai été élevée dans un orphelinat. On me surnommait "La Fille de la Veuve". À l'orphelinat, j'ai complété un brevet élémentaire (7e année) qui portait comme mention : Certificat. L'année suivante, j'ai été admise à l'orphelinat de St-Joseph-de-Beauce, pour y préparer un brevet complémentaire qui me donnerait l'autorisation d'enseigner.
Au cours de ma dernière année d'études, une maison plus grande avec un grenier et deux chambres avait été bâtie sur la terre de ma mère à St-Cyprien. Elle remplaçait le camp dans lequel nous vivions depuis que mon frère avait hérité de la maison familiale, lors de son mariage. Cet été-là, mes vacances ont passé très vite, préoccupée surtout à me trouver un poste d'enseignement. Finalement, la bonne nouvelle arriva : j'étais engagée au salaire de 15$ par mois, logée et chauffée , pour enseigner à l'école du Rang A.
J'avais sept milles (11 kilomètres) à franchir à pied pour m'y rendre. Je demeurais aux limites de St-Louis et de St-Cyprien et l'école était située près de la frontière des États-Unis. Je partais le lundi matin à cinq heures avec mon sac à dos et j'arrivais au village à six heures. En passant devant l'église, j'entendais sonner l'angélus. Vers sept heures et demie, je faisais mon entrée à l'école.
Je me dépêchais d'allumer le poêle à deux ponts, car l'école n'était pas chauffée la fin de semaine. Puis, il fallait aller chercher de l'eau à une source distante d'un arpent. La paroisse fournissait le bois pour l'hiver (25 cordes) et l'huile pour la lampe. Je devais aussi faire le ménage de l'école : balayage à tous les jours et nettoyage des toilettes. Celles-ci étaient situées au fond du hangar à bois et n'étaient pas chauffées. L'hiver, il fallait souvent y casser la glace. À l'automne, je devais aussi entrer le bois de poêle. Alors, je demandais aux enfants d'en apporter chacun une brassée avant de partir le soir. Ensuite, je le cordais.
Peu après huit heures, les élèves arrivaient. J'avais 24 élèves de la 1ère à la 6e année. Les plus grands étaient âgés de 14 ans, alors que j'en avais à peine 17. Le midi, plusieurs de ces enfants dînaient à l'école. Je faisais chauffer leur dîner sur le poêle à deux ponts. Parfois, ils n'avaient pas grand-chose à se partager entre frères et sœurs puisqu'au cours de mes premières années d'enseignement, les gens étaient très pauvres. Le papier était rare. Certaines mères décollaient les papiers qui couvraient les boîtes de conserve et les cousaient au milieu pour en faire des cahiers.
Au temps des récoltes et l'hiver lorsque les hommes partaient aux chantiers, on avait besoin des enfants pour travailler sur la terre. Ceux-ci venaient à l'école le matin pour se faire "lire" : je leur demandais leurs leçons et ils me laissaient leurs cahiers de devoirs pour correction. Le soir, leurs frères et sœurs leur rapportaient les devoirs et leçons de la journée. Ils ne voulaient pas manquer l'école, alors ils pouvaient suivre lorsqu'ils revenaient.
En 1944-1945, j'ai aussi enseigné à St-Louis dans une école qui était située à sept milles de chez-nous. Alors, au lieu de marcher toute cette route, je piquais à travers bois : un mille de chemin, puis je traversais deux terres. Au printemps, il m'est arrivé une aventure. Le Lundi de Pâques, c'était congé et je voulais me rendre à l'avance pour préparer ma semaine. Je n'avais pas pensé qu'il y avait une rivière à traverser. En temps ordinaire, on pouvait la traverser en bottes à tiges. Mais, ce jour-là, la rivière était gonflée et grondait. Je n'avais pas le goût de rebrousser chemin. Je me suis dit : «Qu'est-ce que je fais?». J'ai donc décidé de plonger dans la rivière. J'ai flotté, je me suis accrochée à un arbre et me suis rendue de l'autre côté. Quand je suis arrivée à l'école, je me suis changée et j'ai allumé le poêle.
Ainsi, pendant 22 ans, j'ai enseigné dans plusieurs écoles de rang et parfois de la première à la neuvième année. Je crois que ce qui m'a sauvée, c'est ma bonne santé.
Gabrielle Lessard Baillargeon
Saint-Cyprien
Français
1. Questions sur le texte :
a) Comment surnommait-on la maîtresse d'école? __________________
b) Quel était le salaire mensuel d'une enseignante à cette époque? __________________
c) Qui fournissait le bois et l'huile pour la lampe? __________________
d) Avec quel article certaines mères faisaient-elles les cahiers? __________________
e) À combien de milles de la maison étaient situées les écoles? __________________
f) Pendant combien d'années "La Fille de la Veuve" enseigna-t-elle? __________________
2. Insérez les mots suivants dans les espaces :
plonger - enfants - sixième - glace - l'église – allumer
J'étais la ______________ d'une famille de sept enfants.
En passant devant ______________, j'entendais sonner l'angélus.
Je décidai donc de ______________ dans la rivière.
En arrivant, je devais ______________ le poêle.
L'hiver, il fallait casser la ______________.
Le midi, plusieurs ______________ dînaient à l'école.
3. Vrai ou faux :
a) Un orphelinat est un établissement où on s'occupe des orphelins. _____
b) Rebrousser chemin signifie retourner en sens opposé. _____
c) Le mille est une mesure de longueur, de distance toute récente. _____
d) Une veuve est une femme divorcée. _____
e) Une frontière est une limite de territoire qui en détermine l'étendue. _____
[Voir l'image pleine grandeur]
5. Dans quels paragraphes pouvez-vous trouver les mots suivants :
orphelinat _____
brevet _____
boîtes de conserve _____
rivière _____
santé _____
camp _____
automne _____
angélus _____
correction _____
Pâques _____
Géographie
6. Consultez la carte de la MRC des Etchemins :
a) Quelle municipalité se situe au nord de St-Cyprien? __________________
b) Quelle municipalité se situe à l'ouest de St-Cyprien? __________________
c) Quelle municipalité se situe au sud de St-Cyprien? __________________
d) Quelle municipalité se situe à l'est de St-Cyprien? __________________
Amusons-nous
7. Charade :
Mon premier est fragile aux crevaisons : __________________
Mon second sert à former une phrase : __________________
Mon troisième est le refuge des oisillons : __________________
Mon tout est une maladie : __________________
[Voir l'image pleine grandeur]
C'est l'effet du hasard qui a donné naissance aux paroisses de St-Zacharie et de Ste-Aurélie. Dans les années 1870-1872, c'était la guerre des Cent Ans en Europe. Ces pays-là vivaient une pénurie de bois immense. Ils avaient tout pris pour construire et détruire. On s'est alors tourné vers l'Amérique.
Un monsieur Vanier, venu de France, s'était associé avec d'autres gens et cherchait un endroit où il pourrait s'installer pour exploiter le bois, le manufacturer, l'amener à Québec et le charger sur des bateaux pour l'envoyer en France. Ici, il y avait plusieurs lacs et c'était un espace libre; alors, il l'a choisi. Cela n'a pas été facile pour lui. À cette époque, la civilisation s'arrêtait presqu'à Beauceville. St-Georges n'était qu'un tout petit village et St-Prosper et St-Côme n'existaient pas. Il est venu par le Chemin des Français et ensuite, il y avait de 20 à 25 milles (32 à 40 kilomètres) sans route pour se rendre au bord du lac des Abénakis où est située maintenant la municipalité de Ste-Aurélie. C'est là qu'il a commencé à défricher du terrain pour construire un moulin à scie.
Mon grand-père avait 14 ans à l'époque. Il vivait avec son père qui exploitait une petite ferme à St-Isidore. La terre familiale étant devenue trop petite, ils ont pris un terrain au bord du lac des Abénakis. Comme il fallait des gens pour produire des nourritures de base, ils s'y sont intéressés.
Monsieur Vanier voulait bâtir son église au bord du lac et ainsi avoir un minimum de civilisation. Lorsque l'évêque est venu, il a refusé l'endroit choisi par monsieur Vanier et décida de la construire dans le rang 4, sur le lot 31. Ce fut toute une chicane qui fut vécue de façon très difficile, parfois même disgracieuse. En 1881, une église fut construite à St-Zacharie pour desservir tous les gens du canton de Metgermette. Mes grands-parents ont alors déménagé au bout de leur terre pour être plus près de l'église et plusieurs ont fait de même.
Le vrai développement de St-Zacharie eut lieu en 1907-1908. C'est à ce moment que les compagnies américaines ont commencé leurs opérations forestières dans le Maine. Les gens d'ici étaient tout près et la frontière américaine n'existait pas pour eux. C'était intéressant, parce que le travail sur les chantiers donnait de l'argent sonnant ce qui apportait une grande indépendance. Les fermes ne produisaient que des biens avec lesquels on pouvait faire du troc. Plusieurs ont abandonné ou négligé leur terre pour devenir bûcherons. La paroisse a profité : en 1927-1928, St-Zacharie comptait environ 3 200 âmes.
En 1929-1930, ce fut le crash économique. Les chantiers du Maine ont fermé. Ce fut des années de disette, un vrai désastre pour tous ces gens-là qui n'étaient plus des agriculteurs. En 1936-1937, voilà qu'arriva un nouvel Eldorado. Le gouvernement Taschereau ouvrait des paroisses en Abitibi-Témiscamingue.
Ce fut l'euphorie pour les gens de St-Zacharie. Il s'est passé alors un phénomène qui n'a pas été vécu ailleurs. La paroisse a diminué du tiers de sa population. Des familles entières partaient sans même avoir vu l'endroit où elles allaient. Les gens vendaient leur maison et leurs biens pour quelques dollars seulement, car personne n'avait d'argent. Ils partaient dans la boîte d'un camion. On y mettait tout ce qu'on pouvait, plus un veau et les enfants. Les parents s'assoyaient en avant. Le voyage durait trois jours. On couchait deux soirs sous le camion. Le départ de tous ces gens fut le point marquant de l'histoire de St-Zacharie. Pour plusieurs, ce déchirement des familles fut vécu de façon dramatique. L'exode dura deux à trois ans.
En 1938-1939, la frontière américaine a rouvert. C'était la guerre et on avait besoin de papier et de bois. St-Zacharie a prospéré à nouveau à ce moment-là. Les gens qui venaient travailler aux chantiers s'établissaient ici, car les moyens de transport étaient quasiment inexistants.
Ce qui a été pendant longtemps l'apport économique de St-Zacharie ce sont les forêts du Maine. Maintenant, ce n'est plus pareil : il faut des visas pour aller travailler aux États-Unis et on n'emploie plus de jeunes. Tout le travail est fait par des gens qui n'ont pas besoin d'être mesurés à la grosseur du poignet.
Victor Chabot
Saint-Zacharie
Français
1. Questions sur le texte :
a) Sur quel continent vivait-on une pénurie de bois? __________________
b) En quelles années est arrivé le crash économique? __________________
c) Vers quelle région se sont dirigés les gens de St-Zacharie? __________________
d) Qu'est-ce qui a été pendant longtemps l'apport économique de St-Zacharie? __________________
e) Quel homme fut le premier à s'installer à Ste-Aurélie? __________________
2. Ajoutez les lettres majuscules et les points :
__onsieur Vanier voulait bâtir son église__
__a terre familiale était devenue trop petite__
__es chantiers donnaient de l'argent sonnant__
__our plusieurs, ce déchirement fut dramatique__
__aintenant ce n'est plus pareil__
__ans les années 1870, c'était la guerre des Cent Ans__
__ela n'a pas été facile pour lui__
__orsque l'évêque est venu, il a refusé__
[Voir l'image pleine grandeur]
[Voir l'image pleine grandeur]
[Voir l'image pleine grandeur]
[Voir l'image pleine grandeur]
[Voir l'image pleine grandeur]
Géographie
7. Consultez la carte de la MRC des Etchemins :
a) Quelle municipalité est située à l'ouest de St-Zacharie? __________________
b) Quel lac retrouve-t-on à St-Zacharie? __________________
c) Quelle municipalité est située au sud de St-Zacharie? __________________
Calcul
8. a) En 1870, débuta la guerre des Cent Ans en Europe. Il y a combien d'années de cela? __________________[Voir l'image pleine grandeur]
Cette histoire a été racontée par Monsieur Édouard Bélanger à des élèves de la 5e année de l'école de St-Louis, en 1981. Monsieur Bélanger avait alors 93 ans.
Quand je suis arrivé à St-Louis, j'avais neuf mois. Alors, je n'en ai pas eu connaissance. Ce sont mes parents qui m'ont raconté cette histoire.
Le tout premier colon s'appelait Octave Gosselin II est monté à l'automne 1888. Il bâtit son camp à l'endroit où est située l'église actuelle. Il érigea sa grange sur des souches qui tenaient lieu de soutien pour le châssis de la charpente. Le premier hiver, monsieur Gosselin a été l'unique habitant de St-Louis.
Le printemps suivant, en mars , mon père et ma mère, Louis Bélanger et Marie Béchard, arrivaient à leur tour. Nous sommes montés en bœuf par des chemins de boue, souvent impraticables. Mon père a construit un camp en bois rond où il éleva sa famille pendant huit ans. Quand il bâtit la maison familiale, nous étions neufs enfants. Nous nous nourrissions de farine de sarrasin, de légumes du potager ainsi que de la viande de quelques animaux engraissés à cet effet. Les premières années, les vaches pacageaient dans une prairie naturelle, car les terres n'étaient pas défrichées.
À l'âge de sept ans, j'ai fréquenté l'école pendant deux ou trois mois. On nous apprenait l'ABC et le catéchisme. Par la suite, pendant plusieurs années, il n'y eut plus d'école du tout.
Dans les premiers temps, il n'y avait pas d'église. Les baptêmes, les mariages, les funérailles étaient célébrés dans les chapelles des paroisses voisines. Il fallait marcher 10 à 12 milles (20 kilomètres) pour assister à la messe. Monsieur Octave Gosselin perdit une petite fille durant l'hiver et il la descendit à sleigh à mains jusqu'à Ste-Justine pour les funérailles.
Vers les années 1904, une grande maison servit de temple, mais il n'y avait pas de prêtre résident. Le curé de Ste-Rose venait une fois par mois pour célébrer la messe. Les autres dimanches, ceux qui voulaient assister à la messe dominicale devaient y aller à pied et à jeun.
En 1911, une chapelle fut construite et le curé Corriveau demeura dans la cave de la sacristie jusqu'à la construction du presbytère. Le plancher de la chapelle était fait de roches et la chaire montée sur un pilier de bois. Une enfant de quatre ans, voyant pour la première fois le curé en chaire, crut qu'il y était grimpé par le pilier, comme un pompier.
En 1920, l'église fut construite attenante à la chapelle. Après la messe, c'était la réunion des gens sur le perron de l'église et la fameuse criée pour les âmes. On apportait un petit cochon, une poule, un lapin, des choux, des carottes, des citrouilles... Un crieur attitré exerçait sa voix. Avec l'argent amassé, on payait des messes pour les âmes du purgatoire.
J'ai pris mon lot à l'âge de 17 ans et je me suis marié à 25 ans avec Éva Sylvain, une fille de Ste-Rose. Ça fait 66 ans de cela.
Édouard Bélanger
Saint-Louis-de-Gonzague
Français
1. Questions sur le texte :
a) Quel était le nom du premier colon qui arriva à St-Louis? __________________
b) À quel endroit habitait le curé Corriveau? __________________
c) Quel autre terme employait-on pour désigner l'alphabet? __________________
d) En quelle année fut construite l'église? __________________
e) Que devaient faire les gens pour assister à la messe dominicale? _________________
f) De quoi se nourrissaient les gens à cette époque? __________________
[Voir l'image pleine grandeur]
[Voir l'image pleine grandeur]
[Voir l'image pleine grandeur]
Géographie
6. Consultez la carte de la MRC des Etchemins :
a) Quelle municipalité est située au nord de St-Louis? __________________
b) Quelle municipalité se situe à l'ouest de St-Louis? __________________
c) Quelles municipalités sont situées au sud de St-Louis? __________________
Calcul
7. a) En 1904, une maison servait de temple. En 1911, on construisait une chapelle. Pendant combien d'années les gens durent attendre la construction de cette chapelle? __________________
b) Combien d'années se sont écoulées entre la construction de la chapelle (1911 ) et de l'église (1920)? __________________
c) Le premier colon arriva à St-Louis en 1888. Il y a combien d'années de cela? __________________
Amusons-nous
8. Charade :
Mon premier est un petit cube : __________________
Mon second supporte la tête : __________________
Mon troisième est synonyme de colère : __________________
Mon quatrième est l'action de mentir : __________________
Mon tout est un sentiment de désespoir : __________________
[Voir l'image pleine grandeur]
Aux alentours de l'année 1895, deux belles-sœurs demeuraient voisines l'une de l'autre, dans le rang St-Victor à St-Prosper. Elles fabriquaient leurs vêtements, tissaient des catalognes et des courtepointes. Un jour, l'une d'elle vola une couverture à l'autre. Par la suite, elles se sont fortement accusées et, comme la coupable refusa d'avouer son délit, s'en sont gardé rancœur toute leur vie.
La voleuse, sur son lit de mort, fit venir sa belle-sœur et lui demanda pardon. Celle-ci lui dit :«Non je ne te pardonne pas. Jamais! Tu vas aller chez le diable et brûler dans le fond de l'enfer avec lui.» L'autre lui répondit : «Si tu ne me pardonnes pas alors que je suis vivante, tu me pardonneras après ma mort.» Et elle mourut.
Un soir, alors qu'elle était seule dans sa maison, la belle-sœur entendit un vacarme qui dura toute la nuit. Les portes s'ouvraient et se refermaient toutes seules. Mais, cette chère dame ne voulait pas quitter son domicile. Elle se disait que sa belle-sœur n'arriverait jamais à lui faire peur au point de laisser son foyer.
Le lendemain soir, tout recommença. La lampe à l'huile se promenait dans la maison, les portes claquaient et elle entendait traîner des chaînes au 2e étage. Évidemment, la dame refusait toujours de quitter sa demeure.
Une autre fois, les ronds du poêle se retrouvèrent debout et se mirent à danser. C'est à ce moment, que la belle-sœur décida de demander de l'aide. Elle fit venir Joseph Morin, qui était seulement âgé de 14 ans, mais déjà très costaud. Il se rendit sur les lieux et éprouva une grande frayeur lorsqu'il vit les ronds danser sur le poêle. Il s'enfuit en toute hâte.
Le père Louis Rodrigue, n'ayant peur ni du diable ni de Dieu, alla lui aussi à l'intérieur de la maison. C'est alors qu'une main invisible lui donna une taloche en plein visage. Il fit deux tours complets sur lui-même, perdit son chapeau et se retrouva dans un coin de la maison. Il se releva, prit son chapeau et s'en retourna sans dire un mot.
Monsieur Alexandre Pomerleau fut également invité à mettre de l'ordre dans cette maison dite hantée. Il descendit au sous-sol et en remonta blanc comme neige. Il dit à la dame : «Va t'en, ça presse!» Possédant un entêtement hors du commun, elle refusa de partir.
Tout à coup, venant de la cave, monta une odeur désagréable, une puanteur indescriptible. Personne n'aurait pu résister à cette odeur nauséabonde et vivre dans cette maison. Pas même sa propriétaire qui, finalement, fut bien obligée de déménager.
Fabien Roy
Saint-Prosper
Français
1. Questions sur le texte :
a) Qu'est-ce qui décida enfin la belle-sœur à quitter sa maison? __________________
b) Que fabriquaient ensemble les deux belles-sœurs? __________________
c) Qu'est-ce qui fît fuir Joseph Morin? __________________
d) Qu'arriva -t-il au père Louis Rodrigue? __________________
e) Qu'est-ce qui causa une chicane entre les deux belles-sœurs? __________________
f) Que faisaient la lampe à l'huile et les portes de la maison? __________________
2. Écrivez la lettre qui manque :
__acarme
cou__erture
v__leuse
__deur
t__loche
di__ble
par__on
domic__le
[Voir l'image pleine grandeur]
Géographie
5. Consultez la carte de la MRC des Etchemins :
a) Quelle municipalité se situe à l'est de St-Prosper? __________________
b) Quel village est situé à l'ouest de St-Prosper? __________________
c) Quelles municipalités sont situées au nord de St-Prosper? __________________
Calcul
6. Cette histoire s'est passée en 1895. Il y a combien d'années de cela? __________________
Amusons-nous
7. Formez des mots à l'aide des syllabes suivantes :[Voir l'image pleine grandeur]
[Voir l'image pleine grandeur]
Légende d'un grand-père à son petit-fils.
Par un beau matin, j'ai dit à mes parents : «J'aimerais "ben" aller en ville "moé", connaître qu'est-ce que c'est que les chars, les bateaux "pis" le trafic... J'ai quinze ans, "pis" tout ce que je fais, c'est de défricher la terre et tout ce que je vois, c'est des vaches "pis" des bœufs. Je veux voir d'autres choses, "moé".»
Mes parents m'ont dit : «"Ouais"... on n'a pas d'objection, mais aujourd'hui nous autres, on ne peut pas y aller, mais on te donne la permission d'y aller tout seul, même que ça te sera plus profitable.»
«"Ouais"... c'est "ben" beau y aller tout seul, mais "j'sais" pas ce que c'est que les chars "pis" les bateaux!»
Mon père m'a dit : «Mon "p'tit" garçon, les chars c'est une grosse "bibite" noire qui s'en vient vite, vite, vite, "pis" qui ralentit, ralentit en lâchant des "Touches... Touches... Touches..." et "pis" même des gaz parfois. "Pis", ça l'arrête "drette" en face de la station, "pis" quand ça repart, si t'es pas embarqué, essaye pas de courir après parce que tu pourras pas jamais le rattraper.»
«Deuxième point : "y" te faut un ticket. Ah! ça c'est "ben" important; tu entres l'acheter à la station "pis" ensuite dehors, t'attends les chars. Quant aux bateaux, c'est une grande chaloupe qui se promène sur le fleuve, de Québec à Lévis et de Lévis à Québec, avec des passagers.»
Après avoir reçu les conseils de mes parents, "j'sus" parti pour Québec... un "boutt" à pied... un "boutt" à cheval... tantôt par charité... toujours que "j'sus" fini par arriver en ville... Heureusement!
En arrivant à la gare, je me "sus" dit : «Mon ticket!» En sortant de la station, j'ai demandé au chef de gare l'heure du train. "Y" m'a dit : «Dans quinze minutes, attends "icitte" mon "p'tit" garçon, ça sera pas long.»
Je trouvais que ça prenait du temps, mais tout à coup, j'ai aperçu "une ombrage" noire qui s'en venait assez vite "pis" qui ralentissait, ralentissait... Et, elle s'est arrêtée juste en avant de "moé". Mais, à ma grande surprise je me "sus" aperçu que c'était une grosse femme habillée de noir, tout essoufflée, qui lâchait des "Touches... Touches... Touches..." Je me "sus" dit : «C'est ben ça les chars...» Elle allait vite... "à" l'a ralentit... "à" l'a lâché des "Touches... Touches... Touches..." "Y" manque pu rien que les gaz... Mais, je me "sus" dit : «"À" les lâchera "ben" tantôt ou peut-être "ben" en partant.»
Alors, j'ai dit : «Place pour "moé".» Elle m'a répondu : «Pas d'admission pour vous.»
Tout étonné, j'ai cru que c'était parce que je n'avais pas donné mon ticket... Alors, "j'sus" embarqué sur son dos. À ma grande surprise, elle se mit à crier : «Police! Police!» Là, j'ai cru que j'avais fait un mauvais coup... "Y" m'arrive en face de "moé" deux grands "jacks" de six pieds, bâton d'une main, revolver de l'autre, "pis" avec une de ces calottes... Ah! "ben" là, la frousse m'a pris. Je me "sus" dit : «Vite que "j'me" sauve.» J'ai pris le moyen le plus rapide, la poudre d'escampette... "Pis" là, j'ai couru, mais couru jusqu'à la côte de la Citadelle.
En arrivant, j'ai vu une rangée de canons tout le long du fleuve; j'en ai choisi un à la grosseur de ma taille et "pis" là, enfin, je me "sus" couché, fatigué... mais assez fatigué, que tout de suite, je me "sus" endormi.
Le lendemain matin, j'étais pas réveillé, mais les canons eux-autres l'étaient... Boum! Et là, je me "sus" réveillé... Je planais au-dessus du fleuve St-Laurent... Là, je l'ai vue la chaloupe! J'allais "ben" trop vite pour embarquer... Je me "sus" dit : «Je m'en va tout "drette" à la lune.» Mais non! La première chose que j'ai vue, j'étais rendu dans la Beauce... J'ai rasé le clocher de l'église de St-Joseph.
"Pis", le plus drôle, c'était le temps des foins; c'était rempli de "veilloches". Tout en planant, à chaque "veilloche", j'en prenais une "fourchetée"... "Pis", "j'sus" allé atterrir "drette" en face de chez mes parents.
Eugène Maranda (1883-1975)
Sainte-Aurélie
Petit-fils du fondateur de la paroisse de Sainte-Aurélie, Victor Vanier, né à Paris en France.
Retransposée par :
Marcelle Maranda Giguère,
fille d'Eugène, Sainte-Aurélie.
Français
1. Questions sur le texte :
a) Que voulait connaître le jeune homme en allant en ville? __________________
b) Le lendemain de son arrivée en ville, qu'est-ce qui réveilla le jeune? __________________
c) Que cria la femme lorsqu'on embarqua sur son dos? __________________
d) À quel âge notre aventurier voulut-il faire son 1er voyage à Québec? __________________
e) À quel endroit se réfugia-t-il pour se sauver de la police? __________________
f) Quel est le deuxième conseil que lui donna son père? __________________
[Voir l'image pleine grandeur]
5. Soulignez les verbes dans les phrases :
a) Je planais au-dessus du fleuve Saint-Laurent.
b) J'aperçus une ombrage noire.
c) Aujourd'hui on te donne la permission.
d) Une grande chaloupe qui se promène sur le fleuve.
e) Elle s'arrêta juste devant moi.
Géographie
6. Consultez la carte de la MRC des Etchemins :
a) Quelle village se situe à l'est de Ste-Aurélie? __________________
b) Quelle municipalité est située à l'ouest de Ste-Aurélie? __________________
c) Quel est le village au nord de Ste-Aurélie? __________________
Amusons-nous
7. Décodez le message suivant :[Voir l'image pleine grandeur]
Le samedi 27 juillet 1918, une tornade endommagea sérieusement l'église de Ste-Sabine. Il était quatre heures de l'après-midi lorsqu'on entendit un énorme grondement. Le toit d'un hangar s'éleva dans les airs en tourbillonnant et se dirigea vers l'église. Avant que quiconque ne puisse se rendre compte de ce qui se passait, la tornade continua sa route en laissant derrière elle des dégâts considérables.
Les murs de l'église avaient quitté les fondations au centre et les bouts, très ébranlés, avaient été complètement tordus. Aurélie Tanguay, qui se trouvait à l'intérieur de l'église, fut extrêmement apeurée, mais ne subit aucune blessure.
Après maintes péripéties, dont la chute de la cloche qui traversa le perron de l'église et s'enfonça dans le sol, l'église fut finalement réparée. C'est un événement qui sema un grand émoi dans toute la région.
Les temps changent... En effet, en 1992, il n'y avait plus de prêtre à Ste-Sabine, personne pour célébrer la cérémonie dominicale. Lors du cinquantième anniversaire de mariage de Germaine Boutin et de Gérard Gagnon, leurs enfants durent faire appel à un compagnon de leur père pour célébrer la messe ce dimanche-là. Ce fut finalement une journée mémorable : l'église était pleine à craquer et la fête très réussie.
Mais, au lendemain de cet événement, Ste-Sabine n'avait toujours pas de prêtre. Tous se demandaient : «Qui osera venir s'expatrier dans nos montagnes?» Certaines rumeurs disaient qu'un prêtre viendrait de la Beauce pour s'y installer. Tous avaient bien hâte de le connaître. Alors, un bon soir, les gens furent invités à un rassemblement au Centre communautaire de la municipalité.
Les visiteurs ne se firent pas attendre. C'étaient des inconnus, mais parmi eux se trouvait Renaud, le héros de la rencontre. Celui-ci confirma que c'était lui qui avait hérité de la cure de Ste-Sabine.
Les gens se rapprochèrent de ce nouveau venu pour lui serrer la main. Lui, leur serra le cœur. Pour commencer, Renaud s'occupa de trois paroisses. Peu de temps après, il en adopta une quatrième. Depuis, cet homme continue d'émerveiller ses paroissiens et, avec ses homélies, leur fait comprendre que la vie est un cheminement difficile. Mais, avec la foi, la persévérance et l'amour tout change.
Germaine Boutin Gagnon
Sainte-Sabine
Français
1. Questions sur le texte :
a) Qu'est-ce qui endommagea l'église de Ste-Sabine en 1918? __________________
b) De quelle région venait le curé Renaud? __________________
c) Qui se trouvait à l'intérieur de l'église lors de la tornade? __________________
d) Combien de paroisses furent adoptées par le curé Renaud? __________________
e) Qu'est-ce qui s'éleva dans les airs en tourbillonnant? __________________
f) Quel couple célébrait son cinquantième anniversaire de mariage? __________________
2. Copiez des mots :
a) Copiez tous les mots du texte qui ont un accent circonflexe :
[Voir l'image pleine grandeur]
b) Copiez 10 mots du texte qui ont un accent aigu :
[Voir l'image pleine grandeur]
[Voir l'image pleine grandeur]
4. Vrai ou faux :
a) Une péripétie est un événement imprévu, un incident. ____
b) S'expatrier signifie quitter sa patrie. ____
c) La persévérance est l'action d'abandonner facilement.____
d) Mémorable signifie que ce doit être oublié. ____
e) Un héros se distingue par son courage et ses actions. ____
f) L'homélie est une instruction familière sur l'Évangile. ____
5. Trouvez les mots
Exemple :
a w c u r é f = réponse : curé
s o r u m e u r s __________________
b c é g l i s e a __________________
z t o r n a d e v __________________
m e s s e d i o __________________
i h é r o s w __________________
r g r o n d e m e n t k __________________
Géographie
6. Consultez la carte de la MRC des Etchemins :
a) Quelle est la municipalité située au nord de Ste-Sabine? __________________
b) Quelle municipalité se situe à l'ouest de Ste-Sabine? __________________
c) Quelle municipalité est située au sud de Ste-Sabine? __________________
Amusons-nous
7. Complétez les proverbes :
a) À beau __________________ qui vient de loin.
b) À chaque jour suffit sa __________________.
c) La nuit, tous les chats sont __________________.
d) Un __________________ averti en vaut deux.
e) Plus on est de __________________ , plus on rit.
f) Ce que __________________ veut, Dieu le veut.
g) Toute __________________ n'est pas bonne à dire.
h) Les bons comptes font les bons __________________.
i) Qui sème le __________________ récolte la tempête.
acre : ancienne mesure agraire qui varie d'un pays à l'autre. (Au Québec, 210 pieds ou 64 mètres)
arpent : ancienne mesure agraire divisée en 100 perches et variable selon les localités. (Au Québec, 184 pieds ou 56 mètres)
bottes à tiges : chaussures à tiges montantes qui enferment le pied et la jambe, généralement jusqu'au genoux.
cage de planches : cage formée de planches empilées les unes sur les autres, en sens contraire.
camp : construction sommairement équipée où des personnes sont regroupées dans des conditions précaires.
canton : au Canada, division cadastrale de 100 milles carrés. (161 km carrés)
chantier : endroit, terrain où ont lieu des travaux d'exploitation de la forêt.
châssis : cadre fixe ou mobile qui supporte quelque chose (maison, fenêtre).
compère : complice en astuces, en supercheries.
corde : une corde de bois mesure 1,22 mètre de haut par 2,44 mètres de long.
crash : s'écraser au sol; crash économique : l'argent n'a plus de valeur, criée : vente publique aux enchères.
fanfaron : qui vante exagérément ses qualités, ses réussites, réelles ou supposées.
farouche : personne peu sociable, dont l'abord est difficile.
fourchetée : quantité de paille, de foin qu'on peut enlever d'un seul coup de fourche.
l'ABC : c'est ainsi qu'on appelait l'alphabet autrefois.
lot : étendue de terre mesurant 260 mètres par 1 1/2 kilomètre.
mesurés à la grosseur du poignet : évaluer la force d'une personne par la grosseur de ses poignets.
pacager : faire paître, faire pâturer le bétail.
pièce sur pièce : maison dont les murs sont formés de pièces de bois empilées les unes sur les autres.
piquer : prendre un raccourci.
poêle à deux ponts : poêle à deux étages dont la partie du bas servait à mettre le bois et celle du haut à cuire les aliments.
raser : passer tout près, frôler.
sleigh à mains : traîneau d'hiver tiré par la force des bras.
sonnant : argent comptant, monnaie qu'on peut entendre sonner au fond de ses poches.
taloche : coup donné sur la figure ou sur la tête avec la main ouverte.
trâlée : grand nombre, multitude.
troc : échange d'un objet contre un autre; système économique n'employant pas la monnaie.
veiller : aller passer la soirée en bonne compagnie.
veilloche : tas de foin.
La réalisation de ce document a été rendue possible grâce à la contribution financière du Secrétariat national à l'alphabétisation dans le cadre du programme «Initiatives fédérales-provinciales conjointes en matières d'alphabétisation».
Nous remercions chaleureusement toutes les personnes qui ont généreusement accepté de partager avec nous un moment de leur vie, une parcelle de leur histoire : Mariette Pouliot Vachon, Henry McCaughry, Rolland Carbonneau, Thérèse Vachon Loubier, Jeanne Bégin Dallaire, Berthe Garand Larochelle, Léonce Veilleux, Gabrielle Lessard Baillargeon, Victor Chabot, Arthur Bélanger, Fabien Roy, Marcelle Maranda Giguère, Germaine Boutin Gagnon.
Rédaction, traitement de texte et mise en pages
Chantal Leclerc
Francine Renaud
Illustrations
Julie Tremblay
Lecture et révision
Caroline Rodrigue
Impression
Imprimerie Com-Unik inc.
Dépôt légal - Bibliothèque nationale du Québec, 1999 Dépôt légal - Bibliothèque nationale du Canada, 1999