L'Acadie peut se délimiter géographiquement, mais pour plusieurs d'entre nous, il s'agit d'un état d'esprit, d'un pays intérieur où chacun vit à sa façon. Les histoires de ce recueil proviennent de six régions acadiennes de la Nouvelle-Écosse: l'Acadie personnelle des participantes. Les récits vous transporteront dans une contrée parfois triste, parfois poétique ou parfois mystérieuse...
En 1995, l'Équipe de travail en alphabétisation publiait un premier recueil de textes basés sur la tradition orale, J'ai une histoire à raconter. Fortes du succès de ce livre, formatrices et apprenantes ont fait part à l'Équipe du désir et du besoin d'un autre recueil de textes.
L'Acadie vue de l'intérieur est le résultat d'ateliers de lecture et d'écriture donnés dans les régions de Clare, Chéticamp, Argyle, Pomquet, Halifax-Dartmouth et Isle Madame. La carte de la Nouvelle-Écosse vous aidera à mieux situer ces régions à forte concentration acadienne.
Pour les apprenantes, l'écriture de textes s'avère une expérience enrichissante pour plusieurs raisons. Tout d'abord, la rédaction de textes sert d'activité pédagogique dans les ateliers d'alphabétisation. L'écriture de souvenirs ou d'événements familiaux fait réfléchir à son héritage culturel et à sa communauté. La rédaction valorise le vécu et les expériences personnelles des apprenantes. Il s'agit d'un accomplissement de taille pour bon nombre de participantes. Une fois publié, le recueil de textes continue sa fonction d'outil pédagogique que les formatrices utilisent en classe.
Les apprenantes méritent de chaudes félicitations pour leurs efforts et surtout pour avoir bien voulu partager leurs souvenirs et la «petite* histoire de leur communauté. Quant aux formatrices, elles servent de bouées, de phares et d'ancrages aux initiatives d'alphabétisation dans les régions acadiennes et francophones de la province. Bref, on ne saurait se passer de vous. Mille mercis Carole Aucoin, Bernice d'Entremont, Marina d'Entremont, Marie-Adèle Deveau, Lorraine Fennell, Suzie Julien, Velma Martell et toutes les apprenantes du projet Écrivons.
Joëlle Désy
Coordonnatrice de l'éducation aux adultes
Communauté acadienne
Ministère de l'Éducation et de la Culture de la Nouvelle-Écosse.
Juin 1998
Photo de la classe de Saint-Bénoni sur la couverture
La petite école de Saint-Bénoni, près de la rivière de Meteghan, en 1944 ou 45. La raconteuse de cette histoire, dans la première rangée, la première à gauche, fut la seule de cette classe à poursuivre ses études jusqu'à la douzième année.
Rangée d'en arrière, de gauche à droite:
Henriette à Steve Deveau (décédée);
Anita à Moïse Saulnier;
Thérèse à Angèle Robicheau (décédée);
Rose Anne à Moïse Saulnier;
Annette à James Saulnier;
Marguerite à Steve Deveau;
Lucille à Steve Deveau;
James à James Saunier;
Jeau-Eudes à Steve Deveau;
Willard à Steve Deveau;
Melbourne à Ulysses Deveau.
Rangée d'en avant, de gauche à droite:
Lorraine à James Saulnier;
Pauline à Martin Saulnier;
Jean à Joe Maillet;
Cécile à Willie Thériault;
Velma à Joe Maillet;
Jeanette à Denis à Cimide Saulnier;
Ralph à Joe Maillet;
Bernice Cormeau;
Auralie à Steve Deveau;
Gérald à Joe Maillet;
Ralph à James Saulnier.
L'enseignante était Cécile Cormeau-Saulnier.
C'est elle qui a pris la photo.
Je me rappelle très bien que lorsque j'étais petite, mon père m'aimait tendrement. Il était toujours là pour me rassurer avec des mots de tendresse, surtout quand j'avais des cauchemars. J'en avais tous les soirs, et papa me laissait alors coucher dans son grand lit avec lui et maman.
Quand j'avais quatre ans, mon père a dû quitter Chéticamp pour aller travailler à Lingan. Il partait le lundi matin et revenait à la maison seulement le vendredi soir. Comme j'étais triste de le voir partir pour la semaine! C'est pourquoi j'ai souvent pleuré.
De retour pour la fin de semaine, Papa m'emmenait le samedi matin faire une promenade à Chéticamp. Nous allions toujours au magasin à Raymond où j'achetais des bonbons de mon choix.
Je garde un excellent souvenir d'un vendredi soir où mon père est arrivé avec une belle grande poupée aux cheveux roux. De plus, elle marchait. Elle était presque aussi grande que moi. Papa me dit qu'il avait rencontré le Père Noël sur le chemin de Chéticamp et qu'il lui avait demandé s'il avait une belle poupée pour sa petite fille. Cette poupée demeure le cadeau le plus précieux que j'ai reçu au cours de ma vie.
Maintenant que je suis une adulte, je me rappelle souvent ces souvenirs. Mon père est très spécial, et je l'aime beaucoup. Il a 71 ans, et je me sens très chanceuse de l'avoir encore dans ma vie. Je ne sais pas ce que je ferais sans lui. Aujourd'hui encore, il est toujours là pour m'écouter et pour m'aider. Mon père joue un rôle très important dans ma vie, et je sais qu'il se rend compte de ce que sa présence signifie pour moi.
Paula Deveau
Chéticamp
Ma grand-mère Alphrée était une femme pas très grande et assez maigre qui avait des cheveux noirs qu'elle portait courts. Elle n'était pas faraude, car elle était très simple dans ses manières. Je pense qu'elle avait un grade 9.
Jeune fille, elle demeurait dans le village de Grosses Coques. Elle était la fille de Simon Anselme Belliveau. Elle avait trois sœurs: Melvina, Lévina et Madeleine, et cinq frères: Ulysses, Léandre, Edmond, Désiré et Maximin.
Alphrée a rencontré un homme qui s'appelait Delphis Soucie, et ils se sont mariés. Delphis venait du village de l'Anse-des-Belliveau. Ils se sont installés dans une grosse maison bâtie sur une butte dans l'Anse. Ils ont eu quatre enfants: Françoise, Elmer (mon père), Alzora et Denis.
Ma grand-mère aimait beaucoup jouer aux cartes. Tous les samedis soir, plusieurs personnes se réunissaient chez elle pour des jeux de cartes. Elle préparait toujours un dessert spécial pour la soirée.
Elle était bien connue pour être une bonne travaillante. Comme elle était sage-femme, elle a dû, à plusieurs reprises, marcher de longues distances dans la neige jusqu'aux genoux, pour aider aux accouchements.
On m'a dit qu'elle faisait des ménages et préparait de la nourriture pour des noces et des pique-niques. Elle faisait de beaux gâteaux de noces pour vendre. Elle aimait beaucoup faire la cuisine, mais ne donnait pas ses recettes facilement. Si elle donnait une recette, elle «oubliait» un ingrédient ou deux.
Ses beignes fondaient dans la bouche, tandis que ceux de ma mère pouvaient rebondir par terre. Je me souviens que lorsque ma mère faisait des beignes, ma grand-mère Alphrée se berçait dans sa chaise en riochant. Quand maman faisait cuire des gâteaux, grand-mère allait ouvrir et fermer la porte du four pour empêcher que les gâteaux de maman lèvent.
Quand les deux boulangeaient, grand-mère voulait que je ne mange que sa nourriture tandis que ma mère insistait pour que je ne goûte qu'à la sienne. J'étais toujours prise entre les deux femmes. La seule solution était de goûter à tout pour plaire aux deux. Elles ne s'entendaient pas toujours, car les deux aimaient contrôler la situation. Comme nous avons toujours demeuré sous le toit de ma grand-mère, ce n'était pas facile pour ma mère.
Comme ma grand-mère était une sage-femme, elle m'a mise au monde. Elle a choisi pour moi le nom de sa fille Alzora. Il paraît que c'est également elle qui a choisi ma marraine.
Un beau jour, elle me dit: «Ton temps pour laisser la maison approche. Quand tu seras partie, moi je serai prête à mourir.» Au mois de mai, à l'âge de 87 ans, elle est décédée. Moi, je suis partie au mois de septembre.
Cette femme, Alphrée, ma grand-mère, m'a mise au monde; elle m'a donné mon nom et elle était toujours là pour moi. Ma grand-mère m'a beaucoup aimée et maintenant, je me rends compte qu'à ses yeux, j'étais vraiment sa petite fille.
grade 9
anglicisme au sens de 9e année scolaire
travaillante
travailleuse
riochant
riant
Alzora Deveau
Rivière-aux-Saumons, Clare
Ma grand-mère était Lucie Thériault, fille de Françoise et de Joseph, dit l'homme de l'Anse-des-Belliveau. Elle avait marié Elisée Comeau à Pitonne de St-Bernard. Grand-mère avait cinq frères et sœurs. J'ai connu son frère William et sa sœur Eugénie. Mais malheureusement, trois d'entre eux sont morts dans leur jeunesse. Un frère, Fidèle, âgé de cinq ans et une sœur, Adèle, âgée de quatre ans, sont morts de la diphtérie le même soir du 6 septembre 1891. Mon grand-père et ma grand-mère ont eu sept enfants, dont ma mère, Rose Ella.
Durant l'hiver, ma grand-mère faisait des tapis hookés. Au printemps et à l'été, elle échangeait ses tapis pour des couvre-lits, des toiles cirées et de la vaisselle. Ses tapis hookés étaient très populaires.
Grand-mère était une femme très religieuse. Elle demeurait près de l'église de St-Bernard. Une fois trop vieille pour se rendre à l'église, on disait des messes dans sa maison. Heureusement pour elle, deux de ses neveux étaient prêtres.
Après la mort de grand-père à l'âge de 39 ans, Eugénie, la sœur de grand-mère, est allée vivre avec elle. Puis, Eugénie aussi est décédée. Quand j'étais encore à l'école secondaire de Clare, je suis allée demeurer avec ma grand-mère parce qu'elle était âgée et vivait seule dans une grande maison.
Je me rappelle bien sa peur du tonnerre. La nuit, quand il y avait une tempête de tonnerre, elle me demandait de faire le tour des chambres pour lancer quelques gouttes d'eau bénite sur les murs. J'avais probablement aussi peur qu'elle.
Le samedi matin, elle me faisait boulanger du pain et le dimanche, nous faisions cuire une poule pour notre dîner. Le soir, il fallait jouer aux cartes, à Auction 45. Quand elle brassait les cartes, elle regardait sous le paquet et si elle voyait un cinq, un valet ou l'as de cœur, elle brassait les cartes de nouveau.
Quand je pense à ma grand-mère, je revois une petite femme assise dans son fauteuil roulant, vêtue de sa robe de chambre fleurie et portant une perruque grise. Elle est bien installée à sa table de jeu devant la fenêtre du salon et regarde dehors.
tapis hookés
tapis faits à la main à l'aide d'un crochet spécial
tempête de tonnerre
orage
Arlene Creaser
Concessions, Clare
En mars 1950, un jeune pêcheur de Pubnico-Ouest attend un appel pour partir à la pêche. Enfin, le temps arrive, mais le jeune homme n'a pas d'argent pour se rendre à Halifax d'où le bateau doit partir. Il décide de vendre ses patins à une voisine. Il demande dix dollars, et la femme lui dit qu'elle doit consulter son mari. Le mari répond: «C'est une bonne idée. On donnera les patins à un de nos fils.» Les dix dollars en poche, le jeune homme part pour Halifax. La pauvre voisine ne sait pas qu'elle le voit pour la dernière fois.
Quelques jours plus tard, le jeune homme quitte le port de Halifax à bord du schooner «Gertrude de Costa», propriété de M. Lawrence Sweeney de Yarmouth. Le capitaine, Haslam Knickle de Lunenburg, et l'équipage de 18 hommes ne se doutent pas de ce qui les attend.
La malchance commence dès leur arrivée sur les Grands Bancs. Le poisson est rare. Une mauvaise mer chavire une doris en pleine mer, et un homme se noit. Les autres décident de retourner à Halifax. À environ un quart de mille de l'Ile McNab, dans le havre de Halifax, le bateau fréteur «Island Connector» frappe la «Gertrude de Costa» et la coupe en deux.
L'horloge sonne deux heures en ce matin du 18 mars 1950. Le bateau coule si vite que seulement six hommes d'équipage survivent au naufrage. Au matin, les sauveteurs ramassent quatre corps, mais on ne retrouva jamais les sept autres marins.
L'un des hommes disparus à jamais est mon oncle Romanus, âgé de 26 ans, le frère de mon père, Avellin. Mon grand-père Léo meurt le cœur brisé de ne jamais revoir son fils Romanus. Philomène Amirault, la voisine qui avait acheté les patins, est maintenant âgée de nonante ans. Elle m'a dit récemment que depuis ce temps, elle a pensé mille fois au naufrage. Elle croit toujours que si elle n'avait pas acheté les patins de Romanus, la fin de l'histoire aurait été différente.
Moi, je pense qu'oncle Romanus aurait trouvé dix dollars ailleurs et que l'événement était la volonté de Dieu. Que son âme repose en paix!
fréteur
bateau de marchandises qui transporte du fret
nonante
quatre-vingt-dix
Joyce d'Entremont
Pubnico-Ouest, Argyle
Ma grand-mère s'appelle Elsie German. Elle est née dans le village de Saulnierville. Son nom de fille était Amirault. Elle vient d'une famille pas très grande pour l'époque. Elle a seulement deux frères et deux sœurs.
Elle m'a déjà dit qu'elle n'était pas allée très loin à l'école, seulement jusqu'au grade 8. Ensuite, elle est devenue servante pour une famille de Meteghan.
Elle a marié mon grand-père, Louis German, dans les années trente. Ils ont demeuré chez les parents de mon grand-père à Meteghan pendant toutes leurs années de mariage. Ils ont eu douze enfants dont deux sont morts.
Grand-père était souvent parti en mer. Il travaillait sur un bateau. Grand-mère restait toute seule à élever les enfants. Elle me racontait que tout était fait à la main, comme laver les vêtements sur le lavoir, fabriquer le beurre avec la baratte et s'occuper des animaux.
Quand j'étais petite, je vivais à Toronto, et nous venions à Meteghan durant l'été pour voir mes grands-parents. J'avais toujours tellement hâte de manger les biscuits à la mélasse de grand-mère. Elle nous en préparait toujours. Grand-mère était une très bonne boulangère.
Je pense que ma grand-mère est une femme courageuse. Elle réussit encore à être propre et bien habillée en tout temps. J'aime toujours l'écouter quand elle raconte des histoires du temps passé.
grade 8
anglicisme au sens de 8e année scolaire
Debbie Comeau
St-Martin, Clare
Mon grand-père est né le 15 août 1867 à la Station de Meteghan, un petit village près d'un lac appelé Lac des nègres (Lac de Clare). Mon grand-père était Émilien Deveau, fils de Philomon Deveau et d'Élisabeth Saulnier. Il a marié Philomène Thériault, et ils ont eu une grand famille de douze enfants.
Comme l'école était près de sa maison, on suppose qu'il avait un peu d'éducation. Il pouvait certainement écrire, car il possédait un livre dans lequel il inscrivait en français des dates importantes comme les mariages, les naissances et surtout les décès.
Mon grand-père était un maçon et un charpentier. Il avait noté dans son livre les dépenses de sa maison. Il avait acheté du matériel pour 156,92$ en comptant le 10$ payé au plâtrier.
Émilien Deveau portait la barbe et mesurait plus de six pieds. Plus gros que gras, il était svelte pour un vieillard. Les gens l'appelaient le grand Millionne. Tous les jours, il se vêtait d'une chemise blanche, d'une cravate et d'un veston.
Il possédait une grande maison avec un jardin de roses et de tulipes, le tout entouré d'une clôture blanche. À l'arrière se trouvaient deux grosses granges avec des vaches et des cochons. Il avait aussi un poney et une ouâgine. Une fois par semaine, il se rendait à la Pointe-Noire pour chercher du pain, puis à la Butte pour chercher des œufs. Il m'emmenait souvent avec lui. Il mâchait du tabac et il en donnait à son poney.
Grand-père venait chez-nous tous les jours et il me berçait chaque fois. Quand j'étais petite, j'avais souvent des maux d'oreilles. Je me souviens qu'il faisait chauffer un oignon dans le four, puis il pinçait l'oignon pour en extraire le jus qu'il plaçait dans mon oreille. Il me recouvrait l'oreille avec sa grosse main tout en me berçant et ça me faisait du bien.
Mon grand-père est mort à l'âge de 83 ans laissant en plus de ses enfants, 86 petits-enfants et 23 arrière-petits-enfants. J'avais alors seulement 10 ans.
Je suis chanceuse d'avoir reçu l'amour de mon grand-père. Ma mère est morte quand je n'avais que six ans, et c'est peut-être pour ça que mon grand-père m'a tant bercée.
Je n'oublierai jamais que le panier dans la pentrée, à côté de la cuisine n'était jamais vide. Il y plaçait des bonbons et des oranges. J'aimerais que tous les enfants aient la chance d'avoir un bon grand-père comme le mien.
le grand Millionne
le grand Émilien
ouâgine
wagon, carrosse
pentrée
mot anglais pantry; garde-manger
Emerise German
La Butte, Clare
Je suis née en 1936 et je n'ai jamais connu mes grands-mères. Si elles avaient vécu plus longtemps, elles auraient pu m'embrasser et me laisser de beaux souvenirs.
J'ai seulement connu mon grand-père Victor LaPierre. Je l'aimais beaucoup et j'ai de nombreux souvenirs de lui. L'hiver, il venait souvent nous aider à couper du bois de chauffage. Dans la cour, il me laissait l'aider à scier du bois avec la grande scie. Il mangeait des dattes et des bonbons et il les partageait toujours avec moi. Aussi, il voulait que je danse des quatre pour lui et il me donnait cinq sous comme récompense. J'étais toujours heureuse de le voir arriver. En saison, il nous apportait du homard et du poisson.
Maintenant, j'ai des enfants, et ils se souviennent de mes parents. Ils ont de beaux souvenirs qu'ils racontent à leurs enfants. Aujourd'hui, c'est nous qui sommes les grands-parents. Nous nous assurons de laisser à nos petits-enfants de bons souvenirs de nous à raconter à leurs enfants. Les grands-parents jouent un rôle très important dans la vie des plus petits.
danse des quatre
danse des gigues
Agnès Camus
Chéticamp
Mon grand-père s'appelait Simon Babin. Il venait de Meteghan. Il a épousé ma grand-mère Nora, et ils ont eu quatre enfants. Il était le père de mon père, Daniel. Il a travaillé pendant plusieurs années pour les Edmond chez E.M. Comeau & fils, une scierie et une manufacture de bois.
Il aimait se bercer, et moi j'aimais me faire bercer par mon grand-père. Je me souviens qu'il lui manquait un doigt. Le soir, après le souper, il dormait pour environ une demi-heure sur le sofa, les mains croisées. Mon grand-père se callouettait beaucoup des yeux.
Mes grands-parents étaient pieux et se rendaient à l'église tous les dimanches. Mon grand-père aimait aussi beaucoup la pêche à la truite.
Mon grand-père nous gâtait beaucoup. Par exemple, il nous conduisait à Yarmouth pour voir un film et nous attendait dans l'auto jusqu'à ce que le film finisse. Il ne disait jamais rien. Il avait beaucoup de patience.
J'aimais beaucoup mon grand-père. Il est mort en 1980. J'avais alors 14 ans.
se callouettait des yeux
clignait des yeux
Lisa Doucet
Bangor, Clare
Ma grand-mère paternelle est née à Meteghan. Elle s'appelait Rosalie. Ses parents étaient Sévérin Melanson et Annie Bourque. Elle avait quatre sœurs et quatre frères. De ceux-ci, trois étaient muets. Il y avait aussi un frère, Mandé; une sœur, Jeanne; une religieuse, Émilienne; et un bon chanteur nommé Théodore Melanson.
Ma grand-mère Melanson avait marié Ambroise Melanson. Après leur mariage, ils sont allés habiter dans la paroisse de Saulnierville, d'où venait Ambroise. Ils ont eu sept enfants dont mon père, Adolphe.
Ma grand-mère Rosalie était une femme très mince et délicate comme de la porcelaine. Elle portait une longue robe noire avec de grandes manches et un col rond. Elle avait toujours un tablier blanc avec de la broderie et une frise au bas. Des souliers et des bas noirs complétaient le tout.
Grand-mère lisait souvent les Annales de Sainte-Anne et le Catéchisme en images où l'on mentionnait l'antercri. Je détestais l'annonce de la fin du monde.
Cette belle femme ne manquait pas d'intérêts. Quand arrivait le mois de mai, elle fabriquait des couronnes de violettes des champs tous les quatre ou cinq jours pour la statue de la Vierge. Chaque jour, elle disait le chapelet, et nous répondions. Après les prières, tout le monde chantait un cantique pour finir. Bien sûr, on chantait souvent C'est le mois de Marie.
Grand-mère chantait souvent lorsqu'elle berçait les plus jeunes. Moi, je me rappelle cette chanson-ci. Vous en souvenez-vous?
C'est la poulette grise
Qui pondait dans l'église
Un p'tit co-coque gris.
C'était pour la p'tite Lydie.
C'est la poulette blanche
Qui pondait dans la grange
Un p'tit co-coque blanc.
C'était pour le p'tit bibi.
Pour les fêtes de Noël et de la nouvelle année, les chansons qui revenaient étaient D'où viens-tu, bergère? et Mon Dieu, bénissez la Nouvelle Année. Il y avait aussi bien d'autres chansons traditionnelles qui se chantent encore de nos jours et qui me donnent la chair de poule, car le passé me revient.
Le goût de vivre... Grand-mère possédait cette qualité, car elle était joyeuse dans ses histoires, ses chansons et ses cantiques.
Elle aimait bien coudre et plus tard en vieillissant, elle s'est mise à tricoter. Elle savait aussi travailler la laine. Elle prenait la laine de brebis, séparait le gris du blanc, la lavait, la séchait, la cardait, la filait au rouet, la mettait au travouil, puis en écheveaux. Elle lavait la laine de nouveau pour enlever la senteur. Une fois sèche, elle la roulait en pelotons, et c'était prêt à tricoter. Elle tricotait des bas d'homme et des mitaines.
L'histoire de Jérôme était très populaire dans le temps de grand-mère. Elle a eu l'occasion de voir cet homme plusieurs fois. C'était une histoire mystérieuse. Des pêcheurs avaient trouvé sur le bord de la côte un homme sans jambes qui ne parlait pas. Son histoire, telle que racontée par grand-mère, et celle du film Le secret de Jérôme, réalisé récemment, ne sont pas exactement les mêmes. Avec les années, on a ajouté bien des choses à cette histoire.
Puisque notre grand-mère Rosalie est restée avec nous jusqu'à l'âge de 93 ans, toute la famille a reçu l'amour et l'attention qu'une grand-mère donne à ses petits-enfants. C'est pour cela qu'elle était la reine du foyer. Tous la traitaient avec respect. Elle nous aimait tous, mes frères, mes sœurs et moi.
l'antercri
l'antéchrist
travouil
dévidoir
Blanche Comeau
La Butte, Clare
La beauté du firmament au soleil levant,
Beauté miroitée sur l'eau calme du matin,
Reflets du ciel entre les glaçons à la dérive,
Passereaux et geais en visite à la mangeoire,
Coloris spectaculaires du petit myosotis au grand hortensia,
Largesse de la nature en un champ de bleuets.
Souvenirs de nos amours: bracelet orné de lapis-lazuli,
Bijoux aux couleurs tendres de la porcelaine Wedgewood,
Boucles d'oreilles comme une fleur dorée au centre de saphir,
Souvenir pour toujours gravé dans mon cœur,
Le bleu de ton uniforme de l'Aviation Royale du Canada.
Céleste LeBlanc
Pubnico-Ouest-le-bas, Argyle
Des petites filles portant leurs robes de dentelle,
excitées de faire leur première communion.Le calme des nuages cotonneux et ouatés dans un ciel bleu serein.
Une colline enveloppée d'une épaisseur de neige duvetée et éclatante.
L'innocence d'un nouveau-né dans son vêtement soyeux de baptême.
La pureté d'une vierge dans sa robe satinée le jour de son mariage.
L'écume lancée sur les côtes par la force magique des vagues.
Une perle, rare et luisante, assise dans sa coquille.
La douceur des anges protégeant nos enfants.
Un certain sourire.
La simplicité.
Maizie d'Entremont
Pubnico-Ouest-le-bas, Argyle
Le sang, source de vie,
Le cœur rempli de joie,
mon enfant réussit.
Un coquelicot, porté en souvenir,
Une jolie rose donnée avec amour,
Le coucher du soleil annonçant une belle journée,
Des feuilles brillantes précédant les arbres nus,
Mon cœur brisé, un être cher n'est plus.
Le grenat de mon anneau, un cadeau spécial,
Une pomme croquante, goûter appétissant,
Mon visage en colère, ma volonté niée,
La feuille d'érable, fierté du Canadien,
La peau exposée au soleil,
La forêt sèche qui brûle,
Le homard cuit,
L'amour.
June Muise
Quinan, Argyle
La fumée d'une cigarette
Le beau ciel sans nuages
La couleur de mes yeux
Couleur des bleuets
Les Conservateurs
Être triste
Bleuâtre
Azur
Marin
Un saphir
Contes de fées
Une très grande peur
Le vent glacé sur le visage
Les yeux de mon petit garçon
Une marque sur la peau laissée par un coup
Dorothy Newell
Pubnico-Ouest-le-bas, Argyle
l'air pur
les arbres, les feuilles
de vastes champs et marais
l'odeur de menthe
parfum doux
fragrance pure
qui remplit mon cœur
pour me refaire
me détendre
me rénover
me libérer
l'air pur
et frais
rénover
renouveler
Gerene O'Dell
Pubnico-Ouest-le-bas, Argyle
Indigo
le homard rare
le vaste ciel interminable
la mer miroitante des Caraïbes
le navire à la haute mer houleuse
mes jeans favoris usés aux genoux
le majestueux déploiement du paon
les yeux innocents d'un nouveau-né
les fameux souliers d'Elvis Presley
les yeux brillants d'une fillette blonde
des paniers débordant de bleuets juteux
l'aigue-marine, si transparente et glaciale
les lèvres frissonnantes d'un p'tit enfant gelé
les jacinthes des bois, si délicates et parfumées
le scintillement du maquereau à la ligne à pêcher
l'éclat du magnifique saphir à la main de la princesse
les élégants geais qui picorent les graines des tournesols
les vagues du havre pendant une belle journée ensoleillée
Joline Belliveau
Pubnico-Ouest Cté Yarmouth B0W 2M0
Le blanc de la neige,
le gris des arbres,
le verglas,
la glace.
Gros flocons,
la tranquillité,
une marche dans la neige,
le chant d'oiseaux d'hiver.
Ski,
raquettes,
traîneau,
patins.
Boule de neige,
bonhomme de neige,
fort,
sculpture.
Igloo,
gros manteau,
mitaines,
chaussures.
Chasse-neige,
moto-neige,
chemin glissant,
sel.
Glissage,
feu de joie,
chocolat chaud,
le calme.
L'air froid,
joues rouges,
doigts froids,
l'éclat des enfants.
Carole Jacquard
Wedgeport, Argyle
Pour moi, l'automne est la plus belle saison de l'année.
Je vois les couleurs des arbres et surtout celles du cormier.
C'est une bonne saison pour voyager.
La senteur des conserves au vinaigre,
La senteur des récoltes de pommes et de fruits
Me font penser beaucoup à l'automne.
Anne Marie d'Entremont
Pubnico-Ouest, Argyle
Saison des grands froids
Glace, grêle, grésil
Vent froid du nord
Neige tombant en flocons blancs et légers
Neige étincelant de milles feux sous le soleil
Branches penchées sous leur fardeau de neige
Enfants joyeux dans les bancs de neige
Bonhomme de neige
Glaçons aux larmiers
Grands sports d'hiver
Le ski
Patinage sur les lacs
Routes recouvertes de neige
Enfants et leurs traîneaux
Guerre aux boules de neige
La chasse aux lièvres tous blanchis
Animaux avec une fourrure épaisse
Pistes sur la neige
Les oiseaux qui cherchent des graines
Fête de Noël
Messe de minuit avec personnages vivants
Chants mélodieux et harmonieux
Repas et rencontres de famille
Cadeaux et souhaits échangés
Les routes glissantes et menaçantes
La lune bien haute dans le ciel
C'est l'hiver
Mercedes d'Entremont
Canaan, Argyle
Je suis sortie dehors et j'ai vu de mes yeux
Quelque chose de beau et de merveilleux,
Un petit oiseau du printemps, chantant à pleine voix,
Perché sur ma petite maison de bois.
Je l'ai écouté, regardé et j'ai même souri.
Mon petit, est-ce que tu veux faire ton nid?
Regarde ce chalet et penses-y,
Car pour toi, oui, il est gratuit.
Ensuite, je me suis tournée vers mon parterre de fleurs
Et j'ai vu quelque chose qui m'a fait chaud au cœur,
Des crocus qui sortaient et d'autres plantes en bourgeons.
C'est bien sûr un très beau signe du printemps.
La nature s'éveille avec toutes ses beautés
Y compris les fleurs de mai.
La pluie coule et forme des ruisseaux.
L'herbe qui verdit, comme c'est beau!
On regarde de chaque côté
Et on se réjouit,
Car au printemps,
Tout revient à la vie.
Pauline d'Eon
Pubnico-Ouest-le-centre, Argyle
Pour moi l'hiver veut dire
la misère
la neige
le froid
la glace
le temps variable
le beau soleil
la tempête
les pêcheurs
l'orage
le danger
la patinoire
la neige fondante
l'automobile
la conduite dangereuse
tomber
se casser des os
la pelle
les mitaines
les gants
les casquettes
les enfants perdus
Esther LeBlanc
Yarmouth
Que faire quand on est prêt à revenir sur le marché du travail et que l'industrie locale s'effondre?
Pour moi, cela a été une grande déception, mais aussi toute une opportunité. Depuis quelques années, l'industrie de la pêche, le point d'appui économique de l'Isle Madame, est disparue. Maintenant, la possibilité de trouver un emploi devient très difficile dans notre région. Nous savons que la survie de notre village ne repose plus sur les grandes entreprises employant des centaines de travailleurs, mais bien sur les petites entreprises.
Après plusieurs années passées à la maison à élever une famille, le temps était arrivé pour moi de me réintégrer au marché du travail. En évaluant mes possibilités, je suis arrivée à la conclusion que je devais retourner aux études.
La technologie a progressé si rapidement au cours des dernières années que les emplois du passé, tels que ceux associés à la pêche, n'existent plus. Il faut que les gens s'instruisent pour de nouveaux marchés comme le téléservice et le tourisme. Le but de retourner aux études vise à améliorer mon niveau de scolarité afin d'être capable de surmonter le défi de la technologie moderne. Je veux obtenir les diplômes nécessaires pour travailler dans une entreprise.
Je sais que plus on est âgé, plus il est difficile de retourner sur le marché du travail. Mais, je me rassure en me disant que si je n'essaie pas, je ne saurai jamais si c'est possible. En retournant aux études après une si longue absence, j'espère obtenir un emploi dans le comté de Richmond. Je sais que ce sera difficile, mais j'ai confiance.
À mon avis, tout est possible pour les personnes qui le désirent et qui veulent y mettre l'effort. J'encourage fortement mes enfants ainsi que tous les jeunes à continuer leurs études.
Vérona Boudreau
Petit-de-Grat, Isle Madame
Pendant le congé de mars, je suis allée chez ma mère, Jeannette Desprès, pour quelques jours. Elle demeure à St-Thomas au Nouveau-Brunswick dans une maison qui a presque cent ans. La maison a été construite par un des frères de son grand-père. Ma mère nous a toujours dit qu'elle avait acheté la maison pour deux raisons. Une des raisons était qu'elle voulait que la maison reste dans la famille et l'autre, c'était pour la vue sur la mer. C'est vrai que la vue est superbe, en été comme en hiver. La maison était en bon état, mais avait quand même besoin de rénovations. Maman est une femme qui demeure seule depuis longtemps; alors, elle est devenue très indépendante.
Quant aux rénovations, voici comment ça fonctionne: ma mère défait et mon frère répare. C'est de cette façon que nous avons trouvé les trésors. Maman avait commencé à défaire un mur qui se trouvait en haut de l'escalier. Par peur de tomber, elle s'est arrêtée. Alors quand nous sommes arrivés chez elle, je lui ai dit que nous étions venus pour des petites vacances, mais aussi pour lui donner un coup de main. C'est à ce moment-là qu'elle nous a montré le mur qu'elle n'avait pas pu finir.
Le lendemain matin, c'était la tempête de neige, et il ne faisait vraiment pas beau. Nous avons pris le petit déjeuner et Gérald, mon mari, a commencé aussitôt à travailler sur le fameux mur. Peu de temps après, il est descendu avec toutes les vieilles choses qu'il avait trouvées dans le mur.
Voici ce qu'il y avait: un morceau d'un journal anglais de Toronto daté de 1915, deux feuilles d'un livre de musique et une belle décoration. Sur la première feuille, on pouvait lire l'ancien hymne national du Canada, Maple Leaf Forever. L'auteur, Alexander Muir, a composé l'hymne en 1866. De l'autre côté, il y avait une lettre. Sur l'autre feuille, il y avait des noms de personnes et leur adresse.
La décoration ressemblait un peu à un flocon de neige fait avec le papier d'un colis reçu par la poste. Sur le flocon, l'étiquette Simpson Company Limited et le timbre étaient encore collés dessus. Après quelques petites recherches, j'ai trouvé que le timbre datait de 1915. Cela avait coûté dix sous pour envoyer ce colis. Sur le timbre, il y a la photo du roi George V. Je ne sais pas encore si le timbre a de la valeur.
Dans l'ancien temps, ils utilisaient toutes sortes de vieux papiers pour isoler les murs. Alors, si vous demeurez dans une vieille maison et que vous voulez défaire des murs, gardez l'œil ouvert, vous pourriez être les prochains à trouver des trésors.
Colette Dupuis
Halifax
Pour une femme, il n'y a jamais assez d'heures dans une journée. C'est la vie! Tu fais de ton mieux.
Ça commence le matin. Il faut réveiller les enfants pour l'école et préparer le déjeuner. Il faut aussi s'assurer que les enfants se lavent le visage et les mains, se brossent les dents, s'habillent et prennent le chemin de l'école.
Là, si tu veux, tu peux prendre un moment pour boire une tasse de thé. Après, l'ouvrage de la maison t'attend. Faire les lits, laver la vaisselle, partir un lavage, passer le balai, puis il reste encore toutes sortes de choses à faire.
Le téléphone sonne. Une amie veut te parler, et tu aimes parler toi aussi. Tu regretteras probablement le temps perdu parce qu'il reste encore beaucoup de travail à faire, mais oublie ça pour l'instant. C'est important de prendre du temps pour toi-même, pour ton moral, pour ta santé. Même si tout n'est pas fait juste comme tu l'aimerais, prends ce temps.
Il ne faut pas oublier que tes enfants, ta famille et tes amis sont plus importants que la poussière. C'est comme ça chez nous!
Evelyn Boudreau
Chéticamp
Quand j'étais jeune, j'avais beaucoup de responsabilités. Comme j'étais la plus vieille des enfants et que je n'avais pas de frère aîné, je devais aider mon père à la ferme.
Je rentrais le bois pour chauffer la maison et j'allais chercher l'eau au puits. Pendant les mois de mai et juin, mon père partait à la pêche aux homards à trois heures du matin. Je devais alors tirer les vaches, passer le lait dans le séparateur et garder la crème pour la vendre. Je faisais tout ce travail avant d'aller à l'école. Quand je revenais de l'école, j'aidais mon père à semer le jardin en juin, à faire les foins en juillet, à faire les grains en septembre et à ramasser l'avoine et la pommelle. En octobre, on récoltait les patates, les carottes, les navets, les bettes et tous les autres légumes.
Je demeurais à trois milles de l'école. L'hiver, pendant les grosses tempêtes, je n'avais pas besoin d'y aller. Je suivais plutôt mon père dans les bois pour l'aider à couper le bois de chauffage. Ma maîtresse, Mary Ida, me donnait les devoirs de la semaine, le dimanche à la messe. Voyez-vous, il y a 60 ans, nous n'avions pas de charrue qui passait 2 ou 3 fois par jour pour enlever la neige; alors, j'étais prise à la maison.
Le printemps et l'été, quand on avait beaucoup de crème, je prenais le petit wagon que mon père avait construit, et j'allais porter la crème à la croisée des chemins. Là, un camion passait chercher la crème fraîche, deux fois par semaine.
Aujourd'hui, quand j'entends les enfants me dire: «Vous deviez vous ennuyer sans télévision!» ça me fait rire.
tirer les vaches
traire les vaches
faire les grains
faire la moisson
pommelle
orge. Dans d'autres coins de la province, on dit baillarge.
bettes
betteraves
charrue
chasse-neige
Theresa Doiron
Pomquet
En 1940, la petite fille était âgée de quatre ans. Elle songeait à aller à l'école comme ses sœurs aînées, mais elle devait attendre encore quelques années. Alors, pour l'amuser, ses grandes sœurs jouaient à l'école avec elle.
Voilà ce qui peut être considéré comme la prématernelle d'autrefois. Au milieu du siècle, il n'y avait pas de télévision, et plusieurs foyers ne possédaient même pas de radio. Les enfants s'amusaient donc souvent en jouant à l'école.
Pour Noël, nous recevions des cahiers, des crayons de couleurs ou des craies. Nos parents n'avaient probablement pas assez d'argent pour en acheter plus. Comme un grand nombre de nos parents ne savaient ni lire, ni écrire, ils voyaient l'importance de s'instruire.
Lorsque nous jouions à l'école, nous utilisions une petite table d'enfant comme pupitre. Après quelque temps de «leçon» et de travail, nous prenions une récréation, un petit goûter de pain, de beurre et de thé bien faible dans un petit ensemble à thé pour enfant. C'était délicieux, du bon pain chaud sortant du four que notre mère avait fait et du bon beurre fait aussi à la maison! Et c'est ainsi que tout en m'amusant, j'apprenais l'alphabet, les chiffres, un peu de lecture et d'arithmétique.
Enfin, le jour tant attendu arriva! Je suis entrée en classe à la petite école de Saint-Bénoni, un petit village très pittoresque avec une chute d'eau, situé près de la rivière de Meteghan. Tout d'abord, j'étais en grade 0, mais pas pour longtemps. Après quelques jours seulement, la bonne maîtresse, voyant que j'étais déjà capable de faire un peu de lecture et de sommes, me fait avancer en première année.
La même chose m'est arrivée en grade 2. Un beau matin, je suis arrivée à l'école sans livres et sans cahiers. Je les avais oubliés à la maison! La maîtresse m'a demandé de faire les devoirs du grade 3, et satisfaite des résultats, elle m'a changée de classe.
Un jour, j'ai découvert la bibliothèque de l'école: quelques planches remplies de livres et attachées au mur derrière le pupitre de la maîtresse. J'en ai rapporté un à la maison pour lire pendant une tempête. Ce jour-là a commencé ma passion de la lecture. J'étais fascinée! Les belles histoires, les merveilleuses expériences vécues à travers ces pages! Plus je lisais, plus je voulais tout connaître. Encore aujourd'hui, à mon âge un peu avancé, mon passe-temps préféré, surtout pendant une tempête, est de m'installer confortablement dans un coin avec un bon livre.
À l'école, les enfants apprenaient beaucoup plus que simplement lire, écrire et compter. Tous les enfants et les parents se connaissaient et les événements du village servaient à instruire les enfants dans les leçons de la vie. Quand une petite fille de quatre ans qui vivait près de l'école est tombée gravement malade puis est morte, les enfants de l'école ne pouvaient pas croire et comprendre qu'une chose si tragique puisse arriver. Ce fut une leçon bien pénible de se rendre compte que la mort peut frapper les jeunes comme les vieux.
À la petite école Saint-Bénoni, les grands garçons de la classe aimaient jouer des tours à la maîtresse et aux plus petits enfants de la classe encore très impressionnables. Un des garçons nommé François avait, comme les vieux disaient, «le diable au corps». Il venait à l'école, selon toute apparence, pour faire fâcher la maîtresse et causer du trouble.
Sous l'école se trouvait une cave de terre de quatre à cinq pieds de haut. La cave servait d'entrepôt pour le bois de poêle de l'école. Un beau jour, toute la classe a été frappée de frayeur en entendant des grattements et des bruits violents venant de la cave! L'histoire s'est répandue dans le village qu'il y avait un r'venant dans la cave de l'école. Les incidents se sont poursuivis pendant environ deux semaines. Les mamans se plaignaient que leurs enfants ne dormaient plus la nuit et qu'ils ne voulaient plus aller à l'école.
Chose étrange, personne n'osait descendre à la cave pour tenter de découvrir la cause de tous ces bruits. Même la maîtresse semblait avoir peur et demeurait assise à son pupitre! Finalement, quelqu'un a remarqué que chaque fois que les bruits commençaient, François n'était pas en classe. Ah! Le voilà notre r'venantl Les autres grands de la classe et les hommes du village étaient sans doute au courant et ils considéraient tout cela comme une bonne blague.
Avec l'arrivée du printemps, l'année scolaire touchait à sa fin. Au mois de mai, se tenait une journée spéciale appelée Arbor Day. Nous nous rendions à l'école comme tous les autres jours, mais au lieu de leçons et de devoirs, toute la classe se mettait à l'œuvre pour nettoyer l'école et la cour. Le travail terminé, nous allions pique-niquer dans un champ tranquille au bord de la rivière. Nous devions marcher environ un mille, ce que nous faisions dans l'insouciance en chantant et en jouant.
Parmi les élèves de mon école, bien peu ont terminé leur douzième année. Aujourd'hui, les étudiants ont beaucoup plus de chance de poursuivre leurs études, et j'espère qu'ils en profitent.
grade 0
anglicisme au sens de maternelle
grade 2
anglicisme au sens de 2e année scolaire
grade 3
anglicisme au sens de 3e année scolaire
r'venant
revenant, fantôme
Lorraine Thimot
Saulnierville, Clare
Je viens de New Waterford. C'est une ville qui a plusieurs rues, des magasins, des trains et où on entend le bruit des voitures et même celui des autobus.
Quand j'étais jeune, ma famille et moi passions l'été à Chéticamp, la contrée. J'aimais beaucoup cela parce qu'il y avait des champs pour jouer et ramasser des fraises et des bleuets. Nous pouvions marcher jusqu'à la plage pour nous baigner. Ma parenté se composait de grandes familles. Il y avait toujours quelque chose à faire et plein de nourriture à manger.
Pendant quatre ans, j'ai habité Toronto, une grande ville de plusieurs millions de personnes. Nous y avions acheté une maison, mais après un an, je ne connaissais toujours pas une seule personne des alentours.
Quand nous avons décidé de revenir au Moine, c'était la meilleure décision de notre vie. Je comprends maintenant pourquoi les touristes aiment ça par ici: les montagnes sur un côté et la mer de l'autre. Qui peut demander plus? C'est merveilleux, et je ne me fatigue jamais de les regarder. Nous savons que nous sommes ici pour y rester.
Moine
Village de St-Joseph-du-Moine
Marcella Aucoin
St-Joseph-du-Moine
Je me revois petite fille, très fière dans mon manteau rouge, prête à aller me promener pour quelques jours chez ma tante. Mes petits cousins et moi allons bien nous amuser. Mon grand-père va venir me chercher avec son gros bœuf et la grande charrette pour y mettre mon lit, ma poupée et toutes les autres choses. Je vais m'asseoir bien en sécurité tout près de grand-père et au coup de fouet, le gros bœuf va se lancer sur la route.
Je regarde en arrière vers mon père et mes cinq frères. Je me demande tout bas: «Petit frère Adelbert, pourquoi ne viens-tu pas toi aussi pour t'amuser avec tes petits cousins?» Dans mon innocence, je ne comprends pas que lui aussi part pour aller demeurer chez une autre tante. Je ne comprends pas non plus que je déménage chez ma tante pour y rester plusieurs années.
L'aventure de mon départ, la grande charrette, le gros bœuf et mes petits cousins me font oublier un peu le chagrin causé par la mort de ma mère chérie. Mais bien vite, grand-père aperçoit mes yeux mouillés et il se met à faire des folies avec son fouet pour faire avancer le bœuf un peu plus vite. Ses petites chansons me tiennent tranquille le reste de la route.
Ma tante me reçoit comme membre de sa famille. Elle me console en me berçant lorsque je pleure d'ennui. Un beau jour, l'image de ma mère me revient, un peu brouillée, mais je peux distinguer son beau sourire. Je crois que pour la première fois, je suis consciente que je pleure ma mère.
Les jours chez ma tante passent vite, et je suis heureuse dans ma nouvelle famille. Mon premier chez-moi n'est plus qu'un souvenir.
Grand-père et grand-mère demeurent dans la maison voisine avec leur fils et sa famille. J'y vais souvent voir ma grand-mère. Un jour, ils m'annoncent que mon petit frère Adelbert va venir demeurer avec eux. Pauvre petit, il n'est pas heureux là-bas chez l'autre tante. Je suis si fière de le revoir, mais je suis étonnée par sa grandeur. Moi, je suis encore petite et je m'inquiète de ses sentiments envers moi. Mais, bien vite, ses petits gestes d'affection me montre qu'il aime encore sa petite sœur.
Je continue à me rendre chez ma grand-mère régulièrement. Je la trouve comme d'habitude dans sa chaise berceuse, toujours prête à écouter mes petites histoires d'école. Elle sait combien j'aime entendre ses beaux contes. Quand elle me parle de ma mère, ça me fait plaisir et j'ai toujours beaucoup de questions à lui poser. Je me sens très proche d'elle. Puis, elle tombe malade et peu de temps après, elle meurt. Bien que très triste, je me console en me disant qu'à travers elle, j'ai connu ma mère.
De temps en temps, après l'école, je continue mon chemin pour aller visiter mon père dans sa maison. À chaque visite, je monte voir mon ancienne petite chambre à coucher. Puis, je vais dans la chambre de mon père ouvrir les tiroirs où se trouvent les souvenirs de ma mère. Dans mon cœur, je sais que je reviendrai vivre avec mon père quand je serai grande.
fière
heureuse
Adeline d'Entremont
Pubnico-Ouest, Argyle
Son nom était Joséphine Mangin Comeau, mais elle était connue comme la femme de France. Elle restait à deux maisons de chez nous à Saulnierville.
Les jeunes garçons couraient après elle pour la faire enrager parce qu'elle était différente. Elle s'habillait de noir et elle ne parlait pas comme les gens de la région. Elle venait de la France.
Joséphine Mangin avait marié un soldat canadien durant la deuxième guerre mondiale, et il l'avait ramenée à Saulnierville avec lui. Elle était originaire de l'Ons-le-Saunier, au nord de Lyon, dans l'est de la France, près de la frontière suisse.
On me dit qu'elle aimait bien parler de son pays natal. Elle visitait souvent sa voisine. Des fois, elle racontait des histoires drôles et éclatait de rire. Naturellement, son parler était différent de notre parler acadien, mais on pouvait la comprendre.
La femme de France était vraiment pauvre. Son mari l'avait quittée et abandonnée seule dans sa maison, avec deux petits garçons à élever. Tout ceci se passait avant l'aide sociale et les banques alimentaires. Elle était obligée de faire du ménage pour gagner quelques sous pour acheter de la nourriture et d'autres nécessités.
Lorsque la femme de France a accouché d'un de ses fils, une de ses voisines lui a fait parvenir un pain, une boule de beurre et deux grosses patates rôties. Elle appréciait beaucoup ce qu'on lui donnait même si elle était une femme fière. Je me souviens lorsque j'étais âgée d'une dizaine d'années, elle venait chez nous chercher du lait et des œufs.
Une femme m'a raconté qu'un automne, un homme avait passé de maison en maison avec la femme de France dans sa charrette pour mendier des patates et d'autres légumes pour lui permettre de passer l'hiver. Je ne pense pas qu'elle avait un jardinage. Je crois qu'elle ne possédait pas les outils pour labourer la terre. C'était une pauvre, pauvre femme.
Elle fendait du bois qu'elle avait raguerné sur le bord de la côte. Elle n'avait pas d'argent pour s'acheter du bois de chauffage. Souvent les hommes des alentours lui donnaient un peu de bois pour l'aider. Je pense que les gens de Saulnierville avaient pitié d'elle. Ils avaient aussi un peu honte qu'un des leurs l'ait abandonnée avec deux enfants.
Sa maison n'était qu'une pauvre coquille. Quand j'étais jeune fille, j'allais chez elle. Dans la maison se trouvait un sofa, une table et quelques chaises. Il y avait deux chambres à coucher, et le reste était ouvert. L'extérieur de la maison était recouvert de bardeaux gris, sans peinture.
Je me souviens de cette femme toute vêtue de noir, marchant pour se rendre laver les places pour les gens du voisinage. Elle a beaucoup travaillé pour le monde de Saulnierville. Plus tard, quand un de ses fils est revenu de la guerre de Corée, il a pu l'aider à survivre et la vie est devenue moins pénible.
Joséphine Mangin Comeau est morte de façon tragique, un jour d'été.
Autrefois, avant les tondeuses à gazon, les gens brûlaient l'herbe sèche près des maisons pour empêcher que les tisons sortant de la cheminée allument des feux désastreux.
Un jour, la femme de France avait allumé un petit feu pour nettoyer l'herbe à l'arrière de sa maison. Tout à coup, elle s'est aperçue que le feu avançait très vite vers le logis. Elle s'est mise à battre les flammes avec un vieux sac mouillé. Des hommes des alentours, voyant sa détresse, sont venus à son secours. Ils ont réussi à éteindre le feu avant qu'il n'atteigne la maison, mais, la chaleur, l'excitation et le choc ont été trop grands pour la pauvre femme. Elle est morte, dit-on, d'une crise cardiaque en tentant de sauver sa seule possession, son humble maison.
Puisque ses deux fils sont décédés sans laisser de descendance, il ne reste que des souvenirs de cette courageuse femme de France.
jardinage
jardin potager
raguerné
glané, ramassé
places
planchers
tisons
étincelles
Flora LeBlanc
Saulnierville, Clare
Ma sœur Emily a marié Fred Benoit de la Pointe de Pomquet. Ils sont restés ici un petit allant, puis ils sont partis pour Summerville au Massachussetts. Elle a eu sept enfants: sœur Véronique, Margaret, Thérèse, Bertha, Sunny (Fred), Anna et Marcelline. Un été, elle est venue nous visiter avec ses enfants. Ma nièce Thérèse a alors décidé de rester chez nous tout un hiver avant de commencer l'école.
La maîtresse d'école avait coutume de rester chez nous parce que nous avions une grande maison. Cette année-là, la maîtresse s'appelait Marie LeBlanc et elle fumait... Dans ce temps-là, ce n'était pas bien vu pour une femme de fumer, et elle devait le faire en cachette. Elle voulait toujours que j'aille fumer avec elle.
Un jour que mes parents étaient partis, j'ai pensé que j'allais essayer de fumer pour la contenter en prenant bien soin d'avertir ma nièce Thérèse de ne pas le dire. Au souper, quand mes parents sont revenus, ma petite nièce a dit: «Grand-mère, grand-mère, savez-vous quoi? Ben, ma tante Flora, a fumé!» Naturellement, ma mère ne pouvait pas croire que sa Flora fumait: «Tu dois te tromper Thérèse; Flora ne ferait jamais ça.» «Oui, oui, c'est vrai. Puis elle a craché dans la spitoune!»
allant
moment, bout de temps
spitoune
mot anglais spittoon, crachoir
Flora Deyoung
Pomquet
Dans le bon vieux temps, nos parents avaient de grandes familles. Ils cultivaient de grands jardins remplis de toutes sortes de légumes comme des patates, des bettes, des tomates, des carottes, des choux et des naveaux. Ils avaient aussi des animaux pour travailler les jardins et pour faire les foins. Durant l'été, ils élevaient des cochons, des vaches et des poules pour avoir de la viande durant l'hiver.
Les femmes faisaient du beurre et brochaient des mitaines, des bas de laine et cousaient sur un vieux moulin pour se faire des jupes, des couvertes et des sous-vêtements.
C'est toujours merveilleux de raconter des histoires du temps passé. Si j'étais pour refaire ma vie, je choisirais le bon vieux temps.
bettes
betteraves
naveaux
navets
brochaient
tricotaient
moulin
machine à coudre
couvertes
archaïsme au sens de couvertures
Marguerite Aucoin
St-Joseph-du-Moine
On m'a dit que les anciens colons craignaient de marcher dans les bois de peur que les bêtes sauvages ne leur sautent aux jambes. Ici à Pubnico-Ouest, c'était la bête à jarrets qui nous épeurait quand nous passions à la butte Grattée. Nous savions qu'il y vivait une bête qui grimpait aux jarrets. Il paraît que quelqu'un a déjà été grimpé, mais personne n'a jamais vu cette bête.
La butte Grattée était située entre le pont du Marais et la butte des d'Eon. À mi-chemin, précisément entre chez Théodore et Louis d'Entremont, se trouvait un grand creux gratté au milieu de la butte, par quelqu'un ou quelque chose... Des broussailles poussaient à vue d'œil de chaque côté de cet étroit chemin de terre. Le soir, il y faisait très noir, ce qui lui donnait un air étrange et inquiétant.
Si nous avions à passer par là, nous marchions au centre du chemin pour ne pas frôler les broussailles. Le soir, nous marchions en groupe. Moi, j'étais toujours inquiète. Je regardais derrière mes talons; je ne voyais rien. J'écoutais et je me levais les épaules en me recroquevillant le cou dans le col de mon manteau. Arrivée à l'autre bout de cet abominable chemin, j'avais les épaules dans les oreilles. Heureusement, nous n'avions rien vu, il ne s'était rien passé. Ouf, quel soulagement!
Mais, à quoi aurait-elle ressemblé cette foutue bête que personne n'avait jamais vue? J'imagine une petite bête, au poil gris foncé et clairsemé. Elle aurait eu une face plate comme un petit singe ou bien mieux, aurait ressemblé à un ouistiti, un animal qu'on ne trouve pas dans la région. Cette petite bête aurait pu facilement se cacher dans les broussailles et dans les trous.
Je croyais que j'étais la seule à avoir une peur folle de cet animal inconnu. Mais, quand on parle de la butte Grattée, les aînées disent toutes qu'elles marchaient aussi vite que possible sans s'y attarder. Les parents de certaines de mes voisines leur interdisaient de s'amuser à la butte Grattée. Est-ce que même les adultes croyaient que le diable restait là?
La bête à jarrets a rôdé à la butte jusqu'en 1942 quand les premiers bulldozers ont commencé à déblayer les buttes pour agrandir et paver le chemin du village. Aujourd'hui encore, personne ne sait au juste ce qu'était la bête à jarrets.
grimpé
attaqué aux jambes
bulldozers
mot anglais pour bouteurs
Isabelle d'Entremont
Pubnico-Ouest-le-bas, Argyle
Notre maison a été construite au siècle dernier. Dans ce temps-là, plusieurs voyageurs passaient par notre village. Les charpentiers acadiens, ayant toujours une pensée pour ces voyageurs, avaient ajouté «le foyer». Il s'agissait d'une sorte de cuisine auxiliaire séparée de nos appartements par une porte fermée à clé.
Cette pièce était meublée d'un poêle et d'une bonne réserve de bois bien sec pour le feu afin d'assurer de la chaleur aux passants. Plus important encore, il y avait un vieux banc où le voyageur pouvait s'étendre pour se reposer. Cette petite chambre, qui servait aussi de salle à manger, contenait des étagères sur lesquelles on rangeait les plats. Les pots et les casseroles étaient accrochés au mur, et il y avait une petite table où l'on pouvait prendre un repas. Naturellement, le passant lui, connaissait le propriétaire et, par conséquent, il était certain qu'au matin on lui offrirait un bon repas avant de reprendre la route.
Ma famille se rappelle d'un cas où un de ces vagabonds nous a rendu visite avec une foule de petits amis: des poux. Grand-mère Nancy qui se doutait de quelque chose a jeté un coup d'œil par le trou de la serrure. Quelle surprise! Elle l'a vu s'enlever les poux et les lancer sur le plancher du foyer. Imaginez-vous que grand-mère Nancy n'était pas contente. Il paraît que ça prit une éternité pour se débarrasser de ces petites bibites.
bibites
insectes
Sheila DeYoung Honeycutt
Pomquet
Contes de Chéticamp
Anselme Chiasson.
Sur la mer
Recueil de textes d'apprenants de la région de Clare.
J'ai une histoire à raconter
Recueil de textes d'apprenants basés sur la tradition orale.
Dans not'e temps
avec Mélonie et Philomène, Félix E. Thibodeau.
J'apprends pour mon enfant
Série de 4 livrets destinés aux parents.
Lire, écrire et découvrir
Guide pour formateurs en alphabétisation.
Au jeu!
Programme d'expression théâtrale en alphabétisation.
Glossaire du vieux parler acadien
Ephrem Boudreau.
Glossaire acadien
Pascal Poirier.
Les Acadiens de la Nouvelle-Écosse
J.A Deveau et S. Ross.
Paver la voie
Vidéo-cassette sur la formation en milieu de travail.
Dès la naissance
Vidéo-cassette sur l'alphabétisation familiale.
L'Équipe de travail en alphabétisation remercie le Centre FORA de toutes les heures consacrées à la révision et à la production de ce livre.
La production de ce document a été rendue possible grâce à l'appui financier du Secrétariat national à l'alphabétisation, Développement des ressources humaines.
Coordination
Joëlle Désy
Ministère de l'Éducation et de la Culture de la Nouvelle-Écosse
Coordination de révision et de production
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