Ce document a été rendu possible grâce au programme «Initiatives fédérales provinciales conjointes en matière d'alphabétisation 1999-2000.»
L'organisme COPAM «Concertation des organismes populaires d'alphabétisation de la Montérégie» a produit ce document pour montrer l'évolution constante de la langue française.
Ce travail sera aussi utile pour les allophones qui ont souvent de la difficulté à comprendre la signification des expressions québécoises.
Pour comprendre un peuple, il faut connaître sa langue et toute son originalité.
Le français parlé au Québec est différent de tous les autres français du monde. Ce n'est pourtant pas un dialecte ou un patois. Cette langue évolue constamment et ne connaît pas de frontière.
Les expressions québécoises populaires donnent au français d'ici toute sa saveur et sa particularité. Chaque mot, chaque expression est un précieux héritage des ancêtres. Ainsi quand un Québécois parle, il chante un peu l'histoire de son peuple.
Pourquoi le français québécois est-il donc différent de celui de la France? Il faut plonger dans l'histoire du Québec pour comprendre comment notre langue s'est modelée. Dès la fin du 17e siècle, tout le monde en Nouvelle-France s'exprimait en français. Or, en France à la même époque, les patois étaient encore très nombreux.
On doit ce fait principalement à deux facteurs. Tout d'abord, les colons qui viennent peupler la Nouvelle-France sont originaires de différentes provinces françaises et chacun parle donc son patois maternel. Une fois ici, ils se retrouvent souvent avec un voisin qui parle un patois différent du leur, d'où la nécessité d'une langue commune. On aurait choisi la plus prestigieuse, celle du roi, le françois. Deuxièmement, on remarque que les femmes ont joué un rôle de première importance dans ce phénomène puisque ce sont elles qui apprennent la langue à leurs enfants. Des études prouvent que la grande majorité de celles-ci connaissait, au moins partiellement, le français.
C'est ainsi que la Nouvelle-France parlera le français de la cour du roi, et non celui des philosophes et des écrivains. C'est dans ce français royal de l'Île-de-France que le français québécois prend plusieurs de ses particularités, tels que l'usage de «y» au lieu du «lui» (J'y ai donné l'argent que j'y dois) ou encore la variante assisez-vous au lieu asseyez-vous. C'est également du français royal que proviennent les fameux moé et toé. Puisque la majorité des colons venaient de la Normandie, on retrouve également dans le français québécois plusieurs particularités du parler normand comme le fameux eux en fin de mots comme dans: siffleux, robineux, seineux, têteux, niaiseux, ostineux, ou senteux.
Après la conquête britannique de 1759, le Québec se retrouve privé de contacts avec la France. Repliée sur elle-même, la langue a donc évolué en vase clos et s'est nourrie par le parler des colons français. Notre langue est donc aujourd'hui marquée d'archaïsmes (vieux mots), de régionalismes (d'une région) et d'anglicismes (tiré de l'anglais.)
Pour vous prouver jusqu'à quel point nous parlons parfois sans réfléchir, nous avons rassemblé ici des expressions familières qui ne manquent pourtant pas d'apparaître curieuses pour peu qu'on y réfléchisse. Toutes sont composées de mots dont le sens s'est transformé au fil des ans.
L'homme aurait développé une manie étonnante qui consiste à comprimer constamment les sons et les syllabes et à escamoter les consonnes difficiles à prononcer, entre autres.
Au Québec, on constate un renforcement des consonnes t et d devant les voyelles w et i (elles se prononcent alors ts et dz). Par exemple: tu es parti devient té partsi, tu sais devient tsé. Du chocolat divin devient dzu chocolat dzivin. Cette particularité, est très marquée et tout à fait généralisée (sauf pour la Gaspésie). On dit aussi ste pour ce: ste gars-là...
Réduction du pronom «il» en «y»
Il ne peut pas venir devient Y peut pas v'nir; il est malade devient y'é malade, il n'a pas le temps devient y'a pas l'temps.
Réduction de «elle» en «a»
Elle a perdu sa montre devient a perdu sa montre.
Elle a devient un aa allongé: aa pas l'temps; aa mal au dos.
Vive les raccourcis de la langue
chu |
pour |
(je suis) chu fatigué; chu tanné, chu en retard |
rien qu' |
pour |
(rien que) |
asteur |
pour |
(à cette heure ) |
pantoute |
pour |
(pas du tout) |
motte |
pour |
motte te dire quec'chose (je vais te dire quelque chose) |
mainqu' |
pour |
(mais que yi revienne) |
ga m'man |
pour |
(regarde maman) |
ach'fé |
pour |
(achever) |
pis |
pour |
(et puis) |
j'veux |
pour |
(je veux) |
ch'fal |
pour |
(cheval) |
ch'feu |
pour |
(cheveu) |
ch'fille |
pour |
(cheville) |
l'balai |
pour |
(le balai) |
t'a l'heure |
pour |
(tout à l'heure) |
passe que |
pour |
(parce que) |
Le «*» persiste dans les expressions
Y fait frette (froid), mon litte (lit), viens icitte (ici), pomme pourritte (pourrie), signe ton tchèque (chèque,), c'est l'boute (c'est le bout).
Le son «è» en fin de mot devient «a»
Je l'sava (je l'savais), jama (jamais), parfa (parfait), fra (frais), mauva (mauvais) vra (vrai).
Ajout de «tu» après les questions
T'en veux-tu? (Est-ce que tu en veux?), Y en veulent-tu? Tu m'écoutes-tu? Je l'ai-tu?
Transformation des voyelles et des consonnes
«a» pour «e»: varte (verte), pardu (perdu), sarvice (service), marci (merci), énarvé (énervé), maudite marde (merde), charcher (chercher), barcer (bercer), asseyer (essayer)
«é» pour «i» bécycle (bicycle), bébitte (bibitte), médi (midi)
«é» pour «è» mé (mais), t'sé (tu sais), se là (c'est là)
«w» pour «v»: on va woir (on va voir), sawair (savoir)
«i» pour «é»: licher (lécher)
«l» pour «ai»: balier (balayer), crion (crayon)
«j» pour «ch» j'ajète (j'achète)
yâble pour (diable)
bon yeu pour (bon Dieu)
arêche pour (arête)
Chute d'une lettre
Le «l» tombe dans: pus (plus), souyer (soulier), quéqu'un (quelqu'un).
Le «r» tombe dans toujou ' (toujours), traite (traître), c'est leu (leur maison), aveugue (aveugle), caneçon (caleçon), su (sur).
Contraction dans
T'sé (tu sais), p'tête (peut être), t'êt'ben (peut être bien), cou'don (écoute donc), lastic (élastique)
Inversions ou chute de lettres
«ej» (je), y (il) a (elle), leu (leur) ouc, ousqu ', éiousqu ' (Où est-ce que?), quèque (quelques). Il est quèque part (quelque part), quéqu'un ou quèques-uns (quelqu'un), (quelques-uns); eul (le) passe-moi le crayon.
Quantité de mots en «
ar
»
pardre, parmettre, sarcueil, sarpent, renfarmer, renvarser, varmine...
Le «a» fermé «aw»
Canadaw, bawton (bâton), sofaw, repaw, avocaw
même prononciation aw avant r, s, z et y: chawr, canawrd, gawz, phrawse, cawrré...
Le son «ouè» est très répandu
bouète (boîte), parouèsse (paroisse), souèr (soir), nouèr (noir), deouèr (devoir), mirouèr (miroir), souèf (soif), pouèl (poil), touèle (toile), étouèle (étoile), pouèsson (poisson)
Ajout d'une voyelle ou d'une consonne
barouette (brouette), colouer (clouer), cartron (carton)
Ajout du «s»
esquelette, escouage, escousse, estatue, qv'ossé çciï (Qu'est-ce que c'est ça?), qu'ossa donne? (Qu'est-ce que ça donne?), ousqu'alé? (Où est-ce qu'elle est?), avisse (vis), cartron (carton)
Ajout du «z»
Donne-moué-z-en (donne-m'en), paws toué-z'en (passe-toi de...), mèz-en (mets-en)
Le son «eu» à la fin des mots
Du vieux français, les mots en eu ont souvent eu tendance à éliminer les consonnes r oui qui les suivent: Exemple: leur se prononce leu; tout seul devient tout seu.
Le suffixe «âge» remonte au XVIIIe siècle comme
couraillage (courrir sans cesse, mauvaise fréquentation), lisage (action de lire), marchage (course, démarche), partage (discours, bavardage) pilotage (action de piétiner sans arrêt), raboudinage (travail bâclé), rapaillage (ramassage), réparage (réparation), ricanage (rire espiègle), taponnage (hésitation), brâillage (pleurs)
Parlons-nous franglais? Oui. répondront certains qui considèrent que notre parler est farci de tournures et de termes anglais. Jetons plutôt un coup d'oeil sur ces mots et expressions.
Parmi les nombreux anglicismes au Canada-français, on a le mot bines beans, (haricot blanc entrant dans la recette des fèves au lard), mets apprécié au Québec.
Pinote venant de pea-nut (arachide, cacahuète...)
Le mot pôle (tringle ou bâton qui soutient les rideaux) est bel et bien un anglicisme ainsi que plug (appareil électrique) et strap (courroie).
On a aussi beaucoup d'anglicismes qui ne sont pas acceptés en français mais qui ont largement cours au Québec:
Voici des mots anglais affublés de suffixes français
L'anglicisme smart (habile, malin) devenant smatte au Québec est dans la langue depuis longtemps.
Sparages (action de parer un coup). Le terme dérive du vocabulaire de la boxe: to spar (prévenir, écarter un coup)«Faire des sparages».
Touisse (tour, habileté, adresse). «Avoir la touisse» (avoir le tour), l'anglais twist signifie plutôt (tordre, tortiller).
Kicker, de l'anglais kick (coup de pied). Ce verbe devenu d'usage courant, mais le sens a changé. Kicker a aussi maintenant le sens de (protester, regimber).
Jouer une tunne (tune): jouer une mélodie.
Scraper: briser, démolir
Une scratch: une égratignure
Ça jam: ça bloque
Une batche: une quantité
De la sloche: de la gadoue
Voici maintenant quelques anglicismes couramment utilisés chez nous:
hacker: supporter
badloqué: (bad lock) malchanceux
bâdrer: (to bother) déranger
baloné: de la Bologne
bar gain: une aubaine
blind date: rencontre avec un inconnu
booster: recharger une batterie
boss: le patron
bosser: diriger
braker: freiner
bucker: s'entêter
bummer: Quêter
butcher: faire rapidement
canne: (can) boîte de conserve
canceller: annuler
cauxer: (to coax) encourager
cheap: qui manque de générosité
checker: vérifier
chibagne: (shebang) troupe de gens
chum: un copain
clip: trombone
coat: un manteau
cooler: une glacière
cornstarch: de la fécule de maïs
cruiser: draguer
cute: joli
dropper: laisser tomber
flash light: lampe de poche
flasher: (to flash) clignoter
flusher: laisser tomber
frame: structure
fuse: le fusible
hit: succès
hose: le boyau d'incendie
jammer: coincer
joke: une blague
lousse: (loose) amplement d'espace
ouatcher: surveiller
paparmane: pastille de menthe
parquer: stationner
pawnshop: boutique de prêt sur gage
pitcher: (to pitch) lancer
plasteur: (plaster) dyachilon
ploguer: brancher
puncher: poinçonner
rack: étalage
réfil: (refill) faire le plein
roffe: (rough) dur
rubber: caoutchouc
runner: diriger, contrôler, conduire
rusher: presser
rusher: travailler vite ou fort
scraper: abîmer
scraper: briser
scratcher: égratigner
se grimer: se maquiller
shake: trembler
shape: forme, taille
shed: remise
shop: usine
sink: évier
size: grandeur
slack: ample
slaquer: congédier
spinner: tourner vite
spliter: partager
spotter: voir, découvrir
squouiser: serrer, tordre
staff: le personnel
stâler: être en panne
starter: démarrer
steady: régulier
swamp: marécage
tip: pourboire
toasts: rôties
toffer: endurer
toffer: résister
trafic (traffic): grande circulation
tripper: avoir du plaisir
twit: crétin
watcher: surveiller
zipper: monter la fermeture éclair
Être open (open): ouvert, avoir l'esprit ouvert
Se faire une puck: se faire un bleu
Sentir le swigne (swing, balancement): sentir mauvais
Donner un lift (lift): fournir un transport
Être off: être en congé provisoire
Y a été slaqué: il a été mis momentanément en arrêt de travail
Prendre un brake: prendre une pause
Faire un bon deal: faire une bonne affaire
Y a du pushing: il a des relations importantes
Chic and swell: être chic, bien mis
C'est le fun: c'est amusant
Y flash: il est voyant, excentrique
Avoir du guts (to have guts): avoir du cran, du courage
Payer cash: payer comptant
Patcher un trou: réparer
Shiner ses souliers: cirer ses chaussures
Avoir un kick sur: to get a kick, trouver quelqu'un d'excitant
Butcher son travail: accomplir une besogne avec négligence
Se matcher: trouver un(e) partenaire
Scraper son char: abîmer son véhicule au point qu'il n'est plus récupérable.
Avoir une bad luck: malchance
Une bonne game: une bonne partie
Être slow: être lent
Un show: un spectacle
Un stool: un rapporteur
Faire de l'overtime: faire du temps
Ne pas avoir une token: être sans le sou
Un tooth pick: un cure-dent
A
Ne pas être dans son assiette: se sentir malade, déprimé, soucieux.
Ambitionner sul'pain béni: abuser d'une situation.
Fa d'l'air: déguerpis
Une amanchure de broche à foin: se dit d'une chose mal organisée.
C'est tout un aria: c'est compliqué.
Faut que je m'en alle: il faut que je parte.
B
Faire la baboune: se dit d'une personne qui boude.
Avoir les baguettes en l'air: s'énerver.
Fou comme un balai: étourdi, fou de joie.
Rire dans sa barbe: rire à la dérobée, rire sous cape.
Il pleut à boire debout: se dit lors d'un orage torrentiel.
Se tirer une bûche: prendre une chaise. Autrefois, les ménages modestes se servaient de bûches pour s'asseoir, d'où l'expression.
Coûter un bras: coûter très cher.
Prendre une brosse: prendre un coup.
Tordre un bras: obliger quelqu'un à céder par la force.
Mange pas tes bobettes: pas du presse, pas de panique. Se dit particulièrement dans la région du lac Saint-Jean.
C
Avoir du cœur au ventre: être vaillant.
Avoir mal au cœur: avoir envie de vomir.
Avoir une crotte sur le cœur: cultiver de la rancune.
Chiquer la guenille: boudeur.
Ça vaut pas de la chnoute: ne rien valoir.
Sacrer son camps: partir.
Changer son capot de bord: changer d'idée.
Passer au cash: recevoir son juste châtiment.
Foquer le chien: se tromper, perdre son temps.
Gelé comme une crotte: avoir très froid.
Parler à travers son chapeau: parler à tort et à travers.
Mettre ses culottes: prendre ses responsabilité.
Prendre une chire: tomber.
Prendre le clos: prendre le champ.
Dur de comprenure: difficile à résonner.
D
Être dans de beaux draps: mauvaise posture
La couenne dure: capable d'endurance
Faire dur: laid, mal habillé.
Avoir les deux doigts dans le nez: facilement.
Sans-dessin: sans réfléchir, innocent
Prendre une débarque: tomber.
Se désâmer: trimer dur.
E
Être sur son trente-six: se vêtir de manière recherchée pour une grande sortie.
Être sur son air d'aller: avoir ce l'énergie.
Avoir de l'eau dans la cave: avoir les pantalons trop courts.
Avoir un endormitoire: s'endormir.
Un enfant de nananne: être détestable, difficile.
Ça vient de s'éteindre: c'est terminé.
F
Avoir le coup de foudre: devenir amoureux instantanément.
Partir pour la famille: débuter une grossesse.
Prendre une fouille: tomber.
Un filleu: filleul
Avoir le feu au cul: être très en colère.
Pèter le feu: être rempli d'énergie.
Se tenir les fesses serrées: être gêné, intimidé, essayer de ne pas attirer l'attention sur soi.
Se parler dans la face: se parler franchement, sans détour.
C'est un visage à deux faces: un hypocrite.
Avoir la face basse: avoir l'air triste.
Mettre sa main au feu: être certain de quelque chose.
Être fripé: avoir de la difficulté à se réveiller.
Lâcher une fiouse: péter
S'enfarger dans les fleurs du tapis: s'arrêter à des petits détails, se compliquer la vie.
G
Faire la grasse matinée: flâner au lit
Avoir la guédille au nez: avoir la morve au nez.
Être gratteux: être avare.
Chiquer la guenille: bouder, rechigner.
Être gras dur: être comblé.
Gros plein de soupe: insulte
Se faire griller la couenne: se faire bronzer.
Grouille-toi: dépêche-toi.
Avoir le cœur gros: être triste.
H
Être dans les honneurs: être nommé parrain ou marraine, être reconnu.
Se faire des histoires avec e rien: s'inventer des scénarios énervants.
Se coucher à l'heure des poules: se coucher de bonne heure.
Ma tante est haguissabe: haïssable
I
Sage comme une image: être très sage.
Avoir une idée dans la caboche: avoir une idée dans la tête, comploter quelque chose.
C'est plate icitte: c'est ennuyant ici, il ne se passe rien.
J
Rire jaune: rire forcé (La couleur jaune symbolise la trahison, la déception et la jalousie.)
S'exciter le poil des jambes: s'énerver, s'impatienter.
Jeter l'argent par les fenêtres: gaspiller son argent.
Jeter ses choux gras: gaspiller de la bonne nourriture ou des objets encore bons.
Avoir d'la misère à joindre les deux bouts: avoir de la difficulté à tout payer, manquer d'argent.
Être attriqué comme la chienne à Jacques: mal habillé, mal vêtu
Y parle pas pis c'est juste: se dit d'un bébé ou d'une chose à qui l'on attribue plus de capacité qu'il en a.
Avoir la journée dans le corps: accablement. (Qui se ressent de la fatigue accumulée durant la journée.)
L
Donner sa langue au chat: avouer son ignorance.
Se laisser manger la laine sur le dos: se laisser abuser.
En criant lapin: en un rien de temps, sur le champ.
Être dans la lune: se mettre à rêvasser.
Lâcher son fou: se libérer des contraintes et donner libre cours à sa joie.
Se faire laver: être dépouillé de tous ses biens, de tout son argent.
Y en mène pas large: il ne va pas bien.
M
Être en mosus: être en colère.
Mouiller à boire debout: une bonne averse.
Faire son mal à main: être dissipé.
Avoir les mains plein de pouces: malhabile de ses mains.
Ct'une autre paire de manches: c'est différent.
Y parle comme y marche: parler mal.
Fou comme de la marde: très agiter
Rare comme de la marde de pape: pas facile à trouver.
Mouche à marde: personne collante
Prends ça mollo: ne pas s'énerver.
Y'a du monde à messe: y voir une foule.
Être le mouton noir: brebis galeuse de la famille.
Tiens ça mort: ne pas en parler.
Frisé comme un mouton: très frisé
Têtu comme une mule: être très entêté.
Prendre le mort aux dents: s'énerver.
Se poigner le moine: personne inactive.
Le temps se morpionne: la température se gâte.
Y'é malcommode: caractère difficile
Avoir le motton: avoir envie de pleurer.
Recevoir une morniffe: recevoir une gifle
Un homme en moyen: un homme avec beaucoup d'argent
La moutarde lui monte au nez: une colère grandissante.
N
Travailler au noir: travailler sans déclarer.
Passer la nuit sur la corde à linge: passer une nuit blanche.
Frapper un nœud: buter sur un obstacle imprévu, déception.
C'est tout un numéro: personne originale.
Se noyer dans un verre d'eau: personne pas très débrouillarde.
Pogner les nerfs: s'énerver.
Y s'prend pour le nombril du monde: personne prétentieuse.
Être tout nu dans rue: démuni.
O
Avoir la puce à l'oreille: personne avertie, aux aguets.
Être aux oiseaux: être heureux.
Mettre ses œufs dans le même panier: miser sur un même objectif.
Une tête d'oreiller: une taie d'oreiller
Dormir sur ses deux oreilles: dormir profondément.
Se rincer l'œil: regarder avec plaisir.
Mets-en, c'est pas de l'onguent: en donner davantage.
Elle a eu la grande opération: hystérectomie.
Y'a la calotte calée jusqu'aux oreilles: la casquette enfoncée.
Paqueté comme un œuf: ivre
Habiller comme un oignon: porter plusieurs couches de vêtements.
Se mêler de ses oignons: s'occuper de ses affaires.
Caler l'orignal: vomir.
Être mouillé jusqu'aux os: être trempé.
Se faire serrer les ouïes: corriger quelqu'un.
P
Chanter la pomme: faire la cour.
Mets ça dans ta pipe: une mise au point.
Faire du pouce: faire de l'auto-stop.
Tomber dans l'panneau: se faire avoir.
Marcher en pieds de bas: marcher en chaussettes.
Se mettre à poil: être nu.
Donner la chair de poule: peur, frisson.
Péter plus haut que l'trou: prétentieux.
Avoir du pain sur la planche: avoir beaucoup de travail.
Être de bonne heure sul'piton: être matinal.
Faire patate: manquer son coup.
Sacre-moé patience: laisse-moi tranquille.
Prendre une poff: inhaler.
Pacter ses p'tits: ramasser en vitesse.
Péter d'la broue: vantardise.
Reprendre du poil d'la bête: reprendre de la vigueur.
Q
Tirer le yable par la queue: avoir des moyens limités.
Être tiré à quatre épingles: être bien mis.
Se retrouver les quatre fers en l'air: tomber sur le dos
Pas barré à quarante: pas gêné
Qu'a rise don d'elle avant qu'a rise des autres: une personne moqueuse doit se regarder elle-même avant de juger les autres.
Se fendre en quatre: se dépenser sans compter.
Se faire passer un Québec: se faire berner, rouler.
Être comme une queue de veau: hyperactif.
N'avoir ni queue ni tête: n'avoir aucun sens.
À la queue leu leu: les personnes marchent l'une derrière l'autre.
Couper un cheveu en quatre: être méticuleux, perfectionniste.
S'en aller la queue sur les fessas: filer à toute vitesse.
Être en queue de chemise: sans pantalon
R
Être au bout du rouleau: épuiser tous ses moyens.
Être dans le rouge: être endetté.
Rêver en couleurs: voir trop grand, divaguer.
Faire les coins ronds: accomplir un travail avec négligence.
Il rempironne au lieu de s'emmieuter: se dit de quelqu'un qui empire au lieu de s'améliorer.
La levée du corps est raide: le réveil est difficile.
Se ronger les sens: se mourir d'inquiétude.
Y ment comme y respire: mentir naturellement.
Ça r'garde mal: ça risque de mal tourner.
Y a rien là! aucune importance
Rouge comme une tomate: rougir.
Ne pas avoir de r'quiens ben: n'avoir aucune retenue.
Grimper dans les rideaux: s'exciter.
Faire du raboudinage: faire du mauvais rapiéçage.
Être ratoureux: être rusé.
Ça marche comme sur des roulettes: ça fonctionne bien.
Raide comme d'la corde de poche: avoir les cheveux droits et rebelles, pas moyen de les friser.
S
Siler: respirer difficilement.
Sourd comme un potte: entend mal.
Se faire passer un sapin: se faire organiser.
L'affaire est dans le sac: une affaire réglée.
Sers la cent: gratteux.
Se faire couper le sifflet: se faire couper la parole.
Où tu t'en vas avec tes skis?: Ne pas être sur la bonne voie.
Un senteux: quelqu'un qui ne se mêle pas de ses affaires.
S'exciter le poil des jambes: s'agiter.
Yé sauté sul'crinque: il est énervé.
Au plus sacrant: au plus vite
De seconde main: usagé
Arriver sur un saut pis sur un pet: arriver vile.
Sentir la tonne: sentir l'alcool, sentir la boisson.
Ça va mal à shop: ça va très mal.
T
Changer quatre trente sous pour une piastre: ne pas être plus avantagé.
Tiens ben ta tuque: fais attention.
Être à côté de la track: être dans l'erreur.
Ouvrir la trappe: parler.
Y mène pas de train: il ne fait pas de bruit.
Avoir l'estomac dans les talons: avoir très faim.
Une trôlée d'enfants: plusieurs enfants
Y aller aux toasts: filer, aller vite.
Avoir du toupet: être brave.
Arrêter de tataouiner: arrêter de tourner en rond.
Tête de cochon: obstiné, entêté
Ti-cul: petite personne
Fais à ta tête, c'est à toi les oreilles: c'est d'accord tu gagnes.
Myope comme une taupe: ne voit rien sans ses lunettes.
Avoir la tête enflée: orgueilleux
Ça s'appelle touches-y pas: ne pas toucher sous aucune considération.
Va jouer dans le trafic: va-t-en.
Il s'est teindu les cheveux en vert: il s'est teint les cheveux...
En titi: beaucoup
Avoir le taquet bas: être triste
Tourner au tour du pot: ne pas. aller droit au but
Ne plus avoir le tic-tac pis l'air d'aller: être épuisé
U
Sans faire ni un ni deux: sans attendre.
En manger tout une: essuyer une raclée.
V
Aller aux vues: aller au cinéma.
Un vieux d'la vieille: ça remonte à très loin.
Manger une volée: se faire tabasser.
C'est pas piqué des vers: c'est très bon.
Me prends-tu pour une valise?: Me prends-tu pour un imbécile?
C'est pas vargeux: ce n'est pas fameux.
Nu comme un ver: flambant nu
C'est ben d'valeur: c'est regrettable, c'est malheureux.
En voir des vertes pis des pas mûres: passer par des épreuves.
J'ai mon voyage!: Être exténué, être estomaqué.
C'est arrangé avec le gars des vues: se dit d'une événement apparemment truqué et dont l'issue est prévisible.
Une vache y perdrait son veau: un désordre.
Y vente à écorner les bœufs: vents violents.
Y est viré sul'top: il a perdu le contrôle de lui-même.
Varger dans le tas: frapper.
Visage à deux faces: individu hypocrite
Viens pas m'écoeurer: ne me dérange pas.
W
Lâcher un waque: lancer un cri.
Wo les moteurs: ça suffit
Faire des willies: crissement, tournoiement.
Être willing: être prêt, être d'accord.
Watch out: prends garde, attention.
X
C'est dans les trois X: c'est fameux, épatant.
Y
Faire les yeux doux: c'est une façon de conquérir.
Jeter d'la poudre aux yeux: impressionner.
Avoir les yeux plus grands qu'la panse: prendre plus qu'on peut en manger.
Avoir les yeux dans l'même trou: être très fatigué.
Avoir les yeux dans graisse de binnes: avoir les yeux vitreux, sans vie.
Ynque à voir, on voit ben: c'est clair.
Y a rien là: c'est pas grave.
Ça coûte les yeux d'la tête: c'est très coûteux, inabordable.
Avoir des yeux d'chat: avoir des bons yeux.
Z
Zigonner: perte de temps
Faire le zouave: faire le niais.
C'est un gros zéro: c'est un rien.
A-A
abrier (se couvrir)
par a-don (par hasard)
il est ben d'adon (Personne avec qui il est facile de s'entendre.)
astiner (argumenter)
accoter (concubinage)
accroire (amplifier la vérité)
assire (asseoir)
achaler (déranger)
asteur (maintenant)
agrès (personne plutôt moche)
absulument (absolument)
affiler (aiguiser)
aura (près de)
B-B
bavasser (bavarder à tort et à travers)
blonde (amie)
bécosse (toilette)
bobette (sous-vêtement)
bouette (boue)
blé d'Inde (maïs)
bébelle (jouet)
bébitte (insecte)
baveux (arrogant)
barniques (lunettes)
bombe (bouilloire)
boucane (fumée)
barda (grand ménage)
binerie (casse-croûte)
bardasser (brasser)
bazou (vieille auto en mauvais état)
balancigne (balançoire)
betôt (bientôt)
bécique (bicycle)
beu (bœuf)
branleux (indécis, lambin)
bretteux (lent)
brumasser (une petite brume, bruiner)
bleu (coloration de la peau suite à un coup)
brunante (tombée de la nuit)
baragouiner (parler vite)
bidou (argent)
C-C
cartron (carton)
canter (pencher)
cenne (cent, sous)
courailleux (aller d'une aventure à une autre)
codinde (seul)
carosse (voiture d'enfant)
châssis-double (lunettes épaisses)
carotté (quadrillé)
crinquer (exciter, irriter)
cani (moisi)
chiâler (se plaindre)
chaudasse (éméché)
cannes (jambes longues)
claque (couvre-chaussures)
cabochon (maladroit)
canisse (chaudière)
couenne dure (persistant, entêté)
chiard (fricassée)
catin (poupée)
champlure (robinet)
câline (patois)
cossins (petits objets)
canneçon (caleçon)
chop (côtelette)
capoter (adorer, fou)
chesterfield (sofa)
commande (faire l'épicerie)
couvarte (couverture)
chum (ami)
couette (cheveu)
couleurer (colorier)
crémage (glaçage)
D-D
débiné (découragé)
déwrenché (défait)
débouler (dégringoler)
dépense (garde-manger)
déguidiner (partir vite)
drette (droite)
dézipper (ouvrir la fermeture éclair)
drabe (beige)
E-E
effoirer (écraser)
étriver (agacer)
étripper (prendre par le cou)
écornifler (sentir)
escousse (temps)
se faire emberlificoter (se faire organiser)
éplucher (peler)
s'écarter (s'égarer)
écartillé (écarquillé)
éjarré (s'écarquillé)
enfarger (tribucher)
écrapoutir (écraser)
écoeurer (dégoût)
s'évacher (paresseux)
F-F
fouiner (chercher)
flaflas (fantaisie)
fale (le cou)
forçant (effort)
froque (chemise de travail)
ben fin (très gentil)
flô (enfant)
frigidaire (réfrigérateur)
fret (froid)
G-G
greyé (bien équipé)
grosserie (épicerie)
garrocher (lancer)
garnotte (petite roche)
gorlot (petite pomme de terre)
gnochon (niaiseux)
gosser (tourner en rond)
gratteux (avare)
grelotteux (frileux)
gibelotte (fricassée)
grafigner (égratigner)
gripette (malin)
gougoune (chaussure de plage en plastique)
grimer (maquiller)
H-H
haguir (haïr)
infractus: (infarctus)
icite: (ici)
itou: (aussi)
inoptisé: (hypnotisé)
J-J
jaspiner (se rebeller)
jouquer (grimper)
jongler (réfléchir)
jacasseux (bavard)
K-K
kiss (papillotte)
kif-kif(égal)
kapoutte (fini)
kick (avoir le béguin)
kleenex (papier mouchoir)
kit (ensemble)
L-L
limoner (rouspéter)
lyrer (pleurnicher)
lisable (lisible)
lette (laide)
licher (lécher)
liqueur (boisson gazeuse)
lastique (élastique)
M-M
magané (mal en point)
minoucher (caresser)
mets-en (en mettre)
moton (grumeau)
morniffe (une grosse tape)
mosusse (en colère)
mop (vadrouille)
moulin (machine à coude)
mentrie (mensonge)
memère (une commère)
mouiller (pleuvoir)
N-N
nono (niaiseux)
niochon (niaiseux)
nanane(bonbon)
neigetter (neiger légèrement)
narfe (nerf)
neyer (noyer)
neu (nouveau)
O-O
overtime: (surtemps)
O.K. (d'accord)
ouache! (dégueulasse)
ouaque: (lancer un cri)
ostineux: (aimer contredire)
P-P
pompette (en état d'ébriété)
poquer (endommager)
pitoune (jeton)
poche (mauvais)
pissou (peureux)
peignure (coiffure)
poutine (mélange)
parer (être prêt)
picosser (lâche pas prise)
piastre (dollars)
pitonner (taper sur les touches)
pichou (laid)
placoter (jaser)
pendrioche (chose qui pend)
prune (bosse suite à un coup)
piler (écraser)
patente (objet)
Q-Q
quétaine (pas à la mode)
quantième (jour du mois)
quèqu'un (quelqu'un)
R-R
ruine babines (harmonica)
rapailler (rassembler)
reculon (petite peau autour de l'ongle)
reniper (rénover)
r'voler (repousser violemment)
riguine (objet sans valeur)
rouleuse (cigarette faite à la main)
ratoureux (espiègle)
retontir (arriver subitement)
r'soude (arriver rapidement)
rabâter (bavarder inutilement)
ravigoter (s'énergiser)
raboutiner (rapiécer avec des choses usagées)
racoin (recoin)
S-S
sloche (de la gadoue)
siaux (des seaux, des récipients)
stoffe (un produit)
saper (avaler en faisant du bruit)
seiner (espionner)
secousse (longtemps)
saf (glouton)
séraphin (avare)
s'assir (s'asseoir)
T-T
tanné (fatigué)
téteux (Personne qui flatte en faveur de ses intérêts.)
toffe (dur, fort)
tarla (niaiseux)
trâlée (en grand nombre)
talle (un groupe, un ensemble)
taponnage (perte de temps)
toton (niaiseux)
trotte (longue distance à parcourir)
V-V
visou(viser juste)
vase (boue)
va vite (diarrhée)
Si notre vocabulaire présenta plusieurs anciens mots ou expressions, là n'est pas son unique caractéristique. Notre vocabulaire contient aussi des mots qui décrivent des réalités propres à notre culture. Pour parler de la vie de tous les jours, nous avons créé des expressions imagées comme noirceur, poudrerie, souffleuse, traversier, etc. D'une tradition agricole, nous avons également fabriqué des locutions comme: sauter la clôture, faire le train, pleuvoir à boire debout et amanchure de broches à foin, entre autres. Voilà quelques québécismes qui ne manquent pas d'originalité.
La guignolée
Ce mot vient de l'ancien français aguilaneuf qui signifie au gui l'an neuf. On le doit aux Gaulois qui, à la veille du jour de l'An, partaient à la recherche du gui de chêne. Aujourd'hui, la guignolée perpétue le principe de la cueillette, sauf qu'on ne recueille plus le gui, mais bien des présents pour les gens démunis, en prévision de Noël.
Barrer la porte
En ancien français, on découvre que le mot barrer s'applique à un mode de fermeture qui consiste à mettre une barre transversale sur une porte. On voit d'ici: une vieille porte en bois, bloquée par une barre.
S'en ficher comme l'an 40
Au Québec, cette expression daterait du début de 1740 lorsque des gens ont commencé à répandre une nouvelle à l'effet que des événements terribles se produiraient cette année-là. La prédiction se révéla tout à fait fausse. C'est ainsi que pour rire des personnes qui avaient répandu celle-ci, les colons du temps ont lancé la fameuse formule: «On s'en fiche comme l'an 40».
Se fermer la boîte
Cette expression est née alors que des lignes téléphoniques étaient partagées. Quand quelqu'un écoutait sur la ligne, on disait de fermer sa boîte, c'est-à-dire de raccrocher son récepteur.
Avoir des bidous
Nos fameux bidous viennent d'une ancienne monnaie utilisée en France: le bidet. Il est drôle de penser qu'aujourd'hui le mot bidet a perdu sa vocation commerciale... pour une vocation autrement plus utilitaire. (Le bidet est une sorte de cuvette servant à la toilette intime.)
Raide comme de la corde de poche
Inspirée de la vie agricole, cette expression plutôt moqueuse fait allusion à la corde de chanvre dont on se servait pour ficeler les ballots de foin. En général, on lance ce mot d'esprit pour décrire les cheveux de quelqu'un.
Virer son capot de bord et vire-capot
Expressions qui qualifient quelqu'un qui change d'allégeance politique. Autrefois, il était très mal vu de changer de parti et on disait de celui qui passait dans un autre camp qu'il était un vire-capot. Au Québec, le mot capot représente un paletot à capuchon autrefois fabriqué en étoffe du pays.
Prendre une brosse
Pourrait venir de brosser qui, dans les parlers gallo-romains, signifie aller à travers les broussailles, c'est-à-dire errer à l'aventure.
Le diable est aux vaches
La discorde, le chaos s'instaure, le temps se gâte. Allusion à l'agitation des vaches dans l'étable qui, croyait-on, était causée par le diable mais aussi par le mauvais temps imminent.
Le bonhomme sept heures
C'est une expression qui a pris une drôle de tournure. Inspirée de l'anglais bonne setter, c'est-à-dire ramancheur, elle a fait appel à notre imaginaire. On la doit aux médecins itinérants qui, autrefois, se rendaient dans les foyers québécois pour replacer les os des habitants. Comme on entendait les cris de douleur de leurs patients, ils ne manquaient jamais d'effrayer les enfants. C'est ainsi que pour obtenir l'obéissance de ces derniers, nos ancêtres les menaçaient de faire appel aux services du bonhomme sept heures.
Attendre quelqu'un avec une brique et un fanal
Au temps de la colonie, les personnes qui voyageaient en carriole l'hiver étaient raccompagnées par leurs hôtes qui les éclairaient d'un fanal et qui avaient pris soin de réchauffer des briques pour maintenir leurs pieds au chaud.
Avoir la puce à l'oreille
Cette façon de parler est très ancienne. Elle semble avoir eu à l'origine le sens très fort, de violente inquiétude, et aussi de véritable tourment physique et moral. Dans l'affolement et la douleur d'une personne, une puce se serait logée dans son conduit auditif et l'aurait piquée en cet endroit sensible pendant son sommeil. C'est ainsi que l'expression apparaît dans une version du XIVe siècle, sous une forme qui semble déjà établie de longue date.
Tête à Papineau
Ne pas être la tête à Papineau; ne pas être très intelligent, très perspicace. Allusion à Louis-Joseph Papineau, célèbre tribun populaire, qui passait pour très intelligent.
Quel temps de cochon!
Cette expression bien ancrée dans le langage populaire et qui désigne un mauvais temps, froid et humide, trouve son origine et son explication dans la vie rurale de jadis. Lorsque, à des fins purement nourricières, l'on sacrifiait cet animal arrivé à la corpulence souhaitée, il n'était pas question de le consommer en entier, mais de le conserver pour les dures saisons à venir. L'une des méthodes de conservation les plus connues était la mise au saloir. Pour favoriser la prise de sel, il importait que le temps soit de la partie: une bonne et froide humidité ambiante était un gage de réussite. Le porc était donc tué en novembre, par un temps.. .de cochon.
Être bredouille
Ce terme a été associé au perdant malheureux d'un jeu en grande faveur du XIIe siècle au XIXe siècle. Ce jeu, le trictrac, consistait en une planche divisée en deux parties portant chacune six cases du côté du joueur et autant du côté de l'adversaire. La partie consistait à gagner douze trous. On disait alors jouer bredouille quand on gagnait une partie sans que les autres puissent jouer. Le terme est vite passé au sens figuré que l'on connaît et qui veut dire revenir sans gibier ou sans poisson pour les pêcheurs.
C'est chouette!
Chez les anciens Grecs, la chouette était le symbole d'Athènes, parce que les chouettes, paraît-il, abondaient dans la ville. En conséquence, elle fut dédiée à la déesse Athéna et à ce titre tout à fait respectée.
Être plein aux as
Une expression récente tirée du poker, lequel date de la fin du siècle dernier, en Amérique. Un plein c'est un full, que l'on ne traduit plus, et un full aux as composé de trois as et d'une paire, est un jeu qui peut rapporter une fortune. Le jeu de mots sur avoir de l'argent plein les poches et être plein aux as sont des expressions qui parlent d'elles-mêmes.
Avoir le coup de foudre
Le coup de foudre était connu au XVIIe siècle, mais pas encore comme le témoignage d'une passion violente et soudaine. Il traduisait alors la stupeur d'un événement inattendu, généralement catastrophique.
Donner sa langue au chat
Cette formule marque la fin des devinettes. L'ancienne formule: Jetez-vous votre langue aux chiens? Ce changement d'animal domestique est moins brutal que langue aux chiens. L'expression consacrée s'éloigne ainsi de la réalité féroce dans laquelle elle a certainement vu le jour, à des époques où les mutilations humaines n'étaient pas de simples façons de parler.
Monter sur ses grands chevaux
C'est le signe de la bataille. Naturellement ce n'est pas une action que l'on entreprend l'esprit calme et serein, il y faut de la fougue et de l'arrogance. On dit aussi qu'un homme monte sur ses grands chevaux pour dire qu'il parle en colère et d'un ton hautain.
Bâiller aux corneilles et bouche bée
Il y a bâiller et bayer! Bâiller d'ennui ou de sommeil, avec ou sans discrétion et bayer (de l'ancien baer, ou béer,) qui veux dire: tenir la bouche ouverte, de surprise ou d'innocente attention, lequel a donné la bouche bée, la gueule béante. Bayer aux corneilles est donc une manière de parler proverbiale, pour exprimer un homme oisif, qui s'amuse à regarder niaisement toutes choses. Pourquoi les corneilles...? Parce qu'elles sont en l'air probablement et que ça donne l'air encore moins futé...
Pas piqué des vers
Le ver est depuis toujours ce qui gâte, qui ronge, aussi bien les chairs que les végétaux; c'est le principe de corruption des anciens, le symbole du vieillissement, du périssable. La locution piqué des vers était déjà en usage au XVIIe siècle, au sens propre, appliquée aux étoffes mitées et au bois vermoulu.
Mettre au pied du mur
Se rapporte à l'escrime, où celui qui a poussé son adversaire jusqu'au pied du mur a ôté tout moyen de reculer, en sorte qu'il soit obligé de riposter ou de demander merci. Cette situation correspond en fait à une tournure: être le dos au mur.
Être à la merci
La merci fut d'abord une faveur, une récompense. Celui qui vous tient à sa merci, est donc celui qui fixe son prix pour votre libération.
Prendre le mors aux dents
Quand le cheval en a assez de suivre la volonté de son maître, il agrippe les branches du frein ou mors avec les incisives, empêche ainsi l'engin de lui tirer douloureusement les commissures des lèvres. Il peut dès lors en faire à sa tête. On dit de façon figurée prendre le mors aux dents, pour dire prendre une bonne résolution et l'exécuter.
Chanter la pomme
Quelle pomme? On pense immédiatement à la pomme qui fut échangée entre Ève et Adam. Il existe dans les traditions du folklore une douzaine de façons différentes de se tenir ou se toucher la main entre cavalier et cavalière, un véritable code érotique, sans qu'une parole soit dite. L'un des signes de ce discours muet consistait pour le garçon à presser d'une façon particulière la paume de la fille. A-t-il pu se produire, dans ce contexte musical des danses folkloriques, une transformation du son: chanter la paume, chanter la pomme? C'est une hypothèse qui est loin d'être négligeable, compte tenu des variations phonétiques du parler québécois.
Tomber dans le panneau
L'expression est elle-même traîtresse si l'on ne comprend pas que le panneau est un filet tendu sur le passage des bêtes. Le panneau n'est qu'une petite tanière, dans laquelle bondissent les lièvres ou les lapins pour s'y prendre.
Être mis à pied
Autrefois, la mise à pied c'était le renvoi, quelquefois temporaire, suite à une faute professionnelle. Il s'agissait d'une sanction dans la cavalerie, où un grenadier était privé de son cheval pour plusieurs jours; une sorte de dégradation provisoire.
Ne pas être dans son assiette
Avant d'être cette «vaisselle plate», datant du début du XVIe siècle, dans laquelle on sert la nourriture, assiette signifiait seulement position, manière d'être posé. C'est là le sens propre et ancien du terme, dérivé du même mot latin que asseoir et assise, celui que l'on emploie encore lorsqu'on parle de la «bonne assiette d'un cavalier sur sa selle.»
Avoir du pain sur la planche
Les paysans avaient l'habitude de faire à l'avance une assez grande quantité de pain qu'ils mangeaient sur une planche fixée aux solives du plafond au moyen de montants de bois. Tant qu'ils avaient ainsi du pain cuit, ils disaient qu'ils avaient du pain sur la planche, expression qui a été prise au figuré et s'est appliquée à toute personne ayant de quoi vivre sans qu'elle ait besoin de travailler; puis, par extension, à avoir du travail en réserve.
Se sucrer le bec
Expression qui veut dire se rendre à la cabane à sucre pour déguster le sirop d'érable.
Entre chien et loup
La distinction entre les deux bêtes est essentielle pour y voir clair. C'est le soir ou le matin, quand le jour est si sombre: qu'on ne saurait distinguer un chien d'avec un loup. Ce fut toujours l'heure propice aux mauvaises rencontres, et aussi, heureusement, aux rendez-vous galants.
Se mettre à poil
L'expression dans son acceptation de nu comme un ver nous fait voir Adam et Ève où tout un chacun montre ses poils là où ils sont. En réalité à poil s'est d'abord appliqué aux cheveux et constitue une variation de l'expression à cru, qui signifie monter à cheval à même le poil, sans selle ni couverture. Au XVIIe siècle, cette expression voulait aussi dire à peau nue.
Pile ou face
Cette expression vient des Romains qui lançaient en l'air une piécette pour décider le sort à choisir. Les pièces antiques portaient d'un côté le tête de Janus, de l'autre le navire sur lequel il était arrivé en Italie.
Vider son sac
Lorsque les gens en ont assez de se supporter sans rien dire, ils déballent soudain tout ce qu'ils ont sur le cœur: ils vident leur sac. Autrefois les avocats avaient des documents qui étaient écrits sur du papier épais, noué par un ruban et transporté dans un sac. Rendus à la cour, ceux-ci vidaient le contenu de ce sac.
Notre langue regorge aussi de bizarreries.
Voici des exemples:
Mon pitou, ma pitoune, mon minou, ma minoune, mon bébé, mon pitte, mon coco, ma cocotte, mon chou, mon chouchou, ma chouchoune, ma chouette, ma poupoune, mon toutou, ma toutoune, mon pitchounet, ma pitchounette, ti-gars, fifille, mon chaton d'amour...
Dutenon, Claude. La puce à l'oreille, Balland, Livre de poche, 1990, 507 p.
DesRuisseaux, Pierre. Le livre des expressions québécoises, Hurtubise HMH, 1979, 291 p.
Dugas, André, Soucy, Bernard. Le dictionnaire pratique des expressions québécoises, logiques, 1991, 299 p.
Corbeil, Pierre. Le québécois: pour mieux vivre, Ulysse, 1991, 187 p.
Côté, Jean. Expressions populaires québécoises, Les Éditions Québécor, 1995, 141 p.
DesRuisseaux, Pierre. Trésor des expressions populaires, Fides, 1998, 333 p.
Pellerin, Jean. Pour l'amour de la langue française au Québec et au Canada, Guérin, 1998, 190 p.
Proteau, Lorenzo. La parlure québécoise, Les éditions des amitiés franco-québécoises, 1996, 221 p.
Revue 7 jours, De ramancheur à vire-capot l'origine des expressions québécoises
Dictionnaire Bélisle de la Langue Française au Canada, Société des Éditions Léland, Limitée