LES PRATIQUES DE PRÉVENTION ET DE
LUTTE DANS LES CENTRES D'AIDE ET DE
LUTTE CONTRE LES AGRESSIONS À
CARACTÈRE SEXUEL (CALACS) DU QUÉBEC:
UN MONDE À DÉCOUVRIR
MAI 1997
Rédaction:
Chantai Robitaille
Coordination:
Marie Drouin
Comité de
lecture:
Marie Drouin
Ginette Naud
Ginette Paiement
Christine Pruneau
Ce document a été réalisé
grâce à la contribution du Programme Promotion
de la femme de Condition féminine Canada.
Le contenu n'engage que l'organisme.
Dépôt légal, 2e trimestre 1997
Bibliothèque Nationale du Québec
Dépôt légal, 2e trimestre 1997
Bibliothèque Nationale du Canada
ISBN: 2-9803350-8-8
Merci infiniment à toutes celles qui ont
participé à l'élaboration de ce
document. Un merci spécial à toutes les
travailleuses des centres
d'aide et de lutte contre les agressions à
caractère sexuel qui nous ont
consacré du temps et qui nous ont fait part de leur grande
expérience.
Cette générosité fut grandement
appréciée et contribue certes, à la
qualité de cette publication.
TABLE DES MATIERES
Le présent document porte sur les pratiques de
prévention et de lutte des Centres d'aide et de lutte
contre les agressions à caractère sexuel (CALACS)
du Québec.
Comme résultat d'un premier effort de
systématisation en la matière, suite à une
collecte de données
auprès de tous les centres membres du Québec, ce
document vise principalement à faire connaître
les
pratiques de prévention et de lutte des CALACS. Aussi
s'adresse-t-il à tous les intervenants-es qui,
de près ou de loin, s'intéressent à la fois
aux pratiques liées à la thématique de la
violence faite aux
femmes et à tous ceux et celles pour qui le travail de
prévention et/ou de lutte marque le quotidien.
Évidemment, les curieux et curieuses sont toujours
invités à jeter un coup d'oeil...
Pour les personnes intéressées, «Les
pratiques de prévention et de lutte dans les Centres
d'aide et
de lutte contre les agressions à caractère
sexuel (CALACS) du Québec: un monde à
découvrir»
s'inscrit dans une série de trois publications, les
deux autres s'intitulant respectivement
«L'intervention
de groupe dans les Centres d'aide et de lutte contre les
agressions à caractère sexuel (CALACS) du
Québec» et «L'intervention
féministe dans les Centres d'aide et de lutte contre les
agressions à
caractère sexuel (CALACS) du
Québec». Allant de l'avant, les centres ont
priorisé trois thèmes,
lesquels représentent probablement le mieux l'ensemble des
volets façonnant leurs pratiques ou ce qui
les rend particulièrement uniques soit l'intervention
féministe, les groupes de soutien auprès des
femmes victimes d'agressions à caractère sexuel et
la prévention et la lutte contre la violence sexuelle.
Question d'offrir une meilleure vue d'ensemble aux personnes
s'initiant aux pratiques des CALACS
et/ou à la problématique des agressions à
caractère sexuel, ce document est divisé en deux
parties.
La première partie, plus théorique celle-là,
propose d'abord une brève présentation des CALACS
à
savoir un court historique et quelques informations sur leur mode
de fonctionnement; puis, un tour
de piste de la problématique des agressions à
caractère sexuel (ampleur, définition, formes,
consé-
quences) au terme duquel on présente un
résumé de l'analyse et de la philosophie
d'intervention des
CALACS en lien avec celle-ci et en dernier lieu, un saut dans la
conceptualisation théorique des
notions distinctes de «prévention» et de
«lutte».
Pour sa part, la deuxième et dernière partie
répond à l'objet central du document et offre ainsi
le
portrait détaillé des pratiques de
prévention et de lutte des CALACS. Afin d'en parfaire
les
pourtours, cette section aborde également les outils
nécessaires à l'actualisation des pratiques
«calacoises», les résultats que donnent
certaines des activités ou des actions entreprises par les
centres
et enfin, l'évaluation comme moyen de faire ou refaire ses
devoirs.
En guise de conclusion, quelques questionnements sont
posés. Le reflux causé par la
réorganisation
des services de santé et des services sociaux invite
à la réflexion...
1. LES CALACS: PLUS QU'UN SIMPLE SIGLE...
1.1 Bref historique et mode de fonctionnement
C'est devant les nombreuses barrières
érigées autour de la question des agressions
à caractère sexuel
et une importante lacune à combler en terme de services
à offrir aux femmes victimes d'agressions
à caractère sexuel que sont mis sur pied, dans les
années 70, les CALACS.
À ce moment-là, nous constations que le
système judiciaire n'assurait ni la
protection ni le droit à la sécurité et
à la liberté des femmes, qu'il ne reconnaissait
aucunement toute la gravité de ce crime et encore moins
les conséquences
psychologiques et physiques subies par les femmes
agressées sexuellement. La
police [quant à elle] jugeait trop souvent les «cas
de viol» comme non-fondés; des
hôpitaux refusaient des femmes ayant été
violées; les services sociaux percevaient
les femmes agressées sexuellement comme s'il s'agissait
d'une clientèle marginale.
Enfin, la population en général entretenait de
nombreux préjugés à l'égard des
agressions à caractère sexuel mais également
à l'égard des femmes qui en sont les
principales victimes. (Regroupement québécois des
CALACS, 1993a)
Plus précisément, c'est en 1975
qu'apparaît à Montréal le premier centre
d'aide aux victimes de viol.
Successivement, six autres centres se mettent sur pied à
travers la province. Il s'agira de la première
vague d'implantation des CALACS. Leur mission: aider les femmes
et les adolescentes victimes
d'agressions à caractère sexuel, sensibiliser et
conscientiser la population à la problématique et
lutter
pour obtenir des changements sociaux, légaux et
politiques.
Souhaitant à la fois collectiviser leurs luttes,
réduire l'isolement géographique et composer une
force
de pression, les centres déjà en place se
réunissent. Riche de leurs rencontres, naît en 1979
le
Regroupement québécois des CALACS. Son mandat:
constituer un lieu d'échange et d'information,
mobiliser des individues et des groupes dans la lutte contre la
violence faite aux femmes et susciter
des changements sociaux. Marquées par cette nouvelle
alliance de niveau provincial, les années 80 font alors place à la deuxième vague
d'implantation des CALACS. Au tournant du millénaire,
17
centres membres composent les rangs du Regroupement.
Par rapport à la norme institutionnelle
prévalant au moment de leur instauration, les CALACS se
sont
définis, se définissent toujours d'ailleurs, comme
des groupes alternatifs et féministes: «alternatifs
au
sens où les services et les activités offerts
proposent des solutions nouvelles aux problèmes et se
situent en marge des services [...] mis en place par les diverses
structures du système (sans pour
autant les ignorer); féministes au sens où leur
analyse des agressions à caractère sexuel se fonde
sur
une critique de la société patriarcale* et sur la
reconnaissance de l'oppression spécifique des
femmes»
(Racine, 1996: 20). Clairement, pour la plupart des centres,
être féministe:
C'est d'abord être une femme et vouloir un changement
pour soi et pour toutes les
femmes. Changement qui mène à l'action et ce dans
un but d'égalité sociale,
politique et économique. Par ce mouvement, notre but
ultime est de mettre fin
au système patriarcal et de le remplacer par une
société de «coopération».
(Regroupement québécois des CALACS, 1993a)
Conjointement à leur caractère alternatif et
féministe, les CALACS se présentent comme des
groupes
autonomes de femmes dont la gestion repose sur un fonctionnement
en collective. Brièvement, ce
type de fonctionnement privilégie des rapports
non-hiérarchiques entre les femmes qui travaillent et
qui gèrent l'organisme; favorise la prise de
décision par consensus; porte attention au processus
autant
qu'au résultat et fait en sorte que chaque membre partage
la responsabilité du groupe, encourageant
ainsi des communications claires. (Regroupement
québécois des CALACS, 1993a)
Voilà donc, en peu de mots, ce qu'il faut savoir sur la
raison d'être et la structure des CALACS. La
présentation de la problématique des agressions
à caractère sexuel suit...
* Société patriarcale: c'est le pouvoir des
pères: un système socio-familial,
idéologique, politique dans lequel des hommes,
par la force, par pression directe, ou à travers des
mythes, la tradition, la loi, le langage, les habitudes,
l'étiquette, l'éducation
et la division du travail, décident du rôle que
jouera la femme ou qu'elle ne jouera pas et dans lequel la femme
subit partout
le joug du mâle (Rich, 1980 In Regroupement
québécois des CALACS, 1991, partie I: 5).
2. LES AGRESSIONS À CARACTERE SEXUEL: DES
CHIFFRES, DES MOTS
(MAUX), UNE FAÇON DE FAIRE...
Avant d'y aller plus à fond de la définition,
des formes, de l'explication ou de l'analyse sociale des
agressions à caractère sexuel et de la philosophie
d'intervention des CALACS, un portrait sur la
réalité de la problématique s'impose.
2.1 Ampleur du problème
De plus en plus dénoncées, les agressions
à caractère sexuel voient leur caractère
tabou et secret se
dissiper. Bien que l'ampleur des agressions à
caractère sexuel ne puisse se mesurer uniquement
à
partir de statistiques, les indicateurs suivants permettent de
jeter un certain éclairage sur l'étendue du
problème:
- Une large part des études démontrent qu'une
proportion importante de femmes sont victimes
de violence sexuelle: la majorité des taux de
prévalence * chez les femmes victimes d'une agression
à caractère sexuel se situent entre 35% et 50%
(Tourigny & Lavergne, 1995: 5).
- À l'échelle du Canada, deux études
d'incidence * établissent que chaque année de 1%
à 5%
des femmes sont agressées sexuellement (Statistique
Canada, 1994 In Tourigny & Lavergne, 1995:
5).
- Suivant l'enquête menée par Statistique Canada
(1993), on estime qu'environ 86 952
Québécoises âgées de 15 ans et plus
seraient victimes d'agressions sexuelles chaque année.
Selon les
résultats de cette même enquête, 34% des
Québécoises ont été victimes d'au
moins une agression
sexuelle depuis l'âge de 16 ans. (Groupe de travail sur les
agressions à caractère sexuel, 1995: 26).
* La prévalence est définie comme la proportion
de personnes d'une population donnée ayant
été agressées sexuellement
au moins une fois dans leur vie ou depuis une certaine
période. * L'incidence, pour sa part, est définie
comme le nombre
de nouvelles personnes reconnues par différentes sources
(policiers, services sociaux) comme ayant été
agressées
sexuellement sur une période donnée, habituellement
une année (Tourigny & Lavergne, 1995: 4).
• L'agression sexuelle constitue l'un des crimes les
moins rapportés: seulement 6% des
agressions sexuelles sont déclarées à la
police (Statistique Canada, 1993: 7). Tous les sondages et
les enquêtes établissent une relation étroite
entre le taux de dévoilement et le lien entre la victime
et
l'agresseur: plus les liens sont étroits entre eux, moins
il y a de chance que la victime ne dévoile
l'agression à la police (Tourigny & Lavergne,
1995: 37). Il s'agit pourtant de la situation la plus
commune: 70% à 85% des femmes connaissent leur agresseur
(Tourigny & Lavergne, 1995: 11).
2.2 Definition et formes
Plusieurs changements ont marqué la définition
et par le fait même, l'appellation donnée aux
agressions à caractère sexuel. Un des changements
importants, influencé par les analyses
féministes
américaines des années 80, fut
l'élargissement de la définition du
«viol» à celle d'agression sexuelle
ou d'agression à caractère sexuel -cette
terminologie mettant encore plus d'emphase sur l'aspect
violent de l'acte commis. Mûrs des réflexions faites
par leurs prédécesseures, les CALACS
définissent
ainsi ce qu'ils entendent par «agression à
caractère sexuel»:
L'agression à caractère sexuel est un acte de
domination, d'humiliation, d'abus de
pouvoir, de violence principalement commis envers les femmes et
les enfants.
Agresser sexuellement, c'est imposer des attitudes, des paroles,
des gestes à
connotation sexuelle contre la volonté de la personne et
ce en utilisant
l'intimidation, la menace, le chantage, la violence verbale,
physique ou
psychologique.
Les agressions à caractère sexuel peuvent
prendre différentes formes.
L'exhibitionnisme, le harcèlement sexuel, l'inceste, la
pornographie, le viol, le
voyeurisme en sont toutes des manifestations. (Regroupement
québécois des
CALACS, 1993a).
Plusieurs facteurs accusent la propension des agressions
sexuelles dans notre société. Parmi ceux-ci,
les CALACS identifient le patriarcat comme principal responsable
des oppressions subies par les
femmes.
Les agressions à caractère sexuel sont au coeur
même d'une société patriarcale,
qui perdure depuis des siècles. Une société
à l'intérieur de laquelle les structures
sociales, politiques et économiques sont
érigées par des hommes, pour des
hommes qui détiennent le pouvoir et en abusent, maintenant
ainsi les femmes dans
la vulnérabilité et la dépendance. [...] La
violence des hommes envers les femmes
est l'une des manifestations et l'un des symptômes les plus
révélateurs d'une
société valorisant la suprématie des hommes.
Les agressions à caractère sexuel
constituent une arme des plus efficaces pour maintenir [les
femmes] dans la peur,
neutralisant toutes tentatives de contestation du pouvoir et de
l'autorité accordés
aux hommes. (Regroupement québécois des CALACS,
1993a)
2.3 Des conséquences... souvent très
lourdes
Peu importe les formes que prennent les agressions à
caractère sexuel, elles entraînent de graves
conséquences sur le plan individuel. Pour les femmes
agressées sexuellement, les referents sociaux
de sécurité et de plénitude physique et
morale ne sont plus, du moins plus les mêmes. Atteintes
dans
leur intimité et leur dignité, elles ont perdu
confiance en leur capacité de vivre en
société sans atteinte
à leur intégrité. Pour plusieurs, les plus
petits gestes de la vie courante, comme manger et dormir,
deviennent difficiles. Il en va de même pour les
tâches familiales (épicerie, garderie) et/ou encore
les
activités sociales.
Depuis quelques années, de plus en plus d'adultes ayant
été victimes d'agressions à caractère
sexuel
dans l'enfance sortent de l'ombre. Selon le Groupe de travail sur
les agressions à caractère sexuel
(1995), le fait d'avoir vécu dans le silence aggrave
souvent les conséquences de cette situation à
l'âge
adulte. Plusieurs conséquences, tels les «flash
back», la panique, l'amnésie, la dissociation
affligent ces
adultes qui sont également souvent perturbés dans
leurs émotions, leur identité et leur
sexualité. De
plus, le rappel de l'inceste à l'âge adulte conduit
fréquemment à des mécanismes d'adaptation
(fuite,
toxicomanie) et à vivre des relations inter-personnelles
teintées de méfiance (57).
La violence sexuelle est à l'origine de plusieurs
problèmes sérieux de santé mentale. Les
femmes qui
ont été agressées sexuellement sont ainsi
huit fois plus susceptibles que les «non-victimes» de
faire
des tentatives de suicide et cinq fois plus susceptibles de faire
une dépression nerveuse (Gordon et
Riger, 1989 In Groupe de travail sur les agressions à
caractère sexuel, 1995: 58). Selon Langley et
O'Neal (1991), elles sont également susceptibles de
consommer davantage de somnifères et de
sédatifs (Groupe de travail sur les agressions à
caractère sexuel, 1995: 58).
Outre les lourdes conséquences sur les victimes
même, les conséquences sociales des agressions
à
caractère sexuel sont énormes. Clairement, les
femmes craignent beaucoup plus ce crime que les
hommes. Le danger et la peur, exacerbés par l'imposante
réalité des agressions à caractère
sexuel,
font partie intégrante de la vie des femmes et
créent des dilemmes pour les parents qui craignent
pour
la sécurité de leurs enfants. «La crainte
dans laquelle vivent les femmes est peut être la
conséquence
la plus profonde et la plus répandue de la violence. Plus
de 50% des femmes des régions urbaines
ont peur de marcher dans la rue le soir». (Comité
permanent de la santé et du bien être social...,
1991
In Groupe de travail sur les agressions à caractère
sexuel, 1995 : 60).
2.4 Une philosophie d'intervention globale...
Dans le but de répondre aux besoins nommés par
les femmes victimes d'agressions à caractère
sexuel,
de défaire les préjugés et les mythes
entretenus et propulsés par les valeurs souvent
phallocrates de
la société sur les agressions sexuelles et les
femmes qui en sont les principales victimes et de forcer
l'avènement de changements sociaux, légaux et
politiques, les CALACS se sont dotés d'une structure
tripartite, c'est-à-dire à trois niveaux ou
à trois volets. Les trois volets sont l'aide directe,
la
prévention-éducation et la lutte.
Imbriquée d'une critique féministe de la
société et de ses institutions, le travail d'aide
des CALACS
se démarque par le fait qu'il vise la croissance
personnelle des femmes et qu'il cherche à susciter une
prise de conscience par les femmes, à savoir «que
les agressions à caractère sexuel sont la
manifestation de comportements liés au système
patriarcal. [Pour les centres] ne pas tenir compte
de ce cadre signifie la non-résolution des agressions
à caractère sexuel. En ce sens, l'approche
préconisée est l'intervention
féministe.» (Regroupement québécois
des CALACS, 1993a)
Partie prenante de leur analyse, les CALACS soutiennent plus
spécialement quatre grands principes,
lesquels représentent autant de valeurs importantes
à conjuguer dans leur intervention au quotidien:
1- Les problèmes vécus par les femmes ne
sont pas d'ordre intrapsychique (dans la tête) mais
plutôt d'ordre économique, social et politique;
- Les femmes doivent reprendre du pouvoir sur les situations
extérieures dans lesquelles
elles ne se sentent pas bien plutôt que de s'adapter et de
subir ces situations opprimantes;
- Nous devons permettre aux femmes de se regrouper, de se
donner du support, d'échanger
et de devenir elles-mêmes des personnes-ressources
plutôt que de les placer en situation
«thérapeutique» où un expert
règle leurs problèmes;
- Nous devons conscientiser les femmes relativement à
l'oppression sociale qu'elles subissent
et les amener à s'engager activement pour que des
changements sociaux s'opèrent.
(Regroupement québécois des CALACS, 1993a).
Bien que fondamentaux, les services d'aide directe offerts par
les CALACS ne sauraient exister sans
une approche ou une philosophie plus globale d'intervention.
Aussi, les changements à long terme
et la recherche d'alternatives adaptées aux besoins des
femmes font partie intégrante de leur
philosophie.
Les éléments essentiels aux orientations qu'un
centre d'aide se donne vont au-delà
du service d'aide directe aux femmes agressées
sexuellement. La lutte et la
prévention figurent au menu quotidien de tous les centres
membres du
Regroupement québécois des CALACS. Difficile
à dissocier, ces deux termes
traduisent déjà la volonté qu'ont les
militantes «calacoises» de s'inscrire dans une
démarche de changement en profondeur» (Regroupement
québécois des
CALACS, 1993a).
Fidèles à leur analyse, les CALACS se dissocient
de la prévention dite «traditionnelle». Au
coeur de
stratégies qui obligent les femmes à troquer leur
liberté pour leur sécurité personnelle, la
prévention
«traditionnelle» «vise essentiellement à
contrôler les femmes en leur enseignant comment
éviter les
agressions sexuelles» (Regroupement québécois
des CALACS, 1993e: 20). En plus de ne pas réduire
la menace des agressions sexuelles, cette approche accroît
de manière importante l'impuissance des
femmes, perpétue leur vulnérabilité et les
invite à mener une vie de contournements.
Développée en marge de cette façon de
faire, l'approche préventive des CALACS s'articule
à partir
de l'expérience et du vécu des femmes. Les
stratégies de prévention développées
visent donc à :
1- Informer adéquatement sur les agressions
sexuelles et faire saisir la réalité du
problème;
- Susciter des changements dans les rapports sociaux,
politiques, économiques,émotifs entre
les hommes et les femmes;
- Changer la socialisation des hommes et des femmes;
- Favoriser l'échange du vécu entre les femmes;
- Favoriser l'émergence d'alternatives face aux
situations de violence (Regroupement des
CALACS, 1993e: 20)
Enfin, toujours en concordance avec leur analyse, les
pratiques de lutte «calacoises» s'effectuent dans
le but d'apporter des changements durables au plan social,
légal, politique, médical, etc. Le mariage
des trois paliers d'intervention constitue la seule façon
de lutter signifïcativement contre les agressions
à caractère sexuel.
3. LA PREVENTION ET LA LUTTE: APRES UNE TENTATIVE
DE SYSTEMATI-
SATION DES CONCEPTS...
Les paramètres qui définissent la
prévention et la lutte sont souvent flous. Pour plusieurs,
il s'agit de
notions aussi générales que celles de
«culture» et de «communauté».
L'effort de conceptualisation
suivant n'est pourtant pas vain pour expliquer ou pour donner un
sens nouveau aux pratiques de
prévention et de lutte des CALACS. La prévention
d'abord...
3.1 La prévention
En terme de prévention, le modèle le mieux
connu, issu du domaine de la santé publique, distingue
différents types ou niveaux de prévention:
primaire, secondaire et tertiaire. Cité par plusieurs
auteurs
et utilisé entre autres dans le contexte de la
prévention du crime, ce modèle gagne en
popularité
depuis quelques années parce qu'il offre une vision
nouvelle, trilatérale du concept de prévention.
Actuellement, il s'agit du modèle de
référence par excellence en la matière, en
fait, du seul modèle
existant ou presque. Il importe donc d'en faire mention. Bien
qu'au fait de l'apparition de ce nouveau
modèle, les CALACS ne définissent pas leurs
pratiques de prévention en ces termes. Après plus
de
15 ans, les pratiques de prévention
«calacoises» se dissèquent difficilement en
trois paliers aussi
catégoriques, quoiqu'il soit possible d'en repérer
les particularités, en continuité et en rupture,
dans
certaines activités. Pour en savoir plus sur les
différents stades de prévention...
3.1.1 La prévention primaire, secondaire et
tertiaire
Suivant le principe de l'entonnoir, la prévention
primaire s'adresse à un plus large réseau
(population
générale) et poursuit des visées globales.
Selon Low (1979), la prévention de type primaire
«vise à
faire en sorte que tel trouble, tel processus ou tel
problème ne se produisent pas» (Groupe de
travail
sur les agressions à caractère sexuel, 1995: 126).
Avec une portée moins large (population à
risque),
la prévention secondaire, pour sa part, «vise
à découvrir et enrayer ou à modifier pour le
mieux un
trouble, un processus ou un problème le plus tôt
possible» (Organisation mondiale de la santé In
Groupe de travail sur les agressions à caractère
sexuel, 1995: 126). De manière restreinte et très spécifique, la prévention tertiaire, quant
à elle, «vise à retarder ou arrêter la
progression d'un trouble
ou d'un problème même si l'affection de base
persiste» (Ibid.). Elle s'adresse à une population
très à
risque ou déjà aux prises avec le problème
concerné. À noter, les trois niveaux de
prévention sont
spécifiquement «définis en fonction du moment
et du stade d'évolution d'un problème»
(Groupe de
travail sur les agressions à caractère sexuel,
1995: 126).
3.2 La lutte
En ce qui a trait à la lutte, les CALACS inscrivent
leurs pratiques dans ce qu'il est théoriquement
convenu d'appeler la lutte «classique» et la lutte
«émancipatoire» ou, dans un jargon plus
familier pour
les centres, la lutte «alternative». À
l'opposé l'un de l'autre, ces deux modèles
poursuivent néanmoins
plusieurs objectifs communs comme le changement social,
l'évolution, le combat contre l'oppression
et la domination (Dupuis et al., 1982 In Racine, 1996 : 7). Mais
qu'entend-on concrètement par lutte
«classique» et par lutte
«émancipatoire» ou «alternative»?
3.2.1 La lutte «classique»
Succinctement, d'après la littérature, les
pratiques de lutte «classique» s'organisent
prioritairement
à partir du besoin de corriger les injustices, de
libérer les populations opprimées et de prendre
la
défense des droits individuels et collectifs non reconnus
des gens (Racine, 1996: 12). Comportant
des paramètres précis et un caractère peut
être plus strict que les pratiques
«alternatives» de lutte, les
pratiques de lutte «classique» ont pour principaux
objets la revendication et l'action consciente de
contestation. Autre point à noter, elles se
déploient généralement en réponse
à des conflits
spécifiques ou à un adversaire particulier. En
bref, selon Jean-François René et Jean
Panet-Raymond
(1984), ces pratiques s'inscrivent dans:
[...] tout un processus en vue de défendre des droits
ou d'en revendiquer. Il inclut
le travail d'enquête, de service, de formation,
d'information et de fonctionnement,
en vue d'obtenir gain de cause. [...] des gestes concrets,
posés collectivement,
avec un objectif de revendication, par des personnes issues de la
base des groupes
(manifestation, occupation, assemblée publique, etc.) (In
Racine, 1996: 7).
Trêve de théorisation, pour les CALACS, la lutte
«classique» prend forme par le biais d'une grande
variété d'actions. Les manifestations
organisées dans le cadre de la Journée d'action
contre la
violence faite aux femmes ou en réponse à
certains événements d'actualité, l'envoi de
pétitions, de fax
et/ou de lettres d'approbation ou de dénonciation à
des députés-es, à des ministres, à
d'autres
organismes communautaires ou à des entreprises
privées sont autant de façon de faire de la
lutte
«classique». Certaines pratiques
«classiques», comme les marches dans les rues,
peuvent s'inscrire à
la fois dans les pratiques dites «alternatives»
puisqu'elles revêtent, à l'occasion, un
caractère unique
et original.
3.2.2 La lutte «émancipatoire» ou
«alternative»
Développées en parallèle aux luttes plus
conservatrices, les pratiques de lutte
«émancipatoire» placent
l'individu au centre du changement. Pour Racine (1996), il s'agit
essentiellement de «pratiques
novatrices, en rupture avec les normes sociétales, qui,
pour conserver leur caractère émancipatoire
[ou alternatif], doivent être transférables
verticalement (au privé) et horizontalement (au
public)» (11).
En clair, ces pratiques doivent pouvoir faire le pont entre les
luttes menées individuellement et les
luttes menées collectivement ou socialement pour une
même cause. Du côté des CALACS, les
pratiques de lutte «alternative» peuvent s'actualiser
par certains gestes de désobéissance civile
c'est-à-
dire en marge de la loi. Bien que novateurs, ces gestes
«délinquants» ne sont toutefois pas
monnaie
courante. On sait se tenir...
DEUXIEME PARTIE LES PRATIQUES DE PRÉVENTION ET DE
LUTTE
DES CALACS
Avant de passer officiellement à la présentation
des pratiques de prévention et de lutte des CALACS,
il appert important de souligner que chaque centre d'aide est un
organisme indépendant et qu'il
s'inscrit dans une démarche unique de prévention et
de lutte. Ainsi, bien qu'elles s'inscrivent dans une
philosophie commune, ces pratiques représentent un large
éventail de méthodes et de moyens tantôt
susceptibles de s'actualiser dans l'ensemble des centres,
tantôt non. Cela dit, les nuances apportées
devraient suffisamment préciser les pratiques attribuables
à la majorité des CALACS et celles qui sont
le fruit de quelques centres ou d'un seul centre.
Dernière chose à souligner, certaines des
activités mises de l'avant par les centres peuvent se
retrouver, à la fois, dans le contexte des pratiques de
prévention et dans le contexte des pratiques de
lutte. La distribution de feuillets ou de tracts, par exemple,
s'inscrit dans les deux volets: en termes
de prévention, les feuillets servent davantage la
sensibilisation tandis qu'en matière de lutte, ils
sont
essentiellement utilisés pour dénoncer des
situations injustes ou oppressantes. De façon plus
large,
la production de documents et l'utilisation des médias,
bien que fort différentes dans leur application
en ce qui concerne la prévention et la lutte, ont
été rassemblées en un seul bloc et ce, afin
d'éviter le
dédoublement d'informations. Afin d'alléger le
texte, les titres de programmes de même que les types
et les titres de documents produits par les CALACS sont
présentés en annexe de la présente
publication. Sans plus attendre...
1. LES PRATIQUES DE PRÉVENTION
Dans le but de faire progresser les réflexions sur les
phénomènes liés à la violence faite
aux femmes,
les CALACS préconisent diverses stratégies de
prévention. À ce titre, on retrouve l'animation
de
rencontres auprès d'étudiants-es de niveau
secondaire, collégial et universitaire, d'adultes, de
divers
professionnels-lés et de groupes sociaux; la formation
d'intervenants-es provenant du réseau de la
santé et des services sociaux, du milieu scolaire,
communautaire et judiciaire et à l'interne, des
militantes; la concrétisation de projets
spécifiques; la mise en branle d'une grande
diversité d'activités;
la production de documents; la diffusion d'informations et
enfin, l'utilisation des médias.
1.1 Les animations
Qu'elles s'adressent aux étudiants-es, aux adultes ou
aux divers professionnels-lés concernés, les
animations réalisées par les CALACS portent
fréquemment, ou essentiellement, sur la
présentation
de la problématique des agressions à
caractère sexuel, à savoir sur les formes, les
causes et les
conséquences du problème, sur les mythes et les
préjugés entourant la victime, l'agresseur et/ou
les
lieux potentiels d'agression, sur les explications sociales du
phénomène et sur la façon de les
prévenir
le plus adéquatement possible. À noter, les
animations offertes aux adultes et aux intervenants-es
peuvent prendre différentes formes. Les rencontres, les
consultations, les ateliers de sensibilisation,
les conférences et les café-rencontres en sont
toutes des expressions concrètes. Mise à part
la
problématique globale des agressions à
caractère sexuel, les animations peuvent traiter plus
spécifiquement d'un sujet ou d'un thème, par
exemple, l'histoire de la socialisation des sexes, le
dépistage des enfants victimes d'abus, le
harcèlement sexuel et la pornographie.
Cela dit, la plupart des animations données par les
CALACS, tant auprès des étudiants-es que des
adultes et des différents intervenants-es, sont le
résultat d'une demande préalable de l'école
ou de
l'organisme nommé. La constante augmentation des demandes
d'animations de même que le manque
de ressources humaines et financières obligent, plus
souvent qu'à leur tour, les centres à
répondre,
à la pièce, aux organismes qui désirent en
connaître davantage sur la problématique des
agressions
à caractère sexuel.
1.2 Les formations
De plus en plus sollicités, les CALACS dispensent
également des formations aux intervenants-es
intéressés. Les demandes proviennent de partout
soit du milieu scolaire, i.e. des différents corps
professoraux et des intervenants-es en milieu scolaire
(travailleuse sociale, personnel de soutien), soit
du réseau de la santé et des services sociaux, i.e.
des médecins en urgence, des infirmières, des
intervenants-es en CLSC et en Centre jeunesse, du milieu
judiciaire, i.e. des policiers, des procureurs-es et finalement du milieu communautaire, i.e. des
intervenants-es y oeuvrant. Offertes de façon
similaire aux animations, les formations proposent d'abord un
tour de piste de la problématique puis
quelques lignes-guide sur la façon d'aider et de supporter
les femmes victimes d'agressions sexuelles.
Certaines formations peuvent aussi porter sur des aspects plus
particuliers comme l'utilisation de la
trousse médico-légale.
1.2.1 Les formations aux militantes
En ce qui concerne les formations aux militantes*, elles sont
offertes en grande partie par tous les
CALACS. On en retrouve généralement deux types: la
première, la formation «de base»
(théorique)
à travers laquelle on présente, entre autres, son
organisme, un état de la situation, le fonctionnement
en collective et l'analyse inhérente des CALACS en regard
de la problématique des agressions à
caractère sexuel et la deuxième, la formation en
«intervention» (pratique) où on traite
plus
spécifiquement des outils d'intervention, de
l'intervention de crise, de l'intervention de groupe, de
l'intervention auprès des femmes victimes d'inceste et de
l'intervention féministe. Dans le cadre de
cette formation, la plupart des CALACS présentent aussi
d'autres approches spécifiques comme la
thérapie radicale*. Enfin, en parallèle aux deux
formations nommées, certains centres offrent de la
formation continue soit par le biais de thématiques
s'adressant à toutes les membres, de rencontres
pour les militantes qui font de l'intervention ou de rencontres
ponctuelles en réponse à des besoins
d'informations.
1.3 Les projets spécifiques de
prévention
Parmi tous les projets d'envergure dirigés par les
CALACS, une grande partie visent la prévention
chez les jeunes du secondaire. À cet effet, plusieurs se
sont mis sur pied au cours des dernières an-
- Militantes-Militantisme: représente le
«don» de temps à une cause
particulière. Le militantisme diffère du
bénévolat au
sens où il s'accompagne d'une analyse et d'une prise de
conscience de la problématique (Racine, 1996: 105).
- Thérapie radicale: elle soutient que les
problèmes des gens ne sont pas uniquement de source
personnelle mais qu'ils
prennent leur racine dans les inégalités sociales
créées par le système capitaliste et
patriarcal dans lequel nous vivons. Son
but est de redonner du pouvoir aux personnes en les aidant
à combattre l'oppression intériorisée
(Vandal, 1997: 131).
nées. À quelques nuances près, l'ensemble
des projets ou des programmes de prévention
«calacois»
ont pour objectif central de sensibiliser les jeunes à la
problématique des agressions à caractère
sexuel.
Par cette voie, on leur confirme entre autres leur droit de
s'affirmer, leur droit de dire non à des
attouchements non désirés, leur droit, ou
plutôt leur devoir, de ne pas accepter ni de cautionner
les
attitudes ou les gestes qui ne sont pas acceptables et aussi
l'importance de respecter le choix des
autres. D'un même élan, certains programmes visent
à sensibiliser les intervenants-es scolaires. Pour
ce faire, on propose généralement une formule
similaire à celle offerte dans le cadre d'animations
ou
de formations auprès d'intervenants-es ou de
professionnels-lés. Quelques programmes de
prévention
vont aussi plus loin soit en visant la formation de groupes de
pairs aidants ou la constitution de
groupes de soutien. Par ces moyens, on vise entre autres à
ce que les jeunes se prennent en main
collectivement et qu'ils développent des qualités
de pairs aidants.
Bien qu'ils n'expérimentent pas tous les mêmes
programmes ou projets, l'ensemble des CALACS
chérit la prévention auprès des jeunes et
pour cause. Des études récentes démontrent
que les femmes
plus jeunes, et plus spécialement celles ayant entre 15 et
24 ans, sont nettement celles qui risquent
le plus d'être agressées (Tourigny & Lavergne,
1995: 9) et que les taux d'agressions sexuelles chez
les jeunes femmes de 18 à 24 ans sont trois fois
supérieurs à la moyenne (Statistique Canada
1993:
4).
Parmi les autres grands projets de prévention en milieu
scolaire, cette fois au niveau primaire, certains
CALACS ont mis beaucoup d'énergie, dans les années
80, à l'implantation du programme ESPACE
(programme de prévention des abus commis envers les
enfants). La prise en charge du programme
visait alors à répondre au nombre croissant de
demandes adressées par le milieu scolaire de niveau
primaire. Depuis ses débuts, le programme a permis
à des dizaines de milliers d'enfants et d'adultes
d'améliorer leurs connaissances et leurs habilités
en matière de prévention et de dépistage des
abus
commis envers les enfants. Depuis 1990, le programme ESPACE a mis
sur pied un regroupement
provincial autonome ce qui n'a pas empêché certains
CALACS d'offrir, au moment de la transition,
support et supervision.
1.4 Les activités diverses
En ce qui a trait aux autres moyens de prévention, les
CALACS tiennent un large inventaire. On
retient, un peu pêle-mêle, la tenue de kiosques de
sensibilisation en milieu scolaire ou dans le contexte
particulier de festivals ou de forums; la distribution de
feuillets de sensibilisation dans les écoles, les
centres commerciaux et les stationnements; la participation ou
les appuis donnés à divers projets de
sensibilisation d'autres CALACS ou organismes affiliés;
l'organisation de cours d'auto-défense; la
tenue de spectacles ou de pièces de théâtre,
que ce soit dans un but strictement de sensibilisation
et/ou de levée de fonds; le placardage d'affiches dans des
lieux stratégiques et la participation, comme
invité et/ou personne-ressource, à des colloques,
forums, etc.
De manière plus spécifique, on note parmi un
vaste choix la création d'un casse-tête
géant, en lien
avec la violence faite aux enfants; la mise en branle d'une
campagne de sensibilisation dans le contexte
de la «Journée internationale de l'enfance»
où il y a eu distribution d'une affiche et d'un
poème en lien
avec le rôle de l'adulte dans la prévention des
agressions à caractère sexuel; l'organisation
d'un
concours de bande dessinée s'adressant aux jeunes de 12-17
ans en milieu scolaire; l'organisation
d'échanges internationaux avec des femmes de
différentes cultures dont le but est la
sensibilisation
aux vécus mutuels et la constitution d'un comité
«vigilance» dont le mandat est de sensibiliser la
population et de diminuer les mythes et les
préjugés en regard de la problématique.
1.5 La production de documents
La production de documents fait également partie des
stratégies de prévention utilisées par
les
CALACS. Il en va de même dans le cadre de leurs pratiques
de lutte. Dans ce contexte, les centres
étayent majoritairement leur espace documentaire en
réponse à des situations précises. On
retrouve
ainsi la contribution de quelques centres dans la production de
rapports, de mémoires ou de brochures
dénonçant certaines injustices ou émettant
des points de vue particuliers, sur la régionalisation,
par
exemple. Dans une optique similaire, certains CALACS collaborent
étroitement, soit à titre d'expert
ou de partenaire, à des recherches.
1.6 La diffusion de l'information
Avec la double vocation d'informer et de prévenir,
plusieurs CALACS ont mis sur pied un centre de
documentation. Pouvant varier d'un centre à l'autre par
son contenu et son volume, il n'en demeure
pas moins qu'il s'inscrit comme une précieuse mine
d'informations et d'outils d'intervention pour les
travailleuses, les militantes, les membres ainsi que pour la
population, particulièrement pour les
étudiants-es qui l'utilisent fréquemment aux fins
de leurs travaux scolaires.
1.7 L'utilisation des médias
Enfin, qui dit prévention dit besoin d'une
présence accrue dans les médias. Et pour les CALACS
il
s'agit d'une stratégie préventive de choix. En
réaction aux nombreux mythes et préjugés
qu'entretient
toujours la population à l'égard de la
problématique des agressions à caractère
sexuel, l'ensemble des
centres favorisent la parution occasionnelle d'articles et/ou de
communiqués de presse dans les
journaux, les bulletins de liaison d'organismes, les revues, etc.
Certains CALACS participent
également à la tenue d'entrevues radiophoniques ou
télévisées se déroulant au niveau
local et régional.
Comme autre médium intéressant de diffusion,
quelques CALACS produisent, à un rythme variable,
un journal ou un bulletin interne. Ce dernier est
généralement distribué aux membres de
l'organisme
et aux organismes locaux. En terminant, l'utilisation des
médias pour émettre points de vue, opinions
ou répliques à des situations particulières
d'actualité sert aussi constamment la lutte menée
par les
CALACS afin de faire bouger les choses.
2. LES PRATIQUES DE LUTTE
Considérant que les agressions à
caractère sexuel sont un problème d'ordre social et
non individuel
et qu'il est impératif de contribuer à des
changements significatifs en la matière, les CALACS
cherchent à être présents dans les diverses
activités pouvant avoir une incidence réelle sur
la
problématique et les femmes qu'ils représentent.
C'est cette préoccupation de tous les instants que
l'on transpose aux pratiques de lutte «calacoises»
dont les manifestations sont nombreuses et variées.
Pour bien y voir clair, les pratiques de lutte ont
été répertoriées suivant une large
catégorisation, par
types d'activités, accordant la première place aux
événements spéciaux, puis sans
égards, aux projets
spécifiques, aux pratiques de lutte
«classique» et «émancipatoire» ou
«alternative» et aux pratiques
indirectement associées à la lutte.
2.1 Les événements spéciaux
2.1.1 La Journée d'action contre
la violence faite aux femmes
De tous les événements spéciaux, les
CALACS identifient la Journée d'action contre la
violence faite
aux femmes comme étant un moment
privilégié de lutte et pour cette raison, lui
accordent une
attention toute particulière. Reprise annuellement depuis
le début des années 80 à chaque 3
ième
vendredi de septembre, cette journée, dont la visée
est de dénoncer la violence faite aux femmes,
s'inscrit néanmoins dans une plus longue traversée
historique. Brièvement, on dit que les
premières
manifestations de cette action ont commencé aux
États-Unis dans les années 70, sous le thème
«Take
back the night» pour peu de temps après, se
transporter au Québec sous l'appellation «la rue, la
nuit,
femmes sans peur». C'est en 1985 que telle qu'on l'a
connaît, cette activité a été
rebaptisée Journée
d'action contre la violence faite aux femmes. Ce
changement s'avérait important: «afin de
correspondre davantage à la réalité des
agressions à caractère sexuel et de combattre le
préjugé
voulant que les agressions n'arrivent que la nuit, dans une
ruelle, etc» (Racine, 1996: 49).
Depuis plus de 15 ans maintenant, les CALACS organisent donc
plusieurs activités dans le cadre de
cette journée, en vertu de laquelle on met volontiers
l'accent sur les notions d'action et de visibilité.
Pour l'ensemble des CALACS, les premières
activités liées à cette journée ont
surtout, sinon
exclusivement, consisté à organiser des marches
sous le thème «la rue, la nuit, femmes sans
peur».
Avec le temps, les CALACS ont grandement diversifié leurs
pratiques ce qui explique qu'aujourd'hui
chaque centre organise une activité différente, ou
presque, à saveur locale. Bien qu'elles prennent
forme différemment, plusieurs activités ont retenu
et retiennent toujours l'attention de l'ensemble des
CALACS. À cet effet, on retient la distribution de
feuillets ou d'auto-collants dans les centres
commerciaux et dans les stationnements; les manifestations
à pied ou en automobile dans les rues ou
autres endroits stratégiques comme les bureaux de
députés-es; le port du ruban blanc; la
présentation
de pièces de théâtre, de
théâtre-forums et/ou de films sur divers
thèmes; l'envoi de pétitions, de fax
ou de lettres en grand nombre aux groupes ciblés; la
participation à des tables rondes ou aux
rassemblements de divers groupes pour mettre en lumière la
spécificité des différentes formes de
violence; l'organisation d'activités ou d'actions
parallèles à certaines situations
d'actualité et enfin, la
tournée de dépanneurs ou de centres de
vidéos pour vérifier l'application d'une
réglementation
municipale en rapport avec l'étalage de matériel
pornographique.
Malgré une certaine uniformité dans les
activités de cette journée nationale, certains
CALACS se
démarquent par le choix d'actions plus
«alternatives». Ainsi, frôlant les limites du
possible et du légal,
un centre a déjà fait des graffitis sur les murs et
les trottoirs, collé de grandes phrases clés sur
les
viaducs de sa municipalité et ouvert une marche avec un
défilé de cavalières composé de dix
femmes
à cheval. Un autre CALACS, suite à la
création d'une nouvelle piste cyclable, s'est
empressé de
publiciser, de sensibiliser et de former certains intervenants-es
en lien avec les risques potentiels de
cet endroit. Un tout autre centre a également mis en
branle un comité dont la tâche est de créer
un
symbole permanent de non-violence. Pour y arriver, un concours de
dessin s'adressant à la population
a été lancé. Le ou la gagnante du dessin
représentant le mieux le symbole en question verra son
oeuvre reproduite sur un drapeau qui sera éventuellement
placé dans un endroit de choix.
2.1.2 Le 6 décembre ou le drame de
Polytechnique
Tout comme dans le cadre de la Journée d'action
contre la violence faite aux femmes, certains
éléments marquants de l'actualité poussent
les CALACS à agir. L'exemple le plus frappant de cette
autre façon d'étaler la lutte est la tuerie de
l'école Polytechnique où 14 jeunes femmes ont
été tuées
froidement par un «tireur fou», drame que l'on nomme
désormais, subtilement, les événements du
6
décembre. Pour quelques centres, cet autre moment fait
désormais partie des pratiques annuelles de
lutte.
2.1.3 La Journée internationale des femmes
Malgré le fait qu'on lui attribue, en grande partie,
une connotation plus sociale, la Journée
internationale des femmes ou le 8 mars revêt pour la
plupart des centres une importance marquée.
À titre de collaborateurs, participants ou initiateurs de
l'événement, les CALACS s'inscrivent dans
l'organisation et/ou la tenue annuelle de cette journée
adressée à l'ensemble des femmes, ce qui
explique le fait que les activités touchent de
manière plus générale le thème de la
condition féminine.
Associés à la sensibilisation et à la lutte,
l'humour, la détente et le plaisir font bon ménage
dans le
déroulement de cette journée.
2.2 Les projets spécifiques de lutte
Depuis quelques années, la sécurité des
femmes dans les villes est de plus en plus au coeur des
préoccupations d'intervenants-es de toutes sortes. Les
CALACS ne font surtout pas exception à la
règle. Conscients de la peur suscitée par
l'appréhension des manifestations de violence, du
sentiment
d'insécurité que vivent les femmes ou les autres
groupes «à risque» (enfants, personnes
âgées...) en
milieu urbain et des nombreux moyens de contournement pris par
ceux-ci au quotidien, plusieurs
CALACS, en fonction de leur étalement géographique
ou régional, ont joint les rangs du projet «Aux
portes des cités sûres» initié par le
Développement québécois de la
sécurité des femmes en milieu
urbain s'adressant plus particulièrement aux organismes en
périphérie des grandes métropoles. Un
seul centre, avec son pied-à-terre à
Montréal, s'est joint aux projets lancés par le
Comité d'action
femmes et sécurité urbaine (CAFSU) de
Montréal s'adressant spécifiquement aux
organismes
montréalais. Composées de groupes de femmes,
d'organismes communautaires et d'institutions
publiques, ces deux entités visent essentiellement le
même objectif central soit celui de promouvoir
la sécurité et la qualité de vie des femmes
en milieu urbain. Les actions entreprises dans ce contexte
cherchent d'abord à sensibiliser les acteurs
concernés (administrations municipales, polices,
services
de transport en commun, urbanistes, intervenants-es, population)
puis à susciter des changements
concrets en terme, par exemple, d'aménagement urbain et
paysager et d'installations plus sécuritaires
du réseau de transport en commun.
2.3 Les pratiques de lutte
«classique» et «émancipatoire» ou
«alternative»
Sorties du contexte d'événements
spéciaux, certaines activités plus
«classiques» constituent depuis
toujours le noyau des pratiques favorisées par les CALACS.
Les manifestations et les pétitions
demeurent au top 5 du palmarès «calacois»,
viennent ensuite les prises de positions, les appuis
donnés
aux causes ou aux luttes connexes (le financement des organismes
communautaires, par exemple) et
les dénonciations à l'égard de situations
injustes ou illégales. Concrètement, à
travers les années,
quelques centres ont dénoncé la tenue
d'événements «machistes» et
exercé des pressions pour la
fermeture ou le démantèlement d'organismes bidons
ou à caractère «erotique» (restaurant,
lave-auto,
boutique). À l'inverse, certains centres ont
participé et contribué d'arrache-pied à la
création ou à la
consolidation de nouvelles ressources communautaires.
Parce qu'il s'agissait d'un des plus grands rassemblements de
femmes au Québec depuis longtemps,
l'ensemble des centres ont aussi participé, conjointement
avec la Coalition nationale des femmes
contre la pauvreté et d'autres organismes, à la
marche «Du pain et des roses» tenue au printemps
1995. Des suites de cet événement, certains centres
ont emboîté le pas l'année suivante, à
la remise
de miettes de pain à leurs députés-es et ce,
dans le cadre d'actions parallèles à une autre
marche
contre la pauvreté se tenant sous le thème
«On vaut plus que des miettes». Voilà une des
façons plus
«alternative» ou «émancipatoire»
de faire passer un message ! !
2.4 Les pratiques indirectes de lutte
Indirectement associées à l'ensemble des
pratiques de lutte des CALACS, les représentations
peuvent
offrir, dépendamment des instances présentes et de
la nature du groupe de travail ou du comité, un
terrain plus ou moins fertile à la lutte. Par comparaison,
certaines représentations permettent de réunir des intervenants en un lieu commun, propice
à l'échange d'expertise ou d'information,
tandis
que d'autres contribuent subtilement mais directement à
l'avènement de changements importants.
Quelques représentations auprès de
députés-es ou de ministres, par exemple, ont donc
permis de faire
valoir la spécificité de la problématique
des agressions à caractère sexuel dans le cadre de
projets ou
de l'élaboration de politiques sociales. Certaines
représentations ont également provoqué,
tentent
toujours de provoquer, la révision de documents
législatifs. La réforme en 1983 du code
criminel
canadien au chapitre des articles de loi sur le viol et les
délits sexuels et les récentes propositions de
modifications législatives sur la tenue de dossiers et le
contre-interrogatoire des victimes par les
accusés en sont des exemples probants. De
révolutionnaire à débonnaire, chaque
représentation porte
ainsi un potentiel différent. Pour en connaître
davantage sur le travail de représentation...
2.4.1 Les représentations
Les changements sociaux et politiques se faisant rarement
seuls, les CALACS s'impliquent activement
au sein de plusieurs comités ou tables de concertation de
différents organismes ou associations.
Aussi, pour la plupart des centres, il n'est pas rare de
participer à des tables de concertation en
matière
de violence faite aux femmes et aux enfants, au niveau de la
jeunesse et en lien avec la prévention du
crime. Plusieurs centres se retrouvent parallèlement sur
divers comités en lien, par exemple, avec la
régionalisation, le financement des organismes
communautaires et l'organisation d'événements
particuliers, comme le 8 mars. D'un même élan, on
retrouve aussi la participation de deux centres
sur des comités d'action concertée en
matière de violence sexuelle, par le biais desquels on
s'active
à la production d'un mémoire et à la
formulation de protocoles d'entente avec certains
intervenants
des secteurs de la santé et de la justice. En vrac, les
CALACS participent également à plusieurs
groupes de réflexion et/ou d'action dont les
thématiques (agresseurs, milieu carcéral,
sécurité des
femmes) et les visées (implantation de nouvelles
ressources, identification des besoins) varient.
À l'instar de toutes les représentations
exigées par une participation aux tables, comités
ou groupes
formés par d'autres ou conjointement, les centres mettent
également sur pied leurs propres comités
à «l'interne», comme celui nommé
précédemment par exemple, dont la tâche est
de créer un symbole
permanent de non-violence. Naturellement, les divers
comités peuvent prendre plusieurs directions différentes, une seule leur est commune, la lutte. En
bout de piste, faut-il mentionner que la plupart
des CALACS sont membres de diverses organisations ou de
coalitions luttant, entre autres, pour
l'amélioration de la condition de vie des femmes et le
financement des organismes communautaires.
2.4.2 L'aide directe
Tout comme les représentations, certaines pratiques
alternatives d'aide directe sont perçues par
quelques CALACS comme faisant partie de la lutte. Cela dit, le
fait pour certains centres d'appuyer
une femme victime d'agression sexuelle dans ses démarches
auprès d'un procureur, par exemple,
constitue de là lutte. Dans ce contexte particulier, le
travail des centres peut consister à faire avancer
le dossier d'une femme ou à obtenir quelques gains ou
droits pouvant aider la femme à passer à
travers le processus judiciaire sans trop de heurts. La
confrontation* comme mesure alternative au
système judiciaire s'inscrit également dans cette
double optique d'aide directe et de lutte.
* Confrontation: démarche au cours de laquelle une
victime de viol, accompagnée d'autres femmes, va
rencontrer
publiquement son agresseur pour lui dire qu'elle juge son
comportement inacceptable, qu'il doit changer
immédiatement et
remettre en question les attitudes qui l'ont mené à
poser ces gestes. C'est la victime qui se défend
elle-même, plutôt que
d'avoir recours au système judiciaire (Association
canadienne des centres contre le viol, 1981: 22).
3. LES OUTILS NECESSAIRES
Pour arriver à actualiser leurs pratiques de
prévention, les CALACS utilisent divers moyens ou
courroies de transmission. Dans le cadre d'animations en milieu
scolaire et/ou de formations auprès
de divers professionnels-lés (professeurs, intervenants
sociaux, infirmières, policiers, etc.) et
militantes, les centres, selon les demandes qui leurs sont faites
et leur préférence «personnelle»,
font,
parmi un vaste éventail de possibilités,
l'utilisation de jeux de sensibilisation -celui sur les
«mythes et
préjugés» est particulièrement
apprécié-, de mises en situation écrites ou
orales, de techniques liées
à l'imagerie et à la visualisation et la
distribution de brochures d'informations et de textes de
réflexion.
Pour arriver aux fins souhaitées, les CALACS utilisent
donc plusieurs outils complémentaires,
principalement de type didactique et audiovisuel. Mise à
part la multitude d'outils dont ils se sont
eux-mêmes dotés d'une part, pour répondre aux
demandes ponctuelles ou spontanées des écoles
et
des autres milieux intéressés et d'autre part, pour
consolider une pratique préventive unique en la
matière, les CALACS s'inspirent aussi, en partie, du
matériel d'autres organismes et/ou de
programmes de prévention déjà mis en place
et jugé efficace.
Ceci dit, parmi les outils privilégiés pour les
animations et les formations offertes, on retient
prioritairement le guide d'animation et/ou de formation et la
vidéo. Depuis les dernières années,
plusieurs CALACS ont contribué signifïcativement
à l'apport de nouveaux outils d'animation dans le
contexte de la prévention des agressions à
caractère sexuel.
En processus de création, certains centres
prévoient présenter sous peu de nouvelles
productions
audiovisuelles et de nouveaux outils d'animations en
prévention. À suivre...
4. LES PRATIQUES DE PREVENTION ET DE LUTTE DES CALACS:
DES
RETOMBÉES INTÉRESSANTES
Après plusieurs années d'implication dans leurs
milieux respectifs, les CALACS ont le sentiment
d'obtenir, par la plupart de leurs collaborateurs et
collaboratrices, la reconnaissance de leur expertise
en matière de prévention et de lutte contre les
agressions à caractère sexuel. En fait, tous les
centres
estiment entretenir de bons liens, sinon améliorés,
avec les divers intervenants-es du réseau de la
santé
et des services sociaux, des organismes communautaires, du
système judiciaire, du milieu scolaire,
des instances politiques et des médias de leur
région. Grâce à leurs nombreuses
activités de
prévention et de lutte, les CALACS ont également
l'impression d'être plus visibles dans leurs
communautés soit d'être mieux connus par l'ensemble
de la population mais aussi par l'ensemble des
professionnels-lés ou intervenants-es, desquels, par
ailleurs, ils sentent beaucoup plus d'ouverture.
De ce fait, plusieurs centres sont à même de
constater que certaines de leurs activités de
prévention
et/ou de lutte provoquent une augmentation significative des
références faites par ces personnes, de
même qu'une augmentation des demandes d'aide et des
sessions de formation.
Partie prenante du mouvement des femmes depuis plus de 15 ans,
les CALACS sont particulièrement
fiers d'avoir participé à l'émergence de
nouvelles solidarités féminines. D'autre
façon, les CALACS
sont également heureux d'avoir contribué
signifïcativement, bien qu'en toute humilité,
à l'évolution
de l'analyse des agressions à caractère sexuel.
Comme on peut en juger d'une part, par l'augmentation
du niveau de compréhension ou de connaissances
générales de la population par rapport à
la
problématique et d'autre part, par les changements
concrets survenus en regard, par exemple, du
traitement des victimes par les divers acteurs du système
de la santé et des services sociaux et du
système judiciaire. Bien qu'ils affirment avec justesse
que les choses ont changé de manière
importante depuis 15 ans, les CALACS sont néanmoins
conscients que le travail est loin d'être
terminé comme l'indique encore les taux
élevés d'incidence et de prévalence des
agressions à caractère
sexuel, présentés dans la première partie du
document. Aux sceptiques, les résultats suivants
démontrent quelques-unes des réalisations ou des
retombées liées aux pratiques de prévention
et de
lutte des CALACS.
4.1 Impact de la prévention
Suivant l'étendue des animations et des formations en
milieu scolaire, plusieurs centres ont dû
répondre à une augmentation des
références d'intervenants-es et par ricochet,
à une multiplication des
demandes d'aide. Cette situation n'est pas sans avoir eu d'impact
sur les services offerts par les
centres. Ceux-ci, en réponse aux besoins, on
procédé dans la mesure du possible à la
formation de
nouveaux groupes de soutien pour adolescentes. Par ailleurs,
à la suite d'animations ou de la tenue
d'autres activités en milieu scolaire, quelques centres
ont eu l'agréable surprise de susciter l'implication
des jeunes dans leur milieu. Ainsi, dans certaines polyvalentes,
on a vu se former des groupes de
soutien et des groupes de pairs aidants. Du même souffle,
certains jeunes ont également fait appel
aux CALACS pour mettre sur pied des cours d'auto-défense
dans leurs écoles, ce qui n'est pas
négligeable. Du côté des enseignants-es, on a
dit se sentir mieux équipés pour aider les
jeunes
lorsqu'ils dévoilent une situation d'abus et aussi mieux
comprendre la problématique.
Dans le cadre des formations offertes aux intervenants-es du
réseau de la santé et des services sociaux
et des organismes communautaires, on note une meilleure
connaissance de la problématique. En
corollaire, les intervenants-es disent se sentir plus aptes
à reconnaître les indicateurs d'abus et à
mesurer l'impact de l'intervention effectuée. Dans
quelques cas, on avoue l'amorce d'un cheminement
personnel passant par la sensibilisation de l'entourage et le
retour du feu sacré pour la lutte.
4.2 Impact de la lutte
L'implication des CALACS dans les projets de
sécurité des femmes en milieu urbain «Aux
portes des
cités sûres» et ceux liés au CAFSU a
débouché sur des résultats concrets. Aussi,
pour l'ensemble des
centres, on a vu se mettre sur pied un éventail de petits
et de grands projets dont les retombées se
sont concrètement manifestées par le biais de
réaménagements paysagers, par la mise en branle
de
structures ou comités permanents sur la
sécurité des femmes en milieu urbain, par la
sécurisation de
lieux «à risque» et par la formation et la
sensibilisation d'intervenants-es et/ou de
représentants-es
municipaux-ales concernés de près ou de loin par le
projet.
Dans un tout autre ordre d'idée, les pressions faites
par plusieurs CALACS pour fermer ou
démanteler certains types de services à
caractère «erotique» ou faisant de la fausse
représentation ont
largement porté fruit. Dans bon nombre de cas, hormis la
fermeture des établissements ou la
cessation des activités des groupes en question, on a vu
certaines administrations municipales adopter
une réglementation stricte contre l'implantation de types
de commerces à caractère «erotique»
et/ou
contre l'étalage de revues et d'objets à
caractère «erotique».
La participation des CALACS à de nombreuses tables de
concertation ou comités rapporte aussi des
dividendes. Par ces intermédiaires, l'ensemble des centres
disent avoir établi des collaborations plus
étroites de même que des liens professionnels plus
solides. On y voit aussi une façon d'instituer un
langage commun, plus ouvert aux échanges, comme le laisse
entrevoir l'adoption, de plus en plus
fréquente, de protocoles d'intervention ou d'ententes
inter-sectorielles. Pour la plupart des centres,
la présence à un comité ou une table permet
d'influencer, plus ou moins directement, la tournure des
événements.
De façon très particulière, certaines
envolées «calacoises» suscitent plusieurs
réactions ou
questionnements profitables au changement. Récemment,
quelques centres ont provoqué de grands
débats d'intérêt public sur la question de la
libération conditionnelle de pédophiles et sur la
notion de
sursis d'emprisonnement, de même que sur le
caractère ridicule des sentences imposées aux
agresseurs sexuels. Suivant ces débats, certaines
instances se sont penchées sur les sujets
nommés
afin de dégager de nouvelles pistes d'action et de
réflexion, d'autres ont littéralement repris
les
arguments amenés initialement par les centres pour faire
valoir leurs points de vue ou voire même,
sentencer un individu.
Enfin, bien que l'on puisse dresser un portrait positif des
résultats liés aux pratiques de prévention
et
de lutte des CALACS, certaines situations ou actions offrent
moins de retombées intéressantes ou
spectaculaires. Ainsi, dans certaines occasions, la tenue
d'événements ou d'actions n'apporte pas
toujours de résultats concluants, ceci en contrepartie de
la somme importante de travail déployée
pour que le projet se démarque. À d'autres moments,
en ce qui a trait à la prévention, certains
centres
peuvent avoir l'impression de fournir davantage de l'information
que d'effectuer un réel travail de
prévention. Il en va de même dans le contexte de
certaines activités de lutte où on avoue
trouver
quelquefois difficile le travail de mobilisation qui consiste
à susciter la participation des gens. Ceci
dit, les CALACS s'entendent pour dire que l'impact des pratiques
préventives et de lutte est difficile
à mesurer, particulièrement si on cherche à
constater des changements de mentalité ou d'attitudes.
Peu outillés pour faire l'évaluation des effets
plus abstraits de leurs actions, les centres concentrent
plutôt leur énergie sur l'évaluation de
résultats à plus petite échelle, comme ceux
disponibles à la suite
d'une rencontre d'animation ou d'une session de formation. Pour
en savoir plus...
5. L'ÉVALUATION DES PRATIQUES: OUTIL DE
MESURE OU DE TORTURE?
L'évaluation des pratiques de prévention et de
lutte est importante, les CALACS le savent bien.
Considérée comme un moyen privilégié
pour se féliciter ou rajuster la formule d'une
activité,
l'évaluation fait de plus en plus partie des
préoccupations et des efforts concrets des centres
pour
cerner les retombées de leurs pratiques.
Concrètement, pour les CALACS, l'évaluation
d'activités
ou d'actions prend forme par le biais d'une appréciation
écrite, orale et/ou moins formellement, par
la prise en compte des commentaires et des recommandations
apportés par les participants-es.
Par souci d'efficacité, question aussi de ne pas
repartir à zéro dans l'organisation d'une
activité ou
d'une action, spécialement si elle s'est
déjà tenue par le passé, la plupart des
centres tiennent les
dossiers spécifiques de toutes leurs pratiques de
prévention et de lutte. À un autre niveau,
certains
centres évaluent légitimement, avant même
leur tenue, les activités dans lesquelles il peut
être
hasardeux de s'embarquer ou de participer. Gros bon sens oblige,
il en va de même pour évaluer si
le budget disponible peut supporter l'actualisation d'un projet
X.
CONCLUSION
Ce document, dont l'essence s'avère la somme de
plusieurs heures d'entretien et de lecture, traduit et
relève le plus fidèlement possible la
diversité des pratiques de prévention et de lutte
des CALACS.
Relativement peu connues et plus ou moins visibles, ces pratiques
n'avaient jamais fait l'objet d'une
démarche de systématisation. Ce document est donc
le fruit d'un premier effort en ce sens. La
générosité et l'ouverture
témoignées par chacune des intervenantes rejointes
ont contribué, de manière
significative, à l'acuité de l'auto-portrait
réalisé. Au terme de la démarche, voici ce
qu'il importe de
retenir...
Mis sur pied il y a maintenant plus de 15 ans, par et pour les
femmes victimes d'agressions à caractère
sexuel, les CALACS ont largement contribué à
développer des pratiques novatrices qui
répondent
à leur triple objectif d'aide, de prévention et de
lutte. Avec les années, ces pratiques se sont
raffinées
mais aussi fortement diversifiées d'où une moins
grande stigmatisation des femmes victimes
d'agressions à caractère sexuel, une plus grande
sensibilité de la population et des divers
professionnels-lés concernés à la
problématique et l'apport de changements importants. Le
véhicule
offert spécifiquement par les pratiques de
prévention et de lutte est sans contredit un atout
important.
Bien que poussés par le vent, les centres questionnent
tout de même leurs pratiques, particulièrement
dans le contexte actuel...
Traversés, comme plusieurs, par la
régionalisation des services et la reconfiguration du
réseau de la
santé et des services sociaux découlant du virage
ambulatoire, certains CALACS trouvent de plus en
plus difficile de maintenir à part égale, leurs
services d'aide, de prévention et de lutte. En effet,
la
constante augmentation des références venant
d'intervenants-es et, par effet boomerang, la hausse des
demandes d'aide, rendent parfois difficile les choix à
faire ou les priorités à établir. La
multiplication
des rencontres et des représentations découlant
d'une nouvelle ère de concertation et de partenariat
ne facilite pas davantage la tâche des centres.
Affectés par ces chambardements, les CALACS se
questionnent donc sur la place des pratiques de prévention
et de lutte dans le contexte présent et dans
l'avenir et ce, particulièrement devant le plafonnement du
financement ou des subventions accordés.
En fait, ce qui inquiète davantage les CALACS, c'est
à la fois la perte du caractère prioritaire des
pratiques de prévention et de lutte mais aussi leur cachet
original ou typique.
Question de préserver et de maximiser le potentiel de
leurs diverses pratiques de prévention et de
lutte dont ils évaluent périodiquement les
retombées, les centres souhaitent, dans un futur
rapproché,
arriver à développer des outils d'évaluation
dans l'intention de mieux connaître l'impact à moyen
et
à long terme de celles-ci. Les évaluations
d'impact, on le sait, exigent plus de ressources humaines
et financières, ressources dont les CALACS ne disposent
malheureusement pas actuellement. La
venue de nouveaux projets ou de nouvelles subventions permettra
peut être la réalisation de ces dites
évaluations et ainsi, l'estimation d'un travail de
prévention souvent difficile à mesurer. Au bout
du
compte, malgré un contexte social instable et une
période «trouble» de remise en question, peu
de
choses viennent affaiblir le désir des CALACS de faire en
sorte qu'un jour plus aucune femme n'ait
à craindre pour sa sécurité, son
intégrité et sa vie ! !
BIBLIOGRAPHIE
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«La confrontation».
Bulletin des centres contre le viol, mai, p. 22-25.
GROUPE DE TRAVAIL SUR LES AGRESSIONS À CARACTÈRE
SEXUEL. 1995. Les
agressions sexuelles: stop. Gouvernement du
Québec, Québec, 175 p
RACINE, Sonia. 1996. L'évolution du concept et des
pratiques de lutte telle que perçue par des
militantes de centres d'aide et de lutte contre les agressions
à caractère sexuel (CALACS) au
Québec: 1980-1990. Cahier 75, Les Cahiers de recherche
du GREMF, Groupe de recherche
multidisciplinaire féministe, Université Laval,
Québec, 133 p.
REGROUPEMENT QUÉBÉCOIS DES CALACS. 1991. Base
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Sherbrooke, Québec, 30 p.
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Base d'unité et documents connexes.
Québec, - p.
REGROUPEMENT QUÉBÉCOIS DES CALACS. 1993b. Les
agressions sexuelles: ça suffit!
Québec, 32 p.
REGROUPEMENT QUÉBÉCOIS DES CALACS. 1993e. Les
agressions sexuelles: dépasser le
statu quo. Québec, 43 p.
STATISTIQUE CANADA. 1993. «L'enquête sur la
violence envers les femmes». Le Quotidien,
18 novembre, 10 p.
TOURIGNY, Marc et LAVERGNE, Chantai. 1995. Les agressions
à caractère sexuel (ACS):
état
de la situation, efficacité des programmes de
prévention et facteurs associés à la
dénonciation.
Laboratoire de recherche en écologie humaine et
sociale (LAREHS), Université du Québec à
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VANDAL, Claudette. 1997. Les pratiques d'intervention
féministe dans les centres d'aide et de
lutte contre les agressions à caractère
sexuel (CALACS). Comme exigence partielle de la
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en intervention sociale, Université du Québec
à Montréal, Québec, 201 p.
EN GUISE DE CONSULTATION:
COMITÉ CANADIEN SUR LA VIOLENCE FAITE AUX FEMMES. 1993.
Un nouvel horizon:
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l'égalité. Gouvernement du Canada, p.3-44.
DESLANDES, Pierrette. 1993. «Pour la
sécurité des femmes dans les villes... une alliance
entre les
groupes communautaires et les institutions». Par le trou
de la serrure, Ville de Montréal, Tandem
Montréal, vol. 3, novembre, p. 10-11.
DÉVELOPPEMENT QUÉBÉCOIS DE LA
SÉCURITÉ DES FEMMES. 1993. L'autre
sécurité...
Document préparé à l'intention des
intervenants et intervenantes des administrations
municipales.
11 p.
DÉVELOPPEMENT QUÉBÉCOIS DE LA
SÉCURITÉ DES FEMMES. 1995. Esquisses de la
sécurité des femmes dans les espaces
publics. Québec-Rimouski-Chicoutimi-Sherbrooke. 81p.
ANNEXE 1
LISTE DES CALACS MEMBRES
CALACS COTE-NORD
C.P. 2232
BAIE-COMEAU (Québec)
G5C 2S9
(418)589-1714
CAPAS CHÂTEAUGUAY
C.P. 47030
CHÂTEAUGUAY (Québec)
J6K 5B7
(514)699-8258
LA MAISON ISA
C.P. 1551
CHICOUTIMI (Québec)
G7H6Z5
(418) 545-6444
LA PASSERELLE
C.P. 93
DRUMMONDVILLE (Québec)
J2B 6V6
(819)478-3353
CALACS LA BOME
C.P. 1907
GASPÉ (Québec)
GOC1RO
(418)368-6686
CALAS HULL
C.P. 1872, Succ. B
HULL (Québec)
J8X 3Z1
(819) 771-6233 info. (819) 771-1773 urg.
CAPAS GRANBY
C.P. 63
GRANBY (Québec)
J2G 8E2
(514)375-3338
TRÊVE POUR ELLES
C.P. 51119
3365 Granby
MONTRÉAL (Québec)
H1N3T8
(514)251-0323
CALACS LANAUDIERE
C.P. 31
JULIETTE (Québec)
J6E 3Z3
(514)756-4999
CALACS RIMOUSKI
115 Ste-Thérèse
RIMOUSKI (Québec)
G5L 4C3
(418)725-4220
POINT D'APPUI - ROUYN
C.P. 1274
ROUYN-NORANDA (Québec)
J9X 6E4
(819)797-0101
CALACS CHAUDIÈRE-APPALACHES
11980, 2 ième Avenue
ST-GEORGES-DE-BEAUCE (Québec)
G5Y 1X3
(418)227-6866
CALACS LAURENTIDES
CALACS SHERBROOKE
C.P.
202
C.P. 1594
ST-JÉRÔME
(Québec)
SHERBROOKE (Québec)
J7Z
5T9
J1H 5M4
(514)565-6231
(819)563-9999
CALACS TROIS-RIVIERES
ASSAUT SEXUEL SECOURS
C.P.
776
C.P. 697
TROIS-RIVIERES
(Québec) VAL D'OR
(Québec)
G9A
5J9
J9P 4P6
(819)373-1232
(819)825-6968
LA VIGIE
C.P. 295
VALLEYFIELD (Québec)
J6S 4V6
(514)371-4222
REGROUPEMENT QUÉBÉCOIS DES CALACS
C.P. 267, Succ. De Lorimier
MONTRÉAL (Québec)
H2H2N6
(514)529-5252
48
ANNEXE 2
LISTE DES PROGRAMMES ET DES DOCUMENTS
PROGRAMMES DE PREVENTION
Programme de prévention «Riposte»
VIGIE VALLEYFIELD
Programme de prévention «Sentinelles»
CAPAS GRANBY
Programme de prévention/intervention
«J'AVISE»
CAP AS CHÂTEAUGUAY
PRODUCTIONS DOCUMENTAIRES
GUIDES D'ANIMATION
«Si tu savais...» Jeu questionnaire sur les
agressions à caractère sexuel
CALACS CHAUDIERE-APPALACHES
Guide d'animation «Sentinelles»
Guide d'animation scolaire secondaire I à V
Guide d'animation «Le harcèlement sexuel, c'est
pas des farces»
CAPAS GRANBY
Guide d'animation pour sessions de formation à
l'intention d'employés de soutien
Plan d'animation «Mieux connaître et s'outiller, pour
mieux prévenir» (10 ateliers)
CALACS LAURENTIDES
Fiche d'animation sur les agressions à caractère
sexuel pour étudiants-es secondaire I
Fiche d'animation sur le harcèlement sexuel
Rapport du théâtre forum 1995; guide et
scénarios
CALACS RIMOUSKI
Canevas d'animation pour les étudiants-es du
secondaire
Canevas d'animation pour groupes divers
CAP AS CHÂTEAUGUAY
Guide d'animation «Riposte»
Guide d'animation d'un atelier sur le harcèlement
sexuel
VIGIE VALLEYFIELD
Syllabus pour sensibilisation auprès des
adolescentes
CALACS SHERBROOKE
Canevas d'animation pour adolescents sur la violence
TRÊVE POUR ELLES - MONTRÉAL
Canevas d'animation pour les étudiants-es du
secondaire
Canevas d'animation sur le harcèlement sexuel
CALAS HULL
GUIDES OU KITS DE FORMATION
Kit pour formation de base des militantes
Kit pour formation en intervention des militantes
CAP AS CHÂTEAUGUAY
Kit de formation sur la problématique des agressions
à caractère sexuel
Kit pour formation de base des militantes
Kit pour formation en intervention des militantes
Kit de formation pour les femmes désirant s'impliquer
CAPAS GRANBY
Plan de formation pour intervenants-es «jeunesse»
sur la problématique des agressions à
caractère sexuel
CALACS LAURENTIDES
Guide de formation pour les bénévoles de La
Vigie sur les agressions à caractère sexuel
VIGIE VALLEYFIELD
Kit de formation aux militantes
ASSAUT SEXUEL SECOURS - VAL D'OR
Kit pour formation aux infirmières en salle d'urgence
et en psychiatrie
Kit pour formation sur le harcèlement sexuel
Kit pour formation de base des militantes
Kit pour formation pour les aidants-es naturels-lés
dans les écoles secondaires
CALACS TROIS-RIVIÈRES
Kit de formation sur le pardon
Kit de formation sur les agressions à caractère
sexuel pour les intervenants du réseau
CALACS CÔTE NORD - BAIE-COMEAU
Kit de formation sur les agressions à caractère
sexuel pour jeunes pairs aidants
Kit de formation sur le fonctionnement en collective
Kit de formation sur les agressions à caractère
sexuel pour jeunes intervenants-es
Kit de formation des militantes
CALAS HULL
51
Kit de formation de base des militantes
Kit de formation sur l'intervention féministe
Kit de formation: «Agression à caractère
sexuel et intervention féministe»
Kit de formation sur l'inceste
Kit de formation sur le harcèlement sexuel
Kit de formation sur le lesbianisme
Kit de formation sur le suicide
Kit de formation sur la santé mentale
Kit de formation sur la sexualité
Kit de formation: «Système judiciaire, lois et
trousse médico-légale»
Kit de formation: «Alternatives au système
judiciaire»
Kit de formation sur multitude d'autres sujets
TRÊVE POUR ELLES - MONTRÉAL
AUTRES GUIDES OU DOCUMENTS GÉNÉRAUX
Guide d'information à l'intention des victimes
d'agressions à caractère sexuel et des
intervenantes;
comprendre, connaître et réagir
CALACS CHAUDIÈRE-APPALACHES
Guide d'accueil pour militantes et utilisatrices
CALACS RIMOUSKI
Brochure «Le harcèlement sexuel au travail doit
cesser»
CALACS TROIS-RIVIÈRES
Brochure sur la pornographie
POINT D'APPUI - ROUYN-NORANDA
Bande dessinée «Les ripostes de
Camille...»
VIGIE VALLEYFIELD
Sondage «Aux portes des cités sûres»
Recueil de textes et allocutions «Marche de
solidarité contre la violence faite aux femmes»
CALACS SHERBROOKE
Guide d'accueil pour militantes «Être et devenir
militante à Trêve pour elles»
TRÊVE POUR ELLES - MONTRÉAL
PRODUCTIONS AUDIOVISUELLES
Vidéo «Arrête de me prendre, essaie de me
comprendre» et guide
Vidéo «Toujours vivantes»et guide
CALACS TROIS-RIVIÈRES
Vidéo «La violence conditionnée»
VIGIE VALLEYFIELD
PRODUCTIONS DIVERSES
Pièce de théâtre «Frissons au
corps»
CALACS TROIS-RIVIÈRES
PRODUCTIONS EN COURS*
Guide de formation «As-tu 5 minutes?»
PASSERELLE - DRUMMONDVILLE
Guide d'animation «J'AVISE»
CAPAS CHÂTEAUGUAY
Livret d'implication pour militantes
CALACS TROIS-RIVIÈRES
Il s'agit de documents en cours de préparation et dont
les titres sont, pour l'instant, provisoires.
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